La cohésion sociale est source de richesse économique

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COHÉSION SOCIALE ET RICHESSE ÉCONOMIQUE : COMPLÉTER L'APPORT D'ELINOR OSTROM PAR UNE ÉTUDE EMPIRIQUE DE L'ESS Eric Dacheux et Daniel Goujon

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2013/7 - N° 65 pages 141 à 153

ISSN 1768-5958 Article disponible en ligne à l'adresse:

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-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Pour citer cet article :

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Dacheux Eric et Goujon Daniel, « Cohésion sociale et richesse économique : compléter l'apport d'Elinor Ostrom par une étude empirique de l'ESS », Management & Avenir, 2013/7 N° 65, p. 141-153. DOI : 10.3917/mav.065.0141

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par Eric Dacheux52 et Daniel Goujon53 Résumé Nous vivons actuellement une crise économique profonde qui remet en cause le paradigme libéral ainsi que son pendant, les arbitrages de marché, et qui rappelle l’intérêt des approches hétérodoxes. L’attribution du prix Nobel d’économie à Elinor Ostrom en 2009, en est l’illustration. Si E. Ostrom a permis de montrer que la cohésion d’une communauté permettait de gérer de façon optimale une ressource naturelle, l’étude des initiatives se réclamant de l’Economie sociale et solidaire révèle que la cohésion sociale est source de richesse économique. La cohésion sociale favorise une intelligence collective qui s’avère une source de création de richesses SOXV HI¿FLHQWH HW SOXV GXUDEOH TXH O¶DOORFDWLRQ GHV UHVVRXUFHV SDU OH MHX GX marché. Abstract The current crisis questions paradigm liberal and show the interest of the heterodox approaches. The attribution of the Nobel Prize in Economics to Elinor Ostrom, in 2009, is the illustration. Elinor Ostrom showed that the cohesion of a community allows to manage in a optimal way a natural resource. Today, the study of the initiatives referring the solidarity Economy reveals that the social cohesion is source of economic wealth. The social cohesion favors a collective intelligence which is a source of creation of ZHDOWK PRUH HI¿FLHQW DQG PRUH VXVWDLQDEOH WKDQ WKH DOORFDWLRQ RI WKH resources by the rule of the market.

Nous vivons actuellement une crise économique profonde qui remet en cause l’hégémonie du paradigme libéral et de son pendant, les arbitrages de marché, et qui rappelle l’intérêt des approches hétérodoxes. L’attribution du prix Nobel d’économie à Elinor Ostrom (E.O.) en 2009 en est l’illustration. Si E.O. a permis de montrer que la cohésion d’une communauté permettait de gérer de façon optimale une ressource naturelle, l’étude des initiatives se réclamant de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) révèle que la cohésion sociale est 51. Ce texte reprend, enrichit et réarticule, deux communications : « Innovation sociale et économie sociale et solidaire » présentée aux XXXèmes journées de l’AES à Charleroi en octobre 2010, et « Diversité économique et diversité des relations entre travail et rémunération : économie solidaire et revenus » présentée au colloque Diversité et Innovation en milieux socioprofessionnels, à Clermont-Ferrand en 2011. 52. ERIC DACHEUX, Professeur des Universités, Université de Clermont Université, EA 4647 « Communication et solidarité », dacheux.perso@orange.fr 53. DANIEL GOUJON, Maître de Conférences, Université Jean Monnet (IUT de Roanne) et Université de Lyon, UMR-5600 EnvironnementVille-Société, ISTHME, daniel.goujon@univ-st-etienne.fr

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Cohésion sociale et richesse économique : compléter l’apport d’Elinor Ostrom par une étude empirique de l’ESS51


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source de richesse ĂŠconomique. En effet, cette idĂŠe, que l’on trouvait dĂŠjĂ dans l’associationnisme de 1848 (C. Ferraton, 2006 ; B. Frère, 2009), se rĂŠactive dans un capitalisme en pleine transformation marquĂŠ, entre autres, par la montĂŠe de l’immatĂŠriel (A. Gorz, 2003). Notre argument central est le suivant : dans une sociĂŠtĂŠ de la connaissance, la cohĂŠsion sociale est primordiale pour prĂŠsider Ă la crĂŠation de richesses. Notre analyse se dĂŠveloppera en trois temps : dans une première partie, nous montrerons que l’entrĂŠe dans la sociĂŠtĂŠ de la connaissance remet en cause le paradigme libĂŠral de la raretĂŠ. Dans une deuxième partie, nous verrons que la thĂŠorie de la gouvernance des biens communs d’E.O. a permis, bien avant l’Êmergence de cette sociĂŠtĂŠ de la connaissance, de remettre HQ FDXVH OD QpFHVVLWp GÂśXQH JHVWLRQ PDUFKDQGH (QÂżQ GDQV XQ WURLVLqPH WHPSV nous montrerons comment l’Êconomie sociale et solidaire permet de mettre Ă jour un processus dĂŠjĂ perceptible dans les ĂŠtudes empiriques d’E.O. : la cohĂŠsion sociale favorise une intelligence collective qui s’avère ĂŞtre une source de crĂŠation GH ULFKHVVHV SOXV HIÂżFLHQWH HW SOXV GXUDEOH TXH OÂśDOORFDWLRQ GHV UHVVRXUFHV SDU OH jeu du marchĂŠ.

1. La sociĂŠtĂŠ de la connaissance : ĂŠvolution ou rĂŠvolution ĂŠconomique ?54 Pour dĂŠcrire les transformations consĂŠcutives Ă la croissance de la part de l’immatĂŠriel dans la production de valeur, certains utilisent l’appellation de ÂŤ sociĂŠtĂŠ post-industrielle Âť (Touraine, Porter) d’autres parlent, Ă la suite du projet amĂŠricain d’autoroute de l’information, de ÂŤ sociĂŠtĂŠ de l’information Âť (Lafrance, 2010), tandis que quelques-uns, mettant en avant la place centrale des mĂŠdias et technologies de communication, utilisent le vocable de ÂŤ sociĂŠtĂŠ de communication Âť (Wolton, 2005) alors que les institutions internationales (UNESCO, Union europĂŠenne) adoptent l’expression de ÂŤ sociĂŠtĂŠ de la connaissance Âť. MĂŞme si ces diffĂŠrents vocables font rĂŠfĂŠrence Ă des thĂŠories et des concepts diffĂŠrents, ils s’attachent tous Ă dĂŠcrire une mĂŞme rĂŠalitĂŠ : la mutation du capitalisme contemporain. Une mutation thĂŠorisĂŠe‌ Tous les analystes sont en gĂŠnĂŠral d’accord : l’Êconomie contemporaine connaĂŽt une importante sĂŠrie de transformations. Ces transformations tiennent Ă la fois Ă la prise de conscience ĂŠcologique, Ă l’interdĂŠpendance accrue des ĂŠconomies, mais aussi et surtout Ă l’importance croissante de l’immatĂŠriel. Nous aimerions ici prĂŠciser ce terme qui recoupe plusieurs phĂŠnomènes entrecroisĂŠs : - La croissance des services. En Occident, des ĂŠvolutions lourdes comme les dĂŠlocalisations, l’apparition des nouveaux pays industrialisĂŠs, mais aussi l’allongement de la durĂŠe de vie et la dualisation de la sociĂŠtĂŠ expliquent en partie le dĂŠveloppement de services Ă la personne et la croissance concomitante 54. Cette première section reprend, en partie, le deuxième paragraphe de l’article ÂŤ La cohĂŠsion sociale n’est pas le fruit de la raretĂŠ, Pour un renouveau du paradigme ĂŠconomique Âť in Annals of Public and Cooperative Economics, Vol. 83. N°1, 2012.

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GH SUHVWDWLRQV LQWHOOHFWXHOOHV FRDFKLQJ FRQVHLO HQ HQWUHSULVHÂŤ TXH OÂśRQ FODVVH aussi sous l’appellation de ÂŤ services Âť (Gadrey, 2004). - La numĂŠrisation de l’information. Le dĂŠveloppement des nouvelles technologies numĂŠriques n’a pas seulement favorisĂŠ la mondialisation de la communication (Matellart, 1995) il a surtout profondĂŠment transformĂŠ les procès de production, les modes de distribution, les habitudes de consommation ; ce que l’on a appelĂŠ, un temps, la ÂŤ nouvelle ĂŠconomie Âť (Rallet, 2006). - L’importance des actifs immatĂŠriels. Comme le montre Gorz, une part croissante du capital des entreprises est constituĂŠe par ce qu’il nomme des ÂŤ actifs immatĂŠriels Âť : marque, brevets, droits d’auteurs. Ces actifs participent fortement Ă la valorisation boursière des entreprises et font l’objet de transactions ĂŠconomiques et de spĂŠculation dont la presse ĂŠconomique fait quotidiennement ĂŠcho (rachat d’un nom de domaine, ou d’une marque de constructeur automobile qui ne produit plus rien depuis longtemps, par exemple). - La dĂŠmatĂŠrialisation de la monnaie. Elle est le fruit d’un long processus historique et, si elle ne change pas la nature de la monnaie, elle a cependant des consĂŠquences profondes en ce qui concerne l’extrĂŞme volatilitĂŠ des capitaux, l’intangibilitĂŠ des sommes en prĂŠsence qui accroĂŽt la prise de risque et la VRSKLVWLFDWLRQ GHV YDOHXUV ÂżQDQFLqUHVÂŤ - Le rĂ´le dĂŠterminant de la recherche dans la croissance ĂŠconomique. Ce que l’on nomme aujourd’hui ÂŤ capitalisme cognitif Âť (Moulier-Boutang Y., 2000) montre bien la place centrale de la recherche dans la production de connaissances source de croissance. En France, le grand emprunt, proposĂŠ par Michel Rocard et Alain JuppĂŠ, est la preuve que la recherche n’est plus considĂŠrĂŠe comme une science explicative du monde mais comme le vecteur essentiel de la croissance dans une sociĂŠtĂŠ dite de ÂŤ connaissance Âť. 7RXWHV FHV PXWDWLRQV FRQGXLVHQW j XQH UHGpÂżQLWLRQ GHV SDUDGLJPHV pFRQRPLTXHV Š /D GLYLVLRQ YHUWLFDOH GX WUDYDLO OH FDUDFWqUH SUHVTXH XQLYHUVHO GH OD ORL GHV rendements dĂŠcroissants, la sĂŠparation de la force de travail de la personne du travailleur, le paradigme de la valeur comme transformation et dĂŠpense d’Ênergie musculaire, la raretĂŠ et l’usure des biens et services, la divisibilitĂŠ des facteurs, la ORL GH OÂśHQWURSLH JpQpUDOLVpH HW GH OÂśXVXUH GHV ELHQV SDU OHXU XVDJH OH FDUDFWqUH subalterne ou marginal des externalitĂŠs en particulier les exigences de les solder Ă un niveau systĂŠmique ĂŠcologique, tous ces traits qui façonnaient l’horizon de l’Êconomie politique classique et nĂŠoclassique se retrouvent aujourd’hui remis en cause Âť 0RXOLHU %RXWDQJ < S &HWWH UHGpÂżQLWLRQ VÂśH[SOLTXH SDU OH changement de nature des biens et services immatĂŠriels : ils sont duplicables j OÂśLQÂżQL SUHVTXH VDQV FR€W OD UDUHWp GLVSDUDvW LOV SHUGHQW OHXUV FDUDFWqUHV exclusifs et rivaux ; le prix n’est donc plus pertinent pour rĂŠgler leur ĂŠchange, par lĂ l’affectation des facteurs de production Ă leur rentabilitĂŠ devient problĂŠmatique. 3UREOpPDWLTXH PDLV SDV IRUFpPHQW LPSRVVLEOH VL RQ SDUYLHQW DUWLÂżFLHOOHPHQW j recrĂŠer de la raretĂŠ. Ainsi, deux lectures opposĂŠes se font jour pour analyser les consĂŠquences de cette mutation. 143

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CohÊsion sociale et richesse Êconomique : complÊter l’apport d’Elinor Ostrom par une Êtude empirique de l’ESS


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‌Deux scĂŠnarios possibles Dans la première lecture, minoritaire, le capitalisme est caractĂŠrisĂŠ par sa capacitĂŠ Ă transformer ses contradictions en source de croissance. Les tenants de cette lecture dĂŠcèlent la mise en place d’un nouveau système d ÂŤ enclosure Âť qui s’appuie sur l’existence de pĂ´les monopolistiques mondiaux dans les domaines de l’informatique, de la pharmacie, et des rĂŠseaux de distribution de l’information. Par exemple G. Azam (2007), montre que la connaissance devient, après la WHUUH OD PRQQDLH HW OH WUDYDLO Š XQH PDUFKDQGLVH ÂżFWLYH ÂŞ &HWWH pYRFDWLRQ GHV FRQFHSWV GH .DUO 3RODQ\L OD FRQGXLW j GpQRQFHU XQ VHFRQG PRXYHPHQW GœŠ enclosure Âť qui trouve son origine dans le dĂŠveloppement des droits de propriĂŠtĂŠ intellectuelle. Selon cet auteur, qui cite l’exemple du riz transgĂŠnique, ces droits GH SURSULpWp LQWHOOHFWXHOOH SHUPHWWHQW DX[ ÂżUPHV GH FDSWHU XQH UHQWH GH VLWXDWLRQ en fermant l’accès Ă la dĂŠcouverte. Dans le mĂŞme sens, Mouhoud et Plihon DIÂżUPHQW TXH OHV 7HFKQRORJLHV GH OÂś,QIRUPDWLRQ HW GH OD &RPPXQLFDWLRQ (TIC) permettent de faire ĂŠmerger des marchĂŠs qui sont quasi parfaits et fonctionnent de façon homogène partout (accès en temps rĂŠel Ă l’information audelĂ des frontières). De plus l’Êconomie de la connaissance fait apparaĂŽtre une nouvelle division du travail, la division ÂŤ cognitive du travail Âť (repĂŠrable dans l’industrie pharmaceutique et dans l’informatique) qui, selon eux, se combine et se complète parfaitement avec une division taylorienne du travail rendue plus performante justement par l’utilisation des TIC. A l’inverse, dans une seconde lecture, bien plus majoritaire, les ĂŠvolutions technologiques rendent impossible OD MXVWLÂżFDWLRQ GHV GURLWV GH SURSULpWp FH TXL SRXUUDLW FRQGXLUH j XQ GpSDVVHPHQW du capitalisme. Ainsi, des chercheurs comme C. AzaĂŻs, A. Corsani et P. Dieuaide (2000), s’appuient sur l’Êchec empirique de la ÂŤ Net Economy Âť pour montrer que le capitalisme est en train de vivre une contradiction indĂŠpassable : les droits de propriĂŠtĂŠ intellectuelle - effectivement les seuls moyens de rĂŠintroduire DUWLÂżFLHOOHPHQW GH OD UDUHWp GHYLHQQHQW WRWDOHPHQW LQMXVWLÂżDEOHV GÂśXQ SRLQW GH YXH ĂŠthique (ĂŠconomie d’abondance) et sont impossibles Ă mettre en Ĺ“uvre d’un point GH YXH WHFKQLTXH OD UHSURGXFWLELOLWp LQGpÂżQLH GH OD FRQQDLVVDQFH j XQ FR€W WUqV faible rend inapplicable les sanctions prĂŠvues pour contraindre l’individu Ă payer le prix). Dans la mĂŞme veine, mais avec une sensibilitĂŠ marxiste et ĂŠcologiste beaucoup plus marquĂŠe, A. Gorz (2003) montre que, dans une ĂŠconomie de la connaissance, la principale source de valeur rĂŠside dans l’intelligence collective. Or, d’une part, cette source est externe Ă l’entreprise et d’autre part, cette intelligence ne peut se dĂŠployer totalement que si elle circule librement et amplement Ă l’Êchelle de la planète. Ainsi, l’appropriation de la connaissance constitue Ă la fois un pillage par le capital d’une richesse commune, mais surtout s’oppose Ă son dĂŠveloppement parce qu’elle empĂŞche la crĂŠation de valeur : ÂŤ Elle [la connaissance] ne peut s’accroĂŽtre en circulant sous la forme valeur, au FRQWUDLUH FÂśHVW HQ VH GLIIXVDQW FRPPH ELHQ DFFHVVLEOH j WRXV TXÂśHOOH HQJHQGUH des connaissances supplĂŠmentaires Âť (Gorz, 2003, p. 73). Le dĂŠpassement du système capitaliste devient alors inĂŠluctable, en tout cas si on veut ĂŠviter, dit le philosophe, le chaos et la barbarie. 144

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Cette divergence profonde d’analyse indique clairement que le terme de ÂŤ sociĂŠtĂŠ de connaissance Âť renvoie moins Ă une rĂŠalitĂŠ dĂŠjĂ lĂ qu’à une tentative d’interprĂŠtation des mutations en cours. Le processus n’Êtant pas achevĂŠ, il est GLIÂżFLOH GH WUDQFKHU HQWUH OHV OHFWXUHV SURSRVpHV 0DLV OHV ERXOHYHUVHPHQWV structurels en cours, conjuguĂŠs Ă la perte de crĂŠdibilitĂŠ de l’Êconomie orthodoxe OLpH j OD FULVH ÂżQDQFLqUH FRQGXLVHQW j UHPHWWUH HQ FDXVH OHV SDUDGLJPHV DQFLHQV et Ă ĂŠtudier des pratiques ĂŠconomiques jusqu’ici considĂŠrĂŠes comme marginales. C’est lĂ tout le mĂŠrite d’E.O. qui, dĂŠs les annĂŠes 60 (thèse sur la gestion des nappes phrĂŠatiques en Californie), montre que, dans un territoire donnĂŠ, la communautĂŠ (donc une cohĂŠsion sociale ĂŠtablie) peut, mieux que le marchĂŠ et/ RX OÂś(WDW JpUHU GH PDQLqUH HIÂżFDFH HW GXUDEOH GHV UHVVRXUFHV FRPPXQHV /D cohĂŠsion sociale apparaĂŽt alors comme la source de la croissance ĂŠconomique. Ce que l’on redĂŠcouvre aujourd’hui, dans un autre cadre acadĂŠmique55 : ÂŤ Il ne faut pas s’enrichir pour se protĂŠger. Il faut protĂŠger la population contre les risques pour que la croissance soit dynamique saine durable et ĂŠquitable Âť (Hirsch, Salignon, Vialajus, 2011).

2. L’apport d’E.O. Ă une nouvelle apprĂŠhension des rapports entre cohĂŠsion sociale et crĂŠation de richesses Effectivement, on peut trouver dans les ĂŠtudes de terrain d’E.O. un certain nombre de preuves conduisant Ă renverser l’idĂŠe admise, pendant la pĂŠriode des trente glorieuses, selon laquelle seule la croissance du PIB permettait Ă l’EtatSURYLGHQFH GH ÂżQDQFHU GHV GLVSRVLWLIV VRFLDX[ IDYRUDEOHV j OD FRKpVLRQ VRFLDOH /D FRKpVLRQ VRFLDOH XQ PRGH GH JHVWLRQ HIÂżFLHQW GHV UHVVRXUFHV QDWXUHOOHV la preuve par l’exemple. Dans son ouvrage de rĂŠfĂŠrence, ÂŤ Governing the Commons Âť qui s’appuie sur des ĂŠtudes empiriques de gestion des ressources en propriĂŠtĂŠ commune, E. Ostrom montre que l’hypothèse de Hardin (1968) est invalidĂŠe. En effet, conformĂŠment Ă la thĂŠorie du choix rationnel, Hardin postulait que l’appropriation privĂŠe des biens collectifs ĂŠtait le moyen le plus performant pour gĂŠrer et prĂŠserver ces ressources. Au contraire, selon les recherches de E. Ostrom, les acteurs peuvent collectivement JpUHU GH PDQLqUH HIÂżFDFH HW GXUDEOH GHV ELHQV FRPPXQV IRUrW Ă€RUH IDXQH UHVVRXUFHV F{WLqUHV &HWWH JHVWLRQ HIÂżFDFH UHSRVH VXU GHV UqJOHV GpFLGpHV HQ commun qui sont constamment adaptĂŠes aux ĂŠvolutions de la ressource. Ces règles d’organisation reposent sur la coopĂŠration entre acteurs, coopĂŠration qui favorise les processus d’auto-organisation et les processus d’apprentissage des règles. En situation de rationalitĂŠ limitĂŠe, d’incomplĂŠtude d’information et de complexitĂŠ des ressources gĂŠrĂŠes, l’inter connaissance et les savoir-faire de la SRSXODWLRQ IDYRULVHQW OÂśDGRSWLRQ HW OH UHVSHFW GH UqJOHV HIÂżFLHQWHV (Q HIIHW SRXU 55. Nous faisons allusion au rapport Bachelet, ĂŠlaborĂŠ sous l’Êgide des organisations de l’ONU qui montre, ĂŠtude ĂŠconomique et politique Ă l’appui, que la protection sociale est source de croissance.

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CohÊsion sociale et richesse Êconomique : complÊter l’apport d’Elinor Ostrom par une Êtude empirique de l’ESS


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E.O., la question centrale est de : ÂŤ savoir comment un groupe d’appropriateurs – une communautĂŠ de citoyens – peut s’organiser lui mĂŞme pour rĂŠsoudre des SUREOqPHV GH PLVH HQ SODFH GÂśLQVWLWXWLRQ GÂśHQJDJHPHQW HW GH VXUYHLOODQFH ÂŤ ÂŞ (E. Ostrom, 2010, p. 44). Aux rĂŠponses classiques de l’Êconomie orthodoxe, j VDYRLU OD WKpRULH GH OD ÂżUPH HW OD WKpRULH GH OÂś(WDW ( 2 DMRXWH XQH VROXWLRQ alternative : l’auto-organisation d’une communautĂŠ. Cette auto-organisation est analysĂŠe empiriquement dans des lieux divers et Ă des ĂŠpoques diffĂŠrentes mais toujours dans un cadre identique : la gestion de ressources communes (ĂŠtude des nappes phrĂŠatiques en Californie, des tenures communales dans les prairies et forĂŞt de Suisse et du Japon, des systèmes d’irrigation en Espagne, GHV SrFKHULHV OLWWRUDOHV HQ 7XUTXLH RX DX 6UL /DQNDÂŤ &HV pWXGHV GH WHUUDLQ montrent que la communautĂŠ des citoyens est capable de crĂŠer des institutions permettant d’Êviter des comportements de ÂŤ passager clandestin Âť (M. Olson, 3RXU TXH FHV LQVWLWXWLRQV VRLHQW HIÂżFLHQWHV FÂśHVW j GLUH SHUPHWWHQW GH gĂŠrer de manière durable et optimale les ressources naturelles, trois conditions doivent ĂŞtre rĂŠunies : mettre en place une organisation qui amĂŠliore le bien-ĂŞtre des acteurs rationnels, dĂŠvelopper des engagement crĂŠdibles des appropriateurs envers l’organisation, la surveillance mutuelle des appropriateurs les uns envers les autres de manière Ă ce que d’une part, la sanction soit coĂťteuse pour celui TXL HQIUHLQW OD ORL HW TXH GÂśDXWUH SDUW OHV EpQpÂżFHV SXLVVHQW rWUH pTXLWDEOHPHQW rĂŠpartis entre les membres. Ces trois conditions clĂŠs sont d’autant plus faciles Ă rĂŠunir que la cohĂŠsion sociale de la communautĂŠ est forte. Si donc, E.O. renouvelle l’analyse rationnelle de l’action collective en insistant sur la nĂŠcessitĂŠ GX FRQWU{OH VRFLDO GHV UqJOHV GpÂżQLHV HQ FRPPXQ ( 6DERXULQ HW GH 0 $QWRQD (2003) insistent, quant Ă eux, fortement sur la notion de rĂŠciprocitĂŠ. Selon eux, cette notion est beaucoup plus centrale que ne le pense E. Ostrom puisque, Ă partir de leurs propres recherches empiriques sur l’Êconomie du dĂŠveloppement, FÂśHVW OD UpFLSURFLWp TXL FRQGLWLRQQH OD FRRSpUDWLRQ PDLV DXVVL OD FRQÂżDQFH HW OD rĂŠputation, variables clĂŠs dans l’action collective, car ce sont elles qui pallient l’incomplĂŠtude de l’information et la rationalitĂŠ limitĂŠe des acteurs. Or, prĂŠcisĂŠment la rĂŠciprocitĂŠ est une des caractĂŠristiques clef de l’Êconomie solidaire. J.-L. Laville et B. Eme (2005), les pères de cette notion, ne regroupent-t-ils pas sous cette appellation, l’ensemble des activitĂŠs ĂŠconomiques ayant en commun une ÂŤ impulsion rĂŠciprocitaire Âť ? (ib.).

3. L’Êconomie sociale et solidaire : la dĂŠmocratie comme clĂŠ de l’auto-organisation L’Êconomie solidaire comme l’Êconomie sociale trouvent leur origine dans les mouvements associationnistes ouvriers qui plaçaient l’auto-organisation et la dĂŠmocratie au cĹ“ur de leurs pratiques productives.

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Une origine commune : l’associationnisme ouvrier Ce mouvement, auquel se rattachent les noms, d’Owen, Saint-Simon, Fourrier, /HURX[ %XFKH] 3URXGKRQÂŤ D GRQQp GHV WH[WHV HW GHV SUDWLTXHV GLIIpUHQWHV 7RXWHIRLV VHORQ - ) 'UDSHUL RQ SHXW GpÂżQLU OÂśDVVRFLDWLRQQLVPH RXYULHU GH OD manière suivante : ÂŤ un mouvement qui articule une pensĂŠe, la pensĂŠe utopique, HW XQH SUDWLTXH OÂśHQWUHSULVH RXYULqUH Âť (Draperi J.-F., 1997, p.19). Par delĂ les diffĂŠrences thĂŠoriques et pratiques, on retrouve, chez les principaux auteurs, trois critiques centrales du capitalisme : celle des inĂŠgalitĂŠs de revenu qui donnent le pouvoir Ă une minoritĂŠ d’oisifs, celle de la concurrence qui dĂŠtruit les relations VRFLDOHV HW SRUWH HQ HOOH OHV JHUPHV GH OD JXHUUH FHOOH HQÂżQ GH OD SURSULpWp entendue comme moyen d’exploitation de la force de travail. Face Ă une sociĂŠtĂŠ en pleine mutation qui abandonne lentement l’ancien rĂŠgime sur le plan politique et qui s’industrialise de plus en plus fortement sur le plan ĂŠconomique, face Ă un ÂŤ dĂŠsordre ĂŠtabli Âť (Espagne, 2000), il s’agit de ÂŤ faire sociĂŠtĂŠ Âť, de s’associer entre travailleurs pour obtenir de meilleurs salaires, s’assurer des secours mutuels, accĂŠder au crĂŠdit, obtenir de meilleurs prix, produire sans ĂŞtre exploitĂŠ. Dans cette effervescence associative, les thĂŠoriciens accordent une place de choix Ă ce dernier objectif. Pour Buchez, dans l’association les hommes ÂŤ associent leur travail et non leurs capitaux. C’est un contrat par lequel les travailleurs SUHQQHQW XQ GRXEOH HQJDJHPHQW FHOXL GH FRQVWLWXHU XQ FDSLWDO FRPPXQ TXL VHUD l’instrument de travail, qui restera, inaliĂŠnable, indivisible et devra toujours croĂŽtre j OÂśDLGH GHV SUpOqYHPHQWV DQQXHOV RSpUpV VXU OHV EpQpÂżFHV. Âť (Buchez citĂŠ par Draperi 1997, p.20). Sur ce modèle d’association sera fondĂŠe la sociĂŠtĂŠ des bijoutiers en DorĂŠe qui est une forme de coopĂŠrative de production avant l’heure. Ce n’est toutefois pas la seule forme d’association de l’Êpoque puisque : ÂŤ les PRGqOHV GÂśDVVRFLDWLRQ GLIIpUHQW SRXU OHV RXYULHUV GHV PDQXIDFWXUHV RX SRXU OHV RXYULHUV TXDOLÂżpV VHORQ TXÂśHOOHV VRQW FUppHV YRORQWDLUHPHQW RX LPSXOVpHV SDU OÂś(WDW RX VHORQ OHXU REMHW DVVRFLDWLRQ GH SURGXFWLRQ RX GH FUpGLW Âť (Demoustier, Rousselière, 2003, p. 9). Ce mouvement associatif multiforme connut son apogĂŠe sous la RĂŠvolution de 1848, mais va connaĂŽtre un dĂŠclin progressif VRXV OÂśLQĂ€XHQFH GÂśXQH SDUW GX JRXYHUQHPHQW GH 1DSROpRQ ,,, TXL YD IDYRULVHU le libĂŠralisme et interdire juridiquement les associations et, d’autre part, de la critique marxiste qui va devenir dominante. NĂŠanmoins, cette alternative associationniste inspirera fortement deux mouvements : la coopĂŠration et l’Êconomie solidaire. En effet, c’est Ă Rochdale, en Angleterre, qu’est fondĂŠe en 1844, par des salariĂŠs du textile, la ÂŤ mère Âť des coopĂŠratives modernes : ÂŤ la sociĂŠtĂŠ des pionniers ĂŠquitables de Rochdale Âť. Dans le mĂŞme temps, sont lancĂŠes, en Allemagne, les coopĂŠratives d’Êpargne et de crĂŠdit et, en Italie, les premières coopĂŠratives d’habitants (Gelinas, 2009). En 1895, est fondĂŠe l’Alliance CoopĂŠrative Internationale (ACI) qui revendique aujourd’hui 800 millions de personnes dans le monde. Selon l’ACI, une coopĂŠrative est une association autonome de personnes rĂŠunies volontairement pour satisfaire Ă leurs aspirations et besoins communs dans les domaines ĂŠconomique, social 147

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CohÊsion sociale et richesse Êconomique : complÊter l’apport d’Elinor Ostrom par une Êtude empirique de l’ESS


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et culturel, par la constitution d’une entreprise qui leur appartient conjointement et qu’ils contrĂ´lent dĂŠmocratiquement. On retrouve donc, comme dans l’association, la libre adhĂŠsion et le contrĂ´le dĂŠmocratique selon le principe de ÂŤ un homme XQH YRL[ ÂŞ 0DLV FH TXL IDLW OD VSpFLÂżFLWp GH OD FRRSpUDWLYH GH SURGXFWLRQ HVW OH rapport au capital. En effet, comme l’indique J. Defourny (1997, p. 28) : ÂŤ la copropriĂŠtĂŠ de l’entreprise et la maĂŽtrise gĂŠnĂŠrale de l’entreprise, au nom d’une propriĂŠtĂŠ majoritaire, restent en quelque sorte le noyau dur de la coopĂŠration de travail Âť. Il s’agit, pour ĂŠviter l’exploitation des travailleurs par les propriĂŠtaires de capitaux, d’Êcarter le capital action reprĂŠsentant les droits personnels de SURSULpWp VXU OHV DFWLIV DX SURÂżW GH UpVHUYHV LPSDUWDJHDEOHV QRQ GLVWULEXDEOHV qui reprĂŠsentent la propriĂŠtĂŠ collective des coopĂŠrateurs. Il y a ainsi identitĂŠ entre dĂŠtenteurs du capital et travailleurs qui ne sont pas des salariĂŠs, mais des sociĂŠtaires de l’entreprise. Il s’agit donc de lutter contre le salariat (perçu comme mode d’exploitation des ouvriers et de dĂŠlĂŠgitimation de leur savoir-faire), par la maĂŽtrise dĂŠmocratique du capital. Force est de constater que cette visĂŠe anticapitaliste n’a pas ĂŠtĂŠ atteinte par les grandes coopĂŠratives qui subsistent actuellement. L’exemple, souvent citĂŠ, de Mondragon, est un arbre qui cache mal la forĂŞt des coopĂŠratives agricoles et bancaires lesquelles, Ă l’image du Mouvement Desjardins, sont devenues des entreprises qui participent plus Ă la dynamique du capitalisme qu’à l’Êmancipation des travailleurs. Cette critique, qui vaut pour une grande partie de l’Êconomie sociale, explique l’avènement, dans les annĂŠes quatre-vingt, d’une ĂŠconomie solidaire qui se revendique de l’associationnisme ouvrier de 1848 tout en intĂŠgrant les apports de l’Êconomie alternative des annĂŠes soixante-dix : antiproductivisme, fĂŠminisme, retour au local, critique du travail en miettes, etc. L’Êconomie solidaire : un autre terrain empirique oĂš la cohĂŠsion sociale est VRXUFH GÂśHIÂżFLHQFH pFRQRPLTXH Il n’y a pas que dans la gestion des biens communs, ou dans les coopĂŠratives de production que la cohĂŠsion sociale est gage d’intelligence ĂŠconomique. Les LQLWLDWLYHV VROLGDLUHV RIIUHQW HOOHV DXVVL XQ WHUUDLQ HPSLULTXH PRQWUDQW OÂśHIÂżFDFLWp d’une gestion collective et coopĂŠrative de projets ĂŠconomiques crĂŠateurs de richesses et de dĂŠveloppement territorial durable. En effet, la gestion dĂŠmocratique des organisations solidaires (coopĂŠratives, associations, mutuelles) couplĂŠe Ă la crĂŠation ÂŤ d’espaces publics de proximitĂŠ Âť (Eme, Laville, 1995) regroupant OÂśHQVHPEOH GHV SDUWLHV SUHQDQWHV FROOHFWLYLWpV SXEOLTXHV ÂżQDQFHXUV LQLWLDWLYHV VROLGDLUHV FLWR\HQV XVDJHUVÂŤ SHUPHW OD FUpDWLRQ GÂśDFWLYLWpV QRXYHOOHV TXL correspondent Ă une meilleure prise en compte des contraintes et des attentes locales (Fraisse, 2003). Par exemple, un Système d’Echange Local (SEL) a une double utilitĂŠ ĂŠconomique. Tout d’abord, il permet de faire face Ă la rarĂŠfaction du crĂŠdit, comme l’a montrĂŠ l’exemple argentin (Blanc, 2006). De plus, comme on a pu le voir au Canada et 148

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en Angleterre dans les annĂŠes 80, il permet aux exclus du travail salariĂŠ (et par lĂ -mĂŞme de l’accès Ă la monnaie), de retrouver dans la production et l’Êchange au sein de la communautĂŠ, une activitĂŠ ĂŠconomique contribuant au bien-ĂŞtre GX WHUULWRLUH SXLVTXH SDU GpÂżQLWLRQ OÂśDFWLYLWp IRXUQLH FRUUHVSRQG DX[ DWWHQWHV sociales de la communautĂŠ des ĂŠchangistes. On le voit bien, dans cette structure dĂŠmocratique, les règles de l’Êchange (valeur des ĂŠchanges, coĂťts d’adhĂŠsion, JHVWLRQ GHV FUpGLWV FKRL[ GHV FRRUGLQDWHXUVÂŤ VRQW WRWDOHPHQW GpÂżQLHV GH manière dĂŠmocratique. Par rapport Ă la thĂŠorie d’E.O., le contrĂ´le des règles ĂŠdictĂŠes par la communautĂŠ n’est plus central puisque c’est par la dĂŠlibĂŠration dans l’espace public que la communautĂŠ dĂŠcide de toutes les règles de l’Êchange, y compris des sanctions Ă attribuer (ou pas) au ÂŤ passager clandestin Âť. Par exemple, certains SEL excluent automatiquement toute personne ayant atteint XQ FHUWDLQ QLYHDX GH FUpGLW RQ FRQVLGqUH TXÂśLO D SURÂżWp GH OD FRPPXQDXWp VDQV rendre Ă la communautĂŠ) tandis que d’autres SEL, au contraire, remettent Ă zĂŠro les soldes Ă pĂŠriodes rĂŠgulières (on considère que la communautĂŠ peut prendre en charge la diffĂŠrence dans les comportements individuels). Cette diffĂŠrence, nous permet de mettre Ă jour une divergence ĂŠpistĂŠmologique fondamentale : l’utilisation du paradigme de rationalitĂŠ des acteurs dans un cadre institutionnaliste pour E.O. et l’adoption d’un paradigme de ÂŤ relationalisme mĂŠthodologique Âť (Corcuff, Le Bart & de Singly, 2010) dans le cadre de l’Êconomie solidaire. Ce paradigme, qui met Ă distance individualisme et holisme, redonne toute sa complexitĂŠ Ă l’action individuelle (Ă la fois ĂŠgoĂŻste et altruiste), tout en soulignant l’importance des relations sociales puisque, dans cette perspective, les individus comme les institutions, ne sont que le fruit des relations humaines. On retrouve cette place centrale accordĂŠe Ă la gestion dĂŠmocratique de l’activitĂŠ ĂŠconomique, entendue comme cas particulier de l’activitĂŠ sociale, dans de nombreuses autres initiatives solidaires comme les CoopĂŠratives d’ActivitĂŠs et d’Emplois (CAE) qui encouragent la prise d’initiatives en limitant les risques personnels, tout en renforçant le tissu ĂŠconomique territorial (la coopĂŠration des acteurs ĂŠtant un atout dans la concurrence). Il en va de mĂŞme pour les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) (Lanciano, Dumain, 2010), les PĂ´les d’Economie Solidaire (Codello-Gujaro, 2003), les 6RFLpWp &RRSpUDWLYH GH 3URGXFWLRQ 6&23 *RXMRQ 3RLVDW ÂŤ Dans tous ces cas, la dĂŠlibĂŠration collective se substitue aux arbitrages de marchĂŠ pour prĂŠsider Ă la crĂŠation d’activitĂŠs conformes aux attentes locales, non dĂŠlocalisables et rĂŠpondant Ă l’intĂŠrĂŞt gĂŠnĂŠral. Que ce soit pour la gestion des biens communs, l’associationnisme ouvrier, la coopĂŠration ou les initiatives solidaires, la cohĂŠsion sociale produit de la richesse qui, en retour, renforce la cohĂŠsion sociale. Toutefois, ce cercle vertueux ne repose pas forcĂŠment sur les mĂŞmes mĂŠcanismes. Dans certain cas, la cohĂŠsion sociale 149

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CohÊsion sociale et richesse Êconomique : complÊter l’apport d’Elinor Ostrom par une Êtude empirique de l’ESS


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repose sur une solidaritĂŠ mĂŠcanique induite par l’existence d’une communautĂŠ culturelle unie ou la dĂŠfense d’une ressource naturelle fragile ; dans d’autres cas, elle est le fruit d’une solidaritĂŠ dĂŠmocratique (Laville, 2007) engendrĂŠe par un espace public qui permet de relier des individus de culture diffĂŠrente sans les lier (Tassin, 1991). Il n’y a donc pas que dans les sociĂŠtĂŠs traditionnelles marquĂŠes par l’inter connaissance et la persistance de valeurs traditionnelles non discutĂŠes ou dans les communautĂŠs parvenant Ă imposer un contrĂ´le social des règles collectives que l’on peut parvenir Ă une auto-organisation GH OD VRFLpWp FLYLOH TXL VRLW HIÂżFLHQWH GÂśXQ SRLQW GH YXH pFRQRPLTXH &H TXH montrent les initiatives solidaires, c’est que cette auto-organisation productrice de rĂŠgulations ĂŠconomiques pertinentes, peut très bien se dĂŠvelopper dans nos sociĂŠtĂŠs dĂŠmocratiques (Bravo, Marelli, 2008 ; Frere, 2009), oĂš elle correspond aux attentes de renouvellement des pratiques politiques de la part des citoyens (Habermas, 1997). Dans tous les cas, on peut voir ĂŠgalement que la cohĂŠsion sociale n’est pas VHXOHPHQW XQ IDFWHXU OLPLWDQW OHV H[WHUQDOLWpV QpJDWLYHV YLROHQFH FRQĂ€LWV VRFLDX[ gaspillages, pillages) mais aussi un facteur clĂŠ de dĂŠveloppement ĂŠconomique. Quelle que soit sa nature (mĂŠcanique, contrainte ou dĂŠmocratique), la cohĂŠsion sociale offre une meilleure rĂŠsilience des populations face Ă la crise (entraide), elle permet un meilleur diagnostic des forces et faiblesses du territoire (savoir collectif) et augmente les chances de succès des projets dĂŠveloppĂŠs (implication de toutes les parties en prĂŠsence). De plus, la dĂŠlibĂŠration des diffĂŠrents acteurs (entrepreneurs, ĂŠlus, citoyens) contribue Ă ÂŤ rĂŠencastrer Âť l’Êconomique dans le politique, renouvelle le mode d’Êlaboration des politiques publiques et, ÂżQDOHPHQW UHQIRUFH OD GpPRFUDWLH UHSUpVHQWDWLYH SDU OÂśHQJDJHPHQW SDUWLFLSDWLI des citoyens. Conclusion $ OÂśpSRTXH FRQWHPSRUDLQH OD FRKpVLRQ VRFLDOH QH VLJQLÂżH SDV XQLIRUPLWp FXOWXUHOOH QL SDUWDJH GHV PrPHV YDOHXUV V\PEROLTXHV UHOLJLRQV LGpRORJLHVÂŤ QL FRQWU{OH social de tous envers chacun, mais renvoie Ă des conditions ĂŠconomiques, sociales et politiques permettant, tout Ă la fois, de se sentir reconnu (Honneth, 1994) et d’avoir la capacitĂŠ d’agir au sein de la collectivitĂŠ (Sen, 2008). Autrement dit, dans nos sociĂŠtĂŠs pluri culturelles, la cohĂŠsion sociale favorise l’expression des diversitĂŠs en limitant la lutte pour la reconnaissance (Honneth, 1994). Ainsi, elle est la condition d’une innovation sociale qui est un ĂŠlĂŠment central dans l’Êlaboration de services Ă la personne, secteur stratĂŠgique dans nos sociĂŠtĂŠs (Gadrey, 2004). De plus, la production de connaissances demande la coopĂŠration de chacun. Or plus la cohĂŠsion sociale est forte, plus cette coopĂŠration est facile Ă organiser et peu coĂťteuse.

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En revanche, l’abondance et la quasi-gratuitĂŠ des connaissances ainsi produites ne garantissent pas une rĂŠpartition ĂŠquitable Ă l’intĂŠrieur de la sociĂŠtĂŠ. C’est pourquoi, un tel type de sociĂŠtĂŠ nĂŠcessite un système dĂŠlibĂŠratif pour assurer la participation de tous Ă la production et Ă la rĂŠception de la connaissance. LĂ aussi, plus la cohĂŠsion sociale est forte plus l’inclusion de toutes les parties concernĂŠes dans la dĂŠlibĂŠration et l’obtention d’un consensus partagĂŠ par tous est probable. (QÂżQ RQ SHXW IDLUH OÂśK\SRWKqVH TXH GDQV XQH VRFLpWp DFFRUGDQW XQH SODFH centrale Ă la recherche, la dimension performative de la science ĂŠconomique (Callon, 2006) prendra une part croissante. Dès lors, l’attribution du prix Nobel Ă E. Ostrom qui met en avant la pertinence de la cohĂŠsion sociale dans la gestion des biens communs (via le contrĂ´le des membres de la communautĂŠ) peut pousser les politiques publiques et les organisations ĂŠconomiques Ă rechercher plus de cohĂŠsion sociale. Toutefois, nous ne pensons pas que l’apport dĂŠcisif de E.O. Ă la comprĂŠhension de l’ESS soit la notion de bien commun. Cette conclusion, provocatrice et paradoxale, s’appuie sur deux ĂŠlĂŠments centraux : - /D QRWLRQ GH ELHQ FRPPXQ FRUUHVSRQG j XQH GpÂżQLWLRQ WKpRULTXH SUpFLVH HW UHVWULFWLYH HQ FRQWUDGLFWLRQ DYHF OÂśXVDJH Ă€RX HW H[WHQVLI GH FH WHUPH GDQV l’ESS. E. O. a fortement insistĂŠ sur ce point56 : sa conception de la notion de ÂŤ bien commun Âť est très prĂŠcise et ne correspond pas Ă l’usage extensif que certains acteurs et chercheurs qui souhaitent abriter leurs pratiques (le crĂŠdit solidaire, les logiciels libres, etc.) ou leur objet d’Êtude (les monnaies sociales, le dĂŠveloppement local, etc.) sous le parapluie conceptuel de ce terme. - Cette notion semble devenir peu opĂŠratoire avec l’avènement d’une sociĂŠtĂŠ de connaissance. En effet, aujourd’hui, la connaissance (les savoirfaire, les brevets, la science, les rĂŠseaux d’Êchange) peut, tout Ă la fois, ĂŞtre un bien privĂŠ (rivalitĂŠ dans l’obtention, possibilitĂŠ d’exclusion du bien), un bien public (non rivalitĂŠ, non exclusion), un bien ÂŤ club Âť (exclusion, non rivalitĂŠ) et un bien commun (rivalitĂŠ, non exclusion). Par exemple un logiciel peut ĂŞtre la propriĂŠtĂŠ intellectuelle d’une entreprise (bien privĂŠ), ĂŞtre mis Ă la disposition de tous sur Internet (bien public), une crĂŠation originale au service d’un groupement d’employeurs (bien club), une version singulière commercialisĂŠe d’un logiciel libre (bien commun). Aujourd’hui, personne ne peut dire quel sera, demain, le statut de la connaissance. En revanche, on peut avancer l’idĂŠe selon laquelle la thĂŠorie des biens communs n’Êclairera qu’une partie de ce statut. Mais au fond - c’est ce qui diffĂŠrencie l’Êconomie sociale et solidaire de l’approche d’E.O. - qu’importe le statut du bien ! Dans une perspective d’ESS, ce qui est important ce n’est pas tant le statut du bien que le mode de dĂŠtermination des choix ĂŠconomiques. Pour le dire autrement E.O. prisonnière de son cadre ĂŠpistĂŠmologique, ne souligne les mĂŠrites de l’auto-organisation, que dans un cas très prĂŠcis : la gestion des biens 56. Lors de son intervention Ă Paris au siège de la MACIF, le 23 juin 2011.

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CohÊsion sociale et richesse Êconomique : complÊter l’apport d’Elinor Ostrom par une Êtude empirique de l’ESS


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$LQVL DORUV TXÂś( 2 UHQRXYHOOH OD PDQLqUH GH JpUHU OD UDUHWp HQ PRQWUDQW OÂśHIÂżFLHQFH de collectifs auto-organisĂŠs, l’ESS invite Ă renouveler la conception mĂŞme de OÂśpFRQRPLH &HWWH GHUQLqUH QÂśHVW SOXV GpÂżQLH FRPPH OD VFLHQFH PDWKpPDWLTXH GH l’allocation des ressources rares (Robbins, 1935) mais comme l’art d’organiser dĂŠmocratiquement les productions de valeurs. Bibliographie AZAĂ?S C., CORSINI A., DIEUAIDE P. (2000), Vers un capitalisme cognitif, L’Harmattan, Paris. AZAM A.-M.-G Š /D FRQQDLVVDQFH XQH PDUFKDQGLVH ÂżFWLYH ÂŞ revue du MAUSS, N°29, pp.111-126. BLANC J. (dir.) (2006), ([FOXVLRQ HW OLHQV ÂżQDQFLHUV 0RQQDLHV VRFLDOHV, Rapport 20052006, Economica, Paris. BRAUDEL F. (1979), Civilisation matĂŠrielle, ĂŠconomie et capitalisme, trois tomes, Armand Colin. BRAVO G., MARELLI B. (2008), ÂŤ Ressources communes Âť, Revue de gĂŠographie alpine, 96-3. BUCOLO E. (2003), ÂŤ Le commerce ĂŠquitable Âť, +HUPqV N°36. CAILLÉ A. (2005), (DĂŠ)-penser l’Êconomique, La dĂŠcouverte, Paris. CALLON M. (2006), ÂŤ What does it mean to say that economics is performative? Âť http:// halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00091596/en/ CASTORIADIS C. (1975), L’institution imaginaire de la sociĂŠtĂŠ, Seuil, Paris. CODELLO-GUARRO P. (2003), ÂŤ Vers la construction d’un espace public de proximitĂŠ Âť, +HUPqV, N°36. CORCUFF P., LE BART C. & DE SINGLY F. (2010), L’individu aujourd’hui, Rennes, PUR. DACHEUX E., GOUJON ' Š 'pÂżQLU OÂśpFRQRPLH OD UHVSRQVDELOLWp pSLVWpPRORJLTXH de l’Êconomie solidaire Âť, communication au colloque RIUESS, Rennes, 2007. DACHEUX E., GOUJON D. (2002), ÂŤ De nouveaux outils pour comprendre l’Êconomie solidaire Âť, Revue internationale de l’Êconomie sociale - RECMA, N°284, 81e annĂŠe, pp.60-75, Mai 2002. DACHEUX E., LAVILLE J.-L. (2003), dir, ÂŤ Economie solidaire et dĂŠmocratie Âť, +HUPqV, N°36, Cnrs ĂŠditions, Paris. DEGRYSE C., POCHET P. (2009), ÂŤ Changer de paradigme : la justice sociale comme prĂŠ requis au dĂŠveloppement durable Âť, working paper, 2009.02, ETUI, Bruxelles. DEMOUSTIER D., ROUSSELIĂˆRE D. (2003), ÂŤ Les associationnistes français, le marchĂŠ et l’Etat Âť, Grenoble, communication au Xè colloque de l’association Charles Gide pour l’Êtude de la pensĂŠe ĂŠconomique. DURAMPART M. (2010), SociĂŠtĂŠs de la connaissance, fractures et evolutions, CNRS ĂŠditions, coll. ÂŤ Les Essentiels Âť, Paris. EME B., LAVILLE J.-L. (1995), ÂŤ Economie plurielle, ĂŠconomie solidaire Âť, MAUSS, N°4. FERRATON C. (2006), $VVRFLDWLRQV HW FRRSpUDWLYHV XQH DXWUH KLVWRLUH GH OÂśpFRQRPLH, Ramon-Ville-St Agne, Eres. FRERE B. (2009), Le nouvel esprit solidaire, DesclĂŠe de Brouwer, Paris. FRAISSE L. (2003), “Economie solidaire et dĂŠmocratisation de l’Êconomieâ€?, +HUPqV N°36. 152

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communs ; alors que l’ESS, fort de son histoire, invite Ă faire de l’auto-organisation dĂŠmocratique la clĂŠ de voĂťte du système de rĂŠgulation ĂŠconomique.


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CohÊsion sociale et richesse Êconomique : complÊter l’apport d’Elinor Ostrom par une Êtude empirique de l’ESS


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