Royaume-Uni note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, novembre 2023

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Royaume-Uni La croissance du PIB devrait passer de 0.5 % en 2023 à 0.7 % en 2024, puis à 1.2 % en 2025. Les dépenses privées remplaceront la consommation et l’investissement publics en tant que principal moteur de croissance, à mesure de l’atténuation des tensions sur les prix. L’inflation globale fléchira par rapport à ses niveaux historiquement élevés, mais elle restera supérieure à l’objectif pendant l’essentiel de la période considérée. L’inflation sous-jacente atteindra 3.8 % en 2024 et 2.6 % en 2025, sur fond de tensions sur le marché du travail, même si celles-ci s’atténueront. Le chômage remontera légèrement à 4.9 % en 2025. L’orientation budgétaire devient restrictive et soutient de manière adéquate la politique monétaire, qui devrait rester restrictive jusqu’à ce que les tensions sur les prix s’atténuent durablement. Continuer à répondre aux enjeux budgétaires, notamment en mettant rapidement en place les réformes axées sur l’offre afin de stimuler la croissance potentielle, constitue une priorité. Il est nécessaire d’améliorer les règles d’aménagement du territoire pour que les investissements en faveur de la décarbonation puissent être réalisés en temps voulu. Royaume-Uni 1

1. Cotation moyenne pour un taux fixe sur 5 ans (quotité de financement de 75 %). 2. Taux moyen pondéré, en livres sterling, des prêts et avances aux sociétés non financières privées. Source : Banque d’Angleterre (Bank of England) ; et Office des statistiques nationales (ONS, Office for National Statistics) du Royaume-Uni. StatLink 2 https://stat.link/0zfwp2

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Royaume-Uni : Demande, production et prix 2020

United Kingdom GDP at market prices Private consumption Government consumption Gross fixed capital formation Final domestic demand Stockbuilding¹ Total domestic demand Exports of goods and services Imports of goods and services Net exports¹ Memorandum items GDP deflator Harmonised index of consumer prices Harmonised index of core inflation² Unemployment rate (% of labour force) Household saving ratio, gross (% of disposable income) General government financial balance (% of GDP) General government gross debt (% of GDP) Current account balance (% of GDP)

2021

_ _ _ _ _ _ _ _

2023

2024

2025

Percentage changes, volume (2019 prices)

Current prices GBP billion

2 104.3 1 246.1 475.6 367.5 2 089.2 2.3 2 091.5 624.8 612.0 12.8

2022

8.7 7.5 14.9 7.4 9.1 0.1 9.1 4.9 6.1 -0.3

4.3 5.2 2.5 7.9 5.1 -0.5 4.6 8.6 14.1 -1.7

0.5 0.5 -0.4 2.7 0.7 -0.5 0.2 -0.4 -1.3 0.3

0.7 1.4 0.0 -1.8 0.5 0.2 0.7 1.5 1.5 0.0

1.2 1.6 0.4 -0.1 1.0 0.0 1.0 1.6 1.1 0.1

-0.1 5.2 7.3 2.9 1.9 2.6 9.1 7.3 2.9 2.5 2.4 5.9 6.3 3.8 2.6 4.5 3.7 4.3 4.7 4.9 12.5 8.1 8.8 9.4 8.8 -7.9 -4.6 -5.5 -4.5 -3.7 105.3 100.4 101.1 103.3 104.9 -0.5 -3.1 -3.5 -2.7 -1.9

1. Contributions to changes in real GDP, actual amount in the first column. 2. Harmonised index of consumer prices excluding food, energy, alcohol and tobacco. Source: OECD Economic Outlook 114 database.

StatLink 2 https://stat.link/7w98hv

Le resserrement de la politique monétaire produit ses effets sur l’économie D’après les estimations, le PIB a stagné au troisième trimestre, après avoir progressé de 0.2 % au deuxième trimestre. En octobre, les volumes des ventes au détail ont reculé et étaient inférieurs de 2.7 % à ceux du même mois l'année précédente. La confiance des consommateurs reste faible, malgré une nette amélioration par rapport à il y a un an. Le nombre de nouveaux prêts hypothécaires octroyés a poursuivi son repli : moins de 45 000 nouveaux prêts avaient été accordés pour l’achat d’un logement en septembre, contre près de 100 000 en janvier 2021, au début du cycle de resserrement monétaire. Après une amélioration de courte durée, la confiance des entreprises du secteur des services s’est à nouveau dégradée. En septembre, les prêts aux entreprises avaient diminué de 1.5 % en glissement annuel. La baisse de l’inflation des prix de gros de l’énergie et des denrées alimentaires importées, ainsi que l’appréciation de la livre sterling par rapport à l’année précédente, contribuent à atténuer les tensions sur les prix. En septembre, l’inflation annuelle est tombée à 6.7 % et a poursuivi son recul, à 4.6 %, en octobre, du fait de la disparition de l’important effet de base lié à la hausse d’octobre 2022 des prix réglementés de l’énergie. Le marché du travail montre des signes d’assouplissement, avec une hausse régulière du taux de chômage depuis le printemps et la baisse continue du nombre d’emplois vacants. Cependant, la croissance des salaires reste élevée, la croissance nominale annuelle des rémunérations hors bonus atteignant 7.8 % au cours des trois mois s’achevant en septembre contre 8.1 % au cours des trois mois se terminant en août. Cette évolution a contribué à la persistance des tensions sur les prix des services et à une forte surprise à la hausse de l’inflation sous-jacente au cours de l’été.

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Royaume-Uni 2

1. Part de la population active âgée de 15 ans et plus. Source : Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 114. StatLink 2 https://stat.link/k6dhgt

L’orientation du dosage de l’action publique est fortement restrictive La Banque d’Angleterre devrait maintenir son taux de base à sa valeur actuelle de 5.25 % tout au long de 2024. Conformément à la déclaration de la Banque, on pose l’hypothèse que le rythme du resserrement quantitatif va s’accélérer, passant de 80 milliards GBP entre septembre 2022 et septembre 2023 à 100 milliards GBP d’ici à septembre 2024, ce qui ramènerait son bilan à un total de 658 milliards GBP. La politique monétaire devrait s’assouplir en 2025 quand l’inflation sous-jacente commencera à diminuer durablement, le taux de base refluant à 4 % d’ici la fin de la période considérée. La politique budgétaire sera restrictive en 2024-25, avec une consolidation supposée de près de 2 % du PIB jusqu’en 2025, le gouvernement se pliant à sa règle budgétaire nationale qui a pour objectif de réduire la dette publique à un horizon de cinq ans. Les mesures de soutien énergétique ont été progressivement supprimées et le dispositif de plafonnement des prix de l’énergie est caduque. La pression fiscale sur les ménages et les entreprises a nettement augmenté depuis le budget de printemps, en raison du gel des tranches d’imposition et de l’augmentation du taux d’imposition des sociétés. Les pouvoirs publics se sont également engagés à faire passer les dépenses de défense d’environ 2 % à 2.5 % du PIB. À plus long terme, les mesures axées sur l’offre annoncées dans la déclaration d’automne et dans le budget de printemps, notamment la baisse des cotisations au système d’assurance sociale et l’amortissement fiscal intégral des investissements, pourraient permettre aux pouvoirs publics de réduire les tensions budgétaires en augmentant progressivement le taux d’activité et l’investissement des entreprises. Cependant, le vieillissement de la population et l’inflation élevée, associés au mécanisme d’indexation à « triple verrou », feront augmenter les dépenses de retraite d’environ 0.8 % du PIB d’ici à l’exercice 2027/28 ; les investissements publics nécessaires pour décarboner l’électricité, l’environnement bâti et l’industrie s’élèvent à environ 0.5 % du PIB par an ; et la perte de taxes sur les carburants liée à l’adoption croissante des véhicules électriques coûtera environ 0.4 % du PIB par an d’ici à 2030.

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La croissance restera stable, mais faible Le PIB augmentera de 0.7 % en 2024 et de 1.2 % en 2025, malgré l’orientation restrictive de la politique monétaire. La consommation privée se redressera lorsque les salaires réels finiront par augmenter, grâce à la croissance rapide des salaires nominaux et à la baisse de l’inflation mesurée par les prix à la consommation. Cependant, le durcissement de la politique monétaire pèse déjà sur l’investissement immobilier et celui des entreprises, la pression fiscale accrue réduira le revenu disponible des ménages et l’incertitude continuera à freiner les échanges commerciaux. Le marché du travail devrait se détendre, modérant ainsi la croissance des salaires réels après une période de rattrapage de l’inflation, et le chômage augmentera régulièrement pour atteindre environ 4.9 %. Le déficit public se réduira, passant de 5.5 % du PIB en 2023 à 4.5 % en 2024 et 3.7 % en 2025, principalement grâce à l’assainissement des finances publiques. Toutefois, la dette publique restera supérieure à 100 % du PIB et continuera d’augmenter au cours de la période considérée. Des risques importants entourent ces perspectives. La part relativement conséquente de la dette publique indexée sur l’inflation et la récente diminution de l’échéance moyenne de la dette, conjuguées à la hausse des coûts d’emprunt, laissent peu de marge de manœuvre budgétaire pour faire face à d’éventuels chocs, comme de potentielles nouvelles hausses des prix de gros du gaz dues à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine et aux tensions croissantes au Moyen-Orient. De nouvelles incertitudes politiques affecteraient négativement la confiance des ménages, des entreprises et des marchés. En revanche, une diminution de l’épargne excédentaire des ménages et des négociations plus rapides que prévu sur de nouvelles relations commerciales constituent des risques de révision à la hausse.

Il est urgent de continuer à répondre aux enjeux budgétaires Il est essentiel de maintenir et de renforcer les efforts budgétaires actuels dans un contexte difficile où les emprunts et l’endettement sont à un niveau élevé, alors que la hausse des paiements d’intérêts sur la dette a érodé les marges de manœuvre budgétaires. Il serait utile de réformer la coûteuse revalorisation dite du « triple verrou » des retraites publiques, en indexant les pensions sur une moyenne de la hausse de l’indice des prix à la consommation (IPC) et des salaires, et en versant des prestations directes aux retraités les plus modestes pour atténuer les risques de pauvreté. Mettre en œuvre les réformes prévues, axées sur l’offre, afin de réduire l’inactivité sur le marché du travail et continuer d’atténuer les incertitudes liées à l’action publique entourant l’investissement des entreprises améliorerait également la viabilité budgétaire en augmentant le PIB. L’amélioration des conditions-cadres, en particulier de l’aménagement du territoire, est nécessaire pour permettre de réaliser les investissements requis pour parvenir à la neutralité en gaz à effet de serre.

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