State and society: the democratic challenge
Les Syriens sont eux aussi parvenus, avec la DĂ©claration de Damas, Ă dĂ©velopper une rĂ©flexion nationale sur des revendications rĂ©formistes. Cette dĂ©claration a eu lâavantage dâassocier des « voix » politiques auparavant trĂšs divergentes pour Ă©laborer un discours de rĂ©conciliation et pour proposer des solutions pacifiques et graduelles afin dâengager une rĂ©elle rĂ©forme au sein de la sociĂ©tĂ© syrienne. Le contexte nâa cependant pas permis Ă cette expĂ©rience de se concrĂ©tiser. Une troisiĂšme expĂ©rience est incarnĂ©e par le Mouvement du 18 octobre en Tunisie, qui associe des acteurs politiques de gauche et des membres du mouvement religieux al-Nahda. Lâaccueil officiel reste figĂ© et empĂȘche lâinitiative de mieux se faire connaĂźtre de lâopinion publique. Lâaction est ainsi considĂ©rĂ©e comme une tentative de dĂ©stabilisation du pouvoir politique. Au Maroc, des discussions entre les socialistes et le Parti de la justice et du dĂ©veloppement (PJD) aboutissent dans certaines circonstances Ă des alliances limitĂ©es au niveau des Ă©lections municipales. Un pragmatisme politique qui nâest pas parvenu Ă crĂ©er une plateforme plus dĂ©veloppĂ©e au niveau national. ParallĂšlement Ă lâespoir de stimuler des dĂ©bats et de trouver des solutions qui rassemblent, on observe un certain scepticisme sur la faisabilitĂ© et la pĂ©rennitĂ© dâune telle action, mĂȘme parmi les acteurs impliquĂ©s. Les limites structurelles et intellectuelles de telles expĂ©riences ne doivent pas occulter une rĂ©alitĂ© qui se produit par le dĂ©bat et la rĂ©flexion sur les thĂšmes restĂ©s longtemps le monopole des pouvoirs politiques en place. Ce sont des points de dĂ©part pour Ă©largir la sphĂšre politique longtemps verrouillĂ©e. Force est de constater que les initiateurs de ces actions « accusent » les Occidentaux en gĂ©nĂ©ral et les EuropĂ©ens en particulier de minimiser, dans leurs rĂ©flexions comme dans leurs actions, lâimportance dâencourager de telles initiatives. DĂšs lors, le discours « dĂ©mocratisant » devient encore moins crĂ©dible. En revanche, ce dĂ©sengagement europĂ©en pressenti laisse la porte grande ouverte Ă une implication plus imposante des sociĂ©tĂ©s civiles europĂ©ennes.
Conclusion La promotion des droits de lâhomme dans les pays arabes est une entreprise trĂšs complexe. On y trouve non seulement le contrĂŽle Ă©troit des autoritĂ©s sur toute initiative de la sociĂ©tĂ© civile, mais Ă©galement les oppositions de la sociĂ©tĂ© locale Ă la culture universelle de ces droits. Les traditions, les coutumes et les compositions conservatrices, fortement enracinĂ©es dans ces sociĂ©tĂ©s, reprĂ©sentent une rĂ©sistance aux valeurs universelles. Ainsi, lâĂ©lĂ©ment religieux donne, Ă tort ou Ă raison, un alibi Ă ceux qui refusent certaines valeurs et certains concepts. Sâajoute Ă cela, comme nous lâavons soulignĂ©, le rĂŽle des autoritĂ©s dans la diabolisation des termes tels que « sociĂ©tĂ© civile » et « droits de lâhomme ». Pour les intellectuels et lâĂ©lite, lâEurope doit assumer une mission importante pour essayer de regagner une partie de sa crĂ©dibilitĂ© dans la rĂ©gion. Car, sâils croient au modĂšle dĂ©mocratique europĂ©en, ils ne sont pas convaincus de lâimpartialitĂ© de la politique europĂ©enne. Et paradoxalement, ils misent plus sur la nouvelle administration amĂ©ricaine pragmatique 32