L’ART DE LA PEINTURE CORPORELLE ou BODYPAINTING est l’une des premières formes d’expression plastique utilisées par nos ancêtres. La terre ocre, le charbon de bois, la craie, le jus de baies colorées, le sang des animaux… Ce sont autant de matières qui sont utilisées comme couleurs et pigments depuis la nuit des temps. Nos ancêtres les ont d’abord utilisées comme peintures de guerre pour impressionner l’ennemi ou comme signe de reconnaissance des membres d’une tribu. Cette technique de maquillage primitif permettait aussi aux hommes de se camoufler lorsqu’ils chassaient. Aujourd’hui, le goût de l’ornementation du corps n’a pas perdu de son importance. Il est présent sur tous les continents et s’illu stre sous la forme de la scarification - dans certaines contrées - du tatouage ou de la peinture corporelle. Dans les différentes cultures amérindiennes et africaines, les signes corporels, sorte d’alphabet du corps, doivent être lus comme des signifiants ou des messages. Les peintures corporelles peuvent s’apparenter à une carte géographique qui identifie chaque individu dans son propre univers socio-culturel : « Montre-moi comment tu peins et je te dirai d’où tu viens et qui tu es ». La peinture corporelle est une forme d’expression créatrice et artistique. Elle traduit « l’esthétisation de la vie » dans ses moindres détails. La peinture corporelle, art libre et éphémère, met en valeur le corps des hommes, des femmes et des enfants. En Afrique, de nombre ux peuples ont leurs corps peints de motifs géométriques et abstraits. Dans le sud du Sahara, les Peuls Bororo vouent un véritable culte à la peinture corporelle pour sublimer leur beauté. Le peuple des Nubiens , des Monts Nuba au Soudan Central, pratique l ’art des décorations faciales et corporelles. Les véritables génies de la peinture corporelle sont les peuples de l’Omo (Hammer ou Karo), de la grande vallée du Rift aux confins de l’Ethiopie, du Soudan et du Kenya. Au Gabon, le peuple des Punu est réputé pour la mystérieuse beauté de ses visages blancs peints au kaolin. De nombreux peuples se peignent le visage avant d’entamer leurs danses rituelles comme les Papous de Nouvelle - Guinée. Dans la forêt amazonienne du Brésil (région des Para), le peuple des Kayapòs utilise la peinture corporelle à titre de vêtement (signification symbolique et décorative). Bien d’autres encore se servent de la peinture corporelle (indiens Hopi d’Arizona ou Pawnees des Grandes Plaines en Amérique du Nord). De la performance à l'art corporel C'est au Black Mountain College que les premiers happenings (performances) font leur apparition, attribuant aux artistes plasticiens un type de medium jusque-là
réservé à la danse et au théâtre : il est alors possible pour un artiste de se mettre ou de mettre en scène un ensemble de performeurs. Au lendemain des années 60 et de la libération sexuelle, le corps devient un sujet central de travail pour un grand nombre d'artistes plasticiens et de vidéastes. Le medium d'expression le plus abouti, voire le plus extrême pour eux, est la performance à travers l'art corporel. Le développement de l'art corporel Dans les années 1970, l'art corporel repousse certaines limites de représentation, agissant souvent comme un faisceau d'actions artistiques et politiques parfois subversives. Il va jusqu’à susciter la désapprobation d'un public médusé. Après le décloisonnement des catégories artistiques et la volonté de renversement des valeurs bourgeoises, fortement ancrés dans l'art corporel des années 1970, le mouvement évolue vers une tendance à l’inspiration de mythologies personnelles (Jana Sterbak, Rebecca Horn, Youri Messen-Jaschin ou Javier Perez). L'art corporel est, à l’heure qu’il est, un médium identifié et couramment employé par les plasticiens contemporains, aussi utilisé lors d’événements où sa symbolique et son impact sont largement valorisés. La peinture corporelle, devenue une mode "moderne" se montre, s'expose et devient objet de création et art éphémère. Le peintre créé une œuvre picturale sur son modèle. Plusieurs festivals sont consacrés à la peinture corporelle à travers le monde, dont celui "World bodypainting Festival" de Seeboden en Autriche ou "Brussels International Festival of Fantastic Film" (BIFFF) de Bruxelles. Sans oublier le pèlerinage annuel IMATS (l’International Make-Up Artist Trade Show) de Londres.