C. Libérer l’espace : flexibilité et élasticité de l’espace Les coopératives d’habitat et les SCIC fonctionnent lorsque les futurs propriétaires s’investissent concrètement dans le projet d’architecture. Ce sont des initiatives qui demandent beaucoup de temps et d’énergie pour voir le jour. Cependant, tous les français n’ont pas la même patience et le même investissement quand il s’agit de leur habitat. Hors nous l’avons vu, le système de rentabilité économique du logement collectif laisse peu de marge de manoeuvre à l’architecte pour créer des logements aux qualités spatiales appropriées. Pour changer les choses, plusieurs architectes ont décidé de renverser la façon de concevoir. Ne plus penser en termes de logement, mais tout simplement en termes d’espace. De cette manière, le futur acheteur ou locataire aura plus de liberté dans l’agencement de son appartement. Il pourra suivre son évolution de vie, et s’adapter aux différents évènements qui la ponctue. Cette recherche a commencé aux débuts des années 1920 en Europe. L’une des premières réalisations est signée Mies Van der Rohe, à Stuttgart. Il s’agit d’un immeuble de trois étages, de très faible profondeur, dans le quartier de la Weissenhofsiedlung. Les appartements sont traversants et transformables par l’habitant, grâce au système de cloisons amovibles et du plan libre. Dans l’hexagone, c’est à Henri Sauvage qu’est attribuée la première réalisation de logements collectifs dits évolutifs, en 1929. Situé rue des Amiraux à Paris, cet immeuble intègre des cloisons sèches démontables, rendant la modularité possible au sein des appartements. Les années d’après guerre vont constituer un levier important à l’expérimentation architecturale. La question de la mobilité est au centre du Xème CIAM tenu en 1956 à Dubrovnik. De nouvelles formes d’habitat sont proposées, guidées par des projets phares comme le prototype de la Maison au bord de l’eau de Charlotte Perriand (1934) ou encore le Cabanon de Le Corbusier (1950). Des logements mobiles, transportables ou réduits à de simples cellules équipées sont ainsi mis sur le devant de la scène architecturale. On parle de les réaliser à la chaine avec des matériaux à moindre coût, donnant lieu à une industrialisation de modules habitables et flexibles. Il faudra attendre réellement le début des années 1970 pour voir émerger un groupe de travail intitulé « Mobilité-Flexibilité-Obsolescence ». Suite au lancement du Plan Construction par l’état en 1971, les expérimentations théoriques faites sur le logement peuvent prendre vie. La notion d’habitat évolutif prend de l’ampleur et prend en compte dans sa définition l’intervention initiale ou permanente de son usager. Ce sont les prémices de l’habitat participatif contemporain. Le logement est réellement perçu comme un sujet d’expérimentation sociale et architecturale. A ce sujet, un certain nombre de projets des années 1970 sont connus sous le nom de REX ou Réalisations Expérimentales.
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