MSF Rapport D'activités 2009

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MSF RAPPORT D’ACTIVITÉS 2009


La Charte de Médecins Sans Frontières Médecins Sans Frontières est une association privée à vocation internationale. L’association rassemble majoritairement des médecins et des membres des corps de santé et est ouverte aux autres professions utiles à sa mission. Tous souscrivent sur l’honneur aux principes suivants: Médecins Sans Frontières fournit une assistance aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme ainsi qu’aux victimes des conflits armés, quelles que soient la race, la religion, le credo et les convictions politiques des personnes assistées. Œuvrant dans la neutralité et l’impartialité, les Médecins Sans Frontières revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l’exercice de leurs fonctions. Ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l’égard de tout pouvoir ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse. Volontaires, ils mesurent les risques et périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront pour eux ou leurs ayants droit aucune compensation autre que celle que l’association est en mesure de leur fournir.

Les résumés par pays présentés dans ce rapport donnent une description des activités de MSF à travers le monde entre janvier et décembre 2009. Les statistiques relatives au personnel font état du total des effectifs équivalent plein temps par pays en 2009. Les motifs d’intervention indiquent le ou les événements à l’origine des actions médico-humanitaires de MSF telles que renseignées dans l’étude typologique de 2009. Les résumés des activités spécifiques pour chaque pays se veulent représentatifs et pour des raisons évidentes de manque de place, sont loin d’être exhaustifs.


Table des matières

2

Les missions de MSF à travers le monde

2 Les missions de MSF à travers le monde 4 BILAN DE L’ANNÉE 2009 Kris Torgeson, Secrétaire Générale, MSF International Dr. Christophe Fournier, Président, Conseil International de MSF

8 APERÇU DES OPÉRATIONS DE MSF 9 Glossaire des maladies Les projets de MSF à travers le monde 11 39 57 65

Afrique Asie et Caucase Les Amériques Europe et Moyen-Orient

11

Afrique

39

Asie et Caucase

57

Les Amériques

65

Europe et Moyen-Orient

ARTICLES 32 U n succès en trompe-l’œil? Les risques d’un fléchissement du financement de la lutte contre le VIH 63 Haïti: La réponse au séisme de 2010

77 Les fermetures de programmes nationaux 78 MSF EN CHIFFRES APRÈS AUDIT 80 contacter MSF

TABLE DES MATIÈRES


Les missions de MSF à travers le monde Ukraine France Moldavie

Suisse

Géorgie

Italie

Arménie

Grèce Liban Territoires Palestiniens

Malte Maroc

Haïti

Mali

Guatemala Honduras Guinée Conakry

Niger

Colombie

Irak

Tchad Yémen

Soudan

Burkina faso

Djibouti Nigeria République centrafricaine

Sierra Leone Libéria

Syrie

Cameroun

ÉTHIOPIE

Ouganda République démocratique Kenya du Congo Burundi

Brésil Zambie

Malawi

Bolivie Zimbabwe Mozambique Swaziland Afrique du sud

LES MISSIONS DE MSF À TRAVERS LE MONDE

Lesotho

Somalie


Fédération de Russie

22 Libéria

41 Arménie

23 Malawi

42 BANGLADESH

24 Mali

58 Bolivie

69 Malte

59 Brésil

69 Moldavie

12 Burkina Faso

25 Maroc

13 Burundi

26 Mozambique

43 Cambodge

49 MYANMAR

14 Cameroun

50 NÉPAL

15 République centrafricaine

26 Niger

16 Tchad

Ouzbékistan

44 Chine

Kirghizistan Turkménistan

60 Colombie

Chine Iran

40 Afghanistan

17 République démocratique du Congo

Afghanistan Pakistan

Népal

18 DJIBOUTI

Bangladesh Inde

Myanmar

Thaïlande Cambodge Philippines Sri Lanka

Indonésie Papouasie Nouvelle Guinée

28 Nigeria 51 PAKISTAN 75 Territoires Palestiniens 52 Papouasie Nouvelle Guinée 53 Philippines

18 ÉTHIOPIE

70 Fédération de Russie

66 France

29 Sierra Leone

45 Géorgie

30 Somalie

67 Grèce

31 Afrique du Sud

61 Guatemala

54 SRI LANKA

19 Guinée Conakry

33 Soudan

62 Haïti

34 Swaziland

64 Honduras

70 Suisse

46 Inde

76 Syrie

47 Indonésie

55 Thaïlande

72 Iran

56 Turkménistan

72 Irak

36 Ouganda

68 Italie

71 Ukraine

20 Kenya

56 Ouzbékistan

48 Kirghizistan

76 Yémen

74 Liban

37 Zambie

21 Lesotho

38 Zimbabwe

LES MISSIONS DE MSF À TRAVERS LE MONDE


Bilan de l’année 2009 Kris Torgeson, Secrétaire Générale, MSF International

© Spencer Platt/Getty Images

Dr. Christophe Fournier, Président, Conseil International de MSF

Un homme reçoit des soins au centre médical de MSF dans le camp de Dagahaley, à Dadaab, qui accueille 91 000 personnes.

BILAN DE L’ANNÉE 2009


Pour Médecins Sans Frontières, organisation spécialisée dans la réponse aux urgences et au travail dans des contextes volatiles et imprévisibles, une année ne ressemble jamais à une autre. Il y a bien sûr le travail quotidien de nos milliers d’employés à travers le monde qui prodiguent des soins de santé là où ils manquent et qui combattent des maladies faisant payer un lourd tribut aux populations affectées. Mais au-delà des activités médicales régulières, notre organisation est confrontée, chaque année, à de nouveaux défis. L’année 2009 a été marquée par deux éléments particulièrement inquiétants: la diminution de l’engagement des bailleurs de fonds impliqués dans la bataille contre le VIH/sida et une augmentation significative des incidents de sécurité affectant notre capacité à porter assistance. Durant l’année écoulée, nous avons observé avec attention le financement de la lutte contre le VIH/sida dans huit pays africains. Les promesses publiques, et largement médiatisées, d’augmenter les efforts dans la lutte contre l’épidémie ne sont pas respectées par les bailleurs de fonds. Dans les pays où nous travaillons, les effets de ce retrait se font déjà sentir au niveau de la disponibilité et de la qualité des soins. Dans certains pays où la prévalence du VIH/sida est élevée, les patients sont refoulés des cliniques et le personnel soignant se retrouve une nouvelle fois dans la situation inacceptable de devoir rationner des traitements pourtant vitaux. MSF va s’employer, tout au long de l’année 2010, à dénoncer la nature inacceptable de ce retrait dans les forums publics et privés adéquats.

cependant obligé d’évaluer en permanence comment apporter une assistance médicale vitale dans des zones où nos collègues sont autant exposés à la violence. Une guerre cause des victimes de bien des manières. Il y a les victimes directes, que nos équipes chirurgicales prennent en charge. Et il y a les victimes cachées. Les conflits, et les déplacements massifs de population qu’ils provoquent, ont un impact désastreux sur des systèmes de santé souvent déjà fragiles. Généralement, nous assistons à une hausse spectaculaire de la mortalité maternelle et infantile ou à l’apparition d’épidémies. Les victimes de violences sexuelles et les survivants souffrant de traumatismes mentaux profonds comptent aussi parmi les victimes cachées des guerres; nos équipes médicales les aident, conscientes de l’urgence dans de nombreux pays.

Dans les zones de conflit, où MSF est bien souvent la seule organisation à fournir des soins de santé, une série de très graves incidents de sécurité ont sérieusement mis au défi notre capacité à porter assistance. En février, deux de nos collègues ont été brutalement tués dans la vallée de Swat, au Pakistan. Ils tentaient d’accéder à des blessés lors de violents combats. Nasar Ali et Riaz Ahmad étaient connus et admirés pour leur dévouement à la santé et à la vie des autres. Ils ont tragiquement payé le prix ultime pour cela.

Les offensives militaires dans les Territoires palestiniens ont fait 1 300 morts, 5 300 blessés et ont rendu toute une population dépendante de l’aide médicale et des secours. Nous offrions un soutien en santé mentale depuis des années dans la Bande de Gaza mais ce n’est qu’après la suspension de l’offensive qu’une équipe chirurgicale complète de MSF a été autorisée à entrer dans Gaza City, malgré nos efforts répétés pour y pénétrer plus tôt. Nous avons alors installé deux hôpitaux gonflables et, de janvier à juillet, avons pratiqué 500 interventions chirurgicales. Il a fallu renforcer les équipes de psychologues pour répondre aux nombreuses demandes de counselling, surtout pour des enfants, très marqués par les combats: plus de la moitié des 400 nouveaux patients reçus avaient moins de 12 ans.

En 2009, des employés de MSF ont été enlevés au Pakistan, au Soudan, en Somalie et au Tchad. Tous ont été heureusement libérés, sains et saufs. Mais si les travailleurs humanitaires ne sont pas à l’abri de la violence, les organisations qui les emploient sont confrontées à des questions douloureuses. Alors que notre détermination à apporter des soins aux victimes de conflit n’a pas diminué, elle aurait pour le moins augmenté, MSF est

En République démocratique du Congo (RDC), le conflit toujours en cours ne cesse d’engendrer d’énormes besoins qui, année après année, justifient une des plus grosses interventions de MSF. Ici aussi, nous tentons d’offrir une gamme complète de services médicaux, dans ce qui est devenu un contexte d’urgence médicale chronique. MSF a assuré 530 000 consultations médicales en 2009, a vacciné 650 000 enfants contre la rougeole

et a soigné 5 600 victimes de viols dans le Nord- et le Sud-Kivu. En Afghanistan, 2009 a été l’année la plus meurtrière pour les civils depuis le début de la guerre en 2001. Nous y avons repris notre travail médical après une absence de cinq ans, consécutive au meurtre de cinq de nos collègues en 2004. Notre première préoccupation, tant à Kaboul que dans la province de Helmand, a été d’offrir une aide médicale à l’ensemble de la population plutôt qu’aux seuls blessés de guerre. À Mardan, au Pakistan, où environ un million de déplacés se sont installés après avoir fui les combats dans le district de Swat, nos équipes ont soutenu des hôpitaux de référence, des centres de santé et des cliniques mobiles. Notre capacité à délivrer des soins de santé est parfois limitée par les politiques ou les actions menées par des gouvernements. Au Soudan, faire parvenir de la nourriture, de l’eau et des soins de santé aux populations du Darfour est devenu bien plus difficile après l’expulsion par les autorités soudanaises de 13 organisations humanitaires internationales – dont deux sections de MSF – et de trois organisations humanitaires soudanaises. Cette décision avait suivi l’annonce par la Cour pénale internationale de la délivrance d’un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar El-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Cette décision du gouvernement a eu comme effet de rendre captifs d’agendas politiques et judiciaires, non seulement MSF, mais aussi la population du Darfour. La politique de MSF en la matière, qui consiste à se garder de toute coopération avec le Tribunal susmentionné n’as pas été prise en compte, malgré le fait qu’elle ait été publiquement exprimée. Cette politique est fondée sur la conviction que les activités humanitaires doivent rester indépendantes des pressions politiques et judiciaires pour permettre une assistance médicale aux populations dans des situations de violence. Aujourd’hui, plus que jamais, il semble que nous devions sans suite page suivante

BILAN DE L’ANNÉE 2009


suite Bilan de l’année 2009

cesse réaffirmer les principes de neutralité, d’impartialité et d’indépendance qui guident nos choix en tant qu’organisation humanitaire. Au Sri Lanka, au plus fort des combats, de nombreux civils ont trop souvent été piégés par la violence, vulnérables, alors qu’ils tentaient d’atteindre des zones sûres. L’accès aux structures médicales et à l’aide était extrêmement difficile. Le plus souvent, lorsque ces civils atteignaient enfin ceux qui pouvaient les aider, leurs besoins sanitaires étaient devenus critiques. Notre travail s’étend bien au-delà des zones de conflit susmentionnées. En 2009, MSF a organisé de vastes campagnes de vaccination, notamment en Afrique occidentale contre la méningite, où ont été vaccinées près de huit millions de personnes au Nigeria et au Niger. Nos équipes sont intervenues après d’importantes catastrophes naturelles tout au long de l’année, fournissant une aide médicale et psychologique ainsi que des abris et divers supports logistiques. En septembre, MSF a aidé 150 000 personnes devenues sans abri après que Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, ait reçu, en un seul jour, le volume de pluies qui tombe normalement en une année. Des équipes ont aidé 75 000 victimes du cyclone Aila au Bangladesh et 60 000 victimes d’inondations en Andhra Pradesh, en Inde. Nous continuons à travailler sans relâche pour réduire les épidémies de VIH/sida et de tuberculose. En 2009, plus de 190 000 patients atteints par le VIH ont été pris en charge par MSF dont 160 000 ont eu besoin d’un traitement antirétroviral. Beaucoup de ces patients vivent isolés, ont peu d’argent et, dans des circonstances normales, ne recevraient aucune attention médicale. MSF continue de combattre ce manque d’accès au traitement partout où il est possible de le faire. Les équipes médicales de MSF ont procédé à des diagnostiques, offert du counselling, fourni des ARV gratuits, réduit la transmission de la maladie de la mère à l’enfant et ont formé des « patients experts », souvent séropositifs eux-mêmes, pour aider les autres à suivre le traitement de manière adéquate. Au Lesotho, par exemple, 54 000 tests ont été effectués et 6 000 patients ont été mis sous ARV. La tuberculose est devenue la première cause de mortalité pour les patients atteints par le VIH et une préoccupation croissante pour MSF. Un seul échec dans le suivi du douloureux traitement contre la TB, peut causer la création de souches résistantes de la maladie, qui devient encore plus difficile

BILAN DE L’ANNÉE 2009

à soigner, plus particulièrement encore chez les patients dont le système immunitaire est affaibli par le VIH. Un nombre de maladies négligées ne reçoivent pas encore l’attention internationale qu’elles méritent. Trois en particulier – la maladie du sommeil, le kala-azar et la maladie de Chagas – menacent plus de 500 millions de personnes dans le monde. En 2009, MSF a donc engagé 18 millions d’euros pour les six prochaines années dans un projet conjoint mené avec DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative) afin de poursuivre les recherches sur de nouveaux médicaments cruciaux qui permettront de disposer de traitements plus efficaces contre ces maladies. MSF continuera aussi, avec ses programmes de terrain, à apporter son soutien aux recherches opérationnelles et cliniques nécessaires pour faire progresser le développement de médicaments. En 2009, MSF a soigné plus de 6 000 cas de ces trois maladies. Les besoins négligés des migrants restent parmi nos préoccupations les plus vives. Les migrants entreprennent des voyages très dangereux et incertains et lorsqu’ils ont la chance d’arriver, leur état de santé reste souvent précaire. Certains sont détenus pour de longues périodes dans des centres de détention surpeuplés; d’autres sont forcés de vivre dans une clandestinité qui leur barre tout accès aux soins de base. MSF leur offre des consultations médicales et psychologiques gratuites, en protégeant, dans la mesure du possible, leur identité et en les référant, si nécessaire, dans des hôpitaux locaux. MSF les soigne à différentes étapes de leur voyage. Dans leur pays d’origine, tels que la Somalie, l’Afghanistan, la RDC et le Nigeria, MSF traite les conséquences médicales de la violence et des privations. Au Maroc, en Grèce, à Malte, en Italie et en France, MSF apporte une aide médicale et psychologique à ceux qui ont survécu au voyage. De nombreux migrants et demandeurs d’asile sont victimes de violences et d’abus, sont emprisonnés et exploités ou tombent aux mains de contrebandiers et de trafiquants. Nous aidons aussi les migrants hors d’Europe. Nombre de réfugiés et demandeurs d’asile de la Corne de l’Afrique continuent à tenter de passer au Yémen. Les dures conditions du voyage et les accidents en mer font des centaines de morts. Ceux qui réussissent à atteindre la côte yéménite sont souvent en mauvaise santé. Dans les gouvernorats d’Abyan et de Shabwah, dans le sud du pays,

environ 9 000 personnes ont reçu une assistance médicale de MSF. Au Bangladesh, des milliers de réfugiés rohingyas du Myanmar voisin luttent au quotidien pour survivre. Sur les quelque 400 000 Rohingyas ayant passé la frontière, seuls 28 000 sont officiellement reconnus comme réfugiés par le gouvernement et ont dès lors droit à l’aide du HCR. MSF a ouvert un projet de soins d’urgence pour aider 20 000 réfugiés rohingyas non reconnus, vivant dans de dures conditions dans le camp de fortune de Kutupalong. Juste après la période couverte par ce rapport, au début de 2010, nous avons lancé la plus vaste opération d’urgence de l’histoire de MSF à la suite du séisme qui a ravagé une grande partie de Haïti et fait des milliers de morts. Durant les quatre premiers mois ayant suivi le tremblement de terre, les équipes de Médecins Sans Frontières ont porté secours à 173 000 patients et assuré plus de 11 000 actes chirurgicaux. Cette tragédie a forcé MSF à chercher l’équilibre entre la réponse à cette immense urgence et au maintien de nos engagements envers la santé et les vies de populations vivant ailleurs sur le globe. Tout comme la mobilisation des bailleurs de fond en faveur de la lutte contre le VIH/sida et les inquiétudes croissantes concernant la violence accrue visant les travailleurs humanitaires, la crise en Haïti va faire partie des priorités pour MSF en 2010. Les contributions de millions de personnes à travers le monde qui soutiennent financièrement l’action de MSF est la clef de notre capacité à apporter des soins médicaux à ceux qui en ont urgemment besoin et de pouvoir le faire sans tenir compte d’agendas politiques, militaires ou économiques. Nous sommes immensément reconnaissants envers tous nos donateurs qui rendent le travail de MSF possible dans plus de 65 pays. Merci.


© Robin Meldrum / MSF

Traitement d’un enfant atteint du choléra lors d’une gigantesque épidémie survenue dans la capitale zambienne, Lusaka, en mars 2010.

BILAN DE L’ANNÉE 2009


APERÇU DES OPÉRATIONS DE MSF Interventions les plus importantes en fonction des dépenses

Activités principales ( Liste non exhaustive comprenant uniquement les activités prises en charge directement par MSF telles que: diagnostic, traitement, suivi ).

1. République Démocratique du Congo (RDC)

6. Nigeria

2. Zimbabwe

8. Tchad

Activité

Définition

3. Somalie

9. Haïti

Patients externes

Consultations externes

4. Niger

10. République Centrafricaine (RCA)

Patients hospitalisés

Patients admis

Paludisme

Cas confirmés et traités

Centre de nutrition thérapeutique

Enfants souffrant de malnutrition sévère admis dans un centre mobile ou hospitalisés

Centre de nutrition complémentaire

Enfants souffrant de malnutrition modérée admis

Accouchements

Femmes ayant accouché, césariennes comprises

Violences sexuelles

Personnes victimes de violences sexuelles ayant donné lieu à un traitement médical

13,624

Interventions chirurgicales

Interventions chirurgicales majeures, y compris opérations de chirurgie obstétrique sous anesthésie totale ou péridurale

49,680

Traumatismes dus à la violence

Interventions médicales et chirurgicales suite à des violences directes

88,765

VIH/sida

Patients VIH/sida enregistrés en traitement

190,254

Traitement ARV (première ligne)

Patients sous antirétroviraux de première ligne

162,728

Traitement ARV (deuxième ligne)

Patients sous ARV de deuxième ligne (échec des traitements de première ligne)

1,781

Prévention de la transmission de la mère à l’enfant (mères)

Femmes enceintes séropositives ayant reçu un traitement préventif

8,704

Prévention de la transmission de la mère à l’enfant (bébés)

Nouveau-nés ayant reçu un traitement post-exposition

10,406

Tuberculose (première ligne)

Nouvelles admissions pour traitement de première ligne

20,569

Tuberculose (deuxième ligne)

Nouvelles admissions pour traitement de seconde ligne

Santé mentale (individuelle)

Consultations individuelles

Santé mentale (groupe)

Sessions d’assistance et de soutien en groupe

Choléra

Personnes admises en centre de traitement du choléra ou traitées par solution orale de réhydratation

RougeoleVaccination

Personnes vaccinées contre la rougeole en réponse à une épidémie

RougeoleTraitement

Personnes traitées pour la rougeole

MéningiteVaccinations

Personnes vaccinées contre la méningite en réponse à une épidémie

MéningiteTraitement

Personnes traitées pour la méningite

5. Sud du Soudan

7. Kenya

Le budget de ces dix pays équivaut à 193.530.586 € soit 49,2 pour cent du budget total des opérations de MSF.

Zones d’intervention Nombre de projets

Pourcentage par zone d’intervention

Afrique 32 Europe 7

11.8 %

Asie 28 Amériques 9

42.1 % 36.8 %

9.2 %

Contextes d’interventions Nombre de projets

Pourcentage par contexte d’intervention

Conflit armé 99 Situation post-conflit 13 27.3 %

Instabilité interne 96 42.5 %

Stable 154

3.6 % 26.5 %

Évènements à l’origine de l’intervention Nombre de projets

Pourcentage par évènement

Conflit armé 136

7.2 %

Epidémie 113 E xclusion des soins de santé 87

24 %

37.6 %

Catastrophe naturelle 26 31.2 %

APERÇU DES OPÉRATIONS DE MSF

Total 7,509,512 292,347 1,110,495 154,133

41,288 110,236

943 109,755 7,895 130,220

1,419,427 28,261 7,932,403 77,901


Glossaire des maladies La maladie de Chagas

Choléra

Décrite pour la première fois par le médecin brésilien Carlos Chagas, cette maladie parasitaire ne se rencontre presque exclusivement sur le continent américain, même si l’expansion globale des voyages dans le monde a entraîné une augmentation du nombre de cas signalés aux États-Unis, en Europe, en Australie et au Japon. Cette maladie potentiellement mortelle peut causer des dommages irréversibles au cœur, à l’œsophage et au côlon, réduisant ainsi l’espérance de vie de dix ans en moyenne.

Le choléra, du grec signifiant diarrhée, est une infection gastro-intestinale aiguë d’origine hydrique, causée par la bactérie Vibrio cholerae et transmise par l’eau ou les aliments contaminés. Elle peut se propager rapidement et causer des épidémies soudaines de grande ampleur. Si cette maladie n’entraîne qu’une légère infection chez la plupart des sujets, elle peut aussi être très sévère, causant de fortes diarrhées et vomissements, et entraînant une déshydratation sévère et la mort en l’absence de traitement rapide. Le traitement préconisé vise à remplacer les fluides et les sels avec une solution de réhydratation administrée par voie orale ou intraveineuse. MSF a élaboré des kits de traitement du choléra pour fournir une assistance rapide, et crée des centres de traitement du choléra dans les zones où sévissent les épidémies. Les mesures de préventions et de contrôle incluent un approvisionnement adéquat en eau potable et des pratiques d’hygiène strictes.

Cette maladie est transmise par des insectes hématophages qui vivent dans les fissures des murs et des toits des maisons en torchis, courantes dans les zones rurales et dans les bidonvilles urbains d’Amérique latine. Elle peut également se transmettre lors de transfusions sanguines ou encore de la mère à l’enfant durant la grossesse et, moins fréquemment, lors de transplantations d’organes ou par la consommation de nourriture contaminée. Des symptômes chroniques, débilitants et parfois fatals, apparaissent chez environ 30% des sujets infectés et l’arrêt cardiaque est une cause fréquente de décès chez les adultes atteints. Il arrive que certaines personnes soient porteuses de la maladie, mais qu’aucun symptôme ne se manifeste pendant des années. Il n’existe actuellement que deux médicaments pour combattre la maladie de Chagas: le benznidazole et le nifurtimox. Tous deux ont été mis au point il y a plus de 35 ans, mais dans le cadre d’une recherche dont l’objectif n’était pas précisément de trouver un remède à la maladie de Chagas. Le taux de guérison est pratiquement de 100 % chez les nouveau-nés et les nourrissons, mais chez les enfants, les adolescents et les adultes, il n’est que de 60 à 70 %. Le diagnostic, difficile à établir, requiert deux ou trois prises de sang pour déterminer si le patient est infecté par le parasite ou non et il n’existe aucun test permettant de contrôler si le traitement déploie ses effets. Le traitement actuel peut être toxique, il dure un à deux mois et peut avoir de multiples effets secondaires. Ces médicaments doivent être administrés sous surveillance médicale, ce qui signifie un contrôle hebdomadaire effectué par un travailleur de la santé formé à cet effet. Malgré le besoin impérieux d’un médicament plus efficace et plus sûr, très peu font actuellement l’objet de recherche et de tests en ce sens. MSF a effectué un dépistage de la maladie sur plus de 65 000 personnes et traité plus de 3 000 patients depuis 1999.1 1 Faisabilité, innocuité des médicaments, efficacité des programmes de traitement étiologique de la maladie de Chagas au Honduras, au Guatemala et en Bolivie: 10 ans d’expérience de Médecins Sans Frontières.

MSF a soigné plus de 130 220 patients souffrant du choléra en 2009.

VIH/sida Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) se transmet via le sang et les fluides corporels et affaiblit graduellement le système immunitaire – généralement sur une période de trois à dix ans – pour provoquer le syndrome d’immunodéficience acquise ou sida. Beaucoup de gens restent des porteurs sains pendant des années et peuvent ignorer avoir été infectés par le VIH. Un simple test sanguin peut confirmer la séropositivité. Plusieurs infections opportunistes (IO) telles que la candidose, la pneumonie et diverses formes de tumeurs peuvent se développer à mesure que le système immunitaire s’affaiblit. Certaines sont curables, d’autres, mortelles. L’IO mortelle la plus courante est la tuberculose (TB). Des combinaisons de médicaments connus sous le nom d’antirétroviraux combattent le virus et permettent aux patients de vivre plus longtemps en bonne santé sans dégradation rapide de leur système immunitaire. Le respect du traitement est meilleur lorsque les médicaments sont combinés dans une pilule unique (combinaison à dose fixe). Les programmes globaux VIH/sida de MSF englobent généralement des activités d’éducation et de sensibilisation axées sur la prévention de la propagation du virus, des distributions de préservatifs, des dépistages du VIH couplés à du counselling avant et après le test, le traitement et la prévention des infections opportunistes,

la prévention de la transmission de la mère à l’enfant et la fourniture de traitements antirétroviraux aux patients aux stades avancés de la maladie. En 2009, MSF a soigné plus de 190 000 personnes atteintes du VIH/sida et a fourni des antirétroviraux à plus de 162 000 patients.

Trypanosomiase africaine humaine ( maladie du sommeil ) Généralement appelée la maladie du sommeil, cette maladie parasitaire se rencontre en Afrique sub-saharienne et est transmise par la mouche tsé-tsé. Plus de 90 % des cas recensés sont provoqués par le parasite Trypanosoma brucei gambiense (T.b.g) que l’on trouve en Afrique centrale et occidentale. Il attaque le système nerveux central, occasionnant de graves troubles neurologiques, mortels en l’absence de traitement. Les 10 % restants sont provoqués par le parasite Trypanosoma brucei rhodesiense (T.b.r) que l’on trouve dans la partie sud et orientale de l’Afrique. Au premier stade, caractérisé par des symptômes non spécifiques tels que fièvre et atonie, la maladie est difficile à diagnostiquer mais relativement aisée à soigner. Au deuxième stade, le parasite envahit le système nerveux central et commence à provoquer des symptômes neurologiques ou psychiatriques, tels qu’une mauvaise coordination des mouvements, confusion, convulsions et troubles du sommeil. Un diagnostic précis du deuxième stade requiert la prise d’un échantillon de moelle épinière et le traitement est douloureux, requérant des injections quotidiennes. Le médicament le plus couramment utilisé est le mélarsoprol, mis au point en 1949. Dérivé de l’arsenic, il est hautement toxique et provoque de nombreux effets secondaires. Dans certaines zones d’Afrique, il s’avère inefficace dans plus de 30 % des cas et tue même jusqu’à 5 % des malades qui le prennent. L’eflornithine, bien qu’un peu difficile à administrer parce qu’elle requiert un goutte-à-goutte intraveineux et un protocole de traitement compliqué, offre une autre solution plus sûre, plus récente, et est utilisée par MSF dans ses projets. En 2009, un nouveau traitement appelé NECT (traitement combiné Nifurtimox-Eflornithine) a été ajouté à la liste des médicaments essentiels de l’OMS. Ce traitement est maintenant recommandé au niveau international; toutefois, l’accès à ces produits doit être soigneusement contrôlé. suite page suivante

GLOSSAIRE DES MALADIES


suite Trypanosomiase africaine humaine (maladie du sommeil) La mise au point du traitement NECT représente un progrès considérable. Des études ont montré que cette thérapie, qui prévoit l’administration du nifurtimox par voie orale et de l’eflornithine par voie intraveineuse, est plus appropriée pour soigner la maladie du sommeil à un stade avancé car elle offre une meilleure sécurité (moins toxique et plus efficace) que le melarsoprol. Cette thérapie est également plus facile à utiliser que l’eflornithine seule. Néanmoins, beaucoup reste à faire. Il est urgent d’investir dans la recherche afin d’améliorer le traitement (sans injections) et d’assurer qu’il soit financièrement accessible, efficace aux deux stades de la maladie et facile à utiliser dans les centres de santé éloignés. MSF a admis plus de 1 870 patients en traitement pour la trypanosomiase africaine humaine en 2009.

Leishmaniose viscérale (kala-azar) Généralement inconnu dans le monde développé, le kala-azar – fièvre noire en hindi – est une maladie parasitaire tropicale transmise par les piqûres de certains types de phlébotomes. Elle est endémique dans 62 pays, mais c’est en Inde, au Bengladesh, au Népal, au Soudan et au Brésil que l’on recense 90% des quelque 500 000 cas dénombrés annuellement. Elle entraîne fièvres, pertes de poids, dilatation du foie et de la rate, anémie et déficience du système immunitaire. Sans traitement, presque tous les patients en meurent. Des tests rapides pour un diagnostic sur le terrain existent, mais les tests de confirmation sont soit invasifs soit potentiellement dangereux et requièrent des installations de laboratoires et des spécialistes pas toujours disponibles dans les pays à faibles ressources. Les options de traitement actuelles comprennent des produits à base d’antimoine pentavalent* et des polythérapies seront prêtes dans un futur proche. Quoique extensives et évolutives dans le sens de la simplification, ces options de traitement sont très limitées. Des études menées dans le sous-continent indien montrent, néanmoins, que l’innocuité et l’efficacité de l’Ambisome® sont prometteuses et grâce au polythérapies prévues, on espère réduire le risque de résistance du parasite aux médicaments, optimiser l’efficacité et l’innocuité du traitement et réduire les coûts et le temps d’hospitalisation. Évidemment, une co-infection kala-azar / HIV est une pathologie extrêmement difficile à soigner. Les deux maladies s’influencent mutuellement en une spirale infernale puisqu’elles attaquent et affaiblissent toutes deux le système immunitaire, rendant le patient moins résistant à d’autres maladies et le traitement d’autant moins efficace.

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GLOSSAIRE DES MALADIES

MSF a soigné 3 700 patients atteints de la leishmaniose viscérale en 2009. * (Pentostam®, SSG générique, Glucantime®), amphotéricine-B déoxycholate, amphotéricine B liposomale (Ambisome®), paromomycine et miltéfosine)

Le Paludisme Causé par quatre espèces du parasite Plasmodium, le paludisme se transmet par des moustiques infectés. Il provoque de la fièvre, des douleurs articulaires, des maux de tête, des vomissements répétés, des convulsions et le coma. Le paludisme causé par le parasite plasmodium falciparum est la forme la plus grave de la maladie qui est mortelle en l’absence de traitement. Le paludisme était généralement diagnostiqué sur la seule base des symptômes cliniques. Comme les symptômes sont similaires à ceux d’autres maladies, à peu près la moitié des patients présentant de la fièvre et traités comme paludéens en Afrique n’étaient peut-être pas infectés par ce parasite. Un diagnostic précis peut maintenant être établi par un comptage des parasites au microscope ou un test rapide sur bandelette réactive. Ces deux méthodes sont actuellement employées par MSF dans ses projets. La chloroquine a jadis été l’antipaludéen idéal en raison de son prix, de son efficacité et du fait qu’il entraîne peu d’effets secondaires; toutefois, son efficacité a nettement diminué ces dernières décennies. Les recherches de MSF sur le terrain ont contribué à prouver que la polythérapie à base d’artémisinine (ACT) est actuellement la plus efficace contre le plasmodium falciparum et MSF a pressé les gouvernements d’Afrique de modifier leurs protocoles de traitement en faveur de l’ACT. Bien que tous les gouvernements aient opéré le changement par écrit, dans bien des cas, le médicament n’est toujours pas disponible pour la majorité des patients. MSF a soigné plus de 1 100 000 patients souffrant du paludisme en 2009.

Méningite La méningite à méningocoque, causée par Neisseria meningitidis, est une infection bactérienne contagieuse et potentiellement mortelle des méninges, la fine membrane qui entoure le cerveau et la moelle épinière. Les personnes infectées peuvent rester des porteurs sains et transmettre la bactérie à d’autres via les gouttelettes de secrétions respiratoires ou pharyngées, par exemple lorsqu’elles toussent ou éternuent. L’infection peut causer de soudains et intenses maux de tête, de la fièvre, des nausées, des vomissements, une sensibilité à la lumière et une raideur du cou. La mort peut intervenir dans les heures suivant l’apparition des symptômes.

Sans traitement adéquat, la méningite bactérienne est mortelle dans 50% des cas. Un diagnostic correct des cas suspects peut être établi par l’examen d’un échantillon de fluide céphalorachidien spinal et la maladie se soigne par l’administration d’antibiotiques. Même avec un traitement adéquat aux antibiotiques, cinq à dix pour cent des personnes atteintes mourront et un cinquième des survivants souffriront de séquelles allant de la perte d’audition à des difficultés d’apprentissage. La méningite apparaît sporadiquement dans le monde entier mais la majorité des cas et des décès surviennent en Afrique, surtout dans la « ceinture de la méningite », une bande traversant ce continent d’est en ouest, du Sénégal à l’Éthiopie. La vaccination est la manière reconnue de protéger les gens de cette maladie. MSF a soigné plus de 78 000 cas et vacciné plus de 7 930 000 personnes contre la méningite en 2009.

Tuberculose Un tiers de la population mondiale est actuellement porteur du bacille de la tuberculose (TB). Chaque année, neuf millions de personnes développent la forme active de la tuberculose et près de deux millions en meurent. 95% de ces personnes vivent dans les pays pauvres. Cette maladie contagieuse touche les poumons et se transmet via l’air lorsque les personnes contagieuses toussent ou éternuent. Toutes les personnes infectées par le bacille ne tomberont pas malades, mais dix pour cent des porteurs séronégatifs développeront une forme active de la TB à un moment de leur vie. Les symptômes sont notamment une toux persistante, de la fièvre, une perte de poids, des douleurs thoraciques et des difficultés respiratoires avant que ne survienne la mort. La tuberculose est également la principale cause de mortalité parmi les séropositifs. Les médicaments utilisés contre la TB datent des années 1950 et un traitement dure six mois en l’absence de complications. Une gestion et un respect inadéquats des traitements ont fait naître de nouvelles souches de bacilles qui sont résistantes à au moins un antituberculeux. La TB multirésistante (TB-MR) en est un exemple grave: elle entraîne une résistance aux antibiotiques de première ligne les plus puissants. La TB-MR n’est pas incurable mais le traitement requis entraîne de nombreux effets secondaires et peut durer jusqu’à deux ans. Une nouvelle souche, la tuberculose ultrarésistante (TB-UR) est diagnostiquée lorsqu’une résistance aux médicaments de deuxième ligne s’ajoute à la TB-MR, ce qui rend le traitement encore plus difficile. MSF a soigné plus de 20 500 tuberculeux, dont 940 atteints de TB-MR en 2009.


© Isabel Corthier

Kabezi, Burundi. Une grand-mère entourée de ses petits-enfants.

12 Burkina Faso 13 Burundi

24 Mali

14 Cameroun

25 Maroc

15 République centrafricaine

26 Mozambique

16 Tchad

27 Niger

17 République démocratique du Congo

28 Nigeria

18 Djibouti

30 Somalie

18 ÉTHIOPIE

31 Afrique du Sud

19 Guinée Conakry

33 Soudan

20 Kenya

34 Swaziland

21 Lesotho

36 Ouganda

22 Libéria

37 Zambie

23 Malawi

38 Zimbabwe

29 Sierra Leone

AFRIQUE


AFRIQUE

Burkina Faso MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

• Catastrophe naturelle

Environ 80 pour cent des 14,3 millions de Burkinabés dépendent d’une agriculture de subsistance et les fermiers peinent souvent à produire suffisamment pour nourrir leurs familles. Or, des carences en nutriments et vitamines peuvent entraver le développement mental et physique des enfants lors de leur première phase de vie. Ils deviennent également vulnérables aux infections et à des maladies potentiellement mortelles. Depuis 2007, MSF travaille dans deux provinces du nord du Burkina Faso, où la malnutrition infantile est fréquente.

de MSF dans les structures de santé régionales mais environ 85 pour cent des enfants peuvent être soignés à domicile. Grâce à des aliments prêts à l’emploi, simples à administrer, les parents peuvent soigner leurs enfants eux-mêmes. MSF a en outre soigné des patients souffrant de tuberculose, du VIH/sida et du paludisme. En 2009, le pays a connu sa pire épidémie de rougeole depuis des années. Dans les communautés pauvres n’ayant guère voire pas accès aux soins, cette maladie est mortelle dans environ dix pour cent des cas. MSF avait proposé d’aider le ministère de la Santé à mener une campagne de vaccination mais avait essuyé un refus. MSF a alors aidé les autorités de santé à soigner les patients atteints par la rougeole dans la capitale Ouagadougou, ainsi que dans quatre districts de l’est du pays, où près de 4 000 enfants au total ont été traités. Crues subites Un jour de septembre, il est tombé sur la capitale Ouagadougou la quantité de pluie qui tombe normalement en un an. Les inondations qui ont suivi ce déluge ont détruit 24 000 maisons et fait 150 000 sans-abri. Cinq équipes de MSF ont soigné les personnes déplacées par les inondations et ont fourni du matériel médical aux autorités sanitaires régionales.

Transfert En 2009, MSF a transféré un programme VIH/sida initié de longue date au ministère de la Santé. Basé dans la capitale, ce programme offrait des traitements antirétroviraux à quelque 4 480 patients. MSF travaille au Burkina Faso depuis 1995.

Fati 35 ans et mère de quatre enfants, Fati a quitté Ouagadougou pour se rendre dans la ville de Titao, dans le nord, où sa mère était tombée malade. Fati a connu des difficultés à nourrir ses enfants et la cadette, âgée de quatre ans a commencé à présenter des signes de malnutrition. « Je suis venue au centre parce que le poids de ma fille était trop bas », raconte Fati. Du personnel de santé avait fait passer le message que les parents pouvaient faire soigner leurs enfants gratuitement. « Ma tante l’a su et me l’a signalé. Toutes les femmes des alentours savent qu’on est bien soignés ici. Je viens depuis trois semaines et ma fille va mieux ».

© Kazuma Momoi

En 2009, 16 000 enfants souffrant de malnutrition ont été traités dans les centres de MSF des deux districts de Yako et Titao, au nord du pays. Depuis le début du projet, 39 000 enfants ont été pris en charge. Grâce à un système décentralisé et simplifié de dépistage et de traitement, les équipes de MSF peuvent atteindre un très grand nombre d’enfants. Les cas les plus sérieux sont hospitalisés gratuitement par les équipes

Personnel de terrain 285

Hôpital de Yako. Une infirmière tenant un bébé en convalescence après avoir été traité pour malnutrition sévère. 12

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – BURKINA FASO


AFRIQUE

Burundi

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie • Violence sociale / Exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle

© Isabel Corthier

Personnel de terrain 61

Une mère et son nouveau né transférés dans une ambulance MSF.

Malgré un décret présidentiel de 2006 garantissant des soins gratuits aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans, le Burundi a, selon l’Organisation mondiale de la Santé, un des taux de mortalité maternelle et néonatale les plus élevés au monde. Chaque année, 1 000 nouveaux cas de fistule obstétrique liés à des complications lors de l’accouchement sont signalés au ministère de la Santé. MSF s’efforce d’apporter des soins aux femmes enceintes avant et durant l’accouchement. MSF fait également face aux urgences sanitaires liées à des crises nutritionnelles ou à des catastrophes naturelles. Soins maternels vitaux En 2009, le Centre MSF pour les urgences obstétriques de Kabezi a pris en charge 2 300

femmes présentant des complications pendant la grossesse ou l’accouchement. Construit par MSF, ce centre, d’une capacité de 48 lits, compte une salle d’accouchement et une salle d’opération. Les 20 centres de santé communautaires de la région peuvent recourir à son service d’urgence fonctionnant 24 heures sur 24. L’équipe de MSF a aussi soigné 30 femmes atteintes de fistule obstétrique. Traiter les cas de violences sexuelles Dans la capitale Bujumbura, MSF a transféré le Centre Seruka, spécialisé dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles, à une association burundaise appelée Initiative Seruka pour les victimes de Viol (ISV). ISV a été créée en 2008 par du personnel travaillant au centre de MSF. En six ans, ce centre a pris en charge plus de 7 800 victimes de violences sexuelles. Interventions d’urgence Entre février et juin, MSF a répondu à une crise nutritionnelle dans la province septentrionale de Kirundo admettant dans son centre plus de 500 enfants souffrant de malnutrition sévère. De plus, MSF a soutenu les centres thérapeutiques de la région et référé les cas nécessitant des soins spécifiques à l’hôpital de Kirundo.

En mars, lorsque de graves inondations ont dévasté plusieurs zones proches de la capitale Bujumbura, MSF a mis sur pied des cliniques mobiles et s’est employé à améliorer les conditions d’hygiène et l’accès à l’eau potable. En juillet et août, MSF a enrayé une épidémie de choléra dans plusieurs quartiers de la capitale, où 90 patients ont été soignés. MSF travaille au Burundi depuis 1992.

Mary 30 ans Mary figure parmi les milliers de femmes prises en charge à la maternité de MSF à Kabezi. Déjà mère de cinq enfants, elle a été hospitalisée avant l’accouchement parce qu’elle souffrait de malnutrition sévère. À sa naissance, sa fille était anémique, avait un poids insuffisant et vomissait beaucoup. Toutefois, petit à petit, son état s’est amélioré et Mary a aussi commencé à se sentir mieux. Ses lèvres ont repris des couleurs et le gonflement des jambes a diminué. « Si MSF n’avait pas été là, mes enfants n’auraient plus eu de mère », dit-elle.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Burundi

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© Marcell Nimfuehr

AFRIQUE

Une équipe chirurgicale de MSF opérant un patient atteint par l’ulcère de Buruli.

Cameroun Au Cameroun, MSF traite l’ulcère de Buruli, une des maladies curables les plus négligées, tant sur le plan de la recherche que du financement, au monde. Cette infection bactérienne déforme les membres et rend infirme si elle n’est pas soignée à temps. Dans le cadre de ce programme, MSF a introduit des pansements modernes qui réduisent la nécessité de procédures chirurgicales compliquées. L’ulcère de Buruli est une infection apparentée à la tuberculose et à la lèpre. Sa prévalence relativement faible explique pourquoi aucun traitement n’est disponible dans la plupart des 30 pays où la maladie est présente. Dans le district rural d’Akonolinga au Cameroun, MSF a créé

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en 2002 un centre spécialisé qui dépiste et soigne cette pathologie à l’aide d’antibiotiques, de greffes de peau et de physiothérapie. Le traitement, qui peut durer jusqu’à un an, a été administré à environ 800 patients depuis l’ouverture du projet en 2002. Le nouveau pansement a permis de soigner les patients des zones isolées sans les hospitaliser. Il s’agira maintenant de mettre en œuvre un dépistage décentralisé afin de mieux atteindre les populations rurales et de faire de ce centre de traitement du Buruli une structure de référence pour le pays entier. MSF a ouvert son premier programme VIH/sida dans la ville de Yaoundé en 2000, puis un autre à Douala, en 2003. Après avoir transféré ces programmes au ministère de la Santé en 2008, MSF lancera au début de 2010 un nouveau projet qui prendra en charge les patients ayant développé une résistance aux antirétroviraux après cinq à dix ans de traitement. Ces patients doivent passer à des médicaments de deuxième ligne, sans lesquels la maladie progresserait jusqu’à la mort. En raison de la disponibilité encore restreinte de ces traitements via le système national de santé à Douala, MSF soutient le ministère de la Santé pour élargir l’accès et à former le personnel traitant.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – CAMEROUN

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie Personnel de terrain 83

Darlyse Cette gabonaise de 17 ans, habitante de Libreville, a souffert de l’ulcère de Buruli pendant plus de cinq ans. Après avoir reçu divers traitements inefficaces, Darlyse a été référée au centre Buruli de MSF au Cameroun voisin. « Mon cas s’est fort aggravé parce qu’il a fallu très longtemps pour trouver le bon traitement », dit-elle. « Quand je suis arrivée là, j’étais si fatiguée de la douleur et des nombreux traitements inefficaces que je ne souhaitais plus qu’une chose: qu’on me coupe la jambe. » Darlyse est restée au centre pendant près d’un an. Sa plaie a été soignée et elle a reçu des greffes de peau. Elle a été vraiment soulagée de pouvoir enfin quitter le centre, guérie. « Je boite encore un peu mais ça s’améliore de jour en jour. Je peux rentrer à la maison et retourner à l’école. »

MSF travaille au Cameroun depuis 2000.


AFRIQUE

République centrafricaine MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

• Catastrophe naturelle

Personnel de terrain 963

© Jaume Codina

Depuis la fin de 2005, l’insécurité liée au banditisme et les combats entre le gouvernement et les groupes d’opposition armés ont fait des centaines de milliers de déplacés dans les régions du nord du pays. Centre nutritionnel thérapeutique, République Centrafricaine. Une pédiatre auscultant un enfant souffrant de malnutrition.

Tout au long de l’année 2009, la situation est restée fragile malgré la signature en 2008 d’un accord de paix entre le gouvernement et divers groupes d’opposition.

des cas de tuberculose, de VIH/sida et de malnutrition; des biens de première nécessité ont également été distribués aux personnes fuyant les violences.

Les conditions de vie de la population centrafricaine restent extrêmement précaires et l’accès aux soins demeure très difficile, même hors des principales zones de conflit. Malgré une augmentation générale de l’aide ces cinq dernières années, les taux de mortalité maternelle et infantile restent élevés et les infrastructures de santé, insuffisantes. Les habitants sont très vulnérables au paludisme, aux infections respiratoires, aux maladies diarrhéiques et à la malnutrition.

Dans le nord-ouest, près de la frontière du Cameroun, la situation est restée assez calme par rapport aux années précédentes. De nombreuses communautés de pasteurs ayant fui les pays voisins sont rentrées chez elles et les personnes qui s’étaient réfugiées dans la brousse ont commencé à rejoindre leurs villages. Ainsi, l’accès aux centres de santé est devenu plus aisé et les équipes de MSF ont pu améliorer et étendre leur soutien aux postes de santé plus éloignés.

MSF a soigné les victimes du conflit armé et de la violence dans le nord du pays et a offert une aide médicale aux déplacés et aux réfugiés rentrant chez eux au moyen d’un réseau de cliniques mobiles, d’hôpitaux et de centres de santé. En 2009, plus de 420 000 consultations ont été menées. Trente pour cent des patients souffraient du paludisme et plus de 24 600 d’entre eux ont dû être hospitalisés. Les équipes de MSF ont aussi pratiqué plus de 3 600 accouchements, effectué plus de 5 000 interventions chirurgicales et pris en charge

de taux élevés de malnutrition aiguë, MSF a lancé un programme nutritionnel d’urgence. Cette situation est due à la combinaison de la pauvreté et de l’insécurité prévalentes dans la région et du manque de structures de santé fonctionnelles. MSF a donc ouvert six programmes dans la région et entre juillet et décembre, a soigné plus de 7 200 cas de malnutrition, dont 67 pour cent de cas sévères et 25 pour cent requérant une hospitalisation. MSF travaille en République Centrafricaine depuis 1997.

Un programme médical de prise en charge de la maladie du sommeil a été ouvert le long de la frontière tchadienne, dans le nord-ouest du pays. À la fin de l’année, plus de 1 500 patients avaient été traités. En 2009, un nouveau traitement appelé NECT (polythérapie Nifurtimox-Eflornithine), moins cher et plus facile à administrer que les traitements précédents, a été introduit pour soigner cette maladie potentiellement mortelle. En juillet, dans le sud-ouest du pays, après le signalement par les autorités sanitaires locales

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – République centrafricaine

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AFRIQUE

Tchad MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 723

Les services de santé ont été restreints, faute de financement et de personnel qualifié. L’est du pays a été la zone la plus affectée par le banditisme, la criminalité et l’insécurité. On y dénombre encore plus de 170 000 déplacés tchadiens, qui ont fui les régions peu sûres, proches de la frontière soudanaise. La région abrite aussi plus de 256 000 réfugiés soudanais et 67 000 réfugiés de République centrafricaine. MSF fournit des services de santé là où les autorités ne peuvent en offrir, en ciblant en priorité les déplacés et les réfugiés. Difficultés liées à la sécurité L’insécurité a rendu l’évaluation des besoins de santé des résidents et des déplacés difficile, particulièrement dans les villages très isolés. D’après le Département de Sûreté et de Sécurité des Nations Unies, 500 incidents de sécurité impliquant des civils, des travailleurs de l’ONU et d’ONG ont été recensés dans l’est du Tchad l’an dernier. Dans la région de Dar Sila, dans l’est du pays, MSF a offert des soins aux 15 000 déplacés du camp de Gassire. Dans les villages de Kerfi et Adé, tout proches, les équipes médicales ont offert des soins à 40 000 personnes déplacées et victimes de la violence permanente. Toutefois, en août, l’enlèvement de deux membres du personnel de MSF lors d’un cambriolage à Adé a entraîné la suspension des activités. Ce n’est qu’au mois d’octobre que le programme médical complet a pu rouvrir à Kerfi et qu’à fin novembre que les activités à Adé aient pu reprendre – MSF apportant un soutien à distance au personnel du ministère de la Santé. Avant la suspension de ses activités, MSF recensait 1 600 à 2 000 consultations par mois à Kerfi et 100 admissions d’enfants par mois dans son programme de nutrition thérapeutique. Malgré ces difficultés, MSF a procédé à plus de 106 000 consultations en collaboration avec le ministère de la Santé. Tchad oriental À Adré, une ville de 300 000 habitants située à la frontière du Soudan, MSF a soutenu l’hôpital local tout au long de 2009. De janvier à octobre, plus de 2 600 personnes y ont été admises, dont plus de 900 enfants de moins de cinq ans. 16

© Minh-Ly Pham-Minh

Conflits, violences et déplacements ont affecté des centaines de milliers de personnes au Tchad en 2009. District d’Adré à l’est du Tchad. Un convoi de MSF en route vers la frontière soudanaise pour mener une campagne de vaccination contre la rougeole dans des zones faiblement peuplées et très dangereuses.

Près de 33 000 consultations été prodiguées durant les neuf premiers mois de l’année. Toutefois, l’insécurité a rendu impossible l’accès aux zones hors de la ville où d’autres déplacés internes se sont installés. À Dogdoré, un village reculé proche de la frontière soudanaise, MSF a fourni des soins de santé à 30 000 personnes, dont 27 000 déplacés. La sécurité est restée problématique là aussi, le banditisme et la criminalité affectant aussi bien les habitants que les organisations humanitaires. Il a été nécessaire de reloger le personnel international à deux reprises mais du personnel local de MSF a assuré la continuité des activités médicales. En dépit de toutes ces difficultés, plus de 23 600 consultations ont été assurées. Plus de 2 600 femmes ont bénéficié de consultations prénatales et 280 d’entre elles ont accouché à l’hôpital de Dogdoré. Une campagne de vaccination contre le tétanos a été menée auprès de 5 500 femmes afin de réduire les risques de mortalité néonatale liés à cette maladie. Ainsi, le nombre de décès dus au tétanos parmi les nouveau-nés est passé de 35 en 2008 à 11 en 2009. Fistules obstétriques À Guereda, dans l’est, près de la frontière soudanaise, MSF a fermé son programme d’aide aux déplacés et aux réfugiés de Birak dès lors que le Comité International de la Croix-Rouge travaille dans l’hôpital et que, conjointement avec les autorités sanitaires, il est à même de couvrir les besoins. Toutefois, comme la mortalité maternelle reste très élevée dans cette région et que l’apparition de fistules obstétriques y est fréquente (selon le Fonds des Nations Unies pour la Population, pour 1000 accouchements, on déplorerait le développement de deux à cinq fistules), MSF a continué à envoyer des femmes atteintes de fistule pour traitement à l’hôpital général

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – TCHAD

d’Abéché, dans l’est du pays. Entre janvier et octobre, plus de 140 femmes ont été traitées. Épidémies Confronté à une épidémie de rougeole dans la région de Ouaddaï, dans l’est du Tchad, MSF a vacciné plus de 226 000 enfants. Les équipes de MSF ont en outre vacciné contre la rougeole 130 000 personnes de moins de 15 ans à Abéché et 6 000 enfants de moins de cinq ans à Adré. Plus de 5 500 femmes âgées de 15 à 49 ans ont été vaccinées contre le tétanos dans la même région. Une épidémie de méningite s’est déclarée dans les régions méridionales de Mayo Kebbi Est et Ouest et dans la capitale, N’Djamena. MSF a aidé le ministère de la Santé à soigner plus de 1 200 personnes et à vacciner 105 000 personnes. Tchad méridional Dans le sud du pays, confrontés à l’afflux de réfugiés de République centrafricaine, les services de santé peinent à faire face à des maladies comme le paludisme, la méningite et la rougeole. À Goré, MSF a continué à répondre aux besoins médicaux jusqu’au transfert du programme en novembre. De janvier à novembre, les équipes ont assuré 16 800 consultations, plus de 730 interventions chirurgicales et ont assisté 600 accouchements. Urgences En mars, 8 000 réfugiés ont fui l’instabilité et la violence en République centrafricaine partant vers le district d’Haraze, dans le sud-est du pays. MSF a fourni des soins de santé, mis en place un système d’approvisionnement en eau potable et organisé le transfert des patients nécessitant des soins chirurgicaux. Plus de 5 400 consultations générales et 250 consultations prénatales ont été menées pendant les deux mois d’intervention. MSF travaille au Tchad depuis 1981.


AFRIQUE

République démocratique du Congo (RDC) MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 2,832

En 2009, divers groupes armés ont sévi de façon continue dans l’est du Congo. Assassinant des centaines de personnes et en violant des milliers d’autres, ils ont provoqué la fuite de centaines de milliers d’habitants.

En janvier 2009, les armées congolaise et rwandaise ont lancé des opérations militaires visant les rebelles des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Cette offensive a entraîné des déplacements massifs de populations et de nombreux villages ont été attaqués, pillés et brûlés. En février et mars, l’afflux de quelque 100 000 déplacés dans la région de Kayna et à Lubero a amené MSF à étendre ses programmes de Kayna et Kanyabayonga au district de Lubero. Nord-Kivu Dans le Nord-Kivu, MSF a fourni des soins d’urgence et des soins de santé dans les lieux les plus affectés par le conflit armé et a poursuivi son travail dans les hôpitaux de Rutshuru, Nyanzale, Masisi, Mweso, Kitchanga et Kirotshe. MSF a aussi soutenu des centres de santé et géré des cliniques mobiles ainsi que des programmes de nutrition dans les environs, tout en offrant une prise en charge médicale et psychosociale aux victimes de violences sexuelles. En tout, les équipes ont assuré plus de 177 000 consultations dans ces zones. À l’hôpital de Rutshuru, qui compte 280 lits, des équipes chirurgicales ont travaillé 24 heures sur 24, effectuant en moyenne 15 opérations par jour. MSF a en outre étendu ses activités en ouvrant des unités de traitement des brûlés et a fourni des soins néonatals à l’hôpital de Rutshuru, au nord de Goma. Sud-Kivu Dans le district méridional de Kalonge, où 42 000 habitants ont été forcés de fuir leurs villages, les équipes ont offert des soins gratuits à l’hôpital de Chifunzi et dans cinq centres de santé ruraux. MSF a aussi soutenu un hôpital de 148 lits, un centre de traitement du choléra de 100 lits à Baraka et a fourni une aide médicale et psychosociale à 5 600 victimes de viols au Nord- et au Sud-Kivu. Des équipes chirurgicales mobiles se sont rendues à Bunyakiri, Kayna et Nyamilima, trois foyers de violence, dont les habitants n’avaient jusqu’alors pas eu accès à des soins chirurgicaux. Elles ont pratiqué près de 300 interventions. Plus de 30 pour cent des blessures résultaient des violences. Épidémies, urgences et défis MSF est intervenu pour des épidémies récurrentes telles que la rougeole et le choléra: les équipes de MSF ont traité les cas de choléra dans des centres spécialisés à Rutshuru et Goma ont vacciné les enfants de moins de cinq ans contre la rougeole. Face à la violence dans le territoire de Shabunda, MSF a lancé un programme d’urgence de quatre mois à Lulingu, dans le Sud-Kivu, pour répondre aux besoins sanitaires et nutritionnels des déplacés internes et des communautés locales. Plus de 15 700 patients ont été soignés pendant cette période.

L’insécurité a continué à saper les tentatives de MSF de soutenir le système national de santé, faible et débordé. En octobre, sept sites de vaccination de MSF ont été la cible de tirs lors d’attaques de l’armée congolaise contre le FDLR dans le district de Masisi et ce malgré une garantie de sécurité donnée par le gouvernement. MSF a dénoncé cette attaque inacceptable contre des civils. Haut-Uélé, Bas-Uélé et Ituri Depuis la fin de 2008, la population civile du nord-est de la RDC est piégée dans un cycle de violences liées aux attaques perpétrées par le groupe rebelle ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et à une offensive militaire contre cette même LRA. MSF a continué à travailler à l’hôpital de Dungu et a commencé à soutenir des hôpitaux et des centres de santé à Faradje, Niangara et Dingila. Les activités à Doruma ont pu reprendre après une suspension due à l’insécurité. Dans tous les sites de ses projets, MSF a fourni un soutien psychosocial, des vaccinations contre la rougeole et a distribué des secours à des milliers de déplacés. Au cours de 2009, la violence et les confrontations armées se sont graduellement étendues du Haut-Uélé vers le Bas-Uélé, situées au nord-est de la RDC, ainsi qu’aux régions voisines du sud du Soudan et de l’est de la République centrafricaine. Une amélioration de la situation dans la région de Faradje a permis à MSF de transférer ses activités médicales et psychosociales mais, plus à l’ouest, dans le Bas-Uélé, de nouvelles attaques ont déplacé des milliers de civils. MSF a dès lors soutenu l’hôpital d’Ango en fournissant des soins médicaux gratuits aux déplacés comme aux populations locales. Au premier semestre, les équipes ont aidé les réfugiés installés dans la région d’Ariwara, dans l’Ituri, à la frontière ougandaise. À la suite d’attaques, MSF a dû suspendre ses activités dans les centres de traitement de la maladie du sommeil (trypanosomiase) de Bili et Banda, où 228 patients avaient été soignés durant le premier trimestre de l’année. À Bunia, dans le district de l’Ituri, ce sont en moyenne mensuelle, 700 enfants de moins de cinq ans qui ont été hospitalisés et 2 000 autres qui ont reçu des soins ambulatoires. Plus de 1 000 femmes ont bénéficié d’une prise en charge médicale et psychologique, le plus souvent pour viol. Plus de 8 000 personnes ayant fui les violences dans la région de Similiki se sont réfugiées dans la ville de Gety. MSF y a soigné 18 000 patients et, lorsque la sécurité le permettait, a apporté des soins médicaux dans les zones voisines de Tchekele, Aveba et Songolo. Les équipes ont également vacciné 15 000 enfants contre la rougeole dans ces zones. Autres zones Dans les parties plus stables de la RDC, des besoins sanitaires persistent. Des équipes d’urgence basées à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani ont réalisé 12 interventions d’urgence, notamment pour une

épidémie de choléra au Katanga et une épidémie de fièvre Ebola au Kasaï occidental. MSF a vacciné plus de 400 000 enfants contre la rougeole, principalement dans les provinces Orientale, du Maniema et du Nord-Kivu. MSF a continué à soigner plus de 2 000 patients atteints par le VIH/sida dans la capitale Kinshasa mais a fermé ses deux cliniques de traitement des maladies sexuellement transmissibles dans la ville septentrionale de Kisangani, une autre organisation ayant repris le flambeau et assurant la continuité des traitements. À l’hôpital de MSF de Lubutu, dans la province du Maniema, plus de 120 patients pas mois ont été hospitalisés. Au Katanga, MSF a géré deux hôpitaux à Shamwana et Dubie et a offert des soins de base et maternels dans 12 centres de santé. Pour la troisième année consécutive, MSF a offert de la chirurgie spécialisée aux femmes souffrant de fistules obstétriques, un symptôme débilitant résultant souvent de complications lors de l’accouchement. Les équipes MSF ont aussi opéré des femmes souffrant de fistules dans les provinces du Nord-Kivu et de Maniema. Des réfugiés fuient au Congo Brazzaville Entre octobre et décembre, dans la province de l’Équateur, dans l’ouest de la RDC, des combats entre différentes communautés, apparemment au sujet de droits de pêche et d’exploitation agricole, ont poussé plus de 100 000 personnes à fuir en République du Congo Brazzaville et plus de 30 000 autres à chercher refuge ailleurs dans le pays. D’après une enquête réalisée en décembre par le centre épidémiologique de MSF « Epicentre » auprès des réfugiés installés dans la République du Congo Brazzaville voisine, les violences auraient fait, en 50 jours, quelque 1 700 morts sur une population de 40 500. En novembre, MSF a commencé à aider les réfugiés congolais dans la République voisine du Congo. Dans le même temps, une autre équipe de MSF a évalué les besoins et commencé à travailler dans l’ouest de la RDC. MSF travaille en République Démocratique du Congo depuis 1981.

© Martin Beaulieu

MSF a fourni une aide médicale en gérant des hôpitaux, des cliniques mobiles, des campagnes de vaccination et des programmes de lutte contre le choléra. Les équipes de MSF on également soigné les victimes de violences sexuelles.

Nord-Kivu, RDC. Des réfugiés devant le camp de Kitchanga.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – République démocratique du Congo

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AFRIQUE

Djibouti MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé

Éthiopie MOTIF D’INTERVENTION

© Jean-FranÁois Herrera

Personnel de terrain 90

• Conflit armé

• Endémie / Épidémie

En 2009, MSF a recentré ses activités en Éthiopie, ouvrant de nouveaux projets dans les régions de Somali, d’Oromiya et de Gambella et en transférant un projet consacré au kala-azar, aux autorités sanitaires locales de la région du Tigré. Des équipes ont aussi soigné des cas de VIH/sida, de tuberculose (TB) et de malnutrition et ont porté assistance aux réfugiés installés dans des camps.

Une jeune maman assise avec son bébé devant un centre de dépistage de la malnutrition.

À Djibouti, les taux de malnutrition infantile dans les bidonvilles sont élevés. Ceci s’explique en partie parce que ce petit pays dépend totalement d’importations de l’étranger. Les fluctuations des prix des denrées alimentaires ont un profond impact sur ses 800 000 habitants, d’autant plus que 60 pour cent d’entre eux sont au chômage. MSF prend en charge les enfants âgés de six mois à cinq ans qui souffrent de malnutrition aiguë, surtout dans les bidonvilles de la capitale. Ceux-ci abritent principalement des sans-papiers, des demandeurs d’asile et des Dijboutiens sans ressources ayant fui les zones rurales frappées par la sécheresse. Ces bidonvilles, situés à l’ouest de la ville, voient leur population gonfler de plusieurs milliers de personnes chaque mois. De plus, d’après le UNHCR, le pays abrite officiellement quelque 10 000 réfugiés, la plupart somaliens.

Prise en charge du kala-azar En juillet, MSF a transféré aux autorités sanitaires locales son programme de traitement du kalaazar à Humera, à la frontière avec l’Érythrée et le Soudan. Cette décision fait suite à d’importants changements décidés par le gouvernement et d’autres organisations pour faire face à cette maladie, mortelle si elle n’est pas traitée. Cette parasitose sera dorénavant prise en charge dans toutes les structures de santé et un programme de formation national sera instauré pour le personnel de santé. En 11 ans de travail dans le district de Humera, MSF a soigné environ 8 000 patients souffrant du kala-azar. La région d’Amhara, située dans le nord-ouest du pays, près de la frontière du Soudan et de l’Érythrée, est isolée et souvent inaccessible, surtout pendant la saison des pluies. MSF a continué à y prodiguer des soins aux personnes infectées par le kala-azar. Durant l’année, plus de 800 personnes ont subi un dépistage et près de 250 ont été soignées.

MSF a aussi pris en charge des cas de VIH, de TB et de malnutrition. L’an dernier, plus de 4 000 personnes ont bénéficié de counselling et de dépistage du VIH et 250 patients ont entamé leur traitement antirétroviral. Plus de 500 personnes, dont 250 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition, ont reçu des aliments thérapeutiques. Soins de santé dans la région de Somali Dans la région de Somali, partie de l’Éthiopie en proie à un conflit, beaucoup de personnes n’ont pas accès aux soins et des équipes ont donc continué à offrir une assistance médicale gratuite. Dans un centre, à Wardher, MSF a fourni des soins généraux et maternels et soigné des cas de malnutrition et de TB. Le personnel s’est attaché à renforcer et à promouvoir les services de santé maternelle car peu de femmes enceintes de la région venaient consulter à la clinique. Ces efforts ont porté leurs fruits: en un an, plus de 1 600 femmes ont bénéficié de consultations prénatales et 200 ont reçu une assistance à l’accouchement. À Degahbur, MSF a soutenu un hôpital en proposant des soins généraux et maternels et des services de nutrition. Grâce à des cliniques mobiles, il est possible d’atteindre les communautés rurales. Les équipes de Degahbur ont assuré près de 20 000 consultations et soigné près de 13 000 enfants souffrant de malnutrition. En février, MSF a offert une assistance médicale d’urgence aux réfugiés somaliens des camps de transit ainsi qu’à ceux hébergés par la communauté locale. Dans le camp de transit de Dolo Ado, des équipes ont assuré des soins de base, des dépistages de la malnutrition et des vaccinations contre la rougeole aux enfants de moins de 15 ans. Dans le centre de santé de la ville de Dolo Ado, MSF a offert des soins généraux, maternels et pédiatriques, une assistance nutritionnelle et diverses vaccinations.

© MSF

Les équipes médicales de MSF prennent en charge les enfants atteints de malnutrition sévère à Balbala, un quartier de la ville de Djibouti, qui compte environ 200 000 âmes. Des équipes mobiles circulent dans les districts de Balbala, Hayableh, Arhiba et PK12 pour détecter les cas de malnutrition sévère et référer aux centres de santé pour traitement. Les cas nécessitant une hospitalisation sont amenés au centre de nutrition thérapeutique de MSF. Ces derniers mois, sur les plus de 14 000 enfants dépistés, 16 pour cent nécessitaient une prise en charge. En 2009, MSF a soigné près de 1 730 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition.

Personnel de terrain 589

MSF travaille à Djibouti depuis 2008.

Dardher, Ethiopie. Une équipe de sage-femme et de villageoises à l’extérieur du poste de santé. 18

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – DJIBOUTI / ÉTHIOPIE


AFRIQUE

En mai, MSF a aidé les autorités sanitaires locales à ouvrir un centre de santé à Geladi, également dans la région de Somali. L’intervention visait initialement à enrayer une épidémie de diarrhée mais, au deuxième semestre de 2009, les équipes ont développé d’autres services, comme les soins maternels et les soins généraux.

Guinée Conakry

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Violence sociale / Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 175

Soutien nutritionnel dans les régions de Oromiya, Amhara et Somali En novembre, MSF a commencé à proposer des soins nutritionnels à Anchar worreda, dans la zone de West Hararghe dans la région d’Oromiya. Un centre de stabilisation a été construit et plus de 60 enfants souffrant de malnutrition sévère avec complications y ont été admis pour y suivre un traitement de deux mois. 540 autres enfants atteints de malnutrition sévère ont été soignés en ambulatoire. MSF est aussi intervenu pour des crises nutritionnelles ailleurs: plus de 80 enfants de moins de cinq ans à Bokh, entre septembre et novembre, et plus de 550 enfants, à Legehida ont été pris en charge. Déplacés à Gambella Durant toute l’année, la violence croissante sévissant dans les régions voisines du Soudan a poussé des habitants à venir se réfugier dans la région de Gambella, dans l’ouest du pays. MSF y a ouvert un programme de soins généraux, maternels et nutritionnels pour quelque 20 000 résidents et 15 000 déplacés vivant dans le district de Wantaho Woreda. En 2009, MSF a assuré près de 1 800 consultations. Épidémie de diarrhée MSF est intervenu pour d’autres urgences durant l’année, principalement des épidémies de diarrhée aqueuse aiguë. À Moyale, à la frontière kenyane, les équipes de MSF ont soigné plus de 500 personnes en un mois et, dans la région de l’Afar, plus de 1 000 patients ont été traités. MSF est aussi intervenu à South Omo, dans la région des Nations, Nationalités et Peuples du Sud et dans la région d’Oromiya. En août, la diarrhée est devenue endémique dans la capitale, Addis-Abeba, et ses environs. En collaboration avec les autorités sanitaires éthiopiennes, les équipes ont traité plus de 10 000 patients dans neuf structures de la ville. MSF travaille en Éthiopie depuis 1984.

© Johann Buchot

En août, des équipes médicales ont commencé à offrir des soins ambulatoires et prénatals ainsi qu’une prise en charge de la malnutrition à East Imey, dans un centre de 15 lits disposant en outre d’une maternité. En décembre, MSF a étendu ses activités à West Imey, où des équipes soutiennent un centre de soins primaires et un centre nutritionnel.

Conakry, Guinée Conakry. Des employés de MSF remettent des moustiquaires imprégnées d’insecticides à la population pour combattre le paludisme. En septembre, les forces de sécurité du gouvernement ont réprimé violemment une grande manifestation de l’opposition dans la capitale Conakry. Il y eut 150 morts et des centaines de blessés. L’instabilité politique a persisté tout au long de 2009 et la vie de la plupart des Guinéens est restée marquée par la pauvreté et l’accès limité à des services de santé de qualité. MSF a fourni des soins médicaux, notamment des traitements contre le VIH/sida et des soins pédiatriques. Violence Le 28 septembre, les hôpitaux de Conakry ont été submergés de centaines de patients blessés suite à la répression par le gouvernement de la manifestation d’opposition. MSF a fourni du matériel médical aux hôpitaux et centres de santé locaux et a participé à l’évacuation, au tri et au traitement des blessés. Les équipes ont soigné plus de 400 blessés, dont un tiers pour des blessures graves, et ont créé un centre offrant des soins médicaux et psychologiques aux victimes de violences. Pédiatrie En février, MSF a ouvert un nouveau programme pédiatrique en collaboration avec les autorités sanitaires guinéennes à Matam, un quartier de Conakry. Ciblant les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes, ce projet vise à réduire le taux de mortalité parmi les jeunes enfants du district, beaucoup étant atteint de paludisme, malnutrition, diarrhées et autres maladies. Plus de 5 500 consultations, dont la moitié pour le paludisme, ont été recensées dans les trois centres de santé de Matam en 2009. MSF fournit aussi des soins néonatals et nutritionnels à l’Institut national pour la santé des enfants de Conakry.

Prise en charge du VIH/sida et décentralisation En 2009, MSF a poursuivi sa prise en charge du VIH/sida à Guéckédou, dans le sud-est du pays et dans la capitale, Conakry. MSF a offert des dépistages, des traitements et du counselling, a formé et supervisé du personnel médical et a amélioré des unités médicales. À la fin de l’année, MSF administrait des traitements antirétroviraux à plus de 4 000 patients dont certains étaient co-infectés par la tuberculose (TB). MSF a continué à plaider pour que le traitement du VIH/sida soit décentralisé dans de plus petits centres de santé afin de permettre une prise en charge plus proche du domicile. Santé dans les prisons Après avoir mené un programme médical et nutritionnel d’urgence dans plusieurs prisons de Guinée, MSF a publié un rapport mettant en évidence les mauvaises conditions de vie des prisonniers. Selon ce rapport, intitulé « Pas de nourriture ni de médicaments ici jusqu’à ce que vous mourriez », à Guéckédou, un tiers des prisonniers adultes souffrent de malnutrition et le manque d’hygiène entraîne déshydratation et prolifération des infections cutanées et respiratoires. Dans des cellules surpeuplées, les mineurs n’étaient pas séparés des adultes, ni les tuberculeux, des autres prisonniers. MSF a appelé les autorités nationales et locales à agir immédiatement pour répondre aux besoins fondamentaux des prisonniers. Le paludisme Le paludisme est la principale cause de décès en Guinée. Entre août et octobre, les équipes de MSF ont distribué plus de 78 000 moustiquaires imprégnées d’insecticide à 38 000 ménages du district de Matam. MSF travaille en Guinée depuis 1984.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Guinée Conakry

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AFRIQUE

Kenya Au début de 2009, lorsque les Somaliens fuyant les combats dans leur pays sont arrivés au Kenya par milliers, MSF a rouvert ses cliniques dans le camp de réfugiés de Dagahaley, à Dadaab, dans le nord-est du pays, après cinq ans d’absence. Les équipes sont également intervenues lors de nombreuses urgences, notamment des explosions de camions-citernes et le retour du choléra, et a soigné des cas de kala-azar, de VIH/sida et de tuberculose (TB).

des soins médicaux et chirurgicaux et dans quatre autres centres de santé qui administrent des vaccins et assurent une prise en charge prénatale et des soins en santé mentale. Les besoins médicaux sont énormes: l’hôpital prodigue environ 10 000 consultations et admet 600 patients par mois. Entre août et décembre de l’an dernier, MSF a soigné plus de 67 000 patients, dont plus de 2 200 enfants atteints de malnutrition. Répondre aux urgences En janvier, l’explosion d’un camion-citerne a fait plus de 100 morts dans la ville de Molo à Nakuru. Plus tard, la même année, un autre camion-citerne a explosé à Kericho. Les équipes ont offert des soins médicaux aux survivants, nombre d’entre eux souffrant de brûlures. Après 12 ans de répit, le choléra est réapparu au Kenya à la fin de 2008. En 2009, MSF est intervenu pour plusieurs épidémies dans le pays et a soigné environ 5 000 personnes. Kala-azar Dans le district de West Pokot, dans l’ouest du Kenya, les équipes ont soigné des patients atteints du kala-azar, une parasitose transmise par le phlébotome, mortelle si non traitée. Elles ont soigné 40 à 50 personnes par mois.

• Exclusion des soins de santé

MSF plaide pour une prise en charge gratuite par le ministère de la Santé et pour une mise à disposition de méthodes de dépistage rapide. VIH/sida et TB MSF gère un programme VIH/sida et TB dans la province occidentale de Nyanza, où la prévalence de ces maladies est parmi les plus élevées du pays. À l’hôpital, les équipes ont soigné plus de 9 400 séropositifs, dont 73 pour cent reçoivent des traitements antirétroviraux (ARV). Grâce à l’intervention de MSF, cette structure a été le premier hôpital public du pays à offrir des ARV gratuitement en 2001. Toutefois, dans cette communauté rurale pauvre, où les transports sont peu fiables ou chers et la stigmatisation très répandue, beaucoup de patients ne consultent que si le VIH les rend gravement malades. Pour tenter d’encourager plus de personnes à consulter, MSF s’est attaché à décentraliser les soins dans le district et veille à rendre la prise en charge du VIH disponible dans les cliniques de toute la zone. La TB étant la principale cause de décès parmi les séropositifs, MSF s’est concentré sur sa prise en charge et sur les cas de TB multirésistante (TB-MR) à Homa Bay.

© Dominic Nahr

Aide aux réfugiés somaliens Dagahaley est un des trois camps de Dadaab installés au début des années 1990 pour abriter les réfugiés somaliens. À la fin de 2009, les camps, construits à l’origine pour 90 000 personnes, en accueillaient près de 300 000. Dans ce camp, MSF travaille dans un hôpital de 100 lits qui offre

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie Personnel de terrain 629

Camp de Dagahaley, Dadaab, Kenya. Un jeune Somalien souffrant d’un cancer au dernier stade, jamais traité correctement, ausculté par un médecin. 20

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – KENYA


AFRIQUE

Lesotho Dans les bidonvilles de Mathare et Kibera, MSF fournit des soins à environ 7 000 séropositifs et des traitements antirétroviraux (ARV) à plus de 4 800 patients. En 2009, le nombre mensuel de consultations aux trois cliniques de MSF à Kibera est passé de 4 700 à plus de 7 000. À Mathare, les équipes médicales ont commencé à pratiquer du counselling et des dépistages en différents lieux du bidonville pour atteindre plus de séropositifs. Une prise en charge spécialisée des violences sexuelles, un énorme problème dans les bidonvilles, est aussi proposée. Elle inclut du counselling, un soutien social et des traitements qui réduisent grandement le risque d’infection par le VIH. Rien que dans ce bidonville, les équipes ont soigné entre 20 et 30 survivantes de viols par mois, le plus souvent mineures. Transferts À Nairobi, MSF a transféré son programme de l’hôpital de Mbagathi au ministère de la Santé, après 12 ans d’intervention. À Busia, dans la Province occidentale proche de la frontière ougandaise, MSF a également transféré, ses activités menées dans le principal hôpital du district et le support que l’organisation apportait à huit centres. Le transfert du dernier centre de santé est planifié pour avril 2010. En dix années de présence de MSF à Busia, le traitement des séropositifs a bien progressé. MSF a travaillé en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et a veillé à ce que les soins soient décentralisés et intégrés dans les centres de santé du district. Les équipes ont soigné plus de 13 300 patients infectés, dont plus de 4 300 ont reçu des ARV. MSF travaille au Kenya depuis 1987.

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie Personnel de terrain (intégré au nombre de personnel de terrain pour l’Afrique du sud)

© Zethu Mlobeli

En 2009, MSF a construit, dans l’hôpital de district, une salle d’isolement de huit lits pour les cas de TB-MR. Les équipes médicales fournissent également des traitements aux cas de TB-MR dans les bidonvilles de Nairobi où les gens vivent dans des conditions extrêmement précaires, sans électricité, sans eau et sans tout-à-l’égout.

Clinique St-Barnabas, Lesotho. Deux infirmiers comparent leurs notes.

Au Lesotho, un des pays les plus touchés par le VIH / sida, 270 000 personnes sont infectées et 117 000 d’entre elles ont besoin d’un traitement antirétroviral ( ARV ). Seules 41 000 reçoivent actuellement ces traitements vitaux. Il y a quatre ans, MSF et les autorités sanitaires nationales ont lancé ensemble un programme de prise en charge du VIH/sida et de fourniture d’ARV en milieu rural. MSF a maintenant transféré six des 15 cliniques qui ont reçu son soutien dans le service de santé de l’hôpital Scott, au sud de Maseru, la capitale. Ces six centres seront désormais gérés par les autorités sanitaires locales pour favoriser une décentralisation des soins et rapprocher les traitements des habitants des campagnes. Des infirmiers seront formés pour administrer les traitements contre le VIH/sida et la tuberculose ( TB ). Des conseillers non professionnels, souvent séropositifs eux-mêmes, seront aussi formés pour soutenir de nouveaux patients et les aider à respecter le traitement. Le programme lancé à l’hôpital Scott couvre un hôpital de district et 14 centres de santé dans des communautés rurales isolées, soit environ 220 000 personnes, dont 30 000 séropositifs. Outre les soins généraux, ces cliniques fournissent une prise en charge complète du VIH/sida, à savoir dépistage, ARV et counselling ainsi que prévention de la transmission de la mère à l’enfant. MSF s’est aussi attaché à renforcer les services de laboratoire, l’approvisionnement en médicaments, les infrastructures et le suivi du programme.

Sur l’année, près de 54 000 dépistages du VIH ont été effectués et plus de 6 000 patients ont été mis sous ARV. Les résultats des deux premières années sont encourageants: 80 pour cent des adultes et 93 pour cent des enfants sont toujours en vie après 12 mois de traitement. En outre, la transmission du VIH de la mère à l’enfant a été ramenée à moins de cinq pour cent. Toutefois, comme 90 pour cent des patients séropositifs sont co-infectés par la TB, le programme se concentre maintenant aussi sur l’amélioration du diagnostic de la TB et l’intégration des services VIH/sida et TB. MSF travaille au Lesotho depuis 2006.

Mamatsoele

Séropositive, conseillère travaillant dans une clinique isolée des montagnes « Quand je parle aux gens du VIH, j’explique mon cas et comment je vivais avant de savoir que j’étais infectée. Même si vous prenez le médicament, si vous n’acceptez pas votre état, vous ne vous en sortirez pas. Le fait d’avoir accepté mon état de séropositive a fait de moi une nouvelle personne. »

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Lesotho

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AFRIQUE

Libéria MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie • Violence sociale / Exclusion des soins de santé

Bien que le Libéria ait bien progressé sur la voie de la stabilité et de la reconstruction après ses 14 années de guerre civile, beaucoup de Libériens vivent encore dans une extrême pauvreté et le système de santé, faible, peine souvent à fournir des soins adéquats. Femmes et enfants restent très vulnérables. Soins maternels et pédiatriques En 2009, MSF a offert des soins gratuits dans deux hôpitaux et deux centres de santé du Comté de Montserrado, dans le nord-ouest, où vit plus de 30 pour cent de la population. Dans un quartier de Paynesville, MSF a assuré des soins intensifs en néonatalogie, la prise en charge d’urgences obstétriques, y compris des interventions chirurgicales, dans un hôpital de 106 lits pour femmes et enfants. Durant l’année, les équipes ont soigné près de 7 000 patients, dont plus de 1 100 accouchements, et ont pratiqué 2 600 interventions chirurgicales d’urgence. MSF a en outre assuré un accès gratuit aux soins dans un hôpital pédiatrique privé de 187 lits à Bushrol Island, un quartier surpeuplé de Monrovia, qui compte plus de 500 000 habitants. Plus de 12 400 enfants ont été admis en 2009. Les équipes se sont surtout concentrées sur la santé maternelle, la malnutrition infantile avec complications médicales et l’intégration du traitement de maladies chroniques telles que le VIH / sida et la tuberculose. En collaboration avec le ministère de la Santé, MSF a également soutenu deux centres de santé à Clara Town et New Kru Town, dans la capitale. Les équipes ont fourni toute une gamme de services, notamment les soins pré- et postnatals, les vaccinations et la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Au total, ces centres ont assuré plus de 112 000 consultations et pratiqué 2 200 accouchements.

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© Julie Rémy

Personnel de terrain 694

Une maman veillant sur sa fille affectée par la rougeole.

Transferts En 2007, MSF a entamé le transfert graduel de projets au ministère de la Santé et à d’autres partenaires. En 2009, le pays étant concrètement entré dans une phase de reconstruction, MSF a continué à transférer des activités, notamment dans le Comté de Nimba, dans le nord-est, en avril, puis des activités du centre de santé de Clara Town, en août. MSF a aussi réduit ses activités dans deux hôpitaux de Monrovia. Avant le transfert de Saclepea, dans le Comté de Nimba, MSF avait finalisé, en collaboration avec d’autres partenaires, un projet de recherche destiné à tester l’antipaludique connu sous le nom de polythérapie à base d’artémisinine ou ACT. Violences sexuelles Les violences sexuelles restent courantes au Libéria. MSF a offert une aide médicale et psychologique d’urgence aux victimes à l’hôpital d’Island à Monrovia et dans deux centres de santé, traitant en moyenne 70 patientes par mois en 2009. Plus des trois quarts d’entre elles avaient moins de 18 ans. Au cours des derniers mois de 2009, MSF a mené une campagne de sensibilisation à Monrovia. Utilisant des annonces à la radio, des interviews, des affiches, des bannières, des SMS et des troupes de théâtre, MSF entend inciter plus de survivantes de violences sexuelles à venir chercher un traitement médical et psychologique vital, particulièrement dans les trois premiers jours suivant un viol.

Les projets de MSF à travers le monde – AFRIQUE – Libéria

Soins médicaux gratuits pour tous MSF a continué à plaider pour la gratuité générale des soins dans tout le pays. Bien que le gouvernement ait introduit une politique de gratuité des soins en 2006 et ait confirmé ce choix en 2009, la volonté politique et des ressources considérables de la communauté internationale restent nécessaires pour que ces promesses se concrétisent. MSF travaille au Libéria depuis 1990.

Bestman 10 ans, patient à l’Hôpital Island de Monrovia atteint par la TB « J’étais très malade lorsqu’ils m’ont amené ici. Je n’arrivais même plus à jouer avec mes amis, je transpirais et je toussais tout le temps. Ma mère était inquiète. Elle pensait qu’elle devrait payer très cher et ma famille n’a pas beaucoup d’argent. Mais ici tout est gratuit. J’ai passé deux semaines à l’hôpital et j’ai du revenir une fois par mois pendant six mois pour prendre mon traitement. Maintenant, je peux jouer avec mes amis à nouveau. »


AFRIQUE

Malawi MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

• Catastrophe naturelle

Personnel de terrain 514

Le Malawi a été durement touché par la pandémie de VIH / sida: près d’un million de personnes, soit 12 pour cent des 15 - 49 ans, sont infectées. La pénurie de professionnels de la santé est chronique et la demande de traitements antirétroviraux (ARV) reste considérable. À la fin de 2009, plus de 300 centres administraient des ARV à plus de 183 000 patients mais 300 000 personnes étaient encore sur la liste d’attente. Programme VIH / SIDA Une prise en charge de qualité du VIH est dorénavant assurée dans les districts de Chiradzulu et Thyolo mais cela reste rare dans le reste du pays. Vu l’ampleur des besoins et la pénurie de personnel de santé, MSF a dû adapter son approche, simplifier les protocoles de traitement et déléguer la prise en charge des patients à des infirmiers des structures de santé locales pour rapprocher les traitements des patients. Seuls les enfants et les femmes enceintes infectés ou les cas présentant des complications sont envoyés aux spécialistes. Le dépistage et le soutien psychosocial et nutritionnel sont assurés par des conseillers qui aident les patients à bien respecter le traitement. MSF s’emploie à élargir l’offre pour les séropositifs pour y inclure notamment la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, les soins pédiatriques et la détection des échecs de traitement. MSF attache une grande importance à intégrer les services VIH dans l’offre générale et à intégrer ses services de soutien pour le VIH dans les centres du ministère de la Santé.

Depuis juillet 2009, l’approvisionnement du Malawi en ARV étant devenu peu fiable, MSF a envoyé un stock d’urgence aux districts de Chiradzulu et Thyolo pour prévenir une interruption des traitements des 30 000 patients du programme. Toute interruption de traitement augmente le risque d’apparition d’une résistance aux médicaments. À la fin de 2009, MSF administrait des ARV à plus de 15 000 patients à Chiradzulu et à 15 000, à Thyolo. En juillet de l’an dernier, MSF a présenté le cas du Malawi à la Conférence internationale sur le sida qui s’est tenue au Cap, en Afrique du Sud. MSF a pu démontrer que l’offre de ARV à grande échelle ne surcharge pas nécessairement le système de santé, citant en exemple le programme de Thyolo, qui administre des ARV à 80 pour cent des patients qui en ont besoin. Pénurie de personnel Au Malawi, le nombre d’infirmiers et de médecins par habitant est dangereusement bas. Dans les districts où MSF est présent, le personnel médical est surchargé: il assure entre 150 et 200 consultations par jour. Dans ces conditions, prodiguer des soins de qualité et d’améliorer les services VIH est pratiquement impossible. Cette pénurie de personnel s’explique en partie par le nombre de décès et de maladies liés au VIH. Pour faire face à cette situation, MSF soutient une

clinique à l’hôpital de Thyolo, où le personnel peut recevoir des services de santé. Épidémie de choléra à Lilongwe À la fin de 2008 et au début de 2009, la capitale, Lilongwe, a connu une épidémie de choléra en raison principalement du manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Les autorités ont demandé de l’aide et MSF a fourni du matériel et du personnel médical et a organisé une formation intensive pour le personnel de santé. Les équipes ont soigné plus de 3 700 patients et ont apporté un soutien logistique pour améliorer l’approvisionnement en eau et l’assainissement dans neuf centres de santé et un hôpital de district. Séisme dans le nord du pays Le 20 décembre, un séisme de magnitude 6,2 a frappé la province rurale de Karonga, dans le nord, faisant quatre morts et 200 blessés. Quelque 1 500 personnes se sont retrouvées sans abri. L’aide financière et matérielle fournie par d’autres agences étant suffisante, MSF a fourni un soutien technique, créant un centre de santé dans le camp pour les sans-abri et en fournissant des installations d’assainissement et un accès à l’eau potable. L’équipe a aussi veillé à ce que les victimes de ce séisme aient accès aux traitements du VIH. MSF travaille au Malawi depuis 1986.

Nouma patiente de MSF originaire de Chiradzulu

© Isabelle Merny

« Ça a été difficile pour moi de me rendre à l’hôpital de district. J’ai du mal à marcher et je n’ai pas de véhicule. Trouver l’argent pour le transport est un problème aussi parce que c’est loin. Maintenant, il me faut juste 30 minutes pour aller au centre de santé. »

Chiradzulu, Malawi. Des enfants jouent devant un centre de santé fournissant des ARV à plus de 15 000 séropositifs.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Malawi

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AFRIQUE

Mali

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 133

Plusieurs facteurs se combinent pour rendre l’accès aux soins difficile pour les Maliens: le coût, la distance les séparant des centres de santé et, dans le nord du pays, le nomadisme. Le paludisme est la principale cause de mortalité parmi les enfants de moins de cinq ans et le taux de mortalité maternelle est élevé. Tout au long de 2009, MSF a fourni des soins généraux, un soutien nutritionnel aux enfants et a traité le paludisme ainsi que les fistules obstétriques. Le paludisme Des équipes travaillent dans la région de Kangaba, dans le sud, la plus touchée par la maladie. MSF y soutient 11 centres de santé et équipes mobiles, dont 66 villageois formés pour détecter et traiter des cas de paludisme simple parmi les enfants vivant dans des villages isolés lors de la saison des pluies. Ces villageois savent aussi reconnaître les symptômes de paludisme sévère et peuvent référer les cas les plus graves dans les centres de santé.

atteints dans des villages isolés des régions de Tombouctou et Gao, référant les cas les plus graves dans les centres de MSF où plus de 2 800 patients ont reçu des soins. Bien que le nombre de personnes infectées ait déjà dépassé le seuil épidémique, MSF a mené une campagne de vaccination dans la région de Tombouctou, en collaboration avec le ministère de la Santé, pour prévenir la propagation de la maladie. Plus de 322 000 enfants âgés de six mois à 15 ans ont été vaccinés.

En 2009, MSF a assuré plus de 118 000 consultations. 60 000 personnes atteintes par le paludisme ont été traitées et plus de 1 150 cas sévères ont été hospitalisés. Grâce au dépistage précoce, le nombre d’hospitalisations est resté assez faible.

Opérations de fistules Dans les régions de Tombouctou et Gao, dans le nord-est, MSF a soigné des femmes atteintes de fistules obstétriques, un problème courant dans des régions isolées où, vu la rareté des hôpitaux, les femmes ne peuvent guère bénéficier de césariennes. Ces fistules résultent de complications pendant l’accouchement qui provoquent des blessures permanentes au canal génital des mères survivantes. Elles peuvent provoquer des pertes chroniques d’urine ou de selles. Les femmes qui en souffrent subissent souvent un ostracisme social.

Épidémie de rougeole MSF a répondu à une épidémie de rougeole dans le nord du pays en traitant les patients

MSF a opéré plus de 80 femmes en collaboration avec l’hôpital régional de Tombouctou et celui de Gao.

Mortalité infantile élevée D’après une étude réalisée en 2006 par Enquête démographique et de Santé du Mali, un enfant sur quatre meurt avant d’atteindre l’âge de cinq ans dans la région de Sikasso, dans le sud-est. Plus de 40 pour cent des 120 000 enfants de la région souffrent de malnutrition. Le paludisme, des diarrhées et des infections respiratoires expliquent aussi cette forte mortalité infantile. En collaboration avec le Ministère de la Santé, MSF a lancé, en 2009, un programme médical et nutritionnel fournissant du personnel de santé supplémentaire, des médicaments et des aliments thérapeutiques à cinq centres de santé. Les enfants devant être hospitalisés sont transférés à l’hôpital de Koutiala, où une unité de soins intensifs pédiatriques et un centre de nutrition thérapeutique ont été créés. Entre juillet et décembre, plus de 22 300 consultations ont été effectuées dans les centres de santé soutenus par MSF. Deux enfants sur trois ont été soignés contre le paludisme, 3 200 ont été traités pour malnutrition sévère et plus de 1 100 ont été hospitalisés. MSF travaille au Mali depuis 1992.

Ablo

© Barbara Sigge

10 ans, atteint de paludisme, habitant un village de la région de Kangaba

Une communauté de villageois assiste à une présentation sur la prévention du paludisme.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – MALI

« Tous les mois, j’attrape le paludisme à cause des moustiques. L’infirmier de MSF est venu dans notre école et nous a expliqué ce qui se passait. À la maison, nous dormons sous une moustiquaire mais les moustiques piquent aussi en soirée et j’aime courir avec mes amis jusqu’à la tombée de la nuit. Mais le médicament agit très vite. Après deux jours, je peux retourner à l’école, veiller sur notre bétail et prendre soin de mon petit frère. »


© Anna Surinyach

AFRIQUE

Une consultation est effectuée à l’arrière d’une ambulance de MSF.

Maroc Les politiques migratoires adoptées par les autorités marocaines, la situation économique mondiale, la crise financière et la montée du chômage ont entraîné, en 2009, une baisse du flux de migrants au Maroc.

La migration de jeunes femmes reste cependant élevée, principalement à cause de réseaux de traite d’êtres humains. Beaucoup sont victimes de violences sexuelles et souffrent des problèmes de santé qui en découlent. Dans les villes d’Oujda, Rabat et Casablanca, des équipes ont utilisé des cliniques mobiles permettant d’atteindre les gens ayant besoin de soins et de référer les cas complexes aux autorités sanitaires marocaines. Cependant,

MOTIF D’INTERVENTION • Violence sociale / Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 30

les projets de Rabat et Casablanca ont été fermés en décembre suite à l’amélioration de l’accès des migrants au système de santé national.

En 2009, MSF a traité 5 550 patients et est venu en aide à de nombreuses victimes de violences sexuelles. Percevant qu’il ne s’agissait là que de la partie émergée de l’iceberg, les équipes ont systématiquement demandé à tous les patients s’ils avaient été victimes de violences sexuelles. 38 pour cent ont répondu par l’affirmative. Échoués entre deux pays Actuellement, des migrants sont expulsés du Maroc dans un « no man’s land » appelé « Kandahar », à la frontière entre la Mauritanie et le Maroc. En Mauritanie, ils sont détenus par les autorités dans un centre appelé “Guantanamito”. Sur la base des constatations d’une mission exploratoire menée en 2009 en Mauritanie, un projet ouvrira en 2010 pour procurer des soins médicaux aux migrants. Une nouvelle évaluation sera menée en 2010 à Argelia, à la frontière orientale avec l’Algérie, pour juger des besoins des migrants sur cette route migratoire.

Témoignage Migrante originaire de la République démocratique du Congo interviewée au Maroc « Nous sommes venues à pied. Pour faire ce trajet à pied, il faut être très fort. Vous n’avez que l’eau que vous portez et quand votre réserve est épuisée, il faut boire l’eau que l’on obtient des chameaux. Il y a tellement de sable et quand vous êtes avec des petits enfants, c’est dur, très dur. Quand nous sommes arrivées à Gadamès, il ne nous restait presque plus rien à manger. Des hommes sont venus vers nous et ont dit: « Nous avons besoin de femmes ». Je leur ai demandé pourquoi ils avaient besoin de femmes. Ils m’ont redit qu’ils avaient besoin de femmes et ont commencé à me battre. Ils étaient très forts. J’ai été violée. J’ai imploré Dieu mais il n’y a pas eu de miracle qui me permette d’échapper. Vous en venez à souhaiter mourir. Mais la mort n’est pas venue. »

MSF travaille au Maroc depuis 1997.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Maroc

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AFRIQUE

Mozambique Niger MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

Personnel de terrain 502

Le VIH / sida, le paludisme et la tuberculose sont très répandus au Mozambique. 15 pour cent des habitants âgés de 15 à 49 ans sont séropositifs, classant ce pays parmi les pays les plus touchés par le VIH/sida au monde. À une mortalité maternelle élevée s’ajoutent des maladies diarrhéiques endémiques. De plus, pendant les 16 années de guerre civile, qui ont pris fin en 1992, le système national de santé, tout comme la plupart des infrastructures sociales et économiques, a été détruit. Tous les projets de MSF au Mozambique se concentrent sur la prise en charge du VIH/sida, y compris la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Dans la capitale, Maputo, des équipes soutiennent deux hôpitaux de jour et neuf centres de santé dans deux districts. Elles forment le personnel et fournissent du counselling psychosocial aux séropositifs, notamment aux enfants. 18 000 patients reçoivent des traitements antirétroviraux (ARV). MSF élabore et favorise des modèles novateurs pour répondre aux besoins élevés de soins et tente de persuader le gouvernement d’instaurer une nouvelle répartition des tâches dans les hôpitaux pour faire face à la pénurie de médecins et d’infirmiers. MSF préconise notamment de former du personnel médical local à prescrire des ARV, à gérer les renouvellements de prescriptions et d’autoriser le recours à des conseillers non professionnels.

En 2009, MSF a procédé à 240 500 consultations et a fourni des ARV à 25 500 patients. MSF travaille au Mozambique depuis 1984.

Margarida « Je vis dans un village proche de la ville de Tete, dans le nord-ouest du Mozambique. D’autres personnes savent que je suis séropositive mais je ne suis pas inquiète et je n’ai pas honte de ma maladie. MSF m’a encouragée à aider d’autres séropositifs. Je suis maintenant l’animatrice d’un des groupes de patients séropositifs de MSF. Mon rôle est d’aller chercher les médicaments au centre de santé et de les distribuer aux autres membres du groupe. Avant, chaque membre payait cent meticals (3,40 $) pour faire l’aller-retour jusqu’au centre de santé. Maintenant, chaque membre me paie sept meticals (0,24 $) et j’apporte les médicaments à domicile. Les patients du groupe apprécient ce service car beaucoup n’ont pas assez d’argent pour aller au centre de santé. C’est génial de pouvoir aider les autres à se soigner. Je prends des médicaments mais je suis en bonne santé et je travaille comme les autres. Je veux que d’autres séropositifs puissent profiter de la vie comme moi. »

© Tomas Munita

MSF soutient la prise en charge des séropositifs dans les hôpitaux provinciaux du nord-ouest et apporte une aide technique aux centres de santé. À l’hôpital de la ville de Tete, le suivi des patients ayant été décentralisé de l’hôpital au niveau des centres de santé, MSF se concentre

sur la formation et la supervision du personnel du ministère de la santé en vue du transfert du projet en 2010.

Maputo, Mozambique. Un médecin explique à un patient séropositif et son frère le traitement antirétroviral. 26

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – MOZAMBIQUE

Dans ce pays subSaharien vaste et essentiellement rural, les habitants n’ont qu’un accès limité aux soins et les structures de santé existantes manquent cruellement de matériel et de personnel. MSF s’emploie à fournir une aide nutritionnelle aux enfants atteints de malnutrition ainsi que des soins de santé généraux et maternels. L’an dernier, MSF a lancé une vaste campagne de vaccination contre la méningite. Zinder Le taux élevé de malnutrition parmi les jeunes enfants durant la saison sèche, qui dure de juin à octobre, reste préoccupant. Selon une enquête menée par l’UNICEF en juin 2009, 15 pour cent des enfants de moins de cinq ans et près de 22 pour cent des enfants âgés de six mois à trois ans souffraient de malnutrition aiguë dans la région de Zinder, dans le sud. À Zinder, durant les neuf premiers mois de l’année, MSF a admis dans son programme 6 400 enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition sévère, dont un tiers ont dû être hospitalisés. MSF a aussi fourni un soutien nutritionnel dans les districts de Madaoua et Bouza et apporté son support à deux hôpitaux et 11 centres de santé de la région de Tahoua, dans l’ouest, où 16 500 enfants de moins de cinq ans ont été traités pour malnutrition modérée à sévère. Pendant la même période, près de 12 000 enfants ont été pris en charge à la clinique de Magaria, une ville frontalière, et 1 800 d’entre eux ont dû être hospitalisés. Au total, MSF a pris en charge plus de 34 000 cas de malnutrition sévère et offert des soins médicaux à 150 000 patients en 2009. En 2009, le pays a été frappé par plusieurs épidémies requérant des interventions d’urgence. Une épidémie de méningite a duré plus de trois mois. En collaboration avec le ministère de la Santé, MSF a traité 3 300 patients et vacciné 1,5 million d’habitants de la région de Zinder ainsi que 670 000 habitants de Tahoua.


AFRIQUE

• Endémie / Épidémie

• Catastrophe naturelle

Personnel de terrain 1,189

© Guillaume Ratel

MOTIF D’INTERVENTION

Doutchi, Niger. Un médecin vaccine un enfant lors de la plus grande campagne de vaccination contre la méningite jamais organisée par MSF.

Maradi Dans le district de Guidam Roudji, dans la région de Maradi, la malnutrition sévère reste une des causes les plus importantes de mortalité parmi les enfants de moins de cinq ans. En 2009, plus de 1 700 enfants ont été traités dans quatre centres de santé. Les équipes de MSF travaillent également au service de pédiatrie de l’hôpital de Guidam Roudji où les enfants souffrant de malnutrition sévère sont traités et, pendant la saison du paludisme, MSF a fourni du personnel supplémentaire à l’hôpital. Dans le district de Dakoro, également dans la région de Maradi, les enfants souffrant de malnutrition reçoivent des soins spécialisés dans les centres de santé soutenus par MSF. Les cas nécessitant des soins intensifs sont transférés à l’hôpital de Dakoro, où une équipe de MSF travaille dans un centre de soins médicaux et nutritionnels intensifs. À l’hôpital, MSF fournit aussi des soins pédiatriques et des services obstétriques d’urgence. En 2009, il y a eu plus de 2 300 admissions en pédiatrie et plus de 1 700 à la maternité, dont près de 280 césariennes.

Dans cinq centres de santé (Adje koria, Sabon Machi, Alforma, Goula et Dakoro), MSF a aussi offert des soins en santé maternelle, tels que du planning familial et des consultations pré- et post-natales. Au total, MSF a assuré une moyenne de 10 000 consultations par mois. Dans le district de Madarounfa, toujours dans la région de Maradi, un projet conjoint de traitement de la malnutrition a été lancé par MSF et « Forsani », une organisation médicale nigérienne. Dans les trois sites de Gabi, Madarounfa et Dan Issa, plus de 12 000 enfants souffrant de malnutrition sévère ont été admis dans le programme et plus de 90 pour cent d’entre eux ont été guéris. De plus, pendant la saison du paludisme, de juillet à décembre, MSF a aidé trois centres de santé du district à traiter les enfants de moins de cinq ans atteints. Au total, près de 11 300 enfants ont été soignés.

les équipes avaient assuré plus de 5 700 consultations et aidé plus de 2 000 accouchements. En septembre, de graves inondations ont frappé Agadès. Au moyen de cliniques mobiles, les équipes de MSF ont fourni une assistance médicale d’urgence à plus de 9 500 personnes et ont distribué des biens de première nécessité à plus de 2 000 familles déplacées. MSF travaille au Niger depuis 1985.

Depuis mai de l’an dernier, MSF propose des soins en santé maternelle et reproductive dans trois centres de santé de la ville d’Agadès, dans le nord. À la fin de l’année,

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Niger

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AFRIQUE

Nigeria MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 524

Chaque année au Nigeria, environ 59 000 femmes meurent de complications à l’accouchement. D’après le Fonds des Nations Unies pour la Population, le pays se classe au septième rang parmi les nations ayant le taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde. En 2009, MSF a fourni des soins maternels et chirurgicaux et a lancé une vaste campagne de vaccination contre la méningite auprès de 4,7 millions de personnes. MSF a également pris en charge des cas de choléra. Améliorer la santé maternelle dans le nord du Nigeria Dans le nord, MSF s’est attaché à améliorer l’accès aux soins maternels d’urgence dans l’État de Sokoto, où l’organisation soutient le programme de soins materno-infantiles de l’hôpital principal. Dans les États de Sokoto et Kebbi, 8 100 enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition ont été pris en charge. MSF a travaillé aux urgences obstétriques de l’État de Jigawa. L’équipe a aidé près de 1 600 femmes à accoucher et a traité plus de 2 500 femmes pour des complications pendant la grossesse. De plus, 219 femmes ont été opérées pour des fistules obstétriques. Urgences et épidémies En 2009, des équipes d’urgence sont intervenues dans le cadre d’épidémies et de crises. Elles ont notamment mené une vaste campagne de vaccination contre la méningite qui a immunisé 4,7 millions de personnes dans neuf États. Elles ont aussi soigné 4 500 patients à la suite d’une épidémie de choléra dans l’État de Borno.

© Francois Servranckx

Traumatologie dans le delta du Niger MSF gère des programmes dans les États de Rivers et de Bayelsa, dans le delta du Niger. À l’hôpital de Port Harcourt, MSF fournit des soins médicaux dans un centre de santé de 75 lits. En 2009, 8 300 patients y ont été soignés, dont 42 pour cent pour des blessures liées aux violences. Au total, plus de 2 100 patients ont été admis, plus de 2 850 interventions chirurgicales ont été pratiquées et 450 victimes de violences sexuelles ont reçu un soutien médical et du counselling. Dans le sud de l’État de Bayelsa, MSF a travaillé au centre de santé Oloibiri. 1 000 consultations y ont été prodiguées par mois et une clinique mobile a assuré plus de 1 100 consultations en 14 lieux différents. MSF travaille au Nigeria depuis 1996.

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Un médecin au chevet d’un jeune garçon atteint par la méningite.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – NIGERIA


AFRIQUE

Sierra Leone MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 393

© Vikki Stienen

Témoignage En janvier de cette année, deux parents exténués sont arrivés au centre de référence de Gondama, portant un enfant froid et pâle qui avait du mal à respirer. Son corps était couvert d’abcès multiples. Les parents avaient porté ce garçon pendant trois jours pour le faire soigner à l’hôpital de MSF. Tous trois avaient dormi à la belle étoile, sans nourriture ni argent, et avaient été trempés par les pluies torrentielles de la mousson. Durant quatre semaines, l’enfant a été soigné pour une pneumonie sévère, une dermatose à staphylocoques généralisée et du paludisme sévère. Il s’est pleinement rétabli et est rentré dans son village à quelque 110 kilomètres de là.

En réponse à une épidémie de fièvre jaune, MSF a organisé une campagne de vaccination ciblant 520 000 personnes.

Depuis la fin de la guerre civile en 2002, la Sierra Leone est restée relativement stable sur le plan politique. Toutefois, l’économie ne s’est pas encore rétablie. La pauvreté extrême et une offre de soins de santé très lacunaire contribuent à donner au pays le taux de mortalité infantile le plus élevé au monde. De plus, malnutrition et paludisme y sont très répandus. En 2009, MSF a reçu en consultation 355 000 patients et en a traité 202 000 contre le paludisme et 6 000 pour malnutrition aiguë sévère. En janvier, à la suite d’une épidémie de fièvre jaune, MSF a vacciné au total 178 500 personnes dans la ville de Bo et ses environs.

MSF fournit actuellement des soins dans un hôpital proche de Bo, qui comporte 215 lits, un service pédiatrique, une maternité, une unité de soins intensifs et un centre de nutrition thérapeutique pour enfants souffrant de malnutrition sévère. Dans les districts de Bo et de Pujehun, MSF assure en outre des soins en médecine curative et en obstétrique de base, ainsi que des traitements contre la malnutrition et le paludisme, dans cinq centres de santé communautaires et 30 dispensaires. Par ailleurs, MSF soutient un réseau de 140 volontaires communautaires formés pour diagnostiquer et traiter le paludisme dans leurs propres villages. Ces dernières années ont été marquées par une forte hausse du nombre de patients dans les programmes de MSF, principalement due à un afflux de malades venus de plus loin pour se faire soigner. À la fin de 2009, l’hôpital était surchargé, les services de pédiatrie et de nutrition thérapeutique dépassant leur capacité de 40 pour cent, de sorte que les patients ont dû partager des lits ou dormir à même le sol.

pour des maladies graves. Actuellement, tous les patients doivent s’acquitter d’un certain montant lorsqu’ils viennent aux consultations du système de santé national. Une consultation chez le médecin peut coûter l’équivalent du revenu de 25 jours. MSF a publiquement appelé à l’abolition des redevances d’utilisation et, en 2009, tant le gouvernement que les donateurs ont adhéré à cette solution, commençant par introduire la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Reste à voir si les autorités recevront les financements et l’aide technique nécessaires pour mettre en œuvre cette politique. MSF est un important prestataire de soins médicaux dans le pays et est aussi le seul fournisseur majeur de soins maternels et pédiatriques en dehors de Freetown. Chaque année, MSF offre des soins primaires à plus de 300 000 patients. MSF travaille en Sierra Leone depuis 1986.

L’expérience de MSF en Sierra Leone montre que le passage à un système de gratuité des soins engendre une hausse soudaine et spectaculaire du nombre de patients venant

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Sierra Leone

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AFRIQUE

Somalie

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 1,201

En 2009, les violences aveugles liées au conflit interne ont continué à s’abattre sur les Somaliens.

Malgré une réponse humanitaire insuffisante, des milliers de personnes ont reçu des soins d’urgence. MSF a travaillé dans neuf régions, fournissant des soins d’urgence.

MSF n’avait pas pu reprendre ses activités à Jilib. En décembre, deux tirs de mortier ont touché l’hôpital de Belet Weyne, blessant deux membres du personnel de MSF.

Insécurité et violence Ce sont principalement l’insécurité permanente, les enlèvements et meurtres de travailleurs humanitaires, somaliens et internationaux, qui ont entravé les efforts déployés par MSF pour répondre aux vastes besoins médicaux dans tout le pays. En avril, deux membres du personnel ont été enlevés dans la région de Bakool et détenus pendant dix jours avant d’être relâchés. MSF a dès lors estimé ne plus pouvoir fournir des soins en toute sécurité aux habitants de cette région et a fermé son plus grand centre de santé du sud et du centre de la Somalie ainsi que quatre autres dispensaires.

Surmonter les obstacles Malgré les risques, MSF reste déterminé à fournir des soins médicaux gratuits au peuple somalien. En 2009, plus de 1 300 membres du personnel somaliens dévoués, soutenus par plus de 100 employés basés à Nairobi, ont assuré quelque 650 000 consultations, dont 238 000 pour des enfants de moins de cinq ans. Plus de 49 000 femmes ont reçu des soins pré-natals et 26 000 patients ont été admis dans des hôpitaux et cliniques soutenus par MSF. Près de 3 000 interventions chirurgicales ont été pratiquées, dont 900 pour des blessures résultant des violences. Les équipes ont soigné 2 600 patients atteints par le paludisme, 1 300 tuberculeux et plus de 200 patients atteints du kala-azar, une maladie négligée mortelle. Plus de 34 000 personnes atteintes de malnutrition ont reçu des aliments et des soins médicaux et 224 000 enfants ont été vaccinés, dont 92 000 contre la rougeole.

En juin, dans la région de Hiraan, un employé de MSF est mort dans une explosion ayant causé la mort de 30 autres personnes. En juillet, pour la première fois en 17 ans, MSF a dû suspendre ses activités dans son hôpital pédiatrique et dans trois autres cliniques au nord de Mogadiscio en raison d’intenses combats. Le mois suivant, des hommes armés ont fait irruption dans le centre nutritionnel thérapeutique de MSF à Jilib, emportant du matériel médical crucial, obligeant le personnel à laisser des centaines d’enfants atteints de malnutrition sévère sans soins médicaux cruciaux. À la fin de 2009,

Répondre aux urgences Dans deux régions, MSF a pu relancer ses activités chirurgicales d’urgence en recrutant des médecins diplômés en 2008 par la faculté de médecine de la capitale, Mogadiscio. Durant les cinq derniers mois de 2009,

ces médecins ont pratiqué plus de 100 actes majeurs de chirurgie, dont près de la moitié pour des blessures causées par les violences. En février, dans un hôpital en bordure de la capitale, du personnel de MSF a soigné des personnes blessées lors d’une spectaculaire flambée de violences. Plus de 120 patients ont été admis en une seule journée. Plus de 1 000 personnes, dont près de la moitié étaient des femmes et des enfants de moins de 14 ans, ont été admises pour des blessures dues à des explosions. L’hôpital de MSF situé à Belet Weyne, dans le centre du pays, a reçu plus de 170 blessés de guerre nécessitant des interventions chirurgicales. À Guri El, dans la région voisine de Galgaduud, plus de 230 patients ont été soignés à la suite de la reprise des combats. Au début de 2009, une reprise des combats à Guri El et à Dhusa Mareb, dans le centre de la Somalie, a incité des milliers de civils à fuir. MSF a fourni de l’eau et des soins médicaux aux déplacés de la région. Tout au long de l’année, des équipes ont répondu à des épidémies de choléra, soignant 1 000 patients. Lorsque le nombre de cas de rougeole recensés a augmenté, MSF a lancé de vastes campagnes de vaccination dans quatre régions de Somalie. Environ 73 000 enfants âgés de six mois à 15 ans ont été vaccinés dans les régions de Belet Weyne, Hiraan, Middle Shabelle, Lower Shabelle et Bay et quelque 1 500 personnes atteintes ont été soignées. La sécheresse, la pauvreté chronique, les mauvaises récoltes, les prix élevés des denrées alimentaires et la violence persistante se sont combinés pour provoquer une hausse sans précédent du nombre d’enfants admis pour malnutrition sévère dans le programme géré par MSF à Galcayo. Près de 2 300 enfants ont été traités rien qu’entre octobre et décembre. Les équipes travaillant dans la banlieue de Mogadiscio ont soigné plus de 14 000 enfants atteints de malnutrition durant l’année. MSF travaille en Somalie depuis 1991.

Dr Hafsa, © Jan Grarup

Chirurgien MSF, Marere

Centre nutritionnel, Galcayo, Somalie. La sécheresse, les combats et le prix des denrées alimentaires remplissent le centre nutritionnel de MSF.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – SOMALIE

« J’ai choisi de devenir chirurgien parce que je voulais aider les Somaliennes, en particulier les mères qui ne reçoivent pas une bonne prise en charge médicale, surtout lors d’accouchements difficiles nécessitant une intervention chirurgicale. »


AFRIQUE

Afrique du Sud MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé

En 2009, le nouveau gouvernement sud-africain, dans une volte-face concernant un des plus grands défis à relever par son pays, a érigé le VIH / sida et la tuberculose ( TB ) en priorités sanitaires majeures.

À l’occasion de la Journée mondiale du sida, le Président Jacob Zuma a annoncé plusieurs modifications très attendues des stratégies de traitement du VIH/sida. Il a évoqué notamment le recours à des traitements initiaux de meilleure qualité et un nouveau modèle de prise en charge directe de la coinfection mortelle VIH/TB. Des traitements seront aussi disponibles pour les femmes enceintes et plus d’infirmiers seront formés, assurant aux patients un meilleur accès aux soins. MSF continue à soigner les séropositifs et les tuberculeux à Khayelitsha et à offrir des soins de santé aux réfugiés du Zimbabwe. Le bidonville de Khayelitsha, en bordure du Cap, abrite un demi-million de personnes et a une des incidences les plus élevées du VIH/sida dans le pays. Depuis mai 2001, MSF y gère un programme, en partenariat avec les autorités sanitaires locales, offrant des traitements antirétroviraux (ARV). Le programme de Khayelitsha a été le premier d’Afrique du Sud à offrir des ARV gratuits au grand public. En décembre 2009, plus de 13 550 patients en bénéficiaient. Toutefois, les défis restent nombreux: il manque des médicaments spécifiques pour traiter le VIH/ sida chez les enfants et les adolescents et il est nécessaire de mieux intégrer le traitement de la co-infection VIH/TB pour faire face aux nombres élevés de co-infectés. Vu la recrudescence de la tuberculose résistante (TB-R), MSF a lancé dans le pays un projet pilote visant à traiter la TB-R par des visites régulières au centre de santé plutôt

© Finbarr O’Reilly

Personnel de terrain 158

Township de Kayelithsa, Cape Town. Une grand-mère en compagnie d’un des 5 petits-enfants qu’elle élève depuis le décès de leur mère séropositive.

que dans des unités d’isolement spécialisées en hôpital. Ce modèle de soins intégrés pour séropositifs tuberculeux a été reproduit dans bien d’autres contextes et est soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé comme modèle de bonne pratique. Le programme a admis plus de 580 patients ces trois dernières années. Réfugiés zimbabwéens en Afrique du Sud Dans le centre de Johannesburg et à Musina, une ville à la frontière zimbabwéenne, MSF continue à fournir des soins médicaux et des services en santé mentale aux Zimbabwéens venant se réfugier en Afrique du Sud. En 2009, MSF a envoyé régulièrement des cliniques mobiles dans les fermes frontalières, où de nombreux migrants travaillent. Depuis avril de l’an dernier, MSF se concentre sur la prise en charge de la co-infection VIH/TB et sur l’amélioration des services pour les victimes de violences sexuelles et de violences sexospécifiques. Dans ces deux projets, MSF a soigné plus de 5 000 Zimbabwéens par mois, surtout pour des infections respiratoires, des maladies sexuellement transmissibles, des problèmes gastro-intestinaux et des maux liés au stress. Près de 4 000 dépistages du VIH ont été effectués dans le cadre de ces deux projets. À Musina, près d’un tiers des dépistages se sont révélés positifs, dont 64 pour cent parmi les femmes.

en traversant la frontière à un passage non officiel, où ils se font parfois attaquer ou violer par des bandes violentes. En 2009, le personnel médical de MSF a soigné à Johannesburg plus de 140 adultes victimes de viols, dont plus de la moitié s’étaient fait attaquer au passage de la frontière. MSF travaille en Afrique du Sud depuis 1999.

Andile Patient séropositif de la clinique de MSF à Khayelitsha « Lorsque je suis arrivé dans le groupe de soutien, j’ai pu voir qu’il y avait d’autres séropositifs qui partagent leur histoire, parlent de la maladie. C’est alors que je me suis dit « Non, mon vieux... le VIH, ce n’est pas la fin du monde... peut-être qu’il suffit que je me lève et que je tourne les yeux vers l’avenir... peut-être que Dieu me réserve quelque chose ici. »

Les autorités renvoient de plus en plus de migrants de Musina au Zimbabwe. Souvent, ces migrants tentent de repasser en Afrique du Sud

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Afrique du Sud

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AFRIQUE

Un succès en trompe-l’œil? Les risques d’un fléchissement du financement de la lutte contre le VIH Médecins Sans Frontières (MSF) a ouvert la voie au traitement du VIH/sida en Afrique du Sud et en Thaïlande il y a dix ans. Des millions de personnes ont été sauvées et vivent aujourd’hui plus longtemps et bénéficient d’une meilleure qualité de vie. Dans la seule cité de Khayelitsha, en Afrique du Sud, MSF offre des soins et un traitement à plus de 13 550 patients infectés par le VIH/sida, en collaboration avec les autorités locales.

La Campagne de MSF pour l’accès aux médicaments essentiels rassemble des experts médicaux, scientifiques et de la communication qui ont pour mission de déterminer et de promouvoir les moyens à mettre en œuvre pour répondre aux défis médicaux auxquels est confronté le personnel de MSF sur le terrain. Cette campagne est actuellement menée en collaboration avec d’autres acteurs de la santé pour demander à la communauté internationale de respecter ses engagements dans la lutte contre le VIH/sida et de soutenir les initiatives ambitieuses et innovantes qui visent à garantir l’accessibilité économique des médicaments.

commerce international afin de surmonter les obstacles que posent les brevets et à promouvoir, dans le cadre de la concurrence, la mise au point de médicaments génériques abordables. Nous invitons les sociétés de l’industrie pharmaceutique à participer à l’initiative sur la communauté de brevets d’UNITAID pour les médicaments contre le VIH/sida, susceptible d’accélérer la mise sur le marché de versions génériques et abordables des nouveaux médicaments. Nous nous trouvons à un moment décisif de la lutte contre cette maladie et ce n’est pas le moment de faire marche arrière. De nombreux progrès ont été accomplis, mais dix millions de personnes sont toujours privées de l’accès aux traitements dont elles ont besoin. Les donateurs et les pouvoirs publics ne doivent pas compromettre ces progrès accomplis jusqu’à présent, mais au contraire poursuivre leurs efforts et s’engager en faveur d’un financement continu et croissant afin de nous donner les moyens de maîtriser cette pandémie dévastatrice. Pour plus d’informations sur les activités de la Campagne pour l’accès aux médicaments et l’innovation médicale, rendez-vous sur: www.msfaccess.org Suivez-nous sur Twitter http://twitter.com/ MSF_access

Nous encourageons également les pays à recourir à la flexibilité que permettent les règles du

© Mariella Furrer / THINK Pictures

Mais ces progrès sont actuellement menacés. Des signes inquiétants montrent que les bailleurs de fonds internationaux sont en train de plafonner, réduire ou retirer leurs financements pour la lutte contre le VIH/sida. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui finance environ les deux tiers de l’ensemble des traitements du VIH/sida dans les pays en développement, fait face à une importante pénurie de ressources. Les donateurs reviennent sur leurs promesses de financement d’un accès universel au traitement du VIH/sida. La principale initiative des États-Unis de lutte contre la pandémie mondiale du VIH/sida, le President’s Emergency Plan for AIDS Relief, plus connue sous l’abréviation PEPFAR, a réduit son budget pour l’achat d’ARV en 2009 et 2010, et a globalement « gelé » son budget VIH/sida. D’autres organismes de financement, comme la Banque Mondiale et UNITAID, ont annoncé des réductions des budgets alloués au financement des traitements antirétroviraux en République démocratique du Congo, Malawi, Mozambique, Ouganda et au Zimbabwe.

Pour certains pays, cela signifie de devoir limiter leurs budgets ou de devoir réduire le nombre de patients sous traitement, tel que cela a été vérifié en Afrique du Sud, en Ouganda et en RDC où le nombre de patients a déjà été divisé par six. Des systèmes de santé déjà fragiles vont se retrouver de plus en plus sous la pression d’un afflux sans cesse croissant de patients nécessitant des soins toujours plus urgents. Ce retour en arrière de dix ans signifie qu’un plus grand nombre de patients sont désormais refoulés à l’entrée des cliniques et que les médecins sont obligés de rationner les médicaments. Le risque est grand de voir les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, appelant à une mise sous traitement précoce au moyen de médicaments de nouvelle génération, ne pas être appliquées.

Les patients atteints par le VIH doivent suivre un traitement très contraignant pour rester en bonne santé. 32

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – UN SUCCÈS EN TROMPE-L’ŒIL? LES RISQUES D’UN FLÉCHISSEMENT DU FINANCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LE VIH


AFRIQUE

Soudan Plusieurs régions du Soudan ont connu une hausse brutale du nombre d’urgences médicales en 2009. Outre la persistance de la crise au Darfour, les habitants du sud du Soudan sont confrontés à une escalade de la violence et à des épidémies. Ils n’ont guère voire pas accès du tout aux soins de santé.

d’urgence à Akobo, Torkej, Lekwongole, Panyangor, Duk Padiet et Terekeka. Dans les zones où MSF est intervenu, le personnel a recensé trois fois plus de morts que de blessés et constaté que beaucoup de femmes et d’enfants figuraient parmi les victimes. Les équipes chirurgicales de Nasir et Leer ont pratiqué plus de 1 000 opérations en 2009, dont plus de la moitié pour des blessures causées par la violence. Durant l’année, le groupe rebelle ougandais de l’Armée de Résistance du Seigneur a fréquemment lancé des attaques sur des villages proches de la frontière de la République démocratique du Congo (RDC) et de la République centrafricaine voire en RDC même. Ces attaques ont poussé des milliers de Soudanais à la fuite et contraints des Congolais à chercher refuge dans l’État d’Équatoria occidental au sud du Soudan. Présent dans cette zone depuis la fin de 2008, MSF a adapté ses activités pour répondre à l’évolution des besoins. Le personnel médical a commencé à travailler à Ezo, Naandi, Yambio et Makpundu pour aider environ 45 000 réfugiés hébergés dans des camps ou dans des communautés hôtes. En 2009, MSF a procédé à 14 000 consultations et fourni un soutien psychologique à plus de 800 personnes

en Équatoria occidental. Du matériel tel que des bâches, des jerrycans, des couvertures, des casseroles et des moustiquaires a été distribué à près de 1 000 familles et des toilettes et points d’eau ont été installés dans les camps de réfugiés de la zone. En février, MSF a lancé une intervention d’urgence à Lasu, en Equatoria central, où plus de 6 000 patients ont été soignés. Besoins médicaux urgents En octobre, une nouvelle épidémie de kala-azar, une maladie mortelle, s’est déclarée dans les États de Jongley et Unity. À la fin de l’année, les équipes avaient dépisté et soigné plus de 450 patients. Ces interventions d’urgence se sont ajoutées aux soins médicaux prodigués par MSF dans ses projets à plus long terme dans le sud du pays. Durant l’année, 1 400 membres du personnel ont soigné des centaines de milliers d’habitants de sept États du sud du Soudan et de la zone de transition d’Abyei. MSF a recensé plus de 431 000 patients, plus de 10 300 admissions dans ses cliniques, près de 63 000 consultations prénatales et plus de 8 000 enfants traités pour malnutrition. Les équipes médicales de MSF ont soigné plus de 50 000 patients atteints par le paludisme et vacciné 188 000 personnes. suite page suivante

© Brendan Bannonr

Aide aux victimes de la violence dans le sud du Soudan L’escalade de la violence et des épidémies ont incité MSF à lancer plusieurs interventions d’urgence dans le sud en 2009. Les besoins médicaux, déjà à des niveaux critiques dans de nombreuses régions du pays, ont connu une augmentation spectaculaire durant l’année, les heurts entre différentes communautés ayant fait des centaines de morts et des milliers de déplacés. MSF a dirigé des interventions

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 2,458

Naandi, Sud du Soudan. Une Congolaise et son enfant soufrant de malnutrition, sont pris en charge dans un camp abritant les réfugiés fuyant les troubles. LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Soudan

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AFRIQUE suite Soudan Espace humanitaire réduit En 2009, l’accès aux soins de santé a été difficile pour les habitants de la région du Darfour, dans l’ouest du Soudan, spécialement après l’expulsion par les autorités soudanaises de 13 agences humanitaires internationales, dont deux sections de MSF. Peu après les expulsions, quatre membres du personnel de MSF ont été enlevés à Serif Umra, dans le Darfour septentrional. Ils ont été libérés sains et saufs après quelques jours mais ces enlèvements, les premiers dans leur genre au Darfour, ont marqué le début d’une série: on en recensait 14 à la fin de l’année. Vu l’augmentation du risque, nombre des agences humanitaires encore présentes ont réduit leurs activités dans certaines zones de la région. Plus de la moitié des programmes de MSF ont dû être fermés en raison des expulsions. Au Darfour septentrional, deux autres projets, à Serif Umra et Kebkabiya, et des activités à Tawila ont été suspendus. Néanmoins, MSF a réalisé à plus de 168 000 consultations, plus de 28 000 consultations prénatales et a admis près de 2 500 patients à l’hôpital et soigné quelque 4 500 patients atteints par le paludisme durant l’année. Les équipes ont transféré des projets de Golo et Killin au ministère de la Santé en octobre et, le même mois, ont pu relancer les activités à Tawila. Depuis la fin de l’année, MSF apporte un soutien médical à cinq centres de santé ruraux soignant les communautés très isolées de la zone d’Um Baru, au Darfour septentrional. Dans la ville de Port Soudan, dans le nord-est, MSF a continué à fournir des soins en santé reproductive à l’hôpital de Tagadom. Plus de 13 500 femmes ont bénéficié de consultations prénatales et 1 000 ont reçu une assistance à l’accouchement. MSF applique une politique de tolérance zéro à l’égard de tout type de mutilation génitale chez les femmes. On estime que plus de 97 pour cent des femmes de cet État ont été mutilées. Cette procédure cause de graves complications médicales pour beaucoup d’entre elles tout au long de leur vie. MSF ne recoud ni ne réinfibule aucune femme après l’accouchement ni à aucun autre moment. MSF travaille au Soudan depuis 1979.

Témoignage Femme de Burmath, État de Jongley, mai 2009 « Il y avait tellement de gens qui venaient nous attaquer – tous armés. Ils ont brûlé la zone et pris les jeunes filles mais pas les garçons: les garçons, ils les ont tués. Normalement, ils ne s’en prennent qu’aux hommes mais cette fois, ils ont tué des femmes et des enfants. Je pleure parce que nous ne sommes pas protégés et que nos enfants se font enlever ou blesser. Ce n’était pas la première fois que nous étions attaqués mais c’était la première fois que cela se passait comme cela. »

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Swaziland Le Swaziland est le pays le plus touché au monde par l’épidémie de VIH / sida. Selon un rapport de 2006/2007 *, la prévalence de la maladie parmi les adultes serait de 25,9 pour cent. La tuberculose (TB) est la principale cause de décès chez les séropositifs et les équipes conjointes de MSF et du ministère de la Santé diagnostiquent de plus en plus de souches résistantes (TB-R) parmi les patients qu’elles soignent. Depuis novembre 2007, MSF collabore étroitement avec le ministère de la Santé pour lutter contre cette épidémie en fournissant, via des cliniques rurales, du matériel de diagnostic et des traitements pour les co-infectés VIH/TB. Actuellement, MSF travaille dans le sud du pays, dans la région rurale de Shiselweni, où vit un cinquième de la population, le plus souvent dans des villages ou des fermes isolées. Il faut souvent aux habitants des heures de voyage pour atteindre la structure de santé la plus proche. MSF s’efforce de réduire le nombre de décès dus à la co-infection VIH/TB en fournissant du matériel de diagnostic et des traitements. Les équipes de MSF assurent une prise en charge le plus près possible des lieux de vie des patients, au moyen de petites cliniques rurales et en transférant certains aspects de la prise en charge aux communautés elles-mêmes. En 2009, MSF a soutenu un hôpital, deux centres de santé et 18 cliniques dans cette région. À la fin de 2009, plus de 8 000 séropositifs recevaient des antirétroviraux et 3 381 patients étaient soignés contre la TB. Une composante importante du programme de MSF consiste à aider les patients à respecter leur traitement grâce aux conseils de « patients experts », qui apprennent aux autres comment gérer le traitement. Cette approche est d’autant plus pertinente aujourd’hui que de plus en plus de tuberculeux du Swaziland ne répondent plus aux médicaments standard. Ceux qui sont atteints de TB-R doivent s’engager dans un régime posologique très long, douloureux, cher et pénible. En 2009, les équipes de MSF ont apporté un soutien intensif à 96 patients atteints de TB-R. La pénurie de personnel médical qualifié pose un autre défi au système de santé du pays. Pour surmonter cet obstacle, MSF a conseillé aux autorités de mettre en œuvre une nouvelle

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Soudan / SWAZILAND

répartition des tâches, qui permettrait aux infirmiers de réaliser certaines des tâches médicales actuellement réservées aux médecins. Cette nouvelle répartition est une des recommandations d’un atelier consultatif international sur la crise générée par la TB-R et le VIH/sida en Afrique méridionale, atelier co-organisé par MSF et par le ministère de la Santé du Swaziland en octobre 2009. MSF travaille au Swaziland depuis 2007. * Enquête démographique et sanitaire d’USAID.


AFRIQUE

• Endémie / Épidémie

Personnel de terrain 113

© Alexander Glyadyelov

MOTIF D’INTERVENTION

Un médecin observe, sous le regard du patient, les radiographies d’un jeune garçon, à la recherche de signes de TB.

Nonkululek 25 ans, séropositive atteinte de TB-R. « Je prends au minimum 15 cachets par jour, rien que pour enrayer la TB-R. Ces cachets sont de grosseurs différentes. Certains sont comme des grains de froment, d’autres de la taille d’un gros haricot. C’est difficile mais je n’ai pas le choix parce que je veux vivre une vie normale. Après de nombreux mois, je me suis enfin habituée à prendre beaucoup de médicaments. Mais ce serait mieux si tous les médicaments pouvaient être combinés en un seul. Ce serait plus facile et moins lourd. »

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Swaziland

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AFRIQUE

Ouganda

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 424

Cavine

© Brendan Bannon

Dix ans, séropositive.

Camp de Madi Opei, district de Kitgum, Ouganda. Un médecin prend en charge un enfant, dont la mère est séropositive, atteint par le paludisme. Il est encore trop tôt pour déterminer si l’enfant est lui aussi séropositif.

En Ouganda, MSF s’emploie à lutter contre le VIH/sida, la tuberculose ( TB ), le paludisme et la malnutrition. Dans la région du Nil occidental, dans le nord, à la frontière soudanaise, MSF fournit des traitements à plus de 16 000 séropositifs depuis 2002.

Dans ces districts septentrionaux, le système de soins de santé connaît une lente reconstruction après les années de conflit qu’a connues ce pays. Les principales difficultés sont la pénurie de personnel médical formé et un approvisionnement irrégulier en médicaments, surtout contre le VIH/sida, la TB et le paludisme. Dans le district d’Arua, dans le nord-ouest, MSF fournit des traitements aux co-infectés par la TB, un soutien nutritionnel aux adultes et enfants séropositifs et des soins prénatals pour prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Sur les 7 740 patients actuellement en traitement à l’hôpital, plus de 5 000 reçoivent des antirétroviraux. MSF soutient aussi des cliniques VIH/sida décentralisées dans d’autres zones rurales. MSF a continué à aider les réfugiés qui avaient fui les combats en République démocratique du Congo à la fin de 2008 et a fourni un soutien médical et des services d’assainissement dans un camp de réfugiés du sud-ouest du pays, entre février et mai. Le paludisme est endémique en Ouganda mais le traitement le plus efficace, la polythérapie à base d’artémisinine, n’est pas toujours disponible. En 2009, à Madi Opei, une zone rurale du nord, MSF a traité plus de 27 000 patients atteints par le paludisme. L’hépatite E est une infection virale transmise par de l’eau ou des aliments contaminés.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – OUGANDA

Le père de Cavine est mort pendant les combats. Sa mère, malade, s’est rendue à l’hôpital, où l’on a diagnostiqué une co-infection TB/VIH. Cavine a aussi subi un dépistage qui s’est révélé positif. Sa mère a eu beaucoup de chagrin quand elle a su que Cavine était malade mais a été soulagée de savoir que ses autres enfants n’étaient pas atteints. « Je me sens bien, maintenant, dit Cavine. J’étais malade mais quand j’ai commencé à prendre les médicaments, je me suis rétablie. » Et sa grand-mère d’ajouter: « Je suis heureuse parce que je ne vois plus de différence entre elle et les autres enfants de la famille. Elle est bien. Elle fait les mêmes travaux que les autres. Et à l’école, elle est brillante. Je suis impressionnée! »

Elle est incurable et aucun vaccin n’est disponible. L’épidémie qui s’est déclarée dans les districts de Kitgum et Pader, dans le nord, en 2007 s’est poursuivie en 2009. Les équipes de MSF ont soigné les patients, ont veillé à améliorer la qualité de l’eau et de l’assainissement. Elles ont également tenté de prévenir une propagation de la maladie en recherchant les nouveaux cas et en menant des campagnes d’éducation à la santé. En 2009, MSF a traité plus de 1 450 patients atteints. Des décennies de négligence politique et de sous-développement des services de santé ont eu de graves répercussions sur les nomades de la région isolée de Karamoja, dans le nord-est. Là, la violence a fait des dizaines de morts chaque mois. L’accès aux soins a été entravé par l’insécurité, les problèmes de santé ont été exacerbés par une crise alimentaire chronique et la zone a connu des pics de malnutrition aiguë. En 2009, MSF a assuré quelque 20 000 consultations et a reçu 2 500 femmes enceintes dans ses cliniques mobiles ou à l’hôpital. MSF travaille en Ouganda depuis 1980.


AFRIQUE

Zambie

MOTIF D’INTERVENTION

D’après un rapport national de 2007, 14 pour cent de la population zambienne âgée de 15 à 49 ans est séropositive. Ici, la pandémie a principalement touché les femmes et, d’après les indicateurs du développement dans le monde, l’espérance de vie à la naissance était estimée à seulement 46 ans en 2008. La pandémie a fait peser un lourd fardeau sur le pays mais, ces dernières années, le gouvernement zambien a pris d’importantes mesures pour résoudre le problème. Depuis 2004, MSF fournit traitements antirétroviraux (ARV) et soins gratuits à des milliers de séropositifs en Zambie. Les équipes de MSF s’emploient en outre à mieux sensibiliser à la réalité du VIH/sida dans le district de Kapiri M’poshi, dans le nord-est. MSF gère une clinique VIH/sida dans l’hôpital de district local et soutient 14 centres de santé ruraux dans la région. Entre 2004 et 2009, plus de 66 500 personnes y ont subi un dépistage du VIH/sida, plus de 12 000 ont été admises dans le projet et plus de 6 000 ont entamé un traitement antirétroviral.

MSF continuera à travailler en Zambie, en recentrant ses activités sur la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. MSF répondra en outre à d’autres urgences médicales négligées, les épidémies de choléra en particulier, et continuera à réclamer une amélioration de la disponibilité opérationnelle pour le choléra dans le pays. Les équipes sont intervenues pour une épidémie en mars en créant deux centres de traitement dans la capitale, Lusaka, et ont soigné plus de 4 300 patients.

Personnel de terrain 94

Mary Mary est une des premières à avoir reçu des ARV du projet VIH/sida de MSF à Kapiri. Depuis 2004, elle participe à des activités de sensibilisation de la communauté pour encourager les gens à se présenter à un dépistage du VIH/sida. « J’ai été parmi les premiers patients à prendre des ARV avec MSF à Kapiri et ce traitement a été génial pour moi. Maintenant, je peux travailler. J’ai même un champ, dont je tire 50 sacs de maïs. J’ai un jardin; je me sens heureuse, très heureuse. Je ne me sentais pas bien quand je restais à la maison. Je suis heureuse de sortir, rien que pour venir aider mes amis. Beaucoup m’ont connue quand j’étais malade; ils ont vu comment j’étais et maintenant, je témoigne devant eux. Ainsi, ils sont heureux et beaucoup se sont mis à parler ouvertement du VIH/sida et il y a moins de stigmatisation dans la communauté. »

MSF travaille en Zambie depuis 1999.

© Brendan Bannon

En juillet 2005, le gouvernement a introduit la gratuité des traitements contre le VIH/sida et,

après l’abolition du système national de partage des coûts des soins de santé en 2006, tous les traitements sont devenus gratuits. En juin 2009, MSF a transféré son projet VIH/sida de Kapiri M’poshi au ministère de la Santé et à une organisation non gouvernementale, Zambia HIV/AIDS Prevention Care and Treatment Partnership, avec l’assurance que tous les services fournis à la communauté de Kapiri resteraient gratuits.

• Endémie / Épidémie

Lusaka, Zambie. MSF répond à une des pires épidémies de choléra qu’ait connu le pays depuis des années. LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – Zambie

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AFRIQUE

Zimbabwe En juin 2009, l’épidémie de choléra qui avait commencé en août 2008 a été officiellement déclarée terminée. D’après l’ONU, près de 100 000 personnes ont été atteintes par le choléra et plus de 4 000 en sont décédées. De plus, la prévalence du VIH/sida est ici parmi les plus élevées au monde. MSF est intervenu pour l’épidémie de choléra, soignant plus de 65 000 patients, et a aussi fourni des traitements contre le VIH/sida et la tuberculose (TB).

MSF améliore la prise en charge de la TB et intègre les services TB et VIH/sida. La prise en charge du VIH/sida a été décentralisée pour rapprocher les services du domicile des patients et des infirmiers ont été formés pour administrer des ARV. Cette nouvelle répartition des tâches permet aux médecins de se concentrer sur les cas plus compliqués et aux infirmiers, de s’occuper des soins quotidiens des séropositifs.

Personnel de terrain 911

Nutrition MSF gère des programmes de nutrition à Epworth, près de Harare, et à Buhera, dans le sud du pays. Plus de 1 700 enfants atteints de malnutrition sévère ont été soignés en 2009. Violences sexuelles En collaboration avec le ministère de la Santé, MSF fournit une aide médicale et psychologique aux survivantes de violences sexuelles à Gweru, dans le centre du pays. Plus de 180 victimes de violences sexuelles ont été traitées l’an dernier. Soins de santé pour les migrants La crise politique et économique des dernières années a poussé beaucoup de migrants à quitter le Zimbabwe pour l’Afrique du Sud. MSF a ouvert un projet à Beitbridge, près de la frontière la plus utilisée par les migrants et sur une route commerciale entre ces deux pays. En moyenne, les équipes de MSF y ont reçu plus de 1 000 patients en consultation par mois. MSF travaille au Zimbabwe depuis 2000.

© Joanna Stavropoulou

Choléra et malnutrition En juin 2009, MSF avait soigné 65 000 patients. MSF est aussi intervenu dans les prisons, soignant les cas de choléra et veillant à y prévenir la propagation de la maladie. De plus, des équipes sont intervenues pour une grave crise de malnutrition dans 13 prisons, fournissant des traitements et améliorant l’assainissement et l’approvisionnement en eau.

Lutte contre le VIH/sida D’après le Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), il y aurait 120 000 enfants séropositifs au Zimbabwe et la maladie y aurait rendu au moins un million d’enfants orphelins.MSF a augmenté le nombre d’enfants pris en charge, fourni du counselling et des traitements pour prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant et a lancé un programme d’éducation des patients. MSF a fait face à l’épidémie de VIH/sida dans cinq districts: plus de 52 000 personnes ont été soignées, dont 39 000 ont reçu un traitement antirétroviral (ARV).

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé

Un médecin complète le dossier d’un patient séropositif dont l’état s’améliore depuis qu’il suit un traitement antirétroviral.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AFRIQUE – ZIMBABWE


© Yuri Kozyrev / Noor

Camp de Kutupalong, Bangladesh. Une femme Rohingya et son enfant venus chercher des médicaments.

40 Afghanistan 41 Arménie 42 BANGLADESH

49 MYANMAR 50 NÉPAL 51 PAKISTAN

43 Cambodge

52 Papouasie nouvelle guinée

44 Chine

53 Philippines

45 Géorgie

54 SRI LANKA

46 Inde

55 Thaïlande

47 Indonésie

56 Turkménistan

48 Kirghizistan

56 Ouzbékistan

Asie et Caucase


ASIE ET CAUCASE

Afghanistan MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

Personnel de terrain 51

Le pays a quelques-uns des pires indicateurs de santé du monde. Les taux de mortalité infantile sont particulièrement élevés, estimés à 257 décès par 1 000 naissances vivantes, selon l’UNICEF. Jusqu’à très récemment, un seul hôpital, situé à Kandahar et soutenu par le CICR, offrait une gamme complète de services médicaux pour tout le sud du pays. La population était obligée de parcourir des centaines de kilomètres, à travers des zones très dangereuses, pour obtenir les soins médicaux dont elle avait besoin. Retour après cinq ans MSF est retourné dans le pays en 2009 après l’avoir quitté en juin 2004 à la suite du meurtre brutal de cinq de ses employés dans la province de Badghis. MSF est donc revenu en 2009, en raison de la multiplication des signaux d’une détérioration de la situation générale pour la population. Un très grand nombre d’Afghans, plongé depuis des années dans la pauvreté, n’a en effet pas accès à des traitements médicaux. Les hôpitaux publics fonctionnent mal et les cliniques privées sont souvent inabordables. En octobre 2009, MSF a commencé à soutenir des activités dans un hôpital de district à l’est de Kaboul et dans un hôpital de la capitale de la province de Helmand. Le manque de respect pour les structures médicales, affiché par tous les belligérants dans ce conflit, a transformé les hôpitaux en champs de bataille où le personnel et les patients ne se sentent pas en sécurité.

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© Pascale Zintzen

En 2009, le conflit a repris dans tout le pays et plus particulièrement dans l’est et le sud. Ce fut l’année la plus meurtrière pour les civils depuis novembre 2001, lorsque la guerre opposant les forces de la Coalition et du gouvernement afghan à divers groupes d’opposition a éclaté.

Hôpital Shah Baba, est de Kaboul. Un médecin prend des notes lors d’une consultation.

Il était crucial pour MSF de signer des accords avec toutes les parties, afin de garantir la sécurité des hôpitaux: une politique de « bannissement des armes » a ainsi été mise en œuvre avec succès. Cette approche semble fonctionner. Dans ces deux hôpitaux, MSF collabore avec le personnel de l’hôpital pour offrir des soins médicaux de qualité gratuits. Soutien et services cruciaux Dans l’hôpital de district à l’est de Kaboul, MSF a amélioré les procédures de traitement et remis en état les urgences et la maternité. À la fin de l’année, près de 19 000 consultations et 1 000 accouchements avaient été assurés et près de 9 900 personnes avaient été vaccinées via le Programme étendu de vaccination, qui protège contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et l’haemophilus influenza. MSF a également réhabilité certaines parties de l’hôpital. À Lachkargah, la capitale de la province de Helmand, la population a beaucoup souffert du conflit. L’hôpital provincial de Boost, de 150 lits, est l’un des deux seuls hôpitaux publics du sud de l’Afghanistan. Depuis novembre 2009, MSF en soutient tous les services, notamment la maternité,

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – AFGHANISTAN

les services de pédiatrie, de chirurgie et des urgences. Depuis le début de ce projet, 1 100 consultations, plus de 60 interventions chirurgicales et près de 160 accouchements y ont eu lieu. En garantissant une présence permanente de personnel médical et des services gratuits, MSF vise à permettre à l’hôpital de fonctionner 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. MSF projette d’étendre son soutien à des hôpitaux et centres de santé ruraux d’autres provinces du pays en 2010. MSF a travaillé en Afghanistan de 1980 à 2004 et y est retourné en 2009.


ASIE ET CAUCASE

Arménie MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

Personnel de terrain 54

L’Arménie a l’une des prévalences les plus élevées de tuberculose résistante ( TB-R ) au monde. Depuis 2004, MSF collabore avec le ministère de la Santé pour gérer le seul programme de traitement de la TB-R de cette ancienne république soviétique. Dans la capitale, Erevan, MSF a géré, en collaboration avec le programme national de lutte contre la tuberculose du ministère de la Santé, un projet de diagnostique et de traitement de la TB-R. En 2009, 130 nouveaux patients ont été admis gratuitement. Le traitement de la TB-R consiste en un cocktail quotidien de médicaments susceptibles de provoquer des effets secondaires, tels que de violentes nausées, des vomissements, des problèmes rénaux et des allergies cutanées. Comme il peut durer jusqu’à deux ans, MSF fournit un soutien psychologique et social pour encourager les patients à le suivre jusqu’au bout. « Le soutien non médical aux patients est une composante essentielle car il augmente les chances de voir le patient respecter la posologie difficile qu’il doit suivre pendant des mois, voire des années », dit le directeur du programme de MSF, Jean-Luc Anglade. MSF apporte son soutien aux patients de cinq districts autour d’Erevan ainsi qu’aux prisonniers de la prison centrale. En 2009, les équipes médicales de MSF ont effectué plus de 5 000 visites à domicile et distribué plus de 1 600 colis alimentaires.

© Bruno De Cock

MSF travaille en Arménie depuis 1988.

Centre national de la tuberculose, Abovian, Arménie. Un médecin examine un patient atteint par une forme résistante de la tuberculose.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Arménie

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ASIE ET CAUCASE

Bangladesh MOTIF D’INTERVENTION

• Violence sociale / Exclusion des soins de santé

• Catastrophe naturelle

Personnel de terrain 185

À la frontière du Myanmar (Birmanie), dans le district de Cox’s Bazaar, des milliers de réfugiés Rohingyas « non reconnus » luttent pour survivre. Sur les quelque 400 000 Rohingyas réfugiés au Bangladesh, seuls 28 000 sont officiellement reconnus comme réfugiés par le gouvernement et ont dès lors droit à l’aide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). La vaste majorité des Rohingyas vit, elle, dans des conditions lamentables, à la merci des maladies et des exploiteurs. atteints de malnutrition et a soigné plus de 3 700 enfants de moins de cinq ans. Ce projet s’est rapidement développé en programme de soins primaires pour répondre aux besoins médicaux croissants tant des habitants du camp de fortune que de la communauté hôte. En un an, le personnel de MSF à Kutupalong a assuré à plus de 23 000 consultations, plus de 1 000 consultations pré-natales et, à la suite d’une épidémie de rougeole dans le camp de fortune, a vacciné plus de 11 000 enfants.

En juin et juillet, MSF a été indigné de voir les autorités locales évacuer violemment des milliers de personnes de certaines zones du camp de fortune. Les équipes de MSF ont traité plusieurs cas de traumatismes et ont dénoncé ces violences. Celles-ci ont cessé brièvement pour reprendre en octobre, les équipes de MSF recevant de nouveau des réfugiés souffrant de blessures liées à des violences. Cette fois, les patients, venant des districts de Bandarban et Cox’s Bazaar, ont raconté avoir été chassés de leurs maisons

© GIULIO DI STURCO\n

En mars, MSF a pris connaissance des conditions atroces dans lesquelles plus de 20 000 réfugiés rohingyas non reconnus vivaient dans un camp de fortune à Kutupalong. Ce camp jouxtait un camp du HCR abritant des réfugiés rohingyas reconnus. MSF a donc lancé un projet de soins d’urgence, pour prendre en charge les nombreux cas de malnutrition infantile et améliorer l’approvisionnement en eau et l’assainissement. En l’espace d’un mois, MSF a admis plus de 1 000 enfants

Camp de Kutupalong, Bangladesh. Un médecin vérifie l’état de santé d’un nouveau né dans le camp abritant des réfugiés Rohingyas.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – BANGLADESH


ASIE ET CAUCASE

par les autorités et des membres de la communauté locale.

Cyclone et maladie En mai, à la suite du cyclone Aila, MSF a distribué des biens de première nécessité, réparé des puits et fourni des services de santé de base à 75 000 personnes. MSF a aussi ouvert un programme de soins de santé dans les collines de Chittagong, dans le sud-est, une zone pauvre en services de santé et marquée par les tensions ethniques. Des équipes ont travaillé dans une clinique de Baghaihat, dans le sud-est, et ont étendu les services de santé de base à huit dispensaires de villages. En 2010, MSF lancera, dans le nord-est, un programme de traitement du kala-azar, une parasitose mortelle en l’absence de traitement. Un nouveau projet fournira des soins généraux et prendra en charge la malnutrition à Kamrangirchar, la plus grande concentration de bidonvilles de la région de Dhaka. Il est prévu d’ouvrir plusieurs centres de santé, de soutenir les structures existantes et d’instaurer un système de soins à domicile pour les enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition sévère. MSF travaille au Bangladesh depuis 1985.

Témoignage Un réfugié rohingya à la clinique de MSF dans le camp de fortune de Kutupalong « Je croyais que j’étais chez moi au Bangladesh mais, après avoir été l’objet de menaces durant deux mois, de la part de personnes parmi lesquelles je vivais depuis 15 ans, je suis venu, triste, au camp de fortune. »

© Brigitte Breuillac

À la fin de l’année, MSF a fait campagne pour un arrêt des violences et a pressé le gouvernement du Bangladesh et le HCR à prendre des mesures urgentes pour protéger tous les réfugiés.

Prison de Phnom Pehn, Cambodge. Un détenu lors d’un dépistage de la tuberculose.

Cambodge MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

Personnel de terrain 143

MSF travaille au Cambodge depuis 1979. Les principaux problèmes de santé publique sont le VIH/sida et la tuberculose (TB). Première organisation à fournir des traitements antirétroviraux ( ARV ) aux séropositifs, MSF a contribué à améliorer la situation en élaborant des protocoles nationaux de traitement avec le ministère de la Santé. Grâce à une hausse substantielle des contributions des donateurs internationaux, le gouvernement a pu renforcer sa lutte contre les maladies prévalentes et MSF, réduire ses programmes consacrés au VIH. Les équipes se concentrent maintenant sur le traitement de la TB et de la TB résistante (TB-R) à Kampong Cham et sur le dépistage et le traitement de la TB et du VIH/sida dans les prisons. À Takéo et Siem Reap, MSF a adopté une approche novatrice, traitant le VIH/sida comme une maladie chronique dans ses cliniques, au même titre que le diabète et l’hypertension. Le succès de cette approche lui a permis de transférer ces activités en juin. À l’hôpital provincial de Kampong Cham, MSF a transféré la prise en charge des séropositifs aux autorités sanitaires et à des partenaires locaux en mars. L’organisation a en outre étendu le programme TB lancé en septembre 2008, en construisant une nouvelle unité TB et en offrant une aide technique au laboratoire de l’hôpital. Ciblant en particulier les patients atteints de souches résistantes, les enfants et les co-infectés par le VIH, cette

initiative entend aussi améliorer le dépistage et l’accès aux soins pour tous les tuberculeux. À l’hôpital de l’Amitié khméro-soviétique (AKS) de Phnom Penh, MSF a transféré le traitement et le suivi des patients infectieux ainsi que la responsabilité du suivi de 3 600 séropositifs aux autorités sanitaires en vue du transfert officiel prévu en mars 2010. Le VIH/sida et la TB sont très difficiles à gérer dans des environnements clos comme les prisons. Depuis 2007, MSF soigne les séropositifs des prisons de Phnom Penh au moyen de cliniques mobiles gérées par l’équipe de l’hôpital AKS. Au counselling et aux dépistages confidentiels volontaires, MSF a maintenant ajouté le dépistage du VIH et de la TB et a amélioré l’accès au traitement pour tous les détenus des trois prisons. Dans la prison proche de Kampong Cham, MSF contribué à fournir des soins primaires adéquats à tous les détenus et a géré un programme nutritionnel de cinq mois pour les cas de malnutrition sévère. MSF travaille au Cambodge depuis 1979.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Cambodge

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ASIE ET CAUCASE

Chine Selon le ministère de la Santé chinois, le pays comptait 740 000 séropositifs à la fin de 2009.

Bien que moins d’un pour cent de la population totale soit infecté, le ministre a averti que le VIH/sida risque de se muer en grave épidémie parmi les groupes à haut risque. La forte stigmatisation et les discriminations à l’égard des séropositifs en Chine dissuadent les gens de subir un dépistage. Or, le risque de propagation est beaucoup plus grand lorsque la maladie n’est pas dépistée. Prise en charge et traitement du VIH Dépistages et traitements du VIH/sida sont officiellement gratuits en vertu de la politique de santé chinoise mais, en pratique, les hôpitaux et cliniques font souvent payer le traitement des infections opportunistes liées à cette maladie. En conséquence, quel que soit le degré d’urgence, si les gens n’en n’ont pas les moyens, ils ne peuvent pas accéder au traitement.

• Endémie / Épidémie

• Catastrophe naturelle

Personnel de terrain 42

consommateurs de drogues injectables, les prostituées, les homosexuels et les travailleurs migrants. Les traitements ambulatoires sont gratuits et MSF prend en charge les frais des patients devant être hospitalisés.

novembre 2008 et août 2009. Des équipes se sont rendues au domicile des patients et ont créé cinq centres de counselling à Mianzhu et Beichuan, deux des zones les plus touchées. Les patients ont bénéficié de 6 à 20 consultations pour les aider à se rétablir.

En 2009, sur les plus de 1 000 séropositifs soignés par MSF à la clinique, 900 recevaient des traitements antirétroviraux (ARV) de première ligne et 27, des traitements de deuxième ligne, nécessaires en cas de résistance au premier traitement. Les équipes ont assuré plus de 8 500 consultations. MSF a aussi créé, avec le Centre de prévention et de lutte contre les maladies, des centres de counselling et de dépistage volontaires dans la ville. Sur les 4 300 personnes venues dans ces centres en 2009, 147 se sont révélées séropositives.

MSF travaille en Chine depuis 1988.

Le projet de Nanning sera transféré aux autorités chinoises en octobre 2010. Santé mentale post-catastrophe En mai 2008, un séisme de magnitude 8 a secoué Chengdu, dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine. Il a fait quelque 80 000 morts, dix millions de sans-abri et a ébranlé mentalement de nombreuses personnes. En collaboration avec l’Académie chinoise de science et avec le Centre d’intervention en cas de crise, MSF a fourni une aide psychologique aux survivants et a formé des assistants en santé mentale entre

Chen

35 ans, patient de la clinique de MSF à Nanning dont la séropositivité a été détectée en 2006 La nouvelle a été effroyable. « Quand j’ai su, j’ai eu l’impression que la vie n’avait plus de sens et je ne savais plus quoi faire », dit-il. Après ce diagnostic, Chen a été envoyé au centre de MSF. « Le psychologue m’a aidé à adopter une attitude beaucoup plus positive. Il m’a expliqué que le VIH n’est pas une maladie qui vous emporte tout de suite et que si on respecte le traitement, on peut vivre des années. » Seul un ami proche sait que Chen est séropositif. « Il y a plus d’informations disponibles sur le VIH/sida actuellement, dit-il. Les choses s’améliorent mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que la discrimination ne disparaisse. »

© Anna Tsuji

Depuis 2003, en collaboration avec le Bureau de la santé publique du Guangxi, MSF gère, à Nanning, un centre VIH/sida qui offre une prise en charge confidentielle en particulier aux groupes vulnérables, tels que les

MOTIF D’INTERVENTION

Nanning, Chine. Un médecin prodiguant des soins lors d’une consultation au centre de traitement du VIH/sida. 44

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Chine


ASIE ET CAUCASE

Géorgie

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 85

Lorsque le conflit entre la Russie et la Géorgie a éclaté en Ossétie du Sud, en août 2008, MSF a ouvert un programme pour venir en aide à ceux qui avaient fui les violences en Géorgie et qui n’avaient plus guère accès aux soins de santé. En juin 2009, ce programme a été interrompu suite à la diminution des besoins médicaux et le retour de la plupart des déplacés chez eux. MSF a également traité la tuberculose résistante (TB-R) et les co-infections VIH/TB. Jusqu’en juin 2009, MSF a fourni des services de santé et un soutien psychologique aux habitants de Tbilissi et Gori qui avaient été contraints de fuir. Environ 10 000 consultations ont été effectuées, le plus souvent pour dépression, anxiété, stress post-traumatique et troubles psychologiques. Succès du traitement de la tuberculose Le ministère géorgien de la Santé a renforcé la lutte contre la TB-R en ouvrant un nouvel hôpital pour les tuberculeux à Tbilissi en mars 2009 et en lançant, en 2008, le Plan national de lutte contre la tuberculose (PNT). MSF a dès lors commencé à lui transférer son projet de Zugdidi en 2009. Ce transfert devrait se terminer d’ici septembre 2010. Plus de 50 nouveaux patients atteints de TB-R ont été admis en 2009 et 80 pour cent d’entre eux ont bien respecté le traitement malgré les effets secondaires affaiblissants. Ce taux de succès est le fruit d’un traitement effectué au domicile du patient, plus facile à suivre.

© Julie Damond

En Abkhazie, MSF a continué à soutenir le programme national de lutte contre la TB, offrant des traitements aux patients atteints de TB-R et des antirétroviraux vitaux aux co-infectés par le VIH. Ce programme sera aussi transféré au programme national.

Abkhazie, Géorgie. Un patient atteint par une forme résistante de la TB.

Antennes mobiles Un programme d’accès aux soins pour les populations vulnérables d’Abkhazie, lancé en 1993 et ayant couvert jusqu’à 6 000 patients, a également été réduit à mesure que le ministère de la Santé se montrait prêt à en reprendre la responsabilité. En 2009, quelque 100 patients, surtout confinés et grabataires, étaient enregistrés dans ce programme. MSF travaille en Géorgie depuis 1993.

Nugzari 60 ans, patient maintenant guéri de la TB-R « J’ai eu tellement d’effets secondaires: je ne pouvais plus me lever et je ne quittais plus ma pièce parce que j’avais honte. Qui n’a pas pris ces médicaments ne peut imaginer comme c’est dur. J’ai connu un homme qui est devenu fou à prendre ces médicaments. Moi aussi, je perdais patience et ma femme s’inquiétait. »

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Géorgie

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ASIE ET CAUCASE

Inde

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 533

© Cristina De Middel

Fournir des soins de santé à une population de plus d’un milliard et en constante augmentation est un réel défi pour les autorités sanitaires indiennes. Il existe en outre de grosses disparités entre les différents États. Mumbai, Inde. Un médecin vérifie les progrès d’un patient atteint par la TB-MR.

En 2009, MSF a répondu à des épidémies et des catastrophes naturelles et a également traité des maladies telles que la tuberculose (TB) et le VIH/sida. Les régions les plus pauvres et les plus isolées du pays sont souvent dotées de structures médicales inadéquates souffrant d’un manque de personnel et de normes de santé de basse qualité. D’après l’Organisation mondiale de la Santé, l’Inde compterait quelque trois millions de séropositifs. Le centre de traitement antirétroviral de MSF à Bombay prend en charge les patients qui ont besoin d’un traitement qui n’est pas encore disponible dans le secteur public. Ce programme inclut notamment des patients chez qui les médicaments les plus courants provoquent de graves effets secondaires et les co-infectés par la TB. En 2009, MSF a administré des traitements antirétroviraux à plus de 400 patients. Soins de base Dans l’État du Manipur, dans le nord-est, où la violence politique et sociale est courante, MSF gère quatre cliniques offrant des soins de base, des traitements du VIH/sida et de la TB et du counselling, ainsi qu’une maternité. En 2009, les équipes de MSF ont assuré plus de 40 600 consultations et notamment traité des femmes enceintes séropositives afin de prévenir la transmission du virus à l’enfant. Dans l’État de Chhattisgarh, le conflit entre les rebelles maoïstes et les forces gouvernementales a fait des dizaines de milliers de déplacés, réfugiés dans les denses forêts du sud de l’État

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ou dans des camps gérés par le gouvernement. MSF a effectué plus de 55 000 consultations dans ces camps et dans d’autres camps de la région de l’Andhra Pradesh. Dans l’État du Jammu et Cachemire, MSF a offert des soins de base et du counselling psychosocial à une population traumatisée par plus de 20 années de violence. Les équipes de MSF ont sensibilisé aux problèmes psychosociaux et, en 2009, ont soigné plus de 5 800 patients dans le programme de santé mentale. L’organisation a en outre soutenu six cliniques à Kupwara, assurant plus de 20 500 consultations. Traitement du kala-azar et malnutrition Dans le district de Vaishali, dans l’État de Bihar, MSF a soigné plus de 2 000 patients atteints du kala-azar, une parasitose mortelle. À Darbhanga, les équipes ont traité des enfants de six mois à cinq ans pour malnutrition aiguë. Interventions d’urgence En 2009, MSF a aidé les gouvernements des États du Meghalaya et du Tripura à la suite d’épidémies de méningite. MSF est aussi intervenu à la suite du cyclone Aila, dans l’État du Bengale occidental. Les équipes de MSF ont distribué des biens de première nécessité et, afin de prévenir les épidémies, mis sur pied dans les districts les plus touchés, un système de surveillance médicale. En octobre, MSF est intervenu pour des inondations dans l’Andhra Pradesh et a distribué des biens de première nécessité à 60 000 victimes. MSF travaille en Inde depuis 1999.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Inde

Jukelha 40 ans, mère de six enfants, atteinte du kala-azar « J’étais vraiment très malade. J’avais de la fièvre et des douleurs et je ne voulais plus manger. Après ma troisième dose de traitement, j’ai commencé à me sentir beaucoup mieux. Je ne parvenais même plus à marcher quand je suis arrivée ici. Ma mère a dû m’aider à aller jusqu’au bus. Je viens d’un village à environ 20 kilomètres de ce centre de santé. Je dois venir tous les jours me faire soigner. Le personnel de MSF m’a parlé du phlébotome et de la maladie. Je ne savais rien de tout cela mais je sais que d’autres habitants de notre village ont eu cette maladie. Notre voisin l’a eue il y a six mois et est venu se faire soigner ici aussi. »


ASIE ET CAUCASE

Indonésie MOTIF D’INTERVENTION

• Catastrophe naturelle

MSF est intervenu la première fois en Indonésie en octobre 1995, pour apporter des soins urgents aux victimes d’un grave séisme à Kerinci, sur l’île de Sumatra.

de MSF prenaient en charge des maladies telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida et assuraient soins généraux, chirurgie, campagnes de vaccination, assainissement et formation de personnel. Après le tsunami de 2004, MSF a remis en état 28 structures de santé, a prodigué plus de 40 000 consultations médicales et assuré plus de 2 000 sessions de counselling individuel. En 2008, la capacité du gouvernement indonésien à faire face aux catastrophes naturelles s’était à l’évidence nettement accrue. Vu la résolution ou l’apaisement de la plupart des conflits internes et le retour de la plupart des anciens déplacés, MSF a transféré ses projets aux autorités et partenaires locaux, terminant ce processus en mars 2009.

Séisme de Sumatra Le 30 septembre, un puissant séisme a fait plus de 1 000 morts sur l’île indonésienne de Sumatra. MSF est alors retourné temporairement sur place pour fournir aux survivants une assistance médicale d’urgence et une aide psychologique au moyen de cliniques mobiles dans certaines des zones rurales les plus négligées. Les équipes ont également organisé l’approvisionnement en eau et amélioré l’assainissement. Enfin, elles ont distribué des secours d’urgence, tels que des kits d’hygiène, des ustensiles de cuisine, des couvertures, des tapis et des bâches à 1 600 familles. MSF travaille en Indonésie depuis 1995.

© Juan-Carlos Tomasi

Depuis, MSF a répondu à diverses catastrophes naturelles et épidémies. En mars 2009, l’organisation a fermé ses projets, le gouvernement indonésien étant désormais mieux à même de faire face aux catastrophes naturelles. Avant ce retrait, MSF avait travaillé dans toute l’Indonésie, y compris dans les anciennes zones de conflit de l’Aceh et d’Ambon. Les équipes

Personnel de terrain 11

Padang, Indonésie. Un employé de MSF traversant une zone affectée par le tremblement de terre ayant touché l’île de Sumatra en septembre 2009. LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Indonésie

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ASIE ET CAUCASE

Kirghizistan La prévalence de la tuberculose reste de 20 à 30 fois plus élevée dans les prisons que dans l’ensemble de la population: 500 nouveaux cas de cette maladie infectieuse y sont recensés chaque année malgré les récentes réformes des prisons.

Environ deux tiers des tuberculeux souffrent de souches résistantes (TB-R), qui exigent un traitement très long et pénible. Ces dernières années, les équipes de MSF ont surtout veillé à ce que les ex-détenus puissent poursuivre correctement leur traitement après leur libération.

En 2007, MSF a ouvert un bureau de « soutien social » dans le sud du pays pour aider les ex- détenus. En 2009, les assistants sociaux et un réseau de volontaires ont aidé quelque 100 ex-détenus à poursuivre leur traitement contre la TB en fournissant du counselling, des colis alimentaires et de l’argent pour les frais de transport. Pour sensibiliser la population aux difficiles conditions de vie des prisonniers et à leur lutte contre la maladie, MSF a organisé une exposition de photographies dans la capitale, Bichkek. L’objectif de cette exposition est de réduire la stigmatisation dont souffre les patients atteints par la TB. Une importante étape dans la lutte contre la TB au Kirghizistan a été franchie en 2009, lorsque le Fonds mondial a approuvé la demande de financement introduite par ce pays au titre de la Série 9 qui permettra de lutter contre les souches

Personnel de terrain 52

multirésistantes de la TB (TB-MR). Ce financement inclut la mise en place de systèmes destinés à garantir que les ex-détenus puissent respecter leur traitement après leur libération. Toutefois, cette aide financière a été suspendue à la suite d’un audit et l’approvisionnement adéquat en médicaments se voit menacé par un manque de financement. MSF travaille au Kirghizistan depuis 2005.

Ruslan Ex-détenu guéri de la TB-R « C’était comme un cauchemar; vous ne pouvez pas imaginer comme c’est difficile de prendre ces médicaments. Vous voulez dormir mais c’est impossible, vous avez des vertiges, des nausées... vous vomissez mais vous ne vous sentez pas mieux. J’ai pris ces médicaments même si je me sentais très mal mais mon ancien co-détenu n’a pas pu continuer: pour lui, les effets secondaires étaient trop pénibles. J’ai été libéré en mai 2008, au milieu de mon traitement. Pendant ma détention, les assistants sociaux m’ont expliqué comment je pourrais poursuivre mon traitement dans le secteur civil. Mais quand je me suis présenté à l’hôpital, les médecins m’ont regardé d’un air soupçonneux. « Ex-détenu... trafiquant de drogue », ont-ils dit. Mais après quelque temps, vu mon bon comportement, leur attitude envers moi a changé. »

© William Daniels

MSF collabore avec le ministère de la Santé, les autorités carcérales et des organisations internationales telles que le Comité international de la Croix-Rouge pour améliorer la prise en charge de la TB dans les prisons. En 2009, les équipes ont soigné plus de 400 prisonniers, dont 92 atteints de souches résistantes. Elles ont également organisé des sessions de formation, fourni des médicaments, construit des laboratoires et remis en état les hôpitaux des prisons et les cellules des patients.

Il faut cependant assurer la continuité du traitement contre la TB car toute interruption risque d’engendrer une résistance aux médicaments. Au Kirghizistan, un tiers des prisonniers tuberculeux sont libérés avant la fin du traitement. Hors du milieu carcéral, les ex-détenus ont du mal à subvenir à leurs besoins fondamentaux et ne considèrent donc pas la poursuite de leur traitement comme une priorité. De plus, ils n’ont parfois pas l’argent nécessaire pour atteindre le centre de traitement de la TB le plus proche.

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé

Un médecin conversant avec un détenu tuberculeux. 48

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Kirghizistan


© MSF

ASIE ET CAUCASE

Un patient séropositif reçoit la visite d’un employé de MSF, également atteint par le VIH/sida et sous traitement antirétroviral.

Myanmar

MOTIF D’INTERVENTION • Endémie / Épidémie • Exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle  Personnel de terrain 1,189

Une crise sanitaire, exacerbée par des maladies dévastatrices telles que le paludisme, le VIH/sida et la tuberculose ( TB ), est apparue au Myanmar. Le gouvernement ne consacre que 0,3 pour cent de son PIB aux soins de santé, soit le pourcentage le plus faible au monde. L’aide internationale à ce pays, qui ne dépasse pas les 3 dollars US par personne et par an, reste totalement insuffisante. MSF s’emploie à fournir des traitements antirétroviraux (ARV) aux séropositifs et à soigner les tuberculeux et les patients atteints par le paludisme. Le paludisme est une des principales causes de mortalité au Myanmar, en raison d’un très faible accès à des outils de diagnostic et des traitements efficaces et abordables. En 2009, MSF a soigné quelque 160 000 patients atteints par cette maladie dans l’État de Rakhine. La prévalence de la TB est élevée, elle aussi: selon les derniers chiffres du gouvernement, le pays compte 134 000 cas connus. Le programme national de lutte contre la TB, sous-financé, ne garantit pas l’approvisionnement régulier en médicaments, favorisant ainsi l’apparition de souches résistantes et réduisant l’efficacité des médicaments. MSF a continué à soigner les co-infectés par le VIH et la TB tout au long de l’année. En juillet, en collaboration avec le ministère de la Santé, l’organisation a lancé, à Rangoun, le premier programme du pays

consacré à la TB multirésistante. Vu la très faible disponibilité de traitements antirétroviraux (ARV), des milliers de séropositifs meurent chaque année au Myanmar. Le pays compte quelque 76 000 séropositifs mais seulement 20 000 reçoivent un traitement et pour la plupart de MSF. Dans les États de Shan, Kachin et Rakhine et à Rangoun, la capitale du pays, MSF gère 17 cliniques VIH/sida, neuf centres de santé et plus de 30 dispensaires pour le paludisme. MSF fournit des traitements contre la TB et le VIH/sida et, dans les zones rurales et urbaines des districts méridionaux de Dawei et Myiek, gère des programmes de soins généraux. Ces derniers aident 700 000 personnes et ciblent en particulier les populations les plus vulnérables, telles que les travailleurs migrants et les pêcheurs de la zone. L’an dernier, MSF a fourni des ARV à plus de 14 300 patients. Tout au long de 2009, MSF a appelé le gouvernement et la communauté internationale à intensifier leur réponse à la crise causée par le VIH/sida. Le programme de santé mentale de MSF pour les victimes du cyclone « Nargis » de 2008 a été fermé en mai, les besoins ayant diminué. Entre janvier et mai 2009, 17 000 personnes ont bénéficié de counselling.

Tin Mère de 29 ans, vivant à Dawei, séropositive et tuberculeuse Il a fallu un mois à Tin pour trouver un diagnostic et un traitement de la TB. Après avoir consulté deux cliniques privées, elle s’est rendue à une clinique de MSF et a reçu des médicaments gratuits contre la TB. « Je me sentais très fatiguée et je ne parvenais plus à travailler, dit-elle. Ma mère me soigne maintenant et le conseiller de MSF vient me voir régulièrement. Je dois aller à la clinique une fois par mois et si je n’ai pas l’argent pour le transport, c’est MSF qui paie. MSF me donne aussi de la nourriture, notamment du riz, des haricots, du sel et de l’huile. Cela m’aide beaucoup: j’ai repris du poids et je me sens vraiment mieux. Ils m’ont expliqué la TB avec des illustrations et m’ont dit qu’il était très important de suivre mon traitement jusqu’au bout. Les médecins de MSF ont soumis tous les membres de ma famille à un dépistage du VIH et de la TB. Ils ont trouvé que ma fille de quatre ans avait aussi la TB et le VIH. Elle suit le traitement contre la TB depuis deux mois maintenant. »

MSF travaille au Myanmar depuis 1992.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Myanmar

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ASIE ET CAUCASE

NÉPAL

MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

Personnel de terrain 101

Entre 2002 et 2009, les équipes de MSF ont fourni des soins de santé aux populations encore affectées par le conflit ayant opposé les forces gouvernementales et le parti communiste du Népal entre 1996 et 2006. MSF a également porté secours aux victimes des violences accompagnant un processus de paix chaotique. MSF est intervenu là où l’aide était le plus nécessaire, assurant des soins de base, des soins en santé reproductive, l’approvisionnement en eau et l’assainissement. Malgré les soubresauts que connaît le processus de paix, MSF quitte le Népal. Les agences gouvernementales et les organisations de développement commencent en effet à adopter une approche à plus long terme visant à assurer la couverture des besoins de santé de la population.

Les derniers projets de MSF encore ouverts ciblent donc en priorité le développement des capacités locales et la formation sur le terrain. Les équipes ont veillé à améliorer la connaissance de la santé reproductive et ont réclamé un meilleur accès à des services de santé publique de bonne qualité. Au moyen d’annonces à la radio nationale et une éducation au niveau local, MSF a abordé la question de l’abus d’oxytocine. Destinée à stimuler les contractions chez les femmes enceintes, cette

substance peut s’utiliser en toute sécurité à faibles doses après le terme, mais, au Népal, il est courant de prendre de fortes doses pour provoquer un accouchement prématuré. L’objectif étant de faire naître le bébé à une date importante, symbolique sur le plan religieux. Or, mal utilisée, l’oxytocine peut entraîner la mort du fœtus ou du nouveau-né et provoquer la rupture de l’utérus. En mai, MSF a transféré des programmes du district montagneux et isolé de Kalikot, qui offraient des soins primaires et secondaires, des traitements contre la tuberculose et des services d’urgence centrés sur la prise en charge des femmes enceintes et des enfants de moins de cinq ans. En 2009, MSF a assuré plus de 10 000 consultations et a aidé 192 accouchements. En décembre, MSF a transféré son dernier programme dans la région du Terai, qui assurait des services médicaux gratuits, des consultations d’urgence, des soins maternels et des traitements contre la malnutrition infantile aiguë. Dans les zones en proie à des troubles internes, MSF a envoyé des cliniques mobiles dans les zones les plus négligées, référant dans son centre à l’hôpital de district de Gaur les cas nécessitant plus de soins. MSF a reçu plus de 10 000 consultations et a assuré plus de 1 300 accouchements. Là où MSF a travaillé, l’organisation lègue un bien meilleur niveau de prise en charge des mères et des nouveaux-nés ainsi qu’un personnel mieux formé. Depuis 2002, MSF a offert plus de 30 000 consultations, a prodigué des soins pré-natals à 6 000 femmes et a soigné environ 2 000 enfants atteints de malnutrition. MSF travaille au Népal depuis 2002.

Ranjana

© Corb!no

23 ans

Kalakot, Népal. Un patient reçoit des soins pour des blessures aux mains.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – NÉPAL

Ranjana a été amenée par son mari à l’hôpital de Gaur, dans le district de Rautahat. Elle allait accoucher de son premier enfant quand des complications sont survenues. À l’examen, les médecins de MSF ont découvert une rupture de l’utérus. Les médecins ont compris que Ranjana avait pris de l’oxytocine, un médicament en vente libre utilisé pour stimuler les contractions utérines. Ranjana et son bébé ont survécu mais elle a perdu beaucoup de sang et du subir une transfusion et l’ablation de l’utérus.


ASIE ET CAUCASE

Pakistan MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

• Endémie / Épidémie

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 819

Plus de deux millions de personnes ont été déplacées par un conflit armé dans la province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP) et dans les zones tribales sous administration fédérale (FATA). Malgré de nombreux obstacles, MSF a offert des services médicaux et des secours d’urgence en plus de 12 lieux dans la NWFP, les FATA et la province du Balouchistan. MSF a notamment soigné les personnes blessées ou déplacées en raison des combats et a prodigué des soins maternels et pédiatriques dans certaines des zones les plus pauvres du pays. En février, deux techniciens médicaux de MSF ont été tués alors qu’ils circulaient dans une ambulance de l’organisation allant chercher des civils blessés dans les combats dans le district de Swat de la NWFP. Cette attaque directe et l’intensification des hostilités dans cette zone ont amené MSF à se retirer de ce district. Plus tard dans l’année, une limitation des déplacements a empêché l’organisation d’apporter un soutien médical aux communautés déplacées par le conflit dans le sud du Waziristan. Soins cruciaux pour les déplacés Les structures de santé locales des districts accueillant les familles déplacées ont été submergées de patients. Plus particulièrement à Mardan, où environ un million de déplacés se sont installés après avoir fui les combats dans la vallée de Swat. MSF a apporté son soutien aux hôpitaux de référence, aux centres de santé et aux cliniques mobiles. Rien que dans le district de Mardan, MSF a fourni, de juin à septembre, des soins médicaux d’urgence à plus de 3 200 patients, a soigné 880 patients hospitalisés et assuré plus de 16 000 consultations. Pendant la saison du choléra, MSF a mis sur pied cinq centres de traitement dans la région et soigné 4 500 patients. De plus, durant l’année, les équipes de MSF ont assuré 56 000 consultations auprès des déplacés vivant à Lower Dir, Charsadda et Peshawar. Les équipes de MSF ont distribué des biens de première nécessité à des milliers de familles déplacées et fourni des tentes, des toilettes,

© Jodi Bieber

En 2009, le pays a connu une rapide escalade de la violence avec une intensification des combats et des attaques sur des bâtiments civils.

Une mère et sa fille assises dans leur tente dans un camp de réfugiés ayant fui les violences à Makaland. des installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement à cinq camps accueillant quelque 23 000 déplacés. Traiter les traumatismes Durant l’année, près de 5 300 patients souffrant de traumatismes ont été traités aux urgences du principal hôpital de référence de Lower Dir, où les équipes de MSF ont soigné en moyenne 4 000 patients par mois. MSF a aussi travaillé dans tous les services de l’hôpital de Dargai, dans le district de Malakand, où des équipes chirurgicales ont pratiqué plus de 880 interventions avec du personnel du ministère de la Santé. L’organisation a aussi soutenu l’hôpital rural de Darband, dans le district de Mansehra, et, en juin 2009, a commencé à proposer des consultations médicales dans la zone tribale voisine de Kala Dhaka, où la leishmaniose cutanée, une parasitose, est endémique. À Kurram Agency, MSF a donné du matériel médical à trois hôpitaux pour les aider à soigner les blessés de guerre et a reçu plus de 2 000 consultations pédiatriques par mois dans les hôpitaux d’Alizai et Sadda. Améliorer la prise en charge des mères et des bébés Le Pakistan a l’un des taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés de la région. La pénurie de personnel médical et le coût prohibitif des services de santé nuisent surtout aux femmes et aux enfants, en particulier dans les zones rurales isolées. MSF s’efforce de proposer un personnel médical féminin pour soigner

les patientes dans presque toutes ses activités médicales. Au Balouchistan, en particulier, les équipes ont développé un vaste programme de soins maternels et infantiles. À Kuchlak, Chaman et dans les districts orientaux de Nasirabad et Jafarabad, des équipes ont effectué 18 000 consultations pré-natales, assisté 4 000 accouchements et soigné près de 5 000 enfants souffrant de malnutrition. 110 000 autres consultations ont également été assurées. MSF travaille au Pakistan depuis 2000.

Témoignage Femme déplacée par les combats à Bajaur « Mon mari a été tué dans des échanges de tirs. Je lui préparais à manger quand mon voisin m’a dit qu’il était mort... J’étais très inquiète pour mes enfants et je voulais partir mais je ne savais pas comment ni où aller. Les bombardements étaient incessants. Après quelques jours, un de mes voisins a accepté de venir avec nous. Nous avons quitté la maison en n’emportant que les vêtements que nous avions sur nous. Nous avons marché un jour et une nuit jusqu’à ce que nous trouvions quelques familles qui voyageaient dans des camions. Nous nous sommes joints à elles et avons atteint Peshawar en camion. »

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Pakistan

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ASIE ET CAUCASE

Papouasie Nouvelle Guinée • Endémie / Épidémie

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 79

© Nathalie Muffler

MOTIF D’INTERVENTION

Lae, Papouasie Nouvelle Guinée. Des travailleurs de santé communautaire parlent des problèmes de violences domestiques affectant particulièrement les femmes et les enfants.

Les habitants de la Papouasie Nouvelle Guinée sont pris au piège d’un cycle de violences sans fin. Contre toute attente, le développement rapide et récent du pays a aggravé les tensions existantes.

Ce sont principalement les femmes et les enfants qui font les frais de cette situation. Ils sont les victimes de viols et d’autres formes de violence qui génèrent des besoins médicaux et psychosociaux urgents. En outre, les maladies infectieuses causent de nombreux décès et des endémies, telles que le paludisme. L’apparition d’une épidémie de VIH/sida pose de graves risques de santé publique. Or, la couverture des soins de santé demeure limitée. Dans la ville côtière de Lae, MSF collabore avec le ministère de la Santé pour prodiguer des soins aux survivantes de violences sexuelles et conjugales. L’organisation commence aussi à intégrer les soins médicaux et psychosociaux et, en 2009, a offert du counselling à plus de 2 500 patients. Dans la région de Southern Highlands, MSF soutient l’hôpital de district de Tari pour répondre aux besoins chirurgicaux et psychosociaux des survivantes de violences domestiques et d’autres formes de violence. En outre, l’organisation a géré les salles d’opération et les installations d’approvisionnement en eau et d’assainissement

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – PAPOUASIE NOUVELLE GUINÉE

de l’hôpital. MSF a, enfin, fourni du counselling psychologique et un soutien aux patientes des urgences obstétriques. En décembre, l’équipe internationale de MSF, dont plusieurs membres avaient été menacés à l’hôpital de Tari, a été temporairement évacuée, mais du personnel national a pu continuer à collaborer avec les médecins du ministère de la Santé. Le personnel international a pu commencer à retourner sur place à la fin de l’année. Plus de 650 interventions chirurgicales ont été pratiquées durant l’année, dont plus de 240 interventions majeures et plus de 150 patients ont reçu du counselling. Épidémie de choléra MSF a créé plusieurs centres d’urgence pour traiter la première épidémie de choléra qu’ait connue la Papouasie Nouvelle Guinée en 50 ans. Des équipes ont contribué à former du personnel de l’hôpital à la mise en œuvre d’un programme d’intervention contre le choléra et à soigner les patients. MSF travaille en Papouasie Nouvelle Guinée depuis 2007.


ASIE ET CAUCASE

Philippines

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Catastrophe naturelle Personnel de terrain 76

Depuis les années 1970, l’île de Mindanao, dans le sud, est au cœur d’un conflit armé entre les forces gouvernementales et le Front de libération islamique Moro. Durant l’été 2008, entre 400 000 et 500 000 personnes ont fui la zone pour échapper à la violence et, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu en juillet de l’an dernier, quelque 300 000 personnes sont toujours déplacées. Le pays ne peut guère faire face à un aussi grand nombre de déplacés. MSF a fourni des soins médicaux au moyen de cliniques mobiles et a soutenu les structures de santé existantes pour quelque 70 000 déplacés de cinq camps situés en Région XII et dans la Région autonome en Mindanao musulmane. Les équipes se sont concentrées sur les plus vulnérables ou sur les populations mal desservies par les structures de santé locales. En 2009, MSF a assuré près de 43 000 consultations, dont 1 500 consultations pré-natales.

Catastrophes naturelles En septembre et octobre de l’an dernier, une série de typhons a provoqué d’importants dégâts et des inondations dans et autour de la capitale, Manille, et sur l’île septentrionale de Luzon. MSF a contribué à améliorer les conditions de vie dans les camps de déplacés en construisant des latrines et en améliorant l’hygiène et l’assainissement. Des cliniques mobiles ont permis d’atteindre les populations ayant besoin de soins médicaux dans les camps et aux alentours. Certaines équipes ont utilisé des bateaux pour atteindre des quartiers de la ville isolés par les flots. Au total, 4 300 consultations ont été effectuées.

© Benoit Finck

En mars, les psychologues de MSF ont ouvert un programme en santé mentale pour aider les nombreuses personnes souffrant de troubles psychologiques, présentant des symptômes psychosomatiques liés au stress. En collaboration avec le service de psychiatrie de l’hôpital de Cotabato en Mindanao, MSF a soigné

des patients atteints de problèmes sévères de santé mentale. Plus de 2 100 patients ont reçu une aide psychologique et un traitement psychiatrique.

Manille, Philippines. Une équipe de MSF enregistre les noms de personnes résidant dans un camp d’accueil temporaire après le passage de plusieurs typhons et de tempêtes tropicales.

Dans le nord de l’île de Luzon, MSF est intervenu dans les provinces de Ilocos Norte, Cagayan, Pangasinan et Tarlac et y a assuré plus de 3 400 consultations. À Rosales, où l’eau libérée par des barrages a inondé et détruit la zone environnante, MSF a distribué des biens de première nécessité, notamment des bâches et des kits d’hygiène et de construction. MSF a aussi aidé les victimes des glissements de terrain causés par des semaines de pluies torrentielles à Benguet. MSF travaille aux Philippines depuis 2008.

Ramon 30 ans « Tout est allé si vite. C’était terrifiant. J’étais dans ma maison quand, soudain, j’ai entendu une bombe exploser. Je n’ai pas compris tout de suite ce qui se passait mais, ensuite, je me suis rendu compte qu’une bombe était tombée sur ma maison. Dehors, tout le monde courait et certains me jetaient des regards étranges. Je me sentais très fatigué et j’avais très mal; alors, je me suis couché. Plus tard, des gens m’ont raconté que j’étais couvert de sang et qu’ils pensaient que j’étais mort. Mais quelqu’un a senti que mon cœur battait encore et les gens m’ont emmené au centre de santé. J’avais deux éclats d’obus dans l’estomac. Les médecins m’ont transféré à l’hôpital général de Cotabato, où je suis resté neuf jours. » « Puis, quand j’ai retrouvé ma famille, je suis allé à la clinique mobile de MSF pour obtenir des médicaments. Le médecin m’a conseillé de voir un psychologue, ce que j’ai fait. C’est alors que je me suis rendu compte que j’étais encore en état de choc et que j’avais besoin d’aide. Mes blessures me font encore mal et je pense très souvent à ce qui m’est arrivé mais, dans l’ensemble, je me sens mieux. »

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Philippines

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ASIE ET CAUCASE

Sri Lanka MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

Personnel de terrain 347

Rajasekaran 29 ans, marié, deux enfants

© Marit Helgerud

« Quand les médecins m’ont dit que je ne pourrais plus jamais marcher, j’ai perdu tout espoir. Je passais mes journées couché sur mon lit d’hôpital, ce qui a provoqué l’apparition d’escarres qui se sont infectées. J’étais gêné de ne pas pouvoir contrôler ma vessie ni mes intestins et de devoir totalement dépendre des autres, sans pouvoir subvenir aux besoins de ma famille.

Camp de Menik Farm. Une infirmière prend en charge des déplacés fuyant le conflit entre les forces de sécurités nationales et les Tigres tamouls séparatistes.

Les décennies de guerre civile entre les forces de sécurité du Sri Lanka et les Tigres tamouls séparatistes ( LT TE – Liberation Tigers of Tamil Eelam ) ont pris fin en mai 2009. Lors de la phase finale de ce dur conflit, des dizaines de milliers de civils ont été piégés sur une étroite bande de plage et de jungle dans le nord-est du pays, avec peu, voire aucun accès aux soins. En 2009, dans les hôpitaux du nord, des équipes de chirurgiens ont soigné ceux qui s’étaient échappés de la zone de guerre. MSF a fourni de l’eau potable pour 300 000 déplacés vivant dans les camps gouvernementaux et des aliments thérapeutiques à quelque 10 000 personnes souffrant de malnutrition. De la mi-avril à la fin mai, des milliers de personnes ont réussi à s’échapper de la zone des combats. Un grand nombre d’entre eux avait besoin d’une aide médicale après des mois d’accès limité aux soins de santé.

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Certains ont dû rapidement être soignés pour de graves blessures par balles ou causées par des éclats d’obus ou bien encore des mines. Les hôpitaux de la zone ont fait le maximum mais ont été submergés. Le 21 avril, en 36 heures, plus de 400 patients en danger de mort ont été soignés à l’hôpital de Vavuniya. En tout, MSF a traité près de 4 000 blessés de guerre entre février et juin. Plus de 150 membres du personnel de MSF ont aidé les patients, souvent séparés de leur famille. Des équipes médicales ont pris en charge plus de 60 patients atteints de traumatismes médullaires nécessitant de la rééducation. Comme beaucoup de déplacés souffraient de malnutrition, MSF a entamé en février la distribution quotidienne de rations alimentaires supplémentaires aux enfants de moins de cinq ans, aux personnes âgées ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes. En août, à son pic d’activité, le programme comptait plus de 26 000 patients. À la fin du mois de mai, MSF a été autorisé à ouvrir, à Vavuniya, un hôpital de référence de 160 lits comprenant une salle d’opération gonflable et un service de chirurgie. L’hôpital était situé juste à côté des camps gouvernementaux de Menik Farm, abritant

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – SRI LANKA

J’ai accepté en novembre de participer au programme de rééducation de MSF pour les patients atteints de traumatismes médullaires et maintenant, mon avenir ne me déprime plus autant. Après de la physiothérapie, des soins infirmiers et des médicaments, je peux maintenant circuler dans ma chaise roulante adaptée, je peux me laver et m’habiller et aller aux toilettes seul. J’espère pouvoir reprendre mon travail de mécanicien moteur et continuer à apprendre l’anglais. »

des centaines de milliers de déplacés. Entre mai 2009 et janvier 2010, l’organisation a recensé plus de 4 200 admissions, plus de 1 600 interventions chirurgicales et plus de 13 500 consultations. 850 autres patients ont été soignés pour blessures de guerre et 200 ont commencé un suivi psychologique pour des traumatismes liés au conflit. Vers la fin de l’année, les personnes détenues dans les camps gouvernementaux ont été relâchées faisant diminuer les besoins médicaux. À la fin de 2009, les camps n’abritaient plus qu’environ 100 000 personnes. Les structures publiques de santé étant capables de couvrir les besoins de cette population, l’hôpital de MSF a réduit ses activités et fermé en janvier 2010. Durant l’année, MSF a aussi soutenu les services d’obstétrique, des urgences et de chirurgie de l’hôpital du ministère de la Santé à Point Pedro, dans le district de Jaffna, dans le nord de l’île. Les besoins de santé y augmentent depuis octobre, à la suite du retour de quelque 70 000 déplacés. MSF a assuré plus de 2 000 consultations d’urgence et 1 300 interventions chirurgicales. L’équipe d’aide psychologique de l’hôpital a répondu à 430 consultations. MSF travaille au Sri Lanka depuis 2007.


ASIE ET CAUCASE

Thaïlande MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 85

Pendant des décennies, ce pays a fait figure d’aimant pour les migrants économiques et les demandeurs d’asile fuyant la pauvreté ou les troubles politiques des régions voisines. En 2001, la Thaïlande a introduit un système de couverture de santé universelle incluant les travailleurs immigrés enregistrés mais pas les sans-papiers. Or, ces derniers constituent plus des trois quarts de la population immigrée totale et n’ont généralement pas les moyens de se payer un traitement. MSF s’emploie à aider ces migrants et continue à donner une assistance médicale aux déplacés et aux minorités ethniques marginalisées. Activités transfrontalières MSF a continué à aider les habitants de l’État Môn (Myanmar) en 2009. Situé à la frontière thaïlandaise, cet État bénéficie d’une semi-autonomie et a ses propres autorités sanitaires mais manque de médicaments et de matériel. Les Môns vivent dans des petits villages isolés et dispersés. Le programme de MSF se concentre principalement sur le traitement et la prévention du paludisme, endémique dans cette zone. Les équipes forment des villageois à la prise en charge du paludisme et aident des centres de santé locaux. En 2009, MSF a distribué plus de 1 400 moustiquaires et assuré plus de 3 700 consultations.

Réfugiés H’mongs Après quatre ans de présence dans le camp de réfugiés, MSF a mis fin à ses activités en mai 2009 en raison de la tentative de l’armée thaïlandaise de vider les camps en rapatriant de force les H’mongs au Laos. En outre, les restrictions accrues visant à réduire l’accès aux traitements médicaux et à la nourriture mises en places par l’armée pour inciter les réfugiés à rentrer chez eux, ont limité la capacité de travail de MSF. MSF a dénoncé à plusieurs reprises la politique de rapatriement forcé des gouvernements thaïlandais et lao et a réclamé l’intervention d’une tierce partie indépendante (le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés - HCR) pour garantir le respect des droits et la sécurité des réfugiés à leur retour au Laos. À son départ, MSF avait assuré 11 200 consultations, principalement pour des infections respiratoires, des diarrhées et des dermatoses, avait fourni une aide psychologique aux personnes souffrant de stress, d’anxiété et de dépression

© Espen Rasmussen

En mars 2009, fort de son expérience dans l’État Môn, MSF a commencé à former du personnel médical thaïlandais travaillant dans des zones isolées de l’État de Kayah, dans l’est du Myanmar, près

de la frontière thaïlandaise. Ce personnel a des contacts directs avec des minorités ethniques isolées se cachant dans la jungle et qui n’ont pas accès aux soins. MSF a également distribué des kits de diagnostic et de traitement du paludisme.

Camp de réfugiés de Mae La en Thaïlande situé à la frontière avec le Myanmar abritant plus de 30 000 réfugiés.

et avait assuré un programme de planning familial. Les équipes de MSF avaient aussi vacciné des femmes enceintes et des enfants. Après le départ de MSF, les activités des camps ont été transférées à une organisation non gouvernementale locale, avec le soutien de l’UNICEF. À la fin de 2009, le gouvernement thaïlandais a rapatrié de force plus de 4 000 H’mongs du camp, sans y associer le HCR. Transfert du projet VIH 2009 a marqué la fin des projets VIH/sida de MSF avec le transfert, en juillet, de son dernier programme, à Phang Nga, dans le sud du pays. MSF travaille en Thaïlande depuis 1976.

YH 22 ans YH habitait les forêts de la province de Xiangkhouang au Laos. Elle a fui en Thaïlande en mai 2005, après la mort de cinq cousins et deux sœurs, tués pendant des attaques contre sa famille. Elle vit avec son mari et leur fille de trois ans à Huai Nam Khao. « Toute ma vie, j’ai vécu dans les forêts du Laos. Les soldats laos et vietnamiens nous chassaient tout le temps. Des soldats ont tué tous les membres de ma famille. Parfois les avions qui nous attaquaient larguaient des bombes qui répandaient un gaz jaunâtre toxique. Nous devions courir et nous cacher dans les arbres. J’ai vu beaucoup de personnes mourir. Pendant une attaque, une de mes jeunes sœurs à respiré de ce gaz toxique et est morte. Ma mère a dû la porter. » « Mon mari a décidé que nous ne pouvions plus rester dans la forêt et que nous devrions aller en Thaïlande. Tout ce que nous avions en arrivant, c’était le couteau H’mong de mon mari, qu’il utilise pour prendre des racines. Nous avons commencé à recevoir de la nourriture de MSF. Depuis que nous avons fui le Laos, notre vie s’est améliorée parce que nous avons de quoi manger et nous ne devons pas nous cacher pendant des attaques. Mais j’ai peur qu’on nous renvoie au Laos. Je ne veux pas être renvoyée au Laos pour me faire tuer. Tout le monde dit qu’on va nous renvoyer. »

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – Thaïlande

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ASIE ET CAUCASE

Turkménistan MOTIF D’INTERVENTION

• Exclusion des soins de santé

Le pays a beau receler de riches réserves de pétrole et de gaz, nombre de ses habitants n’ont pas accès à des soins de santé de qualité. Le gouvernement encourage activement un respect des normes de soins internationales pour préserver une façade de prospérité alors que les véritables enjeux de santé publique restent cachés et que le personnel de santé n’est pas en mesure de fournir des soins adéquats.

Personnel de terrain 57

L’existence du VIH/sida est souvent niée par les autorités et les centres de santé n’accordent pas assez d’attention à la prévalence relativement élevée de maladies contagieuses telles que la tuberculose (TB) et les infections sexuellement transmissibles. MSF a soutenu les services de pédiatrie et de santé reproductive de l’hôpital du district de Magdanly, dans l’est, de 2004 à septembre 2009. Les équipes de MSF ont ainsi aidé plus de 1 600 enfants hospitalisés et plus de 780 accouchements. Toutefois, ayant atteint la limite de ce qui pouvait être réalisé, l’organisation a décidé de fermer ce projet en septembre 2009.

MSF avait projeté de lancer un nouveau projet pour traiter la tuberculose multirésistante (TB-MR) et les co-infections par le VIH alors que le Turkménistan n’a pas de tel programme en place et que les taux de résistance aux médicaments sont relativement élevés. MSF n’a cependant pas encore reçu l’autorisation de lancer ce projet ni de participer à un programme global contre la TB-MR. Les négociations sont lentes: elles ont débuté durant l’été 2008 et se sont poursuivies jusqu’à la fin de 2009. MSF a donc mis fin à sa présence opérationnelle en décembre 2009 mais reste déterminé à retourner dans ce pays et à aider la population turkmène dès qu’un accord aura été conclu. MSF travaille au Turkménistan depuis 1999.

Ouzbékistan MOTIF D’INTERVENTION

• Endémie / Épidémie

L’Ouzbékistan a une des incidences de la tuberculose ( TB) les plus élevées au monde.

Personnel de terrain 95

C’est dans la République autonome du Karakalpakstan, dans le nord-ouest, que la situation est la plus dramatique. Le projet de MSF dans cette région rend compte de taux élevés de tuberculose résistante (TB-R) alors que les outils appropriés de

diagnostic et de traitement ne sont disponibles qu’auprès d’organisations internationales telles que MSF. En 2009, MSF s’est attaché à améliorer la lutte contre la propagation de la maladie et à fournir aux patients des soins et des traitements. Toutefois, il y a lieu de sérieusement s’inquiéter du nombre élevé de patients qui ne finissent pas le traitement de la TB-R, long et assorti d’effets secondaires pénibles.

© Donald Weber

L’expérience de MSF en Ouzbékistan met en lumière l’insuffisance des méthodes actuelles de diagnostic et de traitement pour traiter efficacement la TB-R. MSF a appelé à plusieurs reprises les gouvernements et les organisations internationales à intensifier leurs activités de recherche-développement. Le programme national de lutte contre la tuberculose d’Ouzbékistan a admis être incapable d’enrayer seul l’épidémie de TB-R.

Nukus, Ouzbékistan. Un médecin tenant en main un échantillon de la dose quotidienne de médicaments nécessaire pour traiter la TB-MR.

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LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – ASIE ET CAUCASE – TURKMÉNISTAN / OUZBÉKISTAN

En 2010, MSF mettra en œuvre, en collaboration avec le ministère de la Santé, une prise en charge complète de la TB, avec fourniture d’outils de diagnostic et de traitements pour tous les patients de tous les districts du Karakalpakstan. MSF travaille en Ouzbékistan depuis 1997.


© Mads Nissen

Hôpital de San Francisco de Asis, Colombie. Carmen, 31 ans, et son mari Moyses avec leur nouveau-né.

58 Bolivie 59 Brésil 60 Colombie 61 GUATEMALA 62 Haïti 64 HONDURAS

Amériques


© Anna Surinyach

Amériques

Test de la maladie de Chagas.

Bolivie Cent ans après la découverte de la maladie de Chagas, l’accès au diagnostic et au traitement de cette parasitose, potentiellement mortelle, reste très limité en Bolivie. Quasiment aucun traitement n’est par ailleurs offert aux plus de 15 ans. MSF soigne tant les adultes que les enfants atteints par cette maladie et plaide pour élargir l’accès au traitement dans le pays. MSF a ainsi lancé en 2009 une campagne de sensibilisation intitulée « Rompre le silence » qui appellent les gouvernements de tous les pays touchés par la maladie de Chagas à lutter contre cette pathologie.

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MOTIF D’INTERVENTION

En octobre 2009, MSF a ouvert un programme dans le département de Cochabamba, dans le cœur rural de la Bolivie, une des zones la plus affectée par la maladie. Les équipes de MSF s’y emploient, en collaboration avec les communautés rurales, à prévenir, diagnostiquer et traiter cette parasitose. Sur les 700 dépistages réalisés parmi les adultes et enfants, plus de 300 se sont avérés positifs. Deux tiers de ces patients ont suivi avec succès le traitement de 60 jours. Dans cette région, les habitations sont souvent infestées par des vinchucas, les insectes qui peuvent transmettre la maladie. MSF s’attache à mettre en œuvre une nouvelle stratégie de lutte contre ces insectes et de sensibilisation de la population aux risques encourus. Dans la capitale du département de Cochabamba, MSF soutient, en collaboration avec le ministère de la Santé, un programme qui vise à intégrer la prise en charge de la maladie de Chagas dans le système national de santé publique.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMÉRIQUES – BOLIVIE

• Endémie / Épidémie

Personnel de terrain 36

Laura 39 ans, habitante de Cochabamba Il y a sept ans, elle a découvert qu’elle avait la maladie de Chagas mais le parasite avait alors déjà causé de graves dégâts au niveau du cœur, nécessitant la pose d’un pacemaker. « Je marchais à peine quelques mètres et j’étais fatiguée. Je suis allée chez le médecin et après une analyse de sang et un examen complet, on a découvert que j’avais la maladie de Chagas. Dès que je l’ai su, j’ai commencé à vivre dans l’angoisse. Je suis allée chez MSF et le médecin m’a dit qu’il était trop tard pour me donner le traitement et je n’ai donc pas eu d’autre choix que de faire poser un pacemaker. »

MSF travaille en Bolivie depuis 1986.


Amériques

Brésil MOTIF D’INTERVENTION

• Violence sociale / Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 51

Le « Complexo do Alemão » est un ensemble de 11 communautés pauvres à Rio de Janeiro regroupant environ 170 000 personnes. Comme des centaines d’autres bidonvilles de Rio, il est sous la coupe de groupes lourdement armés contrôlant le trafic de drogue local. Des heurts violents peuvent s’y produire à tout moment et en tout lieu, à la suite d’incursions policières ou de combats entre groupes rivaux. En sus des blessures physiques, cette violence engendre également des blessures psychologiques. MSF a offert des soins médicaux d’urgence et un soutien psychologique aux habitants de 2007 à fin 2009, avant de transférer ces activités à une organisation locale. MSF a ouvert un projet au « Complexo do Alemão » en 2007 après une série de heurts violents entre les forces de police et les groupes armés qui ont privé les habitants, pris entre deux feux, d’accès aux soins urgents. Même en l’absence de combats, les ambulances n’entrent pas dans de tels bidonvilles, laissant les habitants sans presque aucun accès aux premiers secours. Le projet de MSF visait à fournir une aide indispensable au cœur même de la communauté, là où aucun autre service médical n’était disponible, même durant les pics de violence. Pour permettre les interventions d’urgence et les transferts à l’hôpital, MSF a converti une camionnette

en ambulance de base, suffisamment étroite pour se faufiler dans les ruelles et faciliter le passage aux barrages routiers. En deux ans, MSF a effectué 19 000 consultations médicales et assuré 650 interventions d’urgence grâce à cette ambulance sur mesure. Une fois installées dans la communauté, les équipes de MSF ont constaté une facette nettement moins visible de la violence: les séquelles psychologiques qu’elle laisse tant chez les adultes que chez les enfants. Ainsi, les services en santé mentale, prévus dès le départ dans le projet, sont devenus une composante cruciale de l’aide fournie. Par des consultations individuelles, une équipe de psychologues a aidé les habitants à faire face à la situation. Beaucoup ont souvent saisi pour la première fois de leur vie l’occasion d’exprimer leur souffrance dans un environnement professionnel et confidentiel. Entre 2007 et 2009, MSF a assuré plus de 3 000 consultations psychologiques pour 1 300 patients de cette zone. Troubles psychosomatiques, dépression et anxiété sont

les symptômes les plus courants chez les adultes, tandis que les enfants présentent principalement de l’agressivité, des troubles du comportement et des difficultés d’apprentissage. La moitié des patients reçus par les psychologues de MSF avaient un épisode violent à raconter. Plus d’un tiers avaient connu une situation de conflit et un patient sur cinq avait eu un membre de sa famille tué. À la fin de 2009, vu la diminution du nombre de heurts dans la communauté et la création de nouveaux services de santé tout proches, accessibles à tous les habitants, la présence de MSF ne se justifiait plus. Après deux ans d’activités, MSF a donc entamé des négociations en vue de transférer ce projet à une organisation locale prête à prendre le relais et à poursuivre l’aide médicale et psychologique pour les habitants de ce bidonville. MSF travaille au Brésil depuis 1991.

Témoignage

© Yuri Kozyrev / Noor © David Prichard

Un patient de la clinique de MSF « Mon frère a été tué dans la communauté à l’âge de 16 ans et, depuis, je souffre de dépression. Il y a eu des moments où je ne voulais pas quitter la maison, je ne voulais parler à personne, je m’isolais complètement. J’ai fait deux tentatives de suicide. Puis j’ai perdu ma fille dans un accident. Je ne souhaitais plus qu’une chose: mourir. C’est pendant une de ces crises que j’ai découvert qu’il y avait des psychologues ici, à la clinique, et j’ai pu ainsi trouver le soutien dont j’avais besoin pour continuer à vivre. »

Complexo do Alemão, bidonville contrôlé par des trafiquants de drogue. Ici, MSF soutient la population piégée par la violence.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMÉRIQUES – BRÉSIL

59


Amériques

Colombie Le conflit entre les guérilleros et les forces gouvernementales dure depuis 40 ans en Colombie. Des groupes paramilitaires, censés être démobilisés, sont réapparus dans de nombreuses régions du pays. Beaucoup d’habitants ont quitté l’insécurité des zones rurales pour se réfugier en ville où ils vivent dans la pauvreté et sans presque aucun accès aux soins. MSF aide les victimes du conflit, prodigue des soins maternels et traite les patients atteints de la maladie de Chagas.

Interventions d’urgence Dans la ville de Tumaco, dans le sud-ouest, le fleuve Mira est sorti de son lit au mois de février, perturbant la vie de 30 000 personnes. Des équipes ont offert des soins d’urgence dans les zones les plus isolées et fourni des médicaments à l’hôpital principal de Tumaco. En 2007, MSF avait ouvert un centre de traumatologie à Buenaventura, en réponse à la flambée de violence dans ce bidonville. Vu l’évolution de la situation, ce centre a élargi ses services pour couvrir tous les soins primaires et a instauré une clinique mobile. Toutefois,

Personnel de terrain 327

en 2009, la demande ayant diminué, le service mobile a été supprimé et les activités ont été recentrées sur le dispensaire, qui pourrait être déplacé en 2010, dans une autre zone où les besoins sont plus grands. Fournir des soins de santé MSF gère un bateau-ambulance qui dessert les villages situés à proximité de cours d’eau. En 2009, les équipes de MSF ont assuré plus de 14 500 consultations sur les berges. En décembre, les activités du dispensaire fixe et de la clinique mobile sur le fleuve San Juan ont été transférées à la municipalité et MSF a pu concentrer son action sur le fleuve Baudo. Plus de 6 300 consultations ont été assurées dans le département de Norte de Santander, où MSF a géré deux cliniques et plusieurs cliniques mobiles rurales. Les équipes de MSF ont offert, entre autres, des soins en santé sexuelle et reproductive, en santé mentale et un soutien aux survivantes de violences sexuelles. Non loin de là, dans la zone de Bajo Atrato, MSF a fourni des services de santé, notamment une surveillance de la situation nutritionnelle et des soins en santé mentale à une communauté vulnérable et isolée. L’an dernier, MSF a transféré le centre de santé mentale qu’il gérait à Florencia, la capitale du département de Caquetá, mais les équipes continuent à recevoir des patients aux consultations en santé mentale dans d’autres

© anonymous

Conflit L’escalade du conflit armé à Nariño a fait, d’après les chiffres officiels, 12 400 déplacés entre janvier et septembre, dépassant de loin la capacité de réponse du pays. Des équipes mobiles de MSF ont veillé à améliorer l’accès aux soins pour les populations touchées par ce conflit et à soigner les déplacés. MSF a assuré au total plus de 5 000 consultations médicales.

Soins maternels En 2009, MSF a assisté plus de 2 600 accouchements à l’hôpital principal de Quibdó, la capitale du département de Chocó. S’agissant de l’hôpital de référence pour les cas obstétriques compliqués, 60 pour cent des accouchements qui y ont eu lieu ont nécessité une césarienne. MSF a aussi formé du personnel hospitalier et a fourni du matériel médical. Ailleurs, des équipes ont installé des centres de santé fixes pour compléter les activités mobiles. En maintenant une présence régulière dans certains villages riverains isolés, MSF peut offrir des soins de meilleure qualité, améliorer le suivi des patients et stabiliser les urgences avant de les transférer. En tout, 6 300 consultations ont été assurées.

MOTIF D’INTERVENTION • Conflit armé • Exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle

Une jeune fille assise sur une table d’examen après avoir été soignée pour une blessure à la tête. 60

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMÉRIQUES – COLOMBIE


Amériques

centres administratifs et à offrir un soutien en santé mentale dans des zones rurales.

Endémique dans la plupart des pays d’Amérique latine, la maladie de Chagas peut provoquer de graves problèmes de santé et, à terme, la mort, si elle demeure non traitée. Le département d’Arauca, dans le nord-est, à la frontière vénézuélienne, présente une des incidences les plus élevées de la maladie de Chagas dans le pays, avec un taux d’infection estimé à huit pour cent. Les cliniques mobiles de MSF ont assuré près de 15 000 consultations en zones rurales et urbaines l’an dernier. Des équipes ont aussi assuré des soins en santé sexuelle et reproductive, en santé mentale et une aide aux victimes de violences. MSF travaille en Colombie depuis 1985.

Manuel 40 ans, propriétaire d’un magasin dans une zone rurale du district de Nariño « Nous menons une vie tranquille, ici; en général, il ne se passe rien. Mais il y a quelques jours, plusieurs hommes en uniforme sont arrivés. Ils cherchaient un criminel qu’ils pensaient être dans le district. Ils sont entrés dans les maisons en ouvrant les portes d’un coup de pied et ont forcé les gens à sortir. Tout le monde a eu très peur; personne n’a compris ce qui se passait. Ils m’ont attrapé et m’ont emmené dans la forêt parce qu’ils pensaient que je collaborais avec ce criminel. Ils m’ont menacé d’une arme, puis d’une tronçonneuse pour me faire parler. Je ne me rappelle pas combien de temps ils m’ont détenu mais je ne parvenais pas à leur faire comprendre que je ne savais rien. Quand j’ai été libéré, j’ai quitté cette zone parce que j’avais peur. Nous avons presque tous fui mais que pouvions-nous faire si loin de notre terre? Certains sont retournés mais moi, j’avais trop peur. Puis, quand j’ai vu que MSF venait, je suis retourné dans mon village et j’ai pu parler de mon expérience avec eux. »

© Juan Carlos Tomasi

MSF a effectué plus de 8 000 consultations dans les départements de Cauca et Putumayo, notamment pour soins médicaux et psychologiques et en promotion de la santé et prévention. MSF a également soutenu le réseau de santé de ces deux départements en formant du personnel, fournissant du matériel et remettant en état les infrastructures médicales. À la fin de l’année, il a transféré ses activités de Cauca aux autorités locales.

Les violences sexuelles sont un énorme problème au Guatemala où 10 000 viols ont été rapportés en 2009.

Guatemala MOTIF D’INTERVENTION

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 33

D’après la Banque mondiale, environ 51 pour cent des Guatémaltèques vivent avec moins de 2 dollars US par jour et 15 pour cent, avec moins d’un dollar. Les indicateurs du développement social tels que la mortalité infantile, la malnutrition infantile chronique et l’analphabétisme sont parmi les plus mauvais de cet hémisphère. Les meurtres, les viols et les attaques armées posent eux aussi de graves problèmes. On dénombre dans le pays pas moins de 20 morts violentes en moyenne par jour. En 2009, 10 000 actes de viol ont été signalés au ministère de la Justice. Cette situation laisse aux autorités nationales peu de ressources à consacrer aux survivantes de violences sexuelles. MSF a dès lors ouvert, en 2007, un programme qui offre des traitements d’urgence dans la capitale Guatemala City. Ce centre fournit désormais une aide médicale et psychologique à 100 nouvelles patientes par mois. Par des initiatives d’éducation et d’information, les équipes font également comprendre aux autorités, à la communauté médicale et au public guatémaltèque que les violences sexuelles sont aussi une urgence médicale et que des traitements efficaces sont disponibles. MSF travaille dans les cliniques locales des deux districts les plus violents de la capitale et soutient le principal hôpital de référence de Guatemala City. Des équipes gèrent en outre une clinique mobile. Les campagnes d’éducation locales et le

lobbying national ont permis l’intégration des services de MSF dans le système de santé publique. Un des prochains défis sera de persuader les patientes à venir à la clinique le plus vite possible après une attaque. Beaucoup de traitements, y compris les médicaments anti-VIH, ne sont efficaces que s’ils sont administrés dans les 72 heures suivant l’attaque. Si les patientes attaquées par des inconnus viennent souvent consulter tôt, les victimes de violences sexuelles intrafamiliales tendent à venir demander de l’aide beaucoup plus tard. MSF travaille au Guatemala depuis 1984.

Maria Maria a été enlevée par une bande criminelle de Guatemala City, séquestrée dans une maison et violée. Ayant réussi à s’échapper, elle est venue à la clinique de MSF, en état de choc et de détresse. « J’étais terrifiée, je ne voulais plus vivre », dit-elle. « MSF m’a donné des médicaments pour me protéger du VIH et des injections pour prévenir d’autres maladies sexuellement transmissibles. » Des psychologues ont aidé Maria à trouver des mécanismes d’adaptation pour faire face au traumatisme mental.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMéRIQUES – Guatemala

61


Amériques

Haïti

La stabilité politique en Haïti, bien que précaire, a été atteinte avec l’élection d’un nouveau gouvernement en 2006. L’année 2009 a elle été marquée par l’augmentation des prix des denrées alimentaires, un chômage chronique et les dysfonctionnements du système de santé.

•Violence sociale / Exclusion des soins de santé

Santé des femmes En 2009, une hausse du nombre de naissances a incité MSF à déplacer sa maternité de Port-au-Prince dans une plus grande structure appelée Maternité Solidarité. Pour éviter toute redondance avec les services publics de santé, MSF s’est concentré sur les grossesses avec complications et a transféré les cas sans risques dans des centres gouvernementaux de la ville. MSF a aussi géré des soins pré-natals sur trois sites dans les bidonvilles de la capitale, assurant 1 500 consultations par mois. Depuis l’ouverture du programme obstétrique d’urgence en 2006, plus de 40 000 naissances ont eu lieu, indiquant clairement l’ampleur des besoins en soins maternels dans les bidonvilles. Formation et traumatologie d’urgence Au centre des urgences de Martissant, MSF fournit des soins médicaux vitaux dans un des quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince, qui abrite environ 400 000 personnes. Ouvert en 2006, ce projet a été créé pour répondre aux besoins médicaux induit par le niveau élevé des violences armées dans ce quartier. Aujourd’hui, même si la violence armée s’est calmée, les besoins médicaux restent énormes. En 2009, les équipes ont assuré plus de 97 000 consultations médicales pour près de 48 000 patients. Plus de 60 pour cent des nouveaux patients étaient des victimes de traumatismes, tels que des accidents de voiture, et un sur dix avait été blessé au cours de violences.

Personnel de terrain 849

À Martissant, les patients présentant des besoins médicaux graves sont stabilisés et ceux qui nécessitent une opération ou une hospitalisation plus longue sont référés vers d’autres structures médicales, y compris dans les cliniques de MSF à Port-au-Prince, à la Maternité Solidarité ou au Centre de traumatologie de la Trinité. Les transferts vers des structures médicales publiques s’avèrent toutefois difficiles. Vu le manque de personnel, la mauvaise organisation et le coût élevé des services, beaucoup de patients ne reçoivent pas les soins dont ils ont urgemment besoin. Dès lors, pour réduire le nombre de transferts, la capacité du centre d’urgence de Martissant a été portée de 13 à 35 lits en août, permettant ainsi d’offrir des hospitalisations de courte durée. MSF fournit des soins complets en traumatologie à Port-au-Prince au centre de traumatologie de la Trinité, qui compte 75 lits. MSF y a introduit pour la première fois dans son programme la technique des fixations internes, qui permet au patient de remarcher en l’espace de quelques semaines au lieu de quelques mois. Les patients sont ensuite transférés au centre de rééducation de Pacot, pour y bénéficier de physiothérapie et de consultations de suivi. En 2009, 9 969 patients ont été traités aux urgences de la Trinité et 4 266 ont subi une intervention chirurgicale. MSF travaille en Haïti depuis 1991.

© Espen Rasmussen

Dans les bidonvilles de la capitale, Port-au-Prince, les conditions de vie sont restées déplorables. Haïti a le taux de mortalité maternelle le plus élevé du continent américain (67 décès par 10 000 naissances vivantes). La pauvreté et un système de soins de santé presque totalement privatisé ne permettent pas aux femmes des bidonvilles de Port-au-Prince de recevoir des soins maternels adéquats. MSF était l’un des principaux prestataires de soins de santé publics dans la capitale haïtienne avant le séisme de janvier 2010, assurant des soins obstétriques, des soins d’urgence et des traitements en traumatologie.

MOTIF D’INTERVENTION

Port-au-prince, Haïti. Une infirmière prend en charge un prématuré à la maternité Solidarité. 62

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMÉRIQUES – HAÏTI


Amériques

HAÏTI: LA RÉPONSE AU SÉISME DE 2010

MSF travaille en Haïti depuis 1991 et, avant le 12 janvier, gérait trois projets: une maternité, un centre de traumatologie et de rééducation et un programme de stabilisation d’urgence. Tous trois ont été rendus nécessaires par l’impact cumulé de décennies de violences et d’instabilité dans un pays aux capacités médicales et gouvernementales limitées. En temps normal, la vie en Haïti était déjà précaire mais le séisme a créé une situation inouïe. En quelques minutes, des centaines de milliers de personnes sont mortes ou ont été blessées et des millions de Haïtiens se sont retrouvés sans-abri. En outre, les organisations normalement appelées à coordonner une réponse à une catastrophe, le gouvernement haïtien et l’ONU, ont été gravement touchées elles-mêmes. Des centaines de milliers de personnes avaient pourtant désespérément besoin d’aide. Comme l’a écrit Jeanne Cabeza, médecin et coordinatrice médicale pour MSF en Haïti, « cinq minutes après le séisme, les gens frappaient à notre porte, réclamant de l’aide. » Aux premiers patients succède une marée humaine. « En quelques heures », raconte le docteur Cabeza, « il y avait des centaines de personnes qui avaient besoin de soins chirurgicaux ». Avec ses collègues, le docteur Cabeza a travaillé toute la nuit pour soigner des blessures par écrasement, des fractures, des commotions et d’autres lésions. Les patients ont été soignés dans les cours ou dans la rue, devant les structures de MSF, partiellement effondrées. Des phares de voitures ont été utilisés pour éclairer le travail des équipes. À l’aide de bâches, qui ont été suspendues à des arbres, et d’un vieux conteneur de transport qui servait de pharmacie, des salles d’opérations de fortune ont été aménagées. Pour des vétérans de MSF, cela rappelait la pratique de

© Julie Remy

En quelques heures, alors qu’arrivaient les premières informations rendant compte des destructions causées par le séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier, l’ampleur de la catastrophe est devenue dramatiquement claire. MSF, déjà présent dans le pays, a dès lors lancé la plus vaste opération d’urgence de son histoire.

Un patient ayant les deux jambes cassées à l’extérieur de l’hôpital Carrefour partiellement détruit par le séisme. la chirurgie dans une zone de guerre, où tous les blessés arrivent en même temps. Simultanément, les bureaux de MSF dans le monde entier se sont mobilisés pour lancer ce que le docteur Greg Elder, directeur adjoint des opérations pour Haïti, a décrit par la suite comme « l’intervention la plus massive jamais organisée par MSF ». Personnel, médicaments, matériel médical et même un hôpital gonflable ont rapidement été acheminés. Lorsque l’encombrement de l’aéroport de Port-au-Prince a retardé les mouvements, MSF a réacheminé ses cargaisons via la République dominicaine. MSF a alors fait pression sur les autorités en charge pour que priorité soit donnée aux avions transportant du matériel médical d’urgence vital ce qui a été le cas quelques jours après. En une semaine, MSF a envoyé plus de 250 tonnes de matériel médical et d’équipements en Haïti. La semaine suivante, 260 tonnes supplémentaires sont arrivées. Au total, lors des sept premières semaines, près de 1 200 tonnes de matériel ont été acheminées par avions, camions et bateaux en Haïti. Le personnel logistique et médical avait été mobilisé en masse pour utiliser ce matériel. Avant le séisme, MSF employait quelque 800 personnes dans ses projets en Haïti, en grande majorité des Haïtiens. À la fin du mois de février, ses effectifs étaient passés à plus de 3 300. Au total, quatre mois après le séisme, MSF gérait environ 20 structures médicales, plusieurs cliniques mobiles et 15 salles d’opération. Les équipes avaient pris en charge environ 137 000

patients, pratiqué plus de 7 600 interventions chirurgicales, distribué environ 28 000 tentes et 40 000 kits d’hygiène et de cuisine et assuré près de 70 000 consultations en santé mentale. L’état du système national de santé, déjà déficient avant le séisme, s’est encore détérioré. Selon des estimations, le séisme aurait fait entre 200 000 et 300 000 blessés. MSF doit donc continuer à répondre aux besoins immédiats tout en planifiant l’avenir. « Plus d’un million de personnes vivent encore dans des conditions déplorables, sous des tentes ou des bâches, sans idée claire de ce qui les attend dans les prochains mois », a déclaré en mai Stefano Zannini, chef de mission de MSF en Haïti. « Entre-temps, les pluies s’intensifient, inondant plusieurs fois par semaine les sites où vivent les victimes du séisme. » Il apparaît déjà assez clairement que MSF s’engagera encore de manière substantielle ces dix-huit prochains mois en Haïti. Très probablement, des besoins de soins de santé plus spécifiques se feront sentir par la suite impliquant une présence de MSF sur le long terme. L’engagement actuel de MSF est très important selon ses standards. À titre indicatif, MSF a multiplié ses activités par cinq après le séisme. En 2011, le volume d’activité sera encore trois fois plus important qu’avant la catastrophe. MSF aimerait rendre hommage aux sept membres haïtiens de ses équipes qui ont perdu la vie lors du séisme et à ceux qui ont été blessés ou ont perdu des membres de leur famille. Leur courage et leur engagement resteront dans nos mémoires.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMÉRIQUES – HAÏTI: LA RÉPONSE AU SÉISME DE 2010

63


Amériques

HONDURAS MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

• Violence sociale / Exclusion des soins de santé

MSF gère un centre thérapeutique de jour qui fournit une aide médicale, psychologique et sociale à Comayaguela, un des quartiers les plus pauvres de la ville. En 2009, ce centre a reçu en moyenne des visites régulières de 220 jeunes et a assuré plus de 8 000 visites thérapeutiques, dont plus de 2 000 interventions médicales. Les affections les plus fréquentes sont les infections respiratoires, les dermatoses, les problèmes dentaires, les blessures liées à la violence et le VIH/sida. Certains patients présentent des symptômes trop graves pour être traités dans un centre de jour. En 2009, MSF a transféré dans les hôpitaux nationaux 37 patients pour dépression, épisodes psychotiques, symptômes graves de sevrage de la drogue ou de l’alcool ou tentative de suicide. En 2009, MSF a mis en œuvre un nouveau modèle de prise en charge de la toxicomanie ou de l’alcoolisme. Ce service aide les patients à prendre conscience de leur addiction, ce qui est souvent le premier pas vers la guérison.

Maria Maria avait sept ans quand elle a été violée. À l’âge de huit ans, elle s’est enfuie de chez elle. Depuis, elle a été 18 fois en centres pour mineurs, a travaillé comme prostituée, est devenue toxicomane et alcoolique. Toutefois, elle n’a jamais raté une session au centre de jour et a arrêté de consommer de la drogue et de l’alcool. « Quand on arrête la drogue, on commence à avoir des responsabilités. Cela ne suffit plus de rester assis à se plaindre. » Avec l’aide du psychologue de MSF, elle est maintenant plus stable.

MSF travaille en Honduras depuis 1988.

© Marion Jaros

Les jeunes sans-abri vivant dans les rues de la capitale Tegulcigalpa sont très vulnérables. Ils vivent dans des conditions dangereuses et sont souvent la cible de violences. Ils n’ont guère voire pas accès aux soins de santé. L’an dernier, plus de 500 sans-abri de moins de 24 ans ont été tués.

Personnel de terrain 41

Tegucigalpa, Honduras. Des jeunes sans-abri dormant dans la rue.

64

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – AMéRIQUES – HONDURAS


© Yuri Kozyrev / Noor

Ile de Lesvos, Grèce. Des migrants sans-papiers dont beaucoup ont fui des régions instables comme l’Afghanistan, l’Irak, la Somalie et la Palestine, vivent dans des conditions extrêmement précaires.

66 France

71 UKRAINE

67 Grèce

72 IRAN

68 Italie

72 Irak

69 Malte

74 Liban

69 Moldavie

75 Territoires Palestiniens

70 Fédération de Russie

76 Syrie

70 Suisse

76 Yémen

EUROPE ET MOYEN-ORIENT


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

France Un grand nombre de demandeurs d’asile et de non-francophones éprouvent des difficultés à accéder aux soins médicaux et psychologiques en France. De nombreux migrants ont fui les violences et les privations de leur pays d’origine pour se retrouver sans-abri et indigents en France. Les sans-papiers sont particulièrement vulnérables et sujets à des troubles psychologiques liés au stress généré par leur situation. En 2009, MSF a continué à fournir aux demandeurs d’asile une assistance médicale, psychologique et sociale.

• Exclusion des soins de santé

Il existe toutes sortes de raisons pour lesquelles les demandeurs d’asile éprouvent des difficultés à accéder aux services de santé et notamment à une aide psychologique: leur statut de sanspapiers, l’obstacle de la langue ainsi que la nature et l’intensité de leur détresse psychologique. La psychothérapie offerte par MSF s’accompagne de soins médicaux, de conseils et de références juridiques. Depuis son ouverture en 2007, ce centre a aidé plus de 690 personnes et offert plus de 11 000 consultations. Une aide psychologique est particulièrement cruciale si la santé mentale se détériore: sur l’ensemble des patients du centre, 41 pour cent ont déjà eu des pensées suicidaires. Soins médicaux à Mayotte En mai, MSF a ouvert un centre de santé dans un bidonville de la capitale de Mayotte, collectivité départementale française d’outremer, dans l’océan Indien. MSF y a offert des soins de santé gratuits aux populations vivant dans des conditions précaires, pour la plupart des immigrés (le plus souvent des Comores) sans documents

Personnel de terrain 11

valables ou en attente de tels documents. Parmi les personnes en attente de leurs papiers figurent des personnes nées à Mayotte mais incapables de le prouver. Les équipes de MSF ont constaté l’existence de deux obstacles majeurs à l’obtention d’un traitement médical. En premier lieu, la peur d’être arrêtés et expulsés et, deuxièmement, le coût des soins de santé. MSF a effectué plus de 10 000 consultations dans son centre, 35 pour cent desquelles pour des enfants de moins de cinq ans, et 340 autres consultations dans des villages isolés. Les patients souffraient principalement d’infections des voies respiratoires supérieures et de problèmes gynécologiques. Les médecins ont aussi vérifié les vaccinations et l’état nutritionnel des enfants et ont traité 1 500 personnes pour des blessures accidentelles. MSF travaille en France depuis 1987.

© Dragan LEKIC/Libre arbitre

À Paris, MSF gère un centre qui offre aux personnes en détresse, venues chercher asile et protection en France, une aide psychologique.

MOTIF D’INTERVENTION

De nombreux migrants et réfugiés à Paris doivent dormir dans la rue. 66

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – FRANCE


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Grèce

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 17

Témoignage

© Michela Taeggi

« Toute ma famille, mes parents, mes trois frères et ma sœur ont été tués lorsqu’une bombe est tombée sur notre maison. J’étais allé répondre au téléphone lorsque la bombe est tombée. Le toit s’est effondré sur la pièce où se tenait ma famille. Il y a eu beaucoup de poussière. Je voyais leurs mains sous les débris. Mais je ne voyais pas leurs visages. Je n’ai vu que le visage de mon plus jeune frère. Ici, je dois pouvoir sortir de la cellule parce qu’à l’intérieur, je pense à toutes les mauvaises choses qui se sont produites là-bas. » Jeune palestinien de 16 ans, au centre de détention de Pagani, Grèce

Patra, Grèce. Un jeune migrant dans un camp de fortune abritant des Afghans.

Ces dernières années, le nombre de sans-papiers arrivant en Grèce a augmenté. En 2009, plus de 36 400 personnes ont été arrêtées à la frontière turque, alors qu’elles tentaient de passer en Grèce. Souvent originaires de pays tels que l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, la Somalie et la Palestine, les migrants tentent de fuir conflits et instabilité. À des conditions de vie souvent pénibles s’ajoute une absence d’accès au système de santé public, sauf en cas d’urgence, auquel cas les soins sont payants. Tout au long de 2009, MSF a travaillé dans un camp de fortune de migrants, dans la ville de Patra, et dans trois centres de détention pour sans-papiers. Aide aux migrants à Patra Patra est le principal port de sortie pour les migrants espérant gagner l’Europe occidentale. Beaucoup se cachent dans des camions pour tenter de passer en Italie. Entre mai 2008 et août 2009, MSF a géré une clinique dans le camp de fortune et a également organisé des cliniques mobiles en d’autres lieux pour venir en aide aux migrants. Les équipes de MSF se sont employées à améliorer les conditions de vie des

migrants, offrant des soins de santé primaire et un soutien psychologique. Plus de 8 000 patients ont été examinés et certains ont été référés dans des hôpitaux locaux. Les maux les plus courants sont les dermatoses, les infections des voies respiratoires supérieures, des blessures, autant de problèmes liés à leurs conditions de vie très précaires. Les psychologues de MSF ont détecté à de maintes reprises des symptômes de dépression, d’anxiété et des syndromes de stress post-traumatique. Le projet de MSF a été fermé en septembre 2009, après la démolition du camp par les autorités grecques, qui a entraîné une diminution du nombre de migrants dans cette zone.

À Pagani, la surpopulation a engendré une détérioration dramatique des conditions de vie, suscitant les protestations des immigrés. Un centre, d’une capacité officielle de 275 places, a souvent accueilli plus de 800 migrants et a même connu un pic à 1 200 migrants. La plupart du temps, une seule toilette était disponible pour plus de 200 personnes. Lorsque le centre était surpeuplé, beaucoup de migrants n’avaient d’autres choix que de dormir sur des matelas sales, posés à même le sol couvert d’eau stagnante, trop-plein venant du débordement des douches. Les migrants étaient rarement autorisés à sortir et les familles étaient séparées.

Centres de détention en Grèce En août 2009, suite à des négociations avec les autorités grecques, qui avaient fermé un centre de détention sur l’île de Lesbos en 2008, MSF a ouvert de nouveaux programmes de soutien psychosocial dans trois centres de détention à Pagani, Venna et Filakio. Des psychologues de MSF ont pris en charge les sans-papiers par le biais de sessions de counselling individuel ou de groupe. La plupart des immigrés viennent de régions instables et un très grand nombre d’entre eux ont enduré des expériences traumatisantes lors de leur voyage vers l’Europe. En outre, la détention en centres fermés, avec ses conditions de vie difficiles, ses locaux surpeuplés, l’enfermement et la menace d’un rapatriement forcé, peut accroître la pression sur la santé mentale. Les mineurs non accompagnés, enfants, femmes et victimes de tortures sont particulièrement vulnérables.

À Venna et Filakio, les migrants manquent de nourriture, de vêtements et d’articles d’hygiène et les sorties à l’air libre sont irrégulières et insuffisantes. À Filakio, les migrants se plaignent régulièrement de traitements inhumains de la part des policiers, y compris de violences verbales et physiques. MSF a exposé ses inquiétudes aux autorités concernant les mauvaises conditions de vie dans les centres fermés. MSF a dénoncé l’offre limitée de soins médicaux, l’absence de services de santé mentale, la prise en charge inadéquate des mineurs non accompagnés et l’absence de système de suivi pour les personnes ayant des problèmes médicaux. Suite aux appels répétés de MSF enjoignant les autorités à résoudre cette urgence humanitaire, le centre de Pagani a fermé en novembre 2009. MSF travaille en Grèce depuis 2008.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – Grèce

67


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Italie L’Italie est depuis longtemps un pays de destination et de transit pour les migrants et les demandeurs d’asile qui fuient pour la plupart un conflit ou la pauvreté. La Fondation ISMU a estimé à près de 422 000 le nombre de sans-papiers vivant en Italie.

MOTIF D’INTERVENTION

• Exclusion des soins de santé

En 2009, le gouvernement italien a instauré des politiques d’immigration plus strictes, qui ont aggravé la situation des migrants et la stigmatisation à leur égard. Leur accès aux soins médicaux s’est également réduit. L’an dernier, MSF s’est attaché à répondre principalement aux besoins médicaux et humanitaires des travailleurs migrants saisonniers dans le sud de l’Italie. MSF a par ailleurs continué à dénoncer leurs conditions de vie difficiles afin d’inciter les autorités à améliorer leur situation et leur accès aux soins. La nouvelle loi adoptée par le gouvernement italien pour réprimer l’immigration clandestine a engendré un climat de plus en plus hostile aux sans-papiers. Elle a criminalisé l’entrée clandestine sur le territoire du pays et les personnes qui y vivent sans visas. La période maximale de détention en centres pour sans-papiers est passée de deux à six mois, au risque de détériorer encore plus la santé physique et mentale des détenus. MSF a visité et évalué 21 centres fermés

• Catastrophe naturelle

Personnel de terrain 33

pour migrants et centres d’accueil pour demandeurs d’asile. MSF y a découvert de graves lacunes en termes de prestation de soins de santé, de mauvaises conditions de vie et une importante surpopulation. Les contrôles aux frontières ont été renforcés, de sorte que les migrants empruntent des routes plus longues et plus dangereuses dans de petits bateaux pour éviter d’être détectés. En sept ans, MSF a mis sur pied ,dans six régions d’Italie, 35 cliniques intégrées dans les services de santé nationaux en respectant l’anonymat des immigrés afin d’offrir des soins de santé et une aide psychologique aux sanspapiers. Ces cliniques sont progressivement transférées aux autorités sanitaires locales. Dans les Pouilles et en Calabre, les équipes ont assuré en 2009 plus de 700 consultations et ont distribué des kits d’hygiène et d’autres biens de première nécessité aux travailleurs immigrés saisonniers. MSF a géré quatre cliniques en Campanie et a aidé plus de 1 600 migrants. En avril, il a fourni une aide psychologique aux victimes du séisme dans les Abruzzes. Entre 2003 et 2009, à Lampedusa, un point d’entrée très usité, les équipes ont soigné les migrants et les réfugiés. Toutefois, l’immigration y a nettement diminué après la signature l’an dernier d’un accord entre les gouvernements italien et libyen visant à renforcer les patrouilles aux frontières. MSF a donc fermé ce projet. MSF travaille en Italie depuis 1999.

© Paolo Soriani

Témoignage

Turin, Italie. Des migrants dans leur camp de détention.

68

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – ITALIE

« Je viens de Côte d’Ivoire. Je suis en Italie depuis deux mois. Après avoir traversé le désert de Libye, j’ai été emprisonné pendant six mois sans la moindre explication. Je vivais dans une cellule de cinq mètres sur dix avec 20 autres personnes. Il n’y avait pas de toilette et nous ne pouvions quasiment jamais sortir. Je me suis ensuite rendu en Sicile en bateau. Ce fut un horrible voyage: il y avait plus de 15 personnes; nous n’avions pas assez de nourriture ni d’eau; certains vomissaient. Maintenant je suis en Italie pour cueillir des tomates. On nous paie trois à quatre euros par caisse. Si tout va bien, je gagne 30 € par jour, ici, mais je ne travaille pas tous les jours. J’habite dans une cabane, où je dors sur un matelas à même le sol. Je ne pensais pas que je vivrais si mal en Italie. »


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Sa position en Méditerranée fait de Malte un point d’entrée naturel pour les milliers de migrants et de demandeurs d’asile qui quittent les côtes de Libye à destination de l’Europe. Les migrants sont ensuite détenus jusqu’à 18 mois dans des centres de détention surpeuplés, insalubres et offrant de mauvaises conditions de vie. Cet environnement nuit à leur santé physique et mentale. MSF soigne des patients tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des centres fermés. De janvier à octobre 2009, plus de 1 150 migrants et demandeurs d’asile ont débarqué à Malte. Plus de la moitié d’entre eux étaient des Somaliens. Beaucoup souffraient déjà de problèmes psychologiques liés à leurs expériences souvent traumatisantes dans leur pays d’origine et à leur trajet jusqu’à Malte. La plupart des migrants ont passé des jours en bateau, à la merci du soleil et de la pluie, sans pouvoir bouger et avec des provisions limitées de nourriture et d’eau, autant de facteurs susceptibles de provoquer des dermatoses, des troubles gastro-intestinaux,

Personnel de terrain (intégré au nombre de personnel de terrain pour l’Italie)

urinaires et musculo-squelettiques. Les conditions de vie misérables régnant dans les centres de détention et les incertitudes quant à l’avenir contribuent elles aussi à la forte incidence des problèmes de santé mentale parmi les migrants. Au début de 2009, les équipes offraient une aide médicale et psychologique dans les centres de détention connus sous le nom de « casernes de Safi et Lyster ». En mars 2009, près de 20 pour cent des maladies diagnostiquées par le personnel médical étaient des problèmes respiratoires liés à l’exposition au froid et à une absence de traitement des infections. Après des tentatives répétées auprès des autorités pour les inciter à prendre des mesures pour améliorer la situation, MSF s’est retiré des centres. En avril, MSF a publié un rapport exposant les conditions effroyables auxquelles les migrants sont soumis dans les centres fermés de Malte. Après de nouvelles négociations avec les autorités maltaises, MSF a ouvert un programme temporaire dans le centre fermé de Takandja. De juin à décembre, plus de 1 600 consultations médicales ont été assurées. À la fin de l’année, MSF a progressivement réduit ses activités à Takandja. En 2009, MSF a géré une clinique à Hal Far, dans le sud de Malte, où les migrants et demandeurs d’asile hors des centres fermés pouvaient avoir accès à des soins médicaux

Moldavie La Transnistrie, une région politiquement isolée de la Moldavie, a reçu peu d’aide par le passé, malgré l’énorme assistance fournie par les institutions internationales à ce pays pour enrayer l’épidémie de VIH / sida.

© Julie Remy

Malte

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé

Une somalienne et son bébé dans un camp de détention à Malte.

et à une aide psychologique. À leur sortie des centres de détention, les migrants et demandeurs d’asile sont accueillis dans l’un des 15 centres ouverts de l’île. Bien qu’ils puissent circuler librement et commencer à se construire une nouvelle vie sur l’île, leur intégration dans la société maltaise reste difficile. Les conditions de vie restent médiocres car beaucoup de centres sont surpeuplés et ne sont pas dotés d’infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement suffisantes. Les équipes de MSF organisent des activités de promotion de la santé et de l’hygiène dans les centres ouverts. En 2009, MSF a assuré plus de 4 200 consultations médicales et plus de 780 consultations en santé mentale auprès des migrants et demandeurs d’asile de Malte, tant dans les centres fermés qu’à la clinique de Hal Far. MSF travaille à Malte depuis 2008.

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 8

MSF soigne les séropositifs de cette région, où la prévalence du VIH/sida est quatre fois plus élevée que dans le reste du pays. Avant l’intervention de MSF, aucun traitement n’était disponible.

13 fois plus élevée que dans l’ensemble de la population. Le taux de co-infection VIH/TB y est aussi bien plus élevé. Ce programme a maintenant été étendu à l’ensemble du système carcéral.

Au début de 2007, MSF a ouvert le premier programme VIH/sida de la région, en collaboration avec le ministère de la Santé et les autorités locales. Les patients ont commencé à recevoir des traitements antirétroviraux (ARV) dans un nouveau service de l’hôpital principal de la capitale, Tiraspol. Les activités ont été ensuite étendues à des visites hebdomadaires à l’hôpital Bender, pour traiter les co-infectés par la TB, à Slobozia, dans la seule clinique pour séropositifs de la région, et à Ribnitza, dans le nord, pour des consultations à la clinique de cette ville.

En février 2009, MSF a transféré toutes ses activités aux autorités nationales. Quelque 850 patients, soit plus de la moitié de tous les séropositifs enregistrés dans la région, bénéficient maintenant de ce programme. Par son travail dans les prisons et dans les hôpitaux publics pour le VIH, MSF a pu prouver qu’il est possible de travailler en Transnistrie et de fournir une assistance médicale bien nécessaire aux plus vulnérables. MSF travaille en Moldavie depuis 2007.

MSF a commencé à fournir des traitements dans les prisons, où la prévalence du VIH est

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – Malte / Moldavie

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EUROPE ET MOYEN-ORIENT

MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

• Exclusion des soins de santé

La situation reste volatile dans les trois républiques russes du Caucase du Nord. Des attaques et des incidents violents se produisent presque tous les jours et, au deuxième semestre de l’année, l’insécurité s’est aggravée avec une hausse alarmante du nombre d’attaques-suicides. MSF a fourni une assistance en soutenant des hôpitaux et au moyen de cliniques. MSF a également fait campagne pour sensibiliser aux problèmes de santé mentale générés par le conflit. Situation médicale et priorités Les besoins en soins de santé varient dans ces régions russes du Caucase du Nord. Pour MSF, les priorités sont de fournir des traitements contre la tuberculose (TB), d’offrir une aide psychosociale et d’aider les groupes vulnérables tels que les déplacés et les travailleurs immigrés clandestins, victimes de négligence ou de violences. La prévalence de toutes les souches

Suisse L’accès aux soins de santé est très difficile pour les sans - papiers en Suisse.

Bien que la Constitution suisse garantisse l’accès au système de santé pour tous, des milliers de personnes restent privées de soins médicaux adéquats, faute d’assurance-maladie ou par crainte d’être dénoncées et expulsées du pays. En janvier 2006, MSF a ouvert un projet appelé Meditrina, qui offre des consultations médicales gratuites à ces personnes. Situé dans une étroite allée du centre de Zurich, la clinique Meditrina de MSF a offert plus de 1 100 consultations gratuites en 2009, portant le total depuis l’ouverture du projet à plus de 3 400. Des centaines de patients ont été référés à un réseau de spécialistes médicaux et paramédicaux qui ont assuré des consultations et des soins médicaux confidentiels.

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© Lana Abramova

Fédération de Russie Personnel de terrain 14

de TB reste élevée, surtout en Tchétchénie, où toute l’infrastructure de santé a été ravagée par la guerre. De plus, l’approvisionnement en médicaments contre la tuberculose est irrégulier, les outils de diagnostic indispensables ne sont pas encore disponibles et les mesures de lutte contre la propagation de l’infection sont insuffisantes. En Ingouchie, dans le sud, la santé mentale de la population devient aussi très préoccupante. L’extrême insécurité et l’instabilité politique ont exacerbé des problèmes psychologiques chroniques. En 2009, les médecins de MSF ont continué à prodiguer des soins pédiatriques dans deux cliniques de Grozny, dans le sud, et à prendre spécifiquement en charge des femmes, dans deux cliniques du district voisin de Staropromyslovsky. Au total, les équipes MSF y ont reçu plus de 1 500 femmes par mois, dont la plupart étaient des déplacées ou provenaient de familles rurales à faible revenu. MSF a fourni des médicaments à un hôpital de Grozny et à des centres de santé régionaux de trois villages des montagnes.

Ingouchie, Fédération de Russie. Un pédiatre vérifie l’état de santé d’un enfant vivant dans un camp de déplacés. Après plusieurs années d’absence, MSF est retourné au Daghestan, également dans le sud, pour soigner les travailleurs migrants et les déplacés internes dans un centre de santé local. MSF a commencé à transférer son soutien aux programmes de lutte contre la TB dans la zone plus stable du nord de la Tchétchénie, où les activités en santé mentale répondent à des besoins psychosociaux aigus et soutiennent les patients atteints de maladies chroniques. En juillet 2009, MSF a fermé son programme de chirurgie et de physiothérapie à l’hôpital principal de Grozny après avoir constaté une baisse du nombre de patients nécessitant un traitement pour des blessures et des handicaps chroniques survenus pendant la guerre. L’accès à la région montagneuse du sud reste un réel défi vu l’isolement des communautés. MSF vise en priorité à améliorer le traitement de la TB, y compris des souches résistantes. MSF travaille en Fédération de Russie depuis 1988 et dans le Caucase du Nord depuis 1995.

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 10

Environ 50 pour cent des patients de Meditrina sont des sans-papiers de la zone de Zurich, mais beaucoup d’autres, bien qu’en séjour légal, y sont venus parce qu’ils ne pouvaient ou ne savaient comment accéder aux soins de santé publics. Les affections les plus fréquentes diagnostiquées ont été les troubles gastro-intestinaux et les problèmes dentaires et dermatologiques, mais aussi des troubles psychologiques, souvent liés aux conditions de vie difficiles. Meditrina a aussi assuré des dépistages, du counselling et des traitements à long terme pour des maladies chroniques telles que le VIH/sida et la tuberculose.

la Croix-Rouge suisse, qui donnait déjà des soins à ceux qui en avaient le plus besoin, a repris ce projet au début de 2010. MSF travaille en Suisse depuis 2003.

Après avoir mis sur pied et fait connaître Meditrina comme un point d’entrée fiable et fonctionnel au système suisse de soins de santé pour les sans-papiers de Zurich, MSF a recherché une organisation à même de prendre le relais à long terme. La section zurichoise de

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – FÉDÉRATION DE RUSSIE / SUISSE

Témoignage « B », 36 ans, du Cameroun « Vivre à Zurich en tant que « sanspapiers », c’est très difficile. On craint constamment une arrestation par la police, la détention et un rapatriement. Les gens de Meditrina ont été formidables avec moi. Ils ont même réussi à m’obtenir une assurance-maladie. Ils ont vraiment pris soin de moi et m’ont envoyé chez un médecin qui peut me soigner à l’avenir, si nécessaire. »


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Ukraine MOTIF D’INTERVENTION

• Exclusion des soins de santé

Personnel de terrain 1

L’Ukraine est souvent utilisée comme pays de transit par les migrants et les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Union européenne ( UE ). De plus en plus pressé d’endiguer ce mouvement, le pays a reçu un financement et une aide technique de l’UE pour appliquer des contrôles plus stricts aux frontières et renforcer la capacité des centres fermés pour migrants. En conséquence, nombre de migrants et réfugiés clandestins de pays tels que l’Afghanistan, le Pakistan, la Géorgie, la Moldavie et bien d’autres encore restent bloqués dans ce pays, dans l’incapacité de se rendre en Europe ou refusant de rentrer chez eux. MSF s’est employé à améliorer les conditions dans les centres de détention et leur a apporté des soins médicaux.

À leur sortie des centres de détention, les migrants sont transférés dans de nouveaux Centres d’hébergement des migrants (MAC) à Volyn et Chernihiv Oblast, dans le nord-est et le nord-ouest du pays. Après évaluation médicale de ces deux centres (construits avec l’aide financière de l’UE), MSF a conclu que, si les conditions y sont meilleures, la qualité des services médicaux reste médiocre. Dermatoses (gale), infections respiratoires et troubles digestifs (diarrhée, maux d’estomac et nausées), y sont fréquents parmi les détenus, tout comme les insomnies et

des symptômes psychosomatiques tels que les maux de tête. Or, les services de santé mentale sont souvent inexistants. Pour partager ses préoccupations sur la détention des migrants en Ukraine, MSF publiera un rapport sur les résultats de l’évaluation et mettra en garde contre les éventuelles conséquences de l’« accord de réadmission », entré en vigueur en janvier 2010. En vertu de cet accord, tous les migrants dépourvus de documents adéquats, arrêtés dans l’UE après avoir traversé l’Ukraine, pourraient y être renvoyés, augmentant encore le nombre de migrants et de demandeurs d’asile piégés en Ukraine. MSF est présent en Ukraine depuis 2009.

© Misha Friedman

En vertu de la législation nationale, les migrants arrêtés alors qu’ils tentent de passer la frontière ukrainienne pour entrer illégalement dans l’UE devraient subir une détention de dix jours maximum. Elle dure souvent bien plus longtemps, dans des conditions loin en deçà des normes élémentaires, avec un accès limité aux soins de santé.

MSF a évalué les centres fermés de la province de Zakarpattya, près de la frontière de l’Union européenne, après la publication en 2008 de rapports du Conseil européen pour les réfugiés et les exilés dénoncant les mauvaises conditions de vie y règnant. Les équipes de MSF en ont profité pour réparer et installer des toilettes et des douches afin d’améliorer la situation.

Chop, ouest de l’Ukraine. Des migrants détenus dans un camp. LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – Ukraine

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EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Irak © Siavash Maghsoudi

Iran

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 73

Zahedan, Iran. Un enfant reçoit des soins dans l’hôpital soutenu par MSF.

L’Iran est un des pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde. Selon le HCR, l’Iran comptait en 2009 plus de 930 000 réfugiés afghans « officiels », le nombre d’Afghans sans papiers étant estimé à deux millions. MSF a distribué des secours aux réfugiés à Zahedan, le chef-lieu de la province iranienne du Sistan-Balouchistan, où les réfugiés traversent la frontière afghane depuis 30 ans. Le nombre de « clandestins » afghans est estimé à quelque 200 000 en ville et jusqu’à 500 000 dans la province. En 2009, MSF a prodigué plus de 6 700 consultations par mois dans ses trois cliniques de Zahedan. Des assistants sociaux s’emploient à repérer les réfugiés ayant besoin de soins médicaux parmi la communauté et ont ditribué de la nourriture et biens de première nécessité à 1 290 familles. Les soins materno-infantiles ont été renforcés l’an dernier pour faire face aux besoins sans cesse croissants. Les soins pré- et post-natals sont désormais disponibles dans les trois cliniques de MSF et une équipe comprenant des sagesfemmes prodigue des soins à domicile à la communauté.

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En 2002, le gouvernement iranien a mis en œuvre une politique de rapatriement, qu’il a poursuivie malgré la détérioration des conditions en Afghanistan. Beaucoup rechignent à rentrer au pays et préfèrent rester en Iran. Certains reviennent même après avoir été rapatriés, malgré les difficiles conditions de vie imposées aux réfugiés, notamment des restrictions en matière de travail, le manque de possibilités de formation et de services de santé. Les équipes de MSF offrent des soins généraux et maternels aux Afghans qui n’ont guère, voire pas accès au système iranien. MSF travaille en Iran depuis 1996.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – IRAN

En Irak, même si le niveau général de violence a diminué, il subsiste encore des zones très instables. Bombardements et tueries continuent dans maintes régions, faisant des dizaines de morts et de blessés chaque semaine. Bien que de nombreuses structures de santé soient fonctionnelles en Irak, la qualité des soins a été sapée par la pénurie de personnel et l’absence de remise à niveau des compétences depuis le début des années 1990. En 2009, comme les années précédentes, MSF n’a pu apporter une aide directe aux zones les plus touchées en raison des contraintes de sécurité. MSF a toutefois aidé la population irakienne depuis des zones plus sûres du pays ou depuis d’autres pays, notamment la Jordanie. D’après le ministère irakien de la Santé, des centaines de soignants ont été tués au cours du conflit et davantage encore ont fui le pays. L’Irak connaît une grave pénurie d’infirmiers et de spécialistes, notamment de psychiatres et de psychologues. MSF a constaté que les hôpitaux des zones de conflit ne sont pas en mesure de gérer un incident causant un grand nombre de blessés, par manque de compétences et de gestion. Il n’existe par ailleurs quasiment aucune prise en charge psychologique des patients présentant des traumatismes mentaux. MSF soutient des hôpitaux dans différentes parties du pays, notamment à Anbar, Bagdad, Ninewa et Kirkouk, en formant du personnel médical, en fournissant du matériel, en soutenant le counselling en santé mentale et en menant des campagnes d’éducation à la santé. En août 2006, MSF a ouvert un programme en Jordanie voisine, où est mis en œuvre un projet de chirurgie réparatrice pour les blessés de guerre irakiens se concentrant sur la chirurgie orthopédique, la reconstruction faciale et la chirurgie plastique. En 2009, neuf hôpitaux irakiens gravement touchés par les violences ont été soutenus par MSF depuis Amman. En 2009, une nette amélioration de la sécurité en Irak a permis à MSF de réduire son soutien indirect à des hôpitaux et d’ouvrir un centre de counselling en santé mentale à Bagdad, en septembre, puis un autre à Falloujah, en décembre. Ces centres sont situés dans les hôpitaux du ministère de la Santé et leurs


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

Personnel de terrain 289

services sont assurés par du personnel détaché. Plus de 175 patients en ont bénéficié durant le dernier trimestre de 2009. Pour la première fois depuis son retour en Irak en 2008, MSF a pu installer une équipe internationale dans le sud du pays. À l’hôpital général de Bassora, MSF a fourni un soutien technique et une formation en anesthésie, en soins post-opératoires, en hygiène et stérilisation tout au long de l’année 2009. En outre, MSF participe actuellement à la remise en état de la salle d’opération des urgences de cet hôpital de 600 lits et s’emploie à améliorer la capacité de gestion des crises et la gestion des urgences chirurgicales.

À la fin de 2009, le programme de chirurgie reconstructive dirigé par MSF à Amman, en Jordanie, avait soigné près de 900 blessés. Le projet a été créé avec l’aide d’un petit groupe de médecins iraquiens, qui ont trié les patients et organisé leur transfert à Amman en fonction des soins spécialisés que nous pouvions offrir (chirurgie orthopédique, maxillo-faciale et plastique). Après un traitement et un suivi

complexes requérant des mois d’hospitalisation dans un environnement spécialisé, MSF fournit de la physiothérapie et un suivi psychologique aux patients qui en ont besoin. Dans le gouvernorat du Kurdistan, MSF a lancé en 2007 un projet à l’hôpital universitaire de Souleimania pour soigner plus rapidement les blessés du nord de l’Irak et améliorer la qualité des soins donnés aux grands brûlés. Après deux années d’activité, MSF a transféré ce projet aux autorités à la fin de 2009. Malgré les difficultés rencontrées pour améliorer les taux de survie dans un tel contexte médical (vu le nombre élevé de brûlures graves), des progrès ont été réalisés en matière de gestion de la douleur, de maîtrise des infections et de soins palliatifs. MSF continue à évaluer la possibilité d’augmenter l’assistance médicale au peuple irakien tout en assurant la sécurité du personnel. MSF travaille en Irak depuis 2006.

© Khalil Sayyad

MSF soutient directement les urgences de quatre hôpitaux des gouvernorats de Ninewa et Kirkouk, dans le nord: l’organisation assure un approvisionnement continu en matériel médical, la formation de personnel médical

et paramédical et une formation à la gestion d’afflux d’un grand nombre de blessés. MSF aide également les hôpitaux à traiter les urgences après des incidents violents et mène des campagnes d’éducation à la santé visant à prévenir les maladies contagieuses. Des campagnes ont ciblé le traitement de l’eau et l’hygiène personnelle tandis que d’autres ont sensibilisé à la leishmaniose et à la prévention du virus H1N1. Dans le nord, dans la partie kurde de l’Irak, MSF offre une aide psychologique aux personnes déplacées par le conflit.

Hôpital général de Bassorah, sud de l’Irak. Une équipe chirurgicale opère un patient.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – IRAK

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EUROPE ET MOYEN-ORIENT

© Lara Arapguirlian

Liban

MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 21

Burj El-Barajneh, Beyrouth. Des employés de MSF distribuent des dépliants pour sensibiliser à la problématique de la santé mentale.

Au Liban, 17 pour cent de la population souffrent de problèmes psychologiques selon une récente enquête nationale. Très peu ont cependant accès à un traitement. Le problème est encore plus aigu parmi les réfugiés vivant dans des camps, qu’il s’agisse de Palestiniens qui y résident depuis des décennies, ou de déplacés plus récents venus d’Irak. En décembre 2008, MSF a ouvert un centre de santé mentale à Bourj el-Barajneh, un quartier à la bordure sud de Beyrouth, près d’un grand camp de réfugiés palestiniens. Outre l’assistance psychologique et psychiatrique, MSF s’emploie à promouvoir l’intégration des soins en santé mentale dans les services de santé existants pour les Palestiniens et les communautés libanaises.

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de santé mentale de MSF à Bourj el-Barajneh et à la clinique de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies située dans le camp de réfugiés palestiniens. Les patients étaient pour la plupart d’origine palestinienne et libanaise et certains, des réfugiés irakiens. Par ordre de fréquence, les troubles diagnostiqués ont été la dépression, les troubles de l’anxiété, les psychoses, l’épilepsie et les troubles de la personnalité. S’y ajoutent la toxicomanie et l’alcoolisme, les troubles bipolaires et la démence.

Bourj el-Barajneh est un quartier de la capitale libanaise, Beyrouth. Il abrite un mélange de Libanais, de réfugiés palestiniens vivant dans des camps depuis 1948 et de réfugiés irakiens arrivés récemment. Après une évaluation des besoins médicaux au Liban réalisée en 2008, MSF a décidé d’ouvrir un nouveau projet pour offrir des soins en santé mentale aux pauvres et aux plus vulnérables de ce quartier.

Dans un premier temps, l’équipe de MSF a eu quelques difficultés à convaincre les personnes de venir consulter des spécialistes en santé mentale car les troubles mentaux sont très stigmatisés au sein des communautés. Dès lors, des sessions d’éducation à la santé sont régulièrement organisées dans le camp de réfugiés et au centre de MSF tout proche. De plus, du personnel soignant local de MSF se rend au domicile des familles marginalisées ou défavorisées.

2009 a été la première année complète de fonctionnement de ce programme initié il y a trois ans. Tout au long de l’année, les psychologues, psychiatres et infirmiers de MSF ont assuré au total 2 300 consultations au Centre communautaire

Pour le moment, la santé mentale n’est pas perçue comme une priorité de santé publique au Liban. Le pays ne compte qu’environ 50 psychiatres enregistrés. MSF plaide donc pour une meilleure intégration des soins en santé mentale dans les

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – LIBAN

services de santé existants et encourage une approche communautaire des soins en santé mentale lors de réunions avec les autorités sanitaires libanaises et d’autres partenaires. MSF travaille au Liban depuis 2008.

Salwa

Libanaise, mère de quatre enfants, mariée à un Palestinien « Il y a quelques mois, suivant les conseils d’une amie, je suis allée au Centre communautaire de santé mentale de MSF. Je savais que je pouvais y obtenir un soutien psychologique gratuit. Séance après séance, j’ai commencé à me sentir mieux et j’ai même commencé à participer aux activités du centre. J’ai eu la chance de rencontrer d’autres femmes souffrant des mêmes problèmes et je ne me suis plus sentie seule. Ma vie a pris un autre cours. Maintenant, je suis capable de parler de mes problèmes psychologiques et de les accepter, sans craindre l’opinion des autres. Je suis heureuse d’avoir pu trouver quelqu’un à qui parler, qui m’a permis, pour la première fois, de croire en moi. »


EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Territoires palestiniens MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

Personnel de terrain 206

Le conflit qui a suivi l’arrivée au pouvoir du Hamas dans la Bande de Gaza, en juin 2007, et le perpétuel conflit israélo-palestinien ont fait de nombreux morts et blessés. Le peuple palestinien a énormément souffert physiquement et mentalement mais les services post-opératoires disponibles, notamment pour de la physiothérapie et une aide psychologique, sont trop rares. MSF s’emploie à combler cette lacune tout en essayant d’adapter ses opérations à l’instabilité des Territoires palestiniens. En juin 2007, des heurts internes au sein de la Bande de Gaza ont divisé l’Autorité palestinienne en deux entités: le gouvernement du Fatah, basé à Ramallah, et le gouvernement du Hamas, à Gaza. Des heurts internes persistent et continuent à faire leur lot de victimes. Le conflit israélo-palestinien se poursuit. En réaction aux attaques de roquettes contre Israël, l’armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure le 27 décembre 2008. « Plomb durci » s’est caractérisée par d’intenses raids aériens et bombardements, qui ont préparé le terrain pour une offensive terrestre lancée le 3 janvier 2009. Vingt-deux jours de guerre ont fait environ 5 300 blessés et, parmi les Palestiniens, près de 1 300 morts, dont 300 enfants.

l’afflux de blessés ayant besoin d’être opérés. De janvier à sa fermeture en juillet, ce programme a assuré plus de 500 opérations. L’aide psychologique a aussi été renforcée, notamment pour les urgentistes locaux, tels que les ambulanciers et les médecins, très éprouvés par la guerre. Programmes post-conflit dans la Bande de Gaza MSF fournit des soins post-opératoires et de la physiothérapie aux blessés de guerre dans ses trois centres de santé et au moyen d’équipes mobiles. Plus de 120 patients en bénéficient encore. Un programme de microbiologie a été créé pour améliorer le traitement des plaies infectées et faire des recherches sur la résistance aux antibiotiques. En 2009, plus de 1 900 patients ont été pris en charge, soit trois fois plus qu’en 2008. En 2009, l’amélioration des services pédiatriques et l’arrivée de nouveaux travailleurs humanitaires ont contribué à renforcer le seul hôpital pédiatrique spécialisé de la Bande de Gaza. De janvier à la fin du programme, en septembre, plus de 9 000 enfants de moins de 12 ans y ont été reçus.

L’impact psychologique de l’offensive israélienne de janvier a été considérable, particulièrement sur les enfants. Du personnel supplémentaire de MSF a été mobilisé pour faire face à l’afflux de patients. Plus de 400 nouveaux patients, dont plus de la moitié avaient moins de 12 ans, ont reçu un soutien psychologique. Cisjordanie À Naplouse, MSF gère un programme pour les personnes souffrant de traumatismes liés au conflit. En 2009, plus de 300 nouveaux patients ont bénéficié d’une psychothérapie et les psychologues de MSF ont assuré 2 100 consultations. Hébron MSF gère aussi un programme psychosocial pour les victimes de la violence permanente à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. MSF travaille dans les Territoires Palestiniens depuis 1989.

Le 18 janvier, les forces israéliennes ont annoncé un cessez-le-feu. Une équipe de chirurgiens et 21 tonnes de matériel (y compris deux hôpitaux gonflables) ont alors pu pénétrer dans la ville de Gaza. Les jours suivants, MSF a ouvert un centre chirurgical d’urgence pour prendre en charge

© Frederic Sautereau

Intervention d’urgence En réaction à l’offensive israélienne, MSF a soutenu les hôpitaux de Gaza avec des dons de matériel médical et de médicaments. Vu l’intensité des bombardements et le manque de sécurité, les activités d’urgence ont été limitées et, même si le centre de soins post-opératoires de MSF dans la ville de Gaza est resté ouvert, peu de patients ont pu l’atteindre.

Une psychologue salue un enfant dans un centre traitant les syndromes post-traumatiques induits par le conflit.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – TERRITOIRES PALESTINIENS

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EUROPE ET MOYEN-ORIENT

Syrie MOTIF D’INTERVENTION • Exclusion des soins de santé Personnel de terrain 2

Environ 4,7 millions d’Irakiens ont fui leur pays et, d’après les derniers chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, le nombre de réfugiés irakiens enregistrés en Syrie avoisine les 215 000. Toutefois, des milliers d’entre eux ne sont pas officiellement enregistrés. La plupart vivent dans des conditions précaires et n’ont pas les moyens de s’offrir des soins médicaux.

Yémen MOTIF D’INTERVENTION

• Conflit armé

Personnel de terrain 248

En août, le conflit entre le groupe armé Al-Houthi et les forces armées yéménites a éclaté une nouvelle fois dans le gouvernorat septentrional de Saada. Cette guerre a été la plus intense de ces dernières années et a causé le déplacement d’au moins 150 000 déplacés, qui viennent s’ajouter aux 100 000 personnes déjà déplacées par les guerres précédentes (HCR, 2009). MSF fournit des soins aux déplacés, aux migrants et aux réfugiés. Conflit Faire face aux conséquences de la guerre dans le gouvernorat de Saada, dans le nord du Yémen, a été une priorité pour MSF en 2009. Les structures de santé ont été affectées et la plupart ont dû interrompre leurs activités ou étaient devenues très difficiles d’accès. MSF a donc fourni des soins aux communautés rurales tout en aidant les autorités yéménites et d’autres organisations humanitaires à répondre aux besoins médicaux des plus de 150 000 déplacés installés dans les gouvernorats voisins.

En août 2009, MSF a ouvert, en partenariat avec une organisation locale appelée Office des migrants, un projet de soins de santé à Damas, la capitale. L’objectif de ce projet est d’offrir des soins de santé gratuits ainsi q’un soutien en santé mentale aux réfugiés et migrants non enregistrés, ainsi qu’aux défavorisés de la ville. Avec le soutien de MSF, la clinique prodigue des soins de santé primaire, des consultations prénatales et des soins en santé mentale. Au cours des six premiers mois, plus de 2 800 patients, dont 400 femmes enceintes, ont reçu des soins médicaux et 280 ont reçu une aide psychologique. La Syrie abrite aussi des migrants et réfugiés d’autres pays, notamment d’Afghanistan, de Somalie et du Soudan, qui vivent dans des conditions difficiles. Quelque 2 000 sans-papiers d’Afghanistan et de Somalie vivent à Damas, avec peu voire pas d’accès aux soins médicaux. MSF entend renforcer les services fournis à la clinique de l’Office des migrants pour répondre à la demande croissante. MSF travaille en Syrie depuis 2009.

Une famille partage un repas dans un camp de réfugiés au Yémen.

76

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – SYRIE / YÉMEN


EUROPE ET MOYEN-ORIENT Malgré l’insécurité et les défis logistiques, les équipes de MSF ont pu mettre sur pied un programme d’urgence pour les déplacés ayant cherché refuge dans le village de Mandabah à Saada, fournissant de l’eau et des soins médicaux à plus de 10 000 personnes. Plus de 1 500 consultations ont également été assurées. Dans les hôpitaux d’Al Talh et Razeh, non loin de la ville de Saada, plus de 31 000 consultations ont été prodiguées et 2 100 personnes ont été hospitalisées. Plus de 550 enfants ont été admis dans le programme nutritionnel et 700 femmes ont reçu une aide lors de l’accouchement. Toutefois, l’insécurité a régulièrement interrompu le travail de MSF. A Saada, la violence a causé un déplacement massif de civils dans les gouvernorats voisins. D’après le HCR, environ 90 000 déplacés s’étaient regroupés dans le gouvernorat de Hajjah. MSF a constaté que huit pour cent des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition dans le camp d’al Mazraq. Des équipes ont ouvert un programme nutritionnel dans cette zone et ont soigné plus de 550 enfants en l’espace de deux mois.

Les fermetures de programmes nationaux

Belgique En mettant un terme à ses consultations médico-sociales à Anvers en avril 2009, MSF a fermé son dernier projet en Belgique après 20 ans de travail dans le pays.

De nombreux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de la Corne de l’Afrique continuent à chercher refuge au Yémen. Les dures conditions du voyage et les accidents en mer font des centaines de morts et l’état de santé de ceux qui réussissent à atteindre la côté yéménite est souvent mauvais. Environ 9 000 personnes ont reçu une assistance médicale de MSF dans les gouvernorats d’Abyan et de Shabwah, dans le sud du pays.

MSF avait mis en place au fil des ans, des projets assurant l’accès aux soins de santé pour les plus vulnérables dans quatre villes de Belgique: Verviers, LIège, Bruxelles et Anvers. En 2008, MSF a encore assuré plus de 3 900 consultations pour plus de 1 000 patients à Anvers. En mai 2009, ce même projet à été transféré à l’organisation Médecins du Monde, qui a également repris le projet de Bruxelles.

MSF travaille au Yémen depuis 2007.

En novembre 2009, après avoir fermé ses projets médicaux, MSF a installé au centre de Bruxelles un camp de réfugiés pour attirer l’attention du public sur l’impasse dans laquelle se trouve la politique d’accueil et de séjour des requérants d’asile dans ce pays. Bien qu’installé dans un but symbolique, le camp s’est retrouvé en l’espace de cinq jours occupé par 270 personnes.

© Juan Carlos Tomasi

Alors que les projets de MSF ont fermé dans le pays, MSF y a toujours ses quartiers généraux nationaux qui travaillent à sensibiliser le public au travail de MSF, à lever des fonds pour financer des projets dans le monde entier et à recruter le personnel nécessaire à leur fonctionnement.

LES PROJETS DE MSF À TRAVERS LE MONDE – EUROPE ET MOYEN-ORIENT – Les fermetures de programmes nationaux – Belgique

77


MSF EN CHIFFRES APRÈS AUDIt Médecins Sans Frontières est une organisation privée, sans but lucratif, à vocation humanitaire et médicale opérant au niveau international.

AFRIQUE

ME

République Démocratique du Congo

49.7

Soudan

32.9

Zimbabwe

ASIE /  MOYEN-ORIENT Irak

ME

10.1

Pakistan

9.0

20.7

Myanmar/Birmanie

8.5

Somalie

18.6

Inde

8.5

Niger

17.4

Sri Lanka

5.9

Kenya

14.6

Territoires Palestiniens

5.2

Nigeria

14.5

Par souci d’efficacité, MSF a créé dix organisations spécialisées, dites “satellites”, auxquelles sont assignées des missions spécifiques telles que la fourniture de matériel de secours humanitaire, les études en matière de recherche épidémiologique et médicale, et la recherche sur les actions sociales et humanitaires. Ces organisations satellites, considérées comme des parties liées aux sections nationales, sont constituées de MSF-Supply, MSF-Logistique, Epicentre, Fondation MSF, État d’Urgence Production, MSF Assistance, SCI MSF, SCI Sabin, Ärtze Ohne Grenzen Foundation et MSF Enterprises Limited. Ces organisations étant gérées par MSF, leurs activités sont prises en compte dans le rapport financier ci-dessous.

République centrafricaine

12.6

Tchad

12.4

éthiopie

11.0

Malawi

8.8

Mozambique

Les comptes présentés ci-dessous donnent un état consolidé des finances de MSF à l’échelle internationale. Ces chiffres consolidés pour 2009 ont été établis conformément aux normes comptables internationales appliquées par MSF, qui respectent la plupart des normes internationales d’information financière (International Financial Reporting Standards). Ces chiffres ont été audités par les firmes KPMG et Ernst & Young dans le respect des normes internationales régissant la vérification des comptes. Un exemplaire du rapport financier complet de 2009 peut être obtenu en adressant une demande au Bureau international. En outre, chaque section de MSF publie un rapport financier annuel ayant fait l’objet d’un audit conformément à la législation et aux règles de comptabilité et d’audit de leurs pays respectifs. Des copies de ces rapports peuvent être obtenues en s’adressant aux sections nationales.

Elle comprend actuellement 19 sections nationales en Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Etats-Unis, France, Grèce, Pays-Bas, Hong Kong, Italie, Japon, Luxembourg, Norvège, Suède, Suisse et Royaume-Uni. Il faut y ajouter un Bureau international à Genève et un bureau régional en Afrique du Sud.

Les chiffres présentés ci-dessous couvrent l’année civile 2009. Tous les chiffres sont exprimés en millions d’euros. NB: Dans les tableaux ci-dessous, les chiffres sont arrondis, ce qui peut donner lieu à de légères différences dans les additions.

Yémen

3.6

Cambodge

3.0

Philippines

2.9

Bangladesh

2.5

7.6

Papouasie Nouvelle Guinée

2.5

Ouganda

6.9

Afghanistan

2.3

Libéria

6.7

Iran

2.3

Afrique du Sud

5.7

Géorgie

2.0

Burkina Faso

5.3

Indonésie

2.0

Sierra Leone

4.8

Guinée Conakry

4.4

Mali

4.0

Swaziland

2.7

Burundi

2.2

Djibouti

1.6

Cameroun

1.5

Zambie

1.3

Autres pays **

2.4

Total

270.3

Thaïlande

1.9

Ouzbékistan

1.9

Chine

1.6

Arménie

1.4

Jordanie

1.4

Népal

1.2

Autres pays **

2.7

Total

Amériques Haïti

82.4

ME

12.8

Où et comment l’argent a-t-il été dépensé?

Colombie

8.8

Dépenses totales* selon leur nature

Brésil

1.4

Autres pays **

2.4

Personnel national Personnel international Frais médicaux et nutrition Transport, fret et stockage Dépenses courantes de fonctionnement Logistique et infrastructures sanitaires Formation et soutien local Frais de consultants et soutien aux terrains

Dépenses totales par continent 31% 25% 19% 12% 5% 6% 1% 1%

Afrique Asie Amériques Europe Océanie Disponible

69% 20% 6% 2% 1% 2%

* Dépenses des équipes de coordination et d’exécution des projets dans les pays.

Total

EUROPE

25.4

ME

Tchétchénie / Ingouchie / Daguestan

5.1

Italie

1.3

Autres pays **

2.6

Total

9.0

** « Autres pays » regroupe les pays dont les dépenses étaient inférieures à 1 million d’euros.

78

MSF EN CHIFFRES APRÈS AUDIT


RECETTES

2009

2008

ME

En %

ME

En %

572.4

86%

587.4

87%

Fonds institutionnels

77.9

12%

67.7

10%

Autres recettes

15.1

2%

20.3

3%

665.4

100%

675.5

100%

Fonds privés

Total des recettes

COMMENT L’ARGENT A-T-IL ÉTÉ DÉPENSÉ?

2009

2008

ME

En %

ME

En %

Opérations *

462.4

75%

494.9

76%

Témoignage

21.7

4%

24.7

4%

6.4

1%

7.2

1%

490.5

80%

526.8

81%

Recherche de fonds

87.4

14%

81.2

13%

Frais généraux, de gestion et d’administration

38.9

6%

40.2

6%

126.3

20%

121.6

19%

Autres activités humanitaires Total pour la mission sociale

Autres dépenses

Total des dépenses Pertes et profits nets sur change (réalises ou non) Surplus/(déficit)

616.8

100%

648.2

2.9

-4.7

51.5

22.5

100%

* = Dépenses des programmes et de soutien aux programmes au niveau des sièges.

SITUATION FINANCIÈRE

2009

(Situation financière en fin d’exercice)

2008

ME

En %

ME

En %

433.3

80%

375.6

77%

Actifs court terme

68.5

13%

73.3

15%

Actifs long terme

36.6

7%

37.0

8%

538.4

100%

485.9

100%

2.5

0%

2.5

1%

475.5

89%

423.8

87%

-9.8

-2%

-13.9

-3%

468.2

87%

412.4

85%

70.2

13%

73.5

15%

538.4

100%

485.9

100%

Trésoreries et valeurs assimilables

Total actif Fonds affectés pour investissement Fonds non affectés Autres fonds propres Total fonds propres Passifs Total passif

RESSOURCES HUMAINES

2009

2008

nombre d’employés

En %

nombre d’employés

En %

Médecins et spécialistes

1,239

26%

1,052

23%

Infirmiers et autre personnel paramédical

1,459

31%

1,452

31%

Personnel non médical

2,046

43%

2,113

46%

Départs internationaux (année complète)

4,744

100%

4,617

100%

Personnel international

2,015

9%

2,029

8%

20,447

91%

23,944

92%

22,462

100%

25,973

100%

874

18%

1,142

25%

Personnel national Postes sur le terrain Premiers départs (année complète)

Sources des recettes Afin de garantir son indépendance et de resserrer ses liens avec la société, MSF s’efforce d’obtenir la majeure partie de ses recettes de sources privées. En 2009, 88,3% des recettes de MSF provenaient de financements privés. Ce sont plus de 3,8 millions de fondations privées et de particuliers de par le monde qui ont rendu ceci possible. Parmi les bailleurs de fonds institutionnels, il faut citer, entre autres, ECHO (Service d’aide humanitaire de la Commission européenne), les gouvernements de l’Allemagne, de la Belgique, du Canada, du Danemark, de l’Espagne, de l’Irlande, du Luxembourg, de la Suède et du Royaume-Uni. Dépenses Les dépenses sont réparties en fonction des activités principales de MSF. Le poste « Opérations » regroupe les dépenses liées aux programmes ainsi que les coûts de soutien pris en charge par les sièges pour les opérations. Toutes les catégories de dépenses comprennent les salaires, les frais directs et les frais généraux répartis. Les fonds affectés pour investissement représentent soit des capitaux, les actifs étant investis ou conservés pour une utilisation spécifique plutôt que dépensés dans l’immédiat conformément à la demande des donateurs, soit un niveau légal minimum de fonds non répartis que doivent conserver certaines sections de MSF. Les fonds non affectés sont des fonds non encore utilisés qui ne sont destinés à aucun projet particulier et qui peuvent être dépensés à la discrétion des administrateurs de MSF dans le cadre de notre mission sociale. Les autres fonds propres représentent le capital des fondations ainsi que les comptes techniques liés au processus de consolidation des comptes, écarts de conversion compris. Les fonds propres de MSF ont été constitués au cours des ans par l’accumulation d’excédents de recettes par rapport aux dépenses. Au terme de l’année 2009, leur part disponible (les fonds non affectés, déduction faite des écarts de conversion) représentait 9,1 mois d’activité. Le but de conserver des fonds propres est de pouvoir faire face aux besoins suivants: des urgences humanitaires majeures pour lesquelles il n’est pas possible d’obtenir les fonds nécessaires, une baisse soudaine des recettes privées et/ou institutionnelles, le maintien de programmes à long terme (tels que les thérapies antirétrovirales) ainsi que le préfinancement d’opérations devant être couvertes par des futures campagnes de collecte de fonds auprès du public et/ou par des bailleurs de fonds institutionnels. Les fonds affectés non dépensés sont des fonds non encore utilisés mais affectés à des fins particulières à la demande des donateurs, et qui seront utilisés par MSF en stricte conformité avec la volonté des donateurs (par exemple pour un pays ou un type d’interventions précis). Le Rapport financier complet est disponible sur www.msf.org

MSF EN CHIFFRES APRÈS AUDIT

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contacter MSF Allemagne Médecins Sans Frontières/ Ärzte Ohne Grenzen Am Köllnischen Park 1 10179 Berlin Allemagne T 49 (30) 700 13 01 00 F 49 (30) 700 13 03 40 office@berlin.msf.org www.aerzte-ohne-grenzen.de Pr Dr. Tankred Stoebe DG Dr. Frank Doerner

France Médecins Sans Frontières 8 rue Saint Sabin 75011 Paris France T 33 1 40 21 29 29 F 33 1 48 06 68 68 office@paris.msf.org www.msf.fr Pr Dr. Marie-Pierre Allié DG Filipe Ribeiro

Australie Médecins Sans Frontières Suite C, Level 1 263 Broadway Glebe NSW 2037 PO BOX 847 Broadway NSW 2007  Australie T 61 2 95 52 49 33 F 61 2 95 52 65 39 office@sydney.msf.org www.msf.org.au Pr Dr. Nicholas Coatsworth DG Philippe Couturier

15 Xenias St. 115 27 Athènes Grèce T 30 210 5 200 500 F 30 210 5 200 503 info@msf.gr www.msf.gr Pr Ioanna Papaki DG Reveka Papadopoulou

Autriche Médecins Sans Frontières/ Ärzte Ohne Grenzen Taborstraße 10 1020 Vienne Autriche T 43 1 409 7276 F 43 1 409 7276/40 office@aerzte-ohne-grenzen.at www.aerzte-ohne-grenzen.at Pr Dr. Reinhard Doerflinger DG Franz Neunteufl Belgique Médecins Sans Frontières/ Artsen Zonder Grenzen Rue Dupré 94 / Dupréstraat 94 1090 Bruxelles Belgique T 32 2 474 74 74 F 32 2 474 75 75 info@azg.be www.msf.be ou www.azg.be Pr Dr. Jean-Marie Kindermans DG Christopher Stokes Canada Médecins Sans Frontières/ Doctors Without Borders 720 Spadina Avenue, Suite 402 Toronto Ontario M5S 2T9 Canada T 1 416 964 0619 F 1 416 963 8707 msfcan@msf.ca www.msf.ca Pr Dr. Joni Guptill DG Marilyn McHarg Danemark Médecins Sans Frontières/ Læger uden Grænser Kristianiagade 8 2100 København Ø Danemark T 45 39 77 56 00 F 45 39 77 56 01 info@msf.dk www.msf.dk Pr Dr. Jesper H.L Jbrgensen DG Michael G. Nielsen Espagne Médicos Sin Fronteras Nou de la Rambla 26 08001 Barcelona Espagne T 34 93 304 6100 F 34 93 304 6102 office-bcn@barcelona.msf.org www.msf.es Pr Dr. Paula Farias DG Aitor Zabalgogeazkoa Etats-Unis Médecins Sans Frontières/ Doctors Without Borders 333 7th Avenue 2nd Floor New York, NY 10001-5004 Etats-Unis T 1 212 679 6800 F 1 212 679 7016 info@newyork.msf.org www.doctorswithoutborders.org Pr Dr. Matthew Spitzer DG Sophie Delaunay

80

CONTACTER MSF

Grèce Médecins Sans Frontières

Hong Kong Médecins Sans Frontières 香港無國界醫生 22/F Pacific Plaza 410 – 418 Des Voeux Road West Sai Wan Hong Kong T 852 2959 4229 F 852 2337 5442 office@msf.org.hk www.msf.org.hk Pr Dr. Fan Ning DG Dick van der Tak Italie Medici Senza Frontiere Via Volturno 58 00185 Rome Italie T 39 06 44 86 92 1 F 39 06 44 86 92 20 msf@msf.it www.medicisenzafrontiere.it Pr Raffaella Ravinetto DG Kostas Moschochoritis Japon Médecins Sans Frontières / 国境なき医師団日本 3F Waseda SIA Bldg 1-1 Babashitacho Shinjuku-ku Tokyo 162-0045 Japon T 81 3 5286 6123 F 81 3 5286 6124 office@tokyo.msf.org www.msf.or.jp Pr Dr. Nobuko Kurosaki DG Eric Ouannes Luxembourg Médecins Sans Frontières 68, rue de Gasperich 1617 Luxembourg Luxembourg T 352 33 25 15 F 352 33 51 33 info@msf.lu www.msf.lu Pr Dr. Bechara Ziade DG Karine Van Houte Norvège Médecins Sans Frontières/ Leger Uten Grenser Postboks 8813 Youngstorget 0028 Oslo Norvège Youngstorget 1 0181 Oslo Norvège T 47 23 31 66 00 F 47 23 31 66 01 epost@legerutengrenser.no www.legerutengrenser.no Pr Dr. Håkon Bolkan DG Patrice Vastel Pays-Bas Médecins Sans Frontières/ Artsen zonder Grenzen Plantage Middenlaan 14 1018 DD Amsterdam Pays-Bas T 31 20 520 8700 F 31 20 620 5170 office@amsterdam.msf.org www.artsenzondergrenzen.nl Pr Dr. Pim De Graaf DG Hans van de Weerd Royaume-Uni Médecins Sans Frontières 67-74 Saffron Hill Londres EC1N 8QX Royaume-Uni T 44 20 7404 6600 F 44 20 7404 4466 office-ldn@london.msf.org www.msf.org.uk Pr Paul Foreman DG Marc DuBois

Suède Médecins Sans Frontières / Läkare Utan Gränser Gjörwellsgatan 28, 4 trappor Box 34048 100 26 Stockholm Suède T 46 8 55 60 98 00 F 46 8 55 60 98 01 office-sto@msf.org www.lakareutangranser.se Pr Kristina Bolme Kühn DG Johan Mast Suisse Médecins Sans Frontières/ Ärzte Ohne Grenzen 78 rue de Lausanne Case Postale 116 1211 Genève 21 Suisse T 41 22 849 84 84 F 41 22 849 84 88 office-gva@geneva.msf.org www.msf.ch Pr Abiy Tamrat DG Christian Captier Bureau International Médecins Sans Frontières Bureau de liaison auprès de l’ONU – Genève 78 rue de Lausanne Case Postale 116 1211 Genève 21 Suisse office-intl@bi.msf.org www.msf.org T 41 22 849 84 00 F 41 22 849 84 04 Pr Dr. Christophe Fournier (jusqu’en juin 2010), Dr Unni Karunakara (à partir de juillet 2010) SG Kris Torgeson Coordinateur Politique et témoignage: Emmanuel Tronc – emmanuel.tronc@msf.org Autres Bureaux MSF Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels 78 rue de Lausanne Case Postale 116 1211 Genève 21 Suisse T 41 22 849 8405 F 41 22 849 8404 www.accessmed-msf.org DG Dr. Tido von Schoen-Angerer Bureau de Liaison MSF auprès de l’ONU – New York 333 7th Avenue 2nd Floor New York, NY 10001-5004 Etats-Unis T 1 212 655 3777 F 1 212 679 7016 Agent de Liaison auprès de l’ONU: Fabien Dubuet fabien.dubuet@newyork.msf.org Bureau MSF en Afrique du Sud Orion Building 3rd floor | 49 Jorissen Street, Braamfontein 2017 Johannesburg T +27 11 403 44 40/41 www.msf.org.za Bureau MSF au Brésil Rua Santa Luzia, 651/11° andar Centro - Rio de Janeiro CEP 20030-040 Rio de Janeiro Brésil T (+55) 21 2220-8277 www.msf.org.br Bureau MSF aux Emirats Arabes Unis P.O. Box 47226 Abu Dhabi, UAE T (+971) 2 6317 645 www.msfuae.ae Bureau MSF en Argentine Carbajal 3211 Código Postal 1426 Belgrano Ciudad de Buenos Aires Argentine T 54 11 4551 4460 www.msf.org.ar Pr Président DG Directeur Général SG Secrétaire Général


A propos de cette édition Comptes rendus par pays rédigés par: Alessandra Vilas Boas, Anne Yzebe, Andrea Bussotti, Brigitte Breuillac, Clara Tarrero, Claude Mahoudeau, François Dumont, Francois Servranckx, Frédéric Baldini, Gemma Ortiz Genovese, Irene Jancsy, Isabelle Ferry, Isabelle Jeanson, Isabelle Merny, Javier Sancho, Jehan Bseiso, Julia Kourafa, Julie Damond, Kate de Rivero, Koert Ritmeijer, Laura Brav, Laura McCullagh, Linda Nagy, Marcell Nimfuehr, Maria Masha, Dr Martin De Smet, Naomi Pardington, Naomi Sutorius-Lavoie, Niamh Nic Carthaigh, Niklas Bergstrand, Olivier Falhun, Pascale Zintsen, Philippe Latour, Sam Taylor, Silvia Fernández, Susan Sandars, Susanne Doettling, Sylviane Bachy, Véronique Terrasse, Victoria Russell, Yasmin Rabiyan. Remerciements à Christophe Fourner, Kris Torgeson, Erwin van‘t Land, Jordi Passola, Emmanuel Tronc, Corinne Galland, Djamila Mili and Scottie McLaren. Version Anglaise Éditeur en chef Siân Bowen Soutien à la rédaction Rachel McKee Édition photos Bruno De Cock Correctrice d’épreuves Diane Pengelly Version Française Édition Frédéric Baldini Traduction Translate 4 U sàrl ( Aliette Chaput, Emmanuel Pons ) Soutien édition Isabelle Palacin-Chen Version Italienne Coordination Barbara Galmuzzi Traduction Selig S.a.S. Édition Barbara Galmuzzi Version Espagnole Coordination Alois Hug Traduction Pilar Petit Édition Eulalia Sanabra Version Arabe Coordination Tracy Crisp Traduction Mounir El Boughdadi, Saoussen Haouet Édition Jessica Moussan-Zaki Graphisme et mise en page ACW, Londres, Royaume-Uni www.acw.uk.com


Médecins Sans Frontières (MSF) a été fondé en 1971 par un petit groupe de médecins et de journalistes dont l’idée était que toute personne doit avoir accès à une aide d’urgence. MSF est une des premières organisations non gouvernementales à fournir une assistance médicale d’urgence et à témoigner publiquement de la détresse des personnes aidées.

Aujourd’hui, MSF est un mouvement international médico-humanitaire, ayant des sections nationales dans 19 pays. En 2009, plus de 22 000 médecins, infirmières, représentants d’autres professions médicales, experts en logistique, ingénieurs spécialisés dans les systèmes sanitaires et d’approvisionnement en eau, et administrateurs ont apporté une aide médicale dans plus de 65 pays.

Bureau International de MSF 78 Rue de Lausanne, Case Postale 116, CH-1211, Genève 21, Suisse Tél. + 41 22 8498 400, Fax: + 41 22 8498 404, Courriel: office-intl@bi.msf.org, www.msf.org PHOTO DE COUVERTURE Clinique mobile, Masisi, RDC. Un employé MSF en consultation avec une femme de 43 ans victime d’un viol sous la menace d’une arme. Elle a pu recevoir un traitement et un support psychologique. © Sarah Elliott, République Démocratique du Congo


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