EDF 279

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Le magazine engagé des étudiants

Étudiants de France

© Mila JEUDY

Union Nationale des Étudiants de France n°279 Septembre-Octobre 2007 2 euros

Le doigt d’honneur du gouvernement FACE au mépris du gouvernement, l’UNEF lance sa nouvelle campagne «priorité à l’éducation»

FRANCHISE MÉDICALE QUAND LA SANTÉ DEVIENT UN LUXE

INTERVIEW JEAN-CLAUDE MAILLYSECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE FORCE OUVRIÈRE


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© François Lafite

Edito

Sommaire

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Actus locales Mieux vaut un excès de caricature qu’un excès de censure

18 Dossier

Retour sur le scandale de la nouvelle affiche de l’UNEF

Actualités nationales Bourses •

Loi sur l’autonomie des universités Une mascarade de plus... et de trop !

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Les étudiants restent sur leur faim Campagne • Priorité à l’Education : l’UNEF passe à l’attaque

Franchises médicales •

Quand la santé devient un luxe Loi Hortefeux • Vers de sombres heures de notre histoire Régimes spéciaux • Qui sont les vrais privilégiés

16

Québec : le gouvernement libéral revient à la charge

Mobilisation • Les étudiants de la

FEUQ (syndicat étudiant québecois) tentent d’empêcher une nouvelle hausse des droits d’inscription

Entretien

24

Jean-Claude Mailly Entretien avec le Secrétaire Général de FO

+ Vie interne p.26

Pilier

28

Le coopératisme, pilier de l’UNEF Retour sur l’un des trois piliers du mouvement ouvrier

Et aussi... Bric à Brac p.4-5 Forme • Se soigner pas cher p.30

La mobilisation massive du 18 octobre pour la défense des retraites a permis de démontrer au gouvernement que le mouvement social n’avait pas dit son dernier mot et ne laisserait pas le gouvernement dilapider les protections dont bénéficient les salariés. Chez les étudiants, la rentrée s’annonce également moins calme que ne l’escomptait le gouvernement. A l’initiative de l’UNEF notamment, plusieurs milliers d’étudiants se sont déjà réunis en assemblés générales pour exiger d’autres conditions d’études et protester contre les premiers choix du gouvernement. L’UNEF mettra toutes ses forces dans la bataille pour s’opposer aux projets régressifs du gouvernement et obtenir des mesures en positif pour répondre à la précarité sociale des étudiants et leur permettre de réussir leurs études. Nous espérons vous retrouver à nos côtés gagner de nouvelles victoires pour les étudiants ! Bonne lecture ! Bruno Julliard, Président de l’UNEF Etudiants de France n°279 • Septembre-Octobre 2007 Une publication de l’UNEF • CP 0505 G 83184 • ISSN 1153-4397 • Prix : 2 euros • Bureau national : 112, Boulevard de la Villette - 75019 Paris • email : communication@unef.fr • Directeur de la Publication : Jean-Baptiste Prevost • Rédactrice en chef : Mila Jeudy • Comité de rédaction : Gabriel Szeftel, Lucas Jourdain, Quentin Guillemain, Julien Vicaine, Juliette Griffond, Sophie Binet, Jonathan Halimi • Conception maquette : Mila Jeudy • Photos : François Lafitte • Impression : Imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189. • Service abonnement : 01 42 02 25 55 ou contact@ unef.fr

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EN VRAC

Ça s’est dit Déjà-vu, déjà-dit A l’occasion du débat sur la mise en place d’un test ADN pour les immigrés candidats au regroupement familial, le premier ministre s’est exprimé en qualifiant ce sujet de « détail de la loi ». On a déjà vu quelle signification pouvait porter cette qualification lorsque certains politiques l’ont négligemment utilisée en qualifiant les chambres à gaz de « détail de l’histoire »...

Bienvenue en Cité U avec la FERUF

Vous êtes trop bonne madame la ministre ! Valérie Pécresse a souhaité, mercredi 24 octobre sur RMC Info et BFM TV, « que les entreprises donnent gratuitement à leurs salariés leurs ordinateurs amortis et qu’elles jugent obsolètes », Et pourquoi pas, au lieu de cette aumône très charitable, augmenter les salaires pour permettre aux salariés de s’acheter des ordinateurs ayant moins de 10 ans ?

Ah bon ? Roselyne Bachelot a récemment déclaré à propos des franchises médicales : « Ces franchises servent à financer le plan Alzheimer, la lutte contre le cancer et les soins palliatifs. Qui ne peut pas payer 4 euros par mois pour cela ?»... C’est sûr que quand on cumule un traitement de députée, conseillère régionale des Pays de Loire, députée européenne et Ministre, 50€ de franchises en plus des 250 € annuels moyens de dépenses de santé restant à charge des patients, ce n’est pas beaucoup… Le problème, se pose surtout pour la majorité des français qui gagne moins de 1500€ par mois….

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L

a rentrée rime pour certains étudiants logés en cités U, avec l’installation dans les chambres, l’aménagement, l’adaptation à un nouveau cadre de vie... Les étudiants peuvent alors s’y sentir seul (exception faite de la présence sonore des voisins…). La FERUF, Fédération des Etudiants en Résidence Universitaire de France, organise des pots de rentrée pour souhaiter

la bienvenue aux nouveaux résidents, leur présenter les activités organisées dans la cité universitaire et permettre aux étudiants de se rencontrer et d’échanger en toute convivialité. La FERUF se met ainsi à disposition de tous les étudiants résidant en cité universitaire afin d’animer la vie de résidence et porter les revendications étudiantes dans les conseils de résidence. N’hésitez donc pas à prendre contact avec la FERUF en cas de problème ou pour mettre en pratique vos projets : feruf@unef.fr ou au 112, Bd de la Villette - 75 019 Paris.

« Identité, République, Laïcité », la Ligue des Droits de l’Homme, la LMDE et l’UNEF s’unissent pour agir La LDH (Ligue des Droits de l’Homme), l’UNEF et la LMDE se sont retrouvées quelques mois après le Festival étudiant contre le Racisme, organisé par l’UNEF. L’objectif partagé par les trois organisations est de produire une analyse collective sur de nombreux thèmes, et organiser ensemble un certain nombre d’initiatives à travers la France. Poursuivre la discussion engagée lors du Festival étudiant contre le Racisme, notamment, grâce au travail engagé par la LDH sur le thème «Identité et République», choix qui répond à la mise en place du ministère Hortefeux. Mais également faire vivre le débat sur la République et la Laïcité, la lutte anti-racisme et ses enjeux aujourd’hui, et enfin s’ouvrir au secteur de l’Economie Sociale. Conférences, débats, expositions, initiatives

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citoyennes sont ainsi en préparation dans toute la France. A suivre… Universités d’automne de la LDH «INDIVIDUS, COMMUNAUTES, REPUBLIQUE» Les 24 et 25 novembre 2007, dans les locaux de l’École normale supérieure, 29 rue d’Ulm 75005 Paris Métro ligne 7, station Censier Daubenton ou Place Monge RER B Luxembourg ou Port-Royal Bus 21, 27 arrêt Feuillantines


EN VRAC

Ça s’est passé LE CHIFFRE DU MOIS

23 % Succès de la manifestation du 18 octobre pour défendre les régimes spéciaux et les retraites Plus de 300 000 personnes se sont données rendez-vous lors de la manifestation du 18 octobre pour défendre les régimes spéciaux et les retraites. Cette journée est marquée par une mobilisation exceptionnelle dans les transports : la grève nationale à la SNCF était suivie, en fin de matinée, par 73,5 % des cheminots, contre 67 % au plus fort du conflit de 1995. L’UNEF a pris pleinement position dans la défense des retraites et des remises en cause qui ont cours actuellement, en particulier sur la question des régimes spéciaux. Pour l’UNEF, les retraites représentent un enjeu intergénérationnel dans lequel les étudiants ont tout à fait leur place sachant qu’ils seront les principaux concernés des réformes actuellement en discussion. Elle demande la prise en compte des années d’études dans le calcul des annuités.

C’est le pourcentage d’étudiants renonçant à leurs soins pour des raisons financières. Cette enquête menée par la LMDE pointait l’urgence sanitaire, en plus de l’urgence sociale, dans laquelle se trouve les étudiants.

Tous dans la rue le 20 novembre Les fédérations syndicales de la Fonction publique - CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU Solidaires et CFTC - appellent lundi à la grève le 20 novembre, soit le jour du vote du budget 2008 à l’Assemblée nationale. Elle réclament des mesures sur le pouvoir d’achat et des assurances sur l’emploi public, leurs «deux revendications prioritaires». «Devant le refus persistant du gouvernement de répondre aux exigences et face à (des) reculs inacceptables pour les personnels et les usagers, nos organisations considèrent que l’heure est venue d’une riposte d’envergure pour obtenir satisfaction», soulignent les sept organisations dans un communiqué commun. L’UNEF est solidaire du mouvement de grève du 20 novembre et appelle tous les étudiants à manifester ce jour-là aux côtés des fonctionnaires.

L’université Marc-Bloch de Strasbourg fait du chantage 20 masters professionnels à l’université Marc-Bloch de Strasbourg sont actuellement menacés. Celle-ci explique que si elle est contrainte par la justice de renoncer à percevoir des droits d’inscription supplémentaires, donc illégaux, elle sera dans l’obligation de fermer ces masters. En soumettant la communauté universitaire à un frauduleux chantage, l’université Marc-Bloch refuse de se plier à la loi qui interdit l’usage de frais d’inscription supplémentaire. Ce n’est pas aux étudiants de débourser l’argent qu’il manque aux universités pour fonctionner mais bien à l’Etat d’investir dans le service public d’enseignement supérieur pour lui donner les moyens de remplir ses missions. Pour rappel : une dizaine d’universités qui pratiquaient l’an dernier des frais illégaux ont choisi de les supprimer, parfois par la mobilisation étudiante, parfois contraintes par une décision du tribunal administratif. A bon entendeur...

Le CNE est mort ! L’Organisation Internationale du Travail devrait condamner courant novembre le Contrat Nouvelle Embauche. En effet, la période d’essai de 2 ans du CNE est contradictoire avec la convention 158 de l’OIT, qui interdit un licenciement sans motif valable. Après le retrait du CPE, le gouvernement sera ainsi contraint d’abroger le CNE !

LA PHOTO DU MOIS : Le Haka des étudiants

© François Lafite

L’UNEF et la Fête de l’Huma

Lors de son Collectif National, l’UNEF a organisé un rassemblement devant le Ministère de l’Enseignement Supérieur au sujet de la situation sociale préoccupante des étudiants. Cela a été l’occasion de démontrer aux forces de l’ordre présentes la détermination des étudiants au travers d’un ... haka

Vendredi 14, Samedi 15 et dimanche 16, s’est déroulée la fête de l’Humanité. L’UNEF était présente au travers de son stand lors de cette grande fête du mouvement social. Elle a mené la campagne sur la situation sociale des étudiants et a récolté de nombreuses pétitions. Enfin, l’UNEF a organisé un débat relatif à la loi sur l’autonomie des universités auquel une centaine de participants ont assisté.

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ACTUS LOCALES

Actus des villes Et faudrait en plus dire merci ? Bel exemple de démocratie pour l’université de Rennes 1 qui a décidé de mettre en place un cadre de concertation pour la mise en place de la loi très controversée sur l’autonomie des universités. Mais quand celui-ci se décline au travers de la simple mise en ligne d’un ... blog, il est légitime de s’interroger sur les réelles possibilités de concertations laissées aux élus étudiants qui n’auront pour seul interlocuteur... leur ordinateur. Encore une fois, l’université de Rennes 1 illustre avec brio sa capacité d’écoute et de prise en compte des problématiques étudiantes.

La chasse aux colocs Les services fiscaux d’îleet-Vilaine font la chasse aux colocs. Si jusqu’à présent les étudiants en colocation étaient exonérés de la taxe d’habitation, une note des services fiscaux du département d’île-et-Vilaine exclut désormais les colocations avec plus de 2 personnes. La taxe d’habitation, impôt injuste par essence, est désormais absurde : à 2, pas de taxe d’habitation, mais à 3 ou plus, les étudiants devront payer. L’UNEF demande depuis plusieurs années l’exonération des taxes d’habitation pour les étudiants.

Menace sur Antony La cité universitaire d’Antony va-t-elle disparaître ? Un transfert de gestion de l’Etat à la communauté d’agglomération risque en effet de se solder par la destruction de l’une des plus grandes cités universitaires de France. L’Etat doit donc refuser ce transfert qui risque de se solder par une diminution notable du nombre d’étudiants logés en résidences universitaires, mais au contraire mettre en place un plan d’investissement pour la rénovation de la résidence. A travers ce choix politique, le gouvernement peut prouver aux étudiants que le logement étudiant est une réelle priorité et arrêter de se dédouaner de sa responsabilité face à la pénurie de logement universitaire.

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SCANDALE

« Mieux vaut un excès de caricature qu’un excès de censure » Sarkozy, 2006 Mercredi 10 octobre, trois militants de l’UNEF ont été interpellés à La Rochelle et conduits au commissariat pour y être interrogés sur la nouvelle affiche de l’UNEF qu’ils collaient...

J

eudi 2 février 2006, lors du débat sur la publication des caricatures du journal Charlie Hebdo, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy déclarait sur LCI : « La caricature, c’est l’excès. A tout prendre, je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure »... sauf quand cela le concerne ?

La police défend l(e doigt d)’honneur présidentiel Mercredi 10 octobre, trois militants de l’UNEF ont été interpellés à La Rochelle et ont été conduits au commissariat pour y être interrogés sur l’affiche de la nouvelle campagne de l’UNEF qu’ils étaient en train de coller sur un panneau d’affichage libre. Relâchés dans la nuit, ces militants ont été entendus dans le cadre d’une enquête menée sur la base de dégradation légère et d’outrage (le délit « d’offense au chef de l’Etat » étant prévu par la loi sur la liberté de la presse de 1881, sans jamais avoir été utilisé depuis Georges Pompidou). Outre l’étonnement de l’UNEF sur le rôle des forces de l’ordre désormais en charge de veiller à la susceptibilité du Président de la République, elle demande au procureur de ne pas donner de suites judiciaires à cette affaire. L’interpellation et l’enquête actuelle relevant d’une volonté de censure manifeste, des poursuites seraient un acte de répression syndicale inacceptable.

Derrière la caricature, revendications !

des

Sur le fond, la campagne menée est destinée à interpeller l’opinion et les jeunes sur l’injustice des choix politiques et budgétaires du gouvernement, et en particulier sur l’absence de mesures permettant de répondre aux difficultés sociales des étudiants et à l’échec en premier cycle universitaire... « L’offense au Président de la République » reprochée à l’UNEF concerne-t-elle le visuel marquant de son affiche ou l’allusion faite sur les 15 milliards d’euros de cadeaux fiscaux du gouvernement

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aux plus riches et l’abandon du service public, de l’université et des étudiants ? Dans le cadre de cette campagne, l’UNEF revendique le droit à une communication qui marque les esprits, et demande à ce que la liberté de ton et de parole avec laquelle le ministre-candidat Sarkozy s’est jusqu’à présent illustrée, lui soit également garantie.

« Un certain nombre de préoccupations des étudiants sont légitimes en matière d’amélioration de leurs conditions de vie » (V. Pécresse, 16 octobre 2007) Enfin, l’UNEF se félicite que le visuel de sa campagne ait retenu l’attention du gouvernement et Valérie Pécresse. Néanmoins, il serait souhaitable que le contenu de cette campagne suscite le même intérêt et que des réponses soient apportées. Et si cette affiche choque le gouvernement, ce n’est pas le cas des étudiants. Sur plusieurs sites universitaires, les étudiants se sont présentés dans les locaux de l’UNEF pour réclamer des affiches et des tracts. L’UNEF va donc en faire réimprimer plusieurs milliers d’exemplaires et continuer à mener sa campagne. Après l’affiche, l’UNEF appelle donc le gouvernement à lire le tract de la campagne dans son ensemble pour apporter des réponses aux problèmes soulevés par sa politique. Jean-Baptiste Prévost


ACTUS LOCALES

BATAILLE

VSQ : nouvelle victoire des élus Grâce au travail des élus étudiants de l’UNEF de l’université de Versailles Saint-Quentin, les étudiants vont pouvoir bénéficier d’un nouveau droit.

C

haque année, sont votées par le Conseil d’Administration de l’université de Versailles-Saint-Quentin, les modalités de contrôles de connaissances (MCC) de licence et de master. Les MCC déterminent entre autres comment est calculée la moyenne des étudiants ou encore comment sont régulées les absences… Cette année, le Conseil d’Administration de l’UVSQ, sous l’impulsion des élus UNEF, a voté une modification importante des MCC concernant le calcul de la moyenne en licence. Alors que jusqu’à présent le calcul de la moyenne de chaque matière (UE) correspondait à la moyenne entre la note de contrôle continu et la note de partiel, seule la meilleure note entre les deux sera désormais prise en compte. Sans dénigrer l’importance du contrôle continu et de la prise en compte de la progression des étudiants tout au long de l’année, cette nouvelle victoire va permettre aux étudiants de l’UVSQ de ne pas être pénalisés par un «accident de parcours». L’UNEF veillera bien entendu tout au long de l’année à ce que ce texte s’applique pour tous les étudiants de licence !

Extrait du contrôle des connaissances Licence : « Lorsqu’une UE comprend une note de contrôle continu, si la note d’examen terminal est supérieure à la note de contrôle continu, la note de contrôle continu n’est pas

prise en compte dans le calcul de la moyenne de l’UE. » Cécile Diez

SERVICES

Mise en place de coopératives étudiantes En région parisienne, l’UNEF ouvre à Paris 1, Paris 10, Paris 13 et Versailles Saint-Quentin ses coopératives étudiantes via l’Union des Coopératives Étudiantes de France (UCEF).

3

ème pilier du syndicalisme, le coopératisme a toujours fait partie des grands combats de l’UNEF. Pour allier la théorie à la pratique et défendre les valeurs de l’économie sociale, l’UNEF ouvre sur quatre universités de la région parisienne, des coopératives étudiantes. Grâce à la coopération de l’UCEF (Union des Coopératives Etudiants de France), association qui lui est adossée, l’UNEF espère ainsi, par le biais de ses services, offrir des tarifs abordables aux étudiants en pratiquant une double-tarification adhérents/non-adhérents permise grâce à un

système de cotisations. En effet, en mettant dans un pot commun, les adhérents offrent la possibilité à ces coopératives de proposer des tarifs plus avantageux. Mises en place dans les universités de Paris 1, Paris 10, Paris 13 et VSQ, ces coopératives proposeront des services de reprographie et de restauration. L’UCEF et l’UNEF projettent de pérenniser ce genre d’initiatives dans les autres universités de France dans les mois à venir. Clément Boudin

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ACTUS NATIONALES

BATAILLE

Vers la suppression définitive des frais d’inscription illégaux ? Après plusieurs années de bataille, le problème des frais d’inscription illégaux est en voix de trouver une issue.

E

n juillet dernier, et pour la troisième année consécutive, l’UNEF publiait son Palmarès annuel des universités hors la loi en matière de frais d’inscription complémentaires. Le recensement fait état de plus de 55 % d’universités ayant recours à ces pratiques illégales avec des montants qui atteignent parfois près de 4800 € comme à Strasbourg 2. Pour rappel, la loi dispose que seuls sont obligatoires les droits de scolarité nationaux fixés chaque année par le ministre en charge de l’enseignement supérieur. Pour cette année les droits obligatoires sont : 165 € en Licence, 215 € en Master et 326 € en Doctorat, auxquels il faut ajouter les frais obligatoires pour la Médecine Préventive Universitaire qui s’élèvent à 4,57 €. Les universités ont la possibilité de facturer des frais complémentaires à la triple condition qu’ils soient facultatifs, qu’ils répondent à des prestations pédagogiques clairement identifiées

et effectivement rendues, et enfin, que ces prestations ne concernent pas le champ des missions du service public de l’enseignement supérieur. Sous la pression de l’UNEF, la ministre en charge des universités s’était engagée le 2 août dernier à établir son propre recensement des pratiques illégales et à saisir le Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) de cette question dès la rentrée. Etonnement des élus UNEF au CNESER du 17 septembre devant l’incapacité du ministère à établir son propre recensement. Colère de ces mêmes élus devant le refus du ministère de travailler à partir du dossier de l’UNEF fournissant l’ensemble des preuves des pratiques illégales, université par université. Une fois de plus, les engagements publics de la ministre semblaient tomber à l’eau alors que des milliers d’étudiants continuent de payer des

frais illégaux. En pleine séance du CNESER, l’UNEF a donc exigé et obtenu du ministère la tenue d’une réunion dans les plus brefs délais entre les étudiants et les recteurs d’académies afin que le CNESER du 17 octobre puisse se consacrer entièrement au problème des frais illégaux. Affaire à suivre… Anna Melin

Retrouvez le palmarès des universités horsla-loi 2007 sur : unef.fr

BATAILLE

Un premier pas pour les étudiants infirmiers Le combat des étudiants infirmiers pour la reconnaissance de leur cursus commence à payer. Au mois de juin dernier, les étudiants infirmiers ont manifesté pour voir leur situation évoluer. Depuis maintenant plusieurs années, leur cursus est reconnu à seulement bac +2 alors qu’il porte une durée effective de trois ans. L’UNEF a pleinement soutenu et participé à ce mouvement pour la reconnaissance des années d’études de la filière et de leur qualification. Sous la pression, le ministère a alors promis de recevoir toutes les organisations pour démarrer des groupes de travail sur l’application de la réforme LMD qui doit engendrer la reconnaissance des trois années d’études et l’intégration des études d’infirmier à l’université.

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En cette rentrée, l’UNEF a eu un premier rendez vous avec le ministère de la jeunesse, de la santé et des sports, au cours duquel la ministre Roselyne Bachelot a rappelé son engagement sur ce point. L’UNEF veillera a ce que cette promesse soit tenue pour qu’enfin les études et la fonction d’infirmier soient reconnues à leur juste valeur. Tristan Benoît


ACTUS NATIONALES

militer

L’UNEF lance sa nouvelle campagne L’UNEF a lancé sa nouvelle campagne détonnante pour exiger une autre politique du gouvernement pour améliorer la situation de la jeunesse.

L’

UNEF a profité de la tenue de son Collectif national, auquel ont pu assister plus de 500 étudiants, pour lancer sa nouvelle campagne syndicale «Priorité à l’Education». Très insatisfaite des choix effectués par le gouvernement, notamment sur le budget 2008, l’UNEF a décidé de taper dur sur les dernières politiques menées par le gouvernement à l’encontre des étudiants.. Loin d’être à la hauteur des besoins, les mesures annoncées tournent le dos à la situation sociale de l’ensemble de la jeunesse et cautionnent le délitement du service public d’enseignement supérieur. Pour les aides sociales, le logement étudiant ou la réussite en licence, le compte n’y est pas. En s’appuyant sur un tract et une affiche au visuel offensif (voir article p.10), l’UNEF revendique la mise en place d’un certain nombre de mesures. Dans le cadre du chantier « vie étudiante », l’UNEF demande : • La mise en place d’un 10ème mois de bourse • La tenue des objectifs du plan Anciaux avec la construction de 7000 logements dès 2008 • Une augmentation de 10% des aides au logement

Dans le cadre du chantier « Réussite en licence » : • L’augmentation des cours en petits groupes et des volumes horaires • La garantie de 4 heures de cours de langues par semaine pour tous les étudiants • Un cadrage national des diplômes garantissant l’égalité des étudiants • Le doublement des places en 2ème année de Master pour garantir la poursuite d’études Lancée sur tous les campus universitaires, la campagne rencontre un franc succès auprès des étudiants. De nombreuses assemblées générales se sont tenues dans plusieurs universités. Celles-ci se sont focalisées sur la nécessité de revoir profondément la loi relative aux libertés et responsabilités des universités ainsi que d’augmenter de façon conséquence le budget des universités. Tout laisse à penser que ces assemblées générales continueront à croître en nombre et en intensité si le gouvernement ne prend pas dès à présent ses responsabilités face à la dégradation des conditions de vie et d’études de la jeunesse. Hélène Pasquier

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ACTUS NATIONALES

BATAILLE

Bourses : promesses non tenues

Valérie Pécresse avait promis un versement de 50% des bourses dès le mois de septembre. Alors que le mois de novembre approche, beaucoup continuent d’attendre...

près l’annonce de Mme Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur, qui affirmait que 50% des bourses seraient versées dès le mois de septembre, l’UNEF a fait le point sur la réalité du versement des bourses pour les étudiants. En premier lieu, et malheureusement, les étudiants qui se verront verser leurs bourses par le CROUS dès le mois de septembre (fin septembre) ne seront pas très nombreux. Pourtant, la Ministre de l’Enseignement Supérieur a pointé une nécessité : alors que des dépenses importantes sont concentrées sur la période de la rentrée, aucune aide n’est attribuée. Il est dès lors plus difficile de payer la

caution du logement que l’on souhaite habiter, de payer l’abonnement de transport, ou encore d’acheter les premiers livres de cours. Ensuite, malgré le calendrier universitaire qui, depuis 2002 s’est allongé et inclut, pour la majeure partie des étudiants le mois de septembre, les bourses ne sont calculées que pour 9 mois de l’année. Affirmer que la moitié des boursiers devaient recevoir dès septembre leurs bourses, constitue une reconnaissance d’une revendication de longue date de l’UNEF. Cependant, les étudiants attendent toujours des actes : il est nécessaire de mettre en place un dixième mois de bourse. Il faut enfin souligner que les services

des CROUS font depuis plusieurs années, notamment suite aux interventions de l’UNEF dans les Conseils d’Administration des CROUS et du CNOUS, d’importants efforts pour améliorer la gestion des Dossiers Sociaux Etudiants remis à leurs services et donc permettre une remise précoce des bourses à leurs titulaires. Mais cet effort est largement entravé par les impayés de l’Etat. Depuis 2002 en effet, il manque chaque année près de 90 millions au CNOUS pour financer son activité, et les recrutements de personnels sont d’autant amputés par ces choix gouvernementaux. Ayant pointé cette inconsistance du gouvernement l’année passée, l’UNEF avait obtenu une rallonge budgétaire de 60 millions pour les CROUS. Aussi, si comme nous le prévoyons, les bourses sont versées plus tôt que l’an passé, ce n’est pas tant le fait de la volonté du ministère, que de la bataille que mène le syndicat depuis plusieurs années. En tout état de cause, l’UNEF ne peut pas se satisfaire du retard avec lequel sont traités certains dossier -notamment tardifs, et nous continuerons de nous battre dans chacun des CROUS et au niveau national pour que les étudiants aient, dès la rentrée, accès à leurs aides. Lucas Jourdain

RECHERCHE

point sur la situation des jeunes chercheurs Le 3 septembre, l’UNEF était auditionnée par le Conseil Supérieur de la Recherche et de la Technologie (CSRT), sur la situation des jeunes chercheurs.

A

cette occasion l’UNEF a pu exposer ses principales pistes pour révolutionner la situation matérielle et pédagogique des doctorants. Le projet de l’UNEF s’articule autour de l’idée que toutes les thèses doivent être financées à l’opposé de la situation actuelle où seuls 40 % des 70 000 doctorants reçoivent une dotation publique (Allocation de recherche, monitorat, ATER ou bourse CIFRE). L’UNEF milite aussi pour la mise en place d’un véritable « contrat de thèse » qui permette de répondre à la situation particulière des doctorants. En effet, la thèse est à mi chemin

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Etudiants de France n°279 • Septembre-Octobre 2007

de la formation initiale et de l’expérience professionnelle. C’est pourquoi, il faut créer un statut particulier, le contrat de thèse, qui comprend des droits de nature salariale (un salaire, des cotisations retraites et chômage…) et d’autres de nature étudiante (pluridisciplinarité des enseignements, conditions de travail décente, encadrement pédagogique…). Il ne reste plus qu’à la ministre de prendre les mesures qui s’imposent depuis des années. Gabriel Szeftel


ACTUS NATIONALES

AIDES SOCIALES

LES ETUDIANTS RESTENT sur leur faim Les premières annonces de Valérie Pécresse concernant la situation sociale étudiante sont décevantes et insultantes au vu de la paupérisation du milieu.

A

u lendemain de son installation au gouvernement, Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur, promettait la rupture en matière sociale. Elle se présentait alors comme la nouvelle ministre des étudiants, consciente de leur difficulté sociales... bref on allait voir ce qu’on allait voir. Une concertation « vie étudiante » s’est alors ouverte au mois de juillet entre le ministère et les représentants étudiants afin de trouver des solutions à la situation d’urgence sociale dans laquelle se trouve les étudiants (voir dossier de l’EDF 277). Mais dès les premières annonces, la déception est lourde : elles sont en décalage complet avec l’urgence de la situation…mais les étudiants n’ont pas dit leur dernier mot !

Une situation sociale étudiante qui ne cesse de se dégrader Pour la troisième année consécutive, l’UNEF a mesuré l’évolution des dépenses étudiantes et des aides directes qui leur sont versées. Sans surprise, la baisse du pouvoir d’achat étudiant enregistrée au cours des années précédentes se poursuit avec une augmentation des dépenses (+3.7%) bien plus rapide que celle des aides aux étudiants (+2.2%). Pour la 6e année consécutive, le pouvoir d’achat des étudiants est plus faible à la rentrée que l’année précédente.La revalorisation des bourses de 2.5% décidée par Valérie Pécresse au mois de juillet a permis de freiner la dégradation des conditions de vie des étudiants boursiers mais est loin de permettre d’inverser la tendance : après plusieurs années de baisse en euros constant, la bourse de 2007 sera équivalente à celle de 2003, mais toujours en dessous du niveau de 2001 et 2002. Dans le même temps les dépenses des étudiants n’ont cessé d’augmenter (frais d’inscription, frais illégaux, ticket RU…);

notamment car depuis 4 ans, l’année universitaire de la plupart des étudiants s’étale de septembre à juin (10 mois) alors que les étudiants boursiers n’ont droit qu’à 9 mois de bourse (octobre à juin). Enfin c’est l’augmentation des loyers étudiants sans revalorisation des aides au logement (APL, ALS) qui accélère le plus la baisse du pouvoir d’achat.

15 milliards pour les riches tout de suite…15 millions pour les bourses, l’année prochaine ! Face à cette situation d’urgence, les attentes des étudiants avaient pourtant été exprimées au mois de juillet lors des « concertations vie étudiante » : l’UNEF revendiquait clairement la mise en place immédiate d’un mois de bourse en septembre pour revaloriser les bourses de 10% et faire face aux dépenses de la rentrée. Il y a avait également un consensus sur la nécessité d’augmenter très largement le nombre de boursier dès la rentrée 2007. Le total de ces mesures était évalué à environ 200 millions d’euros. Ces deux idées retenues par le ministère en juillet ont fondu pendant l’été puisque le 10ème mois de bourse est passé à la trappe et qu’au final seul 1 boursier sur 5 verra sa bourse revalorisée de 4,5% l’an prochain. Enfin le nombre de boursiers échelon 0 augmentera de 50 000. Au total le gouvernement investira en 2008 à peine 15 millions d’euros dans les bourses sur critères sociaux. Alors que tous les étudiants ont connu une dégradation constante de leur pouvoir d’achat depuis 2001 moins d’un étudiant sur dix sera concerné par les mesures de la ministre. Plus grave, les mesures ne rentreront en application qu’en septembre 2008, laissant sans réponse l’urgence vécue par les étudiants en cette rentrée.

Pour le gouvernement qui a fait voter en juillet un cadeau fiscal de 15 milliards d’euros a destination des plus favorisés, il est mal venu d’expliquer aux étudiants qu’il n’y a plus de moyens pour le système d’aide.

Des études à crédit ? A côté de ces mesures insuffisantes, la ministre a cru bon d’en d’inventer d’autres à contre-courant des attentes des étudiants : bourses au mérite, remise en cause des points de charge dans le système des bourses, etc. En particulier une priorité du ministère est d’inciter les étudiants à recourir à des emprunts bancaires pour financer leurs études… Comme si les étudiants déjà précarisés avaient en plus besoin de s’endetter avant même de s’être insérés durablement dans le monde du travail !

Rester mobilisés pour le pouvoir d’achat Alors que les multiples promesses laissaient à penser aux étudiants que la Ministre romprait avec les habitudes des années précédentes, ces annonces constituent une épreuve de vérité : cette année, comme les 5 années précédentes, la situation sociale des étudiants va encore se dégrader. L’UNEF, qui a déjà recueilli 11 000 signatures à sa pétition va continuer sa campagne pour obtenir des mesures à la hauteur s’appliquant dès janvier 2008. Pour les étudiants les deux priorités sont claires : il faut augmenter le montant des aides directes et le nombre de bénéficiaires et mettre en œuvre, dès 2008, un véritable plan pour le logement étudiant qui augmente le nombre de places dans les CROUS, revalorise les aides au logement, et étende l’accès au Locapass à tous les étudiants. Mickaël Zemmour

Etudiants de France n°279 • Septembre-Octobre 2007

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ACTUS NATIONALES

FRANchises médicales

Quand la santé devient un luxe L’élection présidentielle passée, Nicolas Sarkozy a annoncé la création de trois nouvelles franchises médicales. Si les finalités annoncées de ces nouvelles franchises sont contradictoires et difficiles à cerner, ces taxes supplémentaires pénaliseront d’abord les plus pauvres et les plus malades.

L’

Assurance maladie française est l’objet de nombreuses convoitises dans le monde, à l’image du dernier documentaire de Michael Moore, « Sicko », qui pointe les carences du système de santé américain et place au rang de modèle le système de sécurité sociale français. Pourtant, la sécurité sociale est, depuis plusieurs années, la cible de nombreuses attaques et critiques appuyées sur le spectre du fameux «trou de la Sécu».

Des origines de l’Assurance maladie aux franchises médicales Inspirée de l’esprit du programme du Conseil National de la Résistance, la sécurité sociale fut créée au lendemain de la deuxième guerre mondiale pour permettre aux salariés de s’assurer du risque maladie sur un principe de solidarité : chacun cotise en fonction de son salaire et la collectivité assure à chaque salarié une protection selon ses besoins. Progressivement tous ceux qui dépendent du salariat pour vivre (familles, chômeurs), ont acquis le droit à la protection sociale. Ainsi, la création en 1947 du régime étudiant de sécurité sociale a participé à ce mouvement : dès cette époque, les étudiants sont considérés comme de jeunes travailleurs, futurs cotisants, qui pour une cotisation «symbolique» bénéficient de la protection issue des cotisations des salariés. C’est le début de l’universalisation de la sécu. Progressivement, le baby-boom et le vieillissement aidant, les dépenses de santé ont mécaniquement augmenté. Parallèlement, les cotisations des employeurs ont été réduites de 22 milliards d’euros en 30 ans pour inciter les entreprises à embaucher : loin

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de fonctionner, ces exonérations ont largement contribué au creusement du déficit, le fameux « trou de la sécu ». Face à l’augmentation des dépenses de santé et au vieillissement de la population, les pouvoirs publics devraient appliquer une logique de solidarité en augmentant les ressources consacrées à la sécu. Avec les franchises, le gouvernement fait le choix inverse : il rompt avec le principe de solidarité et fait payer les malades pour les malades.

Les trois nouvelles franchises s’ajouteront aux déremboursements existants

Trop pauvre pour Une mesure injuste se protéger et Les principes qui ont motivé la mise en place du réseau des trop riche pour caisses de sécurité sociale exposé dans les motifs de être protégé. l’ordonnance du 4 octobre 1945,

Le gouvernement projette d’instaurer trois franchises : une première de 0,50€ sur les boîtes de médicaments remboursables, une autre de 0,50€ pour chaque acte paramédical (infirmerie, kinésithérapie, orthophonie, podologie, etc.) et une troisième de 2€ pour chaque recours aux transports sanitaires. Ces franchises seront plafonnées à 50€ par an. Dans le même temps Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a déclaré qu’un « bouclier sanitaire » serait mis en place pour les plus faibles. Ce bouclier concernerait « dix millions de personnes au total » : les bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle (CMU) et de l’Aide Médicale d’Etat (AME), les enfants de moins de 16 ans et les femmes enceintes. Cette mesure caritative constitue un revirement lourd de sens : là où il y avait un droit pour tous à la santé, le gouvernement veut faire payer tout le monde, sauf les plus précaires qui deviennent assistés … pour mieux dénoncer ensuite

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l’assistanat ! Ces franchises viennent s’ajouter à une liste de plus en plus longue : le forfait hospitalier, le forfait de 1 euro par consultation qui peut désormais être prélevé jusqu’à 4 fois par jour et le forfait de 18 euros sur les actes hospitaliers lourds. En un an chaque assuré dépense déjà en moyenne 250€ de frais médicaux non remboursés (pilule 3e ou 4e génération, médecin non conventionné, etc.).

semblent aujourd’hui compromis : « La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère ». L’accumulation des taxes sur les dépenses de santé, pas toujours remboursées par les complémentaires santé, s’attaque au système solidaire d’assurance maladie dans lequel chacun cotise selon ses moyens et dont chacun


ACTUS NATIONALES

bénéficie selon ses besoins. La logique de solidarité collective est donc mise à mal au profit de la responsabilité individuelle. Les franchises s’inscrivent dans la continuité d’un mouvement initié il y a trente ans qui tend à considérer les Français comme des hypocondriaques surmédicamentés, en brandissant le spectre du déficit de la sécurité sociale. Les franchises vont peser davantage sur le budget des ménages les plus démunis ne bénéficiant pas du bouclier sanitaire, les étudiants en premier lieu ; les ménages les plus aisés quant à eux, ne verront pas passer cette ponction supplémentaire, insignifiante dans leur budget total. Autre conséquence : le nombre de personnes qui renoncent à se soigner pour des raisons financières risque d’augmenter. La Mutuelle des Etudiants (LMDE), dans une enquête publiée en 2003, révélait que près d’un étudiant sur quatre (23%) renonce à ses soins dentaires ou ophtalmologiques pour des raisons financières. Et de l’aveu même du gouvernement, ce n’est qu’un début. Ainsi Nicolas Sarkozy affirmait-il que les franchises seraient «modulables», c’est-à-dire que « si les dépenses augmentent et si le déficit augmente on pourrait augmenter leur montant ». Ces déclarations inquiétantes ouvrent la porte à l’escalade, menaçant de laisser tomber une partie toujours plus importante de la population dans un précariat sanitaire : trop pauvre pour se protéger et trop riche pour être protégé.

Un choix politique à la irresponsable et inefficace

fois

responsables du fameux « trou de la sécu ». Une politique de santé publique cohérente devrait mettre l’accent sur la prévention plutôt que de s’attaquer au principe de solidarité. Elle devrait en outre imposer l’augmentation des recettes de la sécurité sociale. Aujourd’hui, les entreprises et l’Etat doivent plusieurs milliards aux caisses de sécu qu’ils refusent de payer. La justification de ces franchises par le financement d’un plan Alzheimer, de la lutte contre le cancer ou encore du développement des soins palliatifs ressemble davantage à des arguments de façade qu’à un élan de volontarisme pour la santé publique. Elle cache cependant mal l’idée que les libéraux affichent bien moins volontiers : la gestion à terme de l’assurance maladie par des assurances privées. Cette dérive est d’ailleurs apparente, puisque l’augmentation relative des dépenses de santé incitera les assurés à épargner pour subvenir à leurs besoins en terme de soins. Ce système est économiquement moins efficace puisque l’argent stagnera plutôt que de circuler comme le prévoit le système de sécurité sociale par répartition.

ACTION

STOP AUX FRANCHISES L’UNEF et la LMDE sont signataires de l’appel contre les franchises disponible sur appelcontrelafranchise.org. La LMDE a également lancé une campagne nationale d’information et de sensibilisation des étudiants sur l’avenir de notre système de santé à travers l’organisation de débats sur les universités consultable sur lmde.com et dans leurs locaux.

Enfin, l’argument selon lequel les franchises combleront le déficit de l’Assurance maladie est tout simplement fallacieux : les recettes apportées par ces franchises représenteront 800 millions d’euros pour un déficit annuel de… 8 milliards d’euros, soit une goutte d’eau dans l’océan. Karl Stoeckel

Les pouvoirs publics font aujourd’hui le choix de culpabiliser les assurés sociaux les rendant

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ACTUS NATIONALES

ADN

retour de sombres heures de notre histoire... Le droit de vivre en famille pour tout immigré constitue un droit fondamental de valeur constitutionnelle. Pourtant, la loi Hortefeux porte des atteintes très importantes et stigmatisantes à l’égard des immigrés.

D

epuis 2002, l’inclinaison politique du gouvernement en matière d’immigration est de revoir la place de celle-ci dans la société et sa fonction dans l’économie. Entre immigration «subie» et immigration «choisie», le président de la République avait bien souligné les traits idéologiques de son projet. Mais jamais encore les mesures prises concernant la politique d’immigration n’étaient allées aussi loin. Avec le nouveau projet de loi Hortefeux, le gouvernement remet gravement en cause le droit, pour tout immigré de vivre en famille en le stigmatisant dangereusement .

Des mesures dangereuses anticonstitutionnelles

Retrouvez l’analyse du projet de loi fait par la CIMADE sur : unef.fr

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et

La loi Hortefeux instaure un contrôle préalable de la connaissance de la langue française dans le pays d’origine et l’obligation de retour au pays d’origine pour déposer la demande en vue d’obtenir une carte de séjour. Elle permet d’augmenter le niveau de ressources exigé à hauteur de 1,2 fois le SMIC, et renforce les menaces de suspension des allocations familiales via un nouveau «contrat d’accueil et d’intégration» familial. Pire encore, ce projet de loi sur la maîtrise de l’immigration durcit gravement les conditions du regroupement familial, en autorisant, à titre expérimental jusqu’au 31 décembre 2010, le recours aux tests ADN pour prouver une filiation. En mêlant la génétique à la politique, le gouvernement crée ainsi un précédent redoutable, une brèche dans l’éthique républicaine. Il fait peser sur les candidats au regroupement familial, et sur tous les pays d’origine, une présomption de fraude qui nourrit les pires préjugés xénophobes. Alors qu’il n’existe pas de statistiques permettant de quantifier ces fraudes qu’on prétend combattre, la mesure n’apporte qu’une réponse idéologique à la question de l’immigration présentée comme « subie », comme constituant un problème, voire un fléau menaçant l’identité nationale. Ce texte contribue une fois de plus à stigmatiser et criminaliser les candidats à l’immigration, sous prétexte de protéger l’identité de la France, de lutter contre l’immigration clandestine et de permettre une meilleure intégration des migrants légaux. Pire, lorsqu’on nous dit que cette mesure vise à «protéger et favoriser» (Devedjian) les candidats à l’immigration, on se moque du monde ! Habillé d’un discours mielleux et d’un déguisement

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humanitaire, le projet de loi nie le droit à la vie familiale des étrangers en légalisant une intrusion insupportable dans le secret des familles et oppose volontairement immigration familiale et immigration de travail alors que celles-ci sont indissociables.

Non à la politique du chiffre ! « Les étrangers dont la résidence en France est stable et régulière ont, comme les nationaux, le droit de mener une vie familiale normale » Conseil Constitutionnel, 13 août 1993, 93-325 DC, considérant 70 L’UNEF réaffirme son attachement au droit de vivre en famille quelle que soit sa forme, au droit d’accès aux études pour tous et à l’exercice du droit d’asile dans la résistance. Le droit de vivre en famille constitue un droit fondamental de valeur constitutionnelle reconnu à tous ceux qui résident sur le territoire français, n’en déplaisent aux auteurs et promoteurs de la réforme. Il s’agit d’un droit fondamental de la personne humaine sur lequel on ne peut transiger par des mesures idéologiques qui ne présentent aucun intérêt pour la collectivité et qui sont dangereuses par leur caractère stigmatisant à l’égard des immigrés. L’UNEF dénonce la politique des expulsions, raffles et de rétention administrative des étrangers, des étudiants, des enfants scolarisés et de leurs familles. Elle réaffirme son attachement aux valeurs républicaines qui doivent faire de la France une terre d’accueil et s’oppose fermement au projet de loi Hortefeux. Mila Jeudy

PÉTITION Alors que le projet de loi Hortefeux vient de passer au Sénat, l’UNEF appelle à signer la pétition qui a déjà recueilli plus d’une dizaine de milliers de signatures sur le site internet : www.touchepasamonadn.com


ACTUS NATIONALES

rentrée SOCIALE

régimes spéciaux : qui

sont les vrais privilégiés ? Le 18 octobre, près de 300 000 salariés ont manifesté leur désaccord vis à vis de la réforme des régimes spéciaux voulue par le gouvernement. L’UNEF était présente pour signifier l’attachement des étudiants au système de retraites par répartition, seul à même de garantir des retraites solidaires…

L

a réforme est désormais enclenchée : le gouvernement s’attaquera aux régimes spéciaux de retraite. Ces régimes ont été obtenus par des luttes sociales des salariés et institutionnalisés en 1945 lors de la création de la sécurité sociale. S’il met une telle précipitation à réformer les régimes spéciaux, c’est que le gouvernement sait que c’est une étape indispensable à la réforme du régime général. En effet, la réforme Fillon de 2003 prévoit une remise à plat du régime général en 2008, et le gouvernement souhaite encore allonger la durée de cotisation, et passer de 40 à 41 ou 42 annuités de cotisations. L’UNEF s’est ainsi mobilisée le 18 octobre, en solidarité aux salariés, mais aussi parce que les étudiants sont les salariés et les retraités de demain. Pour réformer les régimes spéciaux le gouvernement n’hésite pas à marteler de faux arguments. Il explique d’abord que ce sont ces régimes qui sont responsables du déficit de l’ensemble du système. C’est évidemment faux, les régimes représentant 4,5% des salariés et 6,5% des retraités en France.

Des privilégiés ? Le gouvernement explique ensuite que les salariés bénéficiant de régimes spéciaux sont privilégiés. Ils ont effectivement une durée de cotisation de 37,5 annuités, inférieure aux autres salariés, et la possibilité de partir à la retraite avant 60 ans. Mais, ces dispositions ont été obtenues suite à la reconnaissance de la pénibilité de certains métiers, qui, malgré les évolutions technologiques, continuent bien souvent d’exister. Par exemple, les horaires de travail des cheminots et des marins sont très fatigants pour l’organisme et difficilement supportables à plus de 70 ans…Le problème, c’est que la pénibilité des métiers dans le privé n’est pas prise en compte, ce qui permet au

gouvernement d’épingler les régimes spéciaux. Pourtant, une récente étude de l’INSEE démontre que les différences d’espérance de vie progressent et atteignent en moyenne 7 ans entre un ouvrier et un cadre…Ce qui justifie pleinement une différence de durée de cotisation…Le gouvernement oublie également de préciser que les salariés dépendant des régimes spéciaux cotisent plus pour leur retraite (les cotisations sociales représentent 42% du salaire à la SNCF contre 26% dans le régime général), et touchent donc un salaire direct beaucoup plus modéré. Enfin, le montant de leur retraite est inférieur, car le taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de la retraite par rapport au dernier salaire, est inférieur au taux de remplacement des autres salariés.

Des solutions existent pour régler le problème de financement Les caisses de retraites connaissent aujourd’hui un déficit de 10 milliards d’euros, qui se creusera du fait de l’allongement de la durée de la vie et du papy boom. Alors qu’il y a aujourd’hui 2,2 actifs pour un retraité, il y aura en 2050 1,4 actifs pour 1 retraité. Face à cette situation, la seule proposition du gouvernement consiste à allonger la durée de cotisation et à faire baisser le montant des retraites (taux de remplacement). Pourtant, il existe des moyens d’augmenter les sources de financement. Par exemple, aujourd’hui, un certain nombre de revenus, bénéficiant souvent aux salariés les plus riches, ne sont pas soumis aux cotisations : C’est le cas des stock options et de l’épargne salariale, alors que leur taxation rapporterait 8,2 milliards à la sécurité sociale. Au-delà, il est nécessaire de réformer l’assiette des cotisations pour prendre en compte les plus-values et les bénéfices des entreprises. Enfin, seule une

politique volontariste de lutte contre le chômage permettra d’augmenter le nombre d’actifs et de garantir le système par répartition.

Les étudiants exigent la prise en compte des années d’études Alors que le gouvernement a repris l’objectif d’amener 50% d’une classe d’âge à la Licence, et que l’âge moyen d’entrée dans la vie active est de 27 ans, il est indispensable de prendre en compte les années d’études dans le calcul des retraites. Ainsi, l’UNEF propose la mise en place d’une cotisation symbolique au moment de l’inscription, permettant que chaque année d’études compte comme une annuité de cotisation. Faute d’une telle mesure, les jeunes diplômés auront un droit effectif à la retraite à 70 ans, ce qui se traduira, du fait des difficultés d’emploi des seniors, par une baisse du montant de la retraite… Sophie Binet

15 ans d’allongement des cotisations 1993 : Balladur fait passer les salariés du privé de 37,5 années de cotisations à 40, et base le calcul du montant de la retraite sur les 25 meilleures années et non plus sur les 10 meilleures années 2003 : Au nom de l’équité, Fillon aligne les retraites de la fonction publique sur le privé. Les fonctionnaires passent ainsi de 37,5 à 40 années de cotisation 2007 : C’est au tour des régimes spéciaux d’être sur la sellette…

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ACTUS INTERNATIONALES

O.P.A

Etudiants du monde Mémoire courte A l’occasion du débat sur l’Iran, Bernard Kouchner, ministre des Affaires Etrangères, a laissé penser qu’une intervention militaire serait à envisager en Iran. La mémoire de cet ancien travailleur humanitaire estelle si courte qu’il en aurait oublié les mobilisations contre la guerre en Irak en 2003 ? Qu’il se rassure, les étudiants seront de nouveau dans la rue pour lui rappeler en cas de besoin.

Lifting L’ESIB, la fédération des syndicats é t u d i a n t s européens a changé de nom, pour devenir l’ESU, l’Union des Etudiants d’Europe. Cette nouvelle tournure, qui est dans la continuité de l’affirmation de l’identité syndicale de cette structure étudiante, laisse présager un bel avenir pour la défense des intérêts de tous les étudiants sur le continent.

Mini-traité, mini-piège Fin octobre, les gouvernements des 27 planchent sur la rédaction d’un traité sur l’avenir institutionnel de l’Union. Attention, qui dit « mini-traité », dit « mini-ambitions » ! Le président de la république semble pour l’instant privilégier l’hypothèse d’une ratification parlementaire, alors même que le précédent texte avait été largement refusé par référendum. Gare au passage en force…

Comme par hasard « Démocratisation des études et réussite en première année » sont les priorités affichées pour la rentrée universitaire en Belgique francophone. Le gouvernement communique, les étudiants de la FEF attendent toujours des mesures. On se sent moins seul d’un coup…

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UK:

STUDENTS VS HSBC BANK

En plein été, les étudiants du National Union of Students of the United Kingdom (NUS-UK) se sont mobilisés face à la politique du géant HSBC.

A

u Royaume-Uni, les frais de scolarité sont déréglementés, et la plupart des établissements en sont arrivés à appliquer des frais d’inscription au seuil maximum autorisé, par souci d’affichage de leur valeur. De moins en moins nombreux à pouvoir accéder à un diplôme, les jeunes anglais s’en remettent aux prêts bancaires pour financer leurs études, et arrivent sur le marché du travail dans des situations de surendettement aberrantes. Constatant la faible capacité de remboursement des étudiants, et souhaitant une meilleure rentabilité de ses opérations, en juillet dernier, la banque HSBC a annoncé la suppression des prêts à « taux 0 » et la mise en place de pénalités importantes en cas de non

approvisionnement des comptes bancaires. Afin de de mobiliser les étudiants en plein milieu de l’été, et interpeller les jeunes diplômés directement concernés par cette politique, le NUS-UK a lancé une pétition en ligne sur Facebook, un site de réseau social. Celleci a rencontré un franc succès, le nombre de signataires s’étant élevé jusqu’à mille par jour sur le groupe « Contre l’arnaque HSBC ». Cette victoire aussi importante qu’acquise dans des circonstances particulières, ne cache pas la situation difficile dans laquelle se trouvent de nombreux étudiants anglais. Victor Vidilles

enquête

les niveaux de formation en europe D’après Eurostat, 38,6 % des jeunes Portugais ont un faible niveau de formation contre 8,5 % des Danois.

L

es niveaux de formation en Europe diffèrent très sensiblement d’un pays à un autre. Ces données d’Eurostat indiquent la proportion des personnes de 18 à 24 ans dont le niveau d’éducation ne dépasse pas l’enseignement secondaire inférieur et qui n’ont pas bénéficié d’une formation initiale ou continue au cours des quatre semaines précédent cette enquête. Les faibles niveaux d’études constatés dans certains pays comme Malte, le Portugal, l’Espagne ou l’Italie sont autant de freins à une bonne insertion sociale et professionnelle des individus. La France, quant à elle, est juste au-dessous de la moyenne européenne mais la proportion de 12,6 % de personnes entre 18 et 24 ans faiblement qualifiées et ne suivant pas de formation initiale laisse à penser qu’un gros effort pourrait encore être entrepris.

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Proportion de personnes âgées de 18 à 24 ans faiblement qualifiées et ne suivant pas de formation initiale (%) Slovénie

4,3

Danemark

8,5

Autriche

9

France

12,6

Allemagne

13,8

Royaume-Uni

14

Italie

21,9

Portugal

38,6

Malte

41,2

Europe

15,2


ACTUS INTERNATIONALES

Etudiants manifestant lors d’une mobilisation de la FEUQ contre la hausse des frais d’inscription

FRAIS D’inscription

QUebec : Le gouvernement libéral revient à la charge

Les étudiants de la Fédération Etudiante Universitaire Québécoise (FEUQ) tentent d’empêcher une nouvelle hausse des droits d’inscription et dénoncent le désengagement financier des pouvoirs publics.

R

econduit cette année, le gouvernement fédéral s’était engagé sur le gel du montant des frais de scolarité, dont l’augmentation continue ces dernières années a fait chuter le nombre d’étudiants. Suite aux grèves d’une ampleur sans précédent en 2006, la ministre Michelle Courchesnes devait pourtant connaître l’opinion des étudiants à ce sujet lorsqu’elle a annoncé un nouveau projet de dégel des frais au début de l’été. En situation de sous-financment public chronique, les Universités québécoises sont au bord de la crise budgétaire, et les conséquences politiques sont lourdes (à titre d’exemple, l’Université du Québec à Montréal s’est presque retrouvé en faillite en juillet dernier). À travers l’augmentation des frais afférents à chaque établissement, leur financement repose de plus en plus sur les frais de scolarité. La facture est lourde pour les étudiants dont les conditions de vie se dégradent, tandis que l’Etat ne prend pas ses responsabilités en matière de subventionnement de l’enseignement supérieur. « La FEUQ refuse d’accepter que les étudiants fassent seuls les frais de l’absence d’ambition et

de vision des décideurs publics. C’est pourquoi elle déclenchera auprès de ses membres une grande campagne de sensibilisation et de mobilisation en faveur de l’avenir de l’éducation supérieure» a ainsi déclaré en septembre JeanPatrick Brady, président de la FEUQ. C’est l’accessibilité au plus grand nombre qui est implicitement remis en cause à travers ce projet de réforme, mais le gouvernement se cache derrière la question, apparemment technique du déficit structurel des universités. Lucide, la FEUQ a su formuler plusieurs contrepropositions en matière de financement des universités, et milite pour l’ouverture d’un débat public et parlementaire sur l’avenir de l’enseignement supérieur, tout en prévoyant de mettre les étudiants dans la rue cette hiver. L’argument de l’internationalisation des filières est ici utilisé comme un moyen d’introduire davantage de concurrence entre des établissements qui manquent cruellement de fonds publics. En effet, les systèmes d’enseignement supérieur général et professionnel québécois sont victimes de l’idéologie du gouvernement qui, par exemple,

pousse ouvertement à l’augmentation du nombre d’étudiants étrangers en avançant sans complexe l’argument de leur rentabilité financière pour les établissements. Tout ceci se fait, bien entendu, au détriment de l’ensemble étudiants et de leurs conditions de vie. Ainsi, le syndicat dénonce leur précarisation, en réclamant davantage d’aides sociales. En effet, les jeunes québécois sont régulièrement surendettés dans une société où l’autonomisation vis-à-vis de la famille est souvent précoce. Soulignant le manque de concertations et la volonté du gouvernement d’avancer à marche forcée, la FEUQ compte bien mettre les questions sociales au cœur du débat sur l’avenir du système d’enseignement supérieur. L’UNEF soutient activement cette démarche, et pointe du doigt le désengagement financier et politique de l’Etat fédéral québécois, en espérant que le gouvernement saura éviter une nouvelle crise en répondant aux préoccupations des étudiants québécois. Damien Ramage Plus d’infos : feuq.qc.ca

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© Photo François Lafite/ Montage Mila JEUDY

Loi sur l’autonomie des universités Une mascarade de plus ... et de trop 18

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sourd, muet et aveugle

A

doptée en plein mois d’août alors que les étudiants étaient en vacances, la loi autonomie du 10 août 2007 a rassemblé contre elle la quasi-unanimité de la communauté universitaire: étudiants, personnels et enseignants. Le dossier du mois revient sur le rôle de l’UNEF qui a été déterminant au cours des « concertations », pour imposer La loi autonomie des reculs a rassemblé significatifs au gouvernement : contre elle maintien du libre la quasiaccès aux études supérieures, unanimité de la maintien de la fixation nationale communauté des droits de universitaire. scolarité… Malgré la préservation de certains droits étudiants, la réforme opérée cet été constitue une nouvelle attaque du gouvernement et fait peser de graves menaces sur le service public de l’enseignement supérieur. Recul de la gouvernance démocratique des universités, attaque contre le statut de la fonction publique et enfin, désengagement politique et financier de l’Etat de l’enseignement supérieur. Retrouvez l’analyse de l’UNEF dans les pages qui suivent. Etudiants de France n°279 • Septembre-Octobre 2007

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DOSSIER DU MOIS

Marche forcée. L’adoption de la loi sur l’autonomie des universités s’est faite dans la précipitation et sans concertation satisfaisante avec la communauté universitaire. Contestée et critiquée, la loi s’est imposée à tous en plein milieu du mois de juillet...

Sourde oreille

retour sur l’adoption d’une loi contestée

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nationale des droits de scolarité, instruments indispensable de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Le second objectif est de porter haut et fort les propositions des étudiants auprès de la communauté universitaire en matière de fonctionnement des universités : amélioration du pilotage budgétaire des universités, direction démocratique des Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), renforcement du rôle de régulation de l’Etat…

Sous la pression de l’UNEF, le gouvernement concède trois semaines de concertation qui vont se transformer en une parodie de dialogue social.

La concertation au sein des groupes de travail prend très vite une tournure grotesque qui masque mal la volonté de passage en force du gouvernement. Aucun document de travail qui permette une véritable négociation n’est présenté aux organisations. Le 19 juin, sous la pression de l’UNEF, la ministre est contrainte de présenter un premier document de travail. Dans la foulée, elle annonce le passage du texte au CNESER du 22 juin et en Conseil des ministres le 27 juin, soit 8 jours après la

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m

Etudiants de France n°279 • Septembre-Octobre 2007

L’UNEF hausse le ton

L’U m a N la EF i o cr é b po atio tien r ta n t d lic nt d’u e V en su n 5 alé ce r la èm rie » « ré e ch Péc us a re sit nt sse e e ier n

C’est aussi le calendrier d’adoption de la loi qui s’apparente à un véritable passage en force du gouvernement. Sous la pression de l’UNEF le gouvernement est obligé de concéder trois semaines de « concertations » qui vont très vite se transformer en une parodie de dialogue social. Trois groupes de travail sont donc mis en place par la ministre qui portent sur la nouvelle gouvernance des universités, le périmètre de l’autonomie et les modalités de déploiement de la loi à venir. L’UNEF s’investit pleinement dans ces trois groupes de travail en poursuivant ainsi un double objectif. Le premier est de s’assurer que les lignes jaunes fixées par les étudiants, et reprises par le premier ministre lui-même, ne soient pas remises en cause à l’occasion des concertations : le libre accès à l’enseignement supérieur et la fixation

a l’a nço ai ut is de on Fill j o o l’in uille mie n an d n t t et rod et e es u onc la uc xcl ni e fra dé tio ut ve le v is rég n d de rsit ot d’ u e la és e d ins lat la ré d ’u cr ion sé fo ès ne ipt le r l io des ctio me e m loi n oi su n s r

7

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L’ ai pr UNE és F r i qu den app i n t d el ap e sa e la le à pe ur ré Nic ac ler l aien pub ola cè a c t ê liq s S s et au olèr tre ue, arko fix x é e d fra les z y n dr atio tud es chi lign , no oi n es étu es es uv t s na su d s de tio p ian an jaun eau es sc na érie t s s ol le ur : l ar d e ib ité es s re

Devant la précipitation du gouvernement, l’UNEF dénonce le calendrier fixé par la ministre ainsi que les contours bien trop restreints de la réforme. En effet, une réforme ambitieuse de l’université ne saurait porter sur la seule question de l’autonomie. Elle doit au contraire englober l’ensemble des problématiques de l’enseignement supérieur : échec en licence, démocratisation de l’insertion professionnelle, situation sociale des étudiants… Dénonçant le contenu même de la réforme, l’UNEF obtient ainsi de la ministre l’ouverture de 5 autres chantiers, en parallèle des discussions sur

Une parodie de dialogue social

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Les contours de la réforme ne répondent pas aux exigences des étudiants

l’autonomie. Deux d’entre eux intéressent particulièrement les étudiants : la réussite en licence et les conditions de vie étudiante.

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ort de sa victoire et conformément à ses engagements de campagne, Nicolas Sarkozy décide, en mai dernier, d’engager son gouvernement dans la réforme de l’université. Qualifiant la réforme comme la «plus importante de la mandature», le premier ministre annonce le 23 mai le vote d’une loi dès l’été et confie à Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, le soin de mener une concertation marathon avec les acteurs de l’université.


DOSSIER DU MOIS

Nous avons donc joué le jeu des négociations et porté nos propositions en matière de gouvernance des universités tout en dénonçant le calendrier de la réforme et ses contours trop restreints. En parallèle des discussions sur l’autonomie, l’UNEF a obtenu l’ouverture des chantiers portant sur la réussite en licence et l’amélioration de la situation sociale des étudiants.

Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont fait des choix très clairs : d’un côté, ils ont donné 15 milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux plus riches cet été et de l’autre, aucune mesure d’ampleur n’a été prévue pour les étudiants. C’est pourquoi l’UNEF a décidé, à son Collectif National de rentrée, de lancer une campagne offensive pour placer l’éducation au cœur des préoccupations du gouvernement. Nous demandons d’abord de profondes modifications législatives à la loi sur l’autonomie, notamment en ce qui concerne la composition des conseils, le statut des personnels et le financement des universités. Nous exigeons également que le gouvernement se saisisse enfin de la situation sociale des étudiants : la mise en place d’un 10ème mois de bourse et la revalorisation de 10% des aides au logement serait un premier pas pour en finir avec le salariat étudiant. Enfin, la situation des premiers cycles universitaires ne saurait durer plus longtemps : 60 % d’échec en première année, 4 étudiants sur 10 qui sortent de l’université sans diplôme, des volumes horaires annuels qui s’effondrent…. Nous demandons un taux d’encadrement qui garantisse 25 heures minimum de cours par semaine, le doublement du nombre de places en Master et bien sûr un cadrage national qui garantisse les mêmes modalités d’examen partout en France. Le gouvernement serait bien inspiré de répondre aux aspirations des étudiants s’il ne veut pas que la grogne monte sur les campus.

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Bruno Julliard : L’UNEF n’était pas demandeuse d’une loi permettant un élargissement de l’autonomie des universités. Car l’autonomie pédagogique et financière des établissements existe déjà, et l’analyse que nous faisons est qu’elle conduit surtout à un accroissement des inégalités entre les étudiants d’un établissement à un autre. Réformer le seul fonctionnement n’apporte de surcroît aucune réponse à la situation sociale des étudiants comme au taux d’échec en premier cycle. Mais l’UNEF ne pouvait pour autant déserter la table des discussions. D’autant plus que le premier ministre s’était engagé à ce que la loi ne franchisse pas les lignes jaunes fixées par l’UNEF. Ces engagements ont été respectés et on peut se féliciter que le texte adopté ne touche ni à la liberté d’inscription des bacheliers ni à la fixation nationale des frais de scolarité.

B.J : Nous sommes très insatisfaits des choix opérés par le gouvernement. Au moment des négociations sur la loi, le gouvernement nous avait assuré que des moyens importants seraient débloqués pour le budget. Or c’est la douche froide : aucune mesure d’urgence n’a été prise pour sortir les étudiants de l’impasse sociale dans laquelle ils vivent et l’annonce du budget 2008 pour l’enseignement supérieur est profondément décevante.

ju V CN alér in i E e l’e SER Péc xa 6 re L’U m jo ss e u e pa NEF n de rs p con s d l lu v d’ sag éno ’ava s ta oqu un e e n n rd e re af n ce t p , c un nt fr fo un ro on e s je s ré on rc e te e e vér t d acr éan m t m ita e l ée ce en b o t à ena le i. à du la ce

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m L’ co UNE ai n F 1 cert dén m at o la ois ion nce ré se s le la for ulem » an ca lég me e no len m isl « nt nc dri ini at la po é er st ure pl u pa d re u r r e lui » s s im disc la m s « -m elo p u êm n ort ter inist e le p ant de re. re e d m e ier

Sous la pression de l’UNEF l’examen de l’avant projet de loi est repoussé au conseil des ministres du 4 juillet, soit une semaine plus tard. Ce qui permet l’ouverture de nouvelles négociations au cours desquelles l’UNEF obtient le recul du gouvernement sur 3 points majeurs de l’avant projet de loi : la fourchette des conseils d’administration est élargie à 30 membres, la possibilité laissée aux universités d’introduire une sélection à l’entrée du master est retirée et le caractère optionnel des nouvelles prérogatives des universités est levé. Le recul du gouvernement sur ces trois éléments constitue une première victoire pour l’UNEF qui n’en dénonce pas moins la globalité du projet de loi. La bataille se poursuivra ensuite à l’occasion de l’examen du texte au Parlement où le gouvernement sera contraint à de nouveaux reculs. Le travail de veille parlementaire mené par l’UNEF et le lobbying forcené auprès des parlementaires permettent de nouvelles avancées pour les étudiants. Le 1er août, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités est définitivement adoptée par l’Assemblée Nationale.

Etudiants de France : Dans quelle optique l’UNEF a-t-elle participé aux concertations sur l’autonomie des universités ?

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Le gouvernement contraint d’ouvrir de nouvelles négociations

2 questions à Bruno Julliard

L’U jui NE n de F o s « bti e l’a con nt, ut ce en o du nom rtat par ch ie ion allè s co anti , l’o » s le nd er uv ur s e i ét tion ur l rtur ud s es e ian de te vie

présentation publique de l’avant projet de loi. L’UNEF hausse le ton devant la précipitation du gouvernement et prépare la bataille des amendements pour le passage du texte au CNESER du 22 juin. Car l’avant projet de loi revient sur des éléments qui faisaient consensus au sein de la communauté universitaire et sur lesquels le gouvernement s’était lui-même engagé. La séance du CNESER confirme de surcroît la volonté du gouvernement de passer en force : 8 heures de débat sans qu’aucun amendement, voté à la majorité du CNESER, ne soit repris par la ministre. L’UNEF fait alors le choix, avec la majorité des organisations du CNESER, de quitter la séance pour ne revenir qu’à 22 heures pour le vote de conclusion. La sanction tombe : le CNESER se prononce majoritairement contre l’avant projet du gouvernement et demande à ce que de lourds correctifs soient opérés avant le passage en conseil des ministres.

EDF : Loi sur l’autonomie, précarité des étudiants, conditions d’études dégradées… Comment l’UNEF aborde cette rentrée universitaire ?

Etudiants de France n°279 • Septembre-Octobre 2007

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DOSSIER DU MOIS Décryptage. Malgré les quelques modifications apportées à la version initiale du texte adopté le 1er août dernier, l’UNEF s’inquiète d’une remise en cause du service public de l’enseignement supérieur.

Aveugle aux revendications contenu et décryptage de la loi

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Dé ju in n ob on ç t a pa ient nt ss le un m age rep tex in d o t de istre u t rt d e ina s n . ex ’u c pil ouv C’e te e ne cep o e s n se ta Sa tée lles t l’o co ma ble rk s p né cc ns in , l’ oz ar g a ei e d U y l N oc sio l de u NE ui- ico ia n F m la tio d’o s êm s ns u vr e ir

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La juin plu sé s anc re de 8 e d jet h u C vo te to eur NE té u es. SE R s s es pa les La m du t fi r le am in re vo nale CN en istr ix m ES de e E m c ab on ent R e en st tre rej t le t s en , 1 et tio 2 é p tex ns po ar te . ur 19 et 3

La loi sur l’autonomie des universités modifie profondément le fonctionnement des établissements. L’UNEF dénonce l’instauration d’un déséquilibre important entre le rôle du président de l’université et du conseil d’administration et celui des autres conseils.

Les nouvelles dispositions législatives entendent également transposer le modèle managérial des entreprises à l’université en faisant du président un véritable PDG aux prérogatives renforcées et sans réel contre pouvoir. Le renforcement des prérogatives du président, notamment en matière de recrutement des personnels, voudrait logiquement que la procédure de son élection lui donne une pleine légitimité, mais là aussi le gouvernement a fait le choix inverse. En effet, le poids des représentants élus de la communauté universitaire dans l’élection du président diminue puisque ce n’est plus le congrès qui a cette compétence (CA, CEVU et CS) mais les seuls membres du CA. De plus, le président n’est plus nécessairement un enseignant chercheur de l’établissement mais un « enseignant chercheur associé ou invité ou tout autre personnel assimilé », ce qui va à l’encontre de sa légitimité auprès de la communauté universitaire locale. Alors que la bonne marche des universités

s é uin vic tud to ia re ire : nt s cu le ob L’o ler s gou tien p ur ve ne et tion troi rne nt u la ali s p m ne so séle té d oin ent pre nt ct es t s dé m f d’ reti ion nou orte cide ière ad ré à v m s l’ e m de ét ini et l ent lles ent en st es ré pr co r e é m dus atio con du rog nte em à n se m a sté br 30 son ils as tive s. te s es t r

Des reculs démocratiques importants : les étudiants exclus des conseils d’administration

C’est d’abord la place et le poids des étudiants élus au conseil d’administration de l’université qui baisse fortement au profit notamment des personnalités extérieures : de 10 à 22 % du CA contre pas moins de 20 % selon les anciennes dispositions (loi Savary de 1986). Alors que l’accroissement de l’autonomie des universités devrait être compensé par une participation accrue de la communauté universitaire, la ministre a choisi d’exclure les étudiants des conseils d’administration alors même qu’ils sont les principaux intéressés.

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S

i la loi relative aux libertés des universités, adoptée au mois d’août dernier, n’attaque pas frontalement le processus de massification et de démocratisation des études supérieures, elle n’en contient pas moins de graves reculs dont les étudiants subiront les conséquences.

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Collectif National de l’UNEF du 6 et 7 octbore

EN SAVOIR PLUS Analyse complète de l’UNEF sur la loi sur : unef.fr

a

La loi prévoit d’attribuer aux universités des compétences élargies en matière budgétaire et de gestion des ressources humaines. Désormais, les établissements seront dotés d’un budget global, les moyens ne seront donc plus fléchés sur des dépenses précises : personnel, investissement, fonctionnement… La fusion des dotations allouées par l’Etat et des ressources propres de l’université à laquelle aboutit la globalisation du budget fait

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Une remise en cause du service public d’enseignement supérieur

po lo oû u ie t da r et st d ng 46 éfi er c ni eu on tiv se tre em po . L en ur ’UN t a l’u EF do niv d pt er én ée sit on pa é ce r 1 un 65 e l vo oi ix

Le gouvernement a lancé une attaque en règle contre le statut des personnels enseignants et administratifs des universités en ouvrant massivement les vannes du recrutement contractuel et en laissant pleine liberté aux universités dans la gestion des ressources humaines. Les établissements pourront désormais recruter des personnels contractuels sur CDI, pour occuper des postes de personnels administratifs de toutes les catégories (A, B et C) et exercer des activités d’enseignement. Aussi, c’est la qualité même des formations délivrées aux étudiants qui en pâtira. La précarisation des conditions de travail et de rémunérations des personnels des

courir un risque de désengagement de l’Etat en le dédouanant de ses responsabilités en matière d’encadrement. Pour dégager des «marges de manœuvres» et accroître leurs fonds disponibles, les établissements n’auront désormais que le choix entre la suppression de postes et la course aux « ressources propres » par nature inégale. Cette course aux ressources propres est facilitée par la mise en place de fondations de droit privé qui disposent d’une totale autonomie financière. Si l’Etat ne prend pas ses responsabilités en investissant massivement dans les universités, la situation actuelle d’asphyxie poussera nécessairement celles-ci vers la recherche de financements privés, source d’inégalités croissantes entre les établissements. C’est pourquoi l’UNEF sera particulièrement offensive pour faire barrage aux risques qui pèsent sur le service public de l’enseignement supérieur. Et le budget 2008 consacré aux universités sera sans aucun doute la première bataille.

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Les nouvelles dispositions entendent transposer le modèle managérial des entreprises aux universités.

L’U ju NE ille vo F o t té bt p ie pa ar nt d r l le S es e du s se éna am re uls t : é élio cr m le ra ut e c tio em mb tio n en re n d s au tc sé up t on lus ré ex tra , lim sid te ct it en ue at t l… ion

Une attaque contre le statut des personnels

universités s’accompagnera, comme dans tous les services publics, d’une baisse de la qualité de leurs prestations, c’est-à-dire les formations. L’université de demain ne peut se construire sur la fragilisation de ses acteurs. Malgré les pressions de l’UNEF le gouvernement a refusé d’encadrer le recours aux contractuels, ce qui pose clairement la question de la mise à mal du statut de la fonction publique.

La

dépend du caractère partagé des décisions qui sont prises par sa direction, le gouvernement a pris le chemin inverse, au risque de créer de nombreux conflits. La légitimité des décisions des présidents sera de plus en plus contestée et c’est donc la gouvernance même des universités qui est en jeu.

Le jui su Sén llet rl a am ’au t ad t o o e lo nde nom pte i is m ie d de su en de ans m du t s s la de and co ont univ nu pr e à nse ag er it le en l il gr sit p dr ’A s de av és. roj e s se s m é l C et es m in e p ert de re blé istr ro ain lo sp e es je s i on na . L t d sa tio ’U e bil na NE ité le F s

© Photo François Lafite/ Montage Mila JEUDY

DOSSIER DU MOIS

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MOUVEMENT SOCIAL

INTERVIEW

A la veille d’une rentrée sociale très chargée, entretien avec Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière.

Etudiants de France : Quel regard portent les salariés sur les premiers mois du gouvernement de M. Sarkozy ? Jean-Claude MAILLY: Les deux premiers dossiers, service minimum et la loi TEPA sur le paquet fiscal et les heures supplémentaires ont confirmé le caractère libéral de la politique économique menée. Même si nous avons fait gommer dans la loi l’hypothèse des réquisitions et assignations, l’obligation de se déclarer gréviste 48 heures à l’avance est une atteinte au droit de grève et nous avons saisi le Bureau International du Travail en ce sens. Quant au « travailler plus pour gagner plus » illustré par les heures supplémentaires détaxées, et décotisées, FO reste sceptique sur l’effet que cela aura sur la demande et sur l’emploi. Les salariés ne choisissent pas de faire ou pas des heures supplémentaires : c’est l’activité de l’entreprise qui en décide.

dans un budget modeste, c’est lourd. C’est l’équité à la sauce libérale : la même «franchise» pour tous, sans tenir compte des revenus. Dans le même temps, la Cour des comptes nous confirme le manque à gagner sur la participation l’intéressement, les stocks options, etc. et la non compensation de toutes les exonérations de cotisations sociales par l’Etat. Pour les finances de la Sécurité sociale, c’est une hémorragie. Venir ensuite expliquer que les franchises vont financer le plan Alzheimer, la prévention… c’est une absurdité ! En somme, il faudrait « consommer » le plus de soins et de médicaments possible afin de grossir l’enveloppe destinée aux malades d’Alzheimer. Qu’on rétablisse la sécu dans ses droits à cotisation et elle assumera ses missions sans avoir à déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Pour les finances de la Sécurité Sociale, les franchises sont une hémorragie. C’est l’équité à la sauce libérale.

EDF : Plus précisément, quelle est votre analyse au sujet des franchises médicales ? J-C. M : Elles sont injustes et absurdes. Injustes parce que 50 euros de pénalisation

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EDF : Alors que le dossier des retraites à été ouvert par le gouvernement, quelle est l’analyse de FO sur ce dossier ? J-C.M : Force ouvrière avait condamné la loi Fillon de 2003 en ce qu’elle programmait à long terme la réapparition de retraités pauvres du fait du passage de 37,5 à 40 années de cotisations. C’était une question de justice car ce sont les générations du baby boom qui avaient relancé

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© FO

Jean-Claude Mailly

Après avoir été élu délégué du personnel puis nommé délégué syndical à la CNAM, Jean-Claude Mailly, devient un permanent de FO en 1981. Il y obtient le poste d’assistant du secrétaire général du syndicat (André Bergeron, puis Marc Blondel dès 1989) En 94 Jean-Claude Mailly intègre le Conseil économique et puis le bureau confédéral de FO, où il est en charge de la presse en 2000. 7 février 2004 : à près de 51 ans, Jean-Claude Mailly succède à Marc Blondel au poste de secrétaire général de Force ouvrière. Il est reconduit le 30 juin 2007.


MOUVEMENT SOCIAL

l’économie du pays, qui vont être pénalisées. De plus, nous rappelons que nous avions dénoncé la loi Fillon comme n’étant pas financée. On pariait alors sur une baisse de plus de 4 points du chômage, ce qui aurait permis de récupérer les cotisations de l’assurance chômage. Ça n’a pas été le cas. Nous estimons donc qu’il est inacceptable d’aggraver encore la situation et demandons dans l’immédiat le blocage des compteurs à 40 ans des cotisations ce qui est parfaitement possible même dans la loi actuelle. Et FO soutiendra ses fédérations dans la défense de leurs régimes spéciaux qui ne sont pas des avantages indus mais le produit d’une histoire particulière. Je rappelle que la pension moyenne d’un retraité cheminot est de 1 500 euros par mois, sachant qu’il y a 41 % de cadres et de maîtrise à la SNCF. Ce n’est quand même pas l’Eldorado !

EDF : Dans le contexte d’un budget prévoyant la suppression d’un fonctionnaire sur deux, quels sont, selon vous, les enjeux pour le service public ? J-C.M : C’est une vision budgétaire des choses. Le gouvernement n’a pas en tête une vision de la France et des services publics républicains. Il a en tête une contrainte budgétaire liée au respect des critères du pacte de stabilité et de croissance : il veut diminuer

la dépense publique, ce qui correspond à une vision libérale de la construction européenne. Le problème est que le secteur public est un des fondements du système républicain : l’ouverture à tous les citoyens des services comme l’enseignement, les transports, la poste est un élément de la citoyenneté. Supprimer 11 000 postes dans l’enseignement alors que les besoins sont criants, c’est avouer que l’amélioration du fonctionnement des services publics n’est pas l’objectif principal. Et donc, on annonce dans le même temps que l’on va diminuer les heures de cours des élèves : on ne tient pas compte des besoins. Nous allons donc défendre, dans le débat que l’on nous annonce, nos propres conceptions du service public républicain.

EDF : Face aux attaques de ce gouvernement, quelle est la démarche de Force Ouvrière ? J-C.M : La tactique utilisée est un peu celle d’une guerre de mouvement : le front se déplace sans cesse. Les conférences sociales donnent une façade de dialogue, elles occupent le terrain, mais de temps en temps, on apprend que nous allons avoir droit à un plan de rigueur, que la réforme des retraites est bouclée, que la fusion Unedic / ANPE est inévitable, etc. Il nous faut trouver les lignes de résistance à tous ces projets. Dans l’immédiat, nous allons informer de nos positions et commencer par donner un

argumentaire à nos militants sur tous ces sujets. Bien entendu, nous soutenons les actions de nos fédérations, que ce soit pour lutter contre les suppressions de postes, exiger des négociations salariales, défendre les régimes spéciaux et leurs retraites, publiques comme privées, bref, réaffirmer nos revendications.

EDF : Enfin, au vu de cette actualité chargée, comment envisagez-vous vos relations avec les étudiants ? J-C.M : Si le CPE est derrière nous, beaucoup de problèmes sont devant : les conditions de vie et d’étude des jeunes, la question des stages qui doit trouver une solution satisfaisante afin que cesse l’exploitation éhontée des stagiaires. Par ailleurs, des négociations sur ce que le Medef appelle le « marché du travail », avec l’entrée des jeunes dans les entreprises, vont nécessiter une information réciproque entre organisations salariées et étudiantes. Le patronat veut faire subir aux jeunes des conditions d’embauche et de licenciement plus drastiques que pour les générations passées. Il va jouer l’opposition des générations, chose que l’on retrouvera aussi dans le dossier retraite : les droits des plus vieux s’opposeraient à l’amélioration des droits ou de la situation des plus jeunes : à nous de ne pas laisser s’installer cet état d’esprit et de coordonner nos réactions. Propos recueillis par Lucas Jourdain

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UNEF EN ZOOM

L’UNEF élit une nouvelle viceprésidente Le Collectif National de l’UNEF a élu Sophie Binet vice-présidente. Sophie Binet, 25 ans, étudiante en histoire, remplace ainsi Benjamin Vételé à la viceprésidence du syndicat étudiant.

© François Lafite

Actus de votre syndicat

Sophie Binet, nouvelle vice-présidente de l’UNEF qui succède à Benjamin Vételé

Tribune

Des tendances Un nouveau site internet ! Depuis octobre, l’UNEF a mis en ligne un nouveau site internet. Avec une refonte graphique et fonctionnelle, le site unef. fr comprend désormais un moteur de recherche ainsi qu’une FAQ pour répondre à toutes les questions étudiantes. Nouveauté également : un espace militant (Campagnes de l’UNEF) avec une mise à disposition des tracts et affiches afin que chacun puisse, de son site universitaire, diffuser les campagnes de l’UNEF. Bientôt, les adhérents pourront trouver un espace intranet pour se tenir au courant heure par heure de l’activité des équipes locales de l’UNEF.

L’UNEF met en place des cycles de formation pour tous et toutes Histoire de l’université, projet universitaire de l’UNEF, statut social et allocation d’autonomie, histoire des mouvements étudiants... l’UNEF met en place dans toutes les régions des weeks-end de formation régionaux afin de permettre à l’ensemble de ses adhérents de s’approprier les problématiques étudiantes. Renseignez-vous dès à présent auprès de l’équipe locale de votre université ou en envoyant un email à : contact@unef.fr

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Chaque mois, Etudiants de France donne la parole aux tendances qui composent l’UNEF afin de connaître leur lecture de l’actualité récente.

Tribune de la Majorité nationale

«

Sarkozy président, c’est 15 milliards pour les riches, combien pour les étudiants ? » C’est avec ce slogan presque aussi direct que le visuel auquel il est attaché [Sarkozy faisant un doigt aux étudiants] que la majorité nationale a fait le choix d’interpeller les étudiants sur les campus par le biais de la campagne de rentrée de l’UNEF. Cette campagne a pour objectif de dénoncer les choix du gouvernement en direction des étudiants : une loi régressive et un budget en décalage complet avec les besoins. Cependant, pour ne pas donner au gouvernement la possibilité de nous enfermer dans le camp des conservateurs, nous avons fait le choix d’avancer en positif et d’exiger des mesures ambitieuses pour sortir les étudiants de la précarité et leur permettre de réussir en licence. Cette campagne doit nous permettre de mobiliser largement les étudiants. En effet, si l’UNEF avait fait le choix de se contenter du mot d’ordre d’abrogation de la loi sur les libertés et responsabilités des universités, la loi ne contenant pas d’attaques directes contre les étudiants (ni sélection, ni augmentation des droits d’inscription) elle aurait pris le risque d’une mobilisation minoritaire. Au contraire, en mettant

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en avant les questions qui touchent directement les étudiants, nous nous assurons la possibilité de réunir des assemblées générales massives. La priorité pour l’UNEF, ce n’est pas le combat, c’est le résultat. Engager une bataille pour la noblesse de la cause, en étant quasiment sûr de la perdre est extrêmement déflagrateur. Cela offre une démonstration de faiblesse au gouvernement, et lui démontre que les étudiants ne sont plus à même de se mobiliser pour se défendre ; cela démobilise durablement les étudiants, à l’image des salariés, qui, depuis l’échec de la bataille de 2003 contre la réforme des retraites, ont beaucoup plus de difficultés à se mobiliser. L’UNEF fait donc le choix de rechercher un maximum de débouchés aux mobilisations étudiantes: débouchés locaux dans le cadre par exemple des modifications de statuts, débouchés nationaux avec la discussion du budget 2008 et les mesures concernant la réussite en licence et l’aide sociale aux étudiants. Enfin, l’UNEF a participé à la journée du 18 octobre et se mobilisera aux côtés des salariés pour défendre le système de retraites par répartition et la sécurité sociale. Elle sera aussi présente pour défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité de la République, et dénoncer le projet de loi sur l’immigration du gouvernement.


UNEF EN ZOOM

Tribune de la tendance pour une UNEF UNIE et démocratique

Q

uatre mois après la victoire de Sarkozy, les premiers effets de sa politique se font sentir. Paquet fiscal pour les plus riches, objectifs chiffrés pour l’expulsion d’immigrés, peines planchers pour les récidivistes, service minimum et réforme des régimes spéciaux, franchises médicales… En s’attaquant à tous les secteurs de la population, en les montant les uns contre les autres, Sarkozy veut masquer les vraies inégalités pour mettre en place sa politique visant à favoriser les plus riches. Dans ce contexte, la rentrée sociale s’annonce cruciale. Face aux attaques, nous devrons être de toutes les batailles et travailler à la construction de fronts unitaires de résistance. Le 29 septembre apparaît comme la première date-clé. Pour la première fois cette année les organisations se retrouvent pour défendre les acquis sociaux de 1945 : la santé pour tous, « chacun selon ses moyens, chacun selon ses besoins ». Mais au-delà des batailles communes à l’ensemble des forces progressistes, chacun devra se battre dans son secteur d’intervention. Ainsi l’actualité universitaire doit être au centre des préoccupations de l’UNEF. La loi sur les libertés et responsabilités des universités votée

le 10 août est une attaque inacceptable portée au service public d’enseignement supérieur. Soumettant les universités aux lois de la concurrence et de la compétition mondialisée, elle transforme les présidents d’université en managers et les étudiants en clients du supermarché de la connaissance. Cette loi est donc une victoire radicale des libéraux : difficile de faire revenir les établissements dans le giron du service public après de telles modifications structurelles. C’est pourquoi la rentrée sociale de l’UNEF doit être placée sous le signe de l’offensive et du courage syndical : exigeons l’abrogation de cette contre-réforme libérale ! Les frilosités sont compréhensibles : difficile de se remettre d’une première défaite face à Sarkozy. Mais les universités publiques se remettront-elles un jour de cette privatisation rampante ? Parce qu’une défaite sans combattre donnera au gouvernement le goût des victoires faciles, ne baissons pas les bras. Il en va de la responsabilité et de la crédibilité de l’UNEF. Seul un investissement sans réserve du syndicat dans la bataille de l’abrogation permettra de construire le front unitaire nécessaire à un mouvement d’ensemble victorieux.

Tribune de la tendance refondation syndicale Retraites : Réformer pour préserver les solidarités Au cours du CN du 6 et 7 octobre, nous avons pris l’initiative de lancer, au sein de l’UNEF, le nécessaire débat sur les retraites. Le contexte social prête à s’y engager. L’avenir des jeunes et des étudiants devant être défendu, la solidarité intergénérationnelle maintenue, notre organisation doit prendre position à la fois sur le problème global des retraites mais également sur le problème spécifique des étudiants. Les inquiétudes des étudiants, face à leur avenir et à l’état du système des retraites au moment où ils seront en âge d’en bénéficier,

se révèlent de plus en plus légitimes et certaines banques profitent de l’aubaine pour, dès à présent, proposer des offres de complémentaire retraites. L’inquiétude porte pour grande partie sur la durée de cotisation. Les jeunes qui poursuivent des études dans le supérieur peuvent en effet s’interroger sur leur âge de départ en retraite. L’actuel système de « rachat » d’annuités reste uniquement accessible aux plus aisés (5000€ le trimestre). Ce système pénalise les personnes en reprise d’études ainsi que certains jeunes, incités par leur entourage à rapidement s’insérer sur le marché du travail, au dépend de leur études, pour cotiser au plus vite et ne pas être lésés plus tard.

Inégalitaire et favorisant les démarches individuelles, l’actuel système nécessite d’être profondément modifié. C’est pourquoi nous proposons qu’une année d’études validée corresponde à deux trimestres d’annuités. Si avec cette mesure une réponse majeure est apportée aux jeunes, il n’en reste pas moins que c’est l’ensemble du système qui demande d’être réformé pour répondre aux enjeux de demain. C’est pourquoi notre tendance s’engage à préciser ses propositions grâce à notre blog (unef-trs.fr) dans les semaines qui viennent.

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UNEF EN ZOOM

Coopératisme et services

L

e coopératisme est historiquement l’un des trois piliers du mouvement ouvrier, avec le syndicalisme et le mutualisme. Il s’agit de mettre en commun des ressources afin d’avoir un accès plus aisé à des produits de consommation, c’est la défense matérielle des intérêts des étudiants.

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Le coopératisme syndicalisme

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Dès la création des premières Associations Générales Etudiantes de l’UNEF, la solidarité étudiante s’organise, les premières structures coopératives sont créées. Mais c’est la première guerre mondiale et la période de l’entre deux guerres qui va les voir se développer de manière décisive, répondant ainsi à des besoins croissants dans une période où certes les étudiants constituent encore une élite, mais qui est elle-même touchée pour partie par la misère. Ceci conduit l’UNEF à être reconnue d’utilité publique en 1929. Le Front Populaire va permettre une institutionnalisation des «oeuvres universitaires». Durant la seconde guerre mondiale, le maintien des services aux étudiants justifiera pour certains la position de neutralité vis-à-vis de l’Etat français, et de l’occupant allemand. Le mouvement d’institutionnalisation des coopératives se poursuivra au sortir de la seconde guerre mondiale, avec la création d’un régime de sécurité sociale spécifique pour étudiants (et la création de la MNEF, ancêtre de l’actuelle LMDE), ou encore la mise en place du CNOUS et de ces antennes régionales. Cette

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dernière structure sous l’égide de l’Etat, est gérée de manière paritaire avec les étudiants. Si cette prise en charge des problématiques étudiantes par l’Etat, a permis aux conditions de vie des étudiants d’être nettement améliorées ; elle a réduit d’autant l’importance que pouvait revêtir ces services pour le syndicat. Les nombreuses scissions subies par l’UNEF à partir des années 50 ont également porté un coup important au coopératisme dans l’UNEF : certaines AGE quittant l’union nationale, d’autres affirmant l’obsolescence d’un tel mode d’activité.

Le coopératisme comme outil de défense des intérêts matériels des étudiants Depuis près de 20 ans pourtant, l’UNEF tente de se réapproprier cette part d’histoire et cet outil au service des étudiants. Alors que les conditions de vie des étudiants ne cessent de se dégrader - comme l’UNEF l’a montré dans son enquête sur le panier de l’étudiant - et que la seule réponse proposée par les gouvernements successifs est d’aller chercher directement dans la poche des étudiants (augmentation des droits d’inscriptions, des logements en Cité U, des tickets RU...) l’importance des services rendus


UNEF EN ZOOM

Les bourses aux livres : un exemple de service de l’UNEF Un peu partout en France, les sections locales de l’UNEF organisent des bourses aux livres. Focus sur la bourse aux livres organisée à Nice. Pendant une semaine, les militants de l’UNEF Nice ont distribué des tracts sur le site de Lettres, ont fait des interventions dans chaque amphi pour informer le plus grand nombre de la tenue de la bourse aux livres et récupérer les coordonnées des vendeurs “sauvages” devant les secrétariats des UFR. Comme l’année dernière, ce sont rapidement des dizaines de livres qui s’entassent dans le local, et sont ensuite proposés aux étudiants. Après une semaine, ce sont plus de 500 livres qui ont été déposés : d’arides manuels d’exercice de français, des romans à l’eau de rose, des dictionnaires bilingues, des essais divers, une collection complète de romans de science fiction, tous vendus à partir de 50 centimes. Le jour J, à 9h30, plusieurs camarades ouvrent le local et commencent à disposer les livres, rangés en fonction des différentes filières. Avant 10h, ce sont près d’une dizaine d’étudiants qui semblent attendre l’ouverture de la bourse aux livres. A l’heure dite, les 2 amphis adjacents au local libèrent ces étudiants qui massivement viennent jeter un premier coup d’oeil aux livres, en reprenant leurs esprit autour d’une cigarette. Les tables dédiés à la philosophie et la filière Arts et Communication sont prises d’assauts. Après une journée, il ne restera plus qu’une dizaine de livres. Ainsi de suite tous les jours, jusqu’à 16h l’après-midi, les étudiants défilent devant le local de l’UNEF pour dénicher la bonne affaire. Au final, ce sont près de 200 livres qui ont trouvés preneurs : en tête des ventes, des manuels de langue anglaise. Pour la seconde année sur le site de Carlone, la bourse aux livres de l’UNEF a été un franc succès, pour les étudiants qui ont trouvés des livres à prix réduits d’abord, pour l’UNEF ensuite qui organise la solidarité entre étudiants, et montre ainsi une dimension pratique et une action quotidienne du syndicat pour les étudiants. Après le site de Lettres et Langues, l’UNEF va commencer la bourse aux livres sur le site de Saint Jean d’Angely, qui cette année accueille, en plus des étudiants en psychologie, ceux d’histoire et de sociologie.

quotidiennement aux étudiants est décuplée. Les coopératives qui permettent de manger pour 1,80 Euro, de faire des copies pour 0,02 centimes, les bourses aux livres, les achats groupés de livres universitaires ou de trousses de dissections, sont autant d’exemples de l’action quotidienne de l’UNEF pour améliorer les conditions de vie des étudiants. Mais au-delà de l’utilité, il s’agit aussi de faire la démonstration de la capacité qu’ont les étudiants à gérer leurs propres affaires, de manière autonome et responsable. Lucas Jourdain

LES SERVICES Aujourd’hui, les adhérents de l’UNEF peuvent commander auprès de l’UNEF leurs manuels scolaires avec 10% de réducation via le partenariat avec chapitre.com. Des blouses et des trousses de dissection sont également disponibles pour les scientifiques. Enfin, des avants-premières et des places de cinéma sont disponibles dans les locaux de l’UNEF.

L’Union des Coopératives Étudiantes de France Le mouvement coopératif est aujourd’hui incarné au sein de l’UNEF, par l’Union des Coopératives Etudiantes de France, l’UCEF. Dans chacune des A.G.E. (équipes locales de l’UNEF), et au niveau national, c’est l’UCEF qui gère les partenariats avec ISIC, Chapitre.com, Dalloz, ou organise le fonctionnement des coopératives dans les différentes universités pour ainsi organiser la solidarité dans les campus universitaires.

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SANTÉ

SOINS

Se soigner : un casse-tête quotidien Une enquête de la LMDE a mis en évidence une catastrophe sanitaire inquiétante : un quart des étudiants renoncent à leurs soins pour des raisons financières... Voici quelques pistes pour pouvoir se soigner lorsqu’on est étudiant Bien se soigner Lorsqu’on est étudiant et que l’on a besoin de se soigner, il n’est pas toujours facile de se repérer dans le système de soins. Surtout si on souhaite ne pas dépenser trop d’argent. Parcours de soins, tiers payant, secteur 1... autant de notions qu’il est nécessaire de bien connaître pour ne pas se retrouver avec des factures exorbitantes. Il existe plusieurs services à connaître pour se soigner sans dépenser trop d’argent.

Les services universitaires : médecine préventive universitaire et bureau d’aide psychologique universitaire Le service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (SUMPPS) de votre établissement est là pour vous accueillir, vous écouter et vous orienter au mieux. Chaque établissement dispose d’un service de médecine préventive. Normalement une visite obligatoire est prévue pour tout étudiant de 1ere année. Le SUMPPS a un rôle d’information et de prévention auprès des étudiants. Il propose un service médical : vous pouvez à tout moment demander une consultation gratuite auprès d’un professionnel de santé. La Médecine Préventive Universitaire Les MPU existent dans toutes les universités et sont gratuites. Le personnel est tenu au secret médical. Il n’y est pas délivré d’ordonnance (hormis contraception) mais, éventuellement, des certificats médicaux. Vous pouvez demander un rendez-vous pour une consultation gratuite avec un médecin pour des ennuis de santé ou autres.

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Le bureau d’aide psychologique universitaire Le BAPU est une structure conçue pour les étudiants ou jeunes chômeurs ou en recherche d’emploi. Vous devez prendre rendez vous, le temps d’attente est parfois long. Vous n’avez pas à avancer d’argent et êtes pris en charge par un psychologue ou un psychiatre selon la nature de vos soucis. Vous serez suivi régulièrement par le même médecin.

Le parcours de soins Pour être remboursé au mieux de ses dépenses de santé il est désormais nécessaire d’avoir choisi son Médecin Traitant. Mais il faut aussi respecter le parcours de soins, c’est-àdire qu’il faut consulter son Médecin traitant avant de consulter un spécialiste Choisir son Médecin Tous les médecins (généraliste comme spécialiste) ne pratiquent pas les mêmes tarifs, selon qu’ils sont en secteur 1 ou 2. La règle générale veut qu’un médecin en secteur 1 n’a pas le droit de pratiquer de dépassement d’honoraires. Ses tarifs seront donc ceux qui servent de base de remboursement à la sécurité sociale. Les tarifs officiels chez un généraliste : - 20 € pour une consultation - 30 € pour une visite à domicile de jour (jusqu’ à 63,50 € la nuit) - Chez la plupart des spécialistes : 25 € pour une consultation. Sur www.lmde.fr vous pourrez trouver une fiche pratique d’information.

Bénéficier du Tiers payant

Le système dit de tiers payant vous

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permet de ne pas avancer d’argent chez un professionnel de Santé. Pour cela, il faut vous renseigner sur les accords éventuels entre votre mutuelle et des centres de soins. Ces accords vous permettent d’être dispensé de tout ou partie de vos dépenses de santé sur tout le territoire national. Par exemple, la LMDE a conclu plus de 3000 accords avec des professionnels de santé, des centres de soins, hôpitaux, laboratoires, opticiens mutualistes et pharmacies mutualistes...

La CMU (Couverture Maladie Universelle) Si vous ne pouvez pas ou plus bénéficier du régime étudiant, tournez-vous vers la CMU, délivrée pour 1 an renouvelable sur évaluation des ressources. Pour faire une demande de CMU, il faut remplir un formulaire (à retirer auprès de sa caisse d’Assurance Maladie) et fournir les pièces justificatives suivantes : un justificatif de résidence en France (quittances de loyer, ou factures d’électricité, de gaz, de téléphone) et d’un justificatif de séjour régulier en France. N° vert : 0800 55 222

L’AME (Aide Médicale d’Etat) Toute personne de nationalité étrangère en situation irrégulière a droit à l’AME à condition de résider en France depuis plus de 3 mois. L’AME ouvre droit à la prise en charge à 100 % des soins médicaux et du forfait hospitalier, avec dispense d’avance de frais. Adressez-vous à votre caisse d’Assurance Maladie pour retirer le formulaire. Juliette Griffond


© Mila JEUDY


La Mutuelle des Étudiants - LMDE : mutuelle n° 431 791 672, soumise aux dispositions du livre II du code de la Mutualité. Ce document n’a pas de valeur contractuelle - Studio LMDE - 07306


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