
1 minute read
« Du service public aux services marchands »
C’est pour sa thèse de sociologie, financée dans le cadre d’une convention industrielle de recherche avec les Jeunes Agriculteurs, que Cécile Gazo s’est penchée sur la multiplication des initiatives de soutien à l’installation.
Qu’est-ce que l’irruption de nouveaux opérateurs vient bousculer dans les procédures d’installation ?
Advertisement
Cécile Gazo : Alors que l’agriculture paysanne fait de l’installation sur mesure, à la hauteur des porteurs de projets, les start-up sont plutôt dans une logique de standardisation. Mais ce qui change surtout avec ces dernières, c’est que cela fait entrer l’installation dans la catégorie des services marchands, alors qu’elle était jusqu’ici du ressort de la puissance publique, consulaire et syndicale. Bien sûr, certaines start-up cherchent aussi à orienter les candidats vers les bons interlocuteurs (chambres, associations, Safer, cabinets de conseil, etc.). Il s’agit pourtant de la mission de service public des organisations labellisées par l’État dans le cadre du Point accueil installation.
Ce ne sont pas les seules alternatives qui se développent…
Il y a aussi les Groupements Fonciers Agricoles (GFA), en particulier dans le monde de la vigne. Ils acquièrent les terres et vendent ensuite des parts de société. Mais les coopératives y sont aussi parfois contraintes pour conserver les surfaces dont elles ont besoin pour faire tourner leurs outils industriels. De quoi se heurter à une autre problématique, celle de la main-d’œuvre. Elles sont parfois réduites à faire travailler ces vignes soit par des salariés, soit à façon par des entreprises de travaux agricoles, faute de trouver des vignerons pour s’installer. À terme, si l’objectif est louable, et parfois incontournable, ces solutions vont poser des questions jusque sur l’essence même des coopératives.
En définitive, cela fait-il vraiment beaucoup de solutions nouvelles ?
Ce qui est frappant, c’est que, aujourd’hui, tout le monde s’intéresse à l’installation, depuis les Cuma jusqu’aux services de remplacement en passant par les Safer, en plus des acteurs historiques. Mais, souvent, chacun reste campé sur ses positions, son modèle et son cœur de métier.
La première des choses ne serait-elle pas peutêtre que toutes les parties qui interviennent se parlent et travaillent ensemble ? Et cela passe bien entendu par une réflexion sur la sécurisation des financements de chacun. ●