rapport d'études de fin de licence d'architecture

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*rapport d’études

isis roux-pagès 2007-2010


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J’ai un jour eu un coup de coeur. Je suis comme ça. C’était en 2006, dans la grande salle du Corum de Montpellier, lors de la projection du documentaire «Les nouveaux habits de la terre», de François Le Bayon. J’ai su immédiatement que c’était ça que je voulais faire ; construire en terre. A l’époque, je terminais cahin-caha mon diplôme de céramique artisanale à Paris. Je m’y sentais frustrée et immature. Être artiste ou artisan à 22 ans ? Faire des bols et des assiettes que je vendrais hors de prix à des gens aisés ? Courtiser les galeries et courir après la reconnaissance ? Je voulais être utile. A l’époque une question ma taraudait : ‘‘Quel métier exercer au sein de cette société et suivant quelles valeurs ?’’ Puis j’ai un peu oublié et me suis inscrite à la rentrée en licence pro ‘‘création et reprise d’entreprises métiers d’arts’’, sans grande conviction. J’ai revu un an plus tard ce documentaire, et l’émotion, intacte, est revenue, accompagnée d’un déclic : c’est ça que je vais faire. ça correspondait à toutes les valeurs que je souhaitais développer. Écologie, économie, simplicité, esthétique, engagement éthique et politique.

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Craterre. DSA terre. ENSAG. Un peu plus d’un an plus tard, j’étais pour la première fois à Grenoble, avec mes pinceaux et mes crayons pour passer le concours. Trois semaines après la rentrée 2007, la joie m’accompagnait toujours. J’étais au bon endroit, au bon moment. La joie d’apprendre, de faire, de penser ne m’a que rarement quittée et j’ai passé trois ans à travailler dur mais avec plaisir, à poser les pierres les unes sur les autres, à l’image des savoirs et savoir-faire acquis, ceux présentés dans ce livre et les autres. Mais ce qui a contribué à m’émerveiller, à me redonner du souffle et de la foi furent les travaux, les images, les parcours, les idées des ‘‘autres’’, ces autres venus à l’école parler de leur travail ou les autres rencontrés dans les revues. Architectes, constructeurs, paysagistes, jardiniers, urbanistes, graphistes, artistes, ou certainement un peu de tout ça à la fois, leur démarche et leur engagement, leurs travaux, leur humour et leur humilité m’ont fascinée, guidée, donné envie de ; c’est la raison pour laquelle je les présente -pour certains- ici.

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Origine

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Je viens d’un cursus art-artisanat où j’avais un contact privilégié avec la matière terre. J’avais percé, grâce aux cours de chimie, quelques secrets de l’argile et sa manipulation, sa mise en oeuvre et sa cuisson m’étaient familiers. J’ai retrouvé cet heureux contact, simple et chaleureux, lorsque je suis allée ‘‘mettre la main à la pâte’’ dans des chantiers. Le festival Grains d’Isère en 2007 fut l’occasion de découvrir l’utilisation de la terre dans différents modes constructifs, de m’émerveiller une nouvelle fois. Je découvris aussi lors d’une projection le travail d’un architecte coréen, bâtissant en chine des maisons et des écoles. Première sensation d’espace, simple et épuré, premiers frissons devant l’ingéniosité et la poésie qu’il met au service de son architecture. En première année, l’enseignement de Patrice Doat a continué de nourrir mon intérêt en la matière. Les conférences suivies aux Assises Nationales de la Terre Crue, la même année, fortifient mon idée que construire de manière alternative est possible, voire même souhaitable. J’écoute avec plaisir Martin Rauch expliquer comment il s’est passé d’isolation pour sa propre maison alors que la réglementation autrichienne l’impose.

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L’été suivant je décide de suivre une formation à Auroville, au Earth Institute. C’est une expérience instructive, bien que décevante. Ces deux semaines de formation sur la stabilité et la mise en oeuvre d’arc, voûtes et dômes en blocs de terre compressés sont l’occasion de découvrir certains principes transversaux dans la construction : la notion de poussée, corollaire des charges et des forces inhérentes à toute matière et des principes d’économie, notamment de matière, de moyens, et d’énergie. Au fil du temps, j’ai pris du recul par rapport à mon objectif de faire les 5 années d’architecture pour aboutir au DSA proposé par Craterre. Faire de la recherche sur les propriétés mécaniques du matériaux n’est pas ce que je recherche. Et puis entre-temps j’ai découvert d’autres sujets, d’autres problématiques qui me passionnent et qui ne me limitent pas à un matériau de construction. Ce que j’ai gardé, c’est plutôt une sensibilité. Sensibilité aux enjeux écologiques et économiques, à l’innovation et à la réinvention, sensibilité aux possibilités alternatives offertes par des matériaux simples, préexistants, sensibilité au temps du chantier et de la mise en oeuvre.

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comprendre les sociétés

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Comprendre le monde et les idées doit se faire en même temps que concevoir l’avenir, et appréhender le monde qui m’entoure, les mécanismes socio-culturels, les dynamiques politiques et économiques serait impossible sans un retour sur l’Histoire des civilisations. En l’occurrence, à l’école de Grenoble, nous avons la chance d’avoir des enseignements d’histoire de la construction, de l’architecture et des villes non seulement de qualité, mais qui présentent intelligemment l’évolution des formes architecturales et urbaines en relation avec leur contexte sociétal. Les cours de Philippe Potié, de Sophie Paviol puis de Catherine Maumi m’ont permis d’avoir un aperçu complet des différents mouvements architecturaux ; mais parce qu’ils présentent l’Histoire ancrée dans son temps philosophique, social, politique et économique, j’ai appris à voir l’architecture comme une expression des idéaux et de la culture humaine.

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Les formes ne naissent donc pas spontanément, par hasard. J’ai compris qu’elles émanaient d’une organisation sociale, politique, ou d’une représentation philosophique, voire cosmogonique du monde. Elles sont tributaires non seulement des environnements naturels, mais aussi des circonstances économiques, des mouvements démographiques et des représentations du pouvoir qu’ont connus les peuples. Découvrir d’où étaient nées les villes fut passionnant, car je n’avais jamais questionné l’origine du concept. Et comprendre la longue évolution de nos villes actuelles, les mutations subies, les déclins et les avancées permet d’acquérir une grille de lecture complète pour appréhender le présent et imaginer l’avenir. J’ai pu enfin faire la différence entre ‘‘urbs’’ et ‘‘civitas’’, saisir que ce qui fait ville n’est pas la concentration physique du bâti, mais bien, à mon sens, le tissu social et citoyen vivant et métissé.

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En troisième année, le Cours de Sophie Paviol aborde le post-modernisme et présente les architectes qui, à partir des années 1960, remirent en cause les principes fonctionnalistes et rationalistes. Cet enseignement m’a semblé capital, car après deux ans à baigner dans une culture référentielle moderne où ‘‘Mies’’ et ‘‘Corbu’’ régnaient en dictateur, j’eus besoin de comprendre comment on avait pu dépasser ces idéologies technocratiques, comment d’autres théories allaient se construire, et même comment est-ce qu’on avait continué à faire les mêmes erreurs. La lecture de l’Enseignement de Las Vegas, où la critique envers le mouvement moderne se fait particulièrement virulente, puis des recherches sur Team X, Yona Friedman et Archigram me permirent d’entrevoir, particulièrement dans les réflexions centrées sur l’habitat, ce qui pouvait faire le lien entre notre incontournable héritage moderne et la pensée contemporaine de l’architecture. ‘‘Aux antipodes de la conception moderne d’un hommemachine habitant un espace standardisé’’, les réflexions des années 1960 puis 1970, à mon grand bonheur, inclurent les sciences humaines et les préoccupations sociales pour penser le projet. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les innovations sociales acquises hier sont-elles toujours pertinentes aujourd’hui ? Et comment est-ce que l’architecture va pouvoir s’inventer demain, ne pas se perdre dans un langage formel toujours plus complexe et être le reflet de sociétés en mutations ?

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habiter autrement

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L’apprentissage du projet en première année, passe selon moi par l’analyse et l’expérience de ce qu’est habiter l’espace. La mesure de l’homme, l’échelle des volumes, le jeu de la lumière entrent dans la ronde de la composition architecturale. Si étudier la maison est un exercice archétypique en première année, j’ai tenté d’exercer l’art de la composition sur d’autres projets, comme celui de l’atelier lumineux. C’est peut être ce que j’ai trouvé de plus difficile, car composer purement [et savamment] le jeu des volumes sous la lumière relève selon moi de l’art et du génie. Esquisse jugée ‘‘simple’’, presque ‘‘simpliste’’, ce projet est la tentative d’une certaine radicalité dans la mise en forme, sans chichis ni effets de style. Là je compris, apprenant beaucoup des corrections de jurys, qu’il faudrait toujours préférer des solutions simples, épurées pour ne pas diluer la force des idées et se perdre dans du verbiage architectural.

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Analyser les maisons emblématiques de l’architecture du XXè siècle est une chose essentielle pour former le regard mais amène peu d’éléments au sujet des manières d’habiter. Les cours d’Aysegül Cankat sont à ce propos très pertinents et le travail de recherche demandé en TD m’a sensibilisé à l’anthropologie de l’espace et à la sociologie de la maison. ‘‘L’habitat comme matérialisation des croyances’’, synthèse s’appuyant sur l’habitat traditionnel et la représentation de l’espace du peuple Inuit, a été l’occasion de comprendre que les cultures d’habitat sont fondamentalement ancrées dans un environnement, tributaires d’une représentation cosmologique et spirituelle du monde. Ces cultures sont-elles en voies de disparition ? Avec l’occidentalisation croissante des modes de vie à l’oeuvre sur toute la planète, on voit que les habitats sont de plus en plus standardisés. Comment redonner un sens profond, culturel voire métaphysique, à la forme de l’habitat, tout en l’adaptant aux nouveaux usages et aux mutations des sociétés ? Mon rapport de presse, qui traite de l’architecture participative actuelle, me donna des éléments de réponse. En découvrant une multitude de projets alternatifs et informels, faits en concertation avec les populations locales, j’ai été séduite par la fraîcheur et la beauté, la poésie, la simplicité et l’innovation de ces architectures ‘‘low-cost’’. ‘‘Poser le regard sur les actions informelles qui remplissent les paysages et les territoires urbains. Habitations soutenues, la plupart du temps, seulement par leur propre précarité’’ me semble un acte nécessaire pour l’architecte désireux de construire engagé.

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Mais les mutations actuelles concernant l’habitat dépassent le cadre des traditions architecturales ; elles concernent aujourd’hui l’environnement, la mobilité, la précarité ou l’éclatement des structures familiales. Contredisant les ensembles de logements à moyenne ou grande échelle qui poussent un peu partout en Europe et dans le monde, les exemples de micro-architecture rencontrés çà et là m’ont à chaque fois fait tilter. Croisant une intelligence technique, une économie de moyens et de matière, et une sensibilité esthétique minimale souvent issue de l’univers industriel, ces petits objets m’ont intéressée car ils présentent à mes yeux une réponse, partielle mais pertinente, aux problèmes du logement des plus démunis, de l’habitat d’urgence, ou même du désir d’habiter autrement des bobos européens.

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J’ai vite compris, d’ailleurs, que concevoir des maisons individuelles et livrer une oeuvre signée n’était pas mon objectif. L’école de Grenoble nous sensibilise d’ailleurs très tôt à la problématique de l’habitat intermédiaire et dense, pour résoudre les problèmes posés par l’étalement urbain. Le projet d’habitat réalisé en deuxième année m’a amené à me confronter réellement à l’implantation de deux maisons sur une même parcelle, à me poser la question de la cohabitation des usages, respect de l’intimité mais aussi de la possibilité d’un espace commun. Je me souviens de Philippe Liveneau me disant qu’aux Pays-Bas, les gens se fichaient qu’on les voit chez eux ; ils n’avaient rien à cacher. Tandis qu’en France, la culture du chacun chez soi a encore de beaux jours devant elle. L’architecte devrait pouvoir avoir un rôle dans la transformation de cette tendance, si elle n’était pas nourrie par le discours sur l’insécurité. Les mouvements d’habitats coopératifs, découverts en première année à une réunion d’information prenant appui sur l’exemple du Québec, vont se développer et avec eux c’est une nouvelle culture d’habiter qui se met en place. Culture à construire, que l’architecte peut aider à matérialiser à travers un bâtiment pensé comme un tout et laissant libre cours à l’appropriation. Les 4 heures que je passai dans l’exposition ‘‘habiter écologique’’ confirmèrent mon envie de participer à la démocratisation de cette forme d’être ensemble, écologique et humaine, initiée il y a déjà 50 ans par Yona Friedman.

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écologie : stratégies vs matériaux

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Écologie, développement durable, on ne parle plus que de ça. Le rapport Brundtland, ‘‘notre avenir à tous’’, date de 1987. Pour moi, l’heure n’est plus à la prise de conscience, mais à la recherche d’actions, de solutions, à mettre en place dans ma vie comme dans mon activité professionnelle. Heureusement l’école est engagée fortement dans cette démarche de développement écologique, et j’ai acquis très vite sa culture d’établissement, orientée vers le respect environnemental, les économies d’énergie et les solutions durables. Attention toutefois au ‘‘greenwashing’’, cette tendance à verdir les produits, le marketing, l’image des politiques, et même jusqu’aux plus gros 4x4 !! Attention à garder un oeil critique sur la flopée de nouveaux matériaux ‘‘labellisés’’, sur l’impact de la démarche HQE et sur les coûts cachés des dispositifs si ‘‘développement durable’’. Après la lecture de ce livre de Sylvie Brunel, qui secoue un peu les idées vagues en vogue dans la société, et après la conférence ‘‘actualités du Grenelle de l’environnement’’, je suis devenue extrêmement pointilleuse quant à l’impact réel des démarches écologiques. D’ailleurs à la logique du développement durable, qui ne remet pas en cause l’idéologie de la croissance et propose de continuer à consommer et à polluer ‘durable’, je propose le terme ‘‘d’existence soutenable’’, qui recentre les efforts de la société vers l’invention d’une vie respectueuse et agréable, vers la création d’espaces de vie confortables et sains, sans départir les générations futures de cette même possibilité.

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Mes lectures personnelles alimentent beaucoup, et ma réflexion politique et mes velléités professionnelles. Abonnée depuis 5 ans à ‘‘S!lence’’, qui traite d’écologie, de citoyenneté et de non violence, et lectrice occasionnelle de ‘‘la décroissance’’, je considère les principes d’économie de ressources et de moyens comme acquis. Recycler, réutiliser, réemployer, récupérer ce qui a déjà servi devient une esthétique du quotidien et un moteur pour de nouvelles relations sociales. C’est aussi vrai en architecture et dans la construction où l’emploi légal de matériaux de réemploi est aujourd’hui un vrai défi. Mais l’écologie, dans l’aménagement du territoire et de la ville, peut aussi se penser au niveau des dynamiques économiques et sociales. C’est en tout cas une pensée systémique et stratégique que je souhaiterais développer en tant que future-architecte.

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‘‘Toute action consiste, par un apport d’énergie, à organiser des éléments qui sont en désordre. Dans la fabrication d’un objet, on organise la matière, on met de l’ordre dans ses composants. Plus on utilise d’énergie, plus on installe de l’ordre, de la hiérarchie et des interactions entre les composants. On rend l’objet plus complexe : plus stable et détenteur de mémoire.’’ Cette citation de Jean-Marc Huygen introduit la notion d’entropie, et m’a offerte une nouvelle façon de voir la matière et ses transformations. Utiliser les matériaux au maximum de leurs potentiels avant de les retransformer est une stratégie développée également par le Rural Studio, en Alabama, dont la découverte fut un de mes coups de coeur. En plus de concevoir des logements et des équipements pour les plus démunis, les étudiants du Rural Studio réfléchissent à des solutions innovantes pour mettre en oeuvre des produits de rebut, des déchets et des matériaux recyclés. Sans y réfléchir, les habitants des bidonvilles du monde entier partagent cette démarche. Et l’apprentissage que peut y faire l’architecte est colossal, dans l’intelligence de l’agencement et la spontanéité des formes qui en découlent. A moi d’aller maintenant voir ça de mes propres yeux, de plus près, comme Christophe Hutin, architecte français qui partit observer les shacks en Afrique du Sud et en revint transformé.

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Penser les matériaux, leur cycle de production et de vie dans le projet m’est apparu indispensable en deuxième année. Puis progressivement l’idée de penser la durée de vie des bâtiments s’est imposée comme une stratégie écologique ‘‘durable’’, à l’écoute des conférences de gens comme Jacques Ferrier, Patrick Bouchain ou Gilles Clément. Ce sont les recherches et les expériences de ces architectes/ paysagistes et penseurs qui m’ont fait comprendre que la soutenabilité ou l’écologie se développait surtout au sein de stratégies efficaces et innovantes. Ces stratégies prennent appui sur l’interprétation des textes de loi -Patrick Bouchain et ses 1% artistique, culturel, social-, sur l’observation de la nature et le renoncement à l’action -Gilles Clément et son jardin en mouvement. ‘‘Faire le plus possible avec et le moins possible contre’’- ou sur le croisement et la mixité des usages et l’innovation technologique -Jacques Ferrier et l’optimisation de l’occupation de locaux de bureaux. A la fin de ma deuxième année, ma découverte d’Inca Architecture et mon stage chez Gilles Marty ont achevé de me convertir à une pensée tactique rusée, large et pleine d’humour, à base de réutilisations et de détournements et prenant le contre-pied du progrès en affirmant ironiquement que ‘‘les meilleurs mètres carrés sont ceux que l’on ne construit pas’’.

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C’est en fin de troisième année que j’ai pu enfin entamer personnellement une réflexion stratégique environnementale et territoriale, sur le projet d’aménagement du site de Champagneux. Notre positionnement à l’échelle du territoire, après analyse des problématiques du site, consiste en une moindre intervention. Par conséquent, les principes d’aménagement résident dans l’utilisation et la requalification de l’existant -raccorder et connecter-, dans la préservation des zones naturelles protégées -préserver et ne pas intervenir-, dans la recréation d’environnements naturels biologiques et dans l’implantation d’architectures ‘‘acupuncturales’’, démontables et à durée de vie limitée. C’est tout à fait dans cette logique presque ‘‘décroissante’’ que j’envisage ma pratique future. Traiter ainsi toutes les échelles, du territoire au détail constructif, avec le souci de l’utilisation maximale des potentiels est ce qui motive profondément aujourd’hui mon envie de faire de l’architecture.

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territoires et villes de demain

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La ville a toujours été mon environnement quotidien et depuis longtemps j’alimente mon regard sur elle avec des balades, des photos, des vidéos et beaucoup de curiosité. C’est en début de première année que la conférence de Cynthia Ghorra-Gobin ‘‘Who killed the public spaces ? ’’ est arrivée à me faire prendre conscience que cet environnement si familier posait beaucoup de questions aujourd’hui chez les chercheurs. La ville serait morte, on vivrait l’ère des ‘‘après-ville’’, des villes 2.0, faisant le constat d’une dislocation ou d’une mutation du tissu urbain contemporain. La perte de l’échelle locale liée à l’extension indéfinie de la périurbanisation ou à la globalisation des échanges, couplée aux défis environnementaux majeurs de réduction des émissions de carbone donne énormément de pain sur la planche des urbanistes, architectes et paysagistes. Ces questions me tiennent à coeur. Elles me donnent férocement envie d’agir, à l’échelle de mon quotidien mais aussi dans le cadre de ma future profession, de surcroît lorsque l’on sait que bientôt 50 % de la population vivra dans les villes, il y a du travail !

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Système et réseau : Commande directe via interface numérique

dépôt en ville

dépôt à la campagne Transport

produits

consommateurs

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produits

producteurs


Les architectes ont d’ailleurs récemment été mis à contribution dans la consultation sur le futur du Grand Paris et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai assisté à la présentation de la proposition de Studio 09, lors de la conférence de Paola Vigano sur ‘‘la ville poreuse’’, à l’école. A mon échelle, je ne dispose pas de suffisamment d’outils et de connaissances pour tenter un travail aussi fin et complet. Mais, en début de troisième année, ma binôme et moi avons tenté de développer une réflexion sur le territoire de Grenoble, en studio avec Gilles Marty. Forte de mon investissement dans une Amap -association pour le maintien d’une agriculture paysanne-, nous avons amorcé un projet de transformation des circuits d’approvisionnement en produits agricoles qui réconcilierait la ville avec son territoire local et lui redonnerait un certain degré d’autonomie alimentaire. Ce projet n’a pas pu être développé, car, aux dires de nos ‘‘commanditaires’’, la dimension technologique inhérente à l’exercice n’était pas assez poussée. Toujours est-il que réfléchir à cette problématique de la provenance des produits consommés en ville et de l’autosuffisance relative des territoires urbains m’a donné envie de poursuivre une démarche de recherche d’alternatives à la délocalisation et à la marchandisation propres à notre système économique et politique.

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Les recherches d’alternatives que je poursuis depuis le début de mon entrée en architecture ont trouvé un morceau de réponse dans la notion de ville recyclée et de ville informelle. Un travail fait en première année sur la reconversion des friches industrielles et des présentations de travaux sur le même thème m’ont montré que recycler la ville était non seulement nécessaire aujourd’hui, mais aussi pouvait apporter une réelle valeur ajoutée sociale et relationnelle. L’exemple d’Emscher Park est un modèle, à l’instar de nombreux projets découverts à l’agence Inca de reconversion de sites en lieux de loisirs, de découverte ou de mémoire. A l’opposé complet de la ‘‘tabula rasa’’ des modernes, ces projets m’ont fait prendre conscience de la richesse esthétique et fonctionnelle potentielle de lieux délaissés et inutilisés.

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J’ai constaté avec amusement que ces lieux pouvait aussi être investis et transformés par des non professionnels. La part de métamorphose informelle des villes est surprenante, et aujourd’hui se voit relayée par des associations, centres culturels et collectifs transdisciplinaires qui en font la promotion active, comme, en France, l’Atelier d’Architecture Auto-gérée Allant encore une fois à contre-courant des programmes d’aménagement officiels et de la pensée majoritaire, ces actions impliquent souvent des architectes, dont le travail, à mains nues et avec les moyens du bord, est souvent extrêmement pertinent. Actions de détournement d’objets et de mobiliers urbains, appropriation de lieux en friche, de fruits ou plantes comestibles poussant sur la voie publique ou d’espaces publics comme ceux du stationnement automobile transformé en mini-jardins, ces stratégies urbaines visent à créer une ville informelle, à l’image et à la portée de la société civile qui y vit. Les moyens d’actions comme les objets produits devraient inspirer les architectes dans leur pensée de l’architecture et de la ville. En tout cas, ces stratégies d’appropriation nourrissent ma vision de la ville, où l’architecte pourrait au moins laisser la possibilité pour que ces ‘‘accidents’’ surgissent.

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Enfant de la fin du siècle, je n’ai absolument pas pu échapper à l’emprise du développement des NTIC -nouvelles technologies de l’information et de la communication, et suis, comme bon nombre de mes collègues, addict de la communication par internet. En troisième année, j’ai pu mettre mes ‘‘compétences’’ au service du projet sur les objets communicants, en studio Marty. ‘‘Ces objets communicants, intelligents, sont-ils capables de générer de nouveaux espaces publics, de produire de nouvelles formes de sociabilité, de créer de nouvelles relations humaines et sociales, elles-mêmes capables de transformer positivement la ville ?’’ était la question posée. Envisager la transformation des villes aujourd’hui ne peut pas se faire sans la prise en compte des nouveaux ‘‘territoires numériques’’, considérés comme des doubles immatériels, et pourtant bien agissant, des territoires physiques. A l’ère de la société de l’information, cette conception de la ville numérique sévit en architecture et en design et pour moi prend sa forme la plus cohérente lorsqu’elle s’attache à résoudre des problèmes matériels avec des solutions immatérielles. Encore faut-il que les problèmes donnés aient à mes yeux une véritable pertinence, car pour ce qui est du projet imaginé en studio Marty, ma binôme et moi avions tellement peiné que notre projet ne s’attaquait plus qu’à une question bien trop futile à mes yeux : celle de l’engouement pour la mode et les ‘‘styles’’ vestimentaires.

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Cette réflexion sur les problématiques urbaines ne peut pas être menée correctement sans une analyse détaillée des usages d’hier, d’aujourd’hui et de demain. La ville, au fur et à mesure de mon avancée dans les études, m’est apparue plus comme un support à la vie humaine que comme un amas de béton et de verre. Les travaux menés en sociologie urbaine ont été une bonne initiation à un regard pertinent sur la ville, à travers l’analyse du fonctionnement et de l’utilisation des espaces publics. J’ai appris à faire la différence entre fonction et usage, voyant que les usages planifiés par les architectes et les urbanistes ne se manifestaient pas systématiquement et que les espaces et les lieux oubliés du projet pouvaient être à l’inverse exploités ‘‘sauvagement’’. L’exemple des assises ou des bancs publics est flagrant et on en observe parfois des rangées entières vides. Pourquoi ? Qu’est-ce qui fait que les gens ne font pas ce qu’on avait imaginé ? Comment penser les aménagements pour qu’ils ‘‘marchent’’ ? Qu’est-ce qui fait qu’une place publique est agréable ?

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A l’inverse, comment rendre une place publique agréable ? Comment la rendre fluide, attractive, fonctionnelle et facile à entretenir ? Ce sont des questions que je me suis posé en abordant l’exercice de deuxième année de la halle de marché. Exercice sensé aborder des questions constructives mais qui s’implantait sur une place publique virtuelle de 2500 m². Avant de résoudre des questions de structure, je me suis intéressée à ce que pouvait être le fonctionnement de cette place dont on n’avait aucune indication. J’ai commencé par spéculer sur les sens de circulations, l’ensoleillement, les tracés piétons venant des rues avoisinantes et les lieux de rassemblement spontanés. Comprenant que ces tracés étaient disparates et changeants, j’ai opté pour le pixel comme outil de conception systématique de l’aménagement, pixel rectangulaire dont les proportions se retrouvaient dans le quadrillage de la place, dans les élévations et la toiture de la halle de marché. Le résultat ne m’importe pas ici ; ce sont les questions sur les hypothétiques usages d’un site, le lien qu’ils auront avec le futur ouvrage, et la possibilité de les utiliser ou de les transformer qui m’ont guidées dans ma stratégie architecturale.

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Là où j’ai pu mettre en oeuvre une réflexion basée sur les usages réels du site fut le dernier projet en date, celui d’aménagement du site de Champagneux. Un site réel, parcouru, visité avec les élus et techniciens responsables de sa gestion, revisité et revisité encore -une chance ! Un site dont nous avons pu rencontrer les usagers pour les questionner et nous rendre compte des pratiques réelles qui s’y déroulent. Récolter les données concrètes et ne pas spéculer sur des ‘‘peut-être’’ fut un des matériau de base du projet et, je m’en rends compte, une chance car la réalité professionnelle ne laisse apparemment guère de temps pour le faire. Ensuite que faire de ces données, de ces observations de la vie des gens et de leurs habitudes ? Sont-ils immuables ? Sont-ils tributaires du lieu et des formes de l’espace ? C’est alors le moment d’agir avec délicatesse, pour ne pas trop perturber, mais tenter d’induire le changement et l’amélioration. Avec les outils que j’ai en main aujourd’hui, la méthode que j’imagine est de ne pas trop vouloir en faire et faire confiance aux usagers, essayer de leur laisser une part d’appropriation. Mais qu’est-ce que l’appropriation ? C’est la liberté ? Alors comment dessiner une maison, un bâtiment, un espace libre ? Ne concevoir qu’un socle, un rack, un réceptacle, sans trop de programme, un support, et malgré tout faire de l’architecture ; c’est ce que j’aimerais développer par la suite.

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construire le paysage

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Ma volonté d’en faire le moins possible, en tout cas le moins possible contre, prend tout son sens dans le traitement de l’environnement et du paysage. C’est en deuxième année, pour un projet de plateforme d’interprétation et d’aménagement de plage à Paladru, que j’ai commencé à mettre en pratique cette idée d’impact minimum. De surcroît, terrasser un terrain coûte cher en argent et en énergie ; dans ce cas de terrain en pente, une des stratégies proposées résidait dans le fait de poser l’objet construit sur pilotis pour qu’il s’adapte à la pente librement, libérant l’espace résiduel en-dessous et permettant un lien visuel avec le lac en contrebas. La peau du bâtiment est conçue elle aussi pour se fondre dans le paysage, car l’impact visuel est aussi à maîtriser : c’est un revêtement de tôle métallique qui réfléchit la couleur du ciel et crée des effets bleutés. La même démarche a été appliquée pour le projet d’implantation d’éco-lodges à La Réunion, mené pendant mon stage chez Inca. Les structures légères portées sur un nombre réduits d’appuis permettent une incidence minimum sur le sol et s’ouvrent presque complètement afin de profiter pleinement du panorama. Ces stratégies empruntées pour faire disparaître l’architecture au profit du grand paysage, ou au moins pour diminuer son impact au sol, sont une manière, à mon sens de faire acte d’humilité et de redonner toute sa valeur à la nature et à l’environnement.

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C’est la conférence de Gilles Clément qui m’aura le plus donné une idée de ce que peut être une pensée contemporaine du paysage. Sa connaissance et son analyse de la biodiversité a été pour moi une leçon de modestie. Mais ce que j’en garde, c’est le titre qu’il a donné à sa conférence : ‘‘jardins de résistance’’, titre évoquant le projet politique et social contenu dans le projet de paysage. La question de la résistance à un capitalisme qu’il voit comme un modèle destructeur, est de surcroît ‘‘une question planétaire’’. A l’instar de l’association Kokopelli, qui lutte pour continuer à distribuer des semences non cataloguées et ainsi les préserver, beaucoup d’acteurs informels, en France et dans le monde, constituent des sortes de minimaquis, oeuvrant pour l’environnement et contre l’ignorance des politiques. L’exemple des ‘‘green guérilleros’’, mouvement né à New York City dans les années 1970, est concordant avec l’idée de résistance, puisqu’il s’agit de groupes civils s’attaquant à la ville à coup de bombes de graines. Le paysage ainsi créé, sauvage et indiscipliné, devient invisiblement une marque de vie, de liberté et d’émancipation.

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Je me suis rendue compte que si même l’action politique peut devenir paysage, tout peut l’être. Ce n’est pas surprenant si on sait qu’originellement, paysage avait un sens proche de ‘‘pays’’. La lecture cette année de l’ouvrage de John Jackson ‘‘A la découverte du paysage vernaculaire’’, m’a confirmé qu’on pouvait considérer toutes les manifestations de la création humaine comme du paysage, dans la mesure où elles se donnent à voir à l’oeil et portent irrémédiablement un sens. Les alignements de Richard Long, un jardin de sacs plastiques remplis d’eau, mais aussi les visions fugitives de la ville glanées dans les trajets peuvent être des paysages. Le paysage, perspective culturelle, est donc une lecture, une création et une interprétation de l’espace où s’articulent plusieurs plans et où l’on peut identifier des objets, et en cela il est indissociable de l’architecture, qui en fait son pendant imaginé et projeté.

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questions de représentation

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La compétence de base enseignée en architecture fut biensûr le dessin, et dans une plus large mesure la représentation de la réalité. A la main comme à la machine, la représentation peut chercher le réalisme -art dans lequel je ne m’illustre pas-, la précision ou l’expression, mais ce que j’ai compris très tôt c’est qu’en soi le dessin porte déjà une signification. Les bases de la représentation réaliste furent dispensées par Marie-Astrid Creps et tandis que j’apprenais les secrets de l’axonométrie et de la perspective cavalière, les cours de dessin me permettaient une plus grande liberté d’expression. Dans les deux cas, travailler le dessin fut utile dans la compréhension du volume et de l’intrication des plans. Exercice rude mais passionnant de dessiner tout en cherchant la compréhension de l’espace, tout en ayant la sensation des trois dimensions. Cet apprentissage de base est aujourd’hui acquis mais demande de la pratique. Je l’ai exercé durant ces trois ans pour communiquer avec les professeurs de projet, avec mes collègues, mais aussi pour concevoir, pour créer, ou pour synthétiser la pensée.

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Le dessin et la manière de représenter se mettent alors au service de la pensée et du projet pour en donner une traduction symbolique, codifiée, altérée. Utiliser un trait noir, des hachures, une flèche est la base du dessin du plan. Mais à mesure de mon avancement en architecture, j’ai eu envie de chercher mes propres codes de représentations. A la fin de la deuxième année, j’ai commencé à introduire la couleur dans mes géométraux, afin de donner un peu d’expression, de vie et d’ambiance aux espaces. C’est en troisième année que j’ai commencé à maîtriser certains codes graphiques et à comprendre comment les mettre au service du discours et du projet. Recherche fastidieuse, passionnante, mais dans laquelle on ne contrôle pas toujours ce qu’on montre en image, faisant appel à des codes subtils. Traitant des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le travail du semestre nous a posé de vrais défis en terme de représentation, car symboliser le trajet de l’information et les réactions technologiques n’est pas une mince affaire. Le plan de l’espace où s’implantait notre dispositif ‘‘Dress Codec’’ a été l’occasion d’exprimer une ambiance particulière, à défaut de montrer un système communicant présenté plus tard sous forme de diagramme.

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Du coup, rester fidèle au plan, à la réalité des dimensions n’est pas toujours possible. Faire ressortir l’architecture sur un plan masse à l’échelle du territoire, mettre en valeur les traitements paysagers, ou encore exprimer l’idée de hauteur et de profondeur nécessite d’inventer des tas de petites astuces graphiques et surtout beaucoup de temps et d’essais ; utiliser l’ombre, la disproportion, le motif, et surtout s’assurer d’une cohérence graphique, du choix de couleurs harmonieuses. L’outil informatique pour cela est génial et permet de réaliser des effets graphiques qui supportent l’expression. En trois ans j’ai pu considérablement augmenter ma maîtrise de Photoshop, prendre des automatismes et trouver mes propres ‘‘trucs’’, pour commencer à mettre au point un début de ‘‘style’’ graphique. C’est un élément fondamental de ma future pratique, surtout dans la société de l’image dans laquelle on vit, ou l’oeil est constamment sollicité, éduqué, conditionné. J’ai d’ailleurs pu plusieurs fois admiré la qualité graphique de planches de concours et m’en inspirer pour réaliser mes propres images.

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Une référence graphique m’a profondément marquée en deuxième année, c’est l’ouvrage ‘‘urban floatsam’’, manifeste d’urbanisme réalisé par un collectif hollandais nommé Chora. Leur approche du territoire est complexe -tant et si bien que je n’ai pas encore saisi la totalité de leurs concepts- et s’illustre dans des diagrammes, des cartographies et des plans d’une grande beauté qui visent à représenter et à clarifier des idées abstraites. L’utilisation des lettres, des chiffres et de symboles simples (croix, pointillés, traits) engendre une lecture extrêmement claire de leurs cartes. Mes binômes et moi nous en sommes largement inspirées pour mettre en image une analyse faite en deuxième année, analyse ‘‘gestuelle’’ de la Casa Ugalde, de J. A. Coderch. L’utilisation de plusieurs degrés de plans dans l’image, de symboles, et de jeux de couleurs/n&b nous ont permis de mettre l’accent sur la multiplicité des cadrages s’enchaînant dans la maison.

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Mais la traduction d’idées en images peut se détacher des cartes, qui restent une représentation, même altérée, de la réalité. Le diagramme et le schéma sont des outils pertinents qu’on a commencé à utiliser en deuxième année afin de synthétiser nos concepts architecturaux et d’en exprimer la radicalité. Simples, ils permettent d’exprimer une idée forte ; complexe, ils permettent d’agréger plusieurs niveaux d’information. C’est dans cette complexité que je trouve qu’ils deviennent très intéressants. Quand l’image photographique ou la représentation réaliste ne donnent à voir que la réalité phénoménologique en trois dimensions, le schéma et le diagramme permettent de sélectionner les informations utiles et de les mettre en relation entre elles ou avec d’autres données. Le défi est d’obtenir une image lisible et compréhensible qui exprime une idée théorique là où il faudrait de longs textes explicatifs. L’architecture est une discipline si complète et complexe qu’il me semble que ce type de représentation s’y prête efficacement et permet même au non-initié de comprendre l’idée directeur d’un projet.

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synthèse

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Bébés architectes, on est encore. Nos dessins sont maladroits, nos idées mal dégrossies et nous ne savons pas construire. Trois ans après être entrée à l’école, les projets dessinés, les analyses produites sont encore à l’état d’ébauches, ébauches compilées ici avec mes inspirations ; Ce que j’en retiendrai ce sont des questions, des envies-d’aller-plus-loin, des intuitions, des centres d’intérêts, ainsi que quelques outils. Et puis il y a aussi tout ce qui ne me vient pas à l’esprit parce que c’est acquis. Je n’y pense plus. Je garde surtout mon plaisir à travailler. De mon désir premier d’orienter mon activité vers l’architecture de terre, aujourd’hui dépassé, je garde l’envie de construire stratégique, économique, écologique et social. Et cette volonté est soutenue fermement par mes convictions politiques et écologiques. En cette troisième et dernière année, qui ne fut pas la plus facile, je fais le souhait de continuer à travailler sur des problématiques de territoires et de villes, car aborder ces questions et les résoudre m’a semblé incontournable si l’on souhaite un avenir supportable pour tous. Je souhaite donc intégrer le master Aedification, Villes, Grands territoires à l’école de Grenoble pour la rentrée 2011/2012.

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‘‘L’architecture est la réponse simple à des problèmes complexes.’’ et en trois ans, je crois avoir repéré des éléments de réponse qui permettent cette réponse. La chose la plus simple, aujourd’hui en architecture, serait de ne pas construire, l’architecte tentant d’instaurer une réponse immatérielle à un problème matériel. Je dois beaucoup à Gilles Marty qui m’a transmis ces idées simples mais à rebrousse-poil. Et je suis en pleine tentative d’entrer en stage chez ecosistemaurbano à Madrid, qui développe une pensée similaire. A la question ‘‘quelle architecte tu veux être ?’’, j’aurais envie de répondre ‘‘je ne veux pas être architecte’’ mais plutôt inventeur de solutions, créateur d’espaces poétiques, dessinateur de l’avenir, garant du respect de la nature et des hommes. Je le serai car j’aime profondément notre discipline, et si je ne le suis pas, je crois que j’irai élever des chèvres dans le Larzac.

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155 demis de bière 162 litres de café 113 plaques de carton ondulé 78 tubes de colle scotch 26 lames de cutter 11 doigts tailladés 9 séances chez l’osthéopathe 213 heures de charrette 1891 heures devant l’ordinateur 3 ordinateurs 7 clés USB 4 disques durs 17 cartes d’impression 9 formats A0 18 présentations à l’oral 3 gros craquages 1 licence

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Merci à Gaël, Véro, Nico, Sam, Julien, Mathilde, Aurélien, Fayc’, Soheil, Amandine, Laure-Line, Ben, Laura, Gratou, Ieke, Eve, Emeline, Armand, Stéphane, Vincent, Olivier, Alice, Pauline, Simon, Pierre, Clément. Merci à Frank, Gilles, Julie, David, Elise, Nissim. Merci à Ariane, Sophie, Maman et Papa. Merci à Jean-Michel, Odette, Marie-France et à l’homme aux peluches.

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