Note su l'islam magriban marabouts

Page 109

NOTES SUR L’ISLAM MAGHRIBIN

107

les populations musulmanes, mais encore les colons d’Aboukir, Aïn-Tédelès, Bellevue, Blâd-Touâria, ‘Aïn-Sîdî-Chérif, Sirat, Bouguirat avaient fréquemment recours à l’intervention du chîkh, dans leurs différends avec les indigènes ou pour rentrer en possession d’objets ou de bestiaux volés(1). » C’est le plus fréquemment du reste pour cette dernière raison que les colons s’adressent aux marabouts : ceux-ci sont en effet souvent des bechchâr émérites ; mais il faut bien dire que, trop souvent, ils sont d’accord avec le voleur et que leurs services, à cet égard, sont loin d’être désintéressés. Il est vrai qu’en pays musulman, la bechâra pu longtemps être considérée comme une institution utile, tant l’insécurité était grande; il en est encore ainsi au Maroc et il faut malheureusement avouer que, même en Algérie, le colon français trouve mainte fois la bechâra plus prompte, plus efficace et moins dangereuse que le code d’instruction criminelle que les juges de paix et les administrateurs ont mission d’appliquer ; et ils préfèrent bien souvent rentrer de suite en possession du bétail qu’on leur a volé, en perdant dessus quelque argent, que de mettre en branle notre lourde machine judiciaire en faisant commencer une information dont les résultats sont toujours problématiques(2). Tous ceux qui ont fait de la police judiciaire chez les indigènes, savent que la plupart des marabouts font le métier de bechchâr : quelques-uns, il faut bien le dire, font pis encore et joignent à ce métier celui de receleur des objets on des bestiaux volés. On a vu des zaouïas, dont la principale industrie était le recel et la bechâra(3), et il y en a encore malheureusement qui sont dans le même cas aujourd’hui. Du métier de kemmân ou receleur à celui _____________________ (1) Sur Ben Tekkoûk et sa zaouïa, voy. les intéressants renseignements donnés par Depont et Coppolani, Confréries musulmanes, p. 565 seq. (2) Sur la bechâra, voy. un excellent article de Mercier, in Union Islamique, Caire, 1897, n° 1, p. 7. Cf. Mouliéras, Maroc inconnu, II, p. 363. (3) Pour ne citer qu’un seul exemple, les zaouïa de Ben-Baghrich et de SîdîDrîs dans les montagnes de Sîdî-Drîs entre Constantine et la mer. Cf. Féraud, Notes pour servir à l’histoire de Philippeville, in Rev. afr., XIX° ann., n° 110, mars-avril 1875, p. 103-104.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.