Porto-Novo, une capitale en Afrique

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LE GOUDRON

vers OUAGADOUGOU

NIAMEY

vers ACCRA ABIDJAN

200 KM

Couloirs de développement transfrontaliers traversant le Bénin

La proximité des trois villes engendre une grande mobilité. Le commerce, les échanges sont rapides et facilités. La perméabilité du territoire renforce cette capacité d’absorber des flux importants de marchandises et de personnes. Officiellement on compte plus de 60’000 véhicules enregistrés passant chaque année la frontière bénino-nigérianne de Sémé-Kraké. Nombreux sont ceux qui n’ont ni papiers, ni visas mais qui participent au mouvement en monnayant leur passage directement avec le ou plutôt les douaniers qui se succèdent et réclament chacun leur billet (cela dit, que l’on soit en règle ou non, le passage se monnaie quasi toujours). L’autoroute côtière qui relie Lagos à Abidjan (et même Dakar) fait partie des projets de la Banque Mondiale en tant que couloir de développement subsaharien, l’objectif étant de favoriser l’intégration territoriale des systèmes socio-économiques à l’échelle d’une région entière. Dans un même ordre d’idée, les corridors routiers profitent à l’exportation à partir du port de Cotonou et sont clairement des axes dynamisant pour l’économie béninoise, notamment pour Niamey au Niger (qui compte les 4,8% des exportations béninoises) ou Ouagadougou au Burkina Faso (deux pays sans accès à la mer). Les «excès» des pôles économiques, saturés de population et d’activités, sont alors absorbés par ces axes qui s’urbanisent de manière spontanée et pas vraiment maîtrisée, la route étant l’endroit par excellence où tout (se) passe. Or Porto-Novo qui n’est pas au bord de la mer, ne se situe pas non plus sur cette route côtière. Elle est cependant la voie préférée pour aller vers le nord puisque le goudron est de meilleure qualité. De plus, sa position stratégique entre Cotonou et Lagos, offre une bonne opportunité: la population peut exercer une activité rémunérée dans la capitale économique tout en résidant dans la capitale politique. Qu’il s’agisse d’une classe sociale aisée ou pauvre, cette pendularité est largement exercée. On peut citer à titre d’exemple les conducteurs de taxi-moto «zemidjans», qui de Porto-Novo parcourent 30 km matin et soir. Une course de 150 francs CFA se facturant à 300 à Cotonou, le prix de l’essence du déplacement est rapidement amorti. Dans la catégorie plus aisée, les commerçants de Porto-Novo choisissent d’y maintenir leur lieu de résidence principale, tout en gérant leurs «affaires» dans la grande ville que ce soit Cotonou, Lagos ou les deux. Ils ont alors souvent plusieurs pieds-àterre, toujours pratiques pour loger leurs maîtresses.

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