Mirages n°1

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Un pachyderme à Paris L’Eléphant Paname, 10 rue Volney, Paris IIe, par Malory Pacevicius

Le 14 septembre dernier, un nouvel animal a fait son apparition dans notre jungle urbaine ; imposant, tout en délicatesse, il a choisi de s’installer dans un ancien hôtel particulier de la rue Volney. Oui, c’est bien de l’Éléphant Paname dont il s’agit. Spécimen tout droit sorti de l’imagination de Fanny Fiat et de son frère Laurent, elle danseuse, lui artiste autodidacte. Mais d’où vient ce nom étrange ? Allez chercher la réponse au XIXème siècle: l’éléphant est alors un animal adulé dans la capitale, au point que l’on propose une maquette géante en forme d’éléphant pour la construction d’une salle de spectacle place de la Bastille... Le projet n’aboutira pas mais l’éléphant, dont l’esthétisme réside assurément dans un savant équilibre de masse et de finesse, restera désormais lié à Paris et son architecture. Plein d’ambition, ce pachyderme parisien n’a qu’un mot d’ordre : devenir le berceau d’un melting pot artistique, accueillant en son sein expositions, concerts, restaurant... Et nous sommes loin d’une liste exhaustive ! Voilà un animal qui en impose et qui ne compte pas passer inaperçu ! Pour cela, 500 m² de salons napoléoniens du XIXème siècle ont fait peau neuve, prêts à accueillir les œuvres d’art du mastodonte. Dans les escaliers, les murs patinés et fenêtres teintées vous font curieusement perdre la notion du temps, sorte de sas vers un monde où les arts communiquent, discutent, échangent. L’enveloppante hétérogénéité des genres vous transporte soudain...

Et la première exposition Ep ! De l’air... était un excellent moyen d’en faire l’expérience. Elle regroupait les curiosités que Fanny et Laurent avaient voulu nous présenter, telle une carte de visite artistique. Si la danse en était le fil rouge, la disparité des œuvres était évidente: La Petite Danseuse de Degas côtoyait les toiles surréalistes du japonais Aki Kuroda, les photographies de Barbara Morgan faisaient face au travail de César. C’était donc une bonne illustration de l’ambition de ce lieu... Ne nous le cachons pas, la bête accorde à la danse une affection et une place toute particulière ; ce n’est pas très étonnant car Fanny est une ancienne danseuse de l’Opéra de Paris (nous nous en réjouirons car la danse ne rayonne pas assez dans le milieu acéré de l’art contemporain. Mais passons...) Ainsi, en plus de ses nobles salons, l’Éléphant Paname s’est doté de 2000m² de studios de danse, neufs, abritant cours de danse et répétitions. Les studios étant aussi disponibles à la location. Un nouveau lieu dédié aux arts vient donc de voir le jour à Paris. Un lieu dont la seule ambition est de favoriser le dialogue et l’interactivité artistiques. On a hâte que la bête grandisse et qu’elle nous propose des événements toujours plus divers, intéressants et ludiques. On a hâte que le restaurant ouvre ses portes; confortablement assis dans un fauteuil, un verre de vin à la main, peut être pourrons-nous surprendre les fantômes de Georges Sand ou Madame Récamier...


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