Dépêches (Été 2011)

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MAGAZINE DE MSF CANADA

Volume 14

Numéro 2

Été 2011

DEPECHES Côte d’Ivoire PRISE DANS LA TOURMENTE

LIBYE : Évacuation des blessés de guerre de Misrata, p. 05 JAPON : Intervention d’urgence suite au séisme et au tsunami, p. 08 | SOUDAN : Une seconde chance, p. 10 INDE : Les habitants d’un bidonville de Mumbai perdent tout dans un incendie, p. 12 | ZOOM EMPLOI : Logisticien, p. 14 UN CAMP DE RÉFUGIÉS AU CŒUR DE LA VILLE : Dans l’Est canadien à l’automne 2011, p. 13


© Chibuzo Okanta / MSF

Dépêches Vol.14, no2

CÔTE D’IVOIRE

02 LA CHIRURGIE DE GUERRE : ENTRE ESPOIR ET CONTRAINTEs e suis arrivée à Abobo Sud, un quartier d’Abidjan, au début de mars. Le premier jour en Côte d’Ivoire, nous avons traversé la ville en voiture pour nous rendre à l’hôpital. C’était une belle ville moderne, mais plus nous approchions de l’hôpital, plus notre chauffeur devait négocier sa route entre les barrages routiers constitués de lits brûlés, de vieilles caisses et de carcasses de voitures incendiées. Je devais prendre la relève d’un anesthésiste qui travaillait sans répit à l’hôpital depuis cinq jours. J’ai commencé mon travail l’après-midi même, et nous avons continué jusqu’à 3 h du matin. Cela nous a mis dans le bain pour les trois semaines qui ont suivi. Il y avait de nombreux blessés par balle à soigner et même des accouchements par césarienne à faire pour aider les merveilleuses

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sages-femmes qui étaient restées sur place pour s’occuper des femmes enceintes.

n’était pas déjà complet. La capacité d’accueil de notre petit hôpital a ainsi rapidement doublé.

J’avais déjà soigné des victimes de fusillades et des personnes poignardées au Canada, mais ces cas n’étaient rien en comparaison des blessures infligées par une Kalashnikov. Les muscles et les vaisseaux sanguins sont littéralement arrachés de l’os. Il n’y avait pas que les combattants qui souffraient, les femmes et les enfants aussi. Beaucoup sont morts durant leur transfert vers l’hôpital. La partie de la ville où se trouvait l’hôpital était sous couvre-feu, de sorte que les patients n’arrivaient jamais en pleine nuit. Aussi, le service des urgences, qui servait également d’unité de soins intensifs et de salle de réveil, se remplissait très vite chaque matin, lorsqu’il

Après mon séjour en Haïti, mon français s’est enrichi de termes liés à la construction, aux matériaux et aux différentes structures, tandis qu’en Côte d’Ivoire, c’est le vaste domaine des armes et des chars d’assaut qui m’est devenu plus familier. Se déplacer parmi les barrages routiers devenait de plus en plus difficile, alors nous restions à l’hôpital. Les infirmières, les chirurgiens et moi dormions sur des matelas partout où nous pouvions trouver un espace au calme. Je dormais quand je le pouvais, mais dormir est vite devenu un luxe. Les proches des patients


La chronologie des évènements était prévisible : nous apercevions un hélicoptère dans le ciel, et les combats commençaient ensuite. Nous savions à quel moment les voitures commenceraient à circuler et quand nous devrions nous mettre à l’abri, car tout se déroulait dans cette même logique. À mesure que mon français s’est affiné grâce à mon travail en Côte d’Ivoire, mon appréciation pour le personnel local travaillant pour MSF a elle aussi augmenté. Nos chauffeurs étaient formidables. L’un d’entre eux, Bosco, restait toujours d’un calme olympien, et nous conduisait rapidement en lieu sûr lorsque, à plus d’une occasion, nous devions partir au milieu d’échanges de tirs. Il conduisait comme s’il s’agissait d’une promenade du dimanche,

gardant son sens de l’humour en dépit des tirs de semi-automatiques. Un jour, la logique a changé. Il n’était plus question d’hélicoptères, mais du bombardement d’un marché situé tout près de l’hôpital. Les premiers patients furent amenés en brouette du marché jusqu’à notre service d’urgences qui comptait quatre lits seulement. Comme les lits étaient déjà occupés, nous avons installé les blessés sur des matelas à même le sol et sur des fauteuils roulants. Les infirmières et moi, sandales aux pieds, nous sommes mises au travail, marchant dans des flaques de sang pour arriver jusqu’aux patients. Nous avons installé des perfusions et administré des vaccins contre le tétanos. Il y avait une foule de gens hurlant à la porte pendant qu’on travaillait, mais comme j’avais la tête baissée, je ne pouvais les voir, juste les entendre. Dès que l’état des premiers patients a été stabilisé, je me souviens d’avoir fait plusieurs fois l’aller-retour à la pharmacie pour chercher des fournitures. Ensuite, comme j’avais besoin de respirer l’air frais, un air qui ne soit pas imprégné de l’odeur du sang, je suis sortie et j’ai vu ce que j’espère ne plus jamais revoir. À l’entrée de l’hôpital, sous une zone couverte, se trouvait une foule de patients et, derrière eux, leur famille inquiète et affolée, et ce, à perte de vue. Ils étaient arrivés à pied, dans des brouettes

utilisées normalement pour les fruits et légumes sur le marché, ou en voiture pour les quelques chanceux. Le premier patient qui attendait d’être opéré avait les intestins qui sortaient de l’abdomen. Il ne pouvait pas avoir plus de 21 ans. Ses yeux étaient énormes et remplis de douleur et de peur. Son aorte déchirée par une balle, il fut le premier patient à décéder. Il n’y avait plus rien à faire. Je n’ai même pas su son nom. Tristement, ce jeune homme n’a pas été le dernier à mourir ce jour-là, il y en a eu d’autres pour lesquels nous avons tout tenté, en vain. Tout comme les victimes du tremblement de terre en Haïti, je garderai toujours le souvenir de ces victimes de la violence en Côte d’Ivoire.

Fiona Turpie Anesthésiste

Fiona Turpie est anesthésiste à Toronto. En 2010, elle a travaillé avec MSF en Haïti après le séisme dévastateur. Ce printemps, elle a passé trois semaines avec MSF en Côte d’Ivoire pendant le violent soulèvement populaire contestant l’élection présidentielle de 2010. Suite aux bombardements ou aux affrontements, Fiona a rejoint une équipe qui soignait les blessés, dont beaucoup de civils.

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ont rapidement su où je dormais et quand ils ne trouvaient pas d’infirmière, ils venaient frapper à ma porte. Un soir, nous avons fini tôt à la salle d’opération, vers 23 heures. L’infirmière de la salle d’opération et moi étions déjà couchées quand les bombardements ont commencé. On aurait dit des éclairs et du tonnerre. Nous sommes restées dans nos lits pendant une heure à écouter les bombardements se rapprocher. Au bout d’une heure, nous nous sommes endormies d’épuisement. Nous avons appris plus tard que les combats avaient duré cinq heures.

© Benoit Finck / MSF

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© Didier Assal / MSF

ses activités dans plusieurs quartiers. Une équipe a contribué à rouvrir l’hôpital d’Anyama, une banlieue nord d’Abidjan, non loin d’Abobo Sud. Le personnel a aussi offert des consultations externes et des soins pédiatriques à l’hôpital général d’Houphouët-Boigny dans le quartier d’Abobo. À Duékoué, une autre équipe est venue en renfort à l’hôpital général et a accru les soins de santé secondaires.

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POINT SUR LA CÔTE D’IVOIRE

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Bien que la violence ayant secoué la Côte d’Ivoire en début d’année à la suite des élections se soit apaisée en avril dans la majeure partie du pays, les besoins médicaux d’urgence sont demeurés criants. À Abidjan, les centres médicaux et les hôpitaux étaient toujours débordés et recevaient encore de nouveaux blessés tandis que les stocks de matériel médical et de médicaments atteignaient des niveaux de plus en plus bas. Dans l’ouest du pays, la situation était extrêmement tendue. Dans de nombreux villages, les habitants avaient fui et se cachaient toujours dans la brousse. Tandis qu’un certain nombre d’Ivoiriens commençaient à rentrer chez eux pour tenter de reprendre leur vie, plus de cent mille personnes étaient encore réfugiées au Libéria et des milliers d’autres se trouvaient encore dans des camps de déplacés de l’ouest du pays.

occupée des admissions aux urgences, ainsi que des activités chirurgicales et post-chirurgicales. En l’espace de trois semaines en avril et en mai, 307 nouveaux patients ont été admis, dont 125 avaient été blessés par balle ou par des éclats d’obus en raison des violences qui continuaient à faire rage.

Pendant la deuxième semaine de mai, MSF a reçu quotidiennement entre cinq et 10 personnes présentant des blessures par balle à l’hôpital du nord d’Abidjan, dans le quartier d’Abobo Sud. À cette période, le nombre d’hospitalisations pour des raisons médicales ou obstétriques a grimpé en flèche. En moyenne, les équipes ont mené 350 consultations et pratiqué 40 accouchements par jour. En outre, MSF a effectué entre 80 et 90 transfusions de sang chaque semaine en raison du nombre élevé d’enfants anémiques atteints de paludisme.

À la mi-mai, MSF a continué à soutenir plusieurs hôpitaux et cliniques dans toute la ville d’Abidjan, leur fournissant des médicaments et menant des projets de soins primaires et secondaires. Les équipes MSF ont soigné des personnes récemment blessées lors des combats qui étaient toujours en cours dans certaines communautés. Elles ont également dû gérer l’engorgement des urgences médicales créé par le fait que de nombreuses personnes malades ou blessées durant les combats n’avaient pu recevoir de soins durant des jours, voire des semaines.

À la mi-avril, dans le secteur de Treichville à Abidjan, MSF a pris en charge les 25 lits de la clinique de Nana Yamoussa. Les deux premières semaines, le personnel avait déjà effectué 531 consultations. L’équipe chirurgicale a travaillé jour et nuit pour tenter de répondre aux besoins, effectuant entre 10 et 12 interventions par jour. À l’hôpital général de Koumassi, dans le sud-est de la ville, le personnel médical a mené 6 140 consultations en soins primaires en un mois, dont 2 000 durant la première semaine de mai.

À l’hôpital général de Yopougon Attié dans l’ouest d’Abidjan, une équipe de MSF s’est

Pour diminuer un peu la charge de travail et traiter davantage de patients, MSF a intensifié

À Guiglo, MSF était présente dans deux centres de santé et a fourni des soins primaires à 4 800 personnes déplacées vivant dans un camp autour de l’église Nazareth. Dans le service d’hospitalisation de l’hôpital Nikla, MSF a traité des enfants souffrant de malnutrition aiguë ou d’anémie sévère liée au paludisme, tout en fournissant des soins primaires aux 25 000 personnes déplacées au camp de la Mission catholique. Afin de venir en aide aux communautés isolées ayant fui les conflits et qui vivent toujours dans la peur, cachées dans la brousse, MSF a augmenté le nombre de ses cliniques mobiles dans la partie ouest du pays.

À la mi-mai, le Libéria comptait encore quelque 120 000 réfugiés ivoiriens, bien que les chiffres soient difficiles à confirmer. Parmi eux, une grande majorité continuait d’être hébergée dans des familles et des communautés libériennes, en particulier dans les comtés de Grand Gedeh et de Nimba jouxtant la frontière ivoirienne. MSF a mis sur pied 16 cliniques mobiles dans le comté de Grand Gedeh, où se regroupaient approximativement 60 000 réfugiés. En avril seulement, MSF a effectué 4 500 consultations dans ces cliniques. De plus, ces équipes ont vacciné 835 personnes contre la rougeole. Dans le comté voisin de Nimba, où quelque 50 000 Ivoiriens supplémentaires avaient trouvé refuge, MSF a également géré des cliniques mobiles dans 11 sites le long de la zone frontalière où elle assurait en moyenne 220 consultations par jour.

Parallèlement aux cliniques mobiles à la frontière, MSF a dirigé un poste de santé dans le camp de réfugiés de Bahn, où 4 500 Ivoiriens avaient trouvé refuge. MSF y a tenu en moyenne entre 50 et 65 consultations par jour, la majorité étant des cas de paludisme et d’infections respiratoires. MSF a aussi apporté son aide au service de consultations externes de la clinique voisine du ministère de la Santé et a effectué des examens médicaux dans les camps de transit de New Yourpea.


© Tristan Pfund / MSF

Évacuation des blessés de guerre de Misrata à Sfax Le 3 avril, l’infirmière Alison CriadoPerez était à bord du bateau aménagé par MSF pour l’évacuation et le transfert de 71 victimes de guerre de Misrata (Libye) à Sfax (Tunisie). Alison a fait partie de l’équipe médicale MSF qui a fourni des soins d’urgence aux patients durant le trajet vers la Tunisie. Moins de deux semaines plus tard, sur un autre bateau de MSF, Alison participait à l’évacuation de Misrata de 64 autres blessés. Elle nous relate ici la première de ces deux traversées. ’est dimanche, il est 11 h 30, nous sommes dans les eaux internationales, à plus de 30 kilomètres de la côte libyenne, attendant la consigne de laissez-passer qui nous permettra d’entrer au port de Misrata. La tension ne cesse de monter, car nous avons juste assez de carbu-

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rant pour attendre encore une demi-heure, tout au plus. Nous sommes en attente depuis des heures. Où a bien pu disparaître notre contact? Tôt ce matin durant la séance d’orientation, on nous a informés des précautions à prendre dans une zone de guerre… Je n’arrive pas à croire que je suis ici. Tout ceci me semble irréel. Nous sommes 13 personnes dans l’équipe, un mélange cosmopolite de personnel de santé MSF et de volontaires médicaux tunisiens à avoir choisi de participer à cette mission pour secourir les blessés de guerre de Misrata et les transporter vers Sfax en Tunisie, où les attendent sécurité et soins médicaux. La mission a été discutée et planifiée pendant plusieurs semaines, à la suite d’un appel à l’aide du personnel médical débordé de l’hôpital de Misrata, mais il a fallu attendre jusqu’à hier pour recevoir le feu vert. Nous sommes partis

tôt hier soir pour nous rendre à bord du traversier de 216 places qui avait été converti pour transporter une soixantaine de patients sur des matelas et une trentaine de blessés capables de marcher. Nous ne savons pas ce que sera la liste définitive des patients, d’autant plus que Misrata a été bombardée la nuit dernière. Toutefois dans la liste des 90 patients potentiels, nous savons qu’il y en a quelques-uns sous ventilateur, un grand nombre d’autres ayant des fractures ouvertes ou des amputations, enfin ceux qui souffrent de blessures internes multiples, de traumatismes crâniens et de blessures thoraciques par balle. Nous avons fait de notre mieux pour médicaliser le bateau, dans les limites de nos moyens. Le bateau bougeait déjà beaucoup quand nous sommes montés à bord, et nous titubions comme des ivrognes en transportant

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LIBYE

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Mais l’installation ne sera complète que lorsque nous aurons déchargé les 6,5 tonnes d’équipement médical et de médicaments (pour avoir une idée de l’espace que cela représente, imaginez un bébé éléphant en compagnie de sa mère), que MSF donnera à Misrata. Pour le moment, la cargaison occupe la moitié des espaces d’hospitalisation prévus. Enfin, vers midi, Helmy, le coordonnateur des urgences, arrive. « Nous avons obtenu le feu vert! » annonce-t-il avec soulagement et enthousiasme. Nous accueillons la nouvelle par une salve d’applaudissements. Cette fois, ça y est!

Un bateau-pilote nous guide dans le port. Nous avons refusé les offres de protection de l’armée en raison de notre politique de neutralité et d’interdiction des armes dans ou à proximité de nos installations médicales. Mais Misrata semble paisible lorsque nous accostons. Avec les membres de l’équipage, nous formons une chaîne humaine et déchargeons aussi rapidement que possible des centaines de lourdes caisses sur le quai, de manière à libérer de l’espace pour installer les matelas sur le sol de nos deux salles d’hospitalisation et y monter l’équipement avant l’arrivée des patients quelques minutes plus tard. Deux médecins sur le quai assurent le triage. J’attends à l’intérieur avec Kate, l’autre infirmière expatriée à bord. La petite file de patients, jeunes et moins jeunes, se transforme vite en une foule qui franchit les portes du bateau, certains sur des civières, d’autres s’aidant de béquilles, portant des perfusions intraveineuses ou des drains. Un garçon de 13 ans a été défiguré par d’effroyables brûlures au visage causées par l’explosion d’un cocktail Molotov. Son père est à ses côtés. Il y a également des hommes jeunes, très nombreux, qui ne marcheront plus jamais, rendus paraplégiques par des blessures par balle à la colonne vertébrale. Et il y a tous ceux qui ont été amputés et qui auront besoin de prothèses. Certaines amputations sont très récentes, et j’espère qu’elles ne vont pas se mettre à saigner. Quelques-uns sont sous perfusion. Il y a des fractures ouvertes, de terribles blessures abdominales, des lésions provoquant un pneumothorax (affaissement des poumons) qu’il faut drainer. Un jeune homme, trachéotomisé à la suite de graves brûlures au visage et au cou, ne peut rien voir à cause des bandages recouvrant son visage. Il n’y a personne pour prendre soin de lui et lui expliquer ce qu’il se passe, mais je constate que la merveilleuse infirmière égyptienne qui s’est jointe à nous à Misrata est avec lui et lui parle. Un autre jeune garçon, 16 ans à peine, tombé d’une camionnette en fuite, souffre d’un grave traumatisme crânien. Il est resté six heures dans le coma et est à peine conscient maintenant. Un autre patient, qui nécessite des soins personnels dans notre petite salle de soins intensifs, a été criblé de balles sur tout le corps, il a une jambe amputée, l’autre qui présente des fractures ouvertes, et il a perdu beaucoup de sang. Misrata a été un véritable carnage.

© Tristan Pfund / MSF

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© Alison Criado-Perez

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les caisses de médicaments et de matériel médical, les flacons de solutions intraveineuses, les bouteilles d’oxygène, les moniteurs de signes vitaux, tout cela afin d’aménager un petit espace de soins intensifs et deux salles d’hospitalisation, dont l’une est dédiée aux cas les plus critiques et l’autre aux blessés moins graves. Tout le matériel doit être facilement accessible, car nous n’aurons pas le temps d’aller le chercher dans un espace exigu où il nous est difficile de nous mouvoir. Annas, notre logisticien, a attaché une corde entre les piliers pour y suspendre les flacons de solutions intraveineuses là où ils seront nécessaires.

Comment allons-nous faire face à une telle hécatombe? Nous avons 71 patients au total, et notre personnel médical, qui compte officiellement 13 personnes, en est réduit à quatre ou


L’aube arrive sans que je m’en rende compte. On entend soudain crier : « Amarrage dans 30 minutes! » La traversée jusqu’à Sfax a duré près de 12 heures. Je suis abasourdie à la vue de ce qui nous attend sur le quai : 36 ambulances, et des douzaines de volontaires du Croissant rouge prêts à débarquer les patients en civière. Heureusement, les formalités d’immigration ont été minimales, et nous parvenons à débarquer tous les patients rapidement. Le patient en soins intensifs de Kate lui prend la main. « Est-ce que ça en valait la peine? » lui demande-t-il. « Oui », lui répond-elle doucement. Que pouvait-elle dire d’autre? En regardant les ambulances emmener vers les hôpitaux de Sfax ces jeunes hommes au sort dramatique avec lesquels nous avons passé une douzaine d’heures très intenses, les larmes me viennent aux yeux. Le médecin tunisien qui organise le transport est calme et efficace. Et soudain, tout est fini. Les ambulances sont parties, tout comme les équipes en charge de documenter l’événement. Il ne reste sur le quai que l’équipage du bateau et le personnel de la mission. La bulle dans laquelle nous avons vécu ces 72 dernières heures se dissout graduellement jusqu’à nous ramener à la réalité. En retournant à notre base à Zarzis, située à cinq heures de route de Sfax, notre chauffeur Said s’exclame soudain : « On parle de Médecins Sans Frontières à la radio et de l’opération d’évacuation de Misrata vers la Tunisie. Les gens veulent vous dédier une chanson en guise de remerciement de la part du peuple libyen. » Un air envoûtant, parlant d’amour et de perte, berce alors nos oreilles tandis que la voiture nous ramène chez nous.

Alison Criado-Perez Infirmière

POINT SUR LA LIBYE Au mois d’avril, MSF a effectué deux évacuations médicales par bateau lors desquelles elle a transféré des blessés de guerre de Misrata, en Libye, vers la Tunisie. La première évacuation a eu lieu le 3 avril, avec 71 blessés à bord. Le 15 avril, 64 patients ont été évacués de Misrata vers Zarzis, en Tunisie.

Le 21 mars, MSF a envoyé une première cargaison de kits chirurgicaux pour 300 blessés à l’hôpital de Misrata où un grand nombre de blessés et de graves pénuries de médicaments avaient été signalés. À la fin du mois d’avril, six tonnes de fournitures médicales d’urgence avaient été données au comité médical libyen.

Au centre médical de traumatologie d’Al Abbad, au nord-est de Misrata, l’équipe médicale libyenne n’avait pas l’habitude de traiter les blessés de guerre. MSF a envoyé une équipe chirurgicale, composée de deux chirurgiens, deux anesthésistes, trois infirmiers, un médecin et un logisticien, pour répondre à la demande de formation du centre médical en ce qui a trait au triage des blessés ainsi qu’aux techniques de stérilisation et d’hygiène générale.

À la clinique de Ras Thuba, près du port de Misrata, le personnel médical MSF a soutenu les interventions obstétriques d’urgence ainsi que les salles de travail et d’accouchement, et a prodigué des soins pédiatriques et néonatals.

Entre le 24 février et la fin du mois d’avril, le personnel MSF a fait venir dans la ville orientale de Benghazi plus de 50 tonnes de médicaments et de matériel médical, y compris l’équipement

pour la chirurgie de guerre, la chirurgie générale et le traitement des grands brûlés. MSF apporte son soutien au comité médical libyen dans la mise en œuvre de programmes contre la violence sexuelle et sexiste dans plusieurs cliniques de la région de Benghazi. Dispatches Vol. 15, Ed.2

Pour nous frayer un chemin jusqu’aux patients, nous devons ramper à même le sol dans l’espace exigu laissé entre les matelas. En effet, le bateau tangue tellement que nous ne pouvons marcher sans risquer de tomber sur un patient grièvement blessé, perspective ô combien terrifiante. Le travail est épuisant et incessant toute la nuit.

© Tristan Pfund / MSF

cinq. Le mal de mer, ennemi indésirable, a en effet décimé nos effectifs. Mais nous nous débrouillons pour nous assurer que l’état des patients est stable, que leurs perfusions intraveineuses sont bien réglées. Nous distribuons des analgésiques et des antibiotiques à ceux qui en ont besoin, nous vidons les sacs d’urine, changeons les flacons de drainage, et nous efforçons de garder à jour nos notes sur les patients. Je crains cependant que nous ne répondions pas aux besoins de chacun.

Une équipe a fourni un soutien technique continu aux deux pharmacies centrales qui avaient besoin de médicaments et d’aide dans la gestion des déchets et l’organisation des stocks. MSF a organisé des séances de formation pour le traitement des blessures de guerre. Le personnel médical MSF a également travaillé à l’hôpital d’Al Jalaa où il a fourni un soutien en matière d’organisation des soins intensifs et des urgences.

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Le comité médical libyen a demandé de l’aide pour fournir des soins aux patients souffrant de maladies chroniques. Par conséquent, MSF a fait don de médicaments pour le traitement de la tuberculose, du diabète, des maladies cardiaques et de l’hypertension. Des médicaments contre le VIH/sida ont également été commandés.

Dans la ville tunisienne de Ras Ajdir, à la frontière avec la Libye, les équipes MSF ont fourni un soutien psychologique aux personnes fuyant le conflit. Elles ont également travaillé dans le camp de transit de Choucha, où des milliers de personnes attendaient leur rapatriement ou leur réinstallation.

Depuis le début du conflit en Libye, la priorité de MSF a été d’accéder aux zones présentant les plus grands besoins médicaux.


INTERVENTION D’URGENCE AU JAPON

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ous êtes nombreux, fidèles donateurs, à vous être tournés vers MSF pour exprimer votre compassion pour les Japonais après les terribles tremblements de terre et tsunami de mars dernier. Sachant que MSF avait dépêché des équipes médicales pour soutenir les opérations du gouvernement japonais immédiatement après la catastrophe, et après avoir vu les terribles images dans les médias, peut-être étiez-vous perplexes lorsque MSF a déclaré ne pas accepter de dons destinés aux opérations de secours au Japon. Nous vous avons plutôt demandé de donner à notre Fonds pour les situations d’urgence. Après tout, si la vaccination ou la chirurgie sont les outils par lesquels nos médecins fournissent une aide humanitaire, le don est le vôtre. Soyez donc assurés que MSF apprécie toujours l’aide que vous désirez apporter à ceux qui se trouvent en situation de crise.

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MSF souhaite maintenir un processus de prise de décision cohérent qui vise à établir si MSF peut accepter ou non des fonds spécialement

dédiés à une crise humanitaire en particulier. Pour prendre cette décision, nous devons évaluer les besoins médicaux liés à une situation d’urgence ainsi que la capacité de MSF à répondre à ces besoins. Par exemple, d’après des tests de performance, les immeubles au Japon avaient été conçus pour résister au séisme, et le pays comptait déjà sur un système de santé solide. Les autorités japonaises et les organisations d’aide humanitaire locales ont su répondre admirablement à l’ensemble des besoins de leur pays. Le rôle de MSF s’est donc limité à mettre en place des cliniques mobiles, à soigner les personnes atteintes de maladie chronique et à offrir un soutien psychologique aux personnes traumatisées par la tragédie. Même si ces services étaient d’une grande importance, ils étaient peu coûteux si on les compare aux vastes programmes chirurgicaux mis en œuvre quelques heures après le tremblement de terre en Haïti (au moment même où je rédige cette lettre, le budget opérationnel de MSF au Japon est de moins de 1,4 million de dollars alors que celui alloué à Haïti pour 2010 seulement s’élevait à 138 millions).

Les besoins médicaux d’urgence étaient énormes en Haïti. Le gouvernement a perdu la plupart de ses ressources lors de la tragédie et même l’ONU a été gravement touchée. MSF avait donc un rôle immense à jouer en tant qu’organisation médicale, ce qui n’était pas le cas au Japon. Le gouvernement japonais et les organisations d’aide locales ont répondu aux besoins immenses en matière de développement et de reconstruction, tandis que MSF s’est attachée à offrir une aide médicale humanitaire à la population. MSF demande donc aux Canadiens qui ont fait des dons spécifiquement dédiés aux opérations de secours au Japon la permission d’utiliser leur contribution pour soutenir les programmes de MSF partout dans le monde, et de nous aider à répondre rapidement aux situations d’urgence d’aujourd’hui et de demain. Lorsque vous faites un don à notre Fonds pour les situations d’urgence, au lieu de l’affecter à une crise en particulier, vous contribuez à renflouer et à consolider le Fonds et de fait, vous participez directement à toutes les activités MSF du

© JIJI PRESS

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JAPON


En fin de compte, nous espérons que vous percevez MSF comme une organisation consciencieuse qui gère scrupuleusement son budget, collecte des fonds et les dépense de manière responsable, afin qu’un projet ne soit pas financé aux dépens d’un autre. Nous espérons que vous comprendrez que nous essayons, dans des situations graves, de sauver le plus de vies possible, et aussi d’assurer la pérennité des programmes médicaux que nous opérons dans plus de 60 pays à travers le monde. MSF se tient toujours aux côtés des Japonais et souhaite apporter une aide judicieuse au pays. Nous sommes conscients que nous ne pourrions y parvenir sans le soutien de nos donateurs canadiens.

© Robin Meldrum

Rebecca Davies Directrice de la collecte de fonds

DANS LE MOIS QUI A SUIVI LE SÉISME, MSF A : • mené 2 075 consultations auprès de patients à Minami Sanriku et à Taro. Les principaux problèmes de santé étaient l’hypertension et les infections des voies respiratoires supérieures. • organisé des séances de soutien pour près de 600 personnes dans les centres d’évacuation bondés. Les équipes ont abordé des questions relatives à la gestion du stress, aux difficultés de concentration et de mémoire, aux préoccupations quant à la possibilité de démence chez les personnes âgées et aux troubles du sommeil. • aidé à la construction d’une structure semi-permanente à proximité d’un centre d’évacuation à Baba Nakayama, près de Minami Sanriku, dans le but d’y héberger 30 personnes afin de délester le centre.

• distribué 4 030 couvertures, 6 500 litres d’eau, une génératrice pour un abri à Baba Nakayama et 10 000 trousses d’articles de toilette contenant savon, brosses à dents, dentifrice et serviettes. 4 000 personnes ont également reçu d’autres kits, composés de piles, de chandelles, d’allumettes et de serviettes. • fait don de deux autobus aux services de santé locaux de Minami Sanriku afin de faire la liaison entre les centres d’évacuation, la résidence des patients et les structures médicales. MSF a également donné un véhicule spécialement conçu pour les passagers en fauteuil roulant. MSF prévoit d’aider les autorités locales à construire deux cliniques temporaires, l’une à Minami Sanriku et l’autre à Taro.

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moment (y compris, entre autres, le Japon, la Libye et la Côte d’Ivoire). Nous sommes reconnaissants de vos gestes de solidarité que nous ne tenons jamais pour acquis. Nous vous remercions de comprendre de quelle manière votre générosité peut aider MSF à répondre aussi rapidement et efficacement aux catastrophes.

VIVEZ L’EXPÉRIENCE09

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© Spencer Platt / Getty Images

SOUDAN

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Une seconde chance

10 ’entends un cri reconnaissable entre tous; celui d’une mère qui vient de perdre son enfant; un long gémissement poussé par une mère exténuée qui a veillé son enfant malade des jours durant. C’est une plainte douloureuse et étouffée; celle de l’espoir perdu. Les pleurs semblent animés de leur propre force, comme si le hurlement lui-même se lançait à la poursuite du moindre indice pouvant guider la mère vers ce qu’elle avait à faire. Son visage est tendu, ses yeux, son nez et sa bouche ruissellent, et ses jambes tremblent, se balançant mollement sur des genoux affaiblis.

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Il est 7 h 30. Je suis venu tôt à l’hôpital MSF à Leer pour terminer du travail, et force m’a été de reconnaître que nous travaillons dans un hôpital où celui qui entre n’en ressort pas nécessairement en vie. Dans leur combat contre la maladie ou les blessures, les gens

attendent souvent trop longtemps avant de se présenter à la clinique, en raison de la distance, de l’insécurité ou d’autres empêchements. Nous commencions à peine la journée de jeudi et, déjà, nous connaissions le troisième décès de la semaine. Dans de tels moments et bien que je travaille dans le domaine humanitaire depuis plus de huit ans, je me rends compte que c’est la première fois que je dois faire face à des situations aussi désespérées que celles-ci, où ces choses-là arrivent souvent. Le fait que des enfants meurent régulièrement de maladies curables ne devrait pas se produire et est tout sauf acceptable. Ce qui est le plus difficile à accepter ici est que cette mort et des centaines d’autres qui pourraient être évitées chaque mois au SudSoudan, ont été reléguées au second plan

par le référendum qui s’est tenu trois mois plus tard, en janvier 2011. Cette date a fait les manchettes, représentant, selon les médias, l’événement le plus important de l’année au Soudan, sinon de l’histoire récente du pays. Les grands médias du monde entier ont annoncé plusieurs fois par jour l’éventualité d’une reprise des conflits ou d’un processus de paix, mais ont complètement passé sous silence la négligence générale dont font l’objet les besoins médicaux des Sud-Soudanais. Le référendum du Sud-Soudan s’est déroulé en grande partie dans le calme. Au centre de soins de santé primaires de MSF dans le village de Leer, nous avons enregistré un léger ralentissement des activités quotidiennes, mais quelques jours plus tard, nous avons recommencé à traiter le même nombre de personnes qu’avant. Ces chiffres sont significatifs. Pendant un mois ordinaire, nous menons 6 000


© Spencer Platt / Getty Images

Steve Dennis Coordonnateur de projet MSF est présente à Leer et dans ses environs depuis 1989 et continue d’y fournir des services médicaux d’importance vitale.

MSF au Soudan En 2005, un accord de paix passé entre le gouvernement de Khartoum et les rebelles du Sud a mis fin aux 22 années de guerre civile violente dans le pays. Cependant, des conflits ont persisté dans le Sud-Soudan après que d’importants changements économiques et politiques soient survenus après la signature de l’accord, engendrant de féroces luttes pour le pouvoir. Néanmoins, à la veille du référendum de janvier 2011 sur la sécession, des centaines de milliers de personnes sont retournées au SudSoudan, venant s’ajouter aux deux millions d’autres qui y étaient déjà revenues depuis la signature de l’accord de paix. Le système de santé national présente des lacunes. Peu de gens ont accès à des soins de

santé adéquats. L’insécurité et la violence, sans compter le déplacement continuel de la population, contribuent à la propagation de maladies telles que le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires, les parasites intestinaux, la maladie du sommeil (trypanosomiase africaine humaine) et le kala-azar. De plus, les capacités sont limitées pour prendre en charge les malades. Des maladies évitables, comme le paludisme, la diarrhée aiguë et la rougeole, sont les principales causes de décès. Depuis 2008, MSF travaille dans les services d’urgence, de maternité et de pédiatrie de l’hôpital civil d’Aweil, dans l’État septentrional de Bahr El-Ghazal, au Sud-Soudan. En 2010, plus de 18 000 Sud-Soudanais qui sont retournés dans leur village après avoir vécu

en exil ont été transférés dans des camps situés aux environs d’Aweil. MSF est alors intervenue pour aider l’hôpital à répondre à la demande croissante en soins médicaux. Le personnel a donc donné plus de 37 000 consultations prénatales, procédé à plus de 3 000 accouchements et soigné quelque 2 600 enfants souffrant de malnutrition. En août 2010, une équipe a commencé à travailler dans le comté très éloigné de Raja, en centrant ses efforts sur la planification d’urgence, les chirurgies d’urgence, ainsi que les soins maternels et pédiatriques. Dans l’État d’Équatoria occidental, à la frontière avec la République démocratique du Congo, MSF a traité blessés et malades, et a offert des soins de santé mentale aux victimes de violence, en particulier aux enfants rescapés de séjours en captivité. Le personnel MSF travaille en équipes mobiles pour atteindre les régions éloignées et les personnes déplacées vivant dans des camps. Une autre équipe travaille à l’hôpital de Yambio. De nombreux patients ont été blessés lors de combats menés par le groupe rebelle ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur. Grâce aux activités qu’elle a menées dans sept États du Sud-Soudan et sur le territoire d’Abyei, MSF a assuré plus de 588 000 consultations externes en 2010, fourni des soins prénataux à quelque 96 000 femmes et soigné plus de 25 900 personnes souffrant de malnutrition.

Dépêches Vol.14, no2

Alors que les médias ont déjà détourné leur attention du sort politique des Sud-Soudanais depuis le début de l’année, et même si le devenir du pays devait refaire brièvement la une

des journaux au mois de juillet, les besoins criants en matière de santé n’en demeureraient pas moins au deuxième plan. Les maladies continuent de se propager de manière incontrôlable. Les dispensaires manquent plus que jamais de ressources, laissant les malades sans soins par manque de personnel compétent ou de médicaments. Même si ceux qui arrivent à se rendre dans notre centre ont de meilleures chances de survie, plusieurs fois par mois malheureusement, des mères s’effondrent de chagrin devant leur enfant emporté par une maladie qui aurait pu être soignée.

© Baikong Mamid

consultations externes, soignons une centaine de patients hospitalisés pour des problèmes médicaux, chirurgicaux ou liés à la grossesse, procédons à 35 accouchements, traitons 165 patients atteints de tuberculose, et effectuons 80 interventions chirurgicales en plus de fournir une alimentation thérapeutique à 200 enfants souffrant de malnutrition. Ce centre de soins MSF, à l’image des autres structures médicales débordées de l’État, fournit des services de santé essentiels mais qui sont loin de couvrir les besoins de cette région où vivent environ 600 000 personnes. Bon nombre d’entre elles ne verront jamais un médecin de leur vie. D’autres devront marcher toute la journée, voire davantage, pour survivre.

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© Niklas Bergstrand

INDE

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Les habitants d’un bidonville de Mumbai perdent tout dans un incendie

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Le 4 mars, 1 500 familles habitant dans les bidonvilles de Garib Nagar à Mumbai ont vu toutes leurs possessions partir en fumée, détruites dans un gigantesque incendie qui a dévasté tout le quartier. Médecins Sans Frontières (MSF) a aidé les victimes en distribuant 4 800 kits de secours pour répondre aux besoins essentiels des survivants. oorjhan, 37 ans, contemple d’une mine sombre un tas de planches noircies par la suie, à demi transformées en charbon. C’est tout ce qui reste de la maison où elle vivait il y a encore une semaine, lorsque l’incendie a réduit en cendres sa maison et tous ses biens.

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« C’était une soirée normale, une soirée comme les autres », raconte-t-elle. « Mes enfants jouaient dans la maison. Soudain, j’ai entendu quelqu’un dehors crier au feu. Consciente du danger, je me suis hâtée de faire sortir les enfants de la maison. Je n’ai pu sauver aucun de mes biens. Nos chefs communautaires ont appelé les pompiers qui n’ont pas pu sauver les maisons des flammes. Maintenant tout a brûlé, et je n’ai plus rien. J’ai peur de l’avenir. » L’origine de l’incendie n’a pas encore été confirmée, mais les habitants soupçonnent un acte de sabotage. Les querelles foncières

sont féroces à Mumbai, où plus de la moitié de la population vit dans des bidonvilles s’étalant sur seulement sept pour cent de l’espace urbain. « Nous ne pouvons pas spéculer sur la cause de l’incendie », explique Thierry Mavungu Manwa, qui coordonne les secours apportés par MSF aux victimes. « Ce qui nous préoccupe surtout est que les besoins immédiats de ces gens ne sont pas satisfaits. Ils ont faim, ils ont perdu tout ce qu’ils possédaient, et ils dorment sous des bâches en plastique, sans aucune protection. 1 500 familles doivent partager les deux seules latrines disponibles. L’accès à l’eau et à des installations sanitaires adéquates est sérieusement limité. » Depuis l’incendie, les médias ont largement couvert le fait que Rubina Ali, la jeune actrice de 12 ans du film à succès Le Pouilleux millionnaire, a échappé de justesse aux flammes qui ont ravagé sa baraque de fortune à Garib Nagar. Cette vedette peu conventionnelle a perdu dans le feu tous ses prix, sa collection de coupures de presse et de photos du film de 2008. Une longue file s’est formée devant l’équipe MSF, composée d’une vingtaine d’agents, qui distribuent des kits de secours comprenant une bâche en plastique, des couvertures, des produits de toilette et

des ustensiles de cuisine. On entend des cris, des hurlements et des bousculades à mesure que la file avance. Le tintamarre frénétique des klaxons provenant de la circulation avoisinante ne vient que s’ajouter à l’atmosphère tendue. En fin de compte, chacun à son tour, tout le monde finit par recevoir son kit dans l’ordre et la discipline. Vers le milieu de la journée, tous les kits ont été distribués, et certains ont déjà commencé à en utiliser le contenu. Salma, 45 ans, est accroupie sur une bâche blanche. Elle se réjouit surtout des ustensiles de cuisine qu’elle a reçus. « C’est de la bonne qualité », reconnait-elle en souriant. « Je vais utiliser la bâche en plastique pour améliorer mon abri, afin d’avoir un peu plus d’intimité. » Mais pour quelqu’un qui a perdu toutes ses possessions, les secours apportés aujourd’hui par MSF sont loin de compenser tout ce qui a été perdu. Comme de nombreux habitants des bidonvilles, Salma gagne sa vie en cousant chez elle des petits sacs qu’elle vend au marché. Mais l’incendie a détruit son petit commerce et son unique source de revenus. MSF mène ces interventions d’urgence en plus de ses activités courantes, comme le traitement des victimes du VIH/sida, la prise en charge nutritionnelle des enfants mal nourris, les soins primaires aux populations marginales dans les zones rurales, et le traitement des victimes du kala-azar, une maladie mortelle transmise par les phlébotomes. « Nous espérons, grâce à nos interventions de secours pouvoir rétablir quelque peu la dignité de ces personnes », explique Manwa, le coordonnateur de MSF. « Mais les abris sous des bâches ne sont qu’une solution temporaire, et l’accès à des sources d’eau et des installations sanitaires adéquates reste très limité. Par ailleurs, l’eau stagnante provenant des fuites de tuyaux crée des aires de reproduction pour les moustiques vecteurs de maladies, telles que le paludisme. J’espère sincèrement que la population touchée recevra bientôt tout le soutien dont elle a besoin pour pouvoir reprendre sa vie normale d’autrefois. »

Niklas Bergstrand Chargé de communication


© MSF

© MSF

MSF AU CANADA

Et si ÇA SE PASSAIT CHEZ VOUS? ous avez été forcés de quitter votre foyer. L’endroit où vous habitiez n’était plus sûr, et vous avez dû vous sauver avec votre famille. Et maintenant, où dormirezvous? Comment allez-vous nourrir vos enfants? Qu’arrivera-t-il si vous êtes malades? Imaginezvous que 43 millions de réfugiés et de personnes déplacées sont aujourd’hui confrontés à ce genre de questions dans le monde.

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« Un camp de réfugiés n’est pas quelque chose qui est mis en place au préalable en attendant que la population en ait besoin. Les gens se sauvent et vont là où ils se sentent en sécurité, et ces endroits ne disposent pas toujours d’un accès à l’eau ou aux soins de santé », explique Karel Janssens, qui a travaillé comme logisticien et coordonnateur pour MSF. « Souvent, les gens doivent vivre dans ces endroits pendant longtemps. Certains camps ont été créés il y a plus de 60 ans. Des gens naissent, grandissent et se marient dans les camps. » Karel a travaillé dans plus d’une douzaine de projets avec MSF, y compris dans des camps de réfugiés et de personnes déplacées. Cette année, il conduira l’exposition Un camp de réfugiés au cœur de la ville dans l’Est du Canada. Pendant quatre jours, les résidents de St. John’s, Halifax, Moncton et Québec pourront découvrir, grâce à des intervenants comme Karel, comment vivent des millions de personnes qui ont fui leur foyer en raison des conflits et de la violence. L’exposition gratuite a été présentée en Europe, en Australie et aux États-Unis avant de revenir au Canada pour sa quatrième visite. Installé par des logisticiens MSF, le campement de la taille d’un terrain de football comprend des abris, des points de distributions alimentaires et nombre d’autres composantes et services qui peuvent

être observés dans un vrai camp de réfugiés. La visite guidée, d’une durée de 45 à 60 minutes, est commentée par des travailleurs humanitaires MSF de retour de mission : médecins, personnel infirmier et logistique ainsi que d’autres intervenants qui ont travaillé dans les camps et sont en mesure de partager leurs expériences personnelles tout au long de la visite. Alors que les visiteurs parcourent les diverses zones du camp, ils en apprennent davantage sur la difficulté à trouver un refuge ainsi que de l’eau et de la nourriture. Parmi les sujets abordés, les guides parlent du fait que les réfugiés doivent partager les latrines avec des centaines d’autres personnes, de la manière de trouver des soins lorsque les gens tombent malades et de mettre en place un centre de traitement du choléra. Plusieurs sections du camp mettent l’accent sur l’accès limité aux services médicaux. On peut y voir un centre de soins primaires pour traiter les épidémies comme la rougeole et le paludisme, un centre de nutrition thérapeutique pour les enfants mal nourris et un centre de vaccination. L’équipe dirigée par Karel, composée de bénévoles et de stagiaires, s’occupe d’organiser les visites scolaires. « L’un des avantages de cette exposition est qu’elle reconstitue en plein centre-ville ce que l’on voit habituellement à la télévision », affirme Karel. « Certains intervenants qui travaillent comme guides habitent dans la ville où se déroule l’exposition, donc vous pouvez rencontrer quelqu’un au camp qui vient du même endroit que vous et cela contribue à créer un lien direct. » L’exposition est également un excellent moyen pour ceux qui désirent travailler sur le terrain d’en savoir plus avant de postuler. L’infirmière

Tammy McIntyre a découvert l’exposition en 2008 lors de sa tournée à Vancouver. Ce qu’elle a vu et entendu au cours de la visite l’a convaincue de partir travailler sur le terrain pour MSF. Au printemps dernier, Tammy est revenue de sa première mission MSF au Zimbabwe. Tammy explique au sujet de l’exposition que c’était bien plus que les mots, c’était l’aspect visuel et les expériences personnelles des guides qui l’ont vraiment inspirée. Après la visite, elle a réalisé que c’était ce qu’elle désirait faire. La boucle sera bouclée pour Tammy cet automne lorsqu’elle se joindra à l’équipe d’une soixantaine de guides bénévoles du Camp de réfugiés au cœur de la ville.

Danielle Conolly Agente de communication Pour en savoir plus, voir des photos des expositions antérieures au Canada, lire les blogues et découvrir les photos au fil de la tournée 2011, visitez le www.campderefugies.ca.

Tournée 2011 du Camp de réfugiés au cOEur de la ville ST. JOHN’S du 8 au 11 sept.. . . . . . . . . . . . .parc Bannerman HALIFAX du 15 au 18 sept.. . . . La place d’armes Garrison MONCTON du 22 au 25 sept. . . . . . . . . . . . . . . parc Riverain QUÉBEC du 29 sept. au 2 oct. . . . . . . . . . place d’Youville

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Un camp de réfugiés au cOEur de la ville de MSF parcourt l’Est canadien

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© Ludovic Beauger / MSF

ZOOM EMPLOI n 2008, Damien Moloney est parti sur le terrain en tant que logisticien. Il a travaillé au Mozambique, au Soudan, au Kenya, en Haïti et au Niger. Il a récemment achevé une mission au Tchad, où il fournissait un soutien logistique en prévision de la « période de soudure » anticipée. Il nous explique comment un épisode de la série Salle d’urgence a changé sa vie.

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Logisticien

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Pourquoi avez-vous décidé de travailler pour MSF?

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Je suis probablement la seule personne au monde à avouer qu’un épisode de Salle d’urgence a changé ma vie. Je regardais un épisode rediffusé dans lequel deux médecins partaient travailler pour MSF. Le récit était très dramatique : courir pour échapper aux rebelles, esquiver les grenades et les balles. J’ai beaucoup travaillé dans le secourisme et les premiers soins aux États-Unis, et j’ai pensé que peut-être, l’organisation recherchait des personnes avec ce type de compétences. J’ai parcouru le site Web de MSF et plus je lisais, plus j’étais fasciné. J’ai posé ma candidature, passé un entretien, puis j’ai attendu, et attendu encore. Quand j’ai fini par recevoir une lettre, j’étais très nerveux. Je ne pouvais pas me décider à l’ouvrir. J’ai fini par l’ouvrir, et j’ai sauté de joie dans le salon en la lisant. Le fait de travailler pour MSF me remplit toujours autant de joie. Vous venez de terminer votre sixième mission avec MSF. Quel a été le plus grand défi pour vous et pourquoi? Travailler pour MSF comporte son lot de difficultés : faire face à des retards imprévisibles, à la bureaucratie et aux formalités administratives lorsque l’on attend du matériel et des médicaments vitaux; marcher dans un camp de réfugiés de 90 000 personnes en sachant qu’on vit dans le luxe et bénéficie de privilèges; travailler toute la journée avec une température de 50 degrés; creuser des tranchées et monter des tentes qui seront détruites par la pluie et le vent la nuit suivante, et devoir tout recommencer le lendemain; voir des enfants mourir de maladies traitables comme le tétanos et les voir souffrir de malnutrition, alors que les pays développés débordent de nourriture. Toutes ces choses, et des milliers d’autres, sont difficiles, mais pour rien au monde je ne changerais ce que je fais. Quel aspect avez-vous trouvé le plus appréciable? Malgré ces milliers de difficultés, il y a un million de joies à travailler pour MSF. Ce qui m’a

le plus marqué est probablement le personnel, autant international que national. Avec le personnel local, nous avons l’honneur et le privilège d’apporter une aide infime mais significative dans des pays frappés par la guerre, une catastrophe naturelle, voire la sécheresse ou la famine. Lorsque je vois un enfant gravement malade arriver à l’hôpital et que je vois le visage inquiet de sa mère pendant que les médecins et les infirmières s’occupent de lui, je sais que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour cette mère et cet enfant. Le dénouement n’est pas toujours heureux. Mais lorsque trois semaines ou trois mois plus tard, je vois cette mère et son enfant repartir de l’hôpital, je sais que tous ont contribué à remettre cet enfant sur pied : des médecins et infirmières jusqu’aux logisticiens qui se sont assurés que les bombonnes d’oxygène fonctionnaient, en passant par le nettoyeur qui a balayé le sol, les employés du siège social de MSF qui nous ont envoyés sur le terrain, et les généreux donateurs qui ont rendu notre travail possible. Bien que nous ne puissions pas sauver la terre entière, nous avons sauvé la vie de cet enfant et ce que cette mère avait de plus précieux. Ce sentiment nous procure une joie unique. En quoi consiste le travail de logisticien exactement? Imaginez tout ce dont un médecin, une infirmière ou un chirurgien ont besoin lorsqu’ils traitent un patient sur le terrain. Ils ont d’abord besoin d’un toit. Je travaille donc à cela avec le personnel local. J’ai aidé à installer des médecins sous des tentes, ou sous des arbres avec un simple morceau de tissu. J’ai participé à la construction d’un hôpital dans un énorme conteneur et à l’implantation complexe de salles d’opération. Le personnel médical a besoin de médicaments, d’instruments, de lits, de ventilateurs, je dois donc les commander. L’équipe logistique fait en sorte que les véhicules, les radios et les ordinateurs fonctionnent, s’assure que l’hôpital et la maison sont alimentés en eau et en électricité et que les médicaments restent au frais. Parfois, je

fais un barbecue et nous en profitons pour rire et discuter en buvant une bière en nous rappelant d’où nous venons et ce que nous faisons ici. Et le lendemain, nous nous remettons à la tâche! Quelles sont les aptitudes nécessaires pour faire ce genre de travail? Être patient, c’est extrêmement important. Des patients, on en a déjà beaucoup, c’est plutôt de la patience dont vous avez besoin. Il faut aussi être capable de travailler dur, dans des températures élevées, dans la poussière et loin de chez vous. L’aptitude à gérer sa frustration est aussi cruciale, de même que de travailler au sein d’une équipe composée de personnes très différentes et de supporter leurs petites manies. Vous devez faire preuve de compréhension et de tolérance tout en étant capable de défendre ce en quoi vous croyez. Parler plusieurs langues, dont le français, l’anglais, l’espagnol et l’arabe, est un atout. Des connaissances en électricité et en construction sont également très utiles pour un logisticien. En résumé, vous devez être capable de rechercher des solutions, et d’en proposer au moins une, chaque fois qu’un problème survient. Avez-vous l’intention de continuer à travailler avec MSF? Je ne peux pas m’imaginer faire autre chose. Je serai logisticien jusqu’à ce que je devienne trop vieux pour enfoncer un clou ou ramper sous un Land Cruiser. Ce que je fais me stimule énormément et me procure une sensation de bien-être physique, bien que ce ne soit pas le cas tous les jours ni tout le temps. Ce travail est le plus valorisant que je connaisse.

Avez-vous déjà songé à travailler sur le terrain avec MSF? Visitez le www.msf.ca pour connaître la date des prochains webinaires et séances d’informations organisées à travers le Canada. Ou bien consultez la section Recrutement sur le site Web pour savoir de qui MSF a besoin et comment vous pouvez concrétiser vos idéaux.


DÉPÊCHES Médecins Sans Frontières (MSF) 720, av. Spadina, bureau 402 Toronto (Ontario) M5S 2T9 Tél. : (416) 964-0619 Téléc. : (416) 963-8707 Sans frais : 1 800 982-7903 Courriel : msfcan@msf.ca www.msf.ca

LES CANADIENNES ET CANADIENS EN MISSION

MALAWI Mariam Kone Montréal, Qc Médecin MOZAMBIQUE Isabelle Casavant Montréal, Qc Infirmière MYANMAR Marilyn Hurrell Winnipeg, Man. Infirmière NIGER Myriam Berry Vancouver, C.-B. Coordonnatrice des ressources humaines Alphonsine Mukakigeri Québec, Qc Administratrice Tricia Newport Whitehorse, Yn Infirmière NIGERIA Mubeen Aslam Ottawa, Ont. Épidémiologiste Rink De Lange Sainte-Cécile-de-Masham, Qc Spécialiste en eau et assainissement Jodi Enns Burlington, Ont. Infirmière Karen Friesen Vancouver, C.-B. Infirmière Ruby Gill Vancouver, C.-B. Infirmière Patricia Gould Courtenay, C.-B. Infirmière Paulo Rottmann Toronto, Ont. Coordonnateur des ressources humaines Darryl Stellmach Calgary, Alb. Chef de mission OUGANDA Joanne Cyr Montréal, Qc Psychologue OUZBÉKISTAN Susan Adolph Dartmouth, N.-É. Infirmière Jan Hajek Vancouver, C.-B. Médecin PAKISTAN Jaroslava Belava Vancouver, C.-B. Infirmière Erwan Cheneval Montréal, Qc Chef de mission adjoint Richard Maunsell Waterloo, Ont. Infirmier Anne-Marie Pegg Yellowknife, T.N.-O. Anesthésiste Thierry Petry Gaspé, Qc Anesthésiste PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE Richard Dube Vancouver, C.-B. Logisticien RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Joseph Baugniet Montréal, Qc Logisticien Carol Bottger Montréal, Qc Médecin Kanadi Ibrahim Ottawa, Ont. Logisticien Margaret Johnston Toronto, Ont. Infirmière Jean-Baptiste Lacombe Montréal, Qc Logisticien RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Lucie Barré Québec, Qc Infirmière Sharla Bonneville Toronto, Ont. Logisticienne Monica Chaudhuri Toronto, Ont. Chirurgienne Michelle Chouinard Saint-Quentin, N.-B. Chef de mission

Rédactrice : linda o. nagy Directrice de la rédaction : Avril Benoît Coordonnatrice de la traduction : Jennifer Ocquidant Collaborateurs : Niklas Bergstrand, Danielle Conolly, Alison Criado-Perez, Rebecca Davies, Steve Dennis, Fiona Turpie Photo de la couverture : © Peter DiCampo / Pulitzer Center

Oonagh Curry Toronto, Ont. Chef de projet Elif Ercan Montréal, Qc Infirmière Fabienne Gilles Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humaines Breno Horsth Toronto, Ont. Logisticien Marie-Michèle Houle Victoriaville, Qc Infirmière Shannon MacDonald Halifax, N.-É. Sage-femme Jean-Guy Simard Lavaltrie, Qc Logisticien Bayu Sutarjono Toronto, Ont. Logisticien Jennifer Turnbull Ottawa, Ont. Médecin SIERRA LEONE Dinsie Williams Toronto, Ont. Logisticienne SOUDAN Kevin Coppock Toronto, Ont. Chef de mission JL Crosbie Toronto, Ont. Chef de projet Megan Hunter Prince George, C.-B. Coordonnatrice logistique Elizabeth Kavouris Vancouver, C.-B. Infirmière Wendy Rhymer Winnipeg, Man. Sage-femme Letitia Rose Vancouver, C.-B. Infirmière Nancy Semkin Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humaines Brenda Vittachi Calgary, Alb. Infirmière Michael White Toronto, Ont. Chef de projet SRI LANKA Garth Johnson Ottawa, Ont. Chirurgien SYRIE Berthier Bourque Gaspé, Qc Médecin TCHAD Grant Assenheimer Edmonton, Alb. Chef de projet Pascal Desilets Saint-Eustache, Qc Logisticien Sabrina Gobet Toronto, Ont. Coordonnatrice des ressources humaines Clea Kahn Toronto, Ont. Chef de mission Chantelle Leidl Edmonton, Alb. Spécialiste en eau et assainissement Paul Nguyen Montréal, Qc Médecin Elaine Roy Charlemagne, Qc Infirmière Heather Thomson Ottawa, Ont. Chef de projet ZAMBIE Charles Gadbois Saint-Rédempteur, Qc Logisticien Nicolas Verdy Montréal, Qc Logisticien ZIMBABWE Colette Badjo Laval, Qc Médecin Richard Crysler St. Catharines, Ont. Agent de santé mentale Sandra Stepien Vancouver, C.-B. Coordonnatrice des finances

Tirage : 117 500 Graphisme : Tenzing Communications Impression : Warren’s Waterless Printing Inc. Été 2011 ISSN 1484-9372

Dépêches Vol.14, no2

CAMEROUN Serge Kaboré Québec, Qc Coordonnateur médical Peter Nijssen Calgary, Alb. Logisticien John Orr Vancouver, C.-B. Coordonnateur des finances COLOMBIE Raquel De Quieroz Smithers, C.-B. Infirmière Nadia Tjioti Toronto, Ont. Logisticienne CÔTE D’IVOIRE Edith Fournier Cabot Québec, Qc Infirmière Fiona Turpie Toronto, Ont. Anesthésiste ÉGYPTE Eva Adomako Montréal, Qc Administratrice ÉTHIOPIE Justin Armstrong Toronto, Ont. Chef de projet Greg Camirand Mission, C.-B. Logisticien Sarah Lamb Ottawa, Ont. Chef de projet Judith Letellier Montréal, Qc Logisticienne Marjorie Middleton Vulcan, Alb. Infirmière GUATEMALA Luis Neira Montréal, Qc Médecin GUINÉE Nikki Rink Montréal, Qc Médecin HAÏTI Cassandra Arnold Calgary, Alb. Médecin Nicolas Bérubé Québec, Qc Logisticien Daphne Hemily Toronto, Ont. Logisticienne Clémentine Leduc Montréal, Qc Infirmière Laura Madsen Vancouver, C.-B. Logisticienne André Munger Rivière-du-Loup, Qc Médecin Martine Verreault Rivière-du-Loup, Qc Pharmacienne INDE Étienne Blais Montréal, Qc Logisticien Andrew Bohonis Thunder Bay, Ont. Logisticien Dave Croft Squamish, C.-B. Chef de projet Andrew Cullen Toronto ,Ont. Logisticien Hamid Echihabi Montréal, Qc Logisticien Arif Hasan Toronto, Ont. Chirurgien Rehana Permall Ottawa, Ont. Agente de liaison Roberta Wynne Vancouver, C.-B. Infirmière IRAK Karen Abbs Vancouver, C.-B. Agente de santé mentale Reshma Adatia Vancouver, C.-B. Chef de projet KENYA James Maskalyk Toronto, Ont. Médecin LIBÉRIA Martha Gartley Toronto, Ont. Spécialiste en eau et assainissement Isabelle Jeanson Toronto, Ont. Logisticienne Michèle Lemay Montréal, Qc Médecin Anne Mackinnon Fredericton, N.-B. Infirmière Tara Newell London, Ont. Chef de projet Leanne Olson Sainte-Cécile-de-Masham, Qc Coordonnatrice médicale Kirsty Robertson Toronto, Ont. Infirmière LIBYE Frank Boyce Belleville, Ont. Médecin Thierry Oulhen Montréal, Qc Infirmier Kathleen Skinnider Victoria, C.-B. Infirmière

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Action humanitaire Aliments thérapeutiques

Eau

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Trousse de soins Vaccins contre la rougeole

Matériel chirurgical M é d e c in

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