Nymbathe Journal n°17

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NYMBATHE JOURNAL

L'ÉSOTÉRISME AU FIL DU TEMPS

Samhain


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ÈDITO PAR ASTARTHEA Alors que l'automne s'installe chaque jour un peu plus, la saison claire laisse peu à peu la place à la saison sombre. Samhain est à nos portes et ses énergies se font de plus en plus intenses pour tous, que nous soyons païennes et païens, sorciers et sorcières, et plus profanes. Nous vous invitons pour ce numéro du Nymbathe Journal à honorer la saison sombre et vos ancêtres, et à percer le voile des contes et de l'imaginaire. Les contes ont la part belle dans cette édition, où nous avons souhaité vous montrer leur face cachée, qui est bien loin de n'être que paillettes et arc-en-ciel… Venez rencontrer les fées ainsi que découvrir l'histoire qui se cache derrière leur présence dans la culture populaire. À travers ces pages, voyagez au cœur de la Forêt Noire, et n'oubliez pas votre panier pour ramasser quelques espèces de champignons… Peut-être croiserez-vous une vouivre ou encore un crapaud. Pratiquez notre Tirage de la Roue de l'Année pour le cycle saisonnier à venir. Sandrine Gestin, dessinatrice enchanteresse, nous a fait l'honneur d'accepter notre invitation, ainsi que deux créatrices talentueuses. Enfin, si vous n'êtes pas trop effrayé.es et souhaitez élargir l'ambiance dans laquelle nous souhaitons vous plonger à la lecture de ces pages, la rubrique Divertissements vous promet de belles heures de détente...ou de frissons !


NYMBATHE

Sommaire

Edito

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Sommaire

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Célébration Honorer la saison sombre

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Divination Tirage de la Roue de l'Année 11 Culture

La Face cachée des contes & A la rencontre des fées....

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Plantes

L'amanite tue-mouches

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Nature Interview

L'Arbre & La Forêt-Noire 33 Sandrine Gestin & 44 Druidesse créations

Famille

Honorer ses ancêtres

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Diy

Set d'automne au tricot

58

Recettes

Vin divinatoire & gâteaux 61 du souvenir

Regard sur...1NDK Animaux et créatures

66 La vouivre 69 & le crapaud

Divertissements

84

Invités

97

Remerciements

N.B : LES ARTICLES DE NOS INVITÉS ENGAGENT LEUR VISION DU MONDE, PERSONNELLE ET PROPRE.

ORIGINES DES IMAGES : LIBRES DE DROITS/ACHETÉES/DES RÉDACTEURS ET INVITÉS.


CÉLEBRATION

HONORER LA SAISON

PAR IRIS WILDROSE ET MEMENTO MORRIGAN


CÉLÉBRATION

OCTOBRE 2021

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HONORER LA SAISON SOMBRE ET FAIRE PEAU NEUVE Tourne, tourne roue de l'année, Que le cycle achevé soit purifié, Laissons nos ombres nous raconter Comment notre chemin va nous faire évoluer... Par Iris Wildrose

Alors que la lumière continue de décroître, nous célébrons en ce jour béni un nouveau cycle, un nouveau tour de la roue de l'année. Pour ces réjouissances de Nouvelle Année païenne, je vous propose de mettre à l'honneur nos ombres et de plonger dans nos profondeurs afin de faire peau neuve et de commencer un nouveau cycle, purifié.e de l'ancien, ouvert.e au nouveau. À l'image de l'Arcane sans Nom du Tarot de Marseille, le temps est venu pour la troisième récolte. Ce temps de mort et de renaissance à soi nous offre un nouveau chemin de possibles. Nous tenons en nous toutes les cartes pour avancer en conscience vers ce qui nous tient à cœur, ce que nous voulons voir se manifester dans notre vie. Ce temps hors du temps est un pas-sage en deux phases : le bilan du passé et les souhaits de l'avenir. Samhain est un sabbat important dans l'année, car il marque la fin de la saison lumineuse et l'entrée dans la saison sombre. Que cela implique-t-il pour nous ? Nous entrons en phase d'hibernation et d'introspection. Ce retour à soi est nécessaire à toute évolution à l'instar de la chrysalide qui s'apprête à devenir papillon. Période magique, c'est une nuit chargée de messages. Le voile entre les mondes s'affine, permettant aux défunts d'entrer plus facilement en contact avec nous. C'est la raison pour laquelle s'est greffée ensuite la fête des morts dans le calendrier grégorien.

Selon les traditions la date varie, bien que la plus populaire soit celle de la nuit du 31 octobre au 1er novembre (traditions wiccane et druidique). Vous pouvez également le fêter le 7 novembre 2021 (tradition astrologique). Comme toujours écoutez-vous, votre choix sera le meilleur pour vous ! Bien que la célébration se fera de nuit afin d'honorer la saison sombre, je vous propose néanmoins un temps diurne pour faire le point et dire au revoir à la saison lumineuse. Je vous invite ce jour-là à porter sur vous un cristal de roche préalablement purifié (une nuit dans le sel sera parfait). NYMBATHE JOURNAL


CÉLÉBRATION

Toute la journée, songez à tout ce dont vous voulez vous défaire (habitudes, peurs, cycle, relation, etc.) en serrant votre cristal de roche dans la main. Ce faisant, vous allez charger votre cristal de roche de tout ce dont vous souhaitez vous délester. Vous pouvez également prendre un temps de bilan. Pour ce faire, centrez-vous en vous par la méthode de votre choix (respiration, méditation, ancrage, prière, ...). Faites de ce moment votre moment, un temps rien que pour vous et où vous vous sentez bien. Une fois installé.e en vous, prenez une feuille et dressez le bilan de cette année. Voici des pistes de réflexion : - Qu'ai-je accompli cette année dans ma vie personnelle ? Professionnelle ? Spirituelle ? - Comment se portent mes relations à autrui ? - Comment se porte ma relation à moi-même ? - Qu'ai-je accompli pour moi-même cette année ? Me suis-je réalisé.e, épanoui.e ? - Quelles épreuves ai-je traversées ? Qu'ai-je appris sur moi, sur mes croyances, sur mes besoins ? Prenez le temps de ressentir les moments forts et importants de cette année passée, les bons comme les moins bons, car chaque expérience est porteuse de messages très personnels.

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Ensuite, relisez votre feuille et constatez à quel point vous avez évolué, quel chemin vous avez parcouru et ressentez en vous la gratitude pour l'être que vous êtes devenu grâce à toutes ces expériences. Ce bilan va vous permettre de prendre conscience que vous êtes toujours en évolution, que vous vous renouvelez à chaque instant. Vous constaterez aussi ce qui a moins bien fonctionné. C'est alors le moment de laisser partir ce qui ne vous convient plus. En effet, maintenant que vous avez réalisé votre bilan, vous avez un meilleur aperçu de ce qui vous convient mieux ou moins. Cette étape peut être intense émotionnellement et c'est très bien comme ça. Laissez aller en remerciant pour les apprentissages. Si vous n'avez pas pu utiliser votre cristal de roche, c'est le moment. Tenezle dans vos mains et visualisez tout ce dont vous ne voulez plus, partir dans le cristal. Une fois accompli, à la nuit tombée, rendez le cristal à la Terre. Trouvez un endroit, si possible en nature, pour enterrer votre cristal (évitez les pots de fleur, car la terre y est coupée de l'énergie interne). Visualisez à ce moment-là que vous déposez à la Terre ce qui ne vous convient plus, remerciez-la de prendre en charge cela et visualisez le cœur de la Terre absorber tout pour le transmuter en lumière. NYMBATHE JOURNAL


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Prenez le temps de vous centrer en vous. Imaginez-vous dans une pièce sombre. Vous n'avez pas peur, car vous avez foi en vousmême. Vous connaissez bien cet endroit, il est votre refuge intérieur. Visualisez alors que vous tenez entre vos mains une petite étincelle. Au début elle sera petite, mais faites la grandir en vous connectant à ce qui vous met en joie. Voyez comme cette étincelle devient flamme entre vos mains.

Alternative au cristal de roche : Vous pouvez vous ancrer directement à la Terre et délester vos peurs, vos soucis, vos habitudes ou autre via vos racines directement au cœur de la Terre et les visualiser se transmuter en lumière.

Tips : Si vous avez des difficultés de visualisation, utilisez votre expiration pour rendre à la Terre ou encore imaginez plein de petites mains partout sur votre corps qui vont s'ouvrir et laisser aller dans la Terre ce qui ne vous convient plus. Vous voilà purifié.e. Votre corps a fait la place pour accueillir le renouveau. Pour cette seconde phase, je vous invite à allumer la joie à l'intérieur de vous, comme un phare qui vous guidera pendant la saison sombre. Cette joie d'enfant émerveillé par le monde qui l'entoure. C'est un peu comme le principe des bonnes résolutions sauf que j'aimerais plutôt vous inviter à vous faire une promesse à vous-même.

Sentez sa chaleur entre vos paumes ouvertes et dessinez sur votre visage un sourire. Cette petite flamme, déposez-la dans votre cœur et sentez-la vous réchauffer de l'intérieur. Sentez comme elle bat en vous et comme elle se répand. C'est votre flamme intérieure. Vous pourrez vous y connecter à chaque fois que vous en ressentirez le besoin. Elle sera votre alliée pendant la saison sombre, lorsque vous douterez ou que vous aurez peur, lorsque vous vous sentirez perdu.e ou dépassé.e, reconnectez-vous à elle. Alternative à la visualisation de la joie : Allumez une bougie lorsque vous faites votre bilan (première phase). Vous pouvez même vous en servir pour méditer. Lorsque vous vous apprêtez à rendre le cristal à la Terre ou à faire l'ancrage de purification, éteignez votre bougie avec un éteignoir par exemple, sans souffler dessus (cela permet de garder votre rituel actif). Une fois dans l'obscurité, faîtes la purification de votre choix. Ensuite, recentrez-vous et rallumez la bougie en conscience en demandant à vos divinités ou l'Univers, que par cette flamme embrasée soit allumée en vous votre joie intérieure. Utilisez vos souvenirs heureux. Vous voilà paré.e pour ce nouveau cycle ! Je vous souhaite un merveilleux sabbat !

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SAMHAIN ET L’OFFRANDE POÉTIQUE

À la recherche de toujours plus de moyens de vous faire vivre les célébrations les plus mirifiques possibles, nous avons souhaité vous partager une Ôde à Samhain, rédigée par Memento Morrigan, s'érigeant tel un manifeste de l'utilisation des mots dans l'Art magique. Nous vous souhaitons une belle lecture, en espérant que cette prose vous inspire et anime en vous les énergies propres au sabbat le plus réputé des sorcières. Par Memento Morrigan

Marque au fer noir de la sombre saison, Samhain est le miroir que nous tend la Nuit Spirituelle. Lorsqu’octobre sonne le glas de ses 31 jours, le vent s’éveille, les feuilles tombent de leur paradis d’or et de pourpre, les ténèbres gagnent ce que perd la lumière. Une mélancolie aussi délicieuse qu’éprouvante s’empare alors de nous. Les yeux se ferment, le rythme ralentit, mais le cœur bat vigoureusement. C’est le temps qui recule. Le temps du froid sur la peau. Le temps des souvenirs ravivés à la flamme spectrale, l’étreinte de la terre et du marbre. L’Autre Monde se fait chair et le Voile apparaît. Samhain est un sang qui n’oublie jamais nos veines, ni la manière de s’y répandre et d’y distiller nos mémoires. Les esprits et les ancêtres se rappellent ainsi à nous, avec leurs croyances, leurs histoires et leurs enseignements. Nous avons envie d’honorer cette fibre ancienne des royaumes, peut-être de lui faire un présent pour la remercier de nous animer encore et encore. Après tout, les sorciers ou les païens perpétuent une tradition qui s’égare dans l’obscurité de milliers d’années. Ceux qui touchent de leurs doigts d’argent à l’Art sont les passeurs d’âme de la magie. Le savoir et l’amour contenus en ceux qui nous ont précédés, parvenus jusqu’à nous, atteignent notre modernité. Nous sommes les branches qui se sont élevées grâce au pouvoir de leurs racines. Quels fruits donnerons-nous en retour ? En attendant, l’automne est là. Nous désirons communier avec la nature qui se dénude et retrouve l’éclat imparable de sa sobriété.

Ses trésors échouent sur nos autels : glands et feuilles sont ainsi les échos de nos chers disparus. Dehors, le brouillard rampe comme un serpent d’ivoire, les fées sont des volutes pluvieuses ou orageuses, mais les couleurs solaires n’ont pas encore totalement rendu l’âme. Ce vertige poétique de l’automne incarné par Samhain, contraste et paradoxe saisissants, est une merveilleuse opportunité de célébrer de manière créative notre terreau fantomatique. Les frontières s’abolissent, le mystère se déverse en notre univers : c’est le moment de fêter ce rêve mystique — parfois effrayant — devenu réalité. NYMBATHE JOURNAL


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PHOTOGRAPHIES PAR MEMENTO MORRIGAN

La sorcellerie est l’expression la plus sauvage et la plus douce du Beau. Les enchanteurs sont des artistes, des faiseurs de lumière lunaire, des tisseurs d’images et de mots. Ils jettent le sordide pour accueillir la noblesse de l’étoile et de l’humus. Aux portes des vivants et des morts, à la lisière la plus liminale qui soit, à la lueur des chandelles de l’entre-deux, intégrons pleinement cette essence qui est nôtre. Dessiner, peindre, sculpter, écrire, graver, chanter, danser... pour quelqu’un qui est dans nos pensées, dans l’air, au hasard d’un chemin, dans l’Invisible révélé. Se promener en forêt, réciter un poème aux êtres de l’Ici et de l’Ailleurs, parler avec le cœur, créer un espace de silence et d’écoute attentive, dédier ses larmes, valser avec un grand sourire près d’une rivière, composer une musique, tournoyer dans les brumes, coudre une tenue pour un rituel… Autant de gestes d’amour et de création que nous pouvons offrir pour dire merci, pour nouer ou défaire les liens, pour célébrer ce que nous sommes. Pour honorer les sphères, des plus incarnées aux plus subtiles.

À l’heure où la magie tourne au vinaigre, mutant en consommable, résistons. Quel meilleur moment pour le faire que Samhain ? Là où tout est décor, superficielle superficie d’une pratique vouée au marchandage et à la virtualité, retrouvons notre sens du sacré et notre éternité. Gagnons notre propre respect. Oui, les sorciers chantent, dansent, peignent, écrivent, allument, exultent, transforment, écoutent. Ils sont les artistes d’hier et les muses de demain. Ils donnent l’infini à l’Infini luimême. Ils sont les reflets hantés de la Poésie, ceux que je viens chercher depuis les profondeurs du monde. Soyons les mains tendues des offrandes aux esprits. Soyons l’immortalité inspirée. Soyons l’Offrande elle-même. Pour cette Poésie. NYMBATHE JOURNAL


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DERRIERE LA PLUME Depuis ma tendre enfance, je me plais à baigner dans les eaux étoilées, sombres et lumineuses de la magie. L’émotion du chaudron bouillonnant au clair de lune a toujours été mienne, accompagnée d’un cortège d’influences mystiques venues de ma propre famille, de mon environnement culturel et de la nature. Avec l’âge, mes rêves d’extraire du néant mon cœur de sorcière pour le réintégrer dans ma poitrine se sont éloignés, comme souvent, lorsque dix-huit années viennent frapper à la porte. En écrivant mon premier roman, j’ai tout de même compris que la spiritualité ne m’avait jamais vraiment quittée : elle poursuivait son œuvre en transparence, à travers ma trame d’artiste. L’encre et la poésie étaient et sont encore aujourd’hui une partie de mon sang, ma façon d’exprimer la sorcellerie que j’ai dans le cœur et les frissons éthérés qui me parcourent chaque jour. La vie est pleine de synchronicités. En plaçant sur mon chemin, au même moment, un drame et quelques rencontres décisives, elle m’a rouverte à la mystique. Coup de foudre pour les oracles et les tarots, pour l’abysse magnifique des images, pour ce qu’elles provoquent et révèlent en nous. Songes revenus d’entre les morts, vampires au parfum d’oliban et divinités païennes. Entre espaces galactiques et enfers brûlants, mon âme a beaucoup voyagé. Guidée par mon instinct de poétesse, je tirais les cartes et écrivais ce qu’elles m’évoquaient. Je savais d’ores et déjà que si j’investissais l’Art, ce serait pour y apposer ma marque, pour fusionner mes univers en un sens commun. C’est ainsi que ma boutique en ligne fut créée et qu’y naquirent mes premiers tirages. Pour tisser ces derniers, je puise dans la culture populaire, dans mes propres aspirations et PHOTOGRAPHIE PAR MEMENTO MORRIGAN

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toujours dans la poésie. Beauté, originalité et profondeur sont les notions que je tente d’insuffler au mieux à mon travail de cartomancienne. Au fil du temps, j’ouvre de nouvelles portes, et de tirages explorant la spiritualité passionnelle en tirages dédiés à l’Artiste Intérieur, j’en viens parfois à effacer la lectrice d’images ésotériques pour laisser pleinement parler l’écrivaine mystique qui est en moi. Dernièrement, la notion de Poésie Dévotionnelle s’est fortement imposée à moi, avec ce désir viscéral de mettre ma plume au service de celles et ceux qui veulent appeler leurs dieux, parler aux entités, rendre hommage. Tracer, avec l’encre, un cercle magique, un refuge sacré où chaque mot se fait nouvelle dimension, monde subtil, cri d’Amour traversant le Voile. Avec le temps, là encore, je tente de matérialiser mon Art, de lui donner une chair ancienne et onirique. De compléter, de rendre entier. À mes prestations spirituelles s’ajoute désormais la fabrication de baguettes magiques dans lesquelles je mets la puissance et les ressources de mon imagination.

PHOTOGRAPHIE PAR MEMENTO MORRIGAN

Je façonne également ce que je nomme des « Livres des Ombres Contées », grimoires abritant des histoires initiatiques et poétiques, donc par essence sorcières. Je les ai conçus comme des offrandes à faire aux esprits lors de célébrations de sabbats ou lorsque l’âme nous en dit. Ma définition de la sorcellerie est toute personnelle : elle est pour moi l’Art du Beau par excellence. Je suis une poétesse, une artisane naissante dont les œuvres ne cherchent qu’à capter, tels des aimants, la magie de tous les mondes. En ce sens, oui : je suis une sorcière.

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DIVINATION LA ROUE DE L'ANNÉE

PAR MOÏRA


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LA ROUE DE L'ANNÉE Pour les païens de toutes voies, le jour de l'An n'a pas lieu le 1er janvier, mais bel et bien le 1er novembre. Pratiquer une divination à cet instant de l'année est donc hautement symbolique. Je vous invite à tracer à mes côtés, les grandes lignes de cette année de plus, avec votre oracle préféré. Par Moïra

SYMBOLIQUE DE LA ROUE La roue de l'année, c'est le nom donné le plus fréquemment au mode de fonctionnement du Calendrier Païen. Il se présente sous forme d'un cercle parcouru de rayons. Chaque rayon représente une des huit célébrations annuelles, à une fréquence régulière d'une toutes les six semaines environ. Suivant le cycle naturel des choses, cette roue est aussi et avant tout le symbole que toute chose a une fin et un commencement, que le cheminement est toujours basé sur une arrivée jouxtant un point de départ.

Aujourd'hui, en cette saison de Samhain, la roue s'apprête à terminer sa rotation, une nouvelle révolution est en marche. C'est le moment idéal pour commencer à poser de bonnes bases, saines et solides, en suivant les conseils de nos alliés invisibles et de l'intangible. Avant toute chose, comprenez ceci. Ce que je m'apprête à vous dire est valable pour tout tirage, quel qu'il soit, et dans toutes les circonstances. Ce que l'oracle, le tarot ou l'outil ésotérique vous dit n'est qu'une indication, jamais une vérité totale et absolue. Le libre arbitre n'est pas un mirage et même lorsque, comme moi, on croit à la destinée, il faut aussi comprendre que ce n'est pas leur rôle que de nous donner des dates exactes et la couleur de notre chemise le 21 mai prochain. Par contre, si vous les respectez suffisamment pour ce qu'ils sont, de joyeux compagnons de route, des amis aux conseils avisés, alors oui, leurs messages seront prêts à arriver jusqu'à vous. NYMBATHE JOURNAL


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musiques de méditation (Celtes, Nordiques, Indiennes...), ou simplement des sons en particulier pour amplifier ce travail interne (préférez alors des fréquences plus spécifiques, comme 432 Hz), tout comme le silence peut vous suffire. Choisissez l'oracle, le tarot ou l'outil qui vous semble le plus juste, en pleine conscience. N'en prenez qu'un, ne cherchez pas à multiplier les détails ou compléter les informations, ce tirage n'est pas créé dans ce sens encore une fois. Mélangez vos cartes les yeux fermés, en laissant vos mains transmettre votre énergie à vos compagnes de l'instant. Faites-leur confiance, elles savent. Puis déposez-les en les étalant en arc de cercle devant vous, face cachée. Puis tour à tour, tirez treize cartes que vous déposerez selon le schéma ci-dessous.

Pour commencer, créez votre espace sacré. Assurez-vous de n'être dérangé par personne, du fait, on éloigne les téléphones et on s'assure qu'ils sont coupés durant tout le temps du tirage. Choisissez les objets qui vous rassurent, vous protègent, vous portent, pour vous entourer. Il peut s'agir de photos, d'objets rituels, d'un bijou peut-être ou d'une pierre en particulier. Il n'est pas nécessaire de faire appel à une divinité type, ou une Force, sentez-vous le plus libre possible et laissez les énergies venir d'ellesmêmes. Comme avant tout travail, prenez le temps de faire le vide en vous, de vous recentrer, de vous focaliser sur l'instant. Vous n'êtes pas encore dans la tâche à venir, vous êtes dans l'Ici et Maintenant. Autorisez-vous une musique ou un son qui vous aide à amplifier votre concentration et votre attention à son maximum. Je vous dépose ici quelques idées : le bruit de l'eau (vagues, rivière, pluie...), des

Vous obtiendrez ainsi une idée globale et générale par mois, ainsi que le mot-clé de votre année complète. Prenez tout le temps nécessaire pour trouver les associations possibles sur les projets déjà initiés, les rêves, les idées en cours. Vous pourriez trouver des réponses que vous attendiez déjà depuis un certain temps !

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CULTURE

LA FACE CACHÉE DES CONTES

PAR NYMBATHE


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IL ÉTAIT UNE FOIS... “Il était une fois… ”. Qui n’a jamais entendu ces quatre mots ? Les émotions qui en émanent nous projettent dans l’enfance, lorsqu’on nous racontait de belles histoires. Ces dernières nous faisaient voyager aux pays des rêves avec des princesses aux cheveux infinis, des dragons cracheurs de feu, des châteaux enchantés, des marraines la Bonne Fée… Mais ce qu'on ne sait pas, c'est qu'ils ne vécurent pas tous heureux. Venez découvrir avec moi, la face cachée des contes de notre jeunesse, bien plus souvent peuplés de créatures sanguinaires, que de lutins amicaux. Par Nymbathe

Pour découvrir ces contes, je vous propose de faire à chaque fois un petit résumé de l'histoire que l'on connaît, puis je vous parlerai de sa face cachée avec ce qu'elle implique. PETER PAN, HISTOIRE D'UN ASSASSIN Peter Pan est un jeune garçon insouciant et joyeux qui vit sur l'île imaginaire de Neverland. Il y accueille les Enfants Perdus afin que tous puissent vivre ensemble. Sur cette île, on rencontre la fée Clochette (un peu caractérielle, mais si mignonne au fond), Lilly la Tigresse, Wendy et ses frères, les Enfants Perdus, le Capitaine Crochet, un crocodile gourmand... Tout ce beau monde vit des aventures extraordinaires et à la fin, Peter ramène la jeune fille et ses frères chez eux. Derrière ces péripéties se cache un récit beaucoup plus sombre et effrayant. Mais d'abord, pour comprendre cela, nous devrions faire un retour en arrière et rencontrer l'auteur. James Matthews Barrie est un romancier et dramaturge écossais. Il perd son grand frère de 14 ans à l'âge de 6 ans. Cette tragédie va le marquer à jamais et rendre la mort omniprésente dans son œuvre théâtrale et romancière. Afin que le souvenir de ce frère disparu ne meure jamais, il décide de s'habiller avec les vêtements du défunt et adopte son comportement. Il finit par quasiment adopter son identité et reste bloqué à l'âge de 14 ans dans sa manière d'agir. Certains de ses proches ont même l'impression qu'il ne grandit plus physiquement.

Maintenant que vous êtes bien dans l'univers quelque peu malsain de J.M Barrie, vous comprendrez mieux pourquoi on peut qualifier le jeune Peter de meurtrier. Dans l'histoire originale, le personnage qu'invente J.M Barrie est un jeune garçon qui déteste plus que tout les adultes, car il serait l'allégorie de la jeunesse. Sur son île de Neverland, il s'entoure d'enfants morts, oubliés ou tombés de leur berceau. Et je peux vous dire qu'on n'y trouve rien de joyeux ou de réconfortant sur cette île ! Elle est peuplée de monstres, de dangers, de personnages NYMBATHE JOURNAL


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malveillants, de pirates sans morale et ainsi de suite. La recette parfaite pour planter un décor très obscur. Mais l'auteur ne s'arrête pas là et prête à Peter Pan un pouvoir terrible.

magique où seul l'amour est roi... Eh bien, je vous conseillerais bien de vous réveiller maintenant, car à votre place, je ne voudrais pas être dans l'histoire de Cendrillon !

En effet, le jeune homme décide qu'à chaque respiration qu'il y aura sur Neverland, un adulte mourra dans le "vrai monde". Il exècre tant ces derniers que parfois, il fait exprès de respirer très vite afin qu'encore plus d'adultes meurent. C'est charmant ! Et ce n'est pas terminé ! Par exemple, lorsqu'un enfant devient trop grand pour rester avec Peter, il décide tout simplement de le tuer...

Grâce à nos parents, Disney et tutti quanti, on pense que l'histoire de Cendrillon est la suivante : une jeune fille qui a perdu sa maman et dont le père s'est remarié. Cette belle-mère avait deux filles et tout se passait aussi bien que possible. Néanmoins, tout bascule à la mort de son père et sa nouvelle famille devient tortionnaire. Jusqu'au jour où (oui je simplifie un peu tout ça, mais vous connaissez l'histoire), elle va au bal donné en l'honneur du Prince. Ils tombent tous les deux amoureux, mais la jeune fille s'enfuit du bal afin que son amoureux ne devine pas ses véritables origines, et perd une de ses chaussures. Le Prince parcourt alors le royaume à sa recherche avec l'aide de cette pantoufle et la fait essayer par toutes les femmes. Lorsqu'il retrouve enfin son véritable amour, ils vécurent heureux pour toujours et eurent beaucoup d'enfants. Fin.

Alors, allez-vous laisser les fenêtres des chambres de vos enfants ouvertes cette nuit ? CENDRILLON, UNE JEUNE FILLE PAS SI INNOCENTE... Quelle petite fille n'a jamais rêvé de devenir une Cendrillon des temps modernes ? Pouvoir échapper d'un quotidien qui nous enferme dans une prison fictive, trouver un prince charmant qui nous emmènera dans un monde

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La véritable histoire de cette orpheline, n'est pas si jolie que ça. En effet, la première différence, et non des moindres, est que Cendrillon a commis un meurtre étant enfant. Eh oui ! Dans certaines versions antérieures à celle de Perrault, Cendrillon avait déjà une belle-mère quand l'histoire débute. Cependant, celle-ci était bien méchante et nuisait un peu la vie de la jeune fille. Alors, cette dernière décida de s'en plaindre à sa gouvernante qui nourrissait l'idée de pouvoir épouser le père de Cendrillon. Elle se dit alors que le meilleur moyen d'arriver à ses fins serait de pousser la jeune fille à commettre l'irréparable. Un jour, la petite fille demanda à sa bellemère de regarder au fond d'une malle où étaient rangées des robes. Sa belle-mère se penche donc et là, Cendrillon referma violemment le couvercle sur la tête de la femme de son père. Ce coup lui rompit la nuque et elle mourut. C'est ainsi que sa gouvernante devint sa belle-mère et au passage, son pire cauchemar, car elle était bien pire que la dernière...

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Autre différence : le moment de la recherche de Cendrillon par le prince avec la chaussure de verre / vair. Dans les versions que nous connaissons, ses belles-sœurs tentent de rentrer leurs gros pieds tout moches dans la chaussure, mais n'y parviennent pas. Dans les versions antérieures, l'histoire se déroule un peu différemment. L'aînée des méchantes sœurs se coupe le gros orteil afin de pouvoir enfiler la chaussure. Le prince voit que la pantoufle lui va et l'emmène donc vers son château. Sur le chemin, deux oiseaux lui disent que le soulier est rempli de sang, il le voit et ramène la jeune femme chez elle. La deuxième sœur tente alors, elle aussi, sa chance et pour ce faire, elle se coupe le talon. Rebelote, le prince l'emmène et à nouveau les deux oiseaux lui révèle la supercherie. Il revient donc chez Cendrillon et cette fois-ci, elle essaye la chaussure de verre / vair et miracle, elle lui va sans avoir besoin de se mutiler. S’ensuit le mariage, et sur la route pour y aller, les deux méchantes belles-sœurs se font crever les yeux par les deux oiseaux afin qu'elles ne puissent pas voir le bonheur de Cendrillon. Dans une autre version, on les condamne à danser avec des chaussures en fer chauffées à blanc pour le restant de leur vie. Sympathique... LA BELLE AU DORMANT : EMPOISONNEMENT, VIOL ET MEURTRE... Nous allons maintenant nous attaquer au conte de la Belle au Bois Dormant. Tout comme pour Cendrillon, il existe beaucoup de versions antérieures à celle de celui qui l'a couché sur papier : Giambattista Basile, au XVIIᵉ siècle, dont le titre est Soleil, Lune et Thalie. Néanmoins, c'est cette version qui nous intéressera. La version que nous racontons à nos enfants est celle d'une jeune femme qui fut

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empoisonnée par une sorcière afin de se venger de la négligence des parents de la princesse. Si on passe toutes les péripéties, l'histoire se termine avec un baiser d'amour qui réveilla la princesse et le prince se maria avec et ils eurent beaucoup d'enfants. Vous l'avez bien compris maintenant, l'histoire d'origine est un peu plus sombre que celle-ci. Le point commun principal est que la jeune femme se pique le doigt sur une écharde de lin qui se loge sous son ongle et tombe dans un profond sommeil, semblable à la mort, que rien ne peu rompre, à cause d'une vilaine sorcière qui était en train de filer de la laine. Le roi décide alors de mettre la Belle dans une pièce, sur un fauteuil luxueux, parée de ses plus beaux atours et ferme le château à double tour. Mais un jour, un roi passant devant l'édifice, décide d'aller à l'intérieur, car son faucon s'y était engouffré. Il visite alors les lieux et tombe sur la jeune femme qu'il tente en vain de réveiller. Submergé de désir pour cette magnifique créature, il la porte jusqu'à une couche, et lui fait l'amour passionnément... Bon, déjà, l'histoire commence mal. On part donc sur un viol avec des tendances nécrophiles. On est loin du chaste baiser du prince charmant. Quoi qu'il en soit, neuf mois plus tard, elle accouche de jumeaux qui sortent tout seuls et viennent se nourrir au sein de la princesse. L'un deux lui suce le doigt et aspire ainsi l'écharde de lin qui l'empoisonnait. La Belle se réveille donc et est très heureuse d'avoir un mari roi et deux très beaux enfants. Mais, et oui il y a un mais, le roi avait déjà une femme et, cette dernière, par jalousie, décida de tuer les deux enfants et de les faire déguster en plat principal à leur père ainsi que, de faire brûler vive la princesse. Après le viol nécrophile, du cannibalisme et un bûcher... On adore !

Néanmoins, il se trouve que le roi, avait deviné la supercherie de son épouse et déjoua tous ses plans. L'épouse fût brûlée à la place de la princesse et les deux amants, le roi et sa chère violée vécurent heureux pour toujours. La morale de Giambattista Basile est la suivante : « À qui a de la chance, le bien vient même en dormant ». J'ai quelques doutes quant au message de cette dernière ! C'est ici que s'achève notre périple dans les pays des contes glauques. J'espère que cela vous aura fait frissonner d'horreur, et je vous souhaite un merveilleux Samhain...

SOURCES : chaîne YouTube : Epic Teaching of the History L'interprétation Des Contes, de Maïté MollaPetot, éditions Bussière France culture, La sombre histoire de Peter Pan Mes connaissances (ahah)

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CULTURE À LA RENCONTRE DES FÉES...

PAR PHRO.NOX ET XENIA VETSERA


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MÉCOMPTE DE FÉES Par Phro.nox

Il était une fois, dans un pays lointain, une fée qui se penchait au-dessus d’un berceau. Les humains disaient qu’elle bénissait les enfants de mille grâces dans leurs histoires. Sa baguette magique scintillait de beauté et d’enchantement. J’aurais pu continuer cette histoire et vous raconter à quel point les fées étaient bienveillantes, à quel point elles ne souhaitaient que ruisseler la magie et l’émerveillement sur nos vies. La réalité est tout autre. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’ouvrir cet article par un hommage à Terry Pratchett qui, selon moi, avait compris. Il y a méprise ! LES FÉES, LES CONTES DE FÉES ET LE MERVEILLEUX. Lorsque l’on parle de pratique féérique, on se rend vite compte qu’il existe une grande confusion entre spiritualité et merveilleux. Le merveilleux est une tonalité littéraire qui a pour but de faire rêver le lecteur en employant des éléments magiques et surnaturels. Cela provient du Moyen Âge et de l’époque où l’on saupoudrait les récits chevaleresques de la « Merveille ». Cet événement incroyable et surnaturel faisait souvent intervenir des créatures, des faits chevaleresques ou des caractéristiques qui allaient au-delà de l’ordre naturel des choses pour le meilleur comme pour le pire. Entre l’extase mystique provoquée par la chevelure d’or de la dame et l’horreur du dragon dans son antre qui attend d’être terrassé se trouve la féérie, espace liminal qui tantôt fera rêver tantôt sera source de cauchemars.

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Les récits se parent progressivement des bonnes et des mauvaises fées. La fée amante, la fée marraine se confrontent à la fée jalouse, la fée avide de pouvoir. La fée devient progressivement un lieu commun littéraire, un cliché, un stéréotype, voire un archétype. Le merveilleux devient progressivement un genre artistique, à la croisée des arts entre littérature, peinture et musique. La peinture féérique prend son essor dans le romantisme du XIXème siècle qui cherche les racines d’une Europe médiévale et fantasmée. On redécouvre les mythes celtiques et on les intègre progressivement à un âge d’or rêvé. C’est l’âge des études folkloriques où les croyances populaires sont disséquées, recueillies. Les folkloristes européens tentent de reconstituer les traces d’un imaginaire que l’on pensait mort en enterré. Les élites prennent alors les croyances de ce peuple si rustre et si peu éduqué dans leur vision étriquée de la société pour les « sublimer ». C’est l’essor des créations artistiques et littéraires de la féérie traditionnelle qui sera le terreau de notre merveilleux à nous : fées des fleurs, fées victoriennes, histoires à sensation comme les fées de Cottingley… Le Beau Peuple devient petit, joufflu et doté d’ailes. Ils deviennent les forces d’une nature idéalisée, extériorisée face aux vapeurs de l’ère industrielle qui commencent à envahir les villes. Ces fées deviennent le reflet réconfortant de notre imaginaire désabusé.

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LES FÉES, CRÉATURES LIMINALES Et pourtant les pratiques féériques demeurent malgré ce vernis rêveur et brillant. Dans les différentes nations celtiques, la Fairy Faith est une réalité toujours vivace. Le Beau Peuple est craint et respecté, honoré et nourri. Les fées ne se penchent pas au-dessus des berceaux pour bénir malgré les jolies histoires que l’on nous raconte. Elles se penchent au-dessus des berceaux pour enlever, ruser, amoindrir, blesser. Le Beau Peuple tel que dépeint dans la Fairy Faith celtique est un peuple ambivalent, entre le bien et le mal, entre l’ombre et la lumière, maitre des illusions et du glamour. La lumière devient ombre, l’ombre devient lumière, les frontières sont floues et tout se dédouble. Il est de coutume de ne pas les offusquer, de ne pas les réduire, de ne pas les diminuer. Car celui qui traite avec les êtres par-delà le voile sait qu’en échange de la divine inspiration, les Nobles demanderont des yeux, un enfant ou un trésor que l’on pensait bien peu de choses avant de l’avoir perdu… La pratique féérique est une pratique des seuils, des entre-deux, entre sécurité et danger, entre chien et loup. Il n’existe pas de vérité universelle à leur sujet. Il n’existe pas de manuel théorique, pas de loi applicable sans réfléchir, pas de langage parfait. Tout est sur le fil. Entre la marraine la bonne fée et l’être qui vous regarde patiemment au cœur de l’Aubépine, il y a un monde. Voire plusieurs.

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Cette voie est une voie du centre. Revenir au centre et le déconstruire. C’est une voie prédatrice où le chasseur devient chassé et où le chassé devient chasseur. C’est une invitation à l’équilibre juste entre ce qui est humain et ce qui est autre. C’est une voie où poésie frôle avec folie et folie frôle avec poésie. Interagir avec ces êtres demande de prendre conscience de leur grande hétérogénéité. Il existe des peuples au sein de ce peuple. Traiter avec un de ces peuples ne vous garantit aucun passe-droit, aucun ticket d’entrée. Vos rêves deviennent leur porte, la poésie devient leur langage. L’étiquette, ces fameuses « bonnes façons » de se conduire, doit vite devenir un automatisme et un réflexe. Chaque mot doit être sous pesé, envisagé dans son sens littéral, littéraire et figuré. Tout est image, tout est illusion. Au cœur de ce flou et de cette liminalité se trouvent pourtant d’innombrables trésors réservés aux yeux qui ne feraient pas preuve de curiosité et d’avidité. Au cœur des sentiers de boue, au cœur des buissons épineux, au cœur des tertres et des pierres, au cœur des forêts sombres d’automne et d’hiver, dans les ruisseaux d’eau claire se trouvent les chansons d’un autre temps. Ces liminales pensées parviennent en un soupir jusqu’aux oreilles qui sauront écouter sans répéter, jusqu’aux yeux qui sauront voir sans réclamer, jusqu’aux bouches qui sauront remercier sans dire merci et jusqu’aux mains qui sauront toucher sans voler.

FAIRY PAR ALEXANDER TOPILSKY

POUR ALLER PLUS LOIN :

Toute la bibliographie de Morgan Daimler concernant la Fairy Faith ainsi que son blog L’œuvre de Katharine Briggs Les formations de la Irish Pagan School concernant la Fairy Faith dans une perspective irlandaise Les écrits folkloriques selon vos régions d’intérêt sur Gallica.fr Dictionnaire de Poétique, Pascal Aquien pour apprendre à parler leur langage Mécompte de fées, Terry Pratchett L’Oracle du Beau Peuple, Gulliver l’Aventurière et Phronesis – à paraître NYMBATHE JOURNAL


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LES FÉES VICTORIENNES L'image que nous avons aujourd'hui des fées a de multiples facettes : masculin ou féminin, enfant ou adulte, simple regard à travers les feuillages, petite ombre près de la cheminée, créature aux ailes de libellule ou forme éthérée entre les nuages... Dans notre folklore, les fées sont avant tout décrites comme des esprits de la nature. Mais savezvous qu'une large part de l'imagerie populaire nous vient du XIXe siècle anglais ? Courte introduction à ce qui a bâti le visage des fées de la littérature populaire... Par Xenia Vetsera

Esprits d'ombre et de lumière retranchés dans les tertres, habitants des profondes forêts ou des abords des rivières, regards scrutant à travers les feuillages, femmes étranges ou curieuses apparitions animales... Les êtres féeriques sont apparus aux humains sous une multitude de visages, et s'il est aujourd'hui communément admis que ce folklore prend sa source dans les plus anciennes racines de l'histoire, celui que nous partageons aujourd'hui a été fixé pour une très large part au XIXe siècle, avant de se perpétrer jusqu'à nous. Afin d'expliquer ce phénomène, nous avons choisi de revenir à l'époque de l'Angleterre victorienne (1837-1901), une ère qui a très fortement structuré le monde féerique, aussi bien comme phénomène culturel que social. Qu'avons-nous hérité de l'époque victorienne en termes de féerie, et qu'avons-nous transformé ?

UN PEU D'HISTOIRE... L'époque victorienne, et par extension tout le XIXe siècle, fut une période marquée par l'industrialisation massive du monde occidental : l'Angleterre est alors à la tête du plus grand empire mondial, une féroce puissance économique qui a abattu les frontières et bouleversé la structure même du pays en le faisant basculer dans l'urbanisation. Le monde rural recule peu à peu, les villes rongent progressivement les campagnes environnantes en engloutissant ses habitants.

ARTHUR RACKHAM A ÉTÉ L'UN DES GRANDS HÉRITIERS DE L'IMAGERIE FÉERIQUE VICTORIENNE

Pour les contemporains, l'environnement change radicalement de visage : les solidarités villageoises sont rompues, et l'individu se retrouve propulsé dans l'anonymat brumeux de villes tentaculaires. La science et la raison sont à leur apogée : on veut tout connaître, et tout expliquer. C'est paradoxalement en cette période dominée par la science, le réalisme et l'industrie, que plusieurs courants intellectuels vont émerger en prenant appui sur ce que nous appelons aujourd'hui la Celtomanie. NYMBATHE JOURNAL


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THE FAIRIES HAVE A TIFF WITH THE BIRDS , A. RACKHAM, 1906

CELTOMANIE, GOTHIQUE ET FÉERIE En réponse à ce monde dominé par l'industrie et la raison pure, on va voir émerger de manière très significative en Angleterre plusieurs mouvements culturels qui vont s'opposer dans une certaine mesure à la modernité : on veut réenchanter le monde, lui redonner sa part de rêve et d'imaginaire. Les premiers soubresauts de ce mouvement sont initiés par les littératures gothiques dès la fin du XVIIIe siècle (Le Château d'Otrante par Walpole, 1764, Le Moine de Lewis, 1796, etc). Côté art, le milieu du XIXe siècle voit émerger la mouvance préraphaélite qui revendique les thèmes et le style de l'art italien du XVe siècle. Partout, on assiste à une remise en avant du Moyen-Âge, censée permettre de renouer avec ces racines nationales brisées par la modernité. Cette tendance est très bien illustrée par la celtomanie qui émerge au XVIIIe siècle et se

poursuit tout au long du XIXe siècle : plusieurs auteurs et artistes vont remettre en valeur les thèmes et les créatures du folklore "celte" (dans une acceptation très large de ce terme). Très naturellement, le folklore féérique du Moyen-Âge, jusqu'ici tombé dans l'oubli, est remis au goût du jour. Car avant cela, les fées n'avaient pas vraiment le vent en poupe en Angleterre : les XVIIe et XVIIIe siècles, dominés par la raison, pointaient du doigt les risques représentés par ce folklore : frivolité, crédulité, superstition... La féerie était déconseillée aux enfants dont elle risquait de pervertir le jeune esprit... Or, à l'époque victorienne, cet état social se renverse : l'enfant est désormais adulé au centre du foyer, et toute la culture qui le concerne trouve un nouvel essor. Les livres de contes de fées sont remis en avant avec la parution européenne des œuvres des frères Grimm (1823) et d'Andersen (1846). NYMBATHE JOURNAL


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THE VIOLET FAIRY BOOK, ANDREW LANG, 1901

RUMPLESTILTSKIN, H.J. FORD POUR THE BLUE FAIRY BOOK, 1891

Ces dernières publications rendent l'image des fées plus acceptable aux yeux des Victoriens, qui redécouvrent l'intérêt moral des contes. En 1889, l'auteur écossais Andrew Lang publiera ses célèbres Fairy Books, aux couvertures enchanteresses à jamais restée dans les mémoires. Les contes sont de plus en plus parés de valeurs didactiques et chrétiennes qui correspondent à l'esprit du temps, et certains auteurs comme Ruskin commencent à décrier cette appropriation morale qui se fait au détriment du caractère simple et enchanteur de la féerie.

de la sacro-sainte mère du foyer victorien, pure et bienveillante. C'est elle qui remet sur le droit chemin, pardonne les écarts, et punit les méfaits. Dans cette sphère, on retrouve toutes les fées qui apparaissent uniquement aux enfants, telles qu'on va les retrouver plus tard dans Le Jardin Secret de Frances HodgsonBurnett (1911), ou l'Affaire des Fées de Cottingley (1917). Elles sont à l'image de l'innocence, de la morale et de la vertu.

FÉES ET FEMMES FATALES

L'autre tendance émerge dans la seconde moitié XIXe siècle, époque marquée par un pessimisme grandissant dû aux dérives de l'industrialisation et à la décadence générée par des structures sociales brisées.

Au cours du siècle, on va voir deux aspects très nets se dessiner autour de la figure de la fée. Le premier est une tendance "lumineuse", liée au monde de l'enfance : la fée est une marraine protectrice qui veille sur les toutpetits. Il nous est permis de suggérer que ces fées victoriennes se confondent avec l'image

Autour des années 1880, alors que la mélancolie préraphaélite commence à s'estomper, on voit apparaitre dans les œuvres symboliques l'image de la fée-sorcière, sombre enchanteresse à l'opposée de la première : ce n'est plus une mère protectrice de l'enfance, mais une démone de luxure, séductrice des

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PORTRAIT D'UNE FÉE , S. GENGEMBER ADERSON, 1869

hommes qu'elles conduisent à leur perte à travers la passion et le sexe : la Fée Morgane incarne dans le cycle arthurien cette enchanteresse effrénée, tout comme le sont les esprits féminins de la nature, dryades, vouivres, sirènes, toutes ces incarnations surnaturelles et séductrices qui se jouent des mortels.

L'HÉRITAGE DE LA FÉERIE VICTORIENNE Que peut-on retenir du phénomène féérique de l'ère victorienne ? Il naît d'une double tendance de réaction à la modernité et d'une volonté de se réapproprier un folklore national, teinté de la morale du temps. Mais il se transforme au cours du siècle avec les bouleversements sociaux qui font émerger la fée sombre, séductrice et décadente. Pendant très longtemps, notre culture populaire a gardé la mémoire de ces fées victoriennes, auréolées de lumière et parées d'ailes translucides. Ces représentations se sont peu à peu transformées

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LA SIRÈNE , J. WATERHOUSE, V.1900

sous l'influence d'artistes tels que Brian Froud, qui ont redonné aux fées leur côté ancestral et organique, celui de véritables esprits de la nature, sans marquer cette séparation entre morale et décadence. Les fées illustrées par Froud ne sont ni bonnes ni mauvaises, ce sont des énergies neutres qui s'adaptent aux harmonies du monde. Quant à nous, n'avons-nous pas hérité un peu de cet esprit de réaction victorien ? À notre époque hyper-industrialisée et saturée d'informations, l'attirance sans précédent pour les mondes occultes et imaginaires ne marquet-elle pas elle aussi un désir de revenir à des racines connues, et plus proches de nous ? Le folklore n'a plus cette dimension nationaliste, mais permet au contraire de faire se rencontrer chaque individu à travers le tissage de la réalité et de l'Autre-Monde.

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PLANTES AMANITE TUE-MOUCHES

PAR ASTARTHEA


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AMANITE TUE-MOUCHES L'Amanite tue-mouches, connue grâce à son chapeau rouge des plus caractéristiques, est l'archétype par excellence du champignon. Partons donc à la découverte de ce champignon qui semble tout droit sorti des contes de fées.

Par Astarthea

La "fausse oronge", comme on la surnomme également, est un champignon de nos contrées abondant en automne. On le trouve en particulier dans les sous-bois aux sols acides, émergeant en bandes souvent aux pieds des bouleaux, autres feuillus et des conifères, dont il aime entrer en association symbiotique avec les racines. On peut aussi le croiser en bordure de chemins, notamment lorsque ceux-ci sont sur le territoire d'une forêt aujourd'hui disparue. L'amanite tue-mouches pousse souvent aux mêmes endroits que le cèpe de Bordeaux, et parfois en ronds de sorcières. Sa répartition touche principalement l'hémisphère Nord, notamment les régions boréales et tempérées, voire certains territoires du bassin méditerranéen. Il semblerait que le champignon tire son origine de la Sibérie-Béringie, où il serait apparu au cours de l'ère Tertiaire. De son nom latin Amanita muscaria, est certainement le champignon le plus connu de la famille des amanites. Il est souvent confondu, de nom, avec l'amanite phalloïde, bien que sa confusion physique soit plus proche de l'amanite des Césars. Le nom vernaculaire du champignon vient du latin fungu smuscarum, soit "champignon des mouches". Il a été nommé ainsi du fait de son utilisation comme insecticide, qui était courante à l'époque médiévale en Allemagne et régions slaves, dans les Vosges, et en Roumanie.

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Albert le Grand le mentionne d'ailleurs dans son livre "De Vegetabilibus", paru un peu avant 1256 " On l'appelle le champignon des mouches, car écrasé et dans du lait, il tue les mouches". Néanmoins, cette utilisation avait une efficacité plutôt relative, car les insectes étaient généralement endormis, puis se réveillaient.

Il est aisément reconnaissable à son chapeau rouge à orangée moucheté de points blancs (appelés écailles), ayant une circonférence de huit à vingt centimètres. Lorsqu'il sort de terre, sa forme est d'abord globuleuse, puis convexe, et termine en s'étalant. Avec le temps, ses verrues peuvent d'ailleurs devenir jaunâtres.

L'autre hypothèse avancée, vient de l'effet hallucinogène du champignon. La croyance médiévale avançait que les affections mentales étaient causées par l'entrée de mouches dans la tête du malade.

Le chapeau, selon les formes ou variétés, peut aussi posséder une marge lisse ou courtement cannelée. L'anneau est large, paraissant déchiqueté ou dentelé. Il est persistant et de couleur blanc-jaune.

Ainsi, le terme "mouche" du nom vernaculaire ne désignerait pas l'insecte, mais plutôt l'état délirant résultant de la consommation du champignon. L'une de ses dénominations, "oronge folle", qu'on peut retrouver dans certaines régions, vient appuyer cette hypothèse.

Les lames sont distinctes et serrées bien qu'inégales, de couleur blanche puis jaunissante subtilement.

Du fait de cette utilisation populaire et des croyances communes , l'appellation donnée à ce champignon est similaire à plusieurs langues européennes.

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Le pied à l'allure pelucheuse de l'amanite tue-mouches est initialement court et massif, puis s'allonge progressivement lors de son déploiement. Son stipe -nom donné au pied en mycologie- d'abord farci devient alors creux. Il peut mesurer jusqu'à trente centimètres. N'étant pas longiligne, il est renflé en bulbe et orné de bourrelets concentriques à sa base. Généralement blanc, le pied peut-être jaunâtre, surtout sous l'anneau et la jonction avec la volve. NYMBATHE JOURNAL


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Avec le vieillissement ou sous l'effet de la pluie, le chapeau peut perdre une grande partie de ses verrues, provoquant la confusion avec l'amanite des Césars, qui est lui s'argue d'une cuticule totalement orangée ou rouge et ne présente jamais les verrues blanches propres à l'amanite tue-mouches. L'amanite tue-mouche ne dégage en général pas d'odeur, à l'exception de celle de la terre. CHARMANT MAIS TOXIQUE L'amanite tue-mouches, bien qu'elle soit régulièrement illustrée dans les contes pour enfants, est un champignon hautement toxique. Consommée parfois involontairement (pour sa confusion avec l'amanite des Césars, notamment), elle provoque en l'occurrence des symptômes neuropsychiques. Ce champignon contient de la muscarine, du muscimole et de l'acide iboténique. Les principes actifs sont concentrés essentiellement dans la cuticule rouge qui se détache facilement du chapeau. Les symptômes majeurs de l'empoisonnement d'Amanita muscaria sont effectifs en deux phases et dans un délai postconsommation allant de trente minutes à trois heures. Lors de la première, troubles du comportement, de sentiments intenses d'euphorie ou de colère, de l'agitation, de la désorientation. Un état de pseudo-ébriété est notable, puis s'en vient une phase de déprime puis d'hallucinations, de crises hilarantes. La seconde phase se manifeste par l'endormissement de l'intoxiqué, allant d'un simple assouplissement, voire d'un coma dans les cas graves. Il n'existe pas d'antidote pour contrer les effets de l'amanite tue-mouches, il faudra attendre la guérison par dissipation, qui survient en douze à vingt-quatre heures, et est souvent accompagnée de nausées, vomissements ou diarrhées.

En pharmacopée, l'amanite tue-mouches a été utilisée de différentes manières, notamment sous forme de poudres ou en teinture. Grâce à ses propriétés sédatives et son action sur la sphère neurologique, on s'en servait contre l'épilepsie et les maladies nerveuses, mais aussi les ulcères et certaines affections de la peau. Plus récemment, les qualités thérapeutiques du champignon sont utilisées en anticonvulsivantet antiparalytique.

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SYMBOLIQUE Robert Graves dans Les Mythes celtes, la Déesse blanche, rapporte plusieurs évocations et utilisations fascinantes d'Amanita muscaria dans les mythologies antiques : « Le serpent à cent têtes montant la garde auprès des joyaux du jardin des Hespérides et le crapaud aux cent ongles portant une pierre précieuse dans la tête (celui dont parle le Duc aîné de Shakespeare) appartenaient tous les deux aux anciens mystères dont les rituels utilisaient des champignons vénéneux et dont Gwion semble avoir été un adepte. Les mystères européens sont explorés bien moins à fond que leurs homologues mexicains. Mais Mr et Mrs Gordon Wasson et le professeur Heim indiquent que le dieuchampignon précolombien Tlaloc, représenté comme un crapaud coiffé d'un serpent, a présidé pendant des milliers d'années la manducation commune de champignons hallucinogènes du genre psilocybe provoquant des visions d'une beauté transcendantale.

[…] Les centaures, les satyres et les ménades de Dionysos consommaient rituellement, semblet-il, un champignon vénéneux tacheté nommé "bonnet de mouche" (Amanita muscaria), qui leur conférait une énorme force musculaire, une grande puissance érotique, des visions délirantes et le don de prophétie. Les participants aux mystères d'Eleusis, d'Orphée ou autres peuvent également avoir connu le Panaeolus papilonaceus, petit champignon poussant sur le fumier, encore en usage chez les jeteuses de sort portugaises et aux effets ressemblant à ceux de la mescaline. » L'amanite tue-mouches, selon certains anthropologues, est aussi l'un des ingrédients primordiaux du breuvage d'immortalité -le Soma- qu'utilisaient les divinités Hindoues, en particulier le dieu de la foudre et des guerriers, Indra. En 1784, le professeur S. Ödman, a avancé quant à lui l'hypothèse que c'est l'amanite tuemouches que consommaient les Vikings avant NYMBATHE JOURNAL


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d'aller au combat, qui contribua au mythe des berserkers. Néanmoins, il n'existe aucune source sérieuse quant à cette légende, d'autant que l'effet du champignon est surtout hypnotique et sédatif. Dans la pratique chamane sibérienne, la Fausse oronge était consommée pour son effet psychotrope en vue d'entrer en contact avec l'Autre monde, d'avoir des visions prophétiques et d'accéder à la sagesse. En Europe de l'Ouest, l'amanite tue-mouche a toujours été jugé délétère. En Allemagne au XVIe siècle, il était nommé "le champignon des fous". Les croyances populaires la lient souvent au crapaud, esprit-familier de la sorcière, du fait que le champignon comme l'animal sortent souvent sous la pluie et lors des jours et de nuits sombres. D'ailleurs, en anglais, l'un des noms vernaculaires de l'amanite est "trône/tabouret de crapaud" (toadstool). Le champignon aura donc sitôt fait d'être associé à la sorcière, appréciant par-dessus tout arpenter le monde à travers le Voile. D'ailleurs, petite anecdote, l'ancien mot italien « fada » (soit « fée ») était d'usage pour désigner le crapaud. On comprend aisément pourquoi l'amanite tue-mouches, archétype du champignon, est associée dans l'imaginaire au monde des fées et à celui de la sorcière.

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DANS LES CONTES Au XVIe siècle, on retrouve l'Amanite tuemouches dans des peintures flamandes. Dans l'iconographie, les champignons étaient souvent associés à l'Enfer. D'après Shakespeare dans ses œuvres, les champignons sont fabriqués par les lutins à minuit. Par la suite, c'est à l'époque victorienne que l'amanite sera définitivement liée à l'univers féerique. On le retrouve depuis lors dans les livres de conte, dans le folklore chaleureux des fêtes de fin d'année, et même chez Disney dans le film Fantasia, avec sa "danse des champignons". Nous pourrions même pousser le vice, et supposer que la jeune Alice s'est enivrée de ce magnifique champignon, dans "Alice au Pays des Merveilles" où elle vit des aventures incroyables et rencontre des personnages abracadabrantesques…. Et enfin, méfiez-vous, ce n'est pas parce que les limaces en mangent, qu'il faut en faire de même !

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L'ARBRE : L'ESPRIT MYSTIQUE DE LA FORÊT & LA FORÊT-NOIRE

PAR XENIA VETSERA ET ASTARTHEA


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L'ARBRE : L'ESPRIT MYSTIQUE DE LA FORÊT

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Un court voyage au cœur des forêts et de leurs mystères. Jusqu'à nos jours, l'arbre et la forêt ont été synonymes d'altérité et de sacré face à notre condition de simple mortel. Partons à la rencontre de ces deux forces primitives qui ne font qu'une... Par Xenia Vetsera

Sanctuaire du monde sauvage, cathédrale végétale, temple de la nature, gardienne de temps millénaires... La forêt fait naître en nous mille et une considérations qui jamais ne nous laissent indifférents. Nul ne peut contester le sentiment d'enchantement qui s'empare de nous lorsque nous pénétrons sous ses ramures. La forêt a envoûté nos ancêtres qui venaient y prier leurs dieux. Elle a murmuré au creux de l'oreille du poète et du philosophe. Son ombre mordorée festonnée d'émeraude a hypnotisé des générations de simples mortels égarés sur ses chemins croisés. Les mythes et les créatures qui la peuplent sont aussi nombreux que ses feuilles, aussi anciens que ses troncs. Si la forêt nous fascine, c'est parce qu'elle éveille en nous l'appel de pulsions enfouies : nous aimons nous perdre dans ses mystérieuses ombres, y méditer, fuir un monde "trop" humain, et trouver refuge auprès de cette force primitive, à la fois menaçante, et pourtant indéniablement maternelle. La forêt est bien souvent le pendant sauvage de la ville : elle constitue la rémanence des paganismes anciens face aux villes

monothéistes modernes, habitat des animaux et des esprits de la nature. Mais c'est aussi le symbole de l'immortalité face à la finitude des marqueurs humains. "Que de tombeaux grecs et romains, dont les pierres étaient ancrées de fer, ont disparu !" écrivait jadis Bernardin de Saint Pierre. "Il n'est resté, autour de leurs ruines, que les cyprès qui les ombrageaient" (Études de la Nature, 1784). Impossible de ne pas lier tout ce qui unit la forêt aux traditions païennes. Dans presque toutes les civilisations, la forêt est l'habitat des dieux. C'est un lieu empli de symboles, euxmêmes catalysés par la figure de l'arbre, l'élément premier de ce monde sylvestre. Comme l'exprime Alain Corbin, en reprenant ce que de nombreuses religions exprimèrent avant lui, l'arbre est le passeur entre les mondes chthoniens et ouraniens, l'axus mundi dont on guettait la parole secrète, celui vers qui s'envolaient nos prières. C'était dans son silence rempli d'échos que s'ancraient les vénérations de jadis, l'arbre qui traverse les âges en se régénérant d'une saison à l'autre ne pouvait être qu'un marqueur d'immortalité. NYMBATHE JOURNAL


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C'est un symbole de vie, et surtout d'énergie vivace et sacrée, car il tend vers le ciel et s'y déploie. La pensée chrétienne a mis en valeur les parts aériennes de l'arbre, négligeant l'intérêt chamanique bien plus ancien pour le monde des racines, le ventre de la terre d'où surgit la vie. Pendant longtemps, la respiration racinaire est restée un mystère, mais nos plus lointains ancêtres avaient déjà l'intuition des forces souterraines en action dans le surgissement de la vie. Les ramures évoquent les forces cosmiques croisées et les mouvements célestes, alors que les racines sont à l'image de la régression vers des forces passives et primitives, l'ancrage du pouvoir et de l'esprit. Les arbres sont les colonnes qui soutiennent les cathédrales sylvestres que sont les forêts. De même que chaque espace sacré est toujours délimité du monde profane par une enceinte, les arbres forment à eux seuls les remparts au-delà desquels l'homme pénètre dans un royaume d'immortalité. Baudelaire a rendu un merveilleux hommage à cette conception ancienne dans son poème Correspondances : La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers une forêt de symbole Qui l'observent avec des regards familiers L'arbre et la forêt sont les gardiens passés et futurs des générations qu'ils verront se succéder, à jamais immuables dans le changement.

SOURCES :

La Douceur de l'Ombre: l'Arbre de l'Antiquité à nos jours, A. Corbin Forêts: Essai sur l'imaginaire occidental, R. Harrisson

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LA FORÊT-NOIRE

Réputée pour son célèbre gâteau au kirsh, ses horlogers et ses pendules à coucous, et son travail du bois, la Forêt-Noire est aussi le berceau de nombreux contes et une terre d'inspiration inépuisable pour l'art. Intéressons-nous ici à ses côtés les plus pittoresques.

Par Astarthea

La Forêt-Noire (en allemand : Schwarzwald) est reconnue comme le plus grand massif montagneux d'Allemagne, sa densité forestière recouvrant près de 11 500 Km². Ayant le statut de réserve de biosphère par l'Unesco, la Forêt-Noire est constituée en majorité de sapins, d'épicéas, de hêtres et de pins. Située au sud-ouest du pays, elle est bordée par le Rhin, constituant une frontière naturelle entre la France et l'Allemagne. Nous pourrions qualifier nos magnifiques Vosges de jumelle de la Forêt-Noire. Les paysages qui composent la Forêt-Noire sont assez variés, abritant tantôt de la forêt épaisse, tantôt des cascades abruptes ou des lacs bucoliques, des montagnes ou encore des plaines luxuriantes, et même des vignes. On y trouve également de nombreuses fermes traditionnelles et de villages typiques. La forêt s'argue de hauts massifs, son point culminant, en Allemagne, est le sommet du Feldberg. Avoisinant les 1493 mètres, il domine Les Vosges, en amont, connaissent plus le paysage et surplombe même une réserve d'averses que la partie moyenne et sud de la naturelle hébergeant une faune d'une Forêt-Noire, offrant à cette zone un climat incroyable majesté sauvage. légèrement plus sec. Côté climat, la chaîne de montagnes connaît des précipitations plus importantes et des températures plus basses que les terres avoisinant le massif. Les pluies sont régulières tout au long de l'année, et donnent naissance à de nombreux ruisseaux. Exposée aux vents pluvieux de l'ouest, venant de l'Atlantique, la zone nord de la Forêt-Noire est celle qui connaît le plus de précipitations.

Lors la saison sombre, les vallées, pâturages et lacs se voient recouvrir d'une épaisse couche de brouillard, alors que les sommets conservent un ensoleillement fréquent, créant des conditions météorologiques d'inversion. Les fluctuations de températures sont modérées à faibles, la plupart du temps. L'hiver étant froid et neigeux, la durée et l'épaisseur de la neige augmente avec les hauteurs. NYMBATHE JOURNAL


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La région étant bien irriguée grâce à ces averses en profusion et à la fonte des neiges, la Forêt-Noire se voit contournée par le Rhin au sud puis par l'ouest. Le Danube quant à lui se dirige vers la mer Noire à l'est, résultant du confluent de la Brigach et de la Breg. De plus, la Forêt-Noire détient de nombreux lacs, comme de lac d'Eibsee, véritable merveille de la nature qu'on croirait sortie d'un conte. À l'Antiquité, la Forêt-Noire portait le nom d'Abnoba mons ou Abnoba silva, venant de la déesse Abnoba. La "Sylve noire", Abnoba, était une divinité topique celte liée à la forêt, à l'instar d'Arduinna (plus tard latinisée en Diana Arduenna par les Romains) qui donnera son nom aux Ardennes, ainsi que de Vosegus, qui est lié au massif des Vosges. D'ailleurs, à l'origine, la Forêt-Noire, les Vosges et les Ardennes étaient toutes trois liées, avant que l'exploitation forestière ne les sépare, au fil des siècles.

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Les appellations de divinités par des termes évoquant un caractère sombre, noir et sylvestre, sont récurrentes chez les peuples belges et suèves, qui revendiquent une origine rhénane commune. Ces divinités féminines liées à la forêt seront souvent assimilées à Diane-Artémis, lors de l'invasion romaine. Abnoba se verra donc affiliée à Diane, une stèle de Badenweiler attestant cela par l'épithète "Diane de la source". Badenweiler, signifiant étymologiquement "la ville des eaux, des sources". Il n'est d'ailleurs pas rare de trouver plusieurs villes de la ForêtNoire portant un nom composé de "Baden". Avec le temps, la forêt s'est vue colonisée et exploitée. À l'origine sylve de sapins et de feuillus, l'épicéa était lui principalement présent qu'en altitude. Hélas, à cause de la sylviculture intensive du XIXe siècle, la ForêtNoire, comme de nombreuses autres forêts, NYMBATHE JOURNAL


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LE FASNET, CARNAVAL ALÉMANIQUE Le Fasnet est le nom donné au carnaval souabe-alémanique ayant lieu durant la période précédant le Carême, en Forêt-Noire. Traditionnellement, il débute le 6 janvier, s'achevant le mercredi des Cendres (Aschermittwoch). Durant ces festivités, les habitants se déguisent, portant des masques traditionnels en bois, confectionnés à la main. L'origine du nom Fasnet (ou Fastnacht en allemand moderne), est controversée. Pour certains, elle vient simplement du jeûne coutumier de la période du Carême chrétien, donnant Fasten (jeûner) et de Nacht (nuit). Néanmoins, il existe dans plusieurs sources anciennes, remontant jusqu'au XIVe siècle, les termes Faßtnacht, Vasnacht ou Vasenacht, mettant la piste sur le mot faseln, qui voulait à l'origine dire "faire des farces".

a été presque entièrement déboisée. Elle sera par la suite replantée, mais principalement par des monocultures d'épicéas. L'homme n'a pas été le seul à causer des dégâts de grande ampleur. Les tempêtes de 1990, Wiebke et Vivian, ainsi que Lothar en 1999, ont sévèrement meurtri la Forêt-Noire et sa faune. Bien heureusement, la Nature reprenant toujours ses droits, ces zones sont dorénavant redevenues prospères. La Forêt-Noire, par chance, restera une zone rurale, bien que quelques grandes villes se formeront çà et là. Les villages, assez dispersés, sont pittoresques, les traditions et les coutumes continuant de se transmettre depuis des générations. Ces traditions vont même servir le tourisme local, garantissant la survie de certains villages, en plus de l'exploitation forestière toujours en cours, d'une petite agriculture, et de l'artisanat.

À partir de ce mot, on trouve également le terme Vaselen désignant quant à lui le bourgeon. Une analyse linguistique comparative de toutes les variantes de Vasnet peut alors laisser supposer une étymologie remontant à l'Ancien Haut Allemand, plus en rapport avec la fertilité et la vie. Cette interprétation met alors plutôt en avant des racines aux symboliques pré-chrétiennes. La population locale a à cœur de maintenir les coutumes de leurs villes et villages respectifs, en organisant de grands événements et défilés, conservant un caractère païen et mystérieux propre à la Forêt-Noire. Les rassemblements lors de ces festivités s'organisent en ce qu'ils appellent des "guildes de Fous". Plusieurs figures -appelées "Narro", "Narre" qui veut dire "Fou" au sens où l'entend le Tarot - sont récurrentes lors du Fasnet, reprenant souvent des légendes, faits locaux avérés ou événements traditionnels.

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Les Sorcières, quant à elles, sont souvent les favorites du public, car elles sont les plus dissipées. Invoquées pour leur pouvoir surnaturel afin de chasser l'hiver, elles sont tout de même craintes, car gardiennes d'anciennes croyances et pratiquant une magie qu'on juge maléfique, et il est coutume de les chasser à coup de comptines pour enfant. Certaines figures de la sorcière vont alors représenter l'hiver que l'on chasse, mais qui n'en finit pas. Les attributs de la sorcière sont les habituels balais, un masque de bois représentant un visage hideux au nez souvent crochu, et une tenue rapiécée. Il existe plusieurs types de costumes de sorcières, à savoir les Stadhexen de Furtwangen, arborant une coiffe à damier rouge et noir et des tresses blondes. Ou la Schrättele (du vieil allemand Schratt, qui en Allemagne et en Suisse désigne un mauvais esprit, un démon). Sa présence au Fasnet est attestée depuis 1463.

Chaque ville possède ses propres figures, bien qu'elles soient souvent du même archétype. Les deux archétypes sont les Hänsele et les Sorcières. Bien qu'il s'agisse d'illustrer une même figure, le costume ou le personnage sera propre à sa ville : son masque, ses atours, ses accessoires, et même ses couleurs le rendront unique. Les Hänsele sont parmi les figures les plus anciennes, et de fait, ils sont les répandus. Ils symbolisent le printemps triomphant sur les ténèbres. Parmi les attributs les plus courants des Hänsele, on retrouve : un masque en bois d'un visage souriant, la queue de renard attachée derrière le crâne, le costume blanc peint de motifs floraux et de personnages qui auront chacun une symbolique propre, un baudrier de cuir garni de grelots en cuivre, une fraise / un col / un foulard, un sabre de bois.

Les sorcières de Wolfach, quant à elles, puisent leur origine dans l'histoire de Rungunkel. Cette vieille femme aurait passé toute sa vie derrière son fuseau, à tel point d'inspirer une légende urbaine selon laquelle elle aurait brûlé tous les moutons aux alentours et les aurait dévorés avant de s'envoler sur sa cuillère en bois. Il y a également les Kandelhexen de Waldkirch. Leur nom vient du mont Kandel, culminant à 1243 mètres d'altitude. Du Moyenâge tardif à la Renaissance, il était supposé être un haut-lieu de sorcellerie. Il existe des tas d'anecdotes fantastiques concernant ce sommet, allant de cultes sataniques en présence du Diable en personne -il est d'ailleurs représenté dans le cortège pour cette raison- ainsi que des "témoignages" concernant des chariots de sorcières tirés par des chats. À l'instar des Sorcières de Bräunlingen, les sorcières de Waldkirch ont le droit à un "Sabbat des Sorcières" au pied du mont Kandel, où un feu de joie est allumé.

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Les sorcières dansantes de Löffingen, en Haute-Forêt noire, sont perçues comme un hommage à la pièce de théâtre écrite par un habitant de la ville, sur la Nuit de Walpurgis à Löffingen. Il s'agit d'une représentation récente, basée sur les légendes médiévales de la ville. Parmis les autres figures récurrentes, on retrouve : - Les symboles du diable, à l'instar du défilé aux flambeaux des Diables Rouges de Triberg. Ces réjouissances, sujettes aux controverses et souvent mal vues par l'Église, virent les participants de ces festivités braver les interdits et perpétrer leur héritage païen en se déguisant en créatures infernales. Ces déguisements font partis des plus anciens et des plus utilisés lors du Fasnet. - Les représentations d'animaux, dont on peut citer le Hoorige Bär, figurine de paille épaisse et rembourrée, ou encore le Federschnabel, oiseau à gros bec président le début du cortège

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à Triberg. Les origines de ce personnage sont confuses, mais remontent à au moins quatre siècles. Pour certains, il s'agit d'une figure porte-bonheur, alors que pour d'autres, c'est un oiseau de mauvais augure (Pechsvogel). Il existe également le Roter Fuchs, figure de Renard Rouge, ancienne du carnaval souabealémanique. Ou encore les Chauves-Souris de Sigmaringen. - Les Hommes Sauvages, à savoir des personnages vêtus d'éléments naturels, comme le Bodenwälder, originaire de Furtwanger. Son costume est constitué d'écorce et de mousse, et on raconte que son rôle est de mener en erreur les femmes et les enfants qui cherchent du bois ou des baies, afin qu'ils s'égarent dans les bois, juste pour les faire tourner en bourrique ! Le costume d'Homme Sauvage peut également être issu des fruits de l'agriculture, tel l'exemple du Nussschalenhansel de Wolfach, dont le costume est recouvert de coquilles de noix. On compte près de 2000 à 3 000 moitiés de coquilles de noix pour réaliser un costume. NYMBATHE JOURNAL


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LE HEXENFEUER DE BRÄUNLINGEN Il s'agit d'une célébration unique se déroulant à Bräunlingen, une semaine avant l'ouverture officielle du Fasnet. La protagoniste est l'une des figures les plus emblématiques du carnaval, à savoir la sorcière. Les Urhexen, comme elles sont appelées dans cette région, sont réputées pour faire des farces aux jeunes filles, mais surtout en raison du spectacle qu'elles offrent durant le Hexenfeuer -feu des sorcières. Alors que le brasier est allumé, elles se servent de leur balai comme des perches, sautant à travers les flammes du feu de joie. Une fois le feu de joie un peu calmé, elles le traversent à nouveau, à pied, en sautillant sur les braises incandescentes. Bien entendu, elles sont vêtues de leur imposant costume uniquement porté par des hommes, d'ailleurset de leur masque en bois traditionnel. Il n'est ici pas question de parodier et de se moquer de l'imaginaire de la sorcière, mais plutôt de célébrer l'héritage laissé par la figure pittoresque de la sorcière sur les terres de la Forêt-Noire. On fête alors la femme d'antan, souvent marginale, qui connaît le pouvoir des plantes et ses applications, qui fut persécutée pour son savoir et ses "pouvoirs".

Il existe dans le mythe de la sorcellerie allemande, une légende où le sabbat lors de la nuit de Walpurgis se déroulait sur le mont Blocksberg (ou Brocken). On retrouve d'ailleurs la même légende à Löffingen. Pour ce qui est de Bräunlingen, on raconte que malgré l'acharnement de l'Église à chasser les habitudes rurales, jugées primitives et hérétiques, les habitants de la Forêt-Noire, en début de printemps, se rendaient au Rocher des Druides, dans le but de perpétrer d'anciens rites aux origines druidiques. Les habitants des villages afin de ne pas être reconnus par les démons et esprits de l'hiver qu'ils s'apprêtaient à chasser, portaient des masques en bois et s'habillaient d'une façon similaire à la tenue de ces esprits. Ils invoquaient alors la Urhexe, au Rocher des Druides. Ils espéraient que l'Ancienne Sorcière brise le rocher et vienne, de ses pouvoirs surnaturels, faire fuir les esprits de l'hiver, et qu'ainsi puisse renaître le printemps. Les hommes masqués, tentant d'impressionner les esprits de l'hiver par leur courage, sautaient par-dessus les flammes, tout en faisant du bruit pour les effrayer.

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FORÊT DE MYSTÈRES La forêt est perçue depuis la nuit des temps comme une terre de révélation, souvent hostile. La forêt est un monde d'enchantements, qu'ils soient de bons ou mauvais présages, de bénédictions divines, mais aussi un domaine de destructions et de malédictions. Ses arbres hébergent des créatures extraordinaires, entre nymphes, fées, gnomes et lutins, mais aussi un bestiaire fantastique. Terre de liminale par excellence, la forêt dissimule également revenants et ChasseSauvage, et elle est le terrain de jeu préféré des sorcières. Ainsi, la Forêt-Noire, au fil des siècles, aura été une muse pour bon nombre d'artistes et conteurs qui auront séjourné en son sein, d'autant à la période du regain folklorique, à l'ère victorienne. Il n'est donc pas étonnant, qu'entre son ambiance mystérieuse, parfois enchanteresse, parfois lugubre, ainsi que grâce à la richesse de son patrimoine et la somptuosité de ses paysages, elle soit source d'inspiration pour de nombreuses œuvres. "Le Nécromancien", ou le "Conte de la ForêtNoire", roman gothique de Ludwig Flammenberg, est l'une des œuvres les plus anciennes ayant pour scène l'obscure forêt allemande. Il a été publié pour la première fois en 1794, et recense une suite de contes où règnent violences et meurtres, et mettant en scène des créatures fantomatiques. Le conte de fées "The Cold Heart" de Wilhelm Hauff, datant de 1827, a pour cadre la ForêtNoire. Elle raconte l'histoire d'un garçon qui croise un esprit de la forêt, qui lui accordera d'exaucer ses vœux. Après moult péripéties et déboires, le garçon rencontre un nouveau fantôme, qui lui concède un nouveau vœu, dont l'issue n'est une fois de plus pas très propice. Le conte servira par la suite de modèles pour un opéra, et sera réédité et filmé de nombreuses fois.

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Les Frères Grimm, célèbres philologues et folkloristes allemands, auraient d'ailleurs été fortement inspirés par les paysages et l'ambiance unique de la Forêt-Noire. Bien que la forêt soit un thème récurrent et très célébré en Allemagne à cette époque, elle prend dans le travail des frères Grimm une place prépondérante. Les contes de fées de "Hänsel et Gretel" et du "Petit Chaperon Rouge" sont des exemples par excellence de la visée initiatique du paysage forestier. Le travail de collecte de sources écrites et orales qu'ont effectué les Frères Grimm est colossal, de même que leur façon de synthétiser les versions et de réécrire à leur manière, des dizaines de contes populaires et traditionnels. Parmi les contes réputés de Forêt-Noire, on peut citer : "Le joueur de flûte de Hamelin", "Les musiciens de Brême", "Les trolls des montagnes", et bien d'autres encore.

Cet imaginaire médiéval et post-médiéval, où se mêlent loups et ours féroces, chasseurs et bûcherons, mais aussi sorcières, fantômes et autres gnomes, se joue toujours dans une forêt dense, brumeuse et terrifiante, propice à y perdre son chemin, mais aussi soi-même. Néanmoins, elle est également un refuge pour tous ceux en quête d'un abri, fuyant un quotidien difficiles et des ennuis tangibles, dans le but de rejoindre un royaume où la magie est souveraine. Dans cette forêt, peu importe les péripéties, nous seront amenés à renouer avec notre essence originelle, et rencontrer notre destin.

LE CHÂTEAU DE HOHENZOLLERN ET SES ALLURES DE FEERIE

Alors, la Forêt-Noire, avec tout ce qu'elle a à offrir, n'a pas terminé d'enrichir notre quête de l'imaginaire et du merveilleux.

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INTERVIEW

SANDRINE GESTIN

PAR MOÏRA ET NYMBATHE


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SANDRINE GESTIN Sans doute la connaissez-vous sans même savoir son nom, car ses illustrations sont partout. Sa vision du Peuple Silencieux et des légendes Arthuriennes est multifacette et d'une très grande poésie. Faisons ensemble une rencontre au creux des vallons sauvages. Par Moïra

Moïra : Bonjour Sandrine Gestin ! Quelle chance que de nous voir accorder ce temps en votre compagnie. Commençons ensemble par faire connaissance, racontez-nous un peu qui se cache derrière ce nom ? Sandrine Gestin : Ah ! Derrière ce nom se cachent des choses simples : je suis une femme de 51 ans et je vis avec mon mari depuis 30 ans. Nous avons un fils de 10 ans et nous vivons tous les trois entourés de tous nos animaux dans une petite maison en Dordogne… J’ai toujours travaillé chez moi et je n’ai jamais fait autre chose qu’artiste ! C’est une vie privilégiée à bien des égards, j’en suis très consciente, mais c’est aussi une vie faite de beaucoup d’incertitudes, de remises en question où l’introspection et le questionnement sont au centre de tout. Derrière ce nom se cache une artiste, avec toutes les forces et les faiblesses que cela implique ! M : Avant de devenir l’artiste que nous connaissons aujourd’hui grâce à vos illustrations qui mettent en lumière ceux que l’on appelle le Petit Peuple, ou le Peuple Silencieux, à quoi ressemblait votre vie ? SG : Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé le merveilleux, les contes de fées, les châteaux et leurs mystères. J’étais alors une petite fille timide qui dessinait déjà beaucoup. Vers l’âge de 12/13 ans, je découvrais le Petit Peuple et les Elfes de Tolkien et le film d’animation de Jim Henson Dark Crystal. Ces deux œuvres furent de véritables coups de cœur pour moi et sont venues délicieusement nourrir mon amour du merveilleux.

Il était évident, pour moi et ma famille, que je me dirigerais vers le monde artistique, sans savoir pour autant le chemin exact que je prendrais, mais il était clair que mon univers serait peuplé d’elfes, de fées et de lutins ! Après mon bac Littéraire, je suis donc naturellement rentrée dans une école d’arts graphiques (L’ESAG, Met de Penninghen à Paris). En sortant de cette école, j’ai envoyé mon dossier à plusieurs éditeurs (de livres de poche, pour enfants et de magazines). Et c’est ainsi que j’ai commencé à travailler pour la presse de jeux de rôle et de jeux vidéo (Tilt, Casus Belli, Dragon etc.), pour des éditeurs de livres NYMBATHE JOURNAL


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et conceptrice, mais aussi en tant qu’auteure. Suivront plus d’une dizaine de livres dont deux Carnets de croquis, les deux Rêveries de Fées, mon Artbook, Sous le Signe des Fées, Les Dames de Brocéliande, les Merveilles & Légendes des Fées, du Petit peuple, etc. J’ai mis fin à cette collaboration il y a quelques mois, en décembre 2020, car j’ai souhaité sortir pendant un temps de l’édition et m’orienter davantage vers la peinture pour me sentir plus libre des sujets, des formats et surtout pour m’affranchir des délais à respecter !

de poche (J’ai lu, Denoël, France loisirs, Mnemos, Nestiveqnen, etc.) et pour les éditions Gründ. Pour eux, j’ai réalisé à l’aquarelle, puis écrit également, cinq livres-jeux dans la collection Vivez l’aventure, collection inspirée des Livres dont vous êtes le héros, mais mis en images. Après ma collaboration avec les éditions Gründ, en 1998/99, j’ai commencé à travailler à l’huile et je crois que ce fut décisif pour moi. J’allais à l’encontre de tout ce qui se faisait à l’époque, mais je suivais mon cœur et mes envies. Et je pense que c’est à partir de ce moment-là que les gens ont commencé à reconnaître mon travail (dans tous les sens du terme). D’ailleurs, le Feuillu et Galadriel datent de cette époque. En 2005, le Pré aux Clercs me contacte pour mettre en images leurs Encyclopédies du Merveilleux. Débute alors une collaboration productive (Encyclopédies du Merveilleux, des Héros, des Elfes, la Bible de Fées, les Agendas du Merveilleux, des calendriers, etc.) qui s’achèvera en 2013. La même année, je contacte les éditions Au Bord des Continents… Et commence une très longue, prolifique et belle collaboration qui voit naître mon premier « beau livre » La petite Faiseuse,non seulement en tant qu’illustratrice

Pour résumer ma (longue !) réponse à cette question, je dirais que j’ai toujours été qui je suis aujourd’hui, c’est-à-dire une artiste qui suit sa voie intérieure, son cœur et ses désirs… La seule différence avec la jeune femme que j’étais à mes débuts et celle que je suis aujourd’hui, c’est que, désormais, je me fais plus confiance ! M: Vous utilisez différentes techniques, le crayon, le pastel, la peinture à l’huile ou l’aquarelle. Quelle est celle que vous appréciez le plus ? SG : Je dirais, sans hésiter, que c’est la peinture à l’huile. Pour moi, c’est la technique maîtresse ! Cependant, ces six dernières années, j’ai découvert et exploré le pastel sec et j’avoue que cette technique, de par la pureté de ses pigments, la lumière qui s’en dégage et sa facilité de mise en œuvre, ravit mon cœur également. M: D’où vient cette inspiration très marquée par les légendes celtes ? SG : Je pense que le fait d’être bretonne et née à Quimper y est pour beaucoup ! Sans revendiquer quoi que ce soit, je crois que la « Celtitude » coule dans mes veines ! Et, comme ma nature profonde est tournée vers les rêves et le merveilleux, ce penchant pour le monde celte devient naturel, voire une évidence !

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SG : Je propose des stages et des cours, oui, mais pas pour aider spécifiquement les gens à se lancer dans l’illustration, mais plutôt pour leur apprendre le dessin et la peinture ou les aider à se perfectionner. Je leur partage mes secrets de vingt-sept ans de métier, mes façons de faire et tout cela, j’espère, dans la bonne humeur et le plaisir de créer. M : Si vous n’aviez pas pu transmettre autravers de l’Art, qu’auriez-vous fait ? SG : Intéressante question ! Si je n’avais pas dessiné et peint, j’aurais écrit je pense. Si je n’avais pas écrit, je crois que je me serais tournée vers les animaux, que j’adore. D’ailleurs, j’en ai 5 à la maison (2 chiens et 3 chats !). M : Nous avons beaucoup parlé de l’artiste et c’est bien normal. Mais derrière l’œuvre se cache une femme. Pourriez-vous nous dire quelles valeurs vous portez, ce qui vous alimente au quotidien ?

M: Y a-t-il une œuvre plus spécifique, ou un livre en particulier, que vous avez créé, et qui vous ait marqué plus que les autres ? Et si oui, pourquoi ? SG : En lisant votre question, j’ai tout de suite pensé à La Petite Faiseuse, où l’Étonnant voyage d’une Fée. J’en ai écrit le texte en un été, ce fut ma première histoire « initiatique » et je suis toujours très fière de ce livre. Mais tout de suite après, mon esprit s’est porté vers Les Dames de Brocéliande (version Beau Livre). Il s’agit également d’une histoire initiatique, toujours sur le thème de la recherche d’identité, thème cher à mon cœur et je l’aime beaucoup aussi. Cependant, je suis fière de tous mes livres ! M : Vous proposez des stages pour ceux qui aimeraient se lancer dans l’illustration. Pouvezvous nous expliquer dans les grandes lignes ce que vous transmettez ?

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SG : La femme que je suis aime la beauté et l’harmonie avant tout je crois. L’harmonie dans ce qui m’entoure et dans les rapports humains. Je suis une grande partie de la journée seule, souvent dans le silence et j’aime ces moments de paix, intérieurs comme extérieurs. J’accorde aussi beaucoup d’importance au respect, respect des croyances des autres et de leurs façons d’être, mais aussi respect de soi bien sûr. Les images et les textes que je crée tendent vers cela et s’ils peuvent apporter un peu de douceur à ce monde, je serais une femme comblée ! M : Pour marquer la fin de cette interview en beauté, pourrions-nous évoquer de potentiels projets futurs à venir ? SG : Je suis en train de travailler sur un projet de grande peinture à l’huile sur bois de deux mètres de haut. C’est un projet très personnel, très introspectif qui, j’espère, ouvrira la porte à

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bien d’autres œuvres plus « spirituelles » de ce genre. J’ai du mal à en dire plus, mais j’ai bien l’intention de partager ce voyage vers cette peinture et vers moi-même sur les réseaux sociaux ! Ce qui, je l’avoue, n’est pas simple pour moi ! Et j’espère que les gens qui me suivent aimeront ! M : L’équipe du Nymbathe Journal est très heureuse et honorée d’avoir pu échanger avec vous, et mettre en lumière votre art. Il nous tarde découvrir les prochaines illustrations féériques qui naîtront sous vos doigts ! SG : Merci beaucoup ! Je suis très heureuse et flattée que vous ayez désiré m’interviewer (sourire). J’espère que mes propos vous auront plu ! Que les fées et lutins veillent sur vous et les vôtres, Féeriquement, Sandrine Gestin NYMBATHE JOURNAL


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DRUIDESSE CRÉATION

PAR NYMBATHE


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DRUIDESSE CRÉATION Druidesse Création est un véritable coup de coeur artistique mais aussi humain. Ses créations valent vraiment le détour si jamais vous voulez être au chaud dans des créations en laine réalisées au crochet avec beaucoup d'amour. Je vous laisse découvrir l'univers de ma chère Aude... Par Nymbathe

Nymbathe : Bonjour Aude ! Tout d’abord, merci infiniment pour ta participation à notre journal pour Samhain. Cela est un immense plaisir pour moi, car j’adore ton travail. Pour commencer, peux-tu te présenter à nos lecteurs ? Aude : Bonjour ! Déjà, merci beaucoup d'avoir pensé à moi pour le journal du Nymbathe, j'en suis vraiment honorée. N : Peux-tu nous Druidesse Créations ?

raconter

l’histoire

de

A : Avec plaisir. Depuis mon plus jeune âge, je dessine et je bricole toutes sortes de choses. Je fais encore aujourd'hui le plus souvent mes cadeaux à la main. Apprendre de nouvelles techniques et savoirs manuels me passionne. Après mes études dans la mode (créatrice de vêtements sur-mesure) et quatre ans de CDI en hôtellerie où je ne m'épanouissais pas du tout, j'ai décidé de revenir à mes premiers amours : la création. Le crochet s'est présenté à moi par « hasard » en 2017 au détour d'une tisane avec une amie qui m'y a initié. J'ai immédiatement accroché au crochet et c'est le cas de le dire. J'ai appris le reste toute seule avec des vidéos YouTube. Mes débuts au crochet étaient assez laborieux, je dois dire. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai dû tout défaire pour recommencer une nouvelle fois. Mais comme on dit, ce sont nos erreurs qui nous enseignent le mieux.

Ensuite, est très vite arrivé Instagram où j'ai découvert des créateurs fantastiques, par la beauté de leurs créations et leurs déterminations à travailler dur pour atteindre leurs objectifs. Grâce à leurs témoignages sur leur quotidien, les difficultés, mais aussi les résultats d'un travail de longue haleine, j'ai compris qu'il était possible de vivre de sa passion. Et c'est là que je me suis dit, et pourquoi pas moi ? Ce sera un chemin semé d’embûches certes, mais avec beaucoup de travail et de volonté tout est possible après tout. NYMBATHE JOURNAL


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doucement introduire à partir de l'automne quelques créations cousues avec ma petite machine à coudre adorée. N : J’imagine que cela te prend beaucoup de temps. Peux-tu nous parler du processus de tes créations ? De tes pulls, chouchous, lanières ou autre ? Quelles sont tes inspirations ? A : C'est vrai, Je passe beaucoup de temps sur chaque création et encore plus quand c'est un nouveau modèle. Il y à la recherche d’inspiration, la réalisation de plusieurs prototypes, des heures de shooting photo et du traitement de celles-ci. Mais il y à aussi la rédaction des fiches produits pour la boutique avant la mise en ligne, la création des posts sur les différents réseaux sociaux, la préparation des colis et du temps passé à la poste pour les envoyer. Je vous laisse imaginer qu'il y a des jours et des jours de travail derrière une seule création.

C'est là que j'ai monté ma microentreprise en mai 2019. J'ai créé une boutique en ligne sur Etsy et j'ai commencé en proposant surtout des créations en macramé. Puis, j'ai très vite changé d'avis. Je me suis rendu compte que ça ne me ressemblait pas tellement. La création de vêtements et d'accessoires en crochet a rapidement pris toute la place dans mes réalisations et je me suis vraiment sentie à la bonne place. J'ai choisi le nom "Druidesse Créations", tout d'abord parce que je suis une amoureuse du monde celte par son histoire, ses légendes et ses paysages magnifiques. Je ne suis pas née en Bretagne si vous voulez savoir, mais j'ai du sang breton tout de même. Pour le terme "créations" j'avais pour but de rester assez vague dans ce que je souhaite proposer, car les années passent et mes envies peuvent évoluer. Je ne veux surtout pas me cloisonner dans une discipline particulière, parce que j'aime toujours apprendre et tester de nouvelles choses, (spoiler alert), je souhaite aussi

Je puise mon inspiration, je pense, comme beaucoup de personnes avec Pinterest, Instagram, mes films et séries préférés. L'univers médiéval et fantastique me parlent énormément, mais c'est surtout de la nature qui m'entoure et des saisons qui influencent mes créations. Je vis à Chambéry en Savoie, les randonnées et balades dans la nature ne manquent pas autour de chez moi et c'est une réelle chance pour me ressourcer. N : Que conseilles-tu à nos lecteurs s’ils veulent débuter le crochet ? A : D'y prendre du plaisir et de ne pas hésiter à faire et défaire pour s’améliorer. De ne pas se décourager et de se mettre dans un bon fauteuil devant un bon film cosy ou avec de la musique et un thé bien chaud. Ce sont des moments clairement méditatifs pour moi et c'est là que j'essaie d'y mettre mes meilleures ondes en espérant les transmettre aux futurs porteurs. Je vous propose sur ma boutique un

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INTERVIEW

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trouve ça super enrichissant de voir les expériences des autres créateurs sur toutes les facettes de leur travail. N : Sur ton feed Instagram, on peut clairement voir que tu vis au rythme des saisons et que tu y apportes beaucoup de respect. Voudrais-tu nous en parler un peu ? A : Bien sûr, la nature étant ma principale source d'inspiration, mystérieuse et changeante, j’aime la mettre en avant sur mon feed Instagram. C'est d'ailleurs toujours un moment sacré pour moi d'aller y faire mes photos qu'il pleuve ou qu'il vente, c'est toujours une joie pour moi d'être à son contact. N : Dernière question pour toi. Nous sommes curieux par ici : as-tu de futurs projets au bout de ton crochet ? A : Oui tout à fait, je souhaite continuer à développer mes tutos crochet sur la boutique

tuto pour débutant à télécharger. C'est un PDF qui vous explique chaque étape de la création d'une lanière de téléphone, vous y trouverez un lien vers une vidéo tuto où je le fais avec vous, étape par étape. Et pour des personnes qui n'auraient jamais tenu de crochet de leur vie, vous trouverez un second lien vers une vidéo où je vous apprends les bases du crochet. N : Tu possèdes également une chaîne YouTube. Qu’est-ce que nos lecteurs peuvent y trouver ? A : En effet, ça va bientôt faire un an que je me suis lancée sur cette plate-forme. J'y partage un peu plus mon quotidien de créatrice, mon évolution et mon atelier sous forme de vlog en espérant immerger les personnes dans mon univers. Je me suis clairement trouvée une nouvelle passion pour le montage vidéo et ce nouveau processus de création. Je consomme moi-même beaucoup de vidéos de ce type. Je NYMBATHE JOURNAL


INTERVIEW

mais aussi, comme je vous ai dit plus tôt, je souhaite introduire des vêtements et des accessoires cousus avec des tissus chinés dans des recycleries ou sur le bon coin. Ce n'est pas évident à mettre en place, mais j'essaie, à ma petite échelle, d'éviter le neuf et d’opter pour la seconde main en ce qui concerne les fournitures pour la boutique, mais aussi dans ma vie en général. Je le fais déjà dans la mesure du possible pour trouver mes pelotes de laine, car oui il y a beaucoup de personnes qui revendent leurs pelotes neuves sur ce genre de site et à petit prix en plus. Sinon, cette année la boutique tourne plus lentement, car j'ai dû reprendre un travail alimentaire. Après deux ans passés à plein temps sur la boutique, je n'arrive malheureusement pas encore à en vivre. Ce n'était pas évident à accepter et après ce sentiment d’échec, ma détermination n'a cessé

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de se renforcer. Je suis bien décidée à trouver les solutions pour m’améliorer et arriver à mes fins. C'est comme avec le crochet, on ne voit ses erreurs qu'en prenant un peu de recul sur son travail. Il ne faut pas hésiter à défaire puis à refaire plusieurs fois pour que tout soit parfait et que ça file droit comme on dit. Commencer avec des bases solides, toujours garder ses objectifs en vue même si le chemin pour y arriver n'est pas celui auquel on s'attendait. Merci infiniment d'avoir pris du temps pour moi, j'ai hâte de découvrir ce nouveau numéro de Nymbathe Journal, à très bientôt. Aude

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FAMILLE HONORER LES ANCÊTRES

PAR IRIS WILDROSE


FAMILLE

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HONORER SES ANCÊTRES AVEC UNE BOÎTE AUX ANCÊTRES Lorsque le voile s'affine, nos deux mondes se rencontrent à nouveau Pour célébrer avec nos disparus la Nouvelle Année. Rendons leur hommage en ce jour béni, main dans la main, d'esprit à esprit. Par Iris Wildrose

HISTOIRE Samhain, douce nuit de magie. Toi qui en cette nuit rassemble le monde des vivants et celui des esprits, soit béni ! Cette nuit remplie de mystère n'est pas seulement un point de passage intérieur, elle est aussi une nouvelle occasion de se souvenir de notre lignée. Qu'ils soient de sang ou de cœur, les liens familiaux sont emprunts d'histoire, de notre histoire. En rendant hommage à notre lignée, nous rendons hommage à notre histoire personnelle. Je vous propose en cette soirée de commémoration de vos défunts de créer une boîte aux ancêtres. Je m'inspire pour cette réalisation de l'idée de Parole de Sorcière, ma douce Véronique, qui avait eu l'idée de rassembler, dans une boite, des souvenirs de nos disparus. Je vous invite à étoffer cette réalisation et de faire de ce moment une activité familiale conviviale.

Avant de vous lancer, je vous propose de préparer quelques gâteaux du souvenir proposés par notre délicieuse Xenia. Prenez une assiette et pensez à vos ancêtres, conviez-les à ce temps de recueillement en leur offrant ces gâteaux, ainsi ils vous accompagneront lors de la réalisation de votre boîte commémorative. Mettez une douce musique, allumez des bougies ou encore de l'encens, en somme faîtes de ce temps un havre de paix et de joie. ÉTAPE 1 : SE CONNECTER À SA LIGNÉE. Pour cette étape, munissez-vous d'un grand morceau de parchemin (ou feuille colorée, voir le tips) Tracer votre arbre généalogique et décorezle avec de jolies feuilles d'arbre ou d'élément symbolique de votre famille (blason, armoiries) officiels ou que vous créerez pour l'occasion. NYMBATHE JOURNAL


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MATÉRIEL Pour cette activité, vous aurez besoin de : - parchemin ou des feuilles (voir tips) - crayons, feutres ou peinture - divers objets, images - matériel de décoration (paillettes, tissus, papier de couleur, selon votre inspiration)

TIPS : Si vous ne possédez pas de parchemin, prenez des feuilles blanches, un pinceau et soit du thé, soit du café. Infusez intensément et appliquez au pinceau afin de colorer la feuille. Laissez sécher. Voilà de jolies feuilles colorées imitation vieux parchemin !

Partez du bas de la feuille avec vous et votre fratrie puis remontez dans le temps. Notez les noms et prénoms des membres de votre famille et des caractéristiques particulières les concernant. Ce temps peut être un moment d'échange avec vos aînés. ÉTAPE 2 : LES LIENS DU SOUVENIR Munissez-vous de votre boîte et pour chaque nom inscrit ajoutez un élément en conscience qui vous fait vous rappeler de cette personne. Pour moi par exemple, ma grand-mère paternelle m'offrait toujours des bonbons à la violette, cette odeur reste la sienne. Ça peut être un bijou, une image, bref à vos madeleines de Proust. Sentez en vous renaître les souvenirs heureux, les partages que vous avez eus avec ces êtres. Ressentez leur présence à vos côtés. Vous pouvez leur parler, les remercier, leur demander conseil. NYMBATHE JOURNAL


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ÉTAPE 3 : APPROFONDIR LE LIEN Qu'en est-il des disparus avec lesquels nous n'avons pas de souvenirs directs ? Demandez à vos proches de vous raconter des histoires à leur sujet que vous pourrez symboliser par un objet, ou encore en écrivant l'histoire. Le but est vraiment de se reconnecter à sa famille. Pour les liens encore plus lointains, si vous avez les noms de vos ancêtres, vous pouvez leur demander de vous indiquer un objet qui les représente puis rester attentifs aux synchronicités. Cette boîte peut être étoffée à n'importe quel moment.

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nouvelle page de votre histoire et de celle des futures générations de votre lignée. ÉTAPE 5 : COUPER LES LIENS TOXIQUES (OPTIONNEL) Cette étape permet de faire table rase des actions ou pensées de vos ancêtres qui pourraient impacter votre vie actuelle. Une fois le lien établi par cette activité de souvenir, prenez un temps méditatif. Visualisez chaque membre de la lignée comme des points lumineux et vos liens avec eux. Demandez que soient coupés tous les liens toxiques familiaux qui vous empêchent d'avancer dans cette vie. Sentez-vous libéré.e.

ÉTAPE 4 : DÉCORATION Laissez votre créativité vous guider. Chaque membre de la famille peut participer que ça soit par un collage, de la peinture, etc. Le tout est de prendre plaisir car vous écrivez une

Remerciez vos ancêtres pour leur aide et leur bienveillance et festoyez avec eux en leur laissant un couvert et des offrandes. Bénie soit votre lignée ! NYMBATHE JOURNAL


DO IT YOURSELF AU FIL DE L'AIGUILLE

PAR NYMBATHE


DO IT YOURSELF

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SET D'AUTOMNE Votre Nymbathe a bien vu que vous aviez besoin de nouvelles mitaines et d'un bandeau pour vous protéger des premiers frimas qui arrivent. Alors je vous propose de me suivre pour vous apprendre à les réaliser facilement ! Par Nymbathe

INTRODUCTION Voici un petit tuto inspiré du travail de Maison Devernois et de Bergère de France, qui vous permettra de réaliser un beau set d'automne bien douillet composé de mitaines et d'un headband. Je ne prétends pas être une pro du tricot, mais j'espère que cela vous plaira et que je verrai par la suite vos jolies créations. Bien entendu, ce patron est ajustable en fonction du numéro de votre laine et de vos aiguilles.

IL VOUS FAUT

3 pelotes de 50 g, fils en 4 mm Aiguilles droites / circulaires 5.5 mm 1 aiguille à laine Une paire de ciseaux Optionnel : une bonne tasse de thé avec un film réconfortant.

ATTENTION

POUR CE MODÈLE, VOUS DEVREZ MAÎTRISER LA CÔTE ANGLAISE AINSI QUE LE POINT DOUBLE POUR RÉALISER CE PATRON. NYMBATHE JOURNAL


DO IT YOURSELF

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PATRON : NIVEAU FACILE LE HEADBAND : Montez tout d'abord 21 mailles sur vos aiguilles avec votre fil que vous aurez doublé (plié en deux). Ce n'est pas nécessaire, mais je trouve ça plus jolie... R 1 : tricotez 1 maille envers, puis 1 maille endroit. R2 : tricotez 1 maille envers, puis 1 maille endroit double. Répétez ces deux rangs jusqu'à la longueur souhaitée pour qu'il puisse faire le tour de votre tête. En général, on est entre 45-55 cm pour un tour de tête adulte. Lorsque vous avez la bonne longueur, rabattez vos mailles. Avec votre aiguille à laine, cousez ensemble les deux bords afin d'obtenir votre bandeau. Afin de lui ajouter des finitions, vous pouvez tricoter une mini bande (ou un nœud par exemple) ainsi : montez 11 mailles puis, tricotez en jersey (R1 : tout endroit + R2 : tout envers). Tricotez assez pour pouvoir entourer votre couture du bandeau (10 cm environ). Rabattez vos mailles et cousez l'ensemble autour du raccord de votre headband. LES MITAINES : Montez 35 mailles sur votre aiguille en doublant votre fil. Tricotez maintenant 4 rangs au point mousse. Tricotez ensuite 11 rangs en jersey (1 rang endroit puis 1 rang envers). R 16 : tout en endroit afin de contrarier vos mailles. Ensuite faites 5 rangs jersey R 22 : 1 rang endroit Tricotez encore 10 rangs en jersey Terminez avec 5 rangs au point mousse. Enfin rabattre les mailles et assemblez votre mitaine en cousant sur la longueur sans oublier de laisser un espace pour votre petit pouce !

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RECETTES

VIN DIVINATOIRE ET GÂTEAUX DU SOUVENIR

PAR XENIA VETSERA


RECETTES

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VIN DIVINATOIRE J'ai cette recette depuis très longtemps ; elle me vient de l’œuvre de Marie-Antoinette Mulot et m'a accompagnée dans ma pratique rituelle pour chaque sabbat de la Saison Sombre que je célèbre, Samhain et Imbolc. Intitulé "Vin de Dionysos", cette liqueur à base de fruits, d'agrumes et d'épices vous accompagnera pour votre travail divinatoire. Attention toutefois, il ne s'agit pas d'un vin d'offrande aux divinités chthoniennes, habituellement célébrées durant la saison sombre. Vous pouvez toutefois l'employer en libation pour les divinités terrestres et nourricières. Par Xenia Vetsera

INFORMATIONS TEMPS 1 SEMAINE

COÛT

QUANTITÉ

€€€

1 BOUTEILLE

INGRÉDIENTS 1 bouteille de vin rouge type Bourgogne 2 pommes 1 citron bio 7 clous de girofle 1 bâton de cannelle 150 gr de sucre

NOTE : Ceux qui me connaissent savent que je n'aime pas proposer de correspondances ou d'intentions magiques dans les préparations. C'est à vous de faire cette démarche et de placer vos propres intentions dans la réalisation magique de cette recette.

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RECETTES

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PRÉPARATION Peler les pommes et passer le citron sous l'eau (même s'il est bio !). Découper les pommes en dés, et le citron en rondelles. Dans une jarre, verser le vin. Verser le sucre, et mélanger jusqu'à ce qu'il soit parfaitement dissout. Y ajouter les pommes, le citron, les clous de girofle et le bâton de cannelle Mélanger avec une spatule en bois, refermer hermétiquement la jarre, et placer à l'ombre une semaine. Chaque jour, remuer le liquide pour que les saveurs se propagent mieux.  u bout d'une semaine, filtrer et garder A en bouteille au frais, ou bien servir en une fois, tel un punch aux fruits.

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RECETTES

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GÂTEAUX DU SOUVENIR

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Voici une recette ô combien représentative de la célébration de Samhain. Il s'agit de ma recette, mais je vais vous dire un secret de Polichinelle : il n'y a pas "une" recette de gâteaux du souvenir. Depuis mon adolescence, un simple rituel de Samhain consistait pour moi à déposer sur ma fenêtre des petits gâteaux agrémentés d'un verre de lait, avec une bougie pour guider les esprits à travers le Voile. Ces gâteaux aux graines ont pour moi un goût d'automne ; les dattes sont un fruit que je consomme toujours en voyage, c'est pourquoi elles m'évoquent le passage d'un monde à l'autre correspondant à l'esprit de ce sabbat.

Mais les gâteaux du souvenir sont avant tout confectionnés en pensant à vos proches, qu'importe ce que vous utilisez comme garniture. C'est avant tout votre pensée qui les accompagne à travers cette offrande. Par Xenia Vetsera

INFORMATIONS TEMPS 20 MIN.

COÛT

QUANTITÉ

€€€

UNE DIZAINE

INGRÉDIENTS 200 gr de farine semi-complète 100 gr de beurre fondu, mais non brûlant. 100 gr de cassonade 1 gros œuf 1 cuiller à soupe de Quatre Épices 60 gr de dattes séchées hachées finement 60 gr d'un mélange de noix et de graines. J'utilise pour ma part des noisettes, des noix de pécan et de graines de pavot, le tout haché grossièrement. 1 pincée de sel 1 cuiller à café rase de levure chimique

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PRÉPARATION Dans une grande jatte, battre le sucre avec le beurre fondu jusqu'à ce que le mélange blanchisse. Ajouter l'œuf et les épices, puis battre à nouveau. Tamiser sur ce mélange la farine avec la levure, et mélanger bien pour obtenir une pâte homogène. Ajouter une pincée de sel et mélanger encore une fois. Ajouter les dattes et votre mélange de noix et de graines en les répartissant bien dans la pâte. Formez des petits disques que vous disposerez sur une plaque allant au four, recouverte de papier sulfurisé. Espacez correctement les gâteaux. Enfournez pendant une dizaine de minutes dans un four préchauffé à 200 degrés, à chaleur tournante. Laisser refroidir avant de servir.

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REGARD SUR 1NDK

PAR PANDORA


UN REGARD SUR...

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1NDK 1NDK est un monde onirique qui nous fait voyager avec ces magnifiques modelages. Je vous propose aujourd'hui de me suivre sur le chemin des idées de sa créatrice... Par Nymbathe

1ndk c'est depuis un an et demi une petite entreprise artisanale et ayant débuté auparavant en autoentreprise dans le milieu de l’illustration, je ressentais tout de même le besoin de toucher à tout, de retourner à mon amour du modelage. J’ai commencé par me faire connaître avec mes sculptures de mandragores à l’époque où nous étions encore peu sur ce marché, et petit à petit, je me suis diversifiée en proposant différents types de créations, mais toujours dans un univers très forestier, automnal, folklorique et ésotérique. Ce sont des thématiques qui me tiennent à cœur et que je couple bien souvent avec la lithothérapie en mettant en avant les vertus des pierres, mais aussi une symbolique végétale et animale dont vous pouvez retrouver quelques illustrations en flash tattoo sur Instagram. J’aime allier esthétique et pratique en proposant parfois des outils support à la spiritualité que ce soit des contenants customisés, ou une pièce que j’aime beaucoup : mon élastique à Tarot, qui en plus d’être ornemental vient booster l’énergie du deck. Je navigue au gré des saisons, mais surtout de mes envies, je propose également des bijoux en galvanoplastie de cuivre. C’est ainsi que j’ai commencé les bijoux en gravant les pierres, des bijoux originaux modelés à la main, une gamme plus accessible avec inclusion résine, différents objets décoratifs, boîtes décorées, allant de la linogravure à la peluche. NYMBATHE JOURNAL


UN REGARD SUR...

Un produit phare ? Plusieurs même ! Je me suis spécialisée dans la sculpture d’animaux familiers dit ou associé à du « totem », que je décline en format figurine, mais aussi modelé sur une pierre semi-précieuse, le rendant plus facile à avoir en poche. C’est toujours un challenge à réaliser et c'est très honorifique quand un client vient me demander une commande personnalisée avec parfois son animal de compagnie représenté, décédé ou non.

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Ainsi j’ai l’impression de sculpter des petits gardiens pour veiller sur eux et les accompagner dans leur quotidien. En tout cas faune, flore et petit peuple fantastique sont toujours au rendez-vous dans mon univers.

J’AIME ALLIER ESTHÉTIQUE ET PRATIQUE EN PROPOSANT PARFOIS DES OUTILS SUPPORT À LA SPIRITUALITÉ QUE CE SOIT DES CONTENANTS CUSTOMISÉS, OU UNE PIÈCE QUE J’AIME BEAUCOUP : MON ÉLASTIQUE À TAROT, QUI EN PLUS D’ÊTRE ORNEMENTAL VIENT BOOSTER L’ÉNERGIE DU DECK. NYMBATHE JOURNAL


ANIMAUX ET CRÉATURES LA VOUIVRE ET LE CRAPAUD

PAR MOÏRA ET ASTARTHEA


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LA VOUIVRE Célèbre par les contrées comtoises et plus spécifiquement jurassiennes, la vouivre a fait couler beaucoup d'encre, inspirant beaucoup d'artistes, et berçant des générations de jeunes gens. Laissez-moi vous conter l'histoire derrière la légende. Par Moïra

Dans sa description classique, la vouivre est très souvent associée à la wyverne, ce draconide est censé ressembler à un énorme serpent aux ailes de chauve souris, arqué sur deux pattes de dragon, protégeant un trésor caché dans le fond de bois sombres. Ce n'est pas de cette vouivre-là que je dépeindrai ici le portrait. Cette représentation est trop éloignée de celle que j'ai entendu enfant, trop limitée pour être ne serait-ce que le pâle reflet de la beauté de l'histoire de la vouivre jurassienne. Celle que je connais, la voici : jeune femme au corps sensuel, aux courbes généreuses, sa crinière noire comme la nuit, d'une allure altière, elle est la gardienne des sous bois, des étangs et des lacs. Elle est la Dame des Lieux, elle est esprit de l'Eau, elle est insaisissable, et se voit devancée par la réputation de son trésor le plus précieux : un grenat ovale d'une taille surprenante, qu'elle garde jalousement. La demoiselle ne se laisse pas approcher facilement, elle est aussi secrète que ses Terres, aussi mystérieuse que ses brumes. Et les rares qui l'auraient aperçue seraient restés transis devant tant de beauté sauvage. Ils ne s'en seraient pas d'ailleurs pas sortis, car la Belle est protégée par une armée de vipères qui la gardent de toute intrusion. Présentée ainsi, l'on comprend que la vouivre est une image féminine très puissante, et à quel point la fréquenter ou réussir a minima à ne pas la faire fuir peut être une chance.

On aura tendance à la retrouver au fil de certaines légendes locales de très grande envergure. Par exemple, pour les plus aux faits de l'histoire jurassienne, on la dépeint comme une gardienne et protectrice de Lacuzon. De son vrai nom, Claude Prost, il mènera la résistance contre les invasions des troupes françaises de Louis XIV, tentant d'annexer le Jura, espagnol à cette époque. Sa présence prétendue n'a rien d'anecdotique, car sa puissance et sa dangerosité en font un atout pour les troupes résistantes, et une alliée de taille ! NYMBATHE JOURNAL


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Sur un plan plus symbolique, et cette fois-ci, dans une dimension celte et druidique (n'oublions pas que le Jura fut terre Celte), on prête à la vouivre un pouvoir de grande ampleur, puisque sur son front, ce fameux grenat n'est pas que bijou rutilant. Il est temps d'évoquer ensemble un élément central du cheminement druidique : le Micraster. Aussi appelé "Oeuf de serpent", il s'agissait plus certainement d'une espèce d'oursin fossilisé. Rapporté dès l'Antiquité par Pline l'Ancien, cet objet magique et mystique portait en lui un pouvoir colossal. D'ici, j'admets que le lien à la vouivre n'est pas évident, mais laissez-moi vous le présenter plus en détails. Il était dit que le Micraster était issu des nœuds que forment les serpents avec leur queue au moment de leur reproduction, et qu'il était la résultante du mélange de leur bave et de leur sueur. Cet œuf était envoyé en l'air par la puissance des sifflements de ses créateurs à écailles. Le rôle du druide était alors de le récupérer

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dans sa saie blanche sans jamais le laisser toucher terre. Aussitôt fait, le druide devait fuir à dos de cheval pour sauver sa vie, les serpents lui rampant après pour récupérer leur bien. Sa seule chance de s'en sortir était de trouver une rivière qui leur coupe la route, permettant au druide de s'échapper avec le précieux objet. Peut-être que cette explication vous démontre le lien à la vouivre de manière plus flagrante... L'objet précieux ainsi récolté, les serpents qui le veillent et le gardent jalousement, la forme ovoïde de la pierre et du Micraster, et l'eau, toujours présente, pour mettre un terme à une fuite. De nombreux parallèles peuvent être faits entre ce grenat légendaire, et le Micraster. La couleur d'abord. Habituellement, l'oursin est plutôt blanc, mais il s'avère que certains, plus rares, puissent revêtir une rousseur étonnante. Or, le grenat est rouge profond. Ensuite, la taille de l'objet est souvent rapportée à celle d'un gros œuf, ou d'une belle pomme bien ronde.

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Enfin, les deux semblent très résistants et plutôt solides. Cependant, tous deux sont fragiles et nécessitent une attention toute particulière.

Enfin, sa beauté apparente ne doit jamais faire oublier son corps reptilien, qu'elle peut retrouver dès qu'elle se sent en danger, ou que se défendre devient la priorité.

Cet objet n'est pas qu'une ancienne légende, et nombre d'entre nous, druidisants, continuons à espérer trouver ce fameux Micraster, qui nous apportera une sagesse supplémentaire par le travail qu'il représente de protection, d'attention, de vigilance, et sa symbolique profonde de fragilité de l'instant.

Cette femme incomprise l'est avant tout parce qu'elle porte profondément les deux faces d'une même pièce : l'aspect changeant et lunatique des enfants sauvages, qui correspond si bien aux habitants qui la côtoient sur les terres de l'Est. Cependant, son message est limpide, comme l'eau qui l'abrite secrètement.

Si la vouivre perdure encore aujourd’hui sur les terres jurassiennes, c'est qu'elle porte en elle un pouvoir, presque un archétype, en réalité. Elle est sauvage et insoumise, puissante et crainte, d'une beauté absolue et jalousée. Cependant, par ce côté indomptée, elle connait solitude et chagrin, et l'amour pur n'est que fantasme pour elle. Sa puissance n'a d'égal quesa fragilité lorsque son grenat lui est dérobé, ou qu'elle finit par s'éprendre d'un mortel.

Le plus précieux des trésors n'est rien, s'il n'est pas porté par une femme capable de le protéger en pleine conscience. La plus grande des connaissances n'est rien, si elle n'est pas transmise et abritée précieusement en pleine conscience. La convoitise, la jalousie, le manque d'humilité sont autant de failles que les Druides rejettent en bloc, et que la vouivre, même de manière violente, vous apprendra à dépasser.

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LE CRAPAUD

N'est-il pas de créature plus étrange et fascinante que le crapaud ? Cette créature au physique des plus particulier n'a eu de cesse de faire travailler l'imaginaire humain depuis des siècles. De nature discrète, le crapaud est pourtant présent dans bon nombre de légendes et de croyances. J'ai la joie de vivre au quotidien avec quelques crapauds et de les observer depuis des années. De fait, j'ai pu recueillir bon nombre d'informations grâce à mon expérience, mais aussi grâce à des recherches personnelles. Ce contenu étant si dense, qu'il me faudrait plus d'une édition pour vous narrer les histoires autour du crapaud.

Par Astarthea

Les crapauds du genre Bufo (amphibiens catégorisés de crapaud au sens strict), Anaxyrus (présents en Amérique du Nord) et genres apparentés, sont des animaux terrestres en dehors de la période de reproduction. Ils sont majoritairement actifs dès le crépuscule et sont de mœurs nocturnes.

EUPHORBE, CRAPAUD D'ASTARTHEA

Le crapaud est un terme générique pour nommer les amphibiens de la famille des Bufonidae, de l'ordre des Anoures, qui regroupe les amphibiens sans queue et principalement carnivores. Il existe cinquantedeux variétés d'espèces de la famille des Bufonidae, réparties sur tous les continents, à l'exception de certaines zones de l'océan indien (Australie, Madagascar, Polynésie, etc.). En France, seulement quelques espèces de crapaud sont endémiques : le Crapaud commun (Bufo bufo), le Crapaud vert (Bufotes viridis), le Crapaud épineux (Bufo spinosus) et le Crapaud calamite (Epidalea calamita).

Le corps des crapauds est généralement trapu. Sa taille peut varier entre trois à vingt centimètres selon les espèces. La tête possède un crâne prononcé doté un museau arrondi et d'une large bouche. Deux gros yeux aux pupilles horizontales et à l'iris dont la couleur varie du rouge cuivré, orange au jaune, viennent ponctuer cette grosse tête presque sans cou. La langue des crapauds n'est rattachée qu'à l'extrémité de la mâchoire inférieure, permettant à l'animal de la projeter en avant. Une bave collante permettra au crapaud d'engluer sa proie, avant de la ramener dans sa bouche, fermant les yeux au moment où il avale son repas. Le corps est flasque et spongieux, couvert d'une peau verruqueuse et granuleuse. De grosses glandes parotoïdes sont proéminentes et situées derrière les yeux. La peau est teintée de coloris terreux, souvent de marron, verdâtre, ou encore gris-jaunâtre, voire roussâtre selon les espèces et les spécimens. Les pustules présentes sur la peau du crapaud lui offrent un subtil contraste de couleurs, créant des zones d'ombre et des tâches plus foncées. La face inférieure du corps est toujours plus NYMBATHE JOURNAL


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claire que la couleur dorsale, en plus d'être unie ou tachetée. Certaines espèces présentent d'ailleurs une bande dorsale plus colorée et marquée. Les pattes, plus courtes que celles des grenouilles, leur permettent de se déplacer en bondissant, bien qu'il puisse effectuer quelques pas lents. Le dimorphisme sexuel chez le crapaud se manifeste par la différence de taille, la femelle étant plus grosse que le mâle. La couleur peut aussi varier, bien qu'il ne s'agisse pas d'un critère fiable. De plus, le mâle possède un postérieur plus en forme de V que celui de la femelle. Il dispose également de callosités nuptiales sur les doigts. Le mâle est également pourvu d'un sac vocal, lui permettant de chanter lors de la saison de reproduction. On peut d'ailleurs reconnaître les mâles à cette période plus aisément, car leur gorge devient plus foncée.

sauf lors de la saison des amours, où il rejoint l'eau. L'accouplement se déroulera autour ou dans un plan d'eau, tout comme la ponte.

Le crapaud peut vivre dans différentes zones, allant des marécages, forêts, plaines, mais aussi zones plus sèches, bien qu'on le rencontre principalement aux abords de milieux humides. Il vit sur terre contrairement à la grenouille, se terrant la plupart du temps,

C'est un animal qui se nourrit d'insectes divers et de petits animaux (mouches, vers de terres, moustiques, chenilles, limaces, cloportes, petits lézards, etc.) qu'il attrape de sa longue langue collante. Il gobe sa proie et la mastique en l'écrasant avec sa bouche, il ne possède pas de dent. Le crapaud est gourmand, appréciant la chasse, bien qu'il soit très fainéant. Il préférera rester planter des heures, à la nuit tombante, à des endroits stratégiques, attendant que sa proie passe par là. Bien qu'à l'affût, il a besoin d'une stimulation visuelle, d'un mouvement, pour lancer une attaque de sa langue qui ne connaît -presque- jamais de loupés. Dès la fin de l'automne, le rythme de vie du crapaud ralentit. Il cherche à se rapprocher des mares afin d'hiverner jusqu'au printemps, où débutera la saison des amours. Pour hiverner, il apprécie de se réfugier dans un abri, nécessitant de s'enterrer pour s'économiser, en attendant que le temps passe et que des températures plus douces se fassent ressentir.

EUPHORBE, CRAPAUD D'ASTARTHEA

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Au printemps, les crapauds se regroupent par dizaines, voire centaines autour de points d'eau, s'accouplant allégrement en ce qu'on pourrait identifier comme de joyeuses orgies. Durant la migration prénuptiale, il n'est pas rare que certains crapauds chevauchent les femelles, plus grosses, jusqu'au point d'eau. Ce faisant, ils s'assurent la priorité sur elle lors de l'accouplement, mais également une économie d'énergie considérable. La concurrence entre mâles étant très fortes, les bagarres sont récurrentes. Il n'est pas rare de voir plusieurs mâles s'accrocher les uns aux autres pour essayer de repousser celui qui retient la femelle. Dans la cohue, il est fréquent qu'ils s'accrochent à d'autres espèces, comme des grenouilles qui auraient préféré ne pas se trouver là, ou encore des poissons. Une fois la femelle retenue par son mâle, les amants se placent dans la position dite d'amplexus axillaire : le mâle est sur la femelle et s'accroche à elle avec ses callosités nuptiales. La femelle va alors évacuer deux longs cordons d’œufs -un par ovaire- que le mâle arrose au fur et à mesure de son sperme, avant qu'ils s'accrochent à la végétation aquatique alentour. Ce processus peut durer jusqu'à plusieurs heures. Une femelle pond en moyenne entre 5 000 et 7 000 œufs, qui deviendront ensuite des têtards, et se transformeront finalement en petits crapauds en quelques semaines. On nomme "imago" le stade final de la métamorphose du têtard en crapaud. La durée de vie du crapaud est en moyenne d'une dizaine d'années, et peut monter jusqu'à trente-cinq ans, selon les espèces et/ou la captivité.

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VENIN DE CRAPAUD Les crapauds produisent, parfois même à l'état de têtard, des substances contenant des agents toxiques et hallucinogènes, qui les protègent de nombreux prédateurs qui tenteraient de les manger. Ces bufotoxines protègent également la peau des crapauds d'éventuelles infections fongiques ou bactériennes, voire serviraient d'antiseptique local pour l'animal. De plus, elles préservent les œufs d'éventuels prédateurs, les rendant peu appétent et toxiques pour le prédateur. Les glandes sur la peau du crapaud sécrètent aussi un mucus particulier, qui le préserve du dessèchement, conservant ainsi l'humidité et l'élasticité de sa peau. On peut d'ailleurs voir ce mucus en profusion, lorsque le crapaud "mue". Les bufotoxines sont principalement présentes dans les glandes parotoïdes et sur la peau des crapauds. On peut également les trouver chez d'autres amphibiens (comme les dendrobates), mais aussi sur certaines variétés de champignons (Amanita). On retrouve parmi ces substances les bufadiénolides (qui vont avoir un effet sur la sphère cardiaque) et les dérivés de la tryptamine, comme la bufoténine. Les crapauds du genre Bufo produisent aussi des bufogénines ou bufagines. Ces toxines sont extrêmement toxiques, leurs effets sont d'ailleurs comparables à ceux des toxines végétales telles que la digitaline, molécule extraite de la digitale pourpre (Digitalis purpurea).

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SYMBOLIQUE DU CRAPAUD Des traces de batracien dans l'art rupestre du Néolithique en Europe et en Amérique du Sud sont attestées, mais aussi sur différents objets comme des harpons, des accessoires en os, ou encore des cruches. Néanmoins, il est très difficile d'affirmer pleinement qu'il s'agisse bien d'un crapaud, tant le style de l'art pariétal peut le faire confondre avec une grenouille. Lors des fouilles du camp de Chassey en France, des traces révélant que les hommes consommaient des crapauds, depuis au moins le Néolithique, ont été confirmées. On a également identifié l'image d'un anoure lors de fouilles datant de 1880, à Poitiers. C'est avec l'art antique Égyptien que crapauds et grenouilles seront plus fidèlement représentés, bien que les deux animaux soient confondus. Pour les Égyptiens, les amphibiens incarnent la fécondité, notamment féminin. Ils sont aussi affiliés à la mort et à la résurrection, le crapaud étant censé naître du limon fertile du Nil. Le crapaud a d'ailleurs été associé à la déesse Héqet. Cette divinité ayant une tête de batracien et ayant été présente à la création du monde, elle symbolisait la fécondité féminine et protégeait les femmes en couches. D'ailleurs, le têtard était même considéré comme un symbole du fœtus humain.

En Grèce antique, le crapaud était bel et bien distingué de la grenouille. Le crapaud était directement associé à la déesse Hécate, contribuant à sa nature chthonienne. Orphée, dans l'un de ses hymnes, qualifie même la déesse de crapaud femelle, et l'associe à Baubo, suivante de Déméter. Cette dernière, particulièrement affectée de la disparition de sa fille aux Enfers, n'a plus le goût à rien. Baubo « découvrant ses parties [intimes], les montre à la déesse » qui finalement en rit et retrouve un peu l'envie de vivre. Par la suite, des figurines illustrant une femme aux cuisses écartées et dévoilant son sexe ont été assimilées à Baubo. Une analogie a alors été faite entre la position naturelle du batracien et celle d'une femme accouchant. À Rome, le crapaud sera principalement associé à la magie -notamment sexuelle-et la mort. Selon Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle, le crapaud était utilisé dans des concoctions magiques, dont l'auteur rapporte quelques recettes. À l'époque, l'animal était considéré comme très venimeux dans le monde gréco-romain.

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Le crapaud est également présent dans l'art antique romain par sa reproduction sur des fibules et des lampes à huiles, mais aussi comme ornement sur de nombreux tombeaux. Même si on ignore le rôle exact du crapaud dans la vision funèbre antique, on retrouve nombre de cadavres de crapauds près de sépultures, notamment près de celles d'enfants. On peut supposer, d'autant de son analogie à Hécate et au royaume souterrain, qu'il devait jouer le rôle d'animal psychopompe dans les rites de passage entre les deux mondes. Virgile, lorsqu'il parle du crapaud, appuie d'ailleurs sur sa vie souterraine, insistant sur sa capacité à passer de notre sphère aux Enfers.

EUPHORBE, CRAPAUD D'ASTARTHEA

Il est l'ingrédient de choix de la potion magique de Canidie, dans les œuvres d'Horace, où « sang d'un affreux crapaud, œufs et plumage d'une strige, herbes d'Iolcoset d'Hibérie» de plus que la moelle et le foie d'un enfant, ainsi préparés devaient lui rendre l'amour d'un ancien amant. Bien que la recette soit certainement fictive, il ne s'agit pas ici que d'une pure invention : l'épitaphe sur la tombe d'un enfant de quatre ans dénonce une sorcière assassine, et Cicéron en plein sénat évoqua des pratiques de sorcellerie criminelle. C'est cela dit la première mention historique directe du crapaud, bien qu'il ne soit qu'un ingrédient, comme complice de la sorcière dans son désir sexuel. Cette association ne sera pas abandonnée de si tôt… NYMBATHE JOURNAL


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C'est avec l'expansion chrétienne, que le crapaud, à l'instar des divinités plus anciennes, verra sa réputation se ternir. Il passera de symbole positif à radicalement négatif. Tout d'abord, il n'est fait aucune mention du crapaud dans la Bible, excepté par association aux grenouilles lors de l'épisode de la deuxième plaie d'Égypte dans l'Exode, et dans l'Apocalypse de Jean. Grenouilles et crapauds sont alors l'un des chiffres du Mal et associés aux maudits « Et, je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles ». Dès le début du Moyen-âge, le crapaud est associé au Diable, à l'instar du serpent et du chat. Auparavant associé à la magie et à la sexualité féminine, cette image continuera à être véhiculée, stigmatisant l'animal déjà dans le collimateur des premiers chrétiens. Avec l'apparition du purgatoire au XIIe siècle, les vices dénoncés par l'Église sont de plus en plus dépeints. Le crapaud illustre alors l'avarice, plus rarement la paresse, voire la gourmandise. Mais le péché par prédilection du crapaud est celui de la chair.

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À l'instar du serpent, le crapaud est symbole de tentation et vil tentateur. Tous deux sont d'ailleurs supposés mordre l'endroit du corps par lequel le pécheur s'est damné : la gorge pour le gourmand, le pied pour le paresseux, etc. Ainsi, se verra fleurir dans les sculptures des églises, et même dans certains tableaux, l'image d'une femme allaitant des crapauds ou des serpents, dont le sexe même peut être dévoré par un crapaud. Cette iconographie de la figuration de la luxure ne s'arrête pas là. Un bas-relief dans la crypte de la cathédrale d'York dépeint des damnés précipités dans le chaudron diabolique de l'Enfer. Un homme portant deux sacs y personnifie l'avarice et une femme dénudée représente la luxure. La pierre est d'ailleurs décorée de plusieurs crapauds. Une autre image dans la cathédrale NotreDame d'Amiens illustre également des damnés entassés par les démons dans une cucurbite, dont le feu est attisé par deux démons. La majorité de ces damnés ont des crapauds, ou encore des lézards, qui s'accrochent à différents endroits de leur corps, notamment sur les parties génitales.

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DAMNÉS NOURRIS AVEC DES CRAPAUDS, GRAVURE DE 1556.

LES AMANTS TRÉPASSÉS, PEINTURE ALLEMANDE ANONYME, 1470

Le crapaud est tout aussi impopulaire dans les contes du Moyen-âge et dans la littérature, étant constamment associé à la luxure et à l'adultère, à la tentation, mais aussi comme signe de damnation, à l'avarice et à l'orgueil.

Des croyances vont alors commencer à germer, et passeront dans les mœurs : il est par exemple communément admis, vers la fin du XIIe siècle, que le crapaud peut naître par génération spontanée du cerveau en décomposition !

Le crapaud s'accroche au damné, le marquant de façon irrémédiable et dénonçant les coupables des vices abjects dont ils ont fait preuve, comme nous le montre l'art évoqué précédemment. C'est d'ailleurs à cette époque que se verra développer l'idée du crapaud comme marque de maléfice, de damnation, ou de corruption d'objets saints. Le crapaud continue néanmoins à avoir un rôle lié à la mort. L'idée que des animaux guidant les âmes étant d'essence païenne, les créatures de nature psychopompe se voient désormais transformées en sombres bêtes nécrophages. Le crapaud, qu'on lie aux marais et aux terres putrides, est attiré par les insectes grouillants lors de la putréfaction.

De plus, le crapaud, animal aux couleurs verdâtres, sera d'autant plus associé à la mort à cause de son anatomie. Dès le Moyen-âge, pour les chrétiens, le vert est une couleur très négative : on l'associe au cadavre en décomposition, à la folie, au manque de chance. C'est une couleur qui peine à tenir sur les vêtements, et elle est fortement liée à l'Islam, grande ennemie des chrétiens à cette époque. Hildegarde de Bingen a affilié par ailleurs le vert du crapaud avec le Diable. On retrouvera aussi, sur les enluminures de l'Apocalypse de Douce, au XIIIe siècle, les armoiries de Satan dépeintes de crapauds verts sur fond rouge, deux éléments prohibés dans l'art héraldique. NYMBATHE JOURNAL


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CRAPAUD ET SORCELLERIE Avec l'essor de la superstition, de la crainte de la sorcellerie et du Diable, ainsi que la persécution des anciennes pratiques rurales, un folklore va se former autour du crapaud et de la sorcière. La sorcière étant la disciple du Diable et le crapaud l'un de ses représentants, l'animal va devenir avec le temps le compagnon idéal de la sorcière. La bulle pontificale Voxin Rama de Grégoire IX, publiée en 1233, est le premier texte ecclésiastique officiel évoquant le sabbat des sorcières et la présence du Diable. Le crapaud est lui aussi l'une des figures importantes de cette célébration hérétique, dans cette scène décrite par le Pape : « Le néophyte qui entre pour la première fois dans l’assemblée de ces hérétiques voit apparaître une espèce de crapaud. Il en est qui lui font un baiser sur le derrière, d’autres sur la bouche, en lui suçant la langue et en absorbant sa bave. » Le crapaud devient par la suite bien plus qu'un simple compagnon lors du sabbat : il sera l'un des esprits-familiers de choix de la sorcière. Lorsqu'elle signe son pacte diabolique, le crapaud marque la sorcière d'une trace ineffaçable sur son corps, marque de sa soumission au Diable et de l'irrévocabilité du contrat infernal. On trouve d'ailleurs dans cet élément le lien direct entre le damné de l'ère médiévale et le crapaud. Bien qu'il s'agisse d'un honneur de recevoir le crapaud comme familier, la sorcière aura pour devoir de le nourrir, sous peine de sanctions. Le familier l'aidera alors à produire ses méfaits, ne la quittant pas, même lors du sabbat. La sorcière aura d'ailleurs pour plaisir de le vêtir, notamment d'une tenue verte faite de velours et autres tissus précieux.

LE DIABLE ET LES SORCIÈRES DANSANT AU SABBAT, DICTIONNAIRE INFERNAL, ÉDITION 1863

Lors du sabbat, le crapaud fera partie de la danse, mais pourra également recevoir le "baptême du Diable", ou à l'occasion, servir de repas aux sorcières affamées, accompagnant nouveaux nés et autres mets extravagants. NYMBATHE JOURNAL


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L'assistance magique qu'offre le crapaud à la sorcière se voit toucher bien des domaines, mais la métamorphose et l'offrande comme ingrédient pour leurs poisons et autres drogues sont les plus réputées. Il existe des centaines de sources évoquant les utilisations du crapaud, notamment pour la confection de l'onguent de vol, permettant de se rendre au sabbat. D'ailleurs, le mucus présent sur la peau des crapauds, réputé hallucinogène, pourrait expliquer l'usage du crapaud dans les préparations d'onguent de vol, bien que dans les faits historiques, on retrouve dans les procès et dans les anecdotes des utilisations bien plus fantasmagoriques et saugrenues. Le crapaud peut aussi être utilisé séché et broyé en poudre, afin de concevoir des "philtres d'amour", en vue de méfaits -ou bienfaits- aphrodisiaques. À l'inverse, il sera aussi possible de préparer "philtre de haine", sortilège ou envoûtement, où la sorcière pouvait utiliser une patte de crapaud dans une recette obscure, quand elle n'utilisait pas le cadavre comme dagyde.

EUPHORBE, CRAPAUD D'ASTARTHEA

CRAPAUD SE RENDANT AU SABBAT, DICTIONNAIRE INFERNAL, 1863

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OCTOBRE 2021

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LE CRAPAUD DANS LES CONTES Le crapaud est un personnage récurrent dans les contes, son allure originale et son héritage magique et occulte en faisant une figure singulière. Grâce aux légendes qui l'ont poursuivi tout au long de l'histoire humaine, le crapaud est une source intarissable d'inspiration pour les récits fantaisistes. Par conséquent, le crapaud apparaît dans le conte pour diverses actions. Parmi les thèmes récurrents, il y a métamorphose d'un humain en crapaud, due à l'intervention punitive d'une sorcière ou d'une déesse. Par exemple, dans l'épopée de Gilgamesh, célèbre mythe mésopotamien, c'est la déesse Ishtar qui va transformer son amant, Ishullanu, en crapaud. Dans Le Roi Grenouille ou Henri de Fer des Frères Grimm, c'est un prince qui se fera transformer en amphibien, quand dans La Princesse-Grenouille, c'est une princesse qui est métamorphosée en grenouille par une méchante fée. Le crapaud apparaîtra aussi comme mâle de la grenouille, ou comme incarnation d'un personnage perfide, telle la petite Poucette d'Andersen, où la petite fille est enlevée par un "vilain crapaud", qui souhaite lui faire épouser son fils.

On retrouve aussi des crapauds sortants de la bouche des gens, comme signe de mauvaise parole. On en identifie la trace la plus ancienne dans l'Apocalypse de Jean, mais ce thème revient plus tard dans les Fées de Charles Perrault. Il y a aussi la présence néfaste de l'animal près d'un seuil de porte ou d'un lit, rendant malades les gens de la maisonnée. Il faudra alors débusquer le crapaud et s'en débarrasser. L'amphibien peut également sauter et s'accrocher à une partie du corps, sans qu'on puisse défaire la prise du crapaud, thématique renouant avec le passé médiéval de la créature. Le crapaud peut aussi être un gardien de trésor : vivant sous terre, l'amphibien à la nature ambivalente et capable de traverser les mondes, protège les objets précieux des pilleurs. Il peut aussi dans certaines histoires devenir un guide précieux, qui aidera le protagoniste dans sa quête à la recherche d'un objet ou d'un trésor. Le crapaud retrouvera par la suite une image positive, mais avant de vous narrer cela, il me faudra développer bien plus de fables autour de cet animal étonnant et enchanteur. Peutêtre dans un prochain numéro ! NYMBATHE JOURNAL


DIVERTISSEMENTS XXXXXX

PAR ASTARTHEA, MOÏRA, DIANE SNOTRA ET XENIA VETSERA


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OCTOBRE 2021

CINÉMA

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SNOW WHITE : A TALE OF TERROR

Par Astarthea

Snow White : A Tale of terror est un film américain sorti le 24 août 1997. Classé dans l'épouvante-horreur, le long-métrage de 1h50 est réalisé par Michael Cohn, avec à l'affiche la célèbre Sigourney Weaver, Sam Neill et Gil Bellows. Synopsis : Lady Claudia, une femme belle et acariâtre, n'arrive pas à accepter la présence de sa belle-fille Lili dans sa vie. La rendant de plus responsable de sa fausse-couche, elle se charge de la faire tuer. Arrivant à échapper au piège tendu par Claudia, sa méchante belle-mère, Lili est recueillie par sept vagabonds… On peut dire que des interprétations de Blanche-Neige, l’un des plus célèbres contes des frères Grimm, ne manquent pas. Pourtant, des réalisations telles que celle-ci, sont peu nombreuses. La plupart du temps, les films consacrés à l'histoire de Blanche-Neige sont destinés aux enfants ou aux adolescents, assez rarement aux adultes. Cette fois, c'est le contraire, et il faudra tenir vos petites têtes baveuses loin de l'écran.

est froide, sinistre et la tragédie morbide est au programme. L'histoire va se jouer dans un contexte de fin d'époque médiévale, une époque somme toute assez cruelle, et nombre de détails tout au long du film vont nous le rappeler, entre autres possibles incestes, "cannibalisme", tentative de viol… Il faudra néanmoins garder une réserve sur l'aspect vieillot et parfois mal réalisé du film, mais le casting de choix viendra rehausser ces petites contrariétés. Lady Claudia, la célèbre "evil queen", n'est autre qu'une Sigourney Weaver resplendissante, mais qui peut également faire froid dans le dos. Les costumes et décors sont plutôt fidèles et réalistes, réussissant à nous plonger dans l'ambiance, bien que les effets spéciaux ou maquillages aient quant à eux très mal vieilli.

Dès les premières minutes, on devine à quelle sauce on va être mangé : l'ambiance

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L'AVIS DE LA RÉDACTRICE : Je suis plutôt séduite par cette interprétation de Blanche-neige, bien plus adulte et plutôt fidèle à l'idée que les frères Grimm ont voulu transmettre par leur travail. Blanche-neige est un conte tiré de diverses histoires du folklore germanique, et leur travail de synthèse et de création autour de ce thème est un chef-d'œuvre. Bien que Snow-White, a tale of terror prenne certaines libertés avec le conte originel, j'ai beaucoup aimé les thèmes abordés par le film. On retrouve enfin une Blanche-neige pas si blanche (bien qu'excusable, car c'est une enfant), et une sadique marâtre qui n'est autre qu'une femme orgueilleuse et vaniteuse d'âge mûr, devenue acariâtre, méchante et touchée par la folie, à cause de grandes souffrances. J'ai aussi beaucoup apprécié découvrir Sigourney Weaver dans ce rôle -c'est ce détail, ainsi que mon amour pour l'épouvante/horreur, les contes et le folklore qui m'ont poussée à voir ce film- qui lui va comme un gant : il faut une femme au charisme singulier pour retranscrire toute la complexité de ce personnage de la méchante marâtre.

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J'ai trouvé la manière de dépeindre les sorts jetés et de leur effet très symbolique et cohérente à l'univers, et l'usage d'une magie maléfique et de la nécromancie plutôt singulière, rajoutant la dernière note de folie qu'il manquait au personnage de Lady Claudia. Le clin d'œil à la sorcière "satanique" m'a d'ailleurs amusée, comme si le réalisateur tenait à maintenir un cahier des charges à cocher de la sorcière la plus "diabolique" possible. La cohérence et le réalisme des "sept nains", n'étant en fait que des vagabonds, rejetés par la société, offre une fois de plus une histoire plus réaliste et ancrée de la réalité, comme elle devait être contée à l'initiale. Si le film n'avait pas si mal vieilli, et si les scènes étaient plus poussées, avec un réalisateur qui aurait eu beaucoup plus d'audace, j'aurais probablement adoré ce film. Je suis restée sur ma faim, attendant vraiment des scènes horrifiques, là où elles ne sont que suggérées et pas réalisées. Le film peut ainsi devenir un poil lassant, à force d'espérer toujours un peu plus de noirceur concrète. Avec beaucoup d'indulgence sur certains points, je trouve néanmoins que c'est un bon film à découvrir dans sa catégorie. De plus, il ne sera pas bien difficile à regarder pour les frileux de films d'horreur, car finalement ici, tout reste plutôt "propre".

Ce qui m'a plu également, c'est de plonger dans le cliché de la méchante sorcière dans toute sa splendeur (que j'affectionne particulièrement), à l'heure où la sorcière a le vent en poupe, est d'une douce beauté, et que la plupart de ses représentations la dépeignent comme un être très sympathique.

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LITTÉRATURE

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LE PEUPLE SILENCIEUX

DE LA DAME DE CENDRE

Trop souvent appelé le "Petit Peuple", les Fées comme on les appelle communément, sont pourtant beaucoup de choses, mais pas petites du tout. Voyageons ensemble à la découverte de ces habitants secrets de nos espaces sauvages. Par Moïra

Prenant intensément appui sur la culture celte et les traditions en découlant, l'auteur fait le choix subtil de nous permettre d'explorer ce qui semblait pourtant acquis : les contes de Fées, les petits Lutins, très peu pour elle. Non, ce qu'elle nous offre dans ce livre riche de sens, c'est une vérité magique, sa vérité, qui peut devenir la vôtre. Avec ce livre sorti aux éditions Danaé en janvier 2019, la Dame de Cendre nous permet ainsi de redécouvrir les différentes identités de ces êtres à part entière, comment voir ou savoir qu'ils sont présents quelque part, leurs attitudes ou leurs attentes et la manière de les approcher. Elle va encore plus loin, puisqu'elle nous donne des idées pour travailler avec le Peuple Silencieux, de la manière la plus respectueuse possible. Enfin, des correspondances ainsi que des rituels très accessibles sont offerts pour rendre hommage à ces merveilleux compagnons de route en respectant le calendrier Celte de la Roue de l'Année.

L'AVIS DE LA RÉDACTRICE Déjà très au fait de ce Peuple que je fréquente depuis de longues années, j'ai trouvé ce livre d'une beauté et d'une douceur sans pareil. L'auteur témoigne d'un profond respect et d'une connaissance très poussée sur le domaine. Je me suis régalée à parcourir ce livre, auquel je fais encore régulièrement référence.

POUR ALLER PLUS LOIN Merveilles et légendes du Petit Peuple Sandrine GESTIN Guide de terrain du Petit Peuple Nancy ARROWSMITH Encyclopédie du Petit Peuple - Vanessa CALLICO, Charline BENARD, Pierre-Arnaud FRANCIOSO Le Petit Peuple Jean-Louis FETJAINE, Jean-Baptiste et Sandrine RABOUAN La grande encyclopédie des Elfes - Pierre DUBOIS NYMBATHE JOURNAL


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LITTÉRATURE

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FÉES, SORCIÈRES ET LOUP-GAROUS AU MOYEN-ÂGE

DE CLAUDE LECOUTEUX

Par Astarthea

Paru aux éditions Imago en 1992 puis réédité en 2012, Fées, Sorcières et Loup-Garous au Moyen-âge est un bijou rédigé par Claude Lecouteux, agrémenté d'une préface de Régis Boyer. Voici ce que nous en dit le quatrième de couverture : « Fées, sorcières et loups-garous... Enchanteurs ou terrifiants, ces êtres mystérieux n'ont cessé de nous fasciner et demeurent encore présents dans nos récits, nos rêves et nos hantises. Mais de quelles croyances sont-ils la survivance ?

Étonnant archéologue de l'âme médiévale, Claude Lecouteux révèle l'importance de la croyance au Double, et en saisit les métamorphoses à travers les siècles. Ainsi, loin d'être des fantaisies ou de vagues superstitions, fées, sorcières et loupsgarous témoignent d'une vision ancienne combattue, refoulée, mais cohérente du monde et de l'au-delà. »

Claude Lecouteux a décelé, dans les légendes germano-scandinaves et dans maints aspects de la culture européenne, une conception religieuse oubliée : l'âme, ou plutôt le Double, peut sous une forme humaine ou animale s'échapper du corps pendant le sommeil, la transe ou même le coma, puis réintégrer son enveloppe charnelle. Et si certains subissent, bien malgré eux, cet étrange voyage, d'autres, parfois accusés de sorcellerie, savent le provoquer.

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L'AVIS DE LA RÉDACTRICE Ce livre est à mon sens un incontournable pour quiconque s'intéresse à la sorcellerie et au folklore - bien qu'ici il soit orienté germanique. Alors que l'étude se place sous la notion du "Double psychique", ou encore de notre "ombre", bien souvent à l'origine de nos contes, les créatures fantaisistes ne sont pas ici le sujet, mais plutôt l'exemple. La richesse de l'ouvrage ne s'en trouve pas diminuée, bien au contraire : par ce biais, Claude Lecouteux offre au lecteur une mise en lumière sur l'origine des histoires qui sont passées de générations en générations, avant de devenir nos actuels contes de fées, mais surtout le mécanisme à l'œuvre. Il est d'ailleurs bon de se rappeler que la ligne entre réalité et fantastique est parfois mince, et qu'il existe chez l'être humain toutes les caractéristiques qui nous effraient chez ces "monstres" de nos histoires d'enfance. Il s'agit d'un livre exceptionnel, nous permettant de pousser la compréhension du schéma mental et psychologique de nos aïeux, pour servir au mieux notre discernement de la Sorcellerie, de son histoire et de sa symbolique, mais aussi les mécanismes en œuvre lors de certains travaux.

DIE HEXEN DE HANS BALDUNG, GRAVURE SUR BOIS, 1510

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OCTOBRE 2021

LITTÉRATURE

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SÉLECTION DE LIVRES POUR FRISSONNER CET AUTOMNE

Ah ! l’automne… certainement la meilleure période de l’année pour se faire peur ! Voici donc une sélection de livres à dévorer (seul.e ou accompagné.e) dès la tombée de la nuit pour frissonner d’horreur. Par Diane Snotra

ENQUÊTE SUR LA FRANCE MYSTÉRIEUSE Phénomènes inexpliqués, énigmes historiques, sites mystérieux, lieux hantés de David Galley

On commence fort avec ce livre de poche qui ne paye pas de mine par sa couverture et son titre à rallonge, mais qui a le mérite de regorger d’histoires terrifiantes qui sont toutes véridiques ! Petit plus : ces faits divers dérangeants se sont tous déroulés dans nos contrées. Cela mérite d’être souligné, car la plupart du temps, les livres répertoriant ce genre de thème mentionnent rarement la France… alors qu’elle n’est pas en reste de fantômes vengeurs, de mystères jamais résolus ou encore de villages maudits. Chaque histoire est expliquée dans son intégralité et la fin comporte une courte analyse ouverte qui permet à chacun de se faire son propre avis… ou des recherches supplémentaires si un des sujets vous passionne plus que d’autres. Avouez qu’il est tentant de jouer les chasseurs de fantômes amateurs !

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LE GRAND LIVRE DES MYSTÈRES aux éditions Auzou

OCTOBRE 2021

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LE BUREAU DES MYSTÈRES 30 histoires étranges et effrayantes de Charles & Mathias Ce livre sorti récemment regorge de faits réels et vraiment terrifiants ! Un beau condensé autour du monde qui s’ajoute assez bien aux lectures précédentes. C’est un livre à lire et à relire pour le plaisir de se remémorer ces choses si étranges, d’autant plus que son format permet de l’emporter partout. Les histoires se suivent et s’enchainent de façon très fluide, même si l’on passe d’un témoignage extraterrestre à un cas de faits divers non élucidé.

Ce deuxième livre est destiné à un public plutôt jeune vu sa couverture et sa mise en page. Chacune des cent histoires relatées sont joliment illustrées et personnellement, je trouve que cela apporte plus de vie aux textes. Malgré cet aspect de prime abord enfantin, le contenu de ce livre est loin de l’être ! En effet, nous avons de nouveau des faits véridiques et plus que mystérieux qui se sont déroulés aux cours des siècles et sur toute notre planète ! Le sommaire est découpé en six catégories : Les civilisations perdues, Des mystères et des hommes, Légendes séculaires, Corps et âmes, La nature entre rationnel et irrationnel et Flous artistiques. Il y a évidemment des récits très connus comme la légende du Hollandais Volant, La Bête du Gévaudan ou bien encore l’affaire Roswell que nous relisons toujours avec plaisir. Mais on découvre également d’autres beaucoup moins célèbres dont le lac Natron en Tanzanie, qui change les animaux en statues, le chiffre de Beale (un code toujours indéchiffrable à ce jour), le peuple des Cagots… Voici un cocktail assez bien équilibré qui ravira les petits comme les plus grands !

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DIVERTISSEMENTS

ATLAS DES LIEUX MAUDITS d’Olivier le Carrer

OCTOBRE 2021

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ATLAS DE LA FRANCE MYSTÉRIEUSE de Fabrice Colin

Pour cette troisième recommandation, c’est autour du monde et des océans que l’Atlas des lieux maudits nous emmène. Mis en page tel un ancien manuscrit scientifique et cartographié, les yeux comme l’esprit sont tout autant séduits par la qualité de ce qu'ils peuvent y lire. Là encore, le sommaire est séparé selon les zones du globe (Europe, Afrique et Australie, les mers et océans, l’orient, les Amériques…). Beaucoup de faits peu connus sont expliqués (connaissez-vous par exemple l’horrible histoire de l’archipel Houtman Abrolhos ou le village fantôme de Roccasparviera ?), ce qui ajoute un peu plus de valeurs à cet ouvrage.

Quatrième de couverture : « Il est minuit et demie en ce 20 mai 1981 à Palavas-les-Flots. Quatre jeunes gens âgés de 17 à 25 ans « voient » disparaître l'auto-stoppeuse assise sur la banquette arrière de leur R5. Ce n'est ni une rumeur, ni l'avatar d'une légende. Personne n'a pu mettre en évidence la moindre supercherie - ni les enquêteurs du service de police en charge de l'affaire, ni les psychologues qui ont interrogé les protagonistes. Les mystères, apparitions et autres événements surnaturels survenus en France aux XXe et XXIe siècles consignés dans le présent ouvrage ont fait l'objet d'enquêtes minutieuses : croisement des sources, contact direct avec certains témoins, reconstitution des faits. Tous demeurent inexpliqués à ce jour. »

À lire avec son pendant : Atlas de la France Mystérieuse pour satisfaire notre chauvinisme et pour compléter la lecture de « Enquête sur la France Mystérieuse ». Vous ne verrez plus la France du même œil après tout cela !

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DIVERTISSEMENTS

LE SECRET DE CRICKLEY HALL de James Herbert

OCTOBRE 2021

93

et entités malveillantes. On plonge au cœur de la folie humaine dans une ambiance mélancolique et oppressante ! Je n’ai jamais rien lu de semblable et pourtant je suis une habituée des romans d’horreurs et de fantômes ! Mais attention, vous risquez de ne plus fermer l’œil pendant un petit moment… Je vous aurais prévenu !

SORCIÈRES de Luis T.Melgar

Dans cette sélection, il faut bien au moins un roman d’horreur pour nous accompagner dans la période sombre ! Vous connaissez très certainement les Stephen King et autres auteurs bien connus dans ce genre… mais connaissez-vous James Herbert ? Cet auteur a écrit des tas de romans plus flippants les uns que les autres et celui que je vous recommande sans aucune hésitation est Le Secret de Crickley Hall ! Pour tout vous dire, je l’ai lu pour la première fois il y a plus de dix ans et je m’en souviens encore avec tous les détails tellement il m’a marquée ! On suit donc le déménagement d’un couple endeuillé qui a voulu fuir en campagne pour tenter d’oublier la mort de leur jeune fils (ça met directement dans l’ambiance…). Ils emménagent donc dans une grande bâtisse qui a autrefois servi de refuge à des orphelins pendant la guerre. Et évidemment, ce couple va vite déchanter, car cette bâtisse (Crickley Hall) recèle de bien des sombres secrets...

Et que seraient de dignes lectures automnales sans un livre sur les sorcières ? Il en existe évidemment des tonnes, mais c’est celui-ci que j’ai envie de vous recommander, car il aborde non seulement le mythe des sorcières, mais il retrace aussi leur origine et leur place dans l’histoire au fil des siècles. Certaines sorcières célèbres sont citées et la mise en page est vraiment magnifique, digne d’un grimoire magique ! C’est le genre de beaux livres que l’on a envie d’avoir parmi sa collection dans sa bibliothèque. Avec tout cela, vous êtes paré.e.s pour frissonner cet automne ! Bonne lecture. NYMBATHE JOURNAL


DIVERTISSEMENTS

OCTOBRE 2021

MUSIQUE

94

PETER GUNDRY

Par Astarthea

Peter Gundry est un jeune compositeur indépendant et multi-instrumentiste, de nationalité australienne. Sa musique est plutôt complexe à catégoriser, tant ses inspirations et ses sonorités peuvent varier d'un album à l'autre, et même au sein d'un même album. Néanmoins, on pourrait gratifier Peter Gundry de compositeur de "musique de films", ses thèmes s'articulant souvent autour du fantastique, du "dark & magic". Il a également composé différents albums aux mélodies celtisantes, et plus récemment, d'inspirations nordiques. Comme il le décrit sur son site, avec "plus de 300 compositions originales, il a su se créer son propre style". On ne peut qu'affirmer ceci, car dès lors que notre oreille est familiarisée avec son art musical, on s'en retrouve marqué.e, et on ne peut que reconnaître sa patte artistique. Sa musique possède une profondeur orchestrale forte, agrémentée de chœurs, mais d'assez peu de paroles "brutes", et ses différents morceaux sonnent aux oreilles comme de véritables incantations.

C'est grâce à l'essor de la chaîne YouTube de Peter Gundry qu'il s'est globalement le plus fait connaître au monde. Toujours en croissance, une solide fanbase s'est développée et dénombre aujourd'hui pas loin de 888 000 abonnés. Sur Spotify, la page de l'artiste ne compte pas moins de 321 990 auditeurs par mois. De plus, sa musique est employée au niveau mondial au cinéma, dans les jeux vidéos et à la télévision, avec notamment des utilisations dans la publicité comme pour Jagermeister ou encore la série The InBetween, diffusée sur la NBC ou le film Spivak sur Netflix..

PORTRAIT DE PETER GUNDRY

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DIVERTISSEMENTS

95

OCTOBRE 2021

L'AVIS DE LA RÉDACTRICE : Bien que Peter Gundry ne soit plus à présenter pour beaucoup, je trouvais important qu'il figure dans les pages du Nymbathe Journal, d'autant plus pour cette édition. L'ambiance de son univers à l'atmosphère obscure est en parfaite symbiose avec les énergies de Samhain, et du début de la saison sombre. Comme beaucoup, l'album .Goëtia. est l'un de mes petits chouchous. Plus récemment, c'est l'album Salem's Heir, qui m'a totalement ensorcelée. La sortie de l'album s'était laissée précéder par le morceau au titre éponyme, qui m'avait tout de suite séduite. J'attire une attention spéciale sur le morceau "Red Ridding Hood", qui sied à merveille à ce numéro et possède une envolée aux notes musicales absolument sublimes. L'aura occulte de Dark Magic Music (2019) vaut également le détour. L'album est une compilation de précédents titres ayant pour thématique l'ésotérisme, l'occulte ou la magie. Je vous invite fortement à concentrer votre écoute sur les albums Salem's Heir, Dark Magic Music, The Ritual, .Goëtia., The Witching Hour et The Unspoken Tales -mes chouchousafin de vous laisser emporter par le charme noir de ces albums. Et pour les plus " lumineux.ses" d'entre vous, ou plus proches des racines celtes de la fête de Samhain, c'est vers The Dream Weaver que je vous oriente, afin de poursuivre un automne enchanteur et contemplatif.

DISCOGRAPHIE : Salem's Heir (2021) Dark Magic Music (2019) Völur (2019) The Vampire Masquerade | Collection (2018) The Ritual (2018) .Goëtia. (2018) Don't Wake Me Just Yet (2017) The Witching Hour (2017) The Unspoken Tales (2017) Aurora (2016) The Shadow’s Bride (2016) The Dream Weaver (2015) The Edge of Darkness (2015) The Elixir of Life (2014) The Lost Book of Fantasy (2014)

Waltz

Ne négligez pas néanmoins les autres albums, sous peine de louper quelques pépites !

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DIVERTISSEMENTS

OCTOBRE 2021

JEU VIDÉO

96

WHAT COMES AFTER

Pour ce numéro consacré à l'esprit de Samhain, j'ai choisi de vous présenter What Comes After, un Visual Novel qui va confronter l'héroïne aux esprits de l'au-delà, dans un monde à l'atmosphère étrange et féérique... Le jeu est disponible sur Mac, PC et Nintendo Switch. Par Xenia Vetsera

What Comes After n'est pas un "jeu" vidéo à proprement parler. C'est une aventure narrative qui traite de la question de l'amour de soi et de la vie après la mort, au travers de ce court scénario à l'ambiance à la fois sombre et douce.

Vivi se réveille dans le train qui la ramène chez elle en éprouvant une sensation mystérieuse : pour cause, elle est entourée d'esprits de personnes décédées. La jeune fille va chercher à comprendre ce qui lui arrive en remontant wagon par wagon, et en écoutant le récit de vie et de mort de ces esprits. Leurs histoires vont aider Vivi à trouver la réponse au propre mal qui l'habite...

L'AVIS DE LA RÉDACTRICE What Comes After est une aventure très courte mais percutante, qui nous emporte dans ce train de l'au-delà avec ses esprits fascinants. Vivi ne rencontrera pas que des êtres humains au cours de ce voyage. Les thèmes du désamour de soi et de la dépression traités conjointement avec celui de la mort peuvent rendre ce petit jeu très marquant pour certaines personnes. Mais il se conclut avec un très beau message sur la vie, et une véritable note de douceur.

WHAT COMES AFTER: UN VOYAGE VERS L'AU-DELÀ

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