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Projet | Soutenez aujourd’hui les prêtres de demain »
Soutenez aujourd’hui les prêtres de demain
Grâce à vos contributions, Missio essaie chaque année d’accorder un subside de 500 EUR pour chaque séminariste en formation dans les pays ayant des difficultés économiques, notamment en Afrique et en Asie. Nous vous en remercions vivement. Malheureusement, la diminution des dons ne nous permet plus d’apporter ce soutien à tous les séminaristes, alors même que la demande est de plus en plus forte. En témoignent les propos du séminariste tanzanien Innocent que nous avons choisi de vous présenter. Comme des milliers d’autres, il sollicite votre accompagnement spirituel et matériel, que nous pouvons organiser sous la forme d’un parrainage, si vous le souhaitez.
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EMMANUEL BABISSAGANA

L’Église de demain se construit aujourd’hui. Merci de soutenir la formation de ceux qui se préparent à lui consacrer toute leur vie. Faites un don à Missio: BE19 0000 0421 1012, avec en communication (Formations – Suara).



Vous pourrez également entretenir une correspondance avec le ou les séminaristes que vous soutiendrez. D’avance Merci pour votre soutien. Je m’appelle Alpha Omega Innocent, et suis le dernier né d’une famille de sept enfants, dont quatre garçons et trois filles. Mes parents, Nicodem Innocent et Innocensia Luogha, sont des paysans. C’est avec leurs modestes revenus qu’ils essaient d’assurer l’éducation de leurs enfants. Après avoir achevé mes études secondaires en 2010, j’ai dû enchaîner des petits boulots, afin de gagner un peu d’argent. J’ai ainsi été employé au St. Mary’s International College (Collège international Ste. Marie) jusqu’en 2016. C’est au cours de cette année que j’ai ressenti l’appel du Seigneur à devenir prêtre. Après des mois de prière, j’ai décidé de frapper à la porte du séminaire, où j’ai été admis en 2017. J’ai ainsi été envoyé au St. Anthony of Padua Ntungamo Major Seminary (Grand Séminaire St. Antoine de Padoue à Ntungamo) pour y suivre des études de spiritualité et de philosophie, jusqu’en 2020. C’est au terme de cette formation que j’ai rejoint le St Paul’s Senior Seminary Kipalapala – Tabora (Séminaire majeur Saint Paul de Kipalapala, dans le diocèse de Tabora), où je suis actuellement la seconde partie de ma formation, en théologie. Avec la grâce de Dieu, c’est en 2025 que je devrais y achever cette formation. Je voudrais vraiment devenir un prêtre au service de Dieu et de son peuple. C’est pourquoi je sollicite très sincèrement votre soutien matériel et spirituel tout au long de mon parcours. Car j’aurai certes à surmonter des difficultés financières au regard du peu de moyens dont disposent mes parents et mon diocèse; mais il y aura certainement aussi des épreuves spirituelles. Je vous remercie vraiment d’avance pour votre soutien et vous assure de mes prières quotidiennes. Le Séminariste Alpha Omega Innocent
Entretien avec le père Raphaël Aoun

L’église maronite Notre-Dame du Liban, avec en toile de fond la capitale Beyrouth. © Em Campos
En tant que famille universelle, l’Église catholique est composée de membres vivant aux quatre coins du monde. L’Église catholique romaine regroupe certes la plus grande partie de ces membres, mais elle vit sa foi en communion avec d’autres communautés catholiques à travers le monde. Le père Raphaël Aoun, originaire du Liban et aujourd’hui prêtre à Mont-Saint-Guibert dans le Brabant wallon, en est une illustration vivante. Nous le remercions d’avoir accepté d’en parler avec Missio.
TOM LUYPAERTS
Le père Aoun appartient à l’Église maronite qui a ses origines en Syrie.
Comment l’Église maronite est-elle née?
L’Église maronite remonte à un groupe de laïcs et de moines de la vallée de l’Oronte, près d’Apamée en Syrie. Ils ont suivi Saint-Maron de Beit, un moine chrétien du IVe-Ve siècle après J.-C. Saint-Maron a en effet joué un rôle important dans la christianisation de la Syrie et du Liban, mon pays natal. Plus tard, il s’est retiré dans les monts Taurus près d’Antioche; mais de là aussi, il a continué à inspirer beaucoup de fidèles. Les discussions sur la nature du Christ nous ont jadis éloignés de l’Église catholique romaine. Mais depuis le XIIe siècle, nos Églises sont officiellement réunies. Et aujourd’hui, c’est le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, qui dirige notre communauté.
Au sein de l’Église maronite, vous êtes de l’Ordre Antonin. Pouvez-vous nous en dire plus?
Notre Ordre est né au début du XVIIIe siècle, grâce à Mgr. Gabriel de Blaouza alors évêque d’Alep, qui a fondé une communauté monastique autour de l’héritage d’Antonin en Égypte. Antonin avait en effet décidé de laisser tomber toutes ses richesses pour se retirer au désert. Il est le premier moine à avoir été suivi par de nombreux adeptes; à ce titre, il est considéré comme le père de la vie monastique. Plusieurs ordres religieux du Moyen-Orient se fondent sur ses règles de vie. D’autre part, l’Ordre Antonin-maronite est très proche de Jésus lui-même. En effet, à travers l’araméen, notre langue, qui était aussi celle de Jésus, on se sent particulièrement et directement proche de Lui. Même des personnes qui ne connaissent pas cette langue sont également touchées quand elles m’entendent prier en araméen. C’est pourquoi dans ma paroisse, on me demande régulièrement de prier ou de chanter en araméen pendant les célébrations eucharistiques.
Amener de nouveaux disciples à Jésus, c’est une mission?
«Mission» est un mot lourd de significations. Quoi qu’il en soit, toute ma vie est placée sous le signe de l’Évangile. Je laisse l’Évangile me guider dans ce que je dis et ce que je fais. C’est la mission de chaque chrétien. C’est pourquoi je me réjouis du changement récemment apporté au sens de la mission. Dans le passé, on a mis l’accent de manière quasiment exclusive sur le fait d’aller dans des contrées lointaines annoncer la Bonne Nouvelle. Du coup très peu de croyant.e.s se sentaient concerné.e.s par la mission. En outre, la mission s’apparentait à un projet concret, alors qu’il s’agit selon moi davantage d’une attitude fondamentale, d’une manière de vivre sa foi au quotidien.
Pouvez-vous expliquer davantage?
Lorsque l’attitude missionnaire est profondément enracinée en nous, alors elle transparaît dans tout ce que nous faisons. C’est par nos actes, nos manières de vivre notre foi que nous montrons l’exemple, que nous sommes missionnaires. Je constate que les jeunes en particulier ont besoin de tels exemples. C’est pourquoi j’essaie d’attirer leur attention sur le type de relations à avoir, et de modèles à suivre tout au long de leur vie. Nous avons naturellement des relations avec nous-même et avec d’autres, mais la relation avec Dieu mérite aussi toute notre attention. Plus largement, j’ajouterai aussi la relation avec la nature, avec la création, car elle s’inscrit dans le cadre de notre relation avec Dieu. Comment pouvez-vous en effet témoigner de l’amour de Dieu quand vous ne prenez pas soin de sa création, quand vous la négligez?
Vous souhaitez visiblement inviter les gens à réfléchir...
Il est effectivement important d’encourager les gens à réfléchir. Ce n’est qu’ainsi qu’ils pourront découvrir et nourrir leur être profond. Nous ne devons pas tout considérer comme acquis ou allant de soi. C’est pourquoi je suis si fan de puzzles et de jeux de mots. Ce sont des défis qui permettent aux gens d’approfondir leur réflexion et de se dépasser. En outre, lorsque vous insérez des jeux de mots dans vos propos ou discours, vous captivez encore plus l’attention de vos auditeurs ou interlocuteurs.
Avez-vous encore une mission personnelle à accomplir dans la vie?
Ma plus grande mission c’est de témoigner de l’Évangile. Dieu seul sait où cette mission me conduira après Rome, le Vatican, la France, le Liban et maintenant la Belgique. À travers ces expériences missionnaires, Dieu me donne l’occasion de rencontrer des personnes passionnantes, d’apprendre à tout moment, de vivre l’Évangile et de l’annoncer. C’est le fil rouge de ma vie, annoncer l’Évangile, en paroles et à travers ma manière de vivre ma foi. Cette mission me conduit parfois à mettre en œuvre des projets concrets comme des pèlerinages au Liban, ce qui favorise également de nouvelles rencontres, de nouveaux apprentissages et de nouvelles occasions de témoigner de sa foi.
Vous avez donc une bonne expérience des pèlerinages?
Pas énormément, mais en 2016 déjà, mon témoignage personnel a pu convaincre un certain nombre de paroissien.ne.s d’entreprendre avec moi un pèlerinage au Liban. Leur satisfaction a été si grande qu’en 2019, nous y sommes retournés avec un groupe de 40 personnes. J’espère vraiment qu’après la victoire contre le coronavirus, nous pourrons une fois de plus renouveler l’expérience. Comme vous le constatez, je ne suis pas seulement ambassadeur de Jésus, mais aussi parfois ambassadeur du Liban. J’invite tout le monde à découvrir ce beau pays, à proximité de l’épicentre des lieux où Jésus a vécu.

Saint-Maron de Beit, représenté ici sur une sculpture russe.