Archiba 36 bd issue

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SOMMAIRE

Archibat N°36 Revue maghrébine d'aménagement de l'espace et de la construction

Editorial

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Opinion libre Évolution Des Systèmes Constructifs, Défi majeur pour le développement du secteur du bâtiment

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Une autre vi(ll)e est possible !

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PUBLI-INFO 12

Doremail, une aventure tunisienne

News internationales House of Dior,Histoire d’une architecture haute couture

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Une star d’architecture signe le nouveau siège social de Facebook

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Batimat 2015 sous le signe de l’innovation, du service et du digital

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L’immobilier résidentiel Nouvelle stratégie de l'habitat, rencontre avec M. Anis GHEDIRA Rencontre avec M. Mohamed El Khames LABIDI

Repenser L’habitat

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Vers un habitat soutenable Écoquartier La Soukra L’habitat intermédiaire Projets résidentiels, tendances internationales Une alternative innovante : l’habitat participatif L’arche en l’île, un projet d’habitat participatif

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Immobilier résidentiel de Luxe

40 42 52 58

Résidence Marbella, un «pueblo» marsois Résidence, les terrasses de La Soukra Résidence, le Patio à La Marsa

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SOMMAIRE DIPLÔME Entre œuvre d’art et temple du savoir, bibliothèque nationale de Tunis

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URBANISME L’attractivité des villes, cet atout pour l’avenir des territoires

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AILLEURS Quand Alger se réconcilie avec son pacte fondateur

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Jeunes architectes BAAK architectes associés, Ahmed BLAICH & Kacem AZZOUZ

CONCOURS

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Projet de construction d’une clinique multidisciplinaire

Maison La villa BA une scénographie architecturale

90 90

ART Noutayel Belkadhi, ingénieux Sculpteu

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EXPO MuCEM, les fragments d’une Tunisie contemporaine

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Livre et livraison

102 La Route des consuls Les territoires de la diplomatie à Tunis, d’Adnen El Ghali 88 84

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ARCHIBAT Revue maghrébine à parution semestrielle, publiée par : ABC Architecture Bâtiment et Communcation, S A 19 Rue Abou Bakr Bekri, Imm. Luxor I, Br. M/2 Montplaisir 1073 Tunis Tél. : 216 71 904 467 71 907 952 Fax : 216 71 902 485 E-mail : contact@archibat.com.tn

www.archibat.tn Directrice de publication Amel SOUISSI TALBI Conseillère de la rédaction Alia BEN AYED Assistante de rédaction Abir AZZI

Ont collaboré à ce numéro : Walid BEL HADJ AMOR Jean-Marc GANCILLE Philippe BARRE Dominique GAUZIN-MULLER Sadky ABASSI Sonia LOUATI Olfa BELHASSINE Amine BENAISSA Ahmed BLAICH Kacem AZZOUZ Ahmed ZAOUCHE Membres fondateurs Leïla AMMAR Ali DJERBI Amel SOUISSI TALBI Achraf BAHRI MEDDEB Morched CHABBI Denis LESAGE Publicité Zouhaira TALBI REBAI Conception graphique Mouna MATTOUSSI TRABELSI Abonnement Lobna MCHIRGUI BELHAJ

Site web Mouna MATTOUSSI TRABELSI Les articles publiés dans cette revue, et les idées qui peuvent s’y exprimer n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, réservés pour tous pays. Les textes et photos reçus et leurs envois impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication. VISA N° 2796 Autre publication de ABC : Rejoignez nous sur :

Archibattunisie

ÉDITORIAL La maison individuelle correspond à un idéal partagé collectivement au point qu’il devient difficile pour beaucoup d’imaginer une autre façon « d’habiter ». La maison individuelle c’est la possibilité de profiter en toute liberté d’un espace à soi sans gêner et sans être gêné par les voisins, c’est la possibilité d’avoir son jardin et d’en profiter non seulement pour y séjourner durant les beaux jours mais le reste du temps pour jardiner. Seulement avec les exigences environnementales l’avenir n’est plus à la maison individuelle, ni à l’étalement urbain, mais au cohabiter (de l’anglais cohousing). Le défi revient à proposer des solutions architecturales qui donnent envie de vivre ensemble et qui soient respectueuses de l’environnement. Habitat groupé, intermédiaire, alternatif …, autant de termes pour désigner une nouvelle façon d’habiter, plus proche de ses voisins moins individualiste, moins consommatrice, et bien sûr plus écologique. Portée par des architectes urbanistes soucieux de qualité de vie, ou bien par des groupes d’habitants désireux de vivre ensemble, cette conception de l’habitat s’est développée en Europe. L’habitat coopératif ou « participatif », en particulier, représente une alternative intéressante pour répondre au besoin légitime d’accessibilité à un logement convenable à un prix abordable. Porté par des communes des groupes d’habitants, des associations (un très bel exemple à l’Arche en île avec Courtoisie urbaine), ou encore des bailleurs sociaux, il se veut une réponse au problème de l’isolement, en privilégiant la qualité de voisinage, la mixité sociale, l’intergénérationnel. Qu’en est-il en Tunisie ? Où en est la nouvelle stratégie pour l’habitat social, en particulier ? Nous vous proposons un état de lieux des actions entreprises, des difficultés rencontrées, et des mesures prises pour les dépasser. Dans un autre registre, celui de l’habitat de luxe, nous vous proposons une sélection d’opérations immobilières et décryptons le parti pris des maitres d’ouvrages qui proposent des résidences de qualité dont l’objectif est de s’adresser à une clientèle exigeante. Un autre habitat est possible, « une autre vi(ll)e est possible », revendique ce collectif d’acteurs sociaux (architecte, ingénieur, philosophe, journaliste,…) dans un manifeste qui donne le change aux notions galvaudées de villes durables et d’écoquartier, excessivement normatives, injonctives et finalement amnésiques vis-à-vis de la compétence de l’habitant. Nous consacrons un dossier à Alger qui s’engage dans une vision d’avenir et met en œuvre un plan stratégique pour 2029 dont l’ambition est de réconcilier la ville avec son histoire, sa géographie, sa mixité culturelle, pour en faire une métropole méditerranéenne et africaine. Les grandes firmes de la mode ou des technologies de la communication, sollicitent de nos jours les stars de l’architecture pour la conception de nos lieux de vie et de travail. Il en est ainsi pour Christian de Portzamparc et la maison Dior ou Frank Gehry et Facebook, deux projets coup de cœur de la rédaction. Nous ne pouvons pas clore ce numéro sans un focus sur Batimat 2015 cet incontournable de l’architecture et de la construction qui s’est tenu à Paris en novembre dernier. Amel Souissi Talbi

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évolution Des Systèmes Constructifs, défi majeur pour le développement du secteur du bâtiment Par Walid BEL HADJ AMOR DGA Comete Engineering et VP de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises

L’évolution des systèmes constructifs dans le bâtiment et les travaux publics, est un impératif pour garantir la qualité des ouvrages et des projets. Cette évolution doit couvrir l’ensemble des dispositifs de la construction intégrant les matériaux et les techniques de construction, mais aussi la conception et la prise en compte des conditions économiques, sociales et environnementales des projets.

OPINION LIBRE

Malgré les programmes mis en place pour faire évoluer les modes et les systèmes constructifs en Tunisie, force est de constater que les évolutions restent confidentielles et limitées à quelques initiatives individuelles de la part de certains concepteurs-prescripteurs ou donneurs d’ordres et entreprises, qui essayent d’introduire de nouvelles perspectives. On peut citer à titre d’exemple le développement récent de l’utilisation des enduits intérieurs à base de plâtre, qui offrent des performances intéressantes. Mais ces initiatives restent limitées et permettent de faire le constat de l’absence d’une politique de développement de ce secteur de la part des pouvoirs publics, qui continuent à favoriser les économies financières immédiate sur le coût de la construction sans jamais prendre en considération le coût économique, qui doit intégrer la contribution générale du secteur à l’économie du pays.

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Or le coût économique d’un projet doit tenir compte, au-delà du coût financier, des délais de réalisation, de la valeur ajoutée créée et des coûts d’exploitation et de maintenance des ouvrages ainsi que de leur vieillissement. Si l’approche économique a été introduite dans les projets d’infrastructures de transport, elle est inexistante lors de la conception d’autres projets. Nous pouvons citer le faible développement de l’offre de lampes LED en Tunisie, qui restent très peu utilisées, malgré des avantages économiques certains à moyen terme. Dans le même temps le cadre normatif reste très pauvre, nous pouvons citer le cas de l’immobilier de bureaux dont l’évolution des normes de construction reste très insuffisante, alors que les bâtiments passifs économes Archibat 36 / 11 - 2015

en énergie sont apparus depuis plus de vingt ans en Europe, ils restent rares en Tunisie, où la réglementation n’a que peu évolué. L’absence de label et de processus de certification ne favorise pas le développement de ces produits sur le marché, ni l’évolution de la demande de la part des utilisateurs. De même, les technologies relatives à la gestion technique des bâtiments, ou la domotique, restent peu connues et utilisées dans l’immobilier d’entreprise, alors qu’il existe aujourd’hui des solutions efficaces et bon marché qui permettent d’aller vers des « smart building », qui permettent de faciliter la gestion et la maintenance des bâtiments. Toutefois, l’introduction de nouveaux procédés constructifs dans les projets relèvent d’une démarche de recherche et de développement et d’innovation, qui doit obéir à des règles préétablies pour favoriser un processus d’évolution continu et systémique. Cette démarche doit viser à faciliter l’accès à des ouvrages de qualité et au moindre coût. Or, c’est le contraire qui se passe en Tunisie, puisque le coût de la construction ne cesse d’augmenter avec les conséquences économiques que l’on sait, sans que l’on tienne compte des objectifs de rentabilité économique, tout en sachant parfaitement qu’un bâtiment à haute performance énergétique et technique est plus rentable qu’un bâtiment usuel. Sans compter que dans l’immobilier, il n’y a pas aujourd’hui d’obligation de respect de la vocation du bâtiment, ce qui pousse les promoteurs à construire sans savoir si les locaux seront affectés à l’habitation ou à des bureaux, ce qui, bien évidemment, n’encourage pas à l’adoption de choix clairs en matière de conception ou de modes de construction.


Les systèmes constructifs intègrent aussi une composante liée aux conditions d’exécution des travaux et à la gestion globale des chantiers. De ce point de vue, nous constatons que les chantiers restent des sites peu organisés, avec des conditions d’hygiène et de sécurité très précaires, et auxquelles on accorde encore peu d’intérêt, tant de la part des clients, publics ou privés, que des entreprises elles-mêmes. Cela met en cause l’ensemble de la chaine de la construction allant de la formation universitaire et professionnelle jusqu’aux opérateurs eux-mêmes en passant par une réglementation obsolète qui n’est même pas respectée. Ainsi, l’approche doit être globale, et elle doit concerner les professionnels du secteur mais aussi et plus largement les consommateurs. Il y a une démarche d’éducation qui doit conduire à des changements d’habitudes de consommation, de déplacement et même de production pour in fine modifier la structure du marché, de l’offre et la demande dans le secteur.

Cela met en cause l’ensemble de la

L’absence de mécanismes chaine de la construction allant spécifiques et d’incitations de la formation universitaire réglementaires et financières, et professionnelle jusqu’aux n’encourage bien évidemment eux-mêmes en pas au développement de cette opérateurs nouvelle offre d’ouvrages. En passant par une réglementation effet, les incitations doivent obsolète qui n’est même pas être doubles, car l’incitation respectée. financière ne suffit pas si elle n’est pas accompagnée d’une incitation réglementaire qui oblige les opérateurs à s’orienter vers de nouveaux systèmes constructifs. Par ailleurs l’incitation financière pourrait être orientée vers le consommateur plutôt que vers le constructeur, pour modifier la demande et influer plus fortement et plus rapidement sur le marché de la construction. Le secteur de la construction reste malheureusement peu encadré et le ministère de tutelle n’apporte pas la contribution attendue pour favoriser le développement du secteur et se contente d’être une structure de maîtrise d’ouvrage, sans prendre la mesure de l’importance de ce secteur dans l’économie du pays, et du besoin qu’il y a de le faire évoluer vers d’autres niveaux de performance. Voilà qui repose encore une fois la question du rôle de l’état, de la séparation entre les missions d’opérations et de régulations, et du nécessaire reengineering de l’appareil public.


Manifeste

UNE AUTRE VI(LL)E EST POSSIBLE ! À la veille de la cop21*, l’accélération du réchauffement climatique nous oblige à diminuer drastiquement la consommation des ressources matérielles et énergétiques nécessaires pour l’usage, la réhabilitation et la construction des villes et des territoires urbanisés. Mais la crise économique mondiale de 2008 a modifié les priorités : sous couvert d’équilibre budgétaire, les ambitions environnementales sont trop souvent bradées et les espaces publics sacrifiés. Il est donc urgent d’expérimenter et de promouvoir les alternatives créatives et solidaires.

OPINION LIBRE

Heureusement, des alternatives s’épanouissent. Dépassant les anciennes méthodes de certifications déconnectées de la réalité des usages, produits défiscalisés d’investissement spéculatifs et normes de sécurité garanties hors sol, des approches originales et pertinentes se mettent en place dans toute la France. Elles contextualisent les procédures au plus près des gens et de leurs territoires, et nourrissent la conviction qui nous rassemble aujourd’hui : une autre vi(ll)e est possible ! Confortés par ces nouvelles procédures, des projets architecturaux et urbains responsables, économes et inventifs montrent la voie. En réponse aux attentes immédiates, ces mouvements plus ou moins rebelles prennent de l’ampleur. C’est la logique du bottom up, l’innovation ascendante qui se méfie des solutions imposées par une élite déconnectée du terrain. Animées par un engagement bienveillant et nourries par une économie alternative autour du partage et du réemploi, ces opérations préfèrent l’intelligence collective à l’injonction de participer, le ménagement à l’aménagement, les

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© nicolas haverland

Après avoir été porteuses d’innovations au cours des dix dernières années, les notions de « ville durable » et d’éco quartier se réduisent désormais trop souvent à un outil marketing pour verdir les projets d’aménagements. Quant aux pratiques actuelles, elles ne sont pas du tout à la hauteur des ruptures nécessaires dans nos modes de vie et nos manières de travailler, de nous déplacer et de consommer.

besoins sociaux à la norme imposée, la transformation de l’existant à la démolition/reconstruction, les usages nouveaux à l’habitude, le collaboratif à l’individualisme, le low-tech au hightech, la créativité au prémâché, la proximité à la mobilité contrainte, le juste temps à l’accélération imposée, l’humanité à la technicité… Misant sur l’intelligence, l’inventivité et la maîtrise d’usage du numérique pour imaginer des réponses adaptées à chaque contexte, ces nouvelles méthodes s’affranchissent de règles peu à peu stratifiées et fossilisées, qui empêchent les professions d’évoluer alors qu’une profonde et indispensable mutation s’annonce. Au-delà de la promotion classique, ces démarches visent la qualité d’usage des bâtiments et lient leur performance écologique au territoire pour s’en réapproprier le destin. Elles créent ainsi une urbanité plus vive, plus mouvante et plus réactive, à l’image d’une société en transition…

Inspirées par un engagement citoyen et une éthique environnementale, ces manières inédites de produire la ville et les territoires urbanisés vont directement à l’essentiel, mettent les désirs et la participation de l’habitant au centre de la démarche, et misent sur la sobriété et l’évolutivité. L’hybridation des moyens et la coopération de multiples « acteurs » culturels, associatifs, sportifs et économiques, de tous les âges, constituent la réponse attendue aux défis environnementaux, sociaux et économiques. En s’appuyant sur de nouveaux modes de financement et de gouvernance, ces pratiques bouleversent le rôle de chacun par une mutualisation plus judicieuse des lieux, des équipements et des services, à toutes les échelles. Elles suscitent ainsi l’émergence d’une nouvelle culture de « l’en commun ». La pertinence vient du pluralisme des choix, de la diversité des pratiques et de la nouvelle territorialité du politique. Activons la vitalité de la société locale et favorisons l’audace, l’ouverture et la créativité. Construisons ensemble une ville écoresponsable et porteuse d’un nouveau sens humaniste, solidaire et équitable. Coauteurs jean-marc gancille et philippe barre, co-fondateurs de Darwin Écosystème dominique gauzin-müller, rédactrice en chef d’EK/EcologiK bruno lhoste, président d’Inddigo,co-fondateur d’écoquartiers.fr philippe madec, architecte urbaniste thierry paquot, philosophe de l’urbain en attendant votre signature par mail à manifeste@eco-quartiers.fr * cop 21 : la conférence des Nations unies sur les changements climatiques



PUBLI-INFO

DOREMAIL

UNE AVENTURE TUNISIENNE Nous avons choisi dans ce numéro de mettre Dorémail sous les feux des projecteurs. Cette entreprise a su se démarquer dès le début par une démarche très spécifique, particulièrement attentive à l’expérience sensible du client. Dans ce sens, l’entreprise a depuis le début, misé sur son département recherche et développement, pour définir sa ligne de produits mais également pour la mettre en valeur et la scénariser dans ses showrooms. Son dynamisme sous-tendu par un concept store évolutif, a retenu tout notre intérêt. Créée en 1984, Dorémail est à l’origine une unité d’émaillage de carreaux céramiques. Parallèlement à sa production industrielle, l’entreprise développe rapidement un atelier de décoration manuelle proposant une production artisanale de grande qualité. Depuis elle n’a eu de cesse de diversifier ses activités. Aujourd’hui elle compte parmi les fabricants et les importateurs les plus exigeants du domaine. Elle devient un partenaire, incontournable pour les architectes et les professionnels du bâtiment de la place. Revendiquant une identité tunisienne ancrée dans son histoire, Dorémail a su allier tradition et modernité dans sa production. C’est ce qu’a cherché à matérialiser Memia Taktak de l’agence Dzeta à travers la première refonte du showroom situé route de La Marsa (en 2009). C’est ainsi qu’elle a créé une scénographie mettant en relief le caractère dual de la marque. Deux ambiances différentes furent mises en interaction, l’une minimaliste, ouverte, lumineuse, dédiée à l’exposition de la ligne moderne et l’autre plus théâtrale, « l’écrin bleu », pour la mise en valeur muséale d’une ligne de produits plus traditionnels, peinte à

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la main, plus précieuse. Des ensembles composés sont ainsi proposés au visiteur profane lui suggérant des ambiances réalistes dans lesquelles il peut se projeter. Ultime attention portée au visiteur, des espaces pour enfants sont prévus pour les occuper le temps de permettre aux parents de faire tranquillement leur choix. La façade sur la route de La Marsa est conçue sous forme de vitrine, l’entrée donnant sur la rue secondaire. En 2012, l’évolution de l’activité par l’introduction de produits complémentaires en vue de diversifier l’offre de l’entreprise a généré un besoin accru en espace d’exposition. L’opportunité s’est présentée de doubler la surface du showroom et un projet d’extension et de restructuration du showroom a été confié à l’architecte et responsable design produit de l’entreprise. Dans le respect de la charte arrêtée en 2009, l’idée est de proposer un parcours narratif de Dorémail et de son identité tunisienne dans le but de se rapprocher du visiteur, de susciter en lui un sentiment d’appartenance et de lui permettre ainsi de s’approprier l’espace. Le parti


pris est celui d’un espace ouvert, fluide, flexible au besoin, ponctué d’échappées visuelles effaçant ainsi la distance avec le visiteur. Un parcours en boucle composé de mises en scènes différentes est dessiné. Les textures variées des revêtements de sol parcourus et les sonorités nuancées des écoulements de l’eau contribuent à la scénographie sensorielle de l’ensemble. La signalétique minimaliste sert subtilement de fil conducteur. L’ouverture savamment dosée sur l’extérieur, avec des vitrines d’exposition accessibles intégrées au parcours, permet une interaction entre l’intérieur et l’extérieur intéressante à plus d’un titre. En premier lieu, la vue sur l’environnement extérieur ainsi que l’apport de lumière, provenant des mètres linéaires de façade supplémentaires, sont rassurantes pour le visiteur. Cette ouverture a également l’avantage d’effacer les effets gênants de la hauteur sous plafond d’origine, particulièrement basse pour des locaux commerciaux. En deuxième lieu, l’animation

du magasin visible depuis l’extérieur, grâce à ses grandes vitrines rend l’espace plus attractif et renforce sa visibilité. De plus, elle agrémente l’espace public et participe à le rendre plus vivant. Des matériauthèques réservées à chaque typologie de produit constituent de véritables espaces de travail plus particulièrement adressés aux professionnels, leur permettant de manipuler, composer, concevoir et finalement opérer des choix d’ensemble assurés. La cohérence de la démarche de l’entreprise, les moyens et l’intelligence mis en œuvre pour l’aboutir, méritent d’être salués. Elle milite pour l’amélioration de la qualité de notre cadre bâti. Dans ce sens, on garde l’espoir que l’exclusivité de l’offre, de produits de gamme moyenne à luxueuse, s’élargisse encore pour se rapprocher d’une clientèle moins nantie mais tout autant en attente de qualité. ■ Alia Ben Ayed


NEWS INTERNATIONALES

House of Dior

Histoire d’une architecture haute couture Dans le quartier de Chungdam Dong, à Séoul, la toute nouvelle boutique ‘House of Dior’ a ouvert ses portes. Focus sur l’histoire de cet édifice hors normes, imaginé par l’architecte Christian de Portzamparc, et inspiré par la haute couture de la Maison. Dans son atelier parisien, Christian de Portzamparc mène ses premières recherches sur la future silhouette du bâtiment. De croquis en modélisations, le drapé de la construction se modifie peu à peu, jusqu’à trouver enfin sa forme définitive : celle de onze voiles, figées dans un mouvement souple et fluide. Transformer cette esquisse en édifice représente alors un véritable défi. Dans l’atelier, l’heure est à l’expérimentation. Pour les volutes de la façade, on utilisera un composé de résine, de plâtre et de toile, comme pour la coque d’un bateau, en reproduisant le motif d’un tissage. Et pour chaque voile, un immense moule devra être réalisé tout spécialement.

© Nicolas Borel

L’histoire de la boutique se poursuit à Séoul, où toutes les composantes du bâtiment sont fabriquées et montées, dans un travail d’étroite collaboration entre les équipes coréennes qui œuvrent sur place, celles de Dior et celles de l’architecte. Lorsque toutes les pièces sont terminées, il s’agit de les transporter des ateliers où elles ont été réalisées jusqu’à l’adresse de la future boutique. Les coques de résine qui figurent le drapé, mesurent jusqu’à vingt mètres de hauteur et exigent des efforts logistiques sans précédent. Chacune, soigneusement fixée sur une gigantesque remorque, est transportée en convoi exceptionnel, escortée par des voitures de police. Les autoroutes et le centre-ville de Séoul, que traverse ce cortège titanesque, sont même bloqués pour l’occasion. Et l’opération recommence pour chacune des onze composantes de la façade. A leur arrivée sur le chantier, deux grues sont nécessaires pour les soulever, les ériger à la verticale et les ajuster entre elles. C’est un travail aussi colossal que minutieux : l’espace qui les sépare doit être précisément respecté, pour leur permettre de s’adapter en fonction de la déformation naturelle des matériaux. Mais également pour laisser apparaître le subtil interstice figurant les coutures de cet édifice couture. L’intérieur de cette robe monumentale est fait de bois, © Nicolas Borel de laques, de cuir, de tissages étonnants et de mélanges innovants qui stimulent les sens, à l’instar des étoffes des robes Cyclone et Cocotte, dessinées par Christian Dior en 1948. ■

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NEWS INTERNATIONALES

une star de l'architecture signe le nouveau siège de Facebook Les géants du web ne reculent devant rien pour attirer et retenir leurs talents dans un marché ultracompétitif, et s'assurer que leurs employés passent le plus clair de leur temps au travail. A l’instar de Google qui a sollicité Bjarke Ingels, Groupe (BIG), ou d’Apple qui a fait appel à l’architecte britannique Norman Foster, à leur tour les dirigeants de Facebook ont sollicité l’architecte de renom Frank Gehry pour la conception de leur nouveau siège social. Conçu comme de véritables lieux de vie et de travail, les projets ont en commun d’anticiper la mobilité du futur, en créant des quartiers de travail et loisirs entièrement piéton. Initialement concentrée sur le service Facebook, la firme qui gère désormais Instagram et Whatsapp, a confié son nouveau siège à l’architecte américain Frank Gehry. Le personnage est notamment connu pour la réalisation de plusieurs édifices spectaculaires dont le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, le Musée Bilbao de Guggenheim et plus récemment, à Paris, la Fondation Louis Vuitton.

Le "plus grand bureau ouvert du monde" : c'est le nouveau campus du réseau social Facebook, intitulé "MPK 20", annonce Mark Zuckerberg avec une photo sur son compte Facebook. Sur le toit, un parc de quatre hectares sur lequel auraient été plantés 400 arbres, et qui comporte "des sentiers et beaucoup d'espaces naturels où s'asseoir et travailler".

Le nouveau siège de Facebook qui répond au nom de code MPK20, est implanté près de la baie de San Francisco sur un terrain d’une superficie de 89.000 m2. Il accueillera l’ensemble des équipes Recherche & Développement (graphistes, chefs de produits, ingénieurs). Le bâtiment mesurera précisément 40.500 m2 et sa hauteur sera comprise entre 13 et 23 mètres. Edifié au-dessus d’un parking, l’espace de travail sera coiffé d’un espace vert immense qui, en réalité, s’apparentera davantage à un parc qu’à un jardin d’entreprise. Sur le toit seront aménagés quelques cafés en extérieur, ainsi que des bancs de travail et des barbecues. L’un des bâtiments pourra accueillir à lui seul 10.000 salariés dans une seule pièce. Exit la fantaisie ! Frank Gehry avait notamment dû revoir sa copie à ce sujet. Plusieurs éléments du projet ont ainsi été retirés au motif qu’ils étaient trop tape-à-l’œil et pas en adéquation avec l’esprit de la marque Facebook, privilégiant le fonctionnel à la forme. Pour Mark Zuckerberg, le bâtiment a été conçu comme « le plus grand open space du monde, soit une seule pièce abritant des milliers de gens », un gigantesque espace complété par un parc d’environ 4 hectares prenant place sur le toit du bâtiment. Inaugurée au printemps 2015, la nouvelle réalisation de Frank Gehry entend illustrer avec force la manière dont il est possible de créer un sens de l’espace et de la propriété sur son environnement. Rien n’est laissé au hasard, chez les têtes pensantes de Facebook. Mais le papy de l’architecture a réussi à y mettre son grain de folie. On « Like » ! ■

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Le bureau ouvert est "une pièce unique, qui peut abriter des milliers de gens" explique Mark Zuckerberg dans son statut Facebook. Dans cet open space géant, "il y a de nombreux petits espaces pour les gens qui veulent travailler ensemble". Le bâtiment lui-même est "simple et sans fantaisie", une volonté de Facebook qui tient à montrer "tout le travail qu'il reste à faire pour connecter le monde" avec des locaux au style inachevé. Facebook a par ailleurs travaillé avec 15 artistes pour créer des installations et peintures murales uniques.

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NEWS INTERNATIONALES

batimat 2015

sous le signe de l’innovation, du service et du digital Plus international, tourné vers l’Afrique et orienté vers la détection d’affaires, telles sont les grandes tendances du cru 2015 de Batimat, du 2 au 6 Novembre plus de 2.600 exposants et 354.000 visiteurs était présents à Villepinte au Nord de Paris où Batimat, Idéobain et Interclima+Elec faisaient leur show. L’équipe Archibat a arpenté les allées du salon et a visité les stands des exposants. Le palmarès du concours de l’innovation 210 exposants ont participé à la compétition soutenue cette année encore par l’Ademe. Les entreprises candidates avaient inscrit leurs innovations dans l’une des dix catégories correspondant aux différents secteurs d’activité : gros œuvre ; menuiserie et fermeture ; aménagement intérieur ; aménagement extérieur ; matériel de chantier, outillage et équipement ; informatique et nouvelles technologies ; génie climatique ; systèmes utilisant les énergies renouvelables ; solutions « smart » (home, building, grid) ; salle de bains. Pour cette édition, les inscriptions ont révélé le dynamisme de certains secteurs. C’est le cas de la catégorie Solution ‘smart’ (home-building-grid) dont les projets primés sont le Prieuré – Végétal Id pour sa toiture hydroactive connectée permettant d’optimiser la gestion des eaux pluviales, Qivivo pour son thermostat simple à programmer et à utiliser, et ELM Leblanc et sa nouvelle régulation connectée, ELM touch. On note également la catégorie Menuiserie et fermeture, dans laquelle ont été primés Etna France pour l’ouvre-porte semi-automatique,

IzyDoor, sans connexion électrique, Technal et son concept de fenêtre acoustique active qui isole du bruit même ouverte, Forster pour le système de profilés acier ultra fins, Unico XS, Schüco et son système de façade paramétrique en 3D.

Des espaces de rencontre très fréquentés Les conférences et espaces transversaux ont connu un très gros succès. Il n’est pas besoin d’avoir un décompte chiffré pour voir que les ateliers et les diverses conférences ont attiré un nombreux public. Pour avoir assisté à deux d’entre eux (Mise en relation artisans/prospects sur Internet et Découverte du BIM), nous avons pu constater combien l’audience était importante, débordant dans les allées du salon, et l’auditoire intéressé.

L’Afrique subsaharienne à l’honneur L’Afrique subsaharienne était l’Invitée d’honneur du Mondial du Bâtiment. Forte de nombreuses opportunités de marchés avec une croissance économique durable et résiliente, elle suscite un intérêt commercial croissant. Une occasion permettant de mesurer la vitalité, l’attractivité et la diversité de cette région pour laquelle les enjeux sont immenses et où les projets de chantiers sont très nombreux, avec un focus sur la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Gabon, le Nigéria, le Sénégal et le Tchad !

La participation tunisienne On a noté deux participations tunisiennes au Batimat 2015. La première concerne les ateliers mécaniques industrielles 18

Stand ami Batimat 2015


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