2300 miles of America - Book

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2300 MILES OF AMERICA



2300 MILES OF AMERICA

Nyima Marin



Chicago - Los Angeles, 2300 miles, 3700 kilomètres.





Le “rêve américain” c’était le rêve de tout le monde. Maintenant, un faible pourcentage de la population peut en profiter. Après le 11 septembre, le “rêve américain” a disparu. Si on réfléchit à ce qui s’est passé, je pense que c’était un coup monté par les républicains. Des personnes comme Dick Cheney et ses hommes ont pris le pays entier en otage, ils se sont mis des milliards dans les poches et ils ont créé une guerre dont nous n’avions pas besoin. J’ai souvent parlé à la radio avant la guerre et j’ai dit : “c’est une mauvaise idée d’entrer en guerre, surtout contre l’Irak”. Je m’entends encore dire : “ne le faites pas , ne le faites pas, vous allez vous embourber”. C’est ce qui s’est passé. On s’est embourbé et le pays est ruiné à force d’emprunter de l’argent aux chinois. Les seuls qui profitent de cet argent sont les républicains. Je les appelle les “nouveaux nazis”. Ils ont pris ce pays, l’âme de ce pays et ils se sont mis des milliards dans les poches au bénéfice de leurs enfants. Ils ont envoyé mourir 4500 de nos enfants et ont créé 10000 ou 20000 handicapés qui ne pourront plus être utiles à la société. Je ne pense pas qu’ils auraient pu envoyer leurs propres enfants.


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En gros, le “rêve américain” c’est faire ce qu’on a envie de faire. C’est être bien dans sa peau, c’est être satisfait et heureux de soi-même. Tu vis le “rêve américain”. Tu vis bien, tu paies tes factures, tu n’as pas beaucoup de problèmes, pas beaucoup de soucis. Si tu veux, tu peux être architecte ou bien directeur d’une entreprise.


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Le “rêve américain” c’est d’être libre et de conduire en plein air. Pour nous, c’est tout ce qui compte. On a des voitures classiques et chaque week-end on s’en va quelque part en road-trip, juste pour voir la belle campagne américaine. J’ai 60 ans maintenant et j’aime ne pas être pressé d’aller d’un point A à un point B, aussi vite que possible. J’aime conduire les vitres baissées, écouter la campagne et sentir la chaleur du soleil, comme aujourd’hui.


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Avoir la possibilité de poursuivre ce qui me plait dans la vie. Que ce soit l’école, la religion, ou la prospérité. Juste pouvoir bénéficier de la liberté que nous recherchons tous, je pense. J’enseigne, je fais de la musique, et je fais tout ça librement. Je partage mes idées avec les élèves. C’est quelque chose que j’ai toujours eu envie de faire. Je sais que je vis dans un pays où je peux faire ça et où je ne ressens aucunes restrictions. J’ai fait la guerre du Vietnam donc je sais ce que ça signifie d’être libre. C’est une chose magnifique. Pour moi, c’est ça le “rêve américain”.


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Travailler dur, prendre soin de sa famille, élever ses enfants, recevoir une éducation, traiter les autres avec respect. Être heureux quoi, traiter les gens comme on aimerait qu’ils nous traitent, c’est ça l’essentiel. Sérieusement, c’est ça. Ça n’a rien à voir avec l’argent, ou avec quoi que ce soit d’autre.


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Je suppose que je vis le “rêve américain” parce que j’ai ma famille ici avec moi et que j’ai un bon travail. Je vis juste là et je travaille à côté aussi, dans la même ville, dans la même zone. Tu sais, c’est très calme ici, on aime être ici. Je préfère ça aux grandes villes. J’ai vécu dans une grande ville pendant dix ans, et j’aime mieux être ici. C’est un bon endroit pour élever des enfants, pour fonder une famille.


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Vivre bien et convenablement, gagner beaucoup d’argent et avoir une bonne santé surtout. Le rêve américain ça peut être tout ce que tu veux que ce soit et on a tous ce qu’on a envie d’avoir car on est prêt à travailler dur pour ça. Ceux qui ne sont pas prêts à travailler dur n’ont surement pas de rêve. J’ai une Corvette en ville, c’est une voiture classique et j’ai tout ce dont j’ai besoin.


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Je pense que le “rêve américain” c’est certainement son foyer et sa famille et ça n’a rien à voir avec la richesse ou les voitures. C’est être satisfait et heureux. Et tu trouves ton bonheur en étant avec ta famille, tes amis et en étant gentil envers tes voisins. Ce qui compte c’est d’être là pour les autres. C’est comme ça que le monde fonctionne tu sais. Pour moi, c’est juste ça le “rêve américain”.


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L’argent. L’argent, c’est ça le “rêve américain”. On se fait beaucoup d’argent avec ces puits. Le prix du pétrole est élevé, celui du gaz naturel aussi. Le gaz naturel, à l’heure actuelle, avoisine les 26 milliards de dollars en Oklahoma. Ça aide les gens ici, ça aide l’économie. Nous, nous ne sommes pas frappés aussi fort par la crise économique que dans les grandes villes. On l’a peut-être été mais maintenant ça n’est plus le cas.






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Le rêve américain est sur le point de disparaître, à moins que les personnes fassent preuve d’intelligence, réagissent et se débarassent des politiciens qui sont au pouvoir. Nous avons besoin de personnes qui se soucient du pays au lieu de se soucier d’elles-mêmes. A mon avis, tous les politiciens sont des voleurs. Tu vois, avant j’étais conducteur de camions, maintenant je travaille pour la mairie. Quand tu commences à perdre de l’argent parce que le gouvernement ne veut pas te laisser faire ton travail tu te rends compte de ce que ça signifie le “rêve américain”. Surtout pour un petit entrepreneur comme je l’étais.







Je suppose que nous, qui avons grandi et qui sommes nés ici, vivons au-dessus de cela. Je pense que les visiteurs qui viennent ici n’ont pas vécu la liberté telle qu’elle nous est garantie. On fait ce que l’on a envie de faire et personne ne nous dérange, à moins que nous fassions quelque chose de mal. Nous sommes libres de pratiquer la religion en laquelle nous croyons. Nous sommes chrétiens, nous appartenons à l’église méthodiste. Nous avons trois églises parce que chacun choisi celle qui lui convient. On s’enttend tous très bien ici et je pense que c’est ça le “rêve américain”. Je ne sais pas...





Pour moi, le “rêve américain” c’est de voyager. Pas seulement en Amérique, partout. J’ai toujours voulu voir ce qu’il y avait là-bas, au-delà des collines, au tournant de chaque virage. J’ai peut-être voyagé 20 ou 25 fois sur la Route 66. Ce voyage, c’est le cadeau d’anniversaire que je me suis fait. Pour que je puisse dire que j’ai fait la Route 66 à mes 60 ans. J’essaierai à nouveau quand j’aurai 66 ans, mais pas en moto. Je serai trop vieux.





En fait, simplement d’avoir la liberté de vivre comme nous aimerions vivre. De pratiquer notre religion comme nous le souhaitons, de ne pas avoir peur que quelque chose vienne perturber tout ça. J’ai le sentiment que l’Amérique elle-même se sent menacée en ce moment. À cause de notre économie, de la tournure que prend le gouvernement... Tout ça influe également sur la communauté et, tu vois, j’espère que l’on ne nous prendra pas nos libertés. Ça va pour le moment mais il semblerait que beaucoup de changements soient à attendre et c’est juste un peu effrayant de ne pas savoir ce que ça sera… En tout cas, nous voulons juste vivre libres.


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Il faut prendre soin de la planète et de nos propres vies. Le monde est en train de changer et chaque jour tu te rends compte de ce que nous faisons à cette terre que nous devrions traiter si précieusement. Chaque chose que nous construisons, chaque goutte d’essence que nous mettons dans nos voitures a un impact énorme. Je veux protéger mes enfants, comme tout le monde je pense. Il suffit de faire un petit tour pour se rendre compte à quel point nous, êtres humains, sommes destructifs. La Route 66 est par exemple quelque chose qui devrait être préservé, son histoire devrait être apprise. Mon point de vue sur la vie c’est qu’on est tous là par chance et qu’on devrait prendre soin de sa vie car on aura pas de deuxième chance. Tu dois bien faire la première fois car la vie peut s’arrêter en une seconde. J’ai vu tellement de gens faire des erreurs en achetant une moto. Je sais que ça ne représente pas beaucoup de personnes mais c’est comme ça que leurs vies sont gâchées. Ving-six ans, toute la vie devant lui, et il la termina ici, sur cette même Route 66.


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Mon rêve à moi, vraiment, c’est d’attirer plus de gens dans mon magasin. Et ça ne se passe pas très bien. Je ne peux plus en attirer autant qu’avant. Parce que l’économie ne va pas bien. Beaucoup de personnes ont perdu leur travail. C’est juste triste. Donc mon “rêve américain” n’a pas été réalisé. Mon rêve c’est vraiment d’attirer le plus de gens possible. Regarde... tu veux un échantillon de bois pétrifié ? Je vais te montrer, je vais te montrer. Ça c’est mon rêve tu vois. C’est mon rêve de donner à tout le monde un échantillon de bois pétrifié. Chaque personne qui viendra ici en aura un.


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Le “rêve américain” c’est la Iiberté. On s’est longtemps battu pour que les États-Unis restent unis. Et “unis” signifie qu’on est tous ensemble. Toutes les nationalités, chinois, japonais, mexicains, italiens, on forme un tout. Nous sommes américains et peu importe qu’on soit blanc, noir ou vert. Je suis d’Amérique et je suis américain. C’est ce qui rend l’Amérique tellement géniale. Notre système me semble être le meilleur. Je veux dire, nous avons eu nos guerres civiles, nous avons eu des hauts et des bas mais regarde-nous maintenant. Nous regardons vers l’espace, car nous savons que nous sommes en pleine expansion et qu’il va falloir trouver de nouveaux endroits pour notre peuple. Avec nos technologies et notre intelligence, nous nous préparons lentement au voyage. Bientôt l’homme voyagera à travers le système solaire. Il y a tellement à découvrir. Je suis heureux d’être là où je suis mais ça ne me gênerais pas de voir comment sont Mars, Vénus, Jupiter... Là-bas ce sera un nouveau monde...




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Il n’existe plus aujourd’hui, ou juste pour quelques personnes privilégiées. Dans les océans, tu as ce que l’on appelle le “courant d’arrachement”. Et bien c’est ce qui est en train de se passer. Les gens ont été emportés par la mer, pour le dire avec mes mots. Il est trop dur d’aller de l’avant, de travailler toute sa vie, de mettre du pain sur la table, d’acheter une maison, d’acheter des investisements et de prétendre à une sécurité. Ces jours-là sont finis. Ça c’est le “rêve américain” et il a disparru... C’est différent maintenant. Les gens qui étaient PDG travaillent au McDonald’s. Le “rêve américain” a été tué, il n’y a plus de sécurité. Moi, je vis le “rêve américain” parce que je n’ai pas été pris dans ce courant qui vous emporte au large et vous noie. Je ne suis plus dans cette situation, tout a été payé ici. J’ai travaillé dur toute ma vie et j’ai arrêté le travail tôt, à 55 ans, mais je savais ce que je voulais faire, je me suis concentré. Je vis avec un penny par jour contrairement à la plupart des personnes. Vivre ne me coûte pas d’argent. Donc je vis le “rêve américain”. Je fais ce que j’ai envie de faire, je ne suis pas riche et je n’ai pas envie de l’être.





Ça signifie liberté de vivre, chercher le succès, tu vois. Ce que tu désires, pour moi c’est ça que ça veut dire. Ta passion, vivre ta passion, c’est ce que je fais. Je suis juste un musicien, j’appartiens à la “Elvis Tribute”. Je pense que je représente le “rêve américain”, tout comme Elvis le faisait. Il était le “rêve américain”.


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En 1923 l’entrepreneur Cyrus Avery conçoit l’idée d’une route transversale traversant les États-Unis d’est en ouest. Une dizaine d’années plus tard, John Truslow Adams, dans son livre “The Epic of America”, établit pour la première fois la notion de “rêve américain”. La “Mother Road”, route de la fuite, permit alors aux migrants de la “Grande Dépression” des années 30 de trouver refuge vers l’ouest. En 2007, les ÉtatsUnis furent frappés une seconde fois par une crise financière se propageant dans le reste du monde. La Route 66 est, quant à elle, toujours présente. Elle deumeure le témoin terni d’une histoire américaine, d’un “rêve américain”.


Je tiens à remercier tout particulièrement Lucien Loiseau, qui a participé à ce voyage et à ces interviews, ainsi que Elisa Simon qui m’a aidé pour la traduction. Je tiens également à remercier toutes les personnes ayant contribué à ce projet : Marie-Odile Raterron, Renzo Marin, Romain Champalaune, Odoric Brechet, Marie Van Den Bogaard, Valentine Poutignat, Sandrine Le Roux, Renaud Bouchez, Marion Sinou, Javier Martín-Arroyo Camacho, Héloise Giner Velasco, Raphael Brugier, Coralie Favre, Emmanuelle & Jean-Jacques Loiseau, Bernard & Viviane SImon, Marine Gallouedec, Cindy Cornet, Stanislas Bes, Thibault Sevin, Frédéric Foty, Cynthia & Paul Raterron, Charlotte Simon, Anthony Heng, Yannick Vielcastel, Max Harry, Arnaud Maria et Mayra Daniela Morales Bonilla.

© Nyima Marin 2012



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