PRINCIPAUX ÉCLAIRAGES SUR L'ACTION PUBLIQUE
infrastructures. Cette mesure d’austérité impliquait une réduction du montant des dépenses affectées aux institutions autonomes, dont beaucoup jouent un rôle primordial dans les questions prioritaires que sont la lutte contre la corruption et l’intégrité. Il en va ainsi pour le secteur judiciaire et pour différentes entités comme l’Institut national électoral (INE, commission électorale), l’Institut national de statistique et de géographie (INEGI) et l’Institut national pour la transparence. Ce redéploiement des ressources impliquait aussi de revoir sérieusement à la baisse le budget des autorités de la concurrence et des instances de réglementation sectorielles. De surcroît, certains ministères et autres entités qui jouent un rôle essentiel dans les questions d’intégrité du secteur public, parmi lesquels le ministère de l’Administration publique et le Tribunal fédéral de justice fiscale et administrative, se voient confrontés à des réductions budgétaires. Ces économies devraient être réalisées pour l’essentiel grâce à des baisses de rémunération. En particulier, une loi a été approuvée qui dispose qu’aucun agent du secteur public ne peut percevoir une rémunération supérieure à celle du Président, dont le salaire vient d’être réduit d’environ 40 % et s’établit désormais à 108 000 MXN (soit 5 612 USD) par mois. Cette loi prévoit également d’abaisser le niveau de rémunération des hauts fonctionnaires et une compression des écarts de salaires. La question se pose de savoir si les entités autonomes sont dotées de ressources suffisantes pour attirer et retenir un personnel qualifié et s’acquitter de leur mission. En outre, l’abaissement des rémunérations dans le secteur public ne fait que compliquer davantage la lutte contre la corruption. S’il est important de rechercher une plus grande efficience de la dépense publique, il est également crucial de veiller à ce que les ministères et les entités autonomes qui sont garantes de la qualité des institutions disposent de moyens et d’un appui suffisants pour être à même d’attirer et retenir des agents très qualifiés, et de préserver un haut degré d’autonomie pour exécuter efficacement leurs fonctions. À titre d’exemple, la concurrence est peu développée au Mexique, mais des réformes positives ont été adoptées ces dernières années pour renforcer la politique de la concurrence et, notamment, le cadre institutionnel d’application du droit en la matière, avec la création de deux autorités indépendantes et de tribunaux spécialisés (Meehan, 2019[21]). Il sera primordial d’assurer l’indépendance de ces deux entités et de leur donner des moyens suffisants pour un renforcement continu de la concurrence.
Le niveau élevé de l’impunité au Mexique est révélateur de problèmes dans les domaines de la sécurité et de la justice Le niveau élevé de l’impunité au Mexique est révélateur des faiblesses du système judiciaire, qui concourent à une forte criminalité. L’expérience internationale montre combien un ordre judiciaire impartial et efficient est important pour lutter contre une culture de la corruption (Rothstein and Teorell, 2015[89]; Quah, 2017[90]). Selon des estimations prudentes, le coût direct de la criminalité au Mexique équivalait à 1.9 % du PIB en 2014 (Jaitman and Torre, 2017[91]). À titre d’illustration, ce sont ainsi 58.2 millions de barils de pétrole qui ont disparu pour alimenter les vols tout au long de la chaîne logistique en 2018, soit une perte moyenne égale à 66.3 milliards MXN par jour (ou 0.3 % environ de PIB). Un indicateur plus global de l’impact de la violence dans le pays, qui tient également compte de ses coûts indirects, donne une estimation beaucoup plus haute, de 21 % du PIB en 2017 (Institute for Economics & Peace, 2018[92]). Qui plus est, la criminalité a tendance à peser plus lourdement sur les ménages les plus pauvres (Ajzenman, Galiani and Seira, 2015[93]).
ÉTUDE ÉCONOMIQUE DU MEXIQUE 2019 © OCDE 2019
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