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PORTER LES QUESTIONS
from PORTFOLIO


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Protocole : Accompagnée de deux performeur.euses, tout de noir vêtu nous portons les t-shirts questionnants.

Nous déambulons en lisant une partie de la liste des questions contenues dans l’édition Marronner l’institution : faire corps pour résister.

Les questions peuvent être adressées soit à l’un.e d’entre nous, soit aux gens dans l’espace ou à l’espace lui même.
La performance se clotûre sur la lecture du texte Les marges forcées.
Nous sortons en enlevant les t-shirts questionnants.
L’ÉCOLE D’ART COMME CAISSE DE RÉSONNANCE
Les marges forcées
Outsider, non pas par choix mais par impossibilité. Les marges sont forcées. Certes, le monde s’y construit aussi. Pourtant, comment cet “en dehors“ qui est pourtant “ici“ serait plus praticable. Il n’y a pas un “hors les murs“ qui nous attendrait les bras ouverts, prêt à accueillir le changement, où il serait possible de tout tenter. Nos corps semblent avoir été faits pour encaisser et ils continuent de prendre des coups. Ils continuent d’en faire les frais. Mais jusqu’à quand ? Il est important de changer les conditions de vie qui sont les nôtres, de ne pas uniquement chercher “comment manger“ mais repenser le système qui nous permet ou non de le faire. Mais quelles sont les temporalités de ces luttes ? Entre-temps, que faisons-nous ? Entre-temps, comment survivre et surtout où le faire ? Et cette peur de ne pas pouvoir subvenir à nos besoins est concrète, bien plus que cet aprèspost-capitalisme. C’est une peur pour mes adelphes de luttes présentes et dispersées. Que faire de ce maintenant qui ressemble à un sol glissant, sur lequel il faut bien avancer en triturant les possibles des impossibles ? En sachant qu’il n’y a pas de main pour être rattrapé car celles qui le voudraient sont en train de tâtonner à leur propre survie. Pourtant, je ne doute pas de notre capacité à déplacer des montagnes. En réalité, c’est ce que nous sommes déjà toustes en train de faire. Toustes affairé.es que nous sommes dans ce transfuge de la survie vers la vie. Car tâtonner ailleurs ne nous a jamais empêché de nous serrer fort, dans cette nuit que nous n’avons pas choisie, dès que l’on bouscule l’un.e d’entre nous que l’on reconnaît à tâtonner aussi. Mais cela reste fragile, une communauté d’équilibristes qui s’effleurent.
Je me demande quels sont les lieux que nos mots peuvent faire émerger ? Comment faire du “nous” un nouvel espace du commun ? Un
“nous” fait de celleux qui sont astreint.es par un cri qui monte de l’intérieur similaire au mien. Animé.es par cette certitude que nous devons nous mettre au travail pour celleux qui étaient avant nous, qui constituent ce cri, mais aussi pour celleux qui le recevront. Un “nous” qui désire dépasser les binarismes qui est créolisation, qui fait du genre un lieu qui se créolise. Un “nous” qui se pense depuis la rencontre mais qui refuse les compromis du neutre, du dit naturel. Un “nous” fait d’anciennes manœuvres, de celles en cours et à venir. Ce “nous” est fait de celleux qui se donnent et nous donnent les capacités d’imaginer autrement. Fait de celleux qui ne veulent plus utiliser leurs ressources à imaginer le pire mais à imaginer le mieux. Fait d’entités qui apprennent, en le recommençant chaque jour, à coexister.
Et maintenant, plus que jamais, les urgences sociales et climatiques nous rappellent qu’il est indispensable de dépasser les formes ankylosées de nos Etats-nations, de nos frontières obsolètes et de nos hiérarchisations désuètes. Il n’y a aucun “ je ” isolable. Il y a toutes nos diversités qui ne cherchent qu’à se rencontrer. Afin d’imaginer ensemble la suite, de construire, en soi et en tout coeur, nos devenirs. Il est grand temps de regarder une ultime fois la liste vertigineuse de “ ce qui va mal ”. Peut-être plus encore, est-il venu le moment de la mettre de côté. Et s’il suffisait d’une main ? Et si c’était la tienne ? Il se murmure que “ le monde tel que nous le connaissons va disparaître ”, que “ tel événement ” marquera la fin de nos systèmes en échec. Pourtant les années s’entassent, sans que cette rupture n’arrive. Et si elles étaient éparses et désynchronisées ? Et si aujourd’hui, tu décidais qu’il n’y aurait plus de retour en arrière ? La tâche est grande, il ne pourrait en être autrement. C’est pour cela qu’elle ne peut être faite qu’ensemble.
“Mon corps est une révolution Mon corps est une révolution, ma sœur“ *
Ton corps est une révolution Ton corps est une révolution, ma sœur
Nos corps sont des révolutions Nos corps sont des révolutions, ma sœur
Te nommant sœur, Je questionne mon statut d’aimante d’amante

Devenir ta moitié ta compagne
Inventer de nouveaux mots Et de nouvelles méthodes Faire monde enfin avec l’ensemble du vivant.
Je te regarde et je me souviens qu’il est toujours question d’amour, pas celui qui possède, mais celui qui soutient.
De mille façons nous conversons. Je n’ai pas besoin que tu me sois identique pour t’abriter dans mon cœur.
Nos corps sont des révolutions.
Serrer & semer
Ensemencer nos devenirs
Dépasser la binarité Étendre nos désirs de relations Déplacer nos pratiques de soin
T’effleurer me rappelle les guerres qui nous traversent et les narrations qui nous diluent. Encore et encore, il faudra crier du silence dans lequel on voudrait nous maintenir.

Nos corps sont des révolutions, ma sœur.
* citation de Nadège Beausson-Diagne
Protocole déclinable
Durée 5 minutes
En pleine nature, dans un jardin, ou n’importe où avec de la nature mobile. Face aux regardeur.euses, établir une connexion visuelle avec chaque personne.



Tourner le dos, s’agenouiller et crier... Crier tout ce que je peux, tout ce qui est coincé, tout ce qui doit sortir. Aller à la rencontre du végétale, l’enlacer, prendre ma place contre la sienne et lui raconter mes mots tendres.
Affirmer les yeux droits dans les yeux qui m’entourent.










A toutes les personnes qui ont été forcées au déplacement.
La perte est dans mes gènes. Je suis faite de nos départs: En ruine et en tension
À toutes les personnes qui ont appris à laisser, qui sont nées arrachées, qui en ont fait une force.
A tous.tes celleux qui sont le mouvement Qui ne s’enracinent nulle part Qui font des impensés la vie même Aucun de nos trajets ne restent silencieux



A celleux qui sont adapté.e.s aux fluctuations, aux migrations qui avancent avec les changements du monde
Il faudra continuer d’ensemencer, porter aux vents et par tous temps, repartir à chaque fois, jamais pour de bon mais rester en effusion
En deçà de nos diasporas
L’archive de nos déplacements.
Procédure:
Durée 2h
Protocole ouvert / en cours d’élaboration
Sur le sol est déroulée une bande de papier blanc. Cette bande traverse la salle dans sa longueur, une première traversée. Au départ de l’extrémité droite se trouve un monticule de sable noir. Poignées après poignées, le plus précautionneusement possible, je transporte le sable dans le creux de mes mains. Lentement et malgré son éparpillement, l’îlot s’érige à son opposé. Il s’agit alors de recommencer encore et encore, inlassablement, d’opposé en opposé jusqu’à ce que l’îlot soit devenu sillon foulé de mes pieds nus.
