moods magazine - numéro 2

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Salle obscure Yes We Can ... Le cinéma américain, tout comme le pays d'ailleurs, est réputé pour faire les choses en grand, très grand... « Casablanca » en est un nouvel exemple, même si sa sortie date de 1942. Déjà à cette époque, les USA avaient un coup d'avance sur le reste du monde. L'avantage est certainement dû à une Europe en temps de guerre, et donc pas conditionnée à l'expansion culturelle... A la baguette de ce film mythique: Michael Curtiz. D'origine hongroise, il est contraint de quitter son pays à cause de la « terreur blanche ». Il s'installe alors à Hollywood, et devient très vite le réalisateur le plus important des années 30. Plusieurs de ses films rencontrent un grand succès, mais c'est « Casablanca » qui lui ouvre les portes du Panthéon du Cinéma. Il faut dire que la distribution est tout aussi exceptionnelle que le film: Humphrey Bogart et Ingrid Bergman sont les acteurs principaux de ce chef d'œuvre. Outre une histoire d'amour en fil rouge, ce film est une véritable propagande américaine, à l'encontre de l'Allemagne qui ne cesse d'avancer dans son occupation de l'Europe. Mais cette fois-ci, la victoire est dans l'autre camp... La résistance est bien réelle, et triomphe, même si l'amour joue également un rôle important. Les scènes se déroulent à Casablanca, au Maroc, colonie française à l'époque. Cette ville n'est pas choisie par hasard, puisqu'elle fait partie des endroits stratégiques où il est possible par la suite de rejoindre les EtatsUnis, et accéder ainsi à l'eldorado qui met fin aux atrocités du vieux continent. Rick Blaine (Humphrey Bogart) est le directeur d'une boîte de nuit appelée « Rick's Café Américain ». C'est l'endroit le plus fréquenté de la ville, où l'ambiance y est très conviviale, où

il est permis de tout oublier... Rick est un personnage de la ville, respecté pour sa manière d'être. On le dit droit, juste et sans faille. Humphrey Bogart nous livre ici une performance dont il est le seul à en avoir le secret: le dialogue n'est pas nécessaire, il suffit simplement de regarder et d'apprécier son aisance et son charisme qui inondent le film. Cet acteur avait bien plus qu'une simple prestance, il avait ce qu'on appelle grossièrement une « gueule ». Il pouvait aussi bien faire rougir une demoiselle, qu'intimider la gente masculine. Rick semble donc dur comme un roc, il suffit de le voir discuter avec ses clients comme avec ses fiancées: tact, respect, et autorité. Une personne va pourtant le déstabiliser: Ilsa Lund (Ingrid Bergman). Une femme, ou plutôt La Femme, n'est-elle pas là la faiblesse de l'homme? C'est la relation qui existe entre Rick et Ilsa... Quelques années auparavant, les deux personnages s'étaient rencontrés à Paris et avaient alors vécu une histoire d'amour très intense, mais au moment de quitter la capitale à cause de l'invasion des Allemands, Ilsa se volatilise, laissant Rick rejoindre seul le sud de la France pour son exil... L'explication de cette disparition est due au fait qu'Ilsa est en fait mariée à un héros de la Résistance: Victor Laszlo (Paul Henreid). Le couple débarque à Casablanca, avec pour but de rejoindre les Etats-Unis, puisque Victor est ardemment recherché par les Allemands pour ses différentes actions contre le troisième Reich. Il ne reste qu'une seule étape avant de rejoindre le pays libre: obtenir deux visas pour les USA, que seul Rick détient... Le choix est donc cornélien entre l'Amour que peut éprouver un homme pour une femme, et la vertu de sauver un militant en temps de guerre...

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