Néogonie des rêves par Michiels Marc

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NÉOGONIE DES RÊVES Marc Michiels



Michiels Marc

Une Odyssée entre l’Occident et l’Extrême-Orient Attaché à Orphée et Eurydice, s'intérrogeant sur « la nature de l'être », Néogonie des rêves peut se découvrir par un sens de lecture à l'occidentale, de gauche à droite par Les Fleurs de l'ombre ou bien comme il est souhaité pour une lecture à la japonaise. C'est-à-dire de droite à gauche par Aux doigts de Bulles, − L'Enfer, Le Purgatoire, et ensuite Le Paradis, à l’image de la composition La Divine Comédie écrit par Dante Alighieri. Voyageant par le soufle du désir, L'amour des hommes et TOKYOTO permettent de rendre commun ces mondes dans le secret des cœurs reliés. « Douce intrusion, nullement insistance, ni autoritaire, mais appel discret, si joyeux dans sa gravité même qu’il les atteint avec toute la force d’un bonheur inconnu … La jeune fille au regard bleu qui chante dans le sien et le brûle jusqu’au plus vif de lui-même. Ne sachant distinguer sa tristesse de son silence, mais sachant quel secret lui a permis de survivre : en chaque mot qu’elle ne dit pas, celui qui est dans sa seule mémoire fait le signe de sa présence et le peu qu’ils se disent ranime les tendres sonorités de sa voix, l’un et l’autre aimant pour lui ce qu’il aimait en chacun et chacun par lui se faisant entendre de l’autre, comme s’il avait gardé intact à si grande distance son merveilleux pouvoir d’approche et qu’il fût le seul répondant de toutes les paroles qu’ils auraient désormais à se dire 1. » N'y a-t-il pas en vérité qu'une femme qui peut ouvrir ou fermer le cœur des hommes ? Une présence, autour de l’absence, un arc-en-ciel épousant la pupille noire du temps qui s’écoule lâchement vers d'autres cieux !

FLEURS DE L’OMBRE

TEXTE BRISEIS

« Nous avons beau posséder un rêve, nous ne le possédons jamais autant que le mouchoir qui se trouve dans notre poche ou, si l'on veut, que notre propre chair ... Joins les mains, place-les entre les miennes et écoute-moi, ô mon amour ... As-tu déjà songé, ô ma Différente, combien nous sommes invisibles les uns pour les autres ? ... Il y a du sublime à gaspiller une vie qui pourrait être utile, à ne jamais réaliser une oeuvre qui serait forcément belle, à abandonner à mi-chemin la route assurée du succès ! ... Et moi qui parle ainsi − pourquoi écrire ce livre ? Parce que je le sais imparfait. Totalement rêvé, ce serait la perfection ; écrit, il se déperfectionne : c'est pourquoi je l'écris ... Et quand le mensonge commence à nous procurer du plaisir, disons alors la vérité pour lui mentir. Et s'il est cause d'anxiété, alors cessons de mentir, pour que souffrir ne nous apporte, ni dignité ni, perversement, quelque plaisir 2... » Prenez soin de cette possession des âmes errantes, de ces rêveries à l'orée d'un jardin de fleurs de nos destinées possibles ! Cherche lecteur, « dans ton coeur ce rêve de cristal à l'impossible écho. Silence d'un exil en toi même. Esquisse d'un réel à la troublante distance du présent. Au seuil de ton amour ». Il ne suffit pas de vivre, il faut être « Ivre de vivre ». 1 Ostinato, Louis-René des Forêts. 2 « 326, 329, 330 » et « Litanie du désespoir » - Le livre de l'intranquillité, Fernando Pessoa.

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8 Illustration : Marc Michiels.

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Préface : Briséis Leenhardt « Pour l'instant, vivez les questions. Peut-être, un jour lointain, entrerez-vous ainsi, peu à peu, sans l'avoir remarqué, à l'intérieur de la réponse. » Lettres à un jeune poète (1903-1908), Rainer Maria Rilke. Néogonie des rêves est un récit de voyage intérieur qui a duré neuf ans. Le journal, en vers et en visions, d’un homme qui a décidé un jour de se baigner dans le poème de la mer *, pour partir en quête de réponses aux questions qui le hantent. Un récit des origines de l’homme contemporain, sans Dieu, mais pas sans spiritualité. Pour ne pas sombrer dans la folie et pour panser ses maux, il leur a donné des couleurs, des formes, des visages : « Écrire, c’est hurler sans bruit » pour reprendre les mots de Marguerite Duras. Le verbe a permis à Marc Michiels de s’adresser à ses propres questions qui hurlent à la nuit et peuplent son univers de milliers d’ombres errantes, entre l’amour et la douleur, la présence et l’oubli.

« Un monde flottant où les morts parlent aux vivants en choisissant des signes comme écriture » Par où commencer, par le début ? Par la fin ? Si le poète indique un sens, de droite à gauche, la mer est ici et partout, sans cesse recommencée, comme l’être aimé est à la fois fleur de cerisier, fleur du mal, renaissance, âme sœur et noirceur de l’ être . 10

Tel un noyé pensif *, et de sa mémoire oublieuse, il en appelle aux anciens, s’agrippant à la barque de Dante puis au Bateau ivre de Rimbaud, lesquels ont conquis terres et marées pour s’approcher au plus près des questions qui hantent l’homme, le poète et l’artiste. Ainsi, qu’est-ce que l’Amour ? Qu’est-ce que la poésie ? Qu’est-ce qu’une image ? Néogonie est une véritable quête de sens où l’auteur déploie toute la magie du verbe pour redécouvrir le pouvoir des mots et leur donner toute leur dimension, à la fois graphique et signifiante, comme Apollinaire a pu le faire. Pour s’adresser à son Eurydice, ce sont Baudelaire, Éluard, Reverdy et Louis-René des Fôrets qu’il convoque : le chant d’amour est ainsi toujours teinté d’amertume. Que reste-t-il quand il n’y a plus d’amour et que la mort est toujours quelque part ?

« Les pétales de nos liens font face à notre image, font l’image à notre face » Les « imâges » dialoguent avec l’indicible, l’invisible et les mots dévoilent des mondes que le verbe ne peut plus énoncer. On y accède par le souvenir fragmenté, miroité. Le regard, la main, « le pinceau du feu » morcellent à l’infini ce qui a été. Ne serait-ce pas Orphée qui voit sombrer son âme sœur ? Ainsi, le portrait du poète, vu de dos, apparait sous les traits d’une ombre portée sur le film La Jetée de Chris Marker.

« Ceci est l'histoire d'un homme marqué par une image d'enfance ... »

* Citations du Bateau ivre, Rimbaud, 1871.

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Le Paradis : Part III LE MONDE DES FORMES, _ 14 FORME DES MONDES

2012 - 2013

AILLEURS _ 50

2014 - 2015

L’AMOUR DES HOMMES _ 70

2016

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LE MONDE DES FORMES, FORME DES MONDES.

Résidence des âmes endormies, au temps de l’haptique, Je respire la fin d’un monde, que m’importe que tu sois figure ; Mon corps tremblant plongé dans l’espace clos Un fruit effacé – où la conscience nous fera passer la rive ; Quand ton âme dans le vide se cherche La nature liquide réveille ta beauté, Un doux parfum dans mon ême d’automne, Un courant d’air, comme le mont des libertés. Nous sommes les yeux ! Chaman des voûtes ! La vérité est dans l’oubli, Sois le cœur, sois l’autre ! Les lumières À la face cuivrée de vos envies.

Pour engloutir mes sanglots apaisés Vois, la femme qui danse pieds nus ; Seule parmi les cimes et les neiges, Flèche au cœur, poissons rouges.

Je suis les mains de la pensée, Un feu détaché du brasier Un monastère surplombant les gorges du fleuve de la Roya, D'où coule l'eau bleu turquoise de mon cœur condamné.

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Les Épaves : Le Léthé Pièces condamnées Charles Baudelaire, 1866. Illustration et photographie : Marc Michiels.

La folie est attachée à nos masques inversés, sans corps pour voyager, Cible du chagrin des hommes ; Bulles violettes des pensées intimes, Flèche qui n'atteint jamais le vide qui se cherche,


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Parfois des portraits, Sous le pinceau du feu, plaisir diffracté, Percevant la liberté du maître abstrait, Films transparents, donne-moi l'œil coloré ; du peintre, Opium noir. Vois le recueillement des funestes années, Sur le sol, en Butte Montmartre ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Éclairant le pigment, De, ta figure imaginée, Vois, incrédule, vois l’ombre qui marche.

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Recueillement Charles Baudelaire, 1868.

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu clamais justice, tu as préféré le chemin : Mélancolie des papiers colorés, Aux uns la forme, aux autres la lumière.


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Illustration : Marc Michiels.

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Sans cesse à mes côtés s’agite le Créateur ; Il nage autour de moi comme une carpe koï ; Le cosmos est sa forme première Visage de l’éternel et du mal. Ensuite vient l’existence, Forme la plus simple des transparences colorées, Un, sous la lutte des cafards, Deux, masques de vie, masques de la mort. Voyageant, loin du regard du démiurge, Éveillé et réincarné, au milieu des eaux de l’Ennui, profondes et habitées par les anges déchus,

Emprunt à : Les Fleurs du mal - La Destruction Charles Baudelaire, 1861. Photographie : Marc Michiels. Musée de la minéralogie - Série : Sens Exposition : Les musées parisiens - A.A.V.P, 2004.

Loin du dernier jour de Prométhée Au musée de minéralogie, le Corps de Pierre, Profils des diacres surveillent le sens des destructions !

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22 Photographie : Marc Michiels. Les juifs en France au Moyen Âge Musée d’Art et d’histoire du judaïsme. Série : Stéréoscopique. Exposition : Les musées parisiens A.A.V.P, 2004.

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« D’où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange Montant comme la mer sur le roc noir et nu ? » – Quand être le dernier des hommes suppose une distance, Vivre les brumes de l’aube. C’est un passage inconnu de tous, Ressentir l’espace des lieux, Impression, de, deux images pour chaque œil. Apparition des âmes immortelles, Soliloque ! Oui vous, vous n’êtes rien, corps de la raison ! Je vous vois, entre deux mondes ! Âmes errantes ! Contenus ! dans un lieu au regard de Ceux, L’âme et la vérité sont l’une et l’autre substances. Corps de l’âme – Raison des corps, laissez mon cœur s'enivrer d'un mensonge Plonger dans le regard des morts L’héautontimorouménos Et vous y découvrirez l’Énéide ombre des mémoires !

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Spleen et idéal : Semper eadem - Charles Baudelaire, 1861. Illustration : Marc Michiels.

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26 Photographie : Marc Michiels. « Horiyasu » - Yasuda-san - Tokyo. Série : Dépossession.

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Quand les hommes de l’aube à l’arme blanche Entre en société de l’Idéal rongeur, Par la main d’un sculpteur de sabre Le dessin de la ligne brute se fait mot sur la peau. Horimono des dieux de l’azur, Tu m’as permis de comprendre l’écriture, Couché sur une mer noire tel un gouffre. Irezumi, déesse des encres, entre ombrage et couleurs, Il y a ici l’âme de kuniyoshi chez Yasuda-san Dans le quartier d’Asakusa, 2 pièces sobres, l’art est là, Ouvrant à mes yeux le torrent coloré du maître. Pinceau noirci de l’aiguille par le corps d’une lumière pourpre ; Je suis là, touché, par la singularité de tes gestes, Âme resplendissante, à l’immortel, incertitude !

Quand pour la première fois mon esprit vagabond À la hauteur de l’explosion l’image en fut témoignage, Quand pour la première fois mon esprit vagabond À la vision de Gion les bulles d’air en fut courtisane ;

Quand la terre chargée en un tombeau humide, Respirer l’âme du lieu, comme un fantôme trébuchant, Peindre la trace en un négatif sensitif J'abandonne ce que je suis ; Quand pour la première fois mon esprit vagabond À la place des croisements le masque nô en fut l’apparition, Quand pour la première fois mon esprit vagabond À l’écran de tes désirs tes yeux ne sont pas numériques, Les morts vivent avec les vivants sur cette île Et les mots disparaissant dans le ciel sans être entendus, Où sommes-nous tous vraiment ? Qu’est-ce qu’une image’s ? — Et quand pour la dernière fois, mon esprit vagabond,

Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir, libère-toi, voyage, et traverse les mondes, à la portée d’une aile timide,

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Spleen et idéal : Spleen - Charles Baudelaire, 1861.

Emprunt à : Les Fleurs du mal - Spleen et idéal : L’Aube spirituelle - Charles Baudelaire, 1861.

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.


30 Photographie : Marc Michiels. Vue de Tokyo depuis Mori Tower - Roppongi Hills. Série : Altérités fragmentaires.

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L’eau coulait de mes doigts, au-dessus de mes pieds nus, Des arbres, le soleil, des nuages, des étoiles, Entre ciel entre terre, par-delà les éthers, Un goût de cendre sur les mains, Visages, des êtres sans terre, Sève, de la douleur Tu passes d’une forme à une autre Ouvrant le corps à la lumière. Exilé de toutes racines ; J’ai trouvé l’archipel des femmes libérées, Cœur percé, par les désamours, D’un monde à jamais perdu.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins

SETH : 3ème enfant d’Adam et Ève, Pseudépigraphes au temps des rêves « Shadows of Death » nous montre le traité du cosmos ; Au monde, comme une alouette, Mais de cette terre je ne suis pas, — Qui parle aux couleurs, et comprend ses effets Seul le touché de tes mains transperce les choses muettes !

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Spleen et idéal : Élévation Charles Baudelaire, 1861. Illustration : Marc Michiels.

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Je suis quoi, ô mortels ! comme un rêve liquide, Une peinture, où chacun se croit à plaire, Est fait pour inspirer au poète un amour Une photographie transparente. Ce ne sont pas des images, mais des oe ; O comme origines des signes inscrits sur les murs des parois ; E comme l’écriture des formes colorées aiguisant la ligne, Le mélange a toujours été la règle des cavités profondes des arts. Les poètes, « non » plus de frontières, Que celles imposées par les hommes, Consumeront-ils leurs vies en d’austères prix ? Car j’ai, pour fasciner ces dociles amants, Fait la synthèse de toutes représentations : Mes yeOx, beauté éternelle oe-elle est !

… Les maîtres, et Bacon, en furent l’argumentaire, Ces triptyques, compositions, inversés, ces lumières retravaillées, Visions de l’œuvre dans l’intime du peintre ; Labyrinthes d’un moment où la toile est pénétrable !

C’est un cri répété sur mille sentinelles, Une relation avec l’objet qu’il faut écouter ;

C’est un phare allumé par mille citadelles, Un orage du temps perdu dans le grand temple !

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Spleen et idéal : Les Phares - Charles Baudelaire, 1861. Photographie P.36 et 37 : Marc Michiels. D'après Le Sommeil d’Endymion, salons, 1791 Anne-Louis Girodet de Roussy - Musée du Louvre. Série : Corps & Corpuscules.

Emprunt à : Les Fleurs du mal - Spleen et idéal : La Beauté Charles Baudelaire, 1861.

Endymion, pietà, Héro et Léandre Que nous puissions perdre notre âme Palimpseste des origines Et sois pénétré par le message de la beauté !


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Quand je te vois danser, ô ma chère tristesse, Au chant d’une performance contrebasse Suspendue autour des bas-fonds, Tu écorches le sol de ton corps blanc ; Quand je contemple, aux lumières des squats, Ton visage, se « trans » en bête en insecte virevoltant, Où la flamme d’une bougie, Suffit à transpercer la chrysalide de tes pensées, Kafka : d’une inversion des ! Métamorphoses ! Le médaillon des souvenirs fait apparaître l’image, d’une femme, sur sa chevelure, meurtrie des années écoulées, face, ou décor, de ton identité révélée. Es-tu la flamme de l’atome ? Qui sans cesse sort du vase des funèbres pleurs, Nuages d’un projet Manhattan inhumain, Mon cœur, n’est-il plus qu’une corbeille de fleurs ? Nulle vérité poétique, le néant reste une image, Un espace de secrets précieux de l’écriture où les mots ; Beaux écrins peuvent être, les couleurs de cet abîme, Éprouver, au plus profond de nous-même, l’autre humain !

Masque ou décor, salut ! J’adore ta beauté.

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - Tableaux parisiens : L’Amour du mensonge - Charles Baudelaire, 1861.

Sommes-nous aveuglés par notre finitude, pour mourir un cœur à soi ? Une conscience au monde à la profondeur des symboles ?


Je marche à côté de la rive désertée ;

Il nage autour de moi comme un air impalpable ; Le soleil au zénith remplit l’espace de sa lumière blanche Nuls désir et pensées coupables. L’autre, est là qui me regarde, Sous la forme séduisante d’une femme, Vampire, assoiffé des rêves nocturnes, Il neige tout à coup. L’eau m’englobe, je suis bien, Plus de pesanteur, au milieu Des regrets, de l’ennui et des faiblesses,

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Emprunt à : Les Fleurs du mal : La Destruction Charles Baudelaire, 1861. Photographie : Marc Michiels. Autoportrait - Série : Je suis celui-là.

Vous êtes toutes ses images de destructions Le bien, le mal nous et vous, Je suis prêt à la nécessité de l’oubli !


Mais les J’ai vu voler les poissons dans, l’azur Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Matières des éléments primaires, À l’espace du silence !

J’ai vu le frisson dans le méandre de la nuit, Amours moites « dans » vies, Circulation des rayons du soleil à ta chevelure, Couchant qui me disent respire reste ! J’ai suivi, les plis des pôles Devenant tour à tour, air et courant d’air, À l'assaut des belles endormies, Compositions organiques ! Toi, sais-tu, d'incroyables floraisons Mêlant les yeux des femmes au médaillon du passé Mi-nature ! mi-homme mi-femme mi-prunus Sous l'horizon du Cosmos, à la ceinture d’Éros !

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vrais Insectes, soleils de feu, vents glaçants, cieux de braises ! J’ai vu le sentier de ton corps Posé sur le Lotus géant fragiliser les mondes Beauté, écume des Naïades, que sont nos vies ! J’aurais voulu montrer le détachement d’une image Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. − Oe cOmme I am-our e comme éta che m l(e)n(t). Comme 2 font 12 une image cOmme une vie

voyageurs Que sais-tu, de nos vies de nos amours, Le 12 mars 23 h 53 Le monde d’après peut commencer Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux …

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - La Mort : Le Voyage - Charles Baudelaire, 1859. Le Bateau ivre - Arthur Rimbaud, 1871.

J'ai vu le soleil levant, l’ondulation des roseaux, Un doigt posé sur ta bouche, Pareil à ses caresses antiques, Vent balancé sur tes reins en furie !


seuls qui partent

Prince des nuées, de nos canons construits, Tu nous libères du doute, Rêveur étranger, Esprit humain, noirceur d’une vermine Dont la liberté n’a jamais su retenir le chagrin !

De la simplicité du désir, Pour ne revenir jamais s’installer, À l’éternité du mouvement, Il faut partir !

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - La Mort : Le Voyage - Charles Baudelaire, 1859. Photographies : Marc Michiels.

sont ceux-là


Je descendais des Fleuves impassibles, Les voix des femmes se faisaient entendre : Des murmures balançant mon âme, Aux Ayantes voguant entres les brumes.

Des changements de formes celles-ci furent les plus douces, L’eau verte pénétra ma coque de vermine Les mouettes aidant à disperser mes viscères C’est nu que j’entrevis la lumière.

Traversant de vastes contrées lointaines, Voyageant en hommes libres. Aux côtés des Hespérides du Couchant.

Plongeant telle une silhouette Dans le monde, des plasticités, des écritures, La mer était calme ; où, comme un cercle Au bord, un tableau remonte l’abîme ;

La tempête a béni mes éveils maritimes. Soleil brûlant jusqu’au mirage Tel un crabe roulant sur ses deux pinces, Préférant, chaque nuit laisser sa carapace devenue inutile !

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Où, vois-tu l’infini, précipice Ruisselant des gouttes d’eau d’hommes, Les pierres procurent, au courant, Les formes de l'amour ! Nul ne s’aura, le chemin des cieux et des rivages Moires : je sais l’ombre, Le chemin emprunté à l’Aube des trois âges, Un sein dans le méandre des eaux de la vie !

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Emprunt à : Le Bateau ivre - Arthur Rimbaud, 1871.

Dans les clapotements furieux des marées, Ô, l’autre embrun, contre la coque du bateau, Nymphes bleues des océans ! L’ailleurs est ton royaume.


Berçant notre infini sur le fini des mers

Lieux chargés d’histoire toi qui jusqu’à l’aurore de ta vie. S’épuisa, peignant, en grand deuil, par une vue oublieuse, Une femme, un jardin en nénuphars Créant, la nature à ton image ; Impression au soleil couchant, des grandes décorations. Moi, je m’immergeais, années après années dans, Les nuages, reflets verts où les deux saules, Le matin éclairant les deux arbres. Un détail… un geste ! – glyphe huit Un infini recourbé représentant le vide,

Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Nuage de fleur, bien loin d’ici ! Tu tranches ! Impermanence ! Une seconde, une heure je te suis, Ô toi que je fuis, moi qui le savais !

Nous allions déchirer la toile des cieux projetés des dieux, Une mélancolie aussi vaste que l’Univers Aux yeux de l’Autre ! Intérieur le fut-il ! La patrie, c’est toi, c’est moi sur ces mots oubliés ; D’autres que nous, auront l’horreur de l’autodafé,

Mais un jour je t’ai rencontrée

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Emprunt à : Les Fleurs du mal - La Mort : Le Voyage Charles Baudelaire, 1859.

Emprunt à : Les Fleurs du mal - Tableaux parisiens : À une passante - Charles Baudelaire, 1861. Photographie : Marc Michiels. Les Nymphéas, Claude Monet Musée de l’Orangerie. Série : Hana Gumo.

Déesse des r sées s, Voyant la bête s’enivrer de toi D’espace et de lumière et de cieux embrasés ; La mer à boire a tout dévasté, le jour du vent des 7 marées, Révélant le baiser des djinns possédés.


AILLEURS.

Il m’en avait fallu du temps pour comprendre que le don sans pardon c’est comme marcher en déséquilibre. La violence finit toujours par vous servir de jambe de bois tel un Achab des trottoirs poursuivant sans fin le cœur blanc à l’horizon des eaux ruisselantes. Le café sifflait son tempo glou glou glou, qui m’invitait à prendre un petit déjeuner. Comme tous les matins mon chat s’étirait doucement en ronronnant. Je savais alors qu’il ne fallait plus attendre, café au lait pour moi, lait pour lui, gâteau aux pommes, au matcha ou crêpes pour tous les deux. Il avait bon goût, c’est vrai qu’ils étaient bons mes gâteaux ! Toujours différents, Je n’arrivais jamais à suivre un dosage précis, à l’instinct, plus soucieux de l’inattendu, indifférent à l’exacte beauté de la mesure !

… Ce monde qui se disait réel, toi était rentré dans une absolue audace négation de l’âme J’aimais regarder, semblait étranger à l’essence même de ta vie tu brûlais ton corps tous les jeudis à 15 h 15 dans un de ces appartements situés à l’étage à sculpter la terre tu semblais heureuse Poupée vaudoue retrouvée …

J’avais décidé de reprendre et m’installer dans une boutique abandonnée dans la galerie de Montpensier située au Palais-Royal. Ce lieu était habité par les livres, des revues d’un autre âge. cet espace permettait aussi bien de regarder la vie grouillante qu’offrait le jardin que les allées et venues des amants passant et repassant.

Se cachant la nuit illuminée des lumières artificielles derrière ces poissons nageant comme des hommes, tout en regardant les fleurs de cerisiers les arbres tombaient sans un cri …

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Illustration : Marc Michiels.

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Que penser du bruit des images ? rien des ego des os de mages imaginés du bruit, suffisamment pour fuir ce monde qui brûle son désir d’image Mais alors, à quel moment un homme devient un mot ? Mais lequel ?

Illustration et photographie : Marc Michiels.

Mais à quel mot-ment un point devient une image-du-désir ? Et l’homme dans sa liberté d’être !

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uivre la ligne de ses envies uivre la ligne des vies uivre la ligne d’en uivre uivre la la ligne ligne de ses envies uivre la des vies uivre la ligne li uivre uivre la la ligne d’en Suivre la ligne de ses envies uivre uivre la ligne Suivre des vies uivre la ses envies uivre lalaligne lilignede ui Suivre lignedes d’envies uivre uivre la lalaligne Suivre ligned’en uivre uivre lalaligne Suivre li uivre lalaligne ui Suivre uivre lalali Suivre uivre la Sui uivre uivre la ligne de ses envies ui uivre la ligne des vies uivre la ligne d’en uivrela laligne ligne de ses envies uivre ivre la la ligne de ses envies uivre uivre la liligne des vies ivre la la ligne des vies uivre uivre la ligne d’en ivre la la ligne d’en uivre ligne uivre ivre la la ligne uivre li ui ivre la la li uivre ivre la uivre la uivre ligne de ses envies ivre uivre ui la ligne des vies iuivre la ligne d’en uivre la ligne uivre lalali ligne de ses envies Suivre uivre lala ligne des vies Suivre uivre la ligne d’en Suivre ui Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre Sui ivre la ligne de ses envies ivre la ligne des vies ivre la ligne d’en Suivre la ligne de ses envies ivre uivrelalaligne ligne de ses envies Suivre la ligne des vies ivre uivrelalali ligne des vies Suivre la ligne d’en ivre uivrelala ligne d’en Suivre la ligne ivre uivre la ligne Suivre la li iuivre la li Suivre la ivre uivrelalaligne de ses envies Suivre ivre uivrela ligne des vies Sui ivre ui la ligne d’en ivre la ligne ivre la li ivre la Suivre la ligne de ses envies ivre i Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre Sui

Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre la ligne de ses envie Suivre Sui Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre lalaligne de ses envies Suivre Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne d’en Suivre lalaligne Suivre ligne de ses envie Suivre la ligne Suivre lalali ligne des vies Suivre Suivre la li Suivre la Suivre Suivre la la ligne d’en Suivre Suivre la ligne Suivre Sui Sui Suivre la li Suivre la Suivre Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivrelalali ligne de ses envies Suivre Suivrelala ligne des vies Suivre Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre Suivrelala ligne de ses envie Suivre la ligne dedes sesvies envies Suivre Suivre la ligne Suivre la ligne des vies Sui Suivre la ligne d’en Suivre la la ligne d’en Suivre ligne Suivrela laligne ligne de ses envies Suivre Suivre la li Suivrela laliligne des vies Suivre Suivre la Suivrela la ligne d’en Suivre Suivre Suivre la ligne Suivre Sui Suivre la li Sui Suivre la Suivre Suivre la ligne de ses envies Sui Suivrelalaligne lignede des vies Suivre ses envies Suivrelalaligne lignedes d’envies Suivre Suivrelalaligne ligned’en Suivre Suivrelala laligne Suivre liligne de ses envies Suivre Suivrelala laliligne des vies Suivre Suivre Suivrelala ligne d’en Suivre Suivre Suivre la la ligne ligne de ses envies Suivre Sui Suivre Suivre la la liligne des vies Suivre Sui Suivre la la ligne d’en Suivre Suivre la ligne Suivre Suivre la li Sui Suivre la Suivre Sui Se laissant aller, laissant faire… Je te retrouvais dans l’ombre étincelante des constellations.

Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envie Suivre ligne de de sesses envies de ses envies Ô soeurs, Suivre la Suivre lignela deligne Suivre ses la de envies la ses ligne envies Suivre envies laSuivre ligne la deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies la des vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligneSuivre des vies Suivre la ligne devies ses envies laSuivre ligne de laSuivre ligne ses envies deligne sesSuivre envies la ligne de ses envies Suivre la ligne desdes vies ligne Bain du ciel, Bain deSuivre l’Océan !lignela la Suivre des ligne Suivre vies des lavies ligne Suivre vies laSuivre ligne la des viesdes Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en la ligne des Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne des vies Suivre la Suivre ligne des la ligne vies des vies Suivre vies Suivre la ligne d’en ligne d’en Je m’enfonçais avecSuivre délice la dans les vapeurs Suivre ligne la d’en ligne Suivre d’en lahumides. ligne d’enSuivre laSuivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligneSuivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne d’en Suivre la Suivre ligne d’en la ligne d’en Suivre la ligne Allongées sur le marbre, Suivre la Suivre lignela ligne Suivre la ligne Suivre laSuivre ligne la ligne Suivre la ligne Suivre ligne laSuivre ligne la li Suivre la ligne Suivre la li Suivre la lila lide glace.Suivre laSuivre lala li ligneSuivre la li Suivre la li Suivre laSuivre je connaissais l’ivresse qui désaltère seins Suivre la Suivre li la lises Suivre li Suivre la Suivre la Suivre la Suivre la li Suivre la Suivre li la li Suivre la li Suivre la la Suivre la Suivre la Suivre Suivre laSuivre la Suivre la Suivre Suivre Suivre Suivre la Suivre la Suivre la Suivre la Corps à son image Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Sui Sui Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Des gouttes ruisselaient vosSui perles. Sui le long Sui de Sui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Tel un hippocampe de la sirène Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la Suivre la ligne d’en de ses envies Suivre la ligne ligne Suivre la ligne de ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la li Suivre la Suivre ligne Suivre la d’en de ses envies Suivre lalaligne Suivre la ligne Suivre Suivre laligne lignede des vies Suivre la ses envies Suivre la ligne Suivre la li Suivre Suila ligne de ses envies Suivre Suivre laligne lignedes d’envies Suivre la Suivre la li Suivre la Sui Suivre la des vies Suivre ligne Suivre lalaligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivre la ligne Suivre lid’en Suivre lalaligne Suivre Sui Suivre la ligne Suivre lalali Sui Suivre Suivre la li la Suivre Suivre Suivre la Sui Suivre Suivre la ligne de ses envies Suivre Sui Suivre la ligne de ses la ligne desenvies vies Sui Suivre Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre laligne ligne Suivre la ligne d’en de ses envies Suivre la Suivre la la ligne de ses envies Suivre Suivre la ligne Suivre la liligne des vies Suivre la ligne de ses envies Suivre ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la lilala Suivre Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre Suivre la la ligne Suivre Suivre la ligne d’en Suivre la la ligne Suivre li Suivre Sui Suivre la ligne Suivre la li Sui Suivre la Suivre la li lala ligne de ses envies Suivre Suivre Suivre Suivre lala ligne Suivre Suivre de ses Suivre la ligne desenvies vies Sui Suivre Sui Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne de ses envies Suivre la li lala ligne des vies Suivre Suivre Suivre la Suivre Suivre la ligne d’en Suivre Sui Suivre la ligne Sui Suivre la li Suivre la Suivre Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en la ligne de ses envies Suivre laSuivre ligne d’en Suivre lalaligne Suivre ligne de ses envies Suivre ladeligne des vies Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre lades ligne d’en Suivre la li Suivre la Suivre la ligne vies Suivre la ligne d’en lad’en ligne Suivre laSuivre Suivre Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la li la Suivre Suivre laSuivre ligne de ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre la Suivre Suivre la ligne des vies Sui Suivre la ligne d’en Suivre Sui Suivre la ligne d’en la ligne SuiSuivre Suivre la ligne Suivre la li Suivre la li la Suivre Suivre laSuivre la ligne de ses envies Suivre Suivre Sui Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre Sui

Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la de ses Suivre envies la ligne Suivre dela Suivre ses ligne envies la deligne ses de envies ses envies Suivre ligne deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies la ligne des vies Suivre lala ligne des vies Suivre la ligne de ses envies Suivre ligne devies ses enviesSuivre SuivrelalaSuivre lignedes de ses envies Suivre lala ligne des ligne vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne desSuivre vies la ligne Suivre desla Suivre vies ligne lades ligne vies des vies Suivre ligne des vies Suivre la ligne des vies la ligne lala ligne d’en des vies Suivre Suivre ligne des vies SuivrelalaSuivre ligned’en des viesd’en Suivre la ligne Suivre lala ligne d’en Suivre ligne Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’enSuivre la ligne Suivre d’en la Suivre lignelad’en ligne d’en Suivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en ligne Suivre lala ligne Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’en SuivrelalaSuivre ligne la d’en Suivre lala ligne Suivre ligne Suivre la ligne Suivre laSuivre la ligne Suivre la ligne Suivre Suivre lignela ligne Suivre la ligne la la li Suivre la li ligne Suivre la ligne Suivre SuivrelalaSuivre Suivre lala li ligne Suivre li ligne Suivre la li Suivre la li Suivre la lila Suivre la Suivre li la li Suivre Suivre li la Suivre lala li Suivre la li Suivre SuivrelalaSuivre li Suivre lala li Suivre Suivre la Suivre la la Suivre la Suivre la Suivre laSuivre la Suivre Suivre Suivre la Suivre la Suivre laSuivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Suivre Suivre Suivre Sui Sui Sui Sui Sui SuiSui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre laSuivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Sui Suivre Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne de ses envies Suivre la li Suivre la Suivre lalaligne de ses envies Suivre vies Suivre Suivre laSuivre ligneladeligne ses des envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre Suivre la ligne des vies Sui Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne d’en Suivre lalaligne Suivre lalali ligne Suivre de ses desenvies vies Suivre laSuivre ligneligne Suivre la li Suivre la Suivre des vies la ligne d’en Suivre laSuivre li la ligne Suivre la Suivre Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la Suivre Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre Sui la li la Suivre Sui Suivre Suivre la Suivre Suivre Sui Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses Suivre la ligne desenvies vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne de ses envies Suivre lalali ligne Suivre lala ligne Suivre de ses Suivre desenvies vies Suivre lala ligne Suivre Suivre des vies Suivre la ligne d’en Suivre Sui Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre la li la Suivre Suivre la ligne de ses envies Suivre la la ligne ses envies Suivre lala ligne Suivre Suivre dede ses envies Suivre ligne des vies Suivre la ligne dedes ses envies Suivre la ligne des vies Suivre Sui Suivre la ligne vies Suivre la ligne d’en Suivre la la ligne des vies Suivre la la ligne d’en Sui Suivre ligne d’en Suivre ligne Suivre laligne ligne Suivre la la ligne d’en de ses envies Suivre la Suivre ligne Suivre la li Suivre laligne ligne de ses Suivre laliligne desenvies vies Suivre la Suivre Suivre la lila Suivre la Suivre laliligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la Suivre Suivre la la Suivre Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la Suivre Suivre Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre SuiSui Suivre la li la Suivre Sui Suivre la Suivre Suivre la ligne de ses envies Suivre Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre ligne des vies Suivre lalaligne de ses envies Sui Suivre ligne des vies Suivre lalaligne de ses envies Suivre ligne d’en Suivre lalaligne des vies Suivre ligne d’envies Suivre lalaligne des Suivre ligne Suivre lalaligne d’en Suivre laligne Suivre ligne Suivre lalaligne d’en de ses envies Suivre liligne Suivre lala Suivre la ligne de ses Suivre laliligne desenvies vies Suivre la li Suivre la ligne Suivre Suivre lala Suivre laliligne des vies Suivre d’en Suivre Suivre lala Suivre Suivre lala ligne Suivre la ligne ligne Suivre d’en de ses envies Suivre la Suivre Suivre lala ligne Sui Suivre Suivre la ligne de ses Suivre la liligne desenvies vies Suivre la ligne Suivre la Sui Suivre Sui Suivre la des vies Suivre la ligne d’en Suivre la liligne Suivre la Sui Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la Suivre Suivre la ligne Suivre la li Suivre Sui Suivre la li la Suivre Sui Suivre la Suivre Suivre Sui Sui

Je sentais ton ombre chaude m’entourer alors que je me dirigeais vers la seine. Il avait plu, le sol reflétait les lumières de la nuit. Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Je traversais l’aile Richelieu du Musée du ligne Louvre. Suivre de de sesses envies de ses envies Suivre la Suivre lignela deligne Suivre ses la de envies la ses ligne envies Suivre envies laSuivre ligne la deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies la des vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligneSuivre des vies Suivre la ligne devies ses envies laSuivre ligne de laSuivre ligne ses envies deligne sesSuivre envies la ligne de ses envies La Cour Marly sans âme à l’intérieur était comme gigantesque toile. Suivre la ligne desune vies ligne Suivre la Suivre lignela des ligne Suivre vies des lavies ligne des Suivre vies laSuivre ligne la des viesdes Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en la ligne des Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne des vies Suivre la Suivre ligne des la ligne vies des vies Suivre vies Suivre la ligne d’en ligne d’en Suivre la Suivre lignela d’en ligne Suivre d’en la ligne d’enSuivre laSuivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligneSuivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne d’en Suivre la Suivre ligne d’en la ligne d’en Le vent soufflait fort dehors, Suivre la ligne Suivre la Suivre lignela ligne Suivre la ligne Suivre laSuivre ligne la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la li Suivre ligne la ligne Suivre la ligne des couleurs Nabi s’offraient au pont dulaCarrousel, Suivre lila li lala li ligneSuivre la li Suivre la li Suivre laSuivre Suivre la Suivre li la liSuivre Suivre laSuivre li Suivre la Suivre la Suivre la Suivre la li Suivre laSuivre li la li Suivre la li avec le musée d’Orsay sur sa gauche. Suivre la la Suivre la Suivre la Suivre Suivre laSuivre la Suivre la Suivre Suivre Suivre Suivre la Suivre la Suivre la Suivre la La couleur de la seine était rougeSuivre pourpre, Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Sui Suivre Suivre Suivre Sui Suivre il commençait à neiger. SuiSui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Tu m’avais abandonné, préférant retrouver une moitié des guerriers, morts dans nos nombreuses batailles. Passant devant l’Orangerie sur la droite, je pensais à Claude Monet. Qu’aurait-il peint de ce point de vue au couchant du soleil ? Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre Suivre la la ligne ligne de ses envies Suivre la des vies Suivre la ligne li Suivre la ligne d’en Suivre la Suivre la ligne de ses envies Suivre Suivre la ligne Suivrela des vies Suivre ses envies Suivre lalaligne lilignede Sui Suivre la ligne d’en Suivre la ligne des vies Suivre la Suivrelalaligne ligned’en Suivre Suivre Suivrelalaligne li Suivre Sui Suivrelalali Suivre Suivrela Suivre Sui Suivre Suivre la ligne de ses envies Sui Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivrela laligne ligne de ses envies Suivre Suivre la la ligne de ses envies Suivre Suivre la liligne des vies Suivre la la ligne des vies Suivre Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivre la la ligne Suivre li Sui Suivre la la li Suivre Suivre la Suivre la Suivre ligne de ses envies Suivre Suivre Sui la ligne des vies Sui Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivrelalali ligne de ses envies Suivre Suivrelala ligne des vies Suivre Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne de ses envies Suivre Suivrelalaligne ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre Suivrelalali ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre Suivrelala ligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivre la ligne Suivre la li Sui Suivre la li Suivre la Suivre Suivrelalaligne de ses envies Suivre Suivre Suivrela ligne des vies Sui Suivre Sui la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre la ligne de ses envies Suivre Sui Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre Sui

Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la de ses Suivre envies la ligne Suivre dela Suivre ses ligne envies la deligne ses de envies ses envi Suivre ligne deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre lala ligne des vies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne des Suivre vies la ligne Suivre des la Suivre vies ligne la des ligne vies des vies Suivre ligne des vies Suivre la ligne des vies la ligne lala ligne d’en des vies Suivre Suivre ligne des vies SuivrelalaSuivre ligned’en des viesd’en Suivre la ligne Suivre lala ligne d’en Suivre ligne Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’enSuivre la ligne Suivre d’en la Suivre lignelad’en ligne d’en Suivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en ligne Suivre lala ligne Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’en SuivrelalaSuivre ligne la d’en Suivre lala ligne Suivre ligne Suivre la ligne Suivre laSuivre la ligne Suivre la ligne Suivre Suivre lignela ligne Suivre la ligne la Suivre la li Suivre la li ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la li Suivre la li Suivre la li Suivre la li Suivre la Suivre li la li Suivre Suivre la li la Suivre lala li Suivre la li Suivre SuivrelalaSuivre li Suivre lala li Suivre Suivre la Suivre la la Suivre la Suivre la Suivre laSuivre la Suivre Suivre Suivre la Suivre la Suivre laSuivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Sui Suivre Suivre Suivre Sui Sui Suises envies Sui Sui SuiSui Sui Sui Suivre la ligne de sesSuivre enviesla ligne de ses envies Suivre la ligne de Sui Suivre la ligne de ses envies Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la de ses Suivre envies la ligne Suivre de la Suivre ses ligne envies la de ligne ses de envies ses envies Suivre ligne deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligneSui des vies Suivre la ligne des vies Suivre lala ligne des vies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre ligne de ses envies Suivre lalaligne des vies Suivre la ligne des vieslaSuivre la ligne vies la ligne Suivre desla Suivre vies ligne lades ligne vies des vies Suivre ligne des viesdesSuivre Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne des vies Suivre ligne des vies Suivre lalaligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’enSuivre la ligne Suivre d’en la Suivre lignelad’en ligne d’en Suivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre lala ligne Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre Suivre ligne la ligne Suivre Suivre la ligne la la li Suivre lala li ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre SuivrelalaSuivre li ligne Suivre la li la li Suivre la liSuivre la Suivre li la li Suivre laSuivre li Suivre la li Suivre la la Suivre la Suivre la li Suivre la li SuivrelalaSuivre li Suivre la ligne envies Suivre ligne dela ses envies Suivre Suivre la de ses Suivre lalala Suivre Suivre la Suivre laSuivre la Suivre Suivre Suivrede ses envies Suivre Suivre Suivre lala ligne lala ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses Suivre envies la ligne Suivre de la Suivre ses ligne envies la de ligne ses de envies ses envi Suivre Suivre ligne de ses envies Suivre la Suivre la ligne de ses envies Suivre Suivre la ligne des vies Suivre lala ligne des vies Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre SuivreSuivre la ligne de ses envies Suivre Suivre ligne de ses envies Suivre Suivre ligne de ses envies Sui Sui Sui Suivre lala ligne des vies Suivre lalaligne des vies Suivre la ligne des vieslaSuivre la ligne vies la ligne Suivre desla Suivre vies ligne lades ligne vies des vies Suivre Suivre ligne des viesdesSuivre Suivre Suivre la ligne des vies Suivre Suivre Suivre la Sui ligne d’en Sui Suila ligne d’en Sui Sui SuivreSui la ligne des vies Sui Suivre la ligne des vies Sui Suivre ligne des vies Suivre ligne d’en Suivre d’en Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’en Suivre la ligne Suivre d’en la Suivre ligne lad’en ligne d’en Sui lalaligne Suivre ligne la d’en Sui Suivre la ligne d’en Sui lala Suivre la ligne Suivre lala ligne Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre Suivre ligne la ligne Suivre Suivre la ligne la la li Suivre lala li ligne Suivre la ligne Suivre SuivrelalaSuivre Suivre lala li ligne Suivre li ligne Suivre la li Suivre la li Suivre la lila Suivre la Suivre li la li Suivre Suivre li la Suivre lala li Suivre la li Suivre SuivrelalaSuivre li Suivre lala li Suivre Suivre la Suivre la la Suivre la Suivre la Suivre laSuivre la Suivre Suivre Suivre Suivre la Suivre la Suivre la Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Sui Suivre Suivre Suivre Sui Sui Suises envies Sui Sui Sui Sui Sui Suivre la ligne de sesSuivre enviesla ligne de ses envies Suivre la ligne de Sui Sui Suivre la ligne de ses envies Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la de ses Suivre envies la ligne Suivre de la Suivre ses ligne envies la de ligne ses de envies ses envies Suivre ligne deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligneSui des vies Suivre la ligne des vies Suivre lala ligne des vies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne des Suivre vies la ligne Suivre des la Suivre vies ligne la des ligne vies des vies Suivre ligne des vies Suivre la ligne des vies Suivre d’en laSuivre la ligne lala ligne d’en des vies Suivre Suivre la ligne des viesla ligne Suivre ligned’en des viesd’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’enSuivre la ligne Suivre d’en la Suivre lignelad’en ligne d’en Suivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre lala ligne Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre ligne d’en Suivre lalaligne Suivre la ligne Suivre laSuivre la ligne Suivre la ligne Suivre Suivre lignela ligne Suivre la ligne la Suivre la li Suivre la li ligne Suivre la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne Suivre la li Suivre la li Suivre la li Suivre la li Suivre la Suivre li la li Suivre Suivre la li Suivre la la Suivre lala li Suivre la li Suivre la li SuivrelalaSuivre li Suivre Suivre la Suivre la la Suivre la Suivre la Suivre laSuivre la Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre la Suivre la Suivre la Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Sui Suivre Suivre Suivre Sui Sui Sui Sui Sui Sui Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre la Suivre la ligne de ses envies Suivre Sui Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre la li Suivre lalaligne de ses envies Suivre Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne d’en Suivre lalaligne Suivre ligne de ses envies Suivre la ligne Suivre lalali ligne des vies Suivre Suivre la li Suivre la Suivre Suivre la la ligne d’en Suivre Suivre la ligne Suivre Sui Sui Suivre la li Suivre la Suivre Sui Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne des vies Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivrelalali ligne de ses envies Suivre Suivrelala ligne des vies Suivre Suivre la ligne d’en Sui Suivre la ligne Suivre la li Suivre Suivrelala ligne de ses envies Suivre la ligne dedes sesvies envies Suivre Suivre la ligne Suivre des vies Sui la ligne Suivre la ligne d’en Suivre la la ligne d’en Suivre ligne Suivrela laligne ligne de ses envies Suivre Suivre la li Suivrela laliligne des vies Suivre Suivre la Suivrela la ligne d’en Suivre Suivre Suivre la ligne Suivre Sui Suivre la li Sui Suivre la Suivre Suivre la ligne de ses envies Sui Suivrelalaligne lignede des vies Suivre ses envies Suivrelalaligne lignedes d’envies Suivre Suivrelalaligne ligned’en Suivre Suivrelala laligne Suivre liligne de ses envies Suivre Suivrelala laliligne des vies Suivre Suivre Suivrelala ligne d’en Suivre Suivre Suivre la la ligne ligne de ses envies Suivre Sui Suivre Suivre la la liligne des vies Suivre Sui Suivre la la ligne d’en Suivre Suivre la ligne Suivre Suivre la li Sui Suivre la Suivre Sui

Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre la ligne de ses envies Suivre ligne de de sesses envies de ses envies Suivre la Suivre lignela deligne Suivre ses la de envies la ses ligne envies Suivre envies laSuivre ligne la deligne ses envies Suivre la ligne de ses envies la des vies Suivre la ligne des vies Suivre la ligneSuivre des vies Suivre la ligne de ses envies laSuivre ligne de laSuivre ligne ses envies deligne sesSuivre envies la ligne de ses envies Suivre la ligne desdes vies ligne viesla ligne Suivre la Suivre lignela des ligne Suivre vies des lavies ligne Suivre vies laSuivre ligne la des viesdes Suivre des vies Suivre la ligne d’en la ligne des Suivre la ligne d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne des vies Suivre la Suivre ligne des la ligne vies des vies Suivre vies Suivre la ligne d’en ligne d’en Suivre la Suivre lignelad’en ligne Suivre d’en la ligne d’enSuivre laSuivre ligne la d’en Suivre la ligne d’en Suivre la ligne Suivre Suivre la ligneSuivre laSuivre Suivre la ligne d’en ligne d’en la ligne d’en Suivre la ligne d’en la ligne Suivre la ligne Suivre la Suivre lignela ligne Suivre la ligne Suivre laSuivre ligne la ligne Suivre la ligne Suivre la li Suivre la ligne Suivre la Suivre ligne laSuivre ligne la li Suivre la ligne Suivre la li Suivre la lila li Tu mis tes yeux autour mon cou, la li Suivrede la Suivre li la liSuivre Suivre laSuivre li Suivre la li Suivre la Suivre la Suivre la Suivre la li Suivre la Suivre li la li Suivre la li Suivre la rendant transparent monla désespoir au lac la de mes pensées. Suivre Suivre la Suivre Suivre laSuivre la Suivre la Suivre Suivre Suivre Suivre la Suivre laSuivre la Suivre la Suivre Tes mains touchaient mon regard naufrageant Vanadium, Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Suivre Sui Sui Sui Suivre Suivre Suivre Suivre Vanadis, déesse de meSui dis alors : Sui Suila beauté Sui tu Sui Sui Sui Sui Sui Sui Sui « C’est toi que j’aurai dû aimer.»


Oui Le temps des absences n’est plus, Passer par le pont des Arts en direction du jardin du Palais-Royal tout en admirant les façades du musée du Louvre et sa pyramide.

nous sommes aussi

La lumière orangée y est exceptionnelle, vous frôle de sa douceur, contrastant avec le vert, le bleu du verre. De tous les apparats de la nature le vent, la Seine vous invite à la beauté des sens,

bien

rêveriealité

une « la vôtre.

Photographie : Marc Michiels. Série : eDô.

mal

56

57

»,


Aime … aime … Et ! Je suis là, simplement ! La lumière et la bougie Musiques des entités ; dans un sommeil éveillé Où le tourment me guide à tes mouvements, Les voyages des soleils sont la frontière des attouchements. Des forces singulières, Masques, de nulle part, de personne ! Où l'homme, la femme s’engouffrent dans le flux des marées, Pour retrouver le feu des origines !

Va !

Notre âme est chaos ; Une voix : attachée à notre œil ! Une voie détachée, de notre corps, brûle.

Photographie : Marc Michiels. Série : Respira/c-ion.

Et … aime … Aime ! 58

59


Je te regardais doucement, tes yeux dessinaient la brume que l’on découvre lorsque l’on marche le matin au bord d’un lac de montagne. En te suivant du regard, « Love for Granted » de Phoenix passa sur mon Ipod à mon âme désemparée …

Ces jours-ci, je pense aux années Il se fait tard

au temps que nous avons passé

à venir Les lettres de ton cœur brisé

Ma solitude a lentement These days are gone ton

amour

Ne me parle pas de tes secrets

Il était temps de me servir un verre de saké. Les gens qui passaient attirés par les poissons découvraient un homme allongé sur une méridienne, celle de mes grands-parents. …et puis rêver au Japon. Cette île m’appelait sans cesse …

60

Loud enough to hold on I think about the time we wasted I think about the years to come It’s getting late and I can’t call It’s getting late to face it all I think about the time we wasted My loneliness has slowly grown I told you not to cross the line & leave me with Your love for granted The letters from your broken heart I think I might have lost them somewhere Don’t tell me bout your lies Don’t tell me bout your secrets ...

61

Emprunt à : Love for Granted - Phoenix, 2004. Illustration et photographie : Marc Michiels.

quitter


62 Photographies : Marc Michiels. Série : Navadium. D'après Le Bain turc, 1907, Félix Vallotton. Exposition au Grand Palais, 2013.

63


Ton corps comblé de désirs venait alors s’asseoir sur un banc devant ma galerie. Le parc semblait t’appartenir, tu sortais alors de la terre argileuse de tes poches. Tes doigts par habitude créaient des petites têtes qui tenaient dans la paume de tes mains humides.

Si tu t’en allais, alors le monde

Je respirais les larmes rouges qui coulaient de ton si beau visage blanc Ton cou semblait flotter au-delà de tes épaules bleu clair.

Comme si elles faisaient partie d’une sculpture dont tu avais le secret.

s’arrêterait

64

Une pièce de pénitence.

65


La lune illuminait la ville dormante Le Sacré-Cœur me regardait posé sur la cime des nuages

Le mal était lié

Le bien

J’aimais ses moments de solitude au chevet des étoiles, de l’encens brûlait L’eau chaude se mélangeait aux herbes Il n’y avait que toi auprès de moi

La tête en bas

UN CERTAIN,

mon corps est partout le même imaginaire de la jouissance,

Illustration : Marc Michiels.

in cœur nu, déposé par ton regard

66

67


Le silence, Je dirais que c’est l’essence, dont les 2 s s’annulent et des 3 e il n’en reste qu’un. Nous pouvons donc écrire En C = en soi. La douleur fait en sorte que l’on ressente sa vie, Je dirais plutôt que ces 2 sens = EN, une :

O

Ô sœurs, Bain du ciel, bain de l’océan ! Je m’enfonçais avec délice dans les vapeurs humides. Allongés sur le marbre, je connaissais l’ivresse qui désaltère ses seins de glace.

e Le A

Illustration et photographie : Marc Michiels.

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69

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68

i

Corps à son image Des gouttes ruisselaient le long de vos perles. Tel un hippocampe de la sirène se laissant aller, laissant faire … Je te retrouvais dans l’ombre étincelante des constellations.

direction i r e c t i o n t

i

noitcerid i r e c t i o n

i

Tu m’avais abandonné, préférant retrouver une moitié des guerriers, morts dans nos nombreuses batailles. Passant devant l’Orangerie sur la droite, je pensais à Claude Monet. Qu’aurait-il peint de ce point de vue au couchant du soleil ?

Je dirais plutôt que c’est l’intention 2 i et 2 t qui s’annulent et de 3 n il en reste un. Ce qui fait En O. Si on mélange E et O = U et U+n Un en haut = l’unique

i

Le vent soufflait fort dehors, des couleurs nabi s’offraient au pont du Carrousel, avec le musée d’Orsay sur sa gauche. La couleur de la Seine était rouge pourpre, il commençait à neiger.

de telle sorte que l’on accepte sa vie, mais est-ce pour autant que l’unique soit un gage de spiritualité ?

r

Je sentais ton ombre chaude m’entourer alors que je me dirigeais vers la Seine. Il avait plu, le sol reflétait les lumières de la nuit. Je traversais l’aile Richelieu du musée du Louvre. La cour Marly sans âme à l’intérieur était comme une gigantesque toile.

Un pied sur l’eau, l’autre sur cette terre en mouvement…

e

Tu mis tes yeux autour de mon cou, rendant transparent mon désespoir au lac de mes pensées. Tes mains touchaient mon regard naufrageant Vanadium, Vanadis, déesse de la beauté tu me dis alors : « C’est toi que j’aurais dû aimer. »


L’AMOUR DES HOMMES.

TOKYOTO.

D'après Les Nymphéas, Claude Monet - Musée de l’Orangerie. Photographie : Marc Michiels. Série : Hana Gumo.

Cherche dans ton coeur ce rêve de cristal à l'impossible écho. Silence d'un exil en toi même ... 70

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Illustration : Marc Michiels.


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Photographie : Marc Michiels.

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Nous devons Fleur du Mal être beauté


Illustration : Marc Michiels.


Par une nuit blanche et noire, comme un diamant qui reflète mille fragments de nos visages brisés, de nos caresses oubliées. Fidélité, que nous cherchons en vain, disparue aux miroirs de nos émois, tel un livre intime de nos vertus, posé sur les tablettes de nos mensonges. Tu es la présence d’une transparence par ton regard sève amande. Plus extérieure à la vie que tu respires qu’au vent qui glisse sur ta peau.

Photographies : Marc Michiels. Autoportrait - Performance : ErosCosmos, Azusa Kurokawa - Galerie G, 2012. Série : Après avoir trouvé le néant,

Entre le cœur et le rocher – refroidie par l’écume de l’éternel vide de l’épure ! Tu ne reflètes déjà plus l’image de la couverture, mais l’inconstance vérité, d’une empreinte de toi, qui dévore lentement, les Esprits d ééments. Telle une Aglaophone, meurtrie d’un désir de liberté. Comme pour prendre à soi l'origine des inconstances, l’incongruité du monde. Comme pour prolonger l’Essence du doute, une Clémence, un Amour éternel.

L ’ i n c o n n u s e r a n o t r e

t o m b e a u

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Illustration : Marc Michiels.


Absorbant mon cœur nu des souvenirs, pour se déposséder de tout. Tel un dé sans chiffrement qui n’a plus de Sir que l’idée d’un homme seul avec ses déplaisirs. Tu t’es logée dans mon existence dessillée, libérant telle une pieuvre épuisée, l’ombre phosphorescente, de l’encre noire des mots crus de la douleur.

Photographies : Marc Michiels. Autoportrait - Performance : ErosCosmos, Azusa Kurokawa - Galerie G, 2012. Série : Après avoir trouvé le néant,

Une Elle de mes désirs, un point blanc voguant aux alizés des vents solaires. Tes seins sont comme tes fesses et ton sexe, intimes à ceux qui naissent sur ton lit, dans la terreur des mains qui se perdent. Tel un brasier ardent, laissant sur les parois de l’existence la suie âcre de cette brûlure. Je te dois la vérité : On peut vivre en existant une vie en image. Une réalité qui est à la mesure des reflets de lumière, par des gris différents de la nuit. Un basculement à la présence, que nous voyons au passé. Intranquillité des corps sans larme et des larmes sans cœur. Tel un regard retrouvé dans l’obscurité étoilée.

À l a r e c h e r c Une île Ulysse, un si on, illusion de nos pensées. Un Ivre vivre pour Elle, étoile de toi sans éle. Et qui n’être autre qu’un possible dans un temps sans but. En me retirant de toi, je reviens à vous.

h e

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l’ o u b l i

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Illustration : Marc Michiels.


Innocent

L’EXIL

r

Silence

L’IRE

Jusqu'au bord de l'indicible j'ai pu ressentir toutes les tenses de l'exil, les sourires de la grâce, les sentirs de l'ire.

a

Sirénuse, ce n’est pas par ton chant que je succombe. Mais par ton silence qui m’étreint.

i s o

Quand le désir te prend, tes contours se perdent dans la fumée.

n n

Une balle pointée sur ton cœur Innocent dans la culpabilité !

a b l

Photographie : Marc Michiels. Eurydice - Série : Lumière de l’âme.

e

Le corps, séparé de l’âme, rend alors possible l’éclair de la beauté des amours brisés. Alors seulement après avoir affronté ses démons, il devient raisonnable. Il n’a plus peur ...

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Illustration : Marc Michiels.


Qui te dit que j'ai besoin d'autres vies ? Effacement ultime, force intime, je les garde pour toi, mon amour. Transparence et apparence, un être qui règle la vie du non être, une âme de passage. Un dévoilement pour se libérer du poids des siècles. Un temps relié au monde des hommes, à absorber cette noirceur qui empêche les oiseaux de chanter au gré du vent, du ciel, du soleil ... Je sais aujourd'hui ce qui fait peur aux autres. Je sais aujourd'hui que je suis autre. Je sais aujourd'hui pourquoi je faisais peur aux autres. Mouvements et équilibre, entre le monde des vivants et basculement. Entre soumission et aveuglement, entre liberté et joie. Regardez bien les yeux des hommes, et vous verrez votre cœur battre jusqu'au plus profond de leurs âmes.

Photographie : Marc Michiels. Série : Abstractions mélancoliques.

« À l’origine, la femme était le soleil » Raicho Hiratsuka

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Illustration : Marc Michiels.


Photographie : Portrait Marc Michiels par Aoki Chié. D'après La Jetée - Chris Marker © 1963 Argos Films. Centre Pompidou-Metz / 2016 / Exposition : Un musée imaginé. Et si l’art disparaissait ? © 1962 Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle.

« La présence à soi naît dans le lointain des images et s’éclaire de la lumière spirituelle que d’obliques échappées font tomber sur les figures individuelles de la beauté. » De la critique à la poésie, Baudelaire - Jean Starobinski, 1967.

94 95


Illustration et photographie : Marc Michiels.


Illustration : Laurent Chevrier. Texte : Marc Michiels.


m

Illustration : Marc Michiels.

J e t ‘ a i

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L’AMOUR DES HOMMES.

TOKYOTO.

Au seuil de ton amour.

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103

D'après Les Nymphéas, Claude Monet - Musée de l’Orangerie. Photographie : Marc Michiels. Série : Hana Gumo.

... Esquisse d'un réel à la troublante distance du présent.


Mon cœur goutte-à-goutte. Douce obscurité par les coursives des rayons brûlants. Nous y sommes. Désir glissant entre les pierres et les racines. La mousse est comme cette vie, un mirage des espaces. Reprendre forme dans les eaux fortes du refus. Habité par les yeux délaissés. Aux portes verrouillées, aux mains attachées. Renaître par trop v i v r e la même posture. Les silhouettes s’étirent sur les écailles noires. La blancheur de ta parure transperce le ciel. À l’aube des prières que personne n’entend. Sanctuaire lointain de qui je fus. Les cascades remontent le souffle de l’unité. Espace du dedans à y voir au-dehors. Temps des Temps. Surplombant le flanc d’un monastère aux ravines vertigineuses. À flot des tourbillons battant une mémoire de pluie. L’horizon du ciel gît sur le bas. Un monde de perception. Perception d’un courant sans monde. Les poissons rouges parfois, volent dans le caveau inversé des airs. Azur d’effacement.

Je voudrais être près de toi Te respirer du regard Je suis trop loin Au peloton des fils de soi Contre les agrafes des souches De tout ce qui n’est pas vertu De proche en proche

Au centre de ma nature indéfinie

Transpercé par des femmes de rosée-mortes À chaque tourbillon la passion m’éloigne D’un souffle fait bouillir la vie du sang Chaleur des crépuscules Fentes brillantes du fond de la terre Je suis la vie face aux caryotypes

Tout passe par mes mains Tes cheveux, tes lèvres sont comme des poissons volants Nous sommes seuls en vous Blancheur de ton ombre dans l’iris de mes yeux transparents

Un point de ligne en demi-cercle.

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Emprunt à : Plein Verre - Enfin - Pierre Reverdy, 1940.

Il n’y a plus de gouttes dans mon cœur. Des fleurs dans la lumière de l’eau. Cœur de lumière de l’eau des fleurs.


être fragile, étranger dans les terre Fais confiance à l’étoffe étoilée Beauté d’un être qui va trouver l’amour en soi, à tes yeux transperçant mon être Passe le cycle sans fin des renaissances, à la chaleur de ton amour brûlant les plumes des anges Him et éro ,

Ton âme, he and him,

cOrps tEntation Tentaculaire de nos envies,

puise me dernières forces pour retrouver la sensation des autres

s

Fille d’Océan ; eaux troubles d’un monde souterrain Me feras-tu boire le Fleuve de l’oubli ?

Photographie liquide : Marc Michiels. Série : Oe.

Sybille de l’ExtrêmE-Orient

Embrasse’ moi

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En ayant imaginé les décombres En cherchant bien dans les retraites de la nuit En ayant imaginé les mensonges Cheveux comme des méandres Visages sans corps Méduse grasse Vipères dégoulinantes de sang L’inhumain

poulpe avide aux mille doigts

Percée, face aux gardiennes des trésors de l’esprit Briseur d’âmes trempées Ô miroir étoilé à toutes les vertus Le monde à la dérive le dévide Sous le feu sans reflets où son cœur se consume La neige recouvrira tout espoir Qui subsiste encore dans l’ego Rêve au sable enseveli

Ce masque de chair crue

Œil dans la nuit Un diamant de sel au lac gelé.

Sous les lueurs des joies oubliées les étoiles orange des kakis les chiens attachés aux moutons Et les chevaux en liberté Sous les nuages des courants humides À travers la montagne serpentée À travers les rêves habités À travers l’eau et les pierres les bois et la neige À travers nous Au point du monde Je te suis pas à pas

Ton amour sous la roue du soir Je te recouvre le corps d’un drapé de désespoir L’eau ridée sur le plafond court jusqu’à ton sein Contre le parapet cheminé brûlant du destin J’aime ces flocons blancs de la pensée perdue du silence de l’hiver à ton regard dépourvu

Mon esprit délivré de ces chaînes anciennes

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Emprunt à : Sources du vent - Toujours l’amour Pierre Reverdy, 1929.

Emprunt à : Bois vert - Le Sourire de tous les temps Pierre Reverdy, 1946-49.

Je suis autre Pour me serrer plus fort aujourd’hui dans les tiennes


J’ai quitté sans remords la cellule d’éternité Pour marcher dans ce pays meurtri

Apaiser dans les méandres de la mousse

qui s'accroche au cristal Face à la nuit Vagabonde Où tu chasses les accroches indéchiffrables des êtres Seul l’angle est un triangle d’attache Un éclat de lune sur la cuirasse de l’ombre Élancé au creux de la ligne Ce visage bouleverse le sang de ta figure Ton nom initial Obts-angle Et l’œil nocturne qui tourbillonne au gouffre Être disséminé dans le stabat mater glacé Douleur d’un calvaire abandonné au sacrifice J’ai transformé l’argile des moulures fragiles du passé Arraché aux douleurs de l’indifférence Cœur de Möbius Dans la tourmente des fausses perspectives j’ai Fermé l’œil à l’ennui Consumé par le frottement des doigts de bulles Mon corps racle le temps des fragments Sebkha des Océans passés Substantation des polygones Il ne restera rien de l’espace syllabique Tout au plus une pensée immobile qui pèse sur l’écueil

Je suis une âme

Et je suis celui-là Je suis l’eau Quand l’ennui raclait le fond Silhouette tranchée La porte place le mot Corps dédoublés Ta figure figée Entre la mer et le miroir Un poisson en moins Un peu d’eau sur les mains Ah ! que ton front caché sous ton chapeau est comme un arbre Au seuil de mon tombeau Un cœur au bout des doigts Un mot doucement reste comme un murmure Sur les lèvres je parle aux poissons colline Sommeil d’une âme à vol d’oiseau Des gouttes de sang à la place des yeux

Coulent doucement dans la nuit Un homme celui-là n’a pas encore dormi

Emprunt à : Ferraille - Sur la ligne Pierre Reverdy, 1937.

Il faut partir Dans l’antre où s’endort la passion Puisque je t’aime Disparaître dans les histoires d’autrefois, regard de ton amour futur

Je suis sur la lèvre tremblante du rivage Seul sur le roc glissant des fièvres de la mort

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Emprunt à : Sources du vent - L’Ombre Pierre Reverdy, 1929.

Le feu plat le feu sans prix


N° 5 d’une cellule au tombeau, flottante au gré du vent liquide. Enracinée dans une eau calme. Où algues, feuillages ciel et eau ne font qu’un Une montagne, Esprit des âmes, parfois 12, 11 ou 9 Les poissons colline sont les gardiens de votre vie planètes rouges de notre existences

Tous les

mille ans, la dalle est relevée le jour

des espaces du dedans Seule, une âme de passage d’un pays lointain peut aux figures de l’effacement se révéler, face à son

Photographie : Marc Michiels. Série : Je suis celui-là.

imâge

Autres seul,

l’antre-soi

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FACE À LA NUIT.

J’ai vu mon ombre à la surface de l’abreuvoir Chargés de doute Mes cheveux ont trouvé la blancheur de la simplicité Chimère sur mes lèvres amères Gouttes mélangées aux sanglots Le jour et la nuit ne font qu’un, ne font qu’une Multiple face des points Autres réalités des êtres

J'oublie l'heure et la porte épaisse Qui sépare mon cœur de l’antre-autre

La neige remplit le ciel Qui tombe sur mes yeux et partage mon cœur Les algues du malheur s’entassent sous le lit des rivières Les perles de la peur ne sont plus

Je ne saurai jamais quand m'aura pris la mort Je suis autre, humain et nature Portes au cœur la bouche du silence

Écrire pour effacer l’autre seul Le laisser prendre place au banquet Cancer des hommes Mais déjà il est trop tard Qu’importe, la douleur A déjà fait son œuvre Double de mes faiblesses Tu ne me fais plus peur Je t’ai apprivoisé, bête informe À vue d’œil Je porte des lunettes Les choses disparaissent Peu à peu de ma mémoire Mais les êtres restent Plaisir de leurs différences Partage d’une soupe au chien Regards de l’amitié

Emprunt à : Cale sèche - Mais pourquoi Pierre Reverdy, 1915.

Café à la cannelle

114

115


Le

Vous êtes, le reste n’est que déduction. Passe-temps plus ou moins glorieux. Histoire d’une illusion au vécu. Vous êtres. Séduction du reste. Glorieux temps du passé. Illusion vécue sans histoire.

souffle Tue-moi. Aux sens des profondeurs. Incompréhension d’une compassion. L’autre désamour. Moi tu. Aux profondeurs de vos sens. Compassion d’une incompréhension. Amour de l’autre.

d’un fil nature du fils 116

Écrire le corps a pour conséquence de n’être dans aucun … même pas le

Si-en Les Dieux s’amusent de nous ! Sponsus, vierges sages, vierges folles. … Nous parlons d’un temps … où les rapports entre les êtres … N’ont plus de sexe puisqu’ils partagent le même hémisphère. Miroir relevé pour mieux vous effacer. Polysémie telle est la règle. … ne trouves-tu pas ! …

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Photographie liquide : Marc Michiels. Série : Oe.

Accompagnement aux doutes lyriques Notre conscience est partout Je suis mille regards de la vie revih’d nitaM Transparence des limites Figures de l’effacement Nul n’est ici, ailleurs Un homme au cœur libre.

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Après ces temps corpusculaires … Buvant l’eau des marées. Vous m’avez assoiffé. Mélangé dans ces corps humides. Demeure des résiliences. Quelle étrange destinée – larmes d’Oe.

Contour d’une appartenance bulles d’ Parfum de l’aube aux naupathies.

O2

Pourra -t-on

un jour vous comprendre

Peau de vos ébats futurs par ces faiblesses séparées. Doctrine permanente des corps de la gangrène ! Pupilles rosées d’une rétine à vivre. Nous abordons le rivage – hystérésis des vies sauvages. Amour – présence hasardeuse. Mitose de l’âme – réalisabilité des corps multiples. Absence suspendue par les exils de vos éclats. Sueurs d’une vigne couchée.

120

?

121


Mentale de la denrée

Mon corps se dilue en multitudes gouttelettes. Cycle des mystères – courants tourbillonnants.

nifni

unfini

Vous êtes à l’ Allégorie d’une beauté vénustée.

Je vous vois dans le miroir de vos larmes futures. Vous tremblez de froid. Votre main se tend vers un murmure. Image dans cette eau ruisselante. Mémoire d’une ombre, s’effaçant aux portes du désert des oubliés. Source des origines qui me fera vous rechercher, jusqu’au temps des masques déliés. Solitude des successions. Où es-tu linceul suranné ? Scintillement singulier. Plaisance de l’écorché.

122

Bonheur de n’avoir jamais été reconnu… 123


Aux révélations des

De l’encens, un air, des mots écrits au vent des saisons où me conduisez-vous ? Vous qui ne me quittez plus. Sable émanant de lumière. Cœur des hommes ascendant au plus profond de l’obscurité. Fragile Gorgias au milieu d’un voyage d’éternité. Lieux du secret, plaisirs enivrants.

invalides, ici

Je me souviens de la paume de votre main tiède. Vous la passiez sur une nuque d’effroi et de douleurs. Si faible qu’un seul regard s’écoulant ; vous m’auriez rendu captif d’abandon. Égrènements qui transforment les épines en manque. En vous, saigne le cœur quand on n’y pense plus. Me voilà divisé. Le temps fuyant à chaque instant. Les pétales de nos liens font face à notre image. Font l’image à notre face.

l’horizon n’existe pas. 124

125


OE.

Les mots sont des lucioles lucides du fond des mondes perdus. Perdu dans un mode Les images sont des images. Quand on les regarde elles nous

cachent.

Les images sont des mots. Elles voyagent seules en soies colorées. Nous nous agrippons alors derrière leurs traînes. Silencieusement nous les regardons dans la ligne des textes. Femmes des images. Quand tu me regardes, je suis désemparé. Virgules de leurs ponctuations. Beauté cachée, particules noires de vos pensées. Cocon de leur transformation. Que fais-tu ce soir, être invisible. Muscle droit des chrysalides. Ramène-moi loin, vers là-bas, à l’envers.

Lesdu images des viennent fond images. La ligne est ta beauté, ton silence, ta fragilité.

Regarder ces images.

n’est pasÉcrire assez. 126

Nous ne savons pas, la noirceur complexe de cette matière. Le fil rouge de la création illuminant le ciel, de ces voies lactées des sensations. L’identité vient de ses liens passés, de ces fils et filles du futur. Enfants permanents de la noirceur complexe de ces relations.

Oe

Nous ne savons pas, la vie transparente de cet équilibre. Brou noir de la toile imprimée. Fil, de ces chemins filigrames.

N

.

OUI

tropêtre devrait-on dire,

.

NOus ne savons pas U I

Nous savions …

127


ANANKÈ.

Anankè

, hommes d’un siècle pour vous connaître. Être en errance – femmes des abandons. Plaintes des visages flottants – criant aux sexes des libertés, un attachement aux sens d’un amour éternel. Respirations de ton absence dans l’œil de la mort. Anéantis par la faiblesse des Sirènes à plusieurs têtes, l’ange disparaîtra par ce regard souillé. Caressé par la main du vent – chaleur d’un amour désiré. Fêmes des ombres – parmi vous, solitaire – tel un Minautore lacéré, seul – par la violence, du sang – solitude. Une épave pour ces reines assoiffées. Raison d’un passage – passage de saison. Moment tranché par la lame des origines. Un silence à la mémoire du monde. Don d’abandon, linceul d’une guérison que seul le pardon peut faire oublier le temps des corps éventrés. Moires, vous m’avez sacrifié – un manque à jamais consolé. Don d’éternité, contingence de ton absence blessée.

Illustration : Azusa Kurokawa.

Nu, noyé en(en) m(t)oi. Emporté par les flots rouges du dernier chant. Il arrive que comme pour l’amour, on puisse créer à en mourir.

128

129


Le Purgatoire : Part II ANANKÈ OE FACE À LA NUIT TOKYOTO

2010

Odys O O

130

sée

131

_ 129 _ 127 _ 115 _ 103


J

e tremblais à ton regard,

Dé esse

des temps anciens. Je sentais ta peau au travers de tes vêtements mouillés, par les sueurs vibrant du

Dé sir, enivrant. AbanDon,

T

on silence replie les ailes de mon désespoir. BéNArès, la belle NA de la dernière année de ta naissance.

Nectar

de tes lèvres vénérées comme les premiers rayons du soleil. Tes mains brûlantes portaient ce cœur si fragile, Lumière – labyrinthe d’un autre monde. Marche à l’envers du temps,

Je suis prêt aujourd’hui. Le chant des animaux me fait revenir à l’immobilité.

Narration, d’un cœur perdu à toute raison mercantile. Don – entrelacé Don ner

à penser - attachement,

Je voulais attendre d’être sur le seuil de vie Finir mon travail dans ta maison.

mon sein est tout à toi, ma bien Aimée – que je protège. Mon amour liberté – qui me protège.

d’une pensée

Cette question ici n’a aucun sens, ne trouves-tu pas ?

Pour faire apparaître la perle noire et blanche d’un homme transparent – reflet de l’ombre.

penser à l’esprit du

Don O

uN Quichotte...

132

133

ma


Tu es belle,

E selgèr sov à regnartEtranger aux prix sruof-stitep xua regnartEtranger aux réseaux

oge xua regnart tranger aux vernissages

Le voyage n’est pas une fuite, mais une conquête.

E

serir sov à regnart tranger à la bête qui se nourrit

I

spmet ud noisull llusion du je L’art est un monde de silence, une écriture.

....

tu Sais …

E ,siofrap ios à regnartEtranger à moi parfois,

134

135

Illustrations : Joanna Hellgren.

sproc nos dnev iuq ellif al à regnart tranger à vos jugements


La courbure du temps

est préférable au blason d’argent Je préfère te dire je t’aime. Et te donner mes œuvres. Ton éthique en toc fait toc à l’éthique Il faut écouter le vent parler aux feuilles Observer le ressac à contre-courant et mordre la vie alors qu’il est encore temps. Le chaos des hommes, c’est l’origine. Essence même de son être structuré. Amour et nature, AN de la première année de ta naissance.

u n e j e u , d u

Tu vois le non-sens ?

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137

Photographie : Marc Michiels. D'après La Petite Fille sautant à la corde 1950 de Pablo Picasso - Série : être. Exposition : Lieris & Co. Picasso, Masson, Miró, Giacometti, Lam, Bacon … Centre Pompidou-Metz, septembre 2015.

To i,

m a

r è g le

Ion … T Â A M Re-connaître-sans / Sens êmE E T NoiR S E

il l u s i o n

Je préfère la lueur de ton regard, l’étreinte de ton âme. La chaleur de ta voix, le toucher des espérances. L’étoffe des doutes … Tu ne me feras pas croire aux sirène de la reconnaissance.


PÉNÉTRER DU REGARD L’ÉTOFFE DES ÊTRES.

V erviVivre erdneVendre iderdneVendredi troMort - eiVie idraMardi - erviVivre letroMortel - erdneVendre elledatroMortadelle - iderdneVendredi ei ie

efiLife gniviLiving esaeLease thgiLight htaeDeath - efiLife kraDark - gniviLiving yldaeDeadly - esaeLease Deadline - thgiLight

enildae

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139


Photographies : Marc Michiels. Le Grand Bouddha,Temple de Todai-ji. Nara, Japon. SĂŠrie : Catharsis.

140 141


Il faut que tu te voies mourir Pour renaître encore et encore Les comètes sont si basses et ton cœur si haut Au hasard d’une étoile Filante Tes seins se couvrent de sable Et pour toujours ouvrent les ténèbres Le soleil gardien d’espace fait danser les murs Comme un bloc cristallin en forme d’œil impénétrable.

Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire

Où nul n'a jamais su ce que c'est qu'un regard

Quelle est la vision de l’élégante Des virgules d’eau en éventail,

Des perles nues sans attaches, ô ma statue, Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir Obéissant aux puissances des ombres C’est ma tête que voilà Par mes faiblesses et mes doutes Mon désir tremblant est ton dernier soutien

Et je t'emporte sans bataille, ô mon image,

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143

Emprunt à : Mourir de ne pas mourir L’Égalité des sexes - Paul Éluard, 1923.

Emprunt à : Chanson complète Fin d’un monstre - Paul Éluard, 1939.

Rompue à mon amour et prise dans mes liens.


À l’ombre des cerisiers

Mon âme n’est plus ici.

Souvenir d’éternité,

Habillée de mes êtres. Il n’y a plus de flux qui tienne La clarté existe dans nos veines.

Sans regret, tu m’as fait quitter ce monde. Sans honte, tu m’as dévisagé.

Emprunt à : Mourir de ne pas mourir Entre autres - Paul Éluard, le 15 octobre 1923.

– Qu'avez-vous vu ? – Une femme jeune, belle en robe blanche. Décolletée de ma mémoire.

144

Née de ma main sur mes yeux Je ne me détournerai plus, chemin Ombre d’une marche invisible Sur les matins immortels Au grand regard habité Ton visage délié de l’apparence Je t’aime brisée, mourante et caressante Où la vie et le don créaient l’amour à tour de rôle.

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Emprunt à : Défense de savoir - Ma présence n’est pas ici - Paul Éluard, 1928.

Au milieu des arbres Tu es sauvage comme une fleur,


Emprunt à : La Rose publique - Rien d’autre Paul Éluard, 1929. Photographie : Marc Michiels. Temple de Todai-ji - Nara, Japon. Série : Catharsis.

En dépit du jour sans toi, Attachement La nuit avancée de l’aube, De vivre et voir vivre :

avec dans le mélange,

la vie minimum de mourir …

146 147


Au hasard d’une vie, mais qui jamais ne finit. Devant moi mes yeux se sont figés La lumière est brûlée la nuit décapitée

Tous les actes voyagent au gré du vent solaire Aux mains liées des ancêtres Et aux paroles involontaires

Ne valent que dans leur mémoire.

Donnez-moi des ailes pour voyager J’aurais pu vivre sans toi

Dans les tourments infirmes, dans les rides des rires Je t’ai toujours cherchée ma furtive vérité Je me mêle à la nuit bleue, vie libérée

Tous les refus du monde ont dit leur dernier mot

Je suis seul avec toi, mon adorée

Au hasard des ardeurs ruisselantes, Tout ce qui use, tout ce qui mord, tout ce qui tue,

Je n’ai jamais changé. Mais toi brillance des jours C’est l’accord de l’homme avec l’autre nature,

C'est un regard lié à la terre. Au hasard de ton regard délivrance, Au hasard de ton amour

S'ouvre plus large à son soleil, À l’éternité du hasard.

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Emprunt à : Capitale de la douleur - Au hasard Paul Éluard, 1926.

Emprunt à : À toute épreuve - Derrière moi mes yeux se sont fermés - Paul Éluard, 1929.

Vacuité d’un œil flottant dans la cale de mon âme


Photographie : Marc Michiels. L’œil d’Yoshiko Miyashita, 1969. Autoportrait - Tokyo, Japon.

150 151 Emprunt à : À toute épreuve - Une femme chaque nuit Paul Éluard, 1929.

UN AMOUR CHAQUE NUIT VOYAGE EN GRAND SECRET.

Un

amour chaque nuit Voyage en grand secret

secret grand en Voyage

nuit chaque amour n

U


A près toutes ces années Q ui de nous deux mangera du Fugu ? Rejet brutal au monde, puis le regard noir. Mutation en bête fauve, guidé vers l’intérieur du gouffre. Remontant le cours du fleuve, charriant des tréfonds de regrets. Médiocrité sans cesse qui reflue, les yeux brûlants de fatigue. Nous sommes dédoublés, je te vois et je te dis nous. Marchant sur l’autre rive, tu me regardes en souriant.

Île lointaine?

Quelle est cette Suivre les méandres, donnant vie aux mouvements. Nous traversons des masques équivoques en forme de flocons de neige. La floraison s’émerveille. Corps de femmes, suspendus entre cocons des rêves inachevés. Lune et soleil s’observent, rayons du désir brûlant. Entends-tu les sirènes des passions ? Que des têtes gesticulantes, accrochées aux rives des faiblesses. Ma peau est en train de changer, j’ai des écailles … Le vent souffle, l’eau est calme comme un miroir. Tu nages dans le fleuve Rouge maintenant. Que c’est beau à voir, toi qui es d’une couleur bleu azur. Voici donc la renaissance des flux colorés.

l’espace de la pensée émergente est mon espace de représentation. Structuration où l’on décide de stabiliser ce flux 1forme. Lieu de vie,

corps d’une pensé iMvisible e aux côtés des âmes liées.

Amour sœur faut-il le tranchant des sens ? Un espace commun où nos doigts saignent les lumières de Galatée. Destructuration où l’on décide de se libérer du flux Multiforme. Lieux des vies, corps d’une pensé iNdicible e à côté de l’âme aimée. Avant tous ces futurs entends-tu les danses sacrées de la nature. Temps des douceurs, libération où l’on décide de vivre ce flux formel. Lieu de vie,

corps d’une pensé aVisible e

aux côtés des gouttes de rosée sur le seuil du printemps.

152

153


Que nous reste-t-il? À ceux-là, j

e laisse la transparence des doigts qui se touchent. Préférence à garder m

es souvenirs

Night and Day.

Dans le mouvement infini des traces du vécu.

Tu étais là unique et parfaite. Tu étais là toujours

dans mon esprit.

Référence des êtres aux fanges des économies relatives. Petite apprentie Maiko aux portes de Gion. Qu’es-tu devenue, accompagnatrice crépusculaire de nos envies ? Élégie des harmonies,

Rêvelation de la pensée chaotique, égarée aux mémoires sélectives. Concrétion d’une impression plastique. Part d’humanité à la pensée sans image. Variabilité de l’épaisseur – aux réels représentés. Une précarité amnésique de la pensée. Voilà, ce qui est figural.

silence des hydres d’un monde en fragment

Hana Gumo …

Que reste -t-il ?

154

155


UNE ORANGE AU GOÛT DE NUAGE.

Éloigné du regard des mots. Souvenir révélé des commissures. Lieu des sensations décentrées. Adaptation aux traductions du silence. Mises à nu des émotions par la pratique répétée des sens. La création est une affaire de solitude. Une trahison, mais pour qui ? Transition. Phénomènes d’altérités dans l’espace des échanges. Pour ne pas se choisir soi-même. Vivre ici et ailleurs une vie errante de l’épure. Un temps où la création n’est plus qu’un nuage. Un arbre

UNE FLEUR

des gouttes d’eau dans la brume. a-bstraction d’éternité.

R

g O u t egarder le bleu du ciel, t Libéré de nos enveloppes en forme de corps éthérés, S À la recherche de nos vies passées //// //// à l’infini recomposé. Impressions multiples de ces masques. Visage d’une chute – sans direction.

Cycle de vie, Mélangés à la terre, à la mer, aux rivières. Ême des origines, Purifié par l’effacement des mémoires. maTières des fluides. R RenAissance en Conscience, V O E renaissaNce R S S C F É I 00o E

E

S

N S T

156

157

I


À

la recherche de l’improbabilité. Murmurant mon prénom aux grains de sable. Pauvreté d’une terre libérée aux vents des damnés. Où es-tu, choc amorti de l’enclume ? Se retirer pour vivre l’antériorité des temps anciens. Et observer le monde dans le silence. Les visages voilés sont autant de regards convertis. Allongé sur une étendue d’herbes hautes. Seul, le bruit de la nature englobe ce corps tranquille. Aux mains parfumées, ton amour en trouva les portes de la liberté. Souffle d’un esprit courbé. Compris par le seul cheminement des eaux subalternes. Flottant dans l’espérance médiocre du fleuve. De son doux regard,

« tu sauras d’elle tout le voyage de ta vie. » Franchissement possible à l’enchantement. Le crépuscule et l’aurore s’offrent au regard réuni. Entends-tu seulement les tribus qui célèbrent la joie d’une nature féconde ? Délivré des vagues expiatoires de l’humanité. L’encens aux cœurs nus envoûte nos peaux humides. Brûlant nos corps cadenassés. Simple écriture de l’arbre ou tentation heureuse d’une vie à tes côtés.

S

eul au monde, appelé à repasser à la surface des eaux tendues. Mon cœur sans territoire se consume ne pouvant respirer. Les anges ne sont déjà plus. Tu me dis, je suis toutes les voies – ton origine. Un nuage de fleur – source du mouvement inconscient du temps. Pense à présent à celle qui fut. Nous sommes ici, sur les berges – harmonies des sphères. Ô Virgile, qui est cette femme ? Ces chants me rappellent au doux son des étreintes. Rien qui ne puisse habiter le cœur des hommes. Seuls les anges peuvent voyager afin de prendre soin des âmes blessées. Sacrifice aux temps des esquisses. Fil solaire enchaîné à la nuit. Venin des espaces aveugles, à la rencontre des pupilles égarées. (Est-ce) les plis de ton regard, beauté nocturne qui me saigne le cœur ?

Être près de toi,

loin de moi.

Inconstance, solitude des mots à vendre.

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159


Photographie : Portrait Marc Michiels par Aoki Chié.

160 D'après La Jetée - Chris Marker © 1963 Argos Films. Centre Pompidou-Metz / 2016 / Exposition : Un musée imaginé. Et si l’art disparaissait ? © 1962 - Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne - Centre de création industrielle.

161


P

assage à la vie des fragments.

Entends-tu venir le soleil sans ombre portée ? Figurant l’absence au temps des cœurs écoulés. Au jour de notre mort, l’inséparable deviendra séparé. Tu prendras alors mon sang dans le caveau de mon histoire. Précieuse solitude pour un sang si mauvais. Abreuve-toi petit car l’impression des mots est comme un poison. Détachement aux mémoires. Tu y rencontreras les maîtresses du feu – espérance des voûtes. Du saké, fleuve sacré de mes rêveries – des têtes criant chez les autres. Des carpes tatouées sur les murs de ma mélancolie. Pense à mes os surtout, ne laisse rien. Donne-les aux chiens pour qu’ils s’en réjouissent. Ne subsistant aucune empreinte et laissant place à l’unité du vide.

T

u me lis – je te respire. Trop fragile – je te vois les yeux fermés. Altérité d’un rêve imprégné des reflets de ton visage. Cœur posé sur la balance des temps défendus. Assonance du désir – voie lactée des veines mortelles. Entre nos âmes et enveloppes sans substance. Ton chemin est tout tracé – volupté. Sans pouvoir traverser le corps de mon âme. Déesse des origines, agonisant par tes lèvres mille fois respirées – poison violent des fruits sanguinaires. Seule la souffrance nourrit la sève des arbres du pays dévasté. Toujours à mes côtés, sans pouvoir même te frôler. Le temps figé des esprits réclame ce moment sublime, où rien ne vit, où rien ne meurt. Ombre de moi-même. À la rencontre d’une âme aimée sans âge. Il est nécessaire parfois de mourir privé de tout retour. À vous pour qui j’écris d’un temps où la mort est encore certaine. Portes des libertés à jamais refermées aux couloirs de mon oubli. Je vous ai toujours désirée.

Cœur ouvert de l’amour des cendres

Le temps a passé …

162

163


AUX TEMPS SUSPENDUS.

hiralité des corps exprimant nos vies passées. La nuit semble s’ouvrir à l’émerveillement. Archipel de mes origines où l’âge des possibles est vécu comme une vacuité, une solitude, un voyage, une mélancolie. Lune du renouveau, laisser la robe de vos amours aux fleurs du cerisier. L’ombre projetée sous la pluie n’a aucune forme connue ici. Séisme de l’esprit, terre des tremblements. Il est temps de revêtir une étoffe pour repartir. Un monde flottant où les morts parlent aux vivants, en choisissant des signes comme écritures.

M

erci pour l’eau,

les promeneuses aux yeux noirs ont la peau blanche marchant dans les faubourgs. Le son de vos sabots me rappelle le doux battement de ton cœur. Désirs, maîtresses des ombres. Comme un temps raccourci, il me plaît à penser de vous voir nues dans ces ruelles étroites. Toi qui sais m’abreuver, quel est ton nom ? En équilibre par le mouvement, n’as-tu seulement qu’une existence ? Ou est-ce le fruit de ce manque qui chaque jour me fait me rapprocher de toi ? Fidélité que j’aurais rognée dans un espace oublié ? Temps passé qui sans cesse me rappelle à cette destruction. Livre intérieur, de ces signes inconnus, révélés par la douceur de ton regard. Il faut avoir la force d’un homme pour affronter ce vide. La mémoire morcelée pour aimer se retrouver. Il fait bon vivre ici, aux temps retrouvés des âmes perdues. Au jour des cendres, cet endroit est le mien.

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Photographie : Marc Michiels. L’œil de Shinjuku - Yoshiko Miyashita, 1969 - Tokyo, Japon.

C


Q

ue connaissez-vous de la mort ?

Rue des vies oubliées, miroir de nos faiblesses. De celui qui hante vos jours de sa présence. De l’éphémère, histoire de notre vie. J’ai obstinément travaillé sur le coin d’une table, à l’instant de l’aube nocturne. Un temps arrêté ou l’espace d’ême inexploré ? La distance de ton regard m’a rendu extérieur, neuf et perdu … Contradiction, déséquilibre permanent. Inachevé par l’enchevêtrement de passages d’une vie de déjà-vu. Mémoire incertaine, cicatrice de l’inapparent. Errant dans les steppes de l’oubli, cassé par les miasmes de notre existence. Tu es là depuis des siècles, indolente et magnifique. Parfois, nos corps se frôlent, nos caresses se débattent dans l’interférence de nos envies. Seulement, le visible n’est que le passé et l’invisible le présent. Toi mon amour, abîme de mes songes, ravine de mes secrets. Un jour las de ce monde, il se peut que je n’écrive plus sur la neige. Alors il sera peut-être temps de … Temps, de dire je … De te dire, je … je t’aime … …

Mourir, ça n’existe pas. s a p

166

e t s i x e ’

167


C

onnaissances sélectives d’un oubli. Que sera votre vie ? Je les retrouve aujourd’hui dans l’abîme de ton absence. Ton corps est au repos du temps. Un éveil passant par la fragrance de tes plus pures espérances. Miroir sans tain où est la transparence de tous ces êtres ? Fragment d’une vie dont les mémoires se transforment en matière. Le silence de nos envies remplissait alors nos cœurs taris. Point sans direction d’un azur émergent. Nos âmes ne pouvaient se parler, indolent que je suis. Cercle de nos plus pures perfections. Sauvé par l’encre de tes yeux surannés. Que sera votre vie sans nous ? Vérité d’une existence partagée. Réalité d’une expérience qui nous fera franchir l’autre rive. Vacuité d’un plaisir envié aux tissus froissés et colorés. Fil de nos vies je me suis mélangé à l’histoire des oublis. Ton regard lisse les plis de ma vie torturée. La mort n’est rien à tes côtés, sans trace pour me retrouver. Aux formes d’une femme aux visages chaque fois édulcorés. L’impermanence de nos amours passées me rappelle ce que je suis aujourd’hui.

L

a nudité est parfois plus épaisse que l’eau salée. Mon cœur voilé n’est plus ici. Nous faudra-t-il écouter la pluie pour espérer ? Rêveur mélancolique, romantisme des esprits, Divine Comédie, d’une femme immortelle. Les tourments et le désespoir ne réussiront pas à nous arracher l’âme. Il est un pays vécu sans être. Un possible, où rien n’est à nous dans ces corps

SANS MONDE

. Je sais tout de toi, charmeuse des âmes mutuelles. Parfum de vies multiples, libre et infidèle. L’enfer ne sera jamais aussi pénible que ton absence. Tes yeux quoique noirs sont plus clairs que l’espoir. Les anges demandent à mourir, le noir a repris sa clairvoyance d’éternité. Abandonnant ces souffrances à la mesure de nos corps sans vie.

Au soleil de notre vie saurons-nous un regard aimé ?

168

169


S’EN REMETTRE AUX ANGES.

P

A

Je t’ai retrouvée

Un visage sans trait tout au plus.

ays lointain de l’être. Ces corps macabres disparaissent de mon regard. Je vois le monde comme un temps arrêté, face à face. Partir sans regret et mourir dans le sillage de ton ombre voilée. J’étais heureux de passer ce moment avec toi. Retrouver mes couleurs dans ton regard, mes mots dans ton visage. Me perdre encore et encore, dans cette nature, vestige de l’oubli. Tes mains sont comme le prolongement de ton chagrin. Un jardin qui n’est pas de cette vie, cœur habité d’idées colorées. Regret sans cesse égrainé sur le sol de mes pensées. Tu es de toute beauté – Aimée, il faut aimer. Dis-moi mon amour, as-tu déjà aimé ? Élégance d’un désir imparfait, peut-être un chemin vers la morte-saison. Équilibre d’un temps, où la paix intérieure coïncide avec la brutalité de l’extérieur. Rassemble ton immense chevelure et retrouve-moi dans cette braise à peine consumée. Chevauchez l’albatros des rêves – Anges de disgrâce. Comptez vos rides de dévouement, et laissez-nous accomplir ce voyage d’invertébré. Je te garderai nymphe en moi, noèse de mes envies.

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yant parcouru tous mes rêves et tous abandonnés. Déployant muses, martyres, mantes des mortels. Je ne suis pas rassasié, toi seule me permets de rester. Ton front haut et ton regard de Psyché me procurent la paix du Léthé. Tes seins froids sont pour moi le commencement de ma perdition. Ton âme est belle et tes lèvres étoilées d’une immortalité illusoire. Trésor des ressemblances, d’une visibilité inversée. Sirène de mes désirs pourras-tu me sauver de cette noirceur ? Enveloppe mon âme de tes parfums hallucinés. Et laisse-moi gisant dans les plis de cette vibration. Ton œil fatal lève le voile de mon être qui peu à peu disparaît de moi. Mélancolie surannée, vision toujours tronquée de la vérité. Y a-t-il un monde sans pesanteur où seul prévaut la nudité des corps, de l’esprit ? À l’heure profonde de la renaissance, je tire le voile rouge. Les broussailles des rêves prennent feu. Mon âme se glisse entre les draps de ton inconscience. Mon cœur brûle et se mélange à l’eau sanguine. La dilution s’opère et le rêveur inutile que je suis se meurt peu à peu. Je suis là, celui que j’aurais toujours dû être.

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F

P

aut-il avoir été ?

À l’insu du monde. Nouvelle pierre du signe. Une pensée, une trace non pour moi-même, qui ne s’adresse à personne. Une transparence posée entre le vide et mon crâne sans vie, réceptacle de cet univers lointain. Plasticité du vivant en une réalité reconstruite. Écouter ce cri en moi qui m’oblige à descendre dans le tréfonds de ces plaies. Fragment du temps, illusion du nécessaire. Ce combat entre le corps et l’âme m’épuise. Suivre les mouvements intérieurs de toutes choses. Corps de la contingence dans un espace sans forme. C’est le seul chemin vers la délivrance. Jusqu’à ne garder rien,

ouvons-nous voir sans contrainte ? Sentiment d’inappartenance – embrasser le monde pour renaître. Dévoiler ce monde par son effacement, l’ignorer pour retrouver la substance. Tous ces chemins peuvent être pris pour mener à notre solitude. Corpuscules du temps éclatés du monde jusqu’au bout. Entre monde isomère d’une vision d’optique pure. Différents plans d’immanence ou simple esquisse du voir. L’allégorie de l’oubli est alors un possible être au temps. L’esprit des mutations. C’est chercher l’être avec des mots, des images, une écriture de soi. Base fragmentaire d’une transformation, où posséder l’essentiel n’est souvent que l’évêché de nos contradictions. L’important ce n’est pas ces images. C’est le rapport que l’homme entretient avec lui-même. Incertitude, c’est cela être réel – la réalité n’a pas besoin de moi. Mais quel peut être le rapport avec le principe d’identité ?

un souffle un geste L’art ce n’est rien d’autre que cela.

Nouvelle réceptivité, inflexion du voir à l’inclusion de l’écrit où seul compte l’infini. Unité en tant qu’elle enveloppe une multiplicité.

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173


LA PAIX DES CHIENS.

F

S

orces vitales invues.

Le tableau est comme un facteur temporel d’effacement. Figurer ce que l’on ne peut voir, en gardant un œil sur le tout. Distance entre la réalité et le monde des apparences figurées. Reflet d’une expérience organique où l’âme des corps permet d’appréhender la spatialité. L’utopie devient un possible, sans logique apparente pour notre œil habitué à la réalité plastique d’une œuvre. Rentrer dans la matière brute, voir l’épaisseur de la cicatrice. Parcourir la toile, suivre la circulation des énergies. Rencontre de la vision, sans rien projeter, sans même savoir où l’on va.

Rompre le silence ...

ortir du temps, c’est choisir son origine. Entends-tu seulement ceux qui crient l’injustice d’un sans-monde ? Cette vision nous place devant la toile de notre existence. De son éternel recommencement, dans l’illusion d’une rédemption. Je vois déjà des perles d’eau salée couler de leurs globes fiévreux. Leurs blessures sont plus fortes que la divine étincelle de l’espoir. Nous tombons les uns après les autres et remplissons la terre sans être de Virgile. Que serait le monde sans ta présence, éclat intérieur. Que d’hommes, avant nous, n’ont-ils pas rêvé s’arracher à l’histoire. Ô Radeau, tu es comme le vaisseau sanguin de l’humanité, en mouvement, espérant et mourant. Nous avons tant à partager et l’horrible soif me déchire. Dilution de l’humain, trop inhumains parfois nous sommes.

Je suis un passeur d’âmes

174

175


Ostinato, fragments posthumes, Louis-René des Forêts

176

« L'esprit s'épuise à courir après les lueurs dont il lui est comme interdit de remonter jusqu'à la source. Les soupçonne-t-il, pour y avoir toujours échoué, de n'être qu'autant d'apparences trompeuses, il n'en demeure pas moins dupe et prisonnier d'un mirage sans consistance peut-être mais que sa fugacité même doué d'un étrange pouvoir de séduction, car il suffit de ces feux intermittents qui brillent au loin pour lui faire hâter le pas, sinon l’éclairer sur la direction à suivre,

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Photographie : Marc Michiels. Série : Navadium. Photographie : Portrait Marc Michiels par Aoki Chié. Musée du Nô de Kanazawa, Japon, 2016.

quoique de celle-ci ne dépende qu'accessoirement l'ouverture vers une région jusque-là hors d'atteinte pour d'autres raisons plus déterminantes, plus obscures aussi, liées à la nature et à l'origine de ces appels lumineux auxquels répondre par une accélération de la marche semble contre toute logique en accroître la distance. »


V

oleur de rêve, je pense parfois à la souffrance de la fin de ton existence. Prendre à son compte tous tes maux pour ne vivre qu’une vie de tourment. Et laisser partir cet être tant aimé. Vision de te voir quelque temps après à côté de ton mari, mon grand-père. Que faut-il comprendre de vos sourires, pour ce jeune garçon blotti entre vous deux ?

F

aut-il un verbe ?

L’ignorance cultive notre douleur. L’univers entier est là. Regarder, te voir, sourire,

Les anciens invoquaient les Muses. Moi sur le bord du chemin, je peux y voir le reflet de cette histoire dans l’inutilité du fond.

un masque

te dire je t’aime et partir. Étrange, étranger quel beau prénom. C’est par toi que je respire. Tu es la conscience de tout un peuple qui croit encore que l’amour est possible. Vous me rencontrerez peut-être un jour. Tu me demanderas alors,

Mon visage apparaît parfois comme flottant,

« C’est toi ? » L’absence ne réconfortera jamais ceux qui s’aiment.

qui n’est pas

?

le mien.

Prison de l’être,

ne peut-on ………

178

se

libérer de 179

toi


L T

e souviens-tu de cet homme souffrant la mort ? Dans les jours qui suivirent, je le vis dans une rue perpendiculaire où il habitait. Nous nous sommes regardés … Et en un instant, il est rentré dans l’immeuble le plus proche de son corps. Quelques jours après, à mon réveil, je me souviens … Je suis nu allongé dans une pièce toute blanche, le même homme apparaît. Il me sourit et me recouvre le visage d’un drap blanc. Comme un regard à l’instant d’une existence brumeuse. Il n’est plus temps de penser au poids de l’existence. Regret éternel disparaîtra par les rayons d’un soleil couchant. L’air pluvieux orné d’ormeaux placera en toi la flamme de la douleur. Une forme nouvelle s’imprimera alors dans ton esprit gesticulant. Le feu partout te rongera pour ne rester qu’une apparence de toi-même. Cette ombre n’est que le support qui permet à l’âme de se fixer pour voyager. Puis plus rien …

180

a mer

noire

nous transporte depuis la nuit des temps. Se régénérant par les mêmes maux, ombre du sourire rouge. Contemple-les mon âme, seul le noir illuminé deviendra l’opium de tes nuits. Fleurs de l’ombre, passage nécessaire de l’être. Écritures au vent des ténèbres. J’étais déjà mort pour cette vie infâmante. Corps exempt de désirs, qui jamais ne meurt puisque jamais il n’exista. C’est dans la rosée de tes yeux que j’ai pu rêver à la beauté du monde.

Eau mémoire de vie, mort de l’oubli. L’origine n’est pas le commencement, seulement une transformation. Partir d’un tout, comme une blessure. Devenir soi-même une rosée sur ce bois vieillissant. Et s’évaporer pour mieux voyager au printemps. Mélancolie d’une réalité où le temps n’est qu’une illusion. Île sans temple, une idée, une forme, un être. Sens, sensation, Senses chimériques, envole-toi au-delà des mémoires déterminées.

181


Photographie : Marc Michiels. Autoportrait - Exposition : Rester vivant Michel Houellebecq, 2016 - Palais de Tokyo, Salle où « Nous habitons l’absence ».

Rien n’est plus présent que ce qui est caché, rien n’est mieux caché que lorsqu’il est présent.

182 183


AUX PASSIONS JOYEUSES.

La fin est le

commence ment,

Transparence de cette pierre – symbole de la connaissance du monde.

Il n’est rien qui commence,

au x O m b r e s Porte qui relie l’espace des VIV

ANTS

matière

À la barge du chemin, dans un océan de

rien qui ne soit achevé.

noire

L’absence de celle-ci représente un corps. Je ne suis rien d’autre qu’un songe. Une pierre, pierre à l’image de l’homme inachevé. J’ai traversé un à un les sept anneaux de l’enfer. Tel un albatros, gisant sur un radeau de fortune. Âme vagabonde perdue dans un monde qui n’est pas le sien.

Être de grande beauté blanche, passé et avenir sont mélangés. Des hommes sont à mes côtés, insoumis et fiers d’avoir combattu. Apparence semblable au reflet d’un soleil, Sacrifice et fidélité n’ont plus de sens ici. Centre d’une goutte d’eau. Étant le mouvement même, mon esprit prendra une forme nouvelle.

dans mes VEINES

Ce sang noir coule

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185


L'Enfer : Part I AUX PASSIONS JOYEUSES LA PAIX DES CHIENS S’EN REMETTRE AUX ANGES AUX TEMPS SUSPENDUS

2005 - 2009

_ 185 _ 175 _ 171 _ 165

UNE ORANGE AU GOÛT DE NUAGE _ 157 UN AMOUR CHAQUE NUIT VOYAGE EN GRAND SECRET _ 151 PÉNÉTRER DU REGARD L’ÉTOFFE DES ÊTRES _ 139

2009 - 2010

OOdys

186

sée

187


Que dans ce piège de la noèse compacte où il a toujours un orteil coincé, il attend l’aile qui brise et hisse les nards ? M2 se demande ce qui a pris à Ulysse de se prendre pour lui. À vrai dire – mais la vérité a-t-elle gardé assez de charmes pour séduire encore quelqu’un ici-bas ? M2 ne sait pas s’il est en haut ou en bas, s’il est dedans ou dehors, s’il doit se regarder à l’envers pour se voir à l’endroit et s’il suffit de retirer au point la virgule qui le surmonte pour remplacer la question par une réponse. La géométrie est là, avant la parole. Et M2 est au milieu des formes, des espaces où l’esprit affamé se mouche entre les portes : caveau, portes, couloirs, murs.

« Mourir, ça n'existe pas. » Ulysse est gonflé. À son chevet M2 raconte, parfois en termes cassants et matériels, les aventures de l’abstraction dans la chair, du beau de l’air au revers dit, dans l’attente d’un écho que ne remplacera jamais l’espoir. Voyant que le blanc, il n’y a rien à faire, les mots doivent s’y coucher, ceux qui tiennent lieu de M2 – les brins de parole qu’il délègue à cette tâche et le liquident, car il faut reconnaître que M2 est totalement dépassé et se laisse composer par ses brins qui fragmentent son mot à dire – cherchent à le cerner, à leur guise, calligramment leur secteur. Dans ce triptyque vaporeux, les passions deviennent subtiles, prennent leurs aises, dans la page. La conquête commence. Le voyage qui nous conduit loin des rivages vers les visages ignorés des miroirs. Le je qui surnage timidement, « chargé de doutes », ne se fait plus illusion, sur son SAUR. « Je suis vous », chuchote-t-il aux « planètes rouges de notre existence ». Exalté M16 se prend les pieds dans le monde et sourit. Si nombreux, on peut échapper aux face-à-face. La pierre, l’air, l’eau. Le troisième pas était dans l’eau. Mais les eaux ne sont pas plus paisibles d’être habitées désormais par des frères. La bulle sait d’où elle vient et l’enveloppe du nuage aquatique a la mémoire des visiteuses. Nous et Vous. Le pluriel, c’est l’aventure de l’effacement. La brisure du miroir suspendu de Narcisse, où le papillon ne parvient plus à se voir – tant mieux.

Quelle promesse, le fruit !

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189

Illustration : Myung-joo Kim.

Quel bonheur de grimper sur ses propres épaules !


Et comme détaché, au bout du poème, comme le dard ou la dernière goutte qui fait déborder le vase, un scrupule, une question, un post-scriptum tendu. D’emblée la joie est noire et c’est dans la nuit seulement que l’on parle, perchoir du faux dormeur. Dans la prison de l’être, M2 casse des cailloux, mâche des graviers, émiette sa moie, taille des galets obtus dont il a attendu longtemps – et pourtant ce ne sera pas la fin – la métamorphose en pierres reverdies. La vision de la déesse est le doute du voyageur. M2 au carré s’arme de lui-même et change de viseur. Le sens tient-il vraiment aux choses ou à notre regard, ou à nos questions ? Les postures prises par les brins – qui enfin se coalisent, qui enfin coagulent, qui enfin coagulisent pour faire un peigne, une pince, un peigne pincé, un œil, un marteau, un œil de marteau, un aileron de requin, de requin-marteau – dissolvent les cadres un peu guindés de passions mal assurées, raides de ferveurs ontologiques. Il faut lire comme on marche. M4 lâche l’ombre de la vérité pour la proie de l’art. Mister Black & White plante son stroboscope sur le tranchant d’un nuage. Le décollement de la goutte d’air, la voie des bulles, la divagation d’Ulysse, la rencontre des femmes vues. La « pensée avisible » fait son petit bonhomme de chemin, à cheval sur son flux, acceptant de croiser plus loin, sans se recroqueviller, à l’issue de chaque élan, même si la page 1ique est le diaphragme obligé et maximal de ses respirations. Déjà dans cette évasion M4 se met à entendre des voix. Dans l’affolement, Ulysse, qui s’est confié aux nuages, s’abandonne à des airs de fortunes, à des inspirations, à l’épaule élue arbitrairement des sirènes. Et l’amie aux seins tombés d’une comète, est-elle bien réelle ? Est-elle plus ou moins que la vérité – que l’image de la vérité qui fascinait M2 ? Et dans un froufrou de mikados la troisième aube se lève, la troisième lèvre se livre : dans l’eau qui délie les gorges et refonde les formes, des ailes de papillons sur l’axe central de la page, des phrases et des cris dans le miroir. Dupliqués en tous sens. L’aventure du miroir est passée dans la page, prend les mots à bras-le-corps, à brasle-blanc. L’esprit est soulagé. L’esprit qui croyait être le seul à se voir, le seul à se fuir, le seul à se refléter, détache dans les eaux de l’encre son mâchouillage et ses transes.

Illustration : Myung-joo Kim.

Troisième pas. Première palme.

Faut-il

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un rêve au verbe ? qu’M s’avoue qu’il rêve d’aimer dans l’R ?

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Préface : Arnaud Zucker Avez-vous vu passer Ulysse ? Il s’est faufilé, le furet grec, comme la toile de sa femme araignée. Il ne s’est pas arrêté à Ithaque et court encore : à chacun de le voir, s’il l’ose, et de croire l’attraper, comme le poisson qu’il est devenu, à force de nager. L’OdySsÉe de Marc Michiels (M2) est un moteur à trois temps qui, sans suivre les traces du premier aventurier de l’existence humaine, tâche d’exprimer quelques stations de l’âme en butte à elle-même. Ulysse se ressemble-t-il encore ? Dans ce périple qui commence par la « mer noire » et s’achève sur un « lac gelé », M2 cherche un remède à l’immobilité qui menace les grands voyageurs. Trois recueils tressent son anneau : la pierre, d’abord, puis l’air des nuages, et l’eau enfin du retour à Ithaque où il n’est pas encore parvenu. Parti de rien mais poussé à prendre un départ – se taire, c’est mourir un peu –, M2 tâtonne comme un aveugle dans les mâchoires d’une pierre. C’est à qui l'appelle à le suivre, moins spectacle que ligne ténue qui sonde l’épaisseur de la matière, à la pointe du nerf. Un destin ne se conçoit pas en un jour. Il a fallu que l’élan vienne, après l’évasion d’Ulysse hors du chapelet d’îles qui bornait son horizon et où il croyait tout contenu, tout préservé. Il a fallu se mettre en route, page à page, pour éviter que l’espace ne se referme tout à fait. Quitter la cellule d’éternité pour cette plaine d’eau ondulante où, en s’enfonçant, le regard ne sait pas s’il s’approfondit ou s’il ricoche et se regarde. Car l’espace du voyage n’est pas la terre, morne butte hirsute et calcaire, mais l’eau, curieuse de tous les espaces, qui ne se drape pas dans ses augustes vallons mais tremble, toujours, malgré sa secrète raideur. La pierre, l’air et l’eau. La joie fébrile d’abord pour fêter un départ. Bousculade dans l’archipel : les rochers tentent un rapprochement. Ils voudraient presque former un pays – mais n’est-ce pas trop ambitieux quand tant d’eau vitale les sépare ? Alors ils s’adressent des pointes, se rangent en files, en vers complets, côte à côte. Comme les phoques du vieux Protée en ordre de veille enchantée. Et le poème, petit orgue à tuyaux, récite sur divers tons sa question parfois improvisée. D’un pied sur l’autre. Intense balancement du M qui s’ébranle, dans un rythme surtout binaire d’expressions comme des coquilles, où chaque mot a son complément qui contre lui se retourne : « rosée des yeux », « nuit des temps », « vent des ténèbres » … Il va l’amble, Narcisse au désert, dans les dunes mornes et liquides qui ne feront jamais miroir.

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AUX DOIGTS DE BULLES,



NÉOGONIE DES RÊVES Marc Michiels


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