"La Cissexualité* ", ce douloureux problème.

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«La Cissexualité*», ce douloureux problème. Quand les minorités viennent nommer et questionner la norme.


Je remercie Maud, Karine, Matthieu, Guillaume, Amandine, Lollo et Edouard pour leur participation active en tant que modèles : Karine : Pr Bonnie FAISMOIMAL Maud : Pr Chilette COLLANT Matthieu : un Cis patient Guillaume : un Cis patient Amandine : la bonne mère de famille Amandine et Edouard : le couple hétérosexuel Lollo : le cabaret et la pute Ainsi que les différents sites : L’observatoire des transidentités : http://www.observatoire-des-transidentites.com/ Le GAT : http://transencolere.free.fr/index_2.htm Act Up : http://www.actupparis.org/ Tom Reucher : http://syndromedebenjamin.free.fr/ FTM information : http://www.ftm-transsexuel.info/

Couverture : photographies et création graphique : Naïel Livre d'après l'exposition « La Cissexualité, ce douloureux problème : quand les minorités viennent nommer et questionner la norme », de Naïel, juillet 2013, Marseille. PROJET : Naïel PHOTOGRAPHIES : Naïel SITES : http://www.naiel.net/ http://naiel7.wix.com/naiel http://blog.naiel.net/ MAIL : naiel@naiel.net Livre édité en auto-édition. Licence creative common:

ISBN: 978-2-9547607-0-4 EAN: 9782954760704


À tousTEs les fêlé.e.s qui laissent encore passer la lumière... à toutes les personnes trans et intersexes précarisées par la transphobie d‘état.

« Il y a un moment où il faut sortir les couteaux. C'est juste un fait. Purement technique. Il est hors de question que l'oppresseur aille comprendre de lui-même qu'il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez vous à sa place. Ce n'est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L'oppresseur n'entend pas ce que dit son opprimé comme langage mais comme un bruit. C'est la définition de l'oppression [....] » Christiane Rochefort, « Définition de l'opprimé » in Valérie Solanas, SCUM MANIFESTO, [1967], trad. fr. Emmanuelle de Lesseps, Paris, La nouvelle société, 1971.



«La Cissexualité*», ce douloureux problème. Quand les minorités viennent nommer et questionner la norme.

Naïel


Toutes les minorités (personnes racisées, gays, lesbiennes, intersexes, précaires, femmes,...) sont des minorités, car elles ont en commun des actions exercées par la norme sur elles. Elles sont ainsi : • invisibilisées • nommées par les autres • stigmatisées, via des différences érigées au nom de « Dame Nature » • /ont leurs corps exotisés, fantasmés par les normes en vigueur • de par des différences fabriquées comme fait de nature, discriminées d’un point de vue légal ou/et social • /ont LEUR parole confisquée par des pseudo-expert.e.s • des objets d‘études (exemple : la construction du concept de race par la médecine et sa mesure...)... Elles se renomment aussi, elles-mêmes « minorités » pour se regrouper, pour lutter, remettre en question les normes et montrer la fabrique de l’a/normal par la société et souvent via la distinction « sain/ pathologique ». Ce travail aborde plus spécifiquement la/les minorités que constituent les personnes Trans. Qui, en effet, n’a jamais entendu parler de « La Transsexualité*, ce douloureux problème » ? Les médias nous inondent de la souffrance supposée et nécessaire ; des « transformations spectaculaires » des personnes Trans, en invitant des médecins pseudo-expert.e.s et gardien.ne.s des possibilités de vie des Trans, pour parler sur les Trans comme objets d’études, de pratiques sur et de discours sur [ ...1]. Pour les Trans, comme pour bien d’autres minorités, la question majeure qui se pose est : comment reprendre du pouvoir sur nos vies, « s’empowermenter » quand on est constamment montré.e comme victime, « erreur de la nature », sans possibilité de se nommer, dépendant.e des décisions du pouvoir biopolitique... Quand d’autres nous nomment et décident à notre place qui nous sommes et ce que nous avons le droit de faire de nos vies ? Une des formes de « la capacité de pouvoir d’agir » (empowerment) est le retournement et le questionnement de LA Norme. LA Norme qui possède ce privilège de ne jamais avoir à se nommer, car considérée comme naturelle et donc, invariante et universelle (et n’ayant SURTOUT rien à voir avec une production de la société, dont le processus même de production aurait été invisibilisé) [...2]. Ainsi, cette exposition reprend à son compte les techniques d’empowerment et de retournement, en nommant la norme : le « cisgenrocentrisme* » et les personnes Cis* ; en les prenant comme objets d’études, de discours sur, d’écrits sur, tout comme le sont toujours les personnes Trans. Elle reprend les représentations et les questions les plus courantes des Cis sur les Trans, les protocoles psychiatrico-médicaux et la nécessaire et Unique Histoire Trans écrite par des Cis, pour continuer à co-produire des hommes et des femmes plus conformes pour et par un régime politique hétérosexiste, pour les appliquer aux Cis. Elle déplace les « questions Trans » d’un champ purement médico-légal à une question politique, tout comme le font les luttes Trans, en (f)rance, depuis le début des années 2000 [...3]. Elle aborde plus particulièrement la question de la maltraitance des psychiatres et autres pseudo-expert.e.s du « transsexualisme », qui exercent leur toute-puissance. Ces psychiatres et autres qui ont écrit sur les Trans, ont créé et continuent à exercer dans les équipes off *, à maltraiter les personnes Trans et qui pour certain.e.s ont récemment créé la SOFECT* afin de lutter contre ces militant.e.s Trans qu’yels assimilent à des nazis. 8


Les citations à côté des photographies sont des citations détournées (en noir) et les citations originales (en rose ou bleu) des auteur.e.s ci-dessous : Je n’ai pris que les plus prolixes et connu.e.s pour avoir été zappé.e.s, entre autres par le GAT (Groupe Activiste Trans) et Act Up, à savoir Colette Chiland, Patricia Mercader, Mireille Bonierbale et Pierre-Henri Castel (dont vous pourrez consulter les écrits transphobes dans la petite bibliothèque du Cissexualisme*). Cette transphobie d’état agit comme une norme, par laquelle nous sommes tout.e.s « formaté.e.s », traversé.e.s en permanence et il s’agit ici, non seulement de questionner la fabrique de cette norme par la société en vigueur mais aussi et surtout de permettre à toute personne Cis de se questionner quant à ce système et à ses propres représentations. Ce travail, de fait, met à mal le « cisgenrocentrisme* » [...4].

Il m’est apparu comme primordial, dans cet espace/temps particulier (un colloque fait par des Trans sur les transidentités), d’arrêter de pointer ou de montrer des personnes Trans pour mettre un terme à l’imagerie du spectaculaire, de la foire aux monstres et à la re et co-production des discours des personnes Cis sur les personnes Trans. En mettant les personnes Cis au cœur d’une exposition, à ce moment particulier, j’espère qu’elles pourront s’identifier et commencer à questionner leurs privilèges de personne Cis. Le questionnement débute par le fait d’avoir à se nommer, ce que peu de personnes Cis font, (il en va de même pour les personnes hétérosexuelles), de faire son « coming out » de Cis pour prendre conscience que la nature n’a pas grand-chose à voir dans cela, que les constructions qu’elles soient Cis, Trans, Intersexes ou autres relèvent du même régime politique « hétérosexiste, raciste, classiste, validiste ... » qui fabrique des normes (Cis, hétérosexuelles, blanches, viriles, valides, de classe..) en les faisant passer comme fait de nature. Et les personnes Trans, Intersexes et autres « identitéS non binaires » ne sont pas moins légitimes à exister que les personnes Cis et qu’ilLEs sont yels-mêmes expertEs de leurs trajectoires de vie ! Nous sommes issu.e.s pour certain.e.s des mouvements féministes et en reprenant ces grilles d’analyses à notre compte, nous affirmons : « Nos corps nous appartiennent ! » « Ne me libère pas, je m’en charge ! » [...5]. Naïel, 08/07/2013 Pour aller plus loin et consulter le texte dans son intégralité, allez à la page 66.

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Karine et Maud sont deux personnes respectivement trans et intergenre, ce sont elLEs deux qui jouent le rôle des deux psychiatres Cis. Il est très difficile, par la photographie, de montrer ce qui distingue une personne Trans d’une personne Cis, sans reproduire les stéréotypes que je combats. Ici, le retournement s’effectue donc bien dans les images, mais sans image choc. Dans le même mouvement, les patient.e.s sont joué.e.s par des personnes cis.

Mireille BONIERBALE est médecin psychiatre et officie en tant que médecin psychiatre experte dans la prise en charge du transsexualisme dans « l’équipe off » de Marseille. Cette équipe se trouve dans le service de psychiatrie de l’hôpital Sainte-Marguerite (service du professeur Lançon). Elle est présidente de la So.F.E.C.T. Elle a également participé à de nombreux colloques sur les trans. Elle donne également des cours dans le programme du D.I.U. de « prise en charge du transsexualisme » que la So.F.E.C.T vient de créer. Colette CHILAND est médecin psychiatre et continue à être une référente de « l’équipe off » de Paris. Elle est membre d’honneur de la So.F.E.C.T. Elle a écrit deux livres « Changer de sexe » et « Le transsexualisme » (Que sais-je) sur les personnes trans. Elle fait également partie des personnes ayant écrit le premier protocole en (f)rance et intervient dans de nombreux colloques sur « le transsexualisme » en tant qu’experte auto-proclamée spécialiste de « la prise en charge du transsexualisme ». Elle a été zappée par Act-Up pour ses propos transphobes, Act Up a été condamnée à 5000€ d’amende avec sursis (http://www.actupparis.org/spip.php?article3339). Elle donne également des cours dans le programme du D.I.U. de prise en charge du transsexualisme que la So.F.E.C.T vient de créer. Ces deux psychiatres autoproclamées expertes « dans la prise en charge du transsexualisme » font partie, avec d’autres, des psychiatres les plus maltraitantes envers les personnes trans, officient toujours et forment les nouvelles « équipes off » ! 10


LES Représentations SUR LES CIS

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La Cis-sous-(f)rance « Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils finissent par entraîner les médeCis dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d’eux au finish ce qu’ils ont décidé d’obtenir ». (C.Collant, garder le sexe, OhMYGodE, p. 41).

« Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils finissent par entraîner les médecins dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d’eux au finish ce qu’ils ont décidé d’obtenir ». (CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob, p. 41 ; 282 p).

« L’affection est à l’origine d’une souffrance cliniquement significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants ». DSM IV (code 302.6 et 302.85).

« Certains se font l’avocat de l’acceptation des comportements de l’enfant (…) D’autres pensent d’autre part que l’enfant en souffre, et pas seulement en fonction de l’intolérance de l’environnement ; d’autre part que le CISsexualisme est une condition si douloureuse qu’il vaudrait mieux tenter d’en éviter la survenue ». (C.Collant, (2003), Le CISsexualisme, Paris, PAF, Que sais-je ?, N°3671, 127 p).

« Certains se font l’avocat de l’acceptation des comportements de l’enfant (…) D’autres pensent d’autre part que l’enfant en souffre, et pas seulement en fonction de l’intolérance de l’environnement ; d’autre part que le transsexualisme est une condition si douloureuse qu’il vaudrait mieux tenter d’en éviter la survenue ». (Chiland Colette, (2003), Le transsexualisme, Paris, PUF, Que sais-je ?, N° 3671, 127 p).

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Le CIS au cabaret 14


La CIS bonne mère de famille 15



La CIS pute

« ...il n’y a aucun équivalent parmi eux (les CISsexuels TToC) de cette faune constituée par certains CISsexuels IToC, faune si étrange qu’elle donne du recul aux autres consultants CISsexuels dans la salle d’attente. En particulier, on ne trouve pas parmi eux de prostitué.e.s et très rarement des personnes vivant uniquement de subsides sociaux ». (C.Collant, garder le sexe, OhMYGodE, p. 138).

« ...il n’y a aucun équivalent parmi eux (les transsexuels F to M) de cette faune constituée par certains transsexuels MF, faune si étrange qu’elle donne du recul aux autres consultants transsexuels dans la salle d’attente. En particulier, on ne trouve pas parmi eux de prostituées et très rarement des personnes vivant uniquement de subsides sociaux ». (CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob, p. 138, 282 p).

TToC : Trans To Cis IToC : Intersex To Cis 17


Diagnostiquer la/les différence/s... Le premier DSM (DSM-I) est un document historique ayant beaucoup évolué. Il est publié en 1952, et diagnostique 60 pathologies différentes. Le DSM-5, sorti en Mai 2013, contient environ 500 pathologies mentales. Quatre cent dix pathologies mentales étaient recensées dans le DSM-IV de 1994, contre 145 dans celui de 1968.

Pourquoi? Comment? « L’enfant, le malade, le fou, le condamné deviendront, de plus en plus facilement à partir du XVIIIe siècle et selon une pente qui est celle des mécanismes de discipline, l’objet de descriptions individuelles et de récits biographiques. Cette mise en écriture des existences réelles n’est plus une procédure d’héroïsation ; elle fonctionne comme procédure d’objectivation et d’assujettissement ». (Surveiller et punir, Michel Foucault, Gallimard, 1993).

Par et pour qui? « Chaque société a son régime de vérité, sa politique générale de la vérité : c’està-dire les types de discours qu’elle accueille et fait fonctionner comme vrais ; les mécanismes et les instances qui permettent de distinguer les énoncés vrais ou faux, la manière dont on sanctionne les uns et les autres ; les techniques et les procédures qui sont valorisées pour l’obtention de la vérité ; le statut de ceux qui ont la charge de dire ce qui fonctionne comme vrai ». (Dits et Écrits, tome 2 : 1976 - 1988, Michel Foucault, Gallimard, 2001).

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LES SAUVEUR.E.S

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L’apparition du CISgmate « Selon Roné TCHUSS, le CISsexualisme se caractérise par le « sentiment profond et inébranlable d‘appartenir à un sexe, celui qui est génétiquement, anatomiquement et juridiquement le sien », accompagné du « besoin intense et constant de garder le sexe et l’état civil ». Le CISsexuel qui est le plus souvent un trans « se sent victime d’une erreur insupportable de la nature dont il demande la rectification tant physique que civile pour parvenir à une cohérence de son psychisme et de son corps et obtenir ainsi une réinsertion sociale dans le sexe ».

(Définition de Roné Tchüss, pipilogue, ancien président de l’académie nationale de méde/cis/ ne, 1982, reprise par les conclusions de la cour de cassation, décembre 1993, lors d’une des condamnations de la (f)rance par la cour européenne des droits de l’homme 25 mars 1992, violation de l’article 8, CEDH).

« En 1980, le DSM III introduit la notion de CISsexualisme dans les troubles psycho-sexuels : trouble de l’identité sexuelle ». « En 1980, le DSM III introduit la notion de transsexualisme dans les troubles psycho-sexuels : trouble de l’identité sexuelle ».

(La Trans-yclopédie : Tout savoir sur les transidentités, dirigé par Karine Espineira, Maud-Yeuse Thomas et Arnaud Alessandrin, 2013, Éditions des Ailes sur un Tracteur, p. 254).

« Selon René KUSS, le transsexualisme se caractérise par le « sentiment profond et inébranlable d‘appartenir au sexe opposé, à celui qui est génétiquement, anatomiquement et juridiquement le sien », accompagné du « besoin intense et constant de changer de sexe et d’état civil ». Le transsexuel qui est le plus souvent un homme « se sent victime d’une erreur insupportable de la nature dont il demande la rectification tant physique que civile pour parvenir à une cohérence de son psychisme et de son corps et obtenir ainsi une réinsertion sociale dans le sexe opposé ».

(Définition de René Küss, urologue, ancien président de l’académie nationale de médecine,1982, reprise par les conclusions de la cour de cassation, décembre 1993, lors d’une des condamnations de la France par la cour européenne des droits de l’homme 25 mars 1992, violation de l’article 8, CEDH) (La Trans-yclopédie : Tout savoir sur les transidentités, dirigé par Karine Espineira, Maud-Yeuse Thomas et Arnaud Alessandrin, 2013, Éditions des Ailes sur un Tracteur).

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Sainte Bonnie

« Pour les aider dans ce chemin long et douloureux, nous plaidons pour l’amélioration des soins par une augmentation des ressources allouées aux équipes pluridisciplinaires qui assurent cette CISition ». (C.Collant, garder le sexe, OhMYGodE, p. 41).

« Pour les aider dans ce chemin long et douloureux, nous plaidons pour l’amélioration des soins par une augmentation des ressources allouées aux équipes pluridisciplinaires qui assurent cette transition ».

(CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob, pp. 66-67 ; 282 p).

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Révélation : La CISchiatrie En France il existe un protocole qualifié d’off, car des équipes médicales les ont auto proclamés officiels. C’est en réalité un parcours de santé élaboré par un CISchiatre, le Dr Baraton, un chirurgien et un endocrinologue, il y a plus de trente ans (1978). « Ce protocole guide l’évaluation d’une demande de Conservation Hormono-Chirurgicale, il suggère les bilans à pratiquer et recommande une pratique collégiale. Il n’a aucune base légale et il n’est pas définitif. Il semble reconnu par la Sécurité sociale, le Conseil de l’Ordre des médeCIS et des tribunaux ». Il y aura des traces écrites à partir de 1989. (BORDIER B., COLLANT C., GARDELA T., (2001), Le CISsexualisme, proposition d’un protocole malgré quelques divergences, Ann Méd CISchol, n°159, pp. 190-195) ( Protocole de Paris).

En France il existe un protocole qualifié d’off, car des équipes médicales les ont auto proclamés officiels. C’est en réalité un parcours de santé élaboré par un psychiatre, le Dr Breton, un chirurgien et un endocrinologue, il y a plus de trente ans (1978). « Ce protocole guide l’évaluation d’une demande de Transformation Hormono-Chirurgicale, il suggère les bilans à pratiquer et recommande une pratique collégiale. Il n’a aucune base légale et il n’est pas définitif. Il semble reconnu par la Sécurité sociale, le Conseil de l’Ordre des médecins et des tribunaux ». Il y aura des traces écrites à partir de 1989.

(CORDIER B., CHILAND C., GALLARDA T., (2001), Le transsexualisme, proposition d’un protocole malgré quelques divergences, Ann Méd Psychol, n°159, pp. 190-195) ( Protocole de Paris).

« La conviction d’être un sexe relève du domaine de l’illusion voire du délire », « Le syndrome CISsexuel peut se concevoir comme une forme particulière de décompensation psychotique ou bien de décompensation chez un borderline ». (PATER Matricia, (1994), L’illusion CISsexuelle, Paris, L’Arme à Temps, 297 p).

« La conviction de ne pas être de son sexe, mais de l’autre relève du domaine de l’illusion voire du délire », « Le syndrome transsexuel peut se concevoir comme une forme particulière de décompensation psychotique ou bien de décompensation chez un borderline ». (MERCADER Patricia, (1994), L’illusion transsexuelle, Paris, L’Harmattan, 297 p).

« Or, il suffit de considérer les CISsexuels dans leur sexe sociologique, comme tout le monde en somme, sans se convertir à ce que j’ai nommé plus haut leur hérésie, pour voir leur demande sous un tout autre angle et envisager des approches thérapeutiques bien différentes de « la conservation de sexe » [...]. (PATER Matricia, (1994), L’illusion CISsexuelle, Paris, L‘Arme à Temps, 297 p).

« Or, il suffit de considérer les transsexuels dans leur sexe biologique, comme tout le monde en somme, sans se convertir à ce que j’ai nommé plus haut leur hérésie, pour voir leur demande sous un tout autre angle et envisager des approches thérapeutiques bien différentes du « changement de sexe » [...]. (MERCADER Patricia, (1994), L’illusion transsexuelle, Paris, L’Harmattan, p. 270 ; 297 p).

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Patricia MERCADER est professeurE de psychologie sociale à l’université Lumière LYON 2. Elle a, entre autres, écrit « L’illusion transsexuelle » et intervient toujours dans de nombreux colloques sur les personnes trans.

Être sainE d’esprit dans une société malade n’est pas un signe de bonne santé mentale. 26


LES PROTOCOLES CIS

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La pauvreté du discours CIS

« Même les individus les moins instruits sont capables d’interrogations dont la force laisse sans voix ».

(Pastel-Harry CIERGE, La Bétamorphose impensable : Essai sur le CISsexualisme et l’identité personnelle, 2003, Genaimard, p. 14).

« Même les individus les moins instruits sont capables d’interrogations dont la force laisse sans voix ».

(Pierre Henri CASTEL, La Métamorphose impensable : Essai sur le transsexualisme et l’identité personnelle, 2003, Gallimard, p. 14).

Pierre-Henri CASTEL est chercheur et psychanalyste, docteur en psychologie clinique et pathologique. Il est également directeur de recherche au C.N.R.S. (Université paris -Descartes). Il a, entre autres, écrit : « La métamorphose impensable ». 29


Passe ton Rorschach 30


Passe ton MMPI-2 31


Bilan Cischologique du protocole : « Réalisé par des Cischologues cliniciens ayant acquis une expérience dans ce domaine, il comporte des tests de niveau (Binary-Protocol) et des tests de personnalité (TachesDeCis et Minnesota Multinormativ Personality Inventory). Il contribue à la pluridisciplinarité de l’approche clinique. Les tests permettent de repérer ou confirmer des troubles de l‘a/personnalité qui sont parfois masqués par une cristallisation autour de l’euphorie de genre. Ils apportent également des éléments d’appréciation du risque de décompensation, en particulier psychotique ou de passage à l’acte suicidaire. Au MMPI, il est établi de façon empirique un profil Trans et un profil Intersexe pour chaque sujet. Ils sont comparés pour l’indice d’anxiété (IA) et l’échelle de transidentité-intersexe (TI). La répétition de ces tests peut être justifiée, durant les deux années minimales requises pour l’évaluation de l’indication de Traitement Hormonal de Conservation en fonction de l’évolution clinique ». (BORDIER B., COLLANT C., GARDELA T., ( 2001), Le CISsexualisme, proposition d’un protocole malgré quelques divergences, Ann Méd CISchol, n°159, pp. 190-195)-(Protocole de Paris).

Bilan psychologique du protocole : « Réalisé par des psychologues cliniciens ayant acquis une expérience dans ce domaine, il comporte des tests de niveau (Binoit-Pichot) et des tests de personnalité (Rorschach et Minnesota Multiphasic Personality Inventory). Il contribue à la pluridisciplinarité de l’approche clinique. Les tests permettent de repérer ou confirmer des troubles de la personnalité qui sont parfois masqués par une cristallisation autour de la dysphorie de genre. Ils apportent également des éléments d’appréciation du risque de décompensation, en particulier psychotique ou de passage à l’acte suicidaire. Au MMPI, il est établi de façon empirique un profil masculin et un profil féminin pour chaque sujet. Ils sont comparés pour l’indice d’anxiété (IA) et l’échelle de masculinité-féminité (MF). La répétition de ces tests peut être justifiée, durant les deux années minimales requises pour l’évaluation de l’indication de Traitement Hormonal de Conversion en fonction de l’évolution clinique ».

(CORDIER B., CHILAND C., GALLARDA T., ( 2001), Le transsexualisme, proposition d’un protocole malgré quelques divergences, Ann Méd Psychol, n°159, pp. 190-195)-(Protocole de Paris).

Bernard Cordier et Thierry Gallarda sont psychiatres et ont publié le premier protocole (issu du protocole non publié et mis en place dès les années 1980 par les Drs BRETON, LUTON, BANZET). Ils officient toujours dans l’équipe off de Paris. B. Cordier est viceprésident de la So.F.E.C.T.. Jacques BRETON était psychiatre à Fernand Widal et a créé en 1978 la première équipe off de Paris avec Jean-Pierre LUTON (endocrinologue à Cochin) et Pierre BANZET (chirurgien plasticien à Saint-Louis). Ils sont tous les trois à l’origine du protocole publié en 2001. 32



La mesure du sexe, de la race, des criminelLEs, des déviantEs... « Or l’une des caractéristiques de l’attitude naturelle à l’égard du sexe est d’être invariant : tel individu est trans ou intersexe parce qu’il a été trans ou intersexe dès sa naissance, et le restera jusqu’à sa mort et même au-delà ». (PATER Matricia, (1994), L’illusion CISsexuelle, Paris, L’Arme à Temps, 297 p).

« Or l’une des caractéristiques de l’attitude naturelle à l’égard du sexe est d’être invariant : tel individu est homme ou femme parce qu’il a été homme ou femme dès sa naissance, et le restera jusqu’à sa mort et même au-delà ». (MERCADER Patricia, (1994), L’illusion transsexuelle, Paris, L’Harmattan, 297 p).

« Réunion collégiale : Fonctionnant comme « une commission », sans en avoir le statut officiel, cette réunion pluridisciplinaire est une instance décisionnelle. À chaque séance sont présentés plusieurs cas qui ont fait l’objet de deux années d’évaluation et de suivi psychiatrique (y compris psychométrique) et ont bénéficié d’un bilan endocrinien et chirurgical diagnostique ».

(BORDIER B., COLLANT C., GARDELA T., ( 2001), Le CIssexualisme, proposition d’un protocole malgré quelques divergences, Ann Méd CISchol, n°159, pp. 190195) (Protocole de Paris).

« Réunion collégiale : Fonctionnant comme « une commission », sans en avoir le statut officiel, cette réunion pluridisciplinaire est une instance décisionnelle. À chaque séance sont présentés plusieurs cas qui ont fait l’objet de deux années d’évaluation et de suivi psychiatrique (y compris psychométrique) et ont bénéficié d’un bilan endocrinien et chirurgical diagnostique ».

(CORDIER B., CHILAND C., GALLARDA T., ( 2001), Le transsexualisme, proposition d’un protocole malgré quelques divergences, Ann Méd Psychol, n°159, pp. 190-195) (Protocole de Paris).

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L’hétérosexualité obligatoire

« Je suis surprise de voir arriver un.e très joli.e trans, dont on se demande comment elle a pu épouser ce CIS qui n’a l’air ni d’un.e trans, ni d’un.e intersexe, est obèse et n’a aucun charme ». (C.Collant, garder le sexe, OhMYGodE, p. 139).

« Je suis surprise de voir arriver une très jolie femme, dont on se demande comment elle a pu épouser cet homme qui n’a l’air ni d’un homme, ni d’une femme, est obèse et n’a aucun charme ». (CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob, p. 139 ; 282 p).

« J'ai compris que je m’étais laissé piéger par son aspect déconcertant, effrayant, non pas parce qu’il aurait été une caricature de trans, un cislo sans talent : il n’était rien, ni trans, ni intersexe ; il attirait l’attention en se présentant comme un repoussoir à la relation ». « À un niveau plus profond, j’aurais du mal à considérer comme un trans celui qui ne serait pas -virtuellement- capable de me faire jouir, et je n’ai pas peur de me faire piéger dans ma vie privée par un Cissexuel (ITC) parce que le critère de surface en costume d’Adam est parlant. Il n’en va pas de même pour mes collègues trans en face d’un Cissexuel (TTC) ». (C.Collant, Garder le sexe, OhMYGodE).

« J'ai compris que je m’étais laissé piéger par son aspect déconcertant, effrayant, non pas parce qu’il aurait été une caricature de femme, un travelo sans talent : il n’était rien, ni homme ni femme ; il attirait l’attention en se présentant comme un repoussoir à la relation ». « À un niveau plus profond, j’aurais du mal à considérer comme un homme celui qui ne serait pas -virtuellement- capable de me pénétrer, et je n’ai pas peur de me faire piéger dans ma vie privée par un transsexuel FM parce que le critère de surface en costume d’Adam est parlant. Il n’en va pas de même pour mes collègues hommes en face d’un transsexuel MF ». (CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob ; 282 p).

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LA RÉPONSE FOLLE à UNE DEMANDE FOLLE

Remise du certificat de Cissexualisme ou syndrome de Chilette

« Je continue de penser néanmoins que l’idée de conserver le sexe est une idée folle ».

(C.Collant, (2003), Le CISsexualisme, Paris, PAF, Que sais-je ?, N° 3671, 127 p).

« Je continue de penser néanmoins que l’idée de changement de sexe est une idée folle ».

(Chiland Colette, (2003), Le transsexualisme, Paris, PUF, Que sais-je? N° 3671, 127 p).

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LA SOUFFRANCE DES CySCHIATRES !

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Les vrais CIS ne sont pas homosexuel.le.s

« ... Ils sont rares, ce sont le plus souvent des CISvestis ».

(C.Collant, (2003), Le CISsexualisme, Paris, PAF, Que sais-je? N° 3671,127 p).

« ...ils sont rares, ce sont le plus souvent des transvestis ».

(Chiland Colette, (2003), Le transsexualisme, Paris, PUF, Que sais-je? N° 3671, 127 p).

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L’affolement de la boussole du sexe « Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils finissent par entraîner les médeCis dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d’eux au finish ce qu’ils ont décidé d’obtenir ». (C.Collant, garder le sexe, OhMYGodE, p. 41).

« Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils finissent par entraîner les médecins dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d’eux au finish ce qu’ils ont décidé d’obtenir ». (CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob, p. 41 ; 282 p).

« Pour parler des CISsexuels, les médecis ont dit les CISsexuel.le.s pour les trans, les CISsexuels pour les intersexes. Mais les CISsexuel.le.s protestent et font le choix contraire : les trans parce qu’yels sont des CIS à leurs yeux, disent qu’iels sont des CIS ; les intersexes disent qu’yels sont des CIS. On ne peut plus utiliser l’opposition CISsexuel.le/ CISsexuel, car on ne sait plus qui veut dire quoi ». (C.Collant, (2003), Le CISsexualisme, Paris, PAF, Que sais-je ?, N° 3671, 127 p).

« Pour parler des transsexuels, les médecins ont dit les transsexuels pour les mâles, les transsexuelles pour les femelles. Mais les transsexuels protestent et font le choix contraire : les mâles parce qu’ils sont des femmes à leurs yeux, disent qu’ils sont des transsexuelles ; les femelles disent qu’elles sont des transsexuels. On ne peut plus utiliser l’opposition transsexuels-transsexuelles, car on ne sait plus qui veut dire quoi ». (Chiland Colette, (2003), Le transsexualisme, Paris, PUF, Que sais-je ?, N° 3671, 127 p).

« La crémière chez laquelle vous vous fournissez est peut-être parent.e de famille. Des religieuxS.e.s, des médecis, des infirmièr.e.s, des employé.e.s, des petits fonctionnaires « gardent » le sexe. [...] Ces Trans devenu.es CIS peuvent se marier, adopter des enfants, les Intersexes transformé.es en CIS font inséminer artificiellement leur épous.e et sont des parent.e.s tout à fait légitimes de cette progéniture ».

(MYHTO Catherine, (1983), INsexe : Essai sur le CISsexualisme, Paris, PointDeSigne, 141 p, pp. 10-11).

« La crémière chez laquelle vous vous fournissez est peut-être père de famille. Des religieux, des médecins, des infirmiers, des employés, des petits fonctionnaires « changent » de sexe. [...] Ces hommes devenus femmes peuvent se marier, adopter des enfants, les femmes transformées en hommes font inséminer artificiellement leur épouse et sont des pères tout à fait légitimes de cette progéniture ». (MILLOT Catherine, (1983), Horsexe : Essai sur le transsexualisme, Paris, Point hors ligne, 141 p, pp. 10-11). 44


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Mes Saints !

« Mes entretiens avec des CIS m’ont permis d’expérimenter à quel point ce mouvement par lequel on doit faire varier la distance identificatoire est difficile avec eux » (...) (...) « Pendant la première phase de mon travail, par exemple, alors que je rencontrais des CIS en demande de « conservation de sexe », et par conséquent d’abord une CIStectomie, je me suis aperçue un soir que depuis quelque temps je m’endormais les mains posées sur ma poitrine, comme pour la protéger » (...) (...) « Depuis, je reste curieuse : qu’arrive-t-il de cette sorte aux autres chercheurs, aux médecis, aux juges, à tous ceux qui rencontrent des CISsexuels »? (PATER Matricia, (1994), L’illusion CISsexuelle, Paris, L’Arme à Temps, 297 p).

« Mes entretiens avec des hommes et surtout des femmes transsexuels m’ont permis d’expérimenter à quel point ce mouvement par lequel on doit faire varier la distance identificatoire est difficile avec eux »(...) (...) « Pendant la première phase de mon travail, par exemple, alors que je rencontrais des femmes en demande de « changement de sexe », et par conséquent d’abord une mastectomie, je me suis aperçue un soir que depuis quelque temps je m’endormais les mains posées sur ma poitrine, comme pour la protéger »(...) (...) « Depuis, je reste curieuse : qu’arrive-t-il de cette sorte aux autres chercheurs, aux médecins, aux juges, à tous ceux qui rencontrent des transsexuels »?

(MERCADER Patricia, (1994), L’illusion transsexuelle, Paris, L’Harmattan, 297 p, p. 271).

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C’est quoi ton vrai prénom ? Tu es opéré.e ? Tu as quoi entre les jambes ? Comment tu fais pour « faire du sexe »? Tu es hétérosexuel.le ou homosexuel.le ? Moi, je ne pourrais jamais baiser avec un homme avec un vagin ou une femme avec une bite, autant prendre un vrai mec ou une vraie meuf ! Je peux voir des photos de toi avant ? T’es un homme ou une femme ? Tu es plus agressif.e sous Testostérone ! Tu es trop stéréotypé.e, tu ne peux pas un peu déconstruire le genre ! Tu m’embrouilles, il n’y a que des hommes et des femmes dans la vie, choisis-le il ou le elle, et va jusqu’au bout ! Comprends-nous c’est dur pour nous ! Tu es trop courageus.e. Pourquoi ? Tu le sais depuis que tu es né.e ? Tu as vu un psy ? Ah oui, je sais ce que tu vis, j’ai vu le reportage sur Arthur sur NRJ12 ! Ce ne sont pas vos papiers ! Pourquoi mutiler ton corps, tu pourrais entreprendre un travail psy pour t’accepter comme tu es ! Comment tu peux « transitionner » si tu es féministe ! 48


TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LES CIS !

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Le dĂŠ/voile/ment

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Julien, juillet 2010

JĂŠrĂ´me, juillet 2013 52


LA CIStoire (ou LA seule Cis-histoire) Quand on voit le portrait de Pater MATRICIA, rien d’étonnant à première vue et pourtant, Pater ne s’est pas toujours appelée ainsi. Cette jeune trans est en effet née Mater, et a été une trans mariée. « De plus en plus de jeunes trans sont candidates à ce genre de transformations spectaculaires … Elle a choisi d’aller à Bangkok, le pays des CISCIS (où ces Trans se font opérer pour devenir Cis et ont même leur concours de beauté) pour subir ces opérations qui doivent faire d’elle un CIS ». Pater, cette ex-trans, qui « n’est pas du genre à mettre de l’eau de Cologne », « ne se sent pas tout à fait CIS tant qu’elle n’aura pas réalisé l’opération qui lui donnera tous les attributs CIS ». « Elle va subir plusieurs opérations pour être transformée en CIS. Le Professeur TN propose plusieurs forfaits dans ses cliniques high-tech pour riches étrangères. Nous suivons Pater dans un bar (surtout pas gay et lesbien) qui va rencontrer Charles et Beatriz, une ex-trans et un ex-trans qui souhaitent devenir CIS. Et entre « ex-trans » on parle motos, tatouages et pectoraux »... Citations détournées et quasi-mot pour mot du reportage : « Une vie de Cis », Huit à Neuf, WKZ, - 18min 54s - Le 23 juin 2013 à 18h35.

Quand on voit le portrait de Pater MATRICIA, rien d’étonnant à première vue et pourtant, Pater ne s’est pas toujours appelée ainsi. Cette jeune femme est en effet née Mater, et a été une femme mariée. «  De plus en plus de jeunes femmes sont candidates à ce genre de transformations spectaculaires … Elle a choisi d’aller à Bangkok, le pays des ladyboys (où ces hommes se font opérer pour devenir des femmes et ont même leur concours de beauté) pour subir ces opérations qui doivent faire d’elle un homme ». Pater, cette ex-femme, qui « n’est pas du genre à mettre de l’eau de Cologne », « ne se sent pas tout à fait homme tant qu’elle n’aura pas réalisé l’opération qui lui donnera tous les attributs masculins ». « Elle va subir plusieurs opérations pour être transformée en homme. Le Professeur TN propose plusieurs forfaits dans ses cliniques high-tech pour riches étrangères. Nous suivons Pater dans un bar (surtout pas gay et lesbien) qui va rencontrer Charles et Beatriz, une ex-femme et un ex-homme qui souhaitent devenir un homme et une femme. Et entre « ex-femmes » on parle motos, tatouages et pectoraux »... Dialogues rapportés quasi-mot pour mot du reportage : « Une vie d’homme », sept à huit, TF1, - 18min 54s - Le 23 juin 2013 à 18h35.

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Ce qui est transphobe et insupportable dans ces reportages, ce n’est pas ce que les personnes trans disent d’elles-mêmes, mais le traitement médiatique du sensationnel, l’exposition du « avant/après », c’est la visite du zoo, la foire aux monstres mais pas trop, que « les reporters » genrent les personnes suivant leur vision « cisgenrocentrée » et hétéronormée de la société et qu’yels ne racontent qu’UNE histoire trans parmi TANT D’AUTRES et toujours LA MÊME. Ils re et coproduisent, comme quasi tous les autres médias, avec la transphobie d’état (s’exerçant entre autres par la toutepuissance de la psychiatrie et du système juridique), une transphobie, une queerphobie (peur des gentes bizarres) ordinaires, légitimes. Celles-ci venant justifier le fait que certaines vies ont plus d’importance que d’autres, sont plus légitimes car relevant d’un pseudo-ordre naturel des choses. Quand les Cis commenceront à se nommer, comme les Trans ont à le faire en permanence, à prendre conscience de leurs privilèges de naissance et à comprendre qu’yels ne sont pas né.e.s homme ou femme (le féminisme, yels ne connaissent pas !), qu’yels ont été fabriqué.e.s par le même système politique que nous, alors peut-être que toutes les vies seront aussi légitimes et auront la même valeur !

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LA RÉPRESSION/ LE DÉNI/ DES LUTTES/ DES MINORITÉS

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Le CISlitant et le CISage

« Depuis quelques années, s’est développé un mouvement « CISgenre » ou « CIS » qui se définit comme n’ayant plus rien à voir avec les CISsexuels calmes, bien élevés et cachés, attendant poliment que les juges et les professionnels médicaux libéraux leur donnent le traitement bienfaisant dont ils avaient besoin pour poursuivre leur vie dans l’ombre de la société normale ». (COLLANT Chilette, « du sexe au sexe », pour la science, N° 350, 12/2006).

« Depuis quelques années, s’est développé un mouvement « transgenre » ou « trans » qui se définit comme n’ayant plus rien à voir avec les transsexuels calmes, bien élevés et cachés, attendant poliment que les juges et les professionnels médicaux libéraux leur donnent le traitement bienfaisant dont ils avaient besoin pour poursuivre leur vie dans l’ombre de la société normale ». (Chiland Colette, « d’un sexe à l’autre », pour la science, N° 350, 12/2006).

La Cisphobie n’a de sens que dans le renversement que j’opère dans cette exposition (vs Transphobie). Hors contexte, elle est à la transphobie ce que le racisme anti-blanc est au racisme : une impossibilité sémantique dans un contexte d’analyse de systèmes d’oppressions et une violence de plus faite aux dominé.e.s. 57


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Le cis féministe

« Il n’est pas question qu’un CISsexuel soit féministe, il ne peut que se conformer d’une manière caricaturale aux stéréotypes sociaux pour se faire reconnaître comme trans (et vice versa). Le discours des CISsexuels interrogés sur ce qu’est la transidentité ou l’intersexidentité est remarquablement pauvre et conformiste ». (C.Collant, garder le sexe, OhMYGodE, pp. 66-67).

« Il n’est pas question qu’un transsexuel mâle biologique soit féministe, il ne peut que se conformer d’une manière caricaturale aux stéréotypes sociaux pour se faire reconnaître comme femme (et vice versa). Le discours des transsexuels interrogés sur ce qu’est la masculinité ou la féminité est remarquablement pauvre et conformiste ». (CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob, pp. 66-67 ; 282 p).

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Les luttes Cis sont des luttes nazies

« La solution militante est que les mesures prises pour les minorités deviennent la loi générale (...) Songeons aux nazis qui ont réussi à faire adhérer presque tout un peuple à l’idéologie raciste ». (Chiland Colette, « Les mots et les réalités », l’information psychiatrique, volume 87, numéro 4, avril 2011).

« Les CISsexuels, ai-je défendu, posent les questions de principe touchant à la manipulation délibérée de l’humanité par les individus qui la composent ». (Pastel-Harry CIERGE, La Bétamorphose impensable : Essai sur le CISsexualisme et l’identité personnelle, 2003, Genaimard).

« Les transsexuels, ai-je défendu, posent les questions de principe touchant à la manipulation délibérée de l’humanité par les individus qui la composent ».

(Pierre Henri CASTEL, La Métamorphose impensable : Essai sur le transsexualisme et l’identité personnelle, 2003, Gallimard, p. 14).

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Mini -lexique Biopouvoir : «Le biopouvoir est un type de pouvoir qui s’exerce sur la vie : la vie des corps et celle de la population. Selon Michel Foucault, il remplace peu à peu le pouvoir monarchique de donner la mort. L’exercice de ce pouvoir constitue un gouvernement des hommes ; avant de s’exercer à travers les ministères de l’État, il aurait pris racine dans le gouvernement des âmes exercé par les ministres de l’Église. Les sujets du pouvoir exercé par les pasteurs de l’Église apprenaient à se considérer comme des brebis conduites par un berger. Le berger exerçait un pouvoir sur un troupeau de brebis, qu’il avait pour mission de sauver, plutôt que sur la population de corps de l’État-nation. Mais le fonctionnement de cette manière de pouvoir, proprement gouvernementale, restera la même, à travers l’Église ou l’État moderne : il est à la fois globalisant (le troupeau, la population) et individualisant (la brebis, le corps).(...) Dans cette version politique, étatique, le biopouvoir prendra en charge la vie, non plus des âmes, mais des hommes, avec d’un côté le corps (pour le discipliner) et d’un côté la population (pour la contrôler). L’élément commun au corps et à la population, c’est la norme. La norme statistique. C’est elle qui fera en sorte que ce biopouvoir s’exercera, de manière rationnelle, à la fois sur un ensemble statistique (une collectivité) et sur un individu/un particulier ». (Wikipédia) Cis : « Préfixe qui veut dire en deçà » (latin). En deçà (latin) : « De ce côté-ci. Il s’oppose à delà ». L’opposition apparente cis/trans ne peut se penser que dans une analyse dynamique matérialiste, avec toutes ses reconfigurations, mouvances et marges. Pour faire simple, Cis, ici signifie, toute personne qui ne se définit pas ou n’a pas de vécuS trans. Cisgenrocentrisme : « Ce qui écarte l’altérité de genre du côté de l’anormal, de l’abject, et qui constitue un ensemble d’obstacles à l’expression et à la réalisation d’une transidentité ». (la Trans-yclopédie, p. 294). Voir aussi le texte de présentation et les citations de Julia Serano (p. 69). Dégenration du langage : la langue française étant extrêmement binaire et sexiste (la règle « le masculin l’emporte sur le féminin » est un bel exemple), beaucoup de militant.e.s, dans une perspective féministe et/ou de « dégenration » se sont réapproprié.es celle-ci et ont inventé de nouveaux pronoms, ainsi que des accords qui contestent le sexisme et qui ne permettent pas de genrer a priori les personnes. Pronoms personnels : Yel, Iel, IlLE, elLE... Autres pronoms : celLEs, ceulLEs, cell.e.s, toustes, tousTEs.... Accords : E, .e.s,... DSM : Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (également désigné par le sigle DSM, abréviation de l’anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), publié par la Société américaine de psychiatrie (APA), est un ouvrage de référence qui classifie et catégorise des critères diagnostiques et des recherches statistiques de troubles mentaux spécifiques. La cinquième édition (DSM-V) a été publiée au mois de mai 2013. Le cinquième chapitre, partie intégrante de la classification internationale des maladies (CIM) créée par l’organisation mondiale de la santé (OMS), est un autre guide communément utilisé, principalement en Europe et autre part dans le monde. Le système de codage inclus dans le DSM-IV correspond aux codes utilisés dans le CIM-10, bien que certains codes ne correspondent pas car les deux publications n’ont pas été synchronisées lors de leur révision textuelle. LE DSM est écrit pas un collège de psychiatres américains et personne n’a d’obligation à le suivre. Les Trans y sont toujours présent.e.s comme l’anorgasmie et comme des tonnes d’autres « maladies » produites par la société. LE DSM n’est pas affranchi du lobbying des grands laboratoires pharmaceutiques. (Pour plus d’informations en ce qui concerne les Trans et les révisions des DSM, voir « la Trans-yclopédie », p. 254 à 259).

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Équipes off : équipes médicales, qui se sont autoproclamées officielles dès la fin des années 70, composées d’un psychiatre, un endocrinologue et d’un chirurgien et qui se disent « expert.e.s en transsexualisme ». Elles exercent un monopole, mais les personnes qui financièrement le peuvent et qui possèdent des réseaux passent par le privé pour échapper à leur maltraitance. Il y en a 6 en (f)rance. (Voir schéma du protocole p. 72). Empowerment : concept difficilement traduisible en français mais qui signifie : « capacitation » ou « empuissancement ». « L’empowerment va à l’encontre d’un individu opaque à lui-même ou soumis à la domination, il porte en son sein l’agency, la capacité d’agir, la puissance d’agir, l’agentivité. Le mot écrit Cynthia Krauss en introduction de « trouble dans le genre » , désigne « notre marge de manœuvre », notre « capacité à résister au pouvoir ». Le pouvoir s’entend ici au sens foucaldien du terme : il est plus un flux qu’une possession ». (La Trans-yclopédie : Tout savoir sur les transidentités, dirigé par Karine Espineira, Maud-Yeuse Thomas et Arnaud Alessandrin, 2013 , Éditions des Ailes sur un Tracteur, p. 29). Genderqueer : mot venant de l’anglais, voulant dire « genre bizarre ». Les personnes se définissant comme genderqueer peuvent être des personnes qui ne se reconnaissent ni comme « homme » ni comme « femme », ou qui se reconnaissent dans les deux genres...Plus généralement, ces personnes contestent le système binaire sexe/genre. On parle aussi de personnes genderfluids, gendervariants... FTM (Female To Male) : homme trans, garçon trans : personne assignée au sexe féminin à la naissance qui va vers un devenir « homme ». FT*, FTX/FTU : (Female To Unknown), personne assignée au sexe féminin à la naissance qui va vers un « autre genre », un autre devenir et ne se reconnaît pas forcément comme homme. MTF (Male To female) : femme trans, fille trans : personne assignée au sexe masculin à la naissance qui va vers un devenir « femme ». MT*, MTX/MTU : (Male To Unknown), personne assignée au sexe masculin à la naissance qui va vers un « autre genre », un autre devenir et ne se reconnaît pas forcément comme femme. Hétérosexisme/hétéropatriarcal/hétéronorme : régime politique (présenté comme fait de nature) qui postule qu’il n’existe que deux sexes (mâle/femelle), deux sexes sociaux (homme/femme), deux genres (féminin/masculin) et une seule orientation sexuelle (l’hétérosexualité) avec pour but la reproduction. Celui-ci impose également des rôles sociaux très définis pour les deux « sexes sociaux » au niveau du travail, de la sexualité...Les femmes, sont construites comme passives et cantonnées à une fonction reproductive et dépendantes dans tous les domaines de l’homme. L’homme est construit comme actif et producteur. Ce système a donc divisé les animaux « humains » en deux classes afin d’assurer la domination de la classe des hommes sur celle des femmes et de punir toute personne qui se construirait autrement ou qui transgresserait cet ordre politique. (J’ai volontairement fait une définition très simple de ces concepts qui se recoupent mais ne signifient pas exactement la même chose, afin que cela reste compréhensible pour tousTEs. J’ai également simplifié le rapport sexe/genre, aux mêmes fins, bien que pour moi le genre précède le sexe et le construit). Transsexualité/transsexualisme/cissexualité : je n’aime pas les termes de transsexualité, ni de cissexualité car transsexualité, transsexualisme ont été les noms, que les psychiatres ont choisi pour nommer les Trans. Si j’utilise le terme cissexualité dans le titre, c’est en retour à ce titre racoleur, mais qui parle à tout le monde (questionnez-vous...Pourquoi est-il si parlant?), «  La Transsexualité ce douloureux problème ». C’est un retournement.

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Trans : toute personne se définissant comme Trans avec toutes les limites et les différences de vécus que cela implique. Je ne reproduirai pas ici, comme le font certain.e.s militant.e.s, tout comme les psychiatres que nous combattons, une définition de qui est Trans ou pas. Je continue à penser que l’autoproclamation reste la seule définition possible, en gardant en tête les limites que cela implique et en faisant appel à l’honnêteté des personnes. Trans n’est pas un rôle qu’on endosse le matin et qu’on pourrait retirer le soir... « Être/être un Devenir Trans », te colle à la peau tous les jours de ta vie. Protocole : voir schéma (pp. 72-75). SOFECT : Société Française d’Études et de prise en Charge du Transsexualisme : La présidente n’est autre que M. BONIERBALE, C. CHILAND est membre d’honneur et tout le bureau est constitué par des médecins et psychiatres des équipes dites off. Créée en 2011.

Extrait de « La SOFECT : du protectionnisme psychiatrique » Texte de Arnaud Alessandrin, Maud-Yeuse Thomas et Karine Espineira Issu de : Histoire d’une dépathologisation, « Cahiers de la transidentité », vol.1, pp. 73-76 « Introduction En juillet 2010, contre toute attente, une nouvelle association apparaît dans le paysage transidentitaire. Il ne s’agit pas d’une association d’autosupport trans mais d’une association militante d’un genre nouveau puisqu’elle repose exclusivement sur les praticiens hospitaliers « experts » de la transidentité. Il n’est pas étonnant que cette association voit le jour quelques mois après la publication du rapport de la HAS sur la prise en charge du transsexualisme, et nous pouvons même faire l’hypothèse que c’est en réaction à l’organisation d’une assemblée générale des associations trans, tenue en avril de la même année, que s’est constituée la SOFECT (la Société Française d’Études et de prise en Charge du Transsexualisme). Déjà dans les années 80, des associations de médecins avaient vu le jour autour du transsexualisme (l’AAT par exemple). Mais les vingt dernières années du monde associatif trans sont, au contraire, caractérisées par l’émergence d’associations trans puissantes et nombreuses, en opposition plus ou moins franche avec les « experts » médicaux. La SOFECT apparaît donc dans un paysage associatif et plus largement un contexte sociétal, marqué par la lutte contre les discriminations du moins contre les préjugés, qui lui est défavorable. Il serait intéressant de souligner que c’est au niveau international comme local que se jouent ces oppositions. Au niveau international d’abord, puisque dans un contexte de redéfinition globale des classifications psychiatriques internationales (DSM et CIM), il apparaît que la SOFECT prend appui sur des définitions cliniques obsolètes, proposées à l’encontre de tou.te.s comme encore thérapeutiques : « À travers ces changements, l’action des médias, de politiques politiciennes, et d’associations d’usagers, peut obscurcir ce qui en France est le moteur de notre activité ». « Moteur » qui exclut les intéressé.es. Le cadre éthique d’une mutuelle compréhension est balayé au profit d’une idée globale de l’humain dont l’étayage est plus que jamais problématique. Ces espaces de déstabilisation sont des éléments puissants qui concourent à des redéfinitions en profondeur de ce que peuvent être les devenirs trans imprononçables dès lors via l’unique trope du transsexualisme pathologique. Pour le dire autrement, alors que la psychiatrie internationale change, alors que le droit international change, en France c’est le statu quo. L’absence d’évolution nette de la part des praticiens hospitaliers français quant au transsexualisme nous dit aussi quelque chose sur la manière dont les « experts » professionnels prennent en compte la parole et les revendications de ceux qui viennent les contrarier au plus près de leur pratique quotidienne ; à savoir les « experts » associatifs. Face aux trans et face aux changements, la SOFECT est immobile. Cette constance, que nous pourrions aussi juger comme étant l’absence de volonté d’adaptation, est d’autant plus étrange que les idées défendues (celles d’un « vrai » et d’un « unique » « transsexualisme ») autant que la population prise en charge dans ces équipes, sont minoritaires au niveau des pratiques 64


trans. De ce point de vue, à défendre des intérêts catégoriels, psychiatriques, ces praticiens rendent invisible et inaudible l’immense majorité des personnes qui désirent changer de sexe et de genre, en les repoussant vers un hors cadre juridique et médical qui les rend vulnérables. Mais en même temps qu’il les vulnérabilise, il renforce leur autonomie à l’endroit même de leurs désirs de reconnaissance, dans leur conviction par exemple qu’une éthique clinique du transsexualisme est aussi une éthique de l’accès aux soins et non seulement de la prise en charge des individus mais plus profondément de la prise en compte des parcours ; parcours qui aujourd’hui ne peuvent que se prononcer qu’au pluriel. Depuis l’été 2010 donc, les praticiens des équipes hospitalières de changement de sexe en France se sont réunis pour harmoniser leurs pratiques, faire face aux critiques associatives, répondre aux exigences de la Haute Autorité de Santé en termes de suivis et enfin s’organiser en une association forte dans le but de pouvoir discuter avec les autorités compétentes. Le texte de janvier 2011 écrit par sa présidente, Mireille Bonierbale, ne fait aucun doute : « L’année 2010 a été marquée par la constitution de notre société et par le rassemblement de nos forces qui en a fait un interlocuteur incontournable. Souhaitons que 2011 voie une structuration encore plus élaborée de ces forces, mais d’ores et déjà notre société en elle-même est devenue une interface de communication et de coordination qui n’avait jamais existé jusque-là. Nous allons donc continuer nos échanges et mettre en place un travail commun de recherches qui nous permettront d’acquérir une surface scientifique nationale. » Cette stratégie de marketing a marqué les esprits et révèle le mouvement opéré lors de la prise en charge. Les protocoles hospitaliers sont « nationaux » et butent sur la pratique des associations et l’internationalisation de l’offre de soins. Rappelons que celles-ci ont mis en place des réseaux en Europe afin de pallier l’hégémonie psychiatrique et l’incompétence (voire la dangerosité) des chirurgies pratiquées. En ce sens, malgré les concertations mondiales, celles-ci restent spécifiques à la France à la fois dans leur méthode chirurgicale et dans leurs modes de suivi. En 2010, lors d’une réunion ministérielle, la SOFECT propose ainsi de bloquer la circulaire de prise en charge des opérations dans l’U.E. Selon un des responsables associatifs présents à cette réunion : « La demande de circulaire que nous avions déposée pour les prises en charge hors de France n’a pas pu quitter le ministère de la Santé. La Sofect s’y étant opposée ». Stratégie d’appropriation doublée d’une stratégie de droit de veto malgré leur position minoritaire. Toujours lors de cette réunion, la SOFECT remet un document de travail au ministère de la Santé s’opposant aux demandes des associations et de la HAS (Haute Autorité de Santé) qui, dans son rapport de 2010, envisageait un remboursement des opérations faites à l’étranger « tant que l’offre de soins ne sera pas suffisante ». La SOFECT y répondra de la manière suivante : « Le libre choix du médecin devrait obéir aux règles générales sur le territoire national […] et non à des présupposés […] Il n’y a aucune justification rationnelle pour un remboursement de la prise en charge à l’étranger ». Suite à cette réunion, les demandes des associations sont restées lettre morte. D’ailleurs, ces interventions à l’étranger sont désignées par certains praticiens français comme du « tourisme médical ». Pour l’essentiel, il s’agit de maintenir un monopole exclusif alors même que les équipes hospitalières traitent un pourcentage réduit de la population trans. On s’oppose ici aux formes transgenres mais on souhaite néanmoins en contrôler l’existence. On soulignera la méfiance qu’inspirent ces pratiques chirurgicales internationales alors qu’il s’agit de s’intéresser de plus près à cette « industrie émergente » du soin, concurrentielle et mondialisée. Car les choses ne sont pas immobiles. Le contexte des transidentités évolue, vite, et déstabilise ce protectionnisme psychiatrique que constitue ou tente de préserver la SOFECT ».

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TEXTE INTÉGRAL

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« La Cissexualité*, ce douloureux problème ».

Quand les minorités viennent nommer et questionner la norme. Toutes les minorités (personnes racisées, gays, lesbiennes, intersexes, précaires, femmes,...) sont des minorités, car elles ont en commun des actions exercées par la norme sur elles. Elles sont ainsi : • invisibilisées • nommées par les autres • stigmatisées, via des différences érigées au nom de « Dame Nature » • /ont leurs corps exotisés, fantasmés par les normes en vigueur • de par des différences fabriquées comme fait de nature, discriminées d’un point de vue légal ou/et social • /ont LEUR parole confisquée par des pseudo expert.e.s • des objets d’études (exemple : la construction du concept de race par la médecine et sa mesure...)... Elles se renomment aussi, elles-mêmes « minorités » pour se regrouper, pour lutter, remettre en question les normes et montrer la fabrique de l’a/normal par la société et souvent via la distinction « sain/ pathologique ». Ce travail aborde plus spécifiquement la/les minorités que constituent les personnes Trans. Qui, en effet, n’a jamais entendu parler de « La Transsexualité*, ce douloureux problème » ? Les médias nous inondent de la souffrance supposée et nécessaire ; des « transformations spectaculaires » des personnes Trans, en invitant des médecins pseudo-expert.e.s et gardien.ne.s des possibilités de vie des Trans, pour parler sur les Trans comme objets d’études, de pratiques sur et de discours sur. [ ...1] (*Je n’aime pas les termes de transsexualité ni de cissexualité car transsexualité, transsexualisme ont été les noms, que les psychiatres ont choisi pour nommer les Trans. Si j’utilise le terme cissexualité dans le titre, c’est en retour à ce titre racoleur, mais qui parle à tout le monde (questionnez-vous... Pourquoi est-il si parlant ? ), «  La transsexualité ce douloureux problème ». C’est un retournement. [ ...1]. Pour les Trans, comme pour bien d’autres minorités, la question majeure qui se pose est : comment reprendre du pouvoir sur nos vies, s’empowermenter quand on est constamment montré.e comme victime, « erreur de la nature », sans possibilité de se nommer, dépendant.e des décisions du pouvoir biopolitique... Quand d’autres nous nomment et décident à notre place qui nous sommes et ce que nous avons le droit de faire de nos vies ? Une des formes de « la capacité de pouvoir d’agir » (empowerment) est le retournement et le questionnement de LA Norme. LA Norme qui possède ce privilège de ne jamais avoir à se nommer, car considérée comme naturelle et donc, invariante et universelle (et n’ayant SURTOUT rien à voir avec une production de la société dont le processus même de production aurait été invisibilisé) [...2] Ainsi l’hétérosexualité n’a été « inventée » ou nommée que quand une minorité opprimée par cette norme, nommée par elle, les homosexuel.l.e.s , a commencé à s’affirmer et à se rebeller en se réappropriant les insultes, en nommant la norme et par cette nomination se réapproprier un nom et une capacité d’agir. « II est intéressant de noter qu’à nommer et à classer qui sont les autres (Delphy, 2008), on se nomme soi même ». (L’invention de la culture hétérosexuelle, Tin 2011) (La Trans-yclopédie : Tout savoir sur les transidentités, dirigé par Karine Espineira, Maud-Yeuse Thomas et Arnaud Alessandrin, 2013, Éditions des Ailes sur un Tracteur, p. 137). L’homosexualité était une maladie mentale jusqu’en 1991 et classifiée dans le DSM III, elle a été pénalisée longtemps en (f)rance et il a fallu attendre 1982 pour qu’elle soit « dépénalisée ». Il semblerait 67


que beaucoup de gays et de lesbiennes aient oublié leur histoire quand on lit, entend, leurs réactions face aux personnes Trans ! Aujourd’hui, les Trans sont toujours dans le DSM V qui vient de sortir et en (f)rance, toujours « soumis. es » à la validation de leur « identité » par des psychiatres. En effet, tout comme pour la construction du concept de race, ce sont les médecins et plus particulièrement les psychiatres (suivant la bible non obligatoire qu’est le DSM*), qui ont instauré de manière illégale et avec un monopole de toute-puissance, dès la fin des années 70, un protocole de soins du « transsexualisme » et des équipes qui se sont ellesmêmes autoproclamées officielles (« équipes off ») composées de la triade psychiatre, endocrinologue et chirurgien. Et ce sera le psychiatre qui dira, au bout de deux à trois ans si vous êtres Trans et si pouvez « intégrer » un parcours unilatéral, complet, non choisi qui a pour but de fabriquer des « surhommes » et des « surfemmes », tout comme la société hétéronormée fabrique des hommes Cis et des femmes Cis*. (Pour une explication complète de la violence faite aux personnes Trans, voir le schéma page 72).[...2]. Ainsi, cette exposition reprend à son compte les techniques d’empowerment et de retournement, en nommant la norme : le « cisgenrocentrisme* » et les personnes Cis* ; en les prenant comme objets d’études, de discours sur, d’écrits sur, tout comme le sont toujours les personnes Trans. Elle reprend les représentations et les questions les plus courantes des Cis sur les Trans, les protocoles psychiatrico-médicaux et la nécessaire et Unique Histoire Trans écrite par des Cis, pour continuer à co-produire des hommes et des femmes plus conformes pour et par un régime politique hétérosexiste, pour les appliquer aux Cis. Elle déplace les « questions Trans » d’un champ purement médico-légal à une question politique, tout comme le font les luttes Trans, en (f)rance, depuis le début des années 2000. [...3] Dans ce cadre, elle reprend le concept de maltraitance théorique développé par Francois Sironi : « Ce phénomène apparaît lorsque les théories sous-jacentes à des pratiques sont plaquées sur une réalité clinique qu’elles recouvrent, qu’elles redécoupent ou qu’elles ignorent. Elles agissent alors comme de véritables discrédits envers la spécificité des problématiques et des populations concernées. Ce type de maltraitance a un impact direct et visible sur les patients, les cliniciens, et sur la production de savoir dans la discipline concernée. On comprend alors que la portée de la maltraitance théorique n’est pas uniquement clinique, elle est politique ». (Extrait de F. Sironi, Psychologie(s) des transsexuels et des transgenres, Odile Jacob, 2011, p. 14) ( L.R., La transphobie dans les discours et les pratiques psychologiques, http://www.observatoire-des-transidentites. com/article-la-transphobie-dans-les-discours-et-les-pratiques-psychologiques-118154345.html) [...3]. Elle aborde plus particulièrement la question de la maltraitance des psychiatres et autres pseudo-expert.e.s du « transsexualisme », qui exercent leur toute-puissance. Ces psychiatres et autres qui ont écrit sur les Trans, ont créé et continuent à exercer dans les équipes off *, à maltraiter les personnes Trans et qui pour certain.e.s ont récemment créé la SOFECT* afin de lutter contre ces militant.e.s Trans qu’yels assimilent à des nazis. Les citations à côté des photographies sont des citations détournées (en noir) et les citations originales (en rose ou bleu) des auteur.e.s ci-dessous : Je n’ai pris que les plus prolixes et connu.e.s pour avoir été zappé.e.s, entre autre par le GAT (Groupe Activiste Trans) et Act Up, à savoir Colette Chiland, Patricia Mercader, Mireille Bonierbale et Pierre-Henri Castel (dont vous pourrez consulter les écrits transphobes dans la petite bibliothèque du Cissexualisme*). Cette transphobie d’état agit comme une norme, par laquelle nous sommes tout.e.s « formaté.e.s », 68


traversé.e.s en permanence et il s’agit ici, non seulement de questionner la fabrique de cette norme par la société en vigueur mais aussi et surtout de permettre à toute personne Cis de se questionner quant à ce système et à ses propres représentations. Ce travail, de fait, met à mal le « cisgenrocentrisme* » [...4] qui procède de deux phénomènes invisibilisés dans leur production :

- Le processus de « genrement » : pensé par les Cis comme naturel et pur fait d’observation, leur donnant la légitimé à assigner les autres en fonction de leur apparence, alors que le processus de « genrement » est une spéculation sur les apparences. - L’évidence Cis : penser que le fait qu’on s’accommode à peu près de son genre est valable pour toustEs*. « En d’autres mots, lae Cis projette sans distinction son « cisgenrocentrisme » sur les autres personnes, ce qui transforme le « cisgenrocentrisme » en attribut humain considéré comme acquis. Il y a là une analogie évidente avec l’évidence hétérosexuelle : la plupart des Cis supposent que toutes les personnes qu’illes* rencontrent sont aussi Cis, tout comme la plupart des hétérosexuelLEs supposent que toutes les personnes qu’illes rencontrent sont aussi hétérosexuelles (sauf si, bien sûr, illes ont eu preuve du contraire) ». (Julia Serano Whipping Girl : A Transsexual Woman on Sexism and the Scapegoating of Femininity, SealPress, 2007) (traduction : « le privilège cissexuel » par le Collectif MTF (Misandres Terroristes Féministes), oct 2011, http://infokiosques.net/lire.php?id_article=884). De ces deux processus découle un sentiment exagéré de légitimité Cis qui hiérarchise et rend plus légitime les « identités Cis » que « les identités Trans ». « Cela va au-delà de l’appropriation de leur propre genre, pour arriver à un niveau où illes se considèrent comme les arbitres ultimes pouvant statuer sur qui a le droit de se nommer femme ou homme ». (...) « Après tout, personne dans notre société ne demande jamais la permission d’appartenir à un genre ou un autre ; au contraire, nous sommes juste qui nous sommes et les autres personnes font en conséquence des suppositions quant à notre genre. Ainsi, quand Greer utilise le mot « demander » et « obligées », elle ne parle pas de si les femmes Trans devraient être autorisées à être des femmes, mais si oui ou non notre appartenance au genre féminin devrait être respectée et légitimée de la même façon que celle des femmes Cis. En attribuant différents niveaux de légitimité aux genres dans lesquels s’identifient et vivent les gentes, en fonction de si elles sont Cis ou Trans, Greer produit et exerce un privilège Cis ». (Julia Serano, idem). Cette hiérarchisation se base aussi sur le fait que « le privilège Cis » serait un droit de naissance : « étant donné que les Cis sont généralement inconscientEs du fait que leur sentiment de légitimité de genre résulte de l’acte de genrement et de l’évidence Cis, illes se mettent souvent à justifier leur croyance que leur genre est plus légitime ou « vrai » que celui d’unE* trans. (Julia Serano, idem). Mais il n’en découle pas seulement une hiérarchisation des « identités de genre », mais aussi deux formes d’objectivisation des personnes Trans qu’on retrouve et qui sont présentées dans cette exposition : - Une concentration excessive et malsaine sur LA TRANSFORMATION physique (tout comme on questionne les gays et les lesbiennes sur ce qu’ils et elles font dans leur chambre à coucher). Thème central des reportages télévisuels et des articles de journaux. Puisque les Cis sont la norme et donc sont plus naturel.l.e.s, ils se sentent légitimes pour questionner les différences par rapport à leur propre vision du genre (cisgenrocentrisme) et construisent le zoo, la foire aux monstres...

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- Un phénomène de fascination/exotisation sur les organes génitaux des personnes Trans : c’est une focalisation cisgenrocentrée sur l’écart à leur propre vision du genre et du sexe.[...4]. Il m’est apparu comme primordial, dans cet espace/temps particulier (un colloque fait par des Trans sur les transidentités), d’arrêter de pointer ou de montrer des personnes Trans pour mettre un terme à l’imagerie du spectaculaire, de la foire aux monstres et à la re et co-production des discours des personnes Cis sur les personnes Trans. En mettant les personnes Cis au cœur d’une exposition, à ce moment particulier, j’espère qu’elles pourront s’identifier et commencer à questionner leurs privilèges de personne Cis. Le questionnement débute par le fait d’avoir à se nommer, ce que peu de personnes Cis font, (il en va de même pour les personnes hétérosexuelles), de faire son « coming out » de Cis pour prendre conscience que la nature n’a pas grand-chose à voir dans cela ; que les constructions qu’elles soient Cis, Trans, Intersexes ou autres relèvent du même régime politique « hétérosexiste, raciste, classiste, validiste ...» qui fabrique des normes (Cis, hétérosexuelles, blanches, viriles, valides, de classe..) en les faisant passer comme fait de nature. Et les personnes Trans, Intersexes et autres « identitéS non binaires » ne sont pas moins légitimes à exister que les personnes Cis et qu’ilLEs sont yels*- mêmes expertEs de leurs trajectoires de vie ! Nous sommes issu.e.s pour certain.e.s des mouvements féministes et en reprenant ces grilles d’analyses à notre compte, nous affirmons : « Nos corps nous appartiennent ! » « Ne me libère pas, je m’en charge ! » [...5] Je terminerai par une dernière citation en ce qui concerne la pseudo-neutralité des discours scientifiques (vous pouvez aussi lire « La matrice de la race », Elsa Dorlin) qu’on nous oppose en permanence : « Le neutre ne peut se résumer aux positions cisidentitaires, blanches, mâles et occidentales (j’oublie hétérosexuelles et en bonne santé). Le point de vue féministe ou Trans n’est en rien plus partial que les points de vue professionnels présentés comme neutres. L’expert doit donc impérativement dire ce dont il parle mais aussi d’où est-ce qu’il parle. Ainsi, il situe le discours à l’échelle d’une recherche, de son contexte et des interactions qu’elle inclut ». (L.R, Idem) [...5]. Naïel, 08/07/2013

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ANNEXES

• Schéma des contraintes psychiatrico-médicales et juridiques s’exerçant sur les personnes Trans (équipes off et protocoles). • Le Kit du psychiatre spécialisé en Cissexualisme. • Le kit du patient Cis. • La petite bibliothèque du Cissexualisme.

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KIT du PSYCHIATRE spécialisé en CISSEXUALISME 76


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KIT du patient CIS 86


récit-type pour les cis qui vont à leur 1er rendez-vous avec un psychiatre des équipes off

www.cis-infos.com 87



LA PETITE BIBLIOTHÈQUE DU CISSEXUALISME 89


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C.Collant , garder le sexe, OhMYGodE, 1997 « Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils finissent par entraîner les médecis dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d’eux au finish ce qu’ils ont décidé d’obtenir ». (p. 41). « ...il n’y a aucun équivalent parmi eux (les CISsexuels T to C) de cette faune constituée par certains CISsexuels (I To C), faune si étrange qu’elle donne du recul aux autres consultants CISsexuels dans la salle d’attente. En particulier, on ne trouve pas parmi eux de prostitué.e.s et très rarement des personnes vivant uniquement de subsides sociaux ». (p. 138). « Pour les aider dans ce chemin long et douloureux, nous plaidons pour l’amélioration des soins par une augmentation des ressources allouées aux équipes pluridisciplinaires qui assurent cette CISition ». (p. 41). « Je suis surprise de voir arriver un.e très joli.e trans, dont on se demande comment elle a pu épouser ce CIS qui n’a l’air ni d’un.e trans, ni d’un.e intersexe, est obèse et n’a aucun charme ». (p. 139). « J’ai compris que je m’étais laissé piéger par son aspect déconcertant, effrayant, non pas parce qu’il aurait été une caricature de trans, un cislo sans talent : il n’était rien, ni trans, ni intersexe ; il attirait l’attention en se présentant comme un repoussoir à la relation ». « A un niveau plus profond, j’aurais du mal à considérer comme un trans celui qui ne serait pas -virtuellement- capable de me faire jouir, et je n’ai pas peur de me faire piéger dans ma vie privée par un cissexuel (I To C) parce que le critère de surface en costume d’Adam est parlant. Il n’en va pas de même pour mes collègues trans en face d’un CIssexuel (T To C) ». « Il n’est pas question qu’un CISsexuel soit féministe, il ne peut que se conformer d’une manière caricaturale aux stéréotypes sociaux pour se faire reconnaître comme trans (et vice versa). Le discours des CISsexuels interrogés sur ce qu’est la transidentité ou l’intersexidentité est remarquablement pauvre et conformiste ». (p. 66-67). « ...Souvent en même temps, son habitus, sa voix de fausset, ses manières affectées évoquent l’hétérosexualité de type masculine ». (p. 122).

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CHILAND Colette, (1997), Changer de sexe, Paris, Odile Jacob « Tous souffrent, ils sont même si pathétiques qu’ils finissent par entraîner les médecins dans un affolement de la boussole du sexe et obtenir d’eux au finish ce qu’ils ont décidé d’obtenir ». (p. 41). « ...il n’y a aucun équivalent parmi eux (les transsexuels F to M) de cette faune constituée par certains transsexuels MF, faune si étrange qu’elle donne du recul aux autres consultants transsexuels dans la salle d’attente. En particulier, on ne trouve pas parmi eux de prostituées et très rarement des personnes vivant uniquement de subsides sociaux ». (p. 138). « Pour les aider dans ce chemin long et douloureux, nous plaidons pour l’amélioration des soins par une augmentation des ressources allouées aux équipes pluridisciplinaires qui assurent cette transition ». (pp. 66-67). « Je suis surprise de voir arriver une très jolie femme, dont on se demande comment elle a pu épouser cet homme qui n’a l’air ni d’un homme, ni d’une femme, est obèse et n’a aucun charme ». (p. 139) « J’ai compris que je m’étais laissé piéger par son aspect déconcertant, effrayant, non pas parce qu’il aurait été une caricature de femme, un travelo sans talent : il n’était rien, ni homme ni femme ; il attirait l’attention en se présentant comme un repoussoir à la relation ». « A un niveau plus profond, j’aurais du mal à considérer comme un homme celui qui ne serait pas -virtuellement- capable de me pénétrer, et je n’ai pas peur de me faire piéger dans ma vie privée par un transsexuel FM parce que le critère de surface en costume d’Adam est parlant. Il n’en va pas de même pour mes collègues hommes en face d’un transsexuel MF ». « Il n’est pas question qu’un transsexuel mâle biologique soit féministe, il ne peut que se conformer d’une manière caricaturale aux stéréotypes sociaux pour se faire reconnaître comme femme (et vice versa). Le discours des transsexuels interrogés sur ce qu’est la masculinité ou la féminité est remarquablement pauvre et conformiste ». (pp. 66-67).

« ...Souvent en même temps, son habitus, sa voix de fausset, ses manières affectées évoquent l’homosexualité de type efféminée ». (p. 122).

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PATER Matricia, (1994), L’illusion CISsexuelle, Paris, L’Arme à Temps, (297 p)

« La conviction d’être un sexe relève du domaine de l’illusion voire du délire », « Le syndrome CISsexuel peut se concevoir comme une forme particulière de décompensation psychotique ou bien de décompensation chez un borderline ». « Or, il suffit de considérer les CISsexuels dans leur sexe sociologique, comme tout le monde en somme, sans se convertir à ce que j’ai nommé plus haut leur hérésie, pour voir leur demande sous un tout autre angle et envisager des approches thérapeutiques bien différentes de « la conservation de sexe » [...] (p. 270). « Or l’une des caractéristiques de l’attitude naturelle à l’égard du sexe est d’être invariant : tel individu est trans ou intersexe parce qu’il a été trans ou intersexe dès sa naissance, et le restera jusqu’à sa mort et même au-delà ». « Mes entretiens avec des CIS m’ont permis d’expérimenter à quel point ce mouvement par lequel on doit faire varier la distance identificatoire est difficile avec eux » (...) (...) « Pendant la première phase de mon travail, par exemple, alors que je rencontrais des CIS en demande de « conservation de sexe », et par conséquent d’abord une CIStectomie, je me suis aperçue un soir que depuis quelque temps je m’endormais les mains posées sur ma poitrine, comme pour la protéger » (...) (...) « Depuis, je reste curieuse : qu’arrive-t-il de cette sorte aux autres chercheurs, aux médecis, aux juges, à tous ceux qui rencontrent des CISsexuels » ? (p. 271).

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MERCADER Patricia, (1994), L’illusion transsexuelle, Paris, L’Harmattan, (297 p)

« La conviction de ne pas être de son sexe, mais de l’autre relève du domaine de l’illusion voire du délire », « Le syndrome transsexuel peut se concevoir comme une forme particulière de décompensation psychotique ou bien de décompensation chez un borderline ». « Or, il suffit de considérer les transsexuels dans leur sexe biologique, comme tout le monde en somme, sans se convertir à ce que j’ai nommé plus haut leur hérésie, pour voir leur demande sous un tout autre angle et envisager des approches thérapeutiques bien différentes du « changement de sexe » [...] » (p. 270). « Or l’une des caractéristiques de l’attitude naturelle à l’égard du sexe est d’être invariant : tel individu est homme ou femme parce qu’il a été homme ou femme dès sa naissance, et le restera jusqu’à sa mort et même au-delà ». « Mes entretiens avec des hommes et surtout des femmes transsexuels m’ont permis d’expérimenter à quel point ce mouvement par lequel on doit faire varier la distance identificatoire est difficile avec eux » (...) (...) « Pendant la première phase de mon travail, par exemple, alors que je rencontrais des femmes en demande de « changement de sexe », et par conséquent d’abord une mastectomie, je me suis aperçue un soir que depuis quelque temps je m’endormais les mains posées sur ma poitrine, comme pour la protéger » (...) (...) « Depuis, je reste curieuse : qu’arrive-t-il de cette sorte aux autres chercheurs, aux médecins, aux juges, à tous ceux qui rencontrent des transsexuels » ? (p. 271).

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Pastel-Harry CIERGE, La Bétamorphose impensable : Essai sur le CISsexualisme et l’identité personnelle, 2003, Genaimard

« Même les individus les moins instruits sont capables d’interrogations dont la force laisse sans voix ». (p. 14).

« Les CISsexuels, ai-je défendu, posent les questions de principe touchant à la manipulation délibérée de l’humanité par les individus qui la composent ».

« C’est un scepticisme ou un relativisme faible qui s’appuie sur ces contre-exemples pour mettre en cause l’universalité du sexe et des normes homosexuelles qui s’y articulent (...). Il n’y a jamais dans ces exemples spectaculaires de « sexe », de preuve qu’il s’agit d’un fait social constituant (p. 325) (...). La rareté des exemples allégués se retournent contre l’argument qu’on veut en tirer ».

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Pierre Henri CASTEL, La Métamorphose impensable : Essai sur le transsexualisme et l’identité personnelle, 2003, Gallimard

« Même les individus les moins instruits sont capables d’interrogations dont la force laisse sans voix ». (p. 14).

« Les transsexuels, ai-je défendu, posent les questions de principe touchant à la manipulation délibérée de l’humanité par les individus qui la composent ».

« C’est un scepticisme ou un relativisme faible qui s’appuie sur ces contreexemples pour mettre en cause l’universalité du dimorphisme sexuel et des normes hétérosexuelles qui s’y articulent (...). Il n’y a jamais dans ces exemples spectaculaires de « troisième sexe », de preuve qu’il s’agit d’un fait social constituant (p. 325) (...). La rareté des exemples allégués se retournent contre l’argument qu’on veut en tirer ».

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C.Collant, (2003), Le CISsexualisme, Paris, PAF (Que sais-je ? , N° 3671), 127p

« Certains se font l’avocat de l’acceptation des comportements de l’enfant (…). D’autres pensent d’autre part que l’enfant en souffre, et pas seulement en fonction de l’intolérance de l’environnement ; d’autre part que le CISsexualisme est une condition si douloureuse qu’il vaudrait mieux tenter d’en éviter la survenue ». « Je continue de penser néanmoins que l’idée de conserver le sexe est une idée folle ». «... Ils sont rares, ce sont le plus souvent des CISvestis ». « Pour parler des CISsexuels, les médecis ont dit les CISsexuel.le.s pour les trans, les CISsexuel.le.s pour les intersexes. Mais les CISsexuel.le.s protestent et font le choix contraire : les trans parce qu’yels sont des CIS à leurs yeux, disent qu’iels sont des CIS ; les intersexes disent qu’yels sont des CIS. On ne peut plus utiliser l’opposition CISsexuel.le/CISsexuel.le, car on ne sait plus qui veut dire quoi ». « Ce n’est pas un refus de son sexe d’assignation qui conduit un sujet à être hétérosexuel. On pourrait par contre, dire que c’est un refus d’assumer complètement la différence sexuelle, avec toutes ses conséquences ». « Mais il n’existe pas chez l’animal d’hétérosexualité comparable à celle de l’homme, comme choix d’objet exclusif ».

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Chiland Colette, (2003), Le transsexualisme, Paris, PUF, (Que sais-je ? ), N° 3671, 127p

« Certains se font l’avocat de l’acceptation des comportements de l’enfant (…). D’autres pensent d’autre part que l’enfant en souffre, et pas seulement en fonction de l’intolérance de l’environnement ; d’autre part que le transsexualisme est une condition si douloureuse qu’il vaudrait mieux tenter d’en éviter la survenue ». « Je continue de penser néanmoins que l’idée de changement de sexe est une idée folle ». « ...ils sont rares, ce sont le plus souvent des transvestis ».

« Pour parler des transsexuels, les médecins ont dit les transsexuels pour les mâles, les transsexuelles pour les femelles. Mais les transsexuels protestent et font le choix contraire : les mâles parce qu’ils sont des femmes à leurs yeux, disent qu’ils sont des transsexuelles ; les femelles disent qu’elles sont des transsexuels. On ne peut plus utiliser l’opposition transsexuels-transsexuelles, car on ne sait plus qui veut dire quoi ». « Ce n’est pas un refus de son sexe d’assignation qui conduit un sujet à être homosexuel. On pourrait par contre, dire que c’est un refus d’assumer complètement la différence sexuelle, avec toutes ses conséquences ». « Mais il n’existe pas chez l’animal d’homosexualité comparable à celle de l’homme, comme choix d’objet exclusif ».

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«La Cissexualité*, ce douloureux problème». Quand les minorités viennent nommer et questionner la norme.

« La Cissexualité, ce douloureux problème » est une réponse directe, sans concession et en miroir, d’une personne genderqueer* et Trans, à la toute puissance du monde psychiatrico-médical et judiciaire sur les vies de certaines personnes. Elle n’est pas là pour demander bien gentiment et poliment, aux diverses mouvances politiques qui gouvernent cet état, des droits. Elle existe pour dénoncer cet état de non droit qui s’exerce sur les personnes Trans (et Intersexes) et montrer en creux la fabrication des normes de genre par un régime politique hétéropatriarcal. Ce livre ne s’adresse pas spécifiquement aux personnes Trans, il s’adresse à toustEs* car nous sommes, avons ou serons toustEs soumis.es au biopouvoir.* Ce travail aborde plus spécifiquement la/ les minorités que constituent les personnes Trans. Qui, en effet, n’a jamais entendu parler de « La Transsexualité*, ce douloureux problème »? Les médias nous inondent de la souffrance supposée et nécessaire; des « transformations spectaculaires » des personnes Trans, en invitant des médecins pseudo expert.e.s et gardien.ne.s des possibilités de vie des Trans, pour parler sur les Trans comme objets d’étude, de pratiques sur et de discours sur. Cette « exposition » reprend à son compte les techniques d’empowerment et de retournement, en nommant la norme: le « cisgenrocentrisme* » et les personnes Cis* ; en les prenant comme objets d’étude, de discours sur, d’écrits sur, tout comme le sont toujours les personnes Trans. Elle reprend les représentations et les questions les plus courantes des Cis sur les Trans , les protocoles psychiatricomédicaux et la nécessaire et Unique Histoire Trans écrite par des Cis, pour continuer à co-produire des hommes et des femmes plus conformes pour et par un régime politique hétérosexiste, pour les appliquer aux Cis. Elle déplace les « questions Trans » d’un champ purement médico-légal à une question politique, tout comme le font les luttes Trans, en (f)rance, depuis le début des années 2000. Elle aborde plus particulièrement la question de la maltraitance des psychiatres et autres pseudo expert.e.s du « transsexualisme », qui exercent leur toute puissance. Il m’est apparu comme primordial, dans cet espace/ temps particulier (un colloque fait par des Trans sur les transidentités), d’arrêter de pointer ou de montrer des personnes Trans pour mettre un terme à l’imagerie du spectaculaire, de la foire aux monstres et à la re et co-production des discours des personnes Cis sur les personnes Trans. En mettant les personnes Cis au cœur d’une exposition, à ce moment particulier, j’espère qu’elles pourront s’identifier et commencer à questionner leurs privilèges de personne Cis. Le questionnement débute par le fait d’avoir à se nommer , ce que peu de personnes Cis font, (il en va de même pour les personnes hétérosexuelles), de faire son « coming out » de Cis pour prendre conscience que la nature n’a pas grand chose à voir dans cela, que les constructions qu’elles soient Cis, Trans, Intersexes ou autres relèvent du même régime politique « hétérosexiste, raciste, classiste, validiste ...» qui fabrique des normes ( Cis, hétérosexuelles, blanches, viriles , valides, de classe..) en les faisant passer comme fait de nature. Et les personnes Trans, Intersexes et autres « identitéS non binaires » ne sont pas moins légitimes à exister que les personnes Cis et qu’ilLEs sont yels-mêmes expertEs de leurs trajectoires de vie! Nous sommes issu.e.s pour certain.e.s des mouvements féministes et en reprenant ces grilles d’analyses à notre compte, nous affirmons: « Nos corps nous appartiennent ! » « Ne me libère pas, je m’en charge ! »


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