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Le défi de l’éducation à Srikakulam »

Cette année nous avons choisi de mettre en lumière l’engagement missionnaire de l’Église en Inde. Comme toutes les Églises, celle de l’Inde entend perpétuer l’idéal des premières communautés chrétiennes, unies et animées par la charité fraternelle. Elle s’efforce ainsi de venir en aide aux plus démunis, et notamment aux enfants. Travailler à leur accorder un avenir, c’est contribuer à un meilleur avenir pour tout le pays.

CATHERINE DE RYCK

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Le diocèse de Srikakulam, dans le sud-est de l’Inde, nous donne un aperçu des enjeux de l’éducation des enfants dans ce pays. Très peu vont en effet à l’école, et ceux qui y vont n’apprennent pas grand-chose.

Effectifs plétoriques

Le territoire de Srikakulan se trouve à 97% en zone rurale, où vivent 84% de la population locale. Les bonnes écoles, situées en ville, sont par conséquent assez éloignées pour les enfants, qui doivent souvent en outre effectuer de nombreuses tâches domestiques à leur retour de l’école ou avant d’y aller. Il en résulte des effectifs plétoriques dans la seule école du village, et des conditions inadéquates pour une éducation de qualité.

Sous-éducation

La qualité de l’enseignement est donc insuffisante. Parmi les jeunes de 14-18 ans, 59 % seulement peuvent effectuer des calculs basiques, 75 % comprennent des phrases simples en anglais. À peine 64 % d’entre eux connaissent la capitale de leur pays, et 65 % peuvent indiquer leur province sur une carte du pays. Il y a donc encore beaucoup à faire! Le diocèse de Srikakulam voudrait par conséquent offrir un enseignement de qualité à quelque 1 000 à 1 500 enfants âgés de 6 à 14 ans. Il a pour ce faire un plan en quatre étapes. Premièrement, construire des bâtiments scolaires de bonne qualité, puis accorder un soutien financier aux familles pauvres. Cela devrait diminuer les sollicitations des enfants pour les tâches extrascolaires, et leur permettre de se concentrer sur leurs études. Troisièmement, améliorer la qualité de l’éducation. D’une part, en recrutant de bons enseignants pour un salaire équitable, et d’autre part, en examinant les capacités individuelles de chaque enfant, et en apportant un soutien supplémentaire à ceux qui en ont besoin. Quatrièmement enfin, aller au-delà de l’instruction et accorder aux enfants une formation intégrale, qui favorise le développement humain. Tout ce qui peut contribuer au bienêtre intégral des enfants doit donc être pris en compte, autant que possible. 

AIDEZ L’ÉGLISE DE L’INDE À ACCORDER UNE ÉDUCATION CONVENABLE AUX ENFANTS

Le nouveau directeur de Missio Belgique

Depuis le 8 juin dernier, l’abbé THEOGENE HAVUGIMANA est officiellement le nouveau directeur de Missio Belgique. Il a choisi notre Trimestriel Suara pour accorder sa première interview, et partager avec nous ses sentiments, sa vision de Missio, le nouvel élan qu’il entend lui donner, les défis y afférents et la manière dont il entend les surmonter. Nous l’en remercions vivement. Connaissiez-vous Missio avant votre arrivée en Belgique ? Si oui comment ?

Oui, j’ai connu les OPM pendant mes années de formation au Séminaire. Leur soutien financier à la formation de futurs prêtres est très important. Missio Belgique en particulier intervenait dans plusieurs petits projets de formation des séminaristes.

EMMANUEL BABISSAGANA

Comment allez-vous et quels sont vos premiers mots en tant que nouveau directeur de Missio Belgique?

Je vais bien, merci. Mes premiers mots vont à l’endroit de la Conférence épiscopale belge et du président des Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM), qui m’ont choisi pour accomplir cette mission. Je les remercie pour cette marque de confiance, tout comme ceux et celles qui m’ont manifesté leur sympathie et leur soutien, en particulier Mgr Koen Vanhoutte, évêque référendaire des Œuvres Pontificales Missionnaires au sein de la Conférence épiscopale.

En deux mots dites-nous qui vous êtes et d’où vous venez.

Originaire du Rwanda, je suis prêtre depuis 15 ans. Actuellement j’exerce mon ministère pastoral dans l’Archidiocèse de Malines-Bruxelles, unité pastorale De Goede Herder Haacht.

Selon la Conférence épiscopale, vous avez été nommé pour donner un nouvel élan à Missio. Comment comptez-vous y parvenir? Quelles sont vos priorités?

Je comprends ce « nouvel élan » comme un nouveau dynamisme missionnaire. Il ne s’agit pas d’inventer ou réinventer mais plutôt de réveiller la conscience missionnaire qui anime

Ce thème nous invite à rendre notre foi vivante et vivifiante, de manière à nous soutenir mutuellement, comme les membres d’un même Corps, Celui du Christ.

l’Église depuis ses débuts. Pour y parvenir et redonner ainsi un nouvel élan à Missio, il nous faudra suivre la pédagogie du Christ Lui-même, oser nous mettre en route vers les gens, sans peur, marcher avec eux, les écouter, leur communiquer la Bonne Nouvelle dans un langage accessible. Il nous faudra ensuite former des groupes de Missionnaires capables de porter l’Évangile dans leurs milieux respectifs et de rendre visible la solidarité missionnaire. C’est pourquoi la priorité de la nouvelle équipe sera de développer cette proximité missionnaire, qui fera sans doute grandir la solidarité entre baptisés, par-delà les appartenances communautaires. La réorganisation récente de Missio, et le renforcement de son insertion au sein des services diocésain et interdiocésain de l’Annonce va dans ce sens et souligne cette volonté pastorale de rendre Missio davantage proche du peuple de Dieu. Il s’agit d’une approche ascendante se proposant de renforcer la mission ad intra avant de s’engager dans la mission ad extra.

Que vous inspire le thème de la campagne missionnaire 2021: «Montre-moi ta foi»?

Extrait de la lettre de Jacques, ce thème est très explicite quant à la nature de la foi missionnaire qui nécessite que nous posions des actes concrets qui montrent, comme le souligne le Pape François, que nous sommes tous des frères et sœurs dans la foi (Fratelli Tutti). Ce thème nous invite à rendre notre foi vivante et vivifiante, de manière à nous soutenir mutuellement, comme les membres d’un même Corps, Celui du Christ. Le pape Jean Paul II n’a-t-il pas souligné que « la foi s’affermit lorsqu’on la donne» (Redemptoris Missio 64) ? Sans ce don de la foi, l’Église n’aurait jamais survécu au cours des siècles passés.

Le pape nous demande d’être autant sensible à l’universalité de notre Église qu’à la vocation missionnaire de chaque baptisé. Pouvez-vous suggérer des pistes pour mettre concrètement en œuvre cet appel?

Lorsqu’en 2019 le pape François proclame octobre «mois missionnaire extraordinaire », il rappelle les premiers paragraphes du Décret Ad Gentes qui soulignent que l’Église est essentiellement missionnaire. Ainsi invite-t-il tous les baptisés à redynamiser leur conscience missionnaire, car on est baptisé pour être envoyé : « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15). Il en résulte que la clé pour répondre à l’appel du pape est de renoncer à cette vision traditionnelle qui veut que le missionnaire soit uniquement celui qui quitte son pays pour des contrées lointaines. Être missionnaire, c’est être témoin de Jésus, où qu’on se trouve. C’est pourquoi chaque baptisé est appelé, partout où il est, à coopérer spirituellement et matériellement à l’expansion et au développement de l’Église.

Y a-t-il à votre avis des différences entre les Églises belge et rwandaise quant à la perception de la mission et à l’universalité de l’Église?

Fondamentalement il n’y en a pas. Nous sommes tous baptisés chrétiens, animés d’une foi missionnaire. Mais les façons dont nous répondons concrètement à cet appel diffèrent selon les cultures et contextes historiques.

Comment envisagez-vous, aujourd’hui et demain, le rôle de Missio ou des Œuvres Pontificales Missionnaires au sein de l’Église universelle?

Le rôle des OPM est de faciliter la transmission de la Bonne Nouvelle en stimulant la solidarité spirituelle et financière entre les différentes Églises, car aucune communauté chrétienne ne se suffit à elle-même. Pour bien accomplir cette tâche Missio devra régulièrement veiller à rester au service de l’Évangélisation, à constamment rappeler aux fidèles la dimension missionnaire de leur foi.

Un dernier mot à l’endroit de nos lecteurs?

À tous nos lectrices et lecteurs, je voudrais dire un grand MERCI. Que le Seigneur fortifie en vous cette foi missionnaire et bénisse votre engagement au service de l’Annonce de la Bonne Nouvelle dans le monde entier. 

Il ne s’agit pas d’inventer ou réinventer mais plutôt de réveiller la conscience missionnaire qui anime l’Église depuis ses débuts.

Notre Église est faite de sœurs et de frères, qui se doivent un soutien mutuel, comme les membres d’un seul corps. © Hartmunt Schwarzbach

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