Canada note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, novembre 2023

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Canada La croissance du PIB réel ralentira à 0.8 % en 2024, compte tenu de l’atonie de la demande intérieure suite à la hausse des coûts d’emprunt et au fléchissement des exportations, avant de se redresser à 1.9 % en 2025, lorsque l’amélioration de la situation mondiale renforcera les exportations. L’immigration continuera à stimuler les dépenses privées et l’offre de main-d’œuvre. Les tensions sur les prix s’atténueront face au ralentissement de la demande et à la hausse du chômage. Si le chômage devait augmenter plus rapidement que prévu, la demande de consommation des ménages pourrait chuter considérablement, avec une baisse de la croissance plus marquée. Le taux directeur devrait être maintenu à son niveau actuel jusqu’à ce que l’inflation se rapproche de son objectif en 2024. L’assainissement des finances publiques, qui vient en partie de la fin des aides au coût de la vie, contribuera également à ralentir le rythme d’expansion de l’économie. Assurer la viabilité à long terme des finances publiques du Canada tout en tenant compte des tensions pluriannuelles sur les dépenses pourrait nécessiter de procéder à des réformes fiscales et d’être plus vigilant au niveau de l’efficience des dépenses publiques. Des efforts supplémentaires pour stimuler la productivité des entreprises permettraient d’élargir l’assiette des recettes fiscales, tout en renforçant la capacité économique et en améliorant le niveau de vie. Canada 1

1. Par habitant. Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114 ; et Statistique Canada. StatLink 2 https://stat.link/v490oz

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Canada : Demande, production et prix 2020

2021

Prix courants milliards de CAD

Canada PIB aux prix du marché Consommation privée Consommation publique Formation brute de capital fixe Demande intérieure finale Variation des stocks¹ Demande intérieure totale Exportations de biens et services Importations de biens et services Exportations nettes¹ Pour mémoire Déflateur du PIB Indice des prix à la consommation IPC sous-jacent² Taux de chômage (% de la population active) Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible) Solde financier des administrations publiques (% du PIB) Dette brute des administrations publiques (% du PIB) Balance des opérations courantes (% du PIB)

2022

2023

2024

2025

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2012)

2 209.7 1 263.8 504.0 519.7 2 287.5 - 28.3 2 259.2 655.9 705.4 - 49.5

5.0 5.0 6.4 7.4 5.8 1.1 7.0 1.4 7.8 -2.1

3.4 4.8 2.0 -1.5 2.7 2.1 4.8 2.8 7.5 -1.5

1.2 2.1 0.6 -2.9 0.6 -1.3 -0.7 5.0 -0.5 1.9

0.8 1.0 1.4 0.3 0.9 -0.1 0.9 1.2 1.3 -0.1

1.9 2.1 1.6 1.0 1.8 0.0 1.8 2.1 1.7 0.1

_ _ _ _

8.2 3.4 2.4 7.5

7.2 6.8 5.0 5.3

1.2 4.0 3.8 5.4

3.0 3.0 2.7 6.0

1.9 1.9 1.9 5.8

_

10.7

5.9

4.2

3.5

2.4

_ _ _

-4.4 -0.8 -0.1 0.2 120.9 101.5 100.6 100.3 -0.3 -0.3 -1.3 -1.4

0.3 99.8 -1.3

1. Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne. 2. Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie. Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 114.

StatLink 2 https://stat.link/2xe7rh

La croissance de la production a marqué le pas L’activité économique a ralenti au cours des derniers mois. Après un premier trimestre vigoureux (le PIB réel a progressé de 0.6 %), la production a stagné au deuxième trimestre avec une croissance nulle. Les données suggèrent que cette atonie se poursuit. En juillet et en août, la croissance mensuelle estimée du PIB a été faible, tout comme les volumes des ventes au détail. L’inflation globale a grimpé ces derniers mois principalement en raison de l’augmentation des prix du carburant. L’inflation sous-jacente continue à décliner et les tensions sur le marché du travail se sont atténuées. En octobre, le taux de chômage était de 5.7 %, soit un demi-point de pourcentage de plus qu’au début de l’année, et le taux d’emplois vacants a continué à baisser. Néanmoins, selon certaines mesures, le marché du travail reste tendu par rapport au niveau normal d’avant la pandémie. La progression des salaires est restée forte au cours des derniers mois. Malgré l’augmentation des prix du pétrole brut au cours des derniers mois, les prix des exportations canadiennes de matières premières restent inférieurs aux pics atteints à la mi-2022. La dégradation des termes de l’échange a provoqué un choc négatif sur les revenus qui contribue à modérer la demande. Les rendements de certains produits agricoles clés, comme le blé, devraient diminuer de 13.1 % cette année, en raison de la sécheresse. Les événements météorologiques extrêmes qui ont eu lieu pendant l’été, tels que les feux de forêt et de végétation, ont dévasté un certain nombre de communautés et perturbé certains secteurs d’activité primaires.

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Canada 2

1. Total de la consommation et de l’investissement (dont variation des stocks) moins total des importations de biens et de services. Les comptes nationaux ne contiennent pas de données sur les importations désagrégées par composante de dépenses du PIB et par intrant intermédiaire. Dans la pratique, la valeur ajoutée importée correspond à une partie de la consommation, de l’investissement et aussi des exportations de biens et de services. Source : Base de données des Perspectives économiques de l’OCDE, n° 114 ; et Statistique Canada. StatLink 2 https://stat.link/y6stfj

La demande excédentaire est en train d’être jugulée par les politiques macroéconomiques La politique monétaire reste restrictive, freinant la demande et contribuant à réancrer les anticipations d’inflation. Le taux directeur devrait rester élevé à 5 % jusqu’à la mi-2024, afin que la hausse des prix revienne dans la fourchette cible de la Banque du Canada qui se situe entre 1 % et 3 %. Cependant, les conditions macroéconomiques pourraient évoluer de façon à nécessiter d’autres hausses des taux pour juguler l’inflation. Lorsque la production se rapprochera de son potentiel, le taux directeur devrait être ramené à des niveaux plus neutres. Les projections tablent sur une baisse de 150 points de base du taux d’intérêt de référence d’ici la fin de 2025. On pose l’hypothèse d’un resserrement quantitatif progressif. L’orientation budgétaire demeure restrictive, érodant la charge de la dette publique brute des administrations publiques, qui s’élève actuellement à environ 100 % du PIB. La progression moins forte du PIB nominal et des bénéfices des entreprises conduira à un nouveau ralentissement de la croissance des recettes. Les mesures prises au niveau fédéral et par les provinces pour protéger les ménages des tensions exercées par le coût de la vie ont diminué de manière opportune. Le gouvernement fédéral n’a pas annoncé de nouvelles mesures d’importance depuis l’introduction, en mars, d’un crédit d’impôt ponctuel pour les ménages à faible revenu. Les provinces ont également réduit leur soutien. En Alberta et en Ontario, les réductions ou suspensions de taxes sur les carburants devraient disparaître à la fin de cette année. Le gouvernement fédéral continue de mettre à exécution les réformes structurelles mises en avant dans son budget annuel. Parmi elles figurent le soutien à la transition écologique, le développement de services abordables de garde d’enfants, la prise en compte des coûts croissants liés au vieillissement de la population et des mesures pour réduire le coût du logement.

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Les coûts d’emprunt élevés et la faible demande étrangère pèseront sur la production La croissance du PIB réel devrait reculer à 0.8 % en 2024. Le ralentissement de l’économie américaine freinera les exportations. La hausse des coûts du crédit et des perspectives de demande en demi-teinte porteront un coup aux plans de dépenses d’investissement. L’investissement résidentiel renouera avec la croissance, bien que lentement. Le dynamisme de la croissance démographique contribuera à compenser le ralentissement de la consommation privée induits par la hausse des coûts d’emprunts et la faible croissance des revenus réels. La croissance économique se redressera en 2025 pour s’établir à 1.9 %, ce qui est proche de son potentiel. Les dépenses de consommation seront soutenues par l’augmentation du pouvoir d’achat. Le raffermissement de la demande extérieure stimulera les exportations et les investissements des entreprises. Un nouvel assouplissement du marché du travail entraînera une hausse supplémentaire du taux de chômage jusqu’à mi-2024. La hausse des salaires se modérera, restant à peu près en phase avec l’inflation mesurée par les prix à la consommation, qui devrait revenir à l’objectif d’ici le troisième trimestre de l’année prochaine. Les perspectives sont entourées d’importants risques. Les marchés du travail pourraient se détériorer plus rapidement, ce qui augmenterait les tensions financières que subissent les ménages, avec pour effet de ralentir leur consommation et de rendre le remboursement de leurs dettes plus difficile. Les hauts niveaux d’immigration font peser des risques à la hausse sur la consommation privée tout en offrant la possibilité de tirer profit des compétences des nouveaux arrivants et d’une participation accrue à la population active. En augmentant la capacité de production, la forte immigration pourrait renforcer la demande globale sans pour autant accentuer de manière significative la hausse des prix.

Il est essentiel de garantir la viabilité des soldes budgétaires Les tensions pluriannuelles qui s’exercent sur les dépenses publiques au Canada représentent un défi considérable pour la politique budgétaire. Par exemple, on estime qu’au cours des 15 prochaines années, l’augmentation des dépenses de santé et de retraite représentera 2 points de pourcentage du PIB. Le maintien d’un plan réalisable à moyen terme pour alléger la dette de l’administration fédérale contribuerait à assurer la viabilité budgétaire. En ce qui concerne les dépenses, il sera important d’assurer une mise en œuvre rentable des priorités de dépenses, notamment en ce qui concerne le développement de services abordables de garde d’enfants. Il faudra surveiller de près l’efficacité des mesures visant à aider les ménages à acheter un logement étant donné qu’elles risquent de faire grimper les prix de l’immobilier. Les politiques devraient chercher à réduire les limites excessives à l’offre dans les zones urbaines. En ce qui concerne les recettes, le passage à une fiscalité plus indirecte, notamment via un relèvement des taux de la taxe sur les biens et les services, devrait rester un objectif des pouvoirs publics. Mettre en place une politique visant à renforcer son potentiel de croissance, notamment en améliorant le climat des affaires, aiderait le Canada à surmonter ses défis budgétaires à long terme. L’augmentation attendue du taux d’activité des femmes, grâce à un meilleur accès à des services abordables de garde d’enfants, sera bénéfique aussi bien pour les entreprises que pour les ménages. Cette politique doit également se concentrer sur des mesures qui stimulent la croissance de la productivité, qui a été médiocre ces dernières années. L'abaissement des obstacles aux échanges de biens et services entre provinces est l’une des mesures concrètes que les gouvernements canadiens pourraient prendre à cet égard.

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