Ce qu’en pense Roberto Aussel
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Orfeo - Combien as-tu eu de guitares de Daniel Friederich ? R. A. - Celle-ci est ma septième. La première, je l’ai achetée en 1978. Certaines avaient la table en épicéa et d’autres en cèdre. Mon expérience est que l’épicéa a un son plus clair, une bonne séparation, et se prête très bien à la musique baroque, par exemple. Le cèdre est plus sensuel et il me semble mieux pour jouer Brauer, Barrios ou le répertoire espagnol… Orfeo - Que leur trouves-tu de particulier ? R. A. - Surtout un grand équilibre. Toutes les voix sont équilibrées, tout sonne comme il se doit. Je les compare souvent avec les pianos Steinway : chaque note a du corps et sous chaque note il y a une nappe sonore. Aussi, ce qui m’impressionne dans les guitares de Daniel Friederich, ce n’est pas seulement le son, c’est que la guitare constitue une entité physique unique, un tout. Il y a des guitares qui sonnent bien mais, quand tu joues, le manche paraît indépendant de la caisse. Le manche des Friederich fait partie de la caisse, de la même manière que quand je joue, mon instrument et moi nous formons un ensemble. Tous les éléments des guitares de Daniel : la table, la touche, les frettes, le chevalet, les éclisses,
même les mécaniques, forment une seule pièce, tout est connecté. C’est ça son grand mérite. Orfeo - Daniel Friederich dit que ses guitares d’aujourd’hui sont plus difficiles à jouer mais qu’elles ont plus de couleurs, plus de longueur de son. Est-ce ton avis ? R. A. - D’un côté, elles me paraissent plus faciles : les manches sont plus fins, les touches arrondies. D’un autre côté, il faut avoir une très bonne technique pour en tirer toutes les richesses. On peut obtenir des sons doux, secs, métalliques, avec ongle, avec pulpe, il n’y a pas de limite, c’est comme s’aventurer dans une forêt aux nuances infinies. Mais, il faut savoir aller chercher les sons. La Friederich est comme une Ferrari, il faut savoir la conduire ! Orfeo - Qu’est-ce que tu penses de la 830 ? R. A. - C’est un arc-en-ciel ! Et en plus des couleurs, elle a un sustain fabuleux, surtout dans la partie médiane. Elle ne sonne pas plus fort que les précédentes, mais elle a plus de sustain. La troisième corde, qui est toujours difficile à réussir, est incroyable. J’utilise des cordes en nylon : Augustine bleues pour les cordes graves et Augustine Regal pour les trois autres, car avec les cordes en carbone tout me paraît plus froid.