Note su l'islam magriban marabouts

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REVUE DE L’HISTOIRE DES RELIGIONS

bahloûl, les medjdzoûb, les oualî vivants pullulent autour de nous dans toute l’Afrique du Nord. Le mot ϰϟϮϣ mawlâ, qu’on prononce ici moûlâ, provient de la même racine que le mot oualî, mais il a eu une histoire bien différente(1) et il garde encore un tout autre sens. Dans son acception actuelle il signifie dans l’Afrique du Nord « maître, possesseur, » mais au Maroc c’est aussi un titre honorifique que l’on donne aux chérifs. Bien que des princes appartenant à d’autres dynasties du Maghrib l’aient porté(2), il semble avoir été en quelque sorte monopolisé par les chérifs qui fondèrent au XVIe siècle l’empire du Maroc tel qu’il existe encore aujourd’hui ; seuls, depuis trois siècles, dans l’Afrique mineure, ils ont pris ce titre et, si d’autres souverains de ce pays se le sont donné avant eux, il n’a été définitivement illustré que par eux. C’est à cause de cela sans doute qu’on les qualifiait de majesté moulouiyenne (mawlaouïyyenne), de princes moulouiyyens(3). Ils avaient fait de ce titre une sorte ____________________ (1) Voy. sur les acceptions anciennes de mawlâ, Goldziher, Muh. Si., I, Halle, 1889, p. 104 seq., avec d’abondantes et précieuses références. — Cpr. le mot ϪϟϮϣ , moulah, santon (Dozy, Supplément, sub ). (2) Les Boni Ziyâne, entre beaucoup d’autres ont porté le litre de mawlâ. Cf. Bargès, Histoire des Beni-Ziyâne, Paris, 1852, et Complément de l’Histoire des BeniZiyâne, Paris,1887,et le manuscrit du Naz’m ed-dorr, Bibliothèque de la Médersa de Tlemcen, n° 14, passim. Voy. en particulier, dans le Complément, p. 547, l’expression Mawlâia Aboû Hammou dans une poésie composée sous le règne de ce prince qui régna de 1359 à 1389, c’est-à-dire plus d’un siècle avant les chérifs. D’autres exemples se trouvent dans le Baghiat er-Rouwwâd de Yah’yâ ben Khaldoûn, p. ex. vers 7 de la poésie qui se trouve au fol. 58 recto du mss. de la Bibl. d’Alger, n° 862 : or Yah’yâ ben Khaldoûn est mort en 1379. — Dans les épitaphes découvertes à Tlemcen par Brosselard, les souverains ‘abdelouâdites sont généralement appelés mawlânâ et les princes de leur famille mawlâiâ (Brosselard écrit moulaye). Voy. Brosselard, op. laud., p. 58, 96, 99, etc... et 97, 117,135, 136, etc... — Dans le Rawdhât en-Nasrin fi dawla Beni Merin, beaucoup de sultans mérinides sont appelés el-mawlâ (mss. de la Bibl. d’Alger, n° 1737, n°2). — En Orient ce titre est très répandu, mais il ne semble pas avoir l’acception spéciale de « saint » qu’il a reçue dans le Maghrib par la suite. (3) P. ex. dans El-Oufrâni, Nozhet et-Hâdî, éd. Houdas, texte arabe, 1888, p. 88, 1. 3, d’en b. : ΔϳϮϟϮϤϟ΍ ΓήπΤϟ΍ et p. 212, l. 14 : ϱϮϟϮϤϟ΍ ϡΎϘϤϟ΍ ϲϟΎόϟ΍ ϡΎϤϬϟ΍ ϱϮϠόϟ΍ ϡΎϣϻ΍ trad. franç., p. 156, 347. A la note 1 de cette dernière page, M. Houdas


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