Catalogue d'exposition Manessier 2015

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MANESSIER


Sous le Haut Patronage de Madame Anne Hidalgo Maire de Paris

Exposition

ALFRED MANESSIER 1911 - 1993

Du crépuscule au matin clair 1927 - 1992

MUSÉE MENDJISKY É C O L E S D E PA R I S

5 juin - 15 octobre 2015


Alfred Manessier dans son atelier du 203 rue de Vaugirard, Paris XV, en 1955. Š Archives Manessier/John Craven

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Je dédie cette exposition à la mémoire de ma fille adorée, TANIA (1959-2015). Serge Mendjisky, le 13 mai 2015

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Dans l’atelier d’Alfred Manessier À quelques jours près, il y a soixante ans, je pénétrai dans l’atelier d’Alfred Manessier, 203 rue de Vaugirard. C’était en avril 1955. Je collectais des œuvres des grands artistes pour la Fédération des Déportés, afin de pouvoir offrir un mois de vacances aux enfants de déportés. Braque m’avait dit : - « Connais-tu Manessier ?... » - « Non… » - « Alors raison de plus, va le voir de ma part. C’est un très grand peintre et dis-lui mon admiration… » C’est Manessier lui-même qui m’ouvrit la porte et je lui fis part de l’admiration de Braque. Il eut un sourire bizarre, énigmatique, et me dit simplement : - « Merci de ce message, la provenance m’honore et me touche infiniment. » Nous marchâmes une heure, sans presque parler. J’ai eu droit à un sourire. Il s’arrêta, en regardant en l’air. Il était à cent lieux. Il se retourna vers moi, me prit le bras, et me dit : - « Venez, parlez-moi de vous… » Et il me regardait avec son sourire silencieux interrogateur. En remontant la rue d’Assas, il me dit : - « Vous côtoyez Braque, Picasso, c’est enrichissant n’est-ce pas ? Ils ne mentent pas, eux. » Je ne disais rien, je ne savais que dire. Je répondis : - « Oui, bien sûr » Mais c’était terriblement plat, alors je me tus. - « S’enrichir l’esprit, le modeler, le façonner, comme c’est bien », dit-il. Je lui racontais mes démarches pour rassembler quelques œuvres, mes difficultés, ma gêne pour ces intrusions intéressées. - « Taisez-vous » me dit-il. « Cette quête est une forme d’apostolat. » - « Bonne chance, mon ami et revenez dans trois jours, je pense que j’aurai réalisé quelque chose. » Voilà un souvenir que je conserve de ma première visite chez Alfred Manessier. Il offrit une très grande gouache extraordinairement belle, gorgée de mystères et d’interrogations passionnées.

Serge Mendjisky, mars 2015

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Vaugirard, un quartier fraternel

1952 - Maisons ateliers de Gustave Singier et d’Alfred Manessier, 203 rue de Vaugirard, Paris XV, dÊmolies en 1973

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« Il n’y a pas de hasard, tout ne se fait que par rencontres » Camille BOURNIQUEL (1918-2013) romancier et poète

Et certes, ce ne peut être le hasard qui déposa dans

ma boîte aux lettres le Journal du XVe arrondissement et que celui-ci s’ouvrit à la page rendant compte du nouveau Musée Mendjisky-Écoles de Paris Square de Vergennes. Le « S » d’écoles de Paris attira mon attention. Ce « S » n’était pas anodin et affirmait la volonté du musée de s’axer sur la Première mais aussi sur la Seconde École de Paris. Pas le fait du hasard non plus, le désir de Serge Mendjisky de faire suivre l’exposition de son père Maurice Mendjisky éminent représentant de la Première École de Paris, par une exposition Alfred Manessier.

1 - La Lampe - 1943 Huile sur bois, 33 x 19 cm Collection particulière

Il y a plus de 70 ans, Alfred Manessier habitait au 203 de la rue de Vaugirard, dans le XVe arrondissement, une maison-atelier mitoyenne de celle de Gustave Singier, avec jardin, arbres et oiseaux. Il travailla là de 1939 à 1973 jusqu’au jour où des promoteurs, plus amateurs de rentabilité que de peinture, abattirent les maisons-ateliers et minéralisèrent les jardins et les arbres. Le square de Vergennes et le vaisseau Barillet étaient à moins d’un mille marin. La proximité et la notoriété de l’atelier Barillet attirèrent Alfred Manessier pour la réalisation de ses vitraux en dalle de verre et la mosaïque de la Chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la sainte Face de Hem (Nord) ; les vitraux de la Chapelle Notre-Dame de la Paix au Pouldu (Finistère sud) avec le concours de son ami Jean Le Moal puis les vitraux de Moutier (Suisse). En 1960, l’ancien hôtel-atelier Barillet conçu en 1931-32 par Robert Mallet-Stevens ferma ses portes. Il fut acquit par une S.C.I. qui le transforma en bureau, restructurant l’espace pour une meilleure efficacité commerciale. Tristes temps pour l’ancien atelier, ses pâtes de verre, ses verrières, ses vitraux. Heureusement Yvon Poullain, industriel passionné d’Art Déco racheta le lieu en 2001. Après d’importants travaux il lui rendit son âme. Malheureusement en 2011, Yvon Poullain le bienfaiteur mourut accidentellement. Une fois de plus l’atelier ferma ses portes et la grande verrière ses yeux. Quatre ans d’obscurité, jusqu’au jour où en 2014 Patricia et Serge Mendjisky lui redonnèrent vie : le Musée des Écoles de Paris était né. 50 ans plus tard, Alfred Manessier est de retour dans l’Atelier Barillet devenu Musée avec des toiles dont un grand nombre furent créées dans ce quartier. 7


2 - 10 septembre à 6 h 1/2 du matin - Le Crotoy - vers 1928 Huile sur carton, 18,9 x 25,8 cm Collection particulière

3 - Aube sur le cimetière marin - vers 1928 Huile sur carton, 18,5 x 25,7 cm Collection particulière

4 - Clair de lune au Crotoy - vers 1928 Huile sur carton, 17,9 x 25,8 cm Collection particulière

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5 - Port du Crotoy à l’aube - 1927 - Huile sur carton, 19 x 25,7 cm. Collection particulière

Depuis 1992, date de son Exposition rétrospective au Grand Palais, très peu d’expositions Manessier ont eu lieu à Paris. Sa fille Christine a choisi un thème porteur d’espoir Du Crépuscule au matin clair, que son père traita toute sa vie voulant que l’homme, quels que soient les drames rencontrés, aille toujours vers la lumière. Dans cette exposition, les amis seront présents comme ils l’étaient lorsque l’un d’entre eux exposait : Singier, Le Moal et Juana Muller, Eudaldo, Elvire Jan, Walch, Bertholle, Bazaine, Étienne-Martin, Charlotte Henschel, Adam, François Stahly. Aujourd’hui comme hier, l’École de l’amitié ainsi intitulée par JeanJacques Lévêque, se retrouve par œuvres interposées pour célébrer, chacun selon son tempérament, les scintillements de la lumière, les incandescences du feu, la transparence de l’eau, la chaleur de l’air, comme une main tendue aux spectateurs. 9


Par la couleur Manessier exprime le monde sans perdre de vue l’homme qui est au centre de son travail, au centre de sa réflexion. Il sait, il peut, il veut exprimer l’espoir et je me souviens d’une de ses réflexions au sujet d’un tableau de Goya rendant compte des exactions des troupes de Napoléon « Ces hommes vont être fusillés, assassinés, ils vont mourir mais Goya nous dit qu’ils ne meurent pas pour rien. Il a inscrit dans leurs yeux, l’espoir. Et quand on est peindre on ne doit jamais abandonner la notion d’espoir ». Et l’espoir ce peut être les lumières d’Île de France, les blondeurs mouillées de la Baie de Somme, les terres rouges d’Espagne, la froidure blanche du Canada ou la chaleur orangée de la Provence. Ce peut être aussi bien le jour que la nuit. Et les nuits de Manessier ne sont ni sombres ni mortifères, mais nuits mystérieuses éclairées d’extraordinaires feux intérieurs.

6 - Siffleur à la lune - 1937 Huile sur toile, 38 x 46 cm Collection particulière

Dans cette œuvre un morceau de nature est un événement. Le peintre en subit le choc et le fixe sur la toile en des accords subtils. Spirituellement il est où son esprit lui permet d’être, à l’intérieur et à l’extérieur de la nature. Par là, il se distingue des purs abstraits avec lesquels on s’obstine à le confondre. Il ne se coupe pas de la nature. Il vit avec elle, se nourrit de sa substance, de ses rythmes, de ses lumières, jusqu’à l’osmose, jusqu’à devenir Nature. Ses paysages revivent sur la toile si fortement et si justement qu’au cours d’une exposition en Picardie, une vieille femme de pêcheur, après être restée longtemps devant ses tableaux de la Baie de Somme et ses Sables du Crotoy, est venue toute timide, consciente de son ‘inculture’, lui dire « Monsieur Manessier, j’entends les coques ». Il en fut bouleversé « Tu vois, c’est gagné ! » 10


7 - Les Lunatiques - 1938 Huile sur toile, 88 x 88 cm Collection particulière

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8 - Coucher de soleil dans la baie - vers 1928 Huile sur carton, 18,6 x 26,2 cm Collection particulière

9 - Étude depuis les écluses à la tombée du jour - vers 1928 Huile sur carton, 17,9 x 25,8 cm Collection particulière

10 - Soir dans la baie de Somme - vers 1928 Huile sur carton, 19 x 25,8 cm Collection particulière

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Cependant il ne suffit pas de sentir, de voir, d’être ému devant la nature, encore faut-il être capable de communiquer aux autres ses émotions. C’est ici que la peinture entre en jeu, avec ses règles, sa chimie, l’étagement de ses valeurs … tout ce que le métier de peintre recèle comme mystères qu’il faut domestiquer, appréhender, comprendre pour s’en libérer, pour être capable même de sacrifier une couleur trop ‘jolie’ qui, belle en soi, nuirait à l’ensemble. Hausser le ton, lorsque besoin est, monter les bleus et les rouges ou au contraire les moduler avec un grand raffinement et leur offrir la liberté par rapport à la réalité.

11 - Le Phare de Brighton - 1929 Huile sur carton, 12,1 x 25,8 cm Collection particulière

Tant qu’il y aura des hommes et qu’ils sentiront, il s’en trouvera pour créer et d’autres pour sentir. Rebelle à toute cérébralité, Manessier est resté toute sa vie proche de la nature. C’est d’elle qu’il tire les transparences et les interférences entre les tons, la conception d’un espace où la sensation visuelle s’exprime librement et n’est pas commandée par une volonté arbitraire. On ne peut goûter cette œuvre qu’en la regardant longuement et en l’éprouvant dans son ensemble. Ici, il n’y a pas d’escalier de service. La peinture est comme une flamme qui monte droit dans la nuit où les ombres sont hachées par des lumières fugitives. Une nuit dépliée qui arrête le bruit, où l’on retient son souffle en étouffant ses pas.

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Les nuits de Manessier sont promesses du jour. Que ce soit dans l’incandescence du crépuscule ou dans la légèreté lumineuse des matins, on retrouve toujours la sensation que le peintre tire de sa vision. Sans rien décrire, sans rien raconter, on sent l’atmosphère d’un village, d’une prairie ou le balancement des barques et des voiles dans un port. Le spectacle n’est pas directement perceptible ou plus exactement il l’est sous une forme qui éveille l’imaginaire de celui qui regarde. La matière picturale fond en grandes coulées de couleurs où les sentiments sont purifiés par un feu intérieur.

12 - Soleil couchant sur le port du Crotoy - vers 1928 Huile sur carton, 19 x 25,7 cm Collection particulière

Si nous regardons bien la toile La Nuit (1956), qui fut longtemps la propriété d’Otto Preminger, on peut la voir comme une nuit de légende peuplée d’elfes et de licornes ou une nuit parcourue par le cortège des rois mages ou comme une nuit baignant dans l’atmosphère féerique des contes. Nuit symbolique, païenne ou biblique où l’on croit entendre une cantate de Bach, un Oratorio de Haendel dans les accords de couleurs et les volumes des formes. Les nuits de Manessier sont aussi peuplées de souvenirs d’enfance, de lumières industrielles, de nuits d’incendies et de tirs de barrages qui passaient par-dessus sa tête pour atteindre les Allemands. Autant d’éclats qui frappaient son regard et dont on croit retrouver l’écho dans les feux des chemins sinueux de Lumière crépusculaire (1959) ou dans le féerique bleu velouté de la Nuit de l’Épiphanie (1949). Plus tard, le fascineront aussi les nuits incandescentes des hauts fourneaux où des hommes torses nus dans une chaleur d’enfer sautaient avec agilité audessus du métal en fusion. Les nuits de Manessier sont des nuits de tous les possibles. 14


13 - Port le soir au soleil couchant - 1943 Huile sur toile, 33 x 46 cm Collection particulière

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Dans son processus de réalisation picturale, Manessier est à la fois le témoin et le créateur d’une nouvelle vision du monde. Grâce à lui, l’Art Non-Figuratif est devenu le véhicule le plus pur, parce que dégagé de tout élément matérialiste de la représentation, pour affirmer la prédominance du sentiment sur l’imagerie. Se trouve résolu, dans le sens d’une intériorisation toujours plus profonde et plus intense, le sentiment ‘religieux’ qui imprègne chaque élément de la vie. Mais cette élévation vers l’esprit se fait toujours avec des moyens essentiellement plastiques, sans aucun appel à la sensiblerie et à l’émotivité facile qui prévaut le plus souvent dans les travaux des peintres coloristes. Faire beau sans raison est une tentation. Le beau gratuit, le beau pour lui-même, alors que la réalité de la beauté ne s’exprime que dans la vérité. Au truc, elle se gangrène. Vision à la fois plastique et spirituelle, inspirée par les réalités du monde, mais dont la réalité première vient de son œil intérieur. Image perçue en même temps par les sens et par l’âme. « L’agencement violant des formes et des couleurs, renferme hermétiquement une seconde réalité que le regard de notre entendement saisi avec les choses et qui se manifeste objectivement à travers la puissance d’évocation de l’emblème » écrit Werner Haftmann à propos du peintre allemand Meistermann. Chez Manessier, un tableau comme Formes au Crépuscule (1952) se rapproche du chromatisme de la Renaissance. Nous sommes dans le plain chant et dans l’apparent chaos des bouleversements cosmiques. Les formes sont à la fois souples et rigoureuses et ce mélange de souplesse et de rigueur donne au tableau sa consistance et une force sûre d’elle-même. On retrouve dans des œuvres comme l’Esquisse pour les Litanies Vespérales (1952), Rochers au couchant (1974) ou encore Marais picard au petit matin (1981) cette poétique de ligne et de lumière où est respectée la vie secrète des espaces. Cette façon d’appréhender, de penser la peinture, de la rattacher aux réalités du monde par l’intermédiaire des couleurs et de la lumière fait qu’elle devient l’image d’une certaine permanence, d’un certain accord simple avec d’autres réalités plus transcendantales. Les tableaux sont des créatures indépendantes qui suivent leurs propres lois créatrices et peuvent à tout moment différer du plan initial et échapper au peintre. 14 - Soleil couchant sur le port vide Huile sur carton, 17,9 x 25,7 cm Collection particulière

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15 - Le Bignon la nuit - 1945 Huile sur toile, 65 x 81 cm Collection particulière

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Peinture qui est une forme autonome de l’émotion, un jaillissement spontané seulement maîtrisé par l’instinct, un être disposant de sa propre structure expressive, où s’expriment les sentiments du peintre dans ce qu’ils ont de plus personnels et de plus intimes. On pourrait penser que le langage d’origine, celui des mots, a disparu au profit d’un nouveau langage, une autre façon de dire, plus sensible, plus subtile, plus secrète et plus poétique. Les mots sont terriblement suspects et limitatifs et jamais ne pourront rendre compte des modulations du bleu. Dans un tableau comme Roches espagnoles sous la lune (1990) le bleu est intraduisible et pourtant à chacun d’entre nous il parle un langage d’au-delà du langage, un langage inexplicable. La peinture touche à des ondes qu’elle seule fait vibrer. Elle est un art de l’instant et n’existe pour ainsi dire pas en dehors du moment où on la contemple. On peut jouer mentalement un air connu, mais non peindre mentalement une œuvre connue. Ces instants de contemplations de la chose peinte sont d’une extrême intensité, toute d’émotion. Aucune trace de littérature mais un grand appétit de formes et de couleurs. Un grand besoin d’exister, d’exprimer, pour ceux dont les mots se pressent en foule sans trouver le chemin de la parole, leurs propres émotions enfouies et qui restent muets. C’est une peinture faite pour tous, qui veut être ressentie par tous, qui l’est aujourd’hui et le sera demain car elle est pure peinture, étrangère à tout commentaire littéraire ou explicatif « on devrait toujours s’excuser, disait Paul Valéry, de parler peinture ». Et d’ajouter cependant, « mais il y a de grandes raisons de ne pas s’en taire. Tous les arts vivent de la parole - du langage intérieur - toute œuvre exige qu’on lui réponde ». À la question que lui posait Jean Clay sur le besoin de s’exprimer, Manessier répondait « le plus secret de moi-même, je ne sais pas le dire avec des mots ».

16 - Espace matinal (étude) - [1949] - Huile sur toile, 38 x 46 cm. Collection particulière

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17 - Nuit de l’Épiphanie - 1949 - Huile sur toile, 130 x 97 cm. Collection particulière, Paris - Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris Photos Art Digital Studio. © Adagp, Paris 2015

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La peinture est une nécessité. Ce qui intéresse Alfred Manessier, c’est l’épaisseur de la pâte, le grain de la toile, c’est la force d’une ligne, la solidité d’un ton, la qualité d’un gris à coté d’un blanc. C’est aussi le besoin de transmettre, dans une forme déterminée, l’essentiel des mouvements intérieurs qui l’animent. C’est la nécessité de transformer toute impression reçue en espace pictural. Ainsi ‘vécu’ le tableau est bien autre chose qu’une confession personnelle, un aveu direct. Si la personnalité du peintre est au centre de son œuvre, elle peut aussi n’intervenir que par le choix et la disposition d’éléments assemblés dans la construction. Rien n’est jamais formellement, préalablement inscrit. Nous savons qu’une œuvre d’art a sa vie et que le peintre, humblement doit s’y soumettre.

l Pour bien saisir l’œuvre d’Alfred Manessier, il faut avoir à l’esprit sa parfaite indépendance à l’égard des écoles, à l’égard du passé aussi dont il dégage avec clairvoyance les grandes avenues, afin que le présent soit digne du passé. Pour cela il lui a fallu digérer le Cubisme, le Surréalisme, créer son propre chemin, imposer son esthétisme. Pas à pas, au jour le jour, année après année, dans la solitude de son atelier, il conduira sa peinture vers une vérité dépouillée de toute anecdote, de tout artifice, l’enrichissant de sonorités et de rythmes inédits. Peinture de méditation où la couleur seule a la parole : les lilas, les garances, les orangers, les verts minéraux, les coulées de noir, de bleu, de rouge, les violets et les jaunes. Édifiée loin des modes, des polémiques et de l’agitation parisienne, l’œuvre d’Alfred Manessier le place parmi les créateurs majeurs de notre siècle ; elle est à l’image de sa personnalité et de sa vie : sûre d’ellemême, généreuse et d’une parfaite probité. 18 - Pêche au couchant - 1949 - Huile sur toile, 46 x 55 cm. Collection particulière

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19 - Offrande du jardin le soir - 1950 Huile sur toile, 65 x 50 cm Collection particulière

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20 - Esquisse pour les Litanies vespérales - 1952 - Huile sur toile, 73 x 60 cm. Collection particulière

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Manessier dans son atelier en septembre 1952 devant Litanies vespérales, tableau qui sera détruit dans l’incendie du Musée d’Art moderne de Rio de Janeiro en 1978

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Peinture peu encline au vertige du monde, prompte à ressentir et à traduire les infinies nuances des sentiments. Peinture qui s’avance vers un étrange amour qui lui permet de traverser les tempêtes nocturnes et de s’arrimer au jour. La vie de la peinture, Manessier l’a voit comme un pouvoir d’assimilation, une faculté de donner à la toile l’étincelle vitale que contiennent les couleurs, les lignes mélodiques et les accords. Dans les arts comme dans la vie, il n’y a pas d’état stable mais une suite de transformations perpétuelles qu’il faut savoir accueillir tout en s’en méfiant. Élargir les jeux de la couleur, accepter qu’un tableau soit dépassé par le suivant, maîtriser la polyphonie picturale, l’adapter, en faire un événement

21 - Nuit - 1952 - Huile sur toile, 38 x 46 cm. Collection particulière

du quotidien et la prise de conscience de la joie et du drame. La peinture acquière alors une illumination intérieure qui l’a transfigure et où se reconnaît sans discussion, l’empreinte de l’artiste élu. Tout alors devient possible et la nostalgie peut être représentée par le rouge, la joie par le violet, le drame par le blanc ou la mer par le jaune. Le tableau résulte du seul accord des couleurs, comme une symphonie du seul accord des sons. Un tableau n’existe qu’en tant que peinture, sans tenir compte des engouements de la mode, des préjugés, des principes mal compris où se débat le plus souvent la pensée humaine. Alfred Manessier pense en couleur et ses tableaux ne sont pas autre chose que l’affirmation d’eux-mêmes. 24


22 - Formes à l’aube - 1951 Huile sur toile, 81 x 100 cm Collection particulière

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23 - Formes au crépuscule - 1952 - Huile sur toile, 73 x 92 cm. Collection particulière

Si les œuvres d’Alfred Manessier nous touchent avec autant de force, c’est qu’elles sont une prise de possession du monde extérieur et si le tableau ne présente plus de ressemblance avec ce monde extérieur c’est qu’il lui ressemble en profondeur. Les choses ayant perdues leur apparence, ne subsistent que leur structure et l’idée des choses qui par un phénomène particulier, frappent nos sens plus fortement que n’aurait pu le faire leur image. La toile devient alors le résultat d’un sentiment de plénitude issu de la vie intérieure. Peinture essentiellement tournée vers la vie, ses espaces, ses lumières, ses mouvements, ses beautés. Œuvre fraternelle à l’image de sa vie. Portes ouvertes en toutes saisons aux amis et aux chats de passage. Repas partagés, sans qu’il fut besoin de s’annoncer. Chez Thérèse et Alfred Manessier on ne fermait pas les portes, on était disponibles. On cultivait le rire, on pratiquait la joie. Que de fêtes mémorables au pied de son atelier dans cette maison des plaines de Beauce protégée par les blés. On fit cohabiter Péguy et Jarry. C’était souhaitable, ce fut possible. Si l’on considère que Dieu est une entité, alors il est partout, dans les vagues océanes, les sables de la Baie de Somme, dans les grands nuages de la Beauce, les 26


24 - Saint-Jean-de-Luz (étude) - 1954 - Huile sur toile, 22 x 27 cm. Collection particulière

ports bretons, les lumières d’Île de France, la terre rouge d’Espagne, les glaces canadiennes, comme dans les romans de son ami Camille Bourniquel, les poésies de Jean Follain, les chansons de Paco Ibañez, les écrits de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d’Avila, dans le Salve Regina de l’Abbaye de Soligny et pourquoi pas dans le temps du tango de son adolescence. Et la peinture décline tout cela, avec une formidable explosion de vérité, une magistrale trame picturale qui se décline différemment mais avec un égal bonheur dans ses vitraux et ses tapisseries. Tout ce que l’art lui offre comme moyen d’expression, Manessier s’en saisi, conscient qu’il n’y a pas de hiérarchie en Art.

25 - Formes au couchant - 1954-1955 - Huile sur toile, 16 x 27 cm. Collection particulière

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26 - Petit matin en Hollande - 1955 - Huile sur toile, 46 x 27 cm. Collection particulière

Des inconnus, des messieurs biens sévères, des intellectuels un peu tristes, des professeurs compassés, des dames ‘biens’, lui ont imposé le manteau fade de ‘peintre religieux’, incapables de concevoir que l’on puisse célébrer à la fois la tolérance, l’amour du prochain, la révolte et le rire. Si Alfred Manessier fut le premier peintre à réaliser des vitraux non-figuratifs dans l’église des Bréseux (Doubs) dès 1948, c’est à l’Abbé Morel que revient le mérite d’avoir conseillé au Chanoine Lucien Ledeur de faire pénétrer l’art non figuratif dans l’église. Réalisation qui déclencha un scandale chez les traditionalistes adeptes de l’esthétique Saint-Sulpicienne. Manessier, par la suite, rendit hommage à saint Jean de la Croix, Oscar-Arnulfo Romero - archevêque de San Salvador -, Dom Helder Câmara. Ce fut un hommage aux hommes mais aussi à l’esprit qui toujours élève l’homme. Il célébra aussi avec un égal bonheur et en bien plus grand nombre les paysages de Provence, de Beauce, du Canada, de Hollande, de la Baie de Somme, des hortillonnages. 28


On ne peut apprécier la peinture d’Alfred Manessier si l’on n’a pas à l’esprit son goût pour la couleur, pour la lumière, pour les atmosphères éphémères que son œil capte émerveillé et où s’installe un bref instant l’échange entre la substance et l’accident, la matière et la forme, la passage entre l’arbitraire et le nécessaire. Peinture qui se nourrit de la franchise du regard posé sur les choses de la vie. On est loin très loin de ‘l’artiste peintre’. Chez Alfred Manessier la peinture, qu’elle soit jubilatoire ou dramatique est un acte d’amour qui éclaire de l’intérieur ses nuits à la fois secrètes, rassurantes et sereines. Elles offrent leur silence pictural, comme dans cette Nuit au Mas (1959) du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris où les bleus profonds sont soyeux, tantôt sombre et velouté, où le pinceau chemine sans hâte mais résolument. Aux lumières paisibles du soir, aux pénombres moelleuses de la nuit, se superposent puissamment définis, toute la gamme des bleus du plus tendre au plus intense.

27 - Pêche au petit matin - 1955 - Huile sur toile, 50 x 73 cm. Musée d’Art André Diligent La Piscine, Roubaix © Musée La Piscine (Roubaix), Dist. RMN-Grand Palais/Alain Leprince

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28 - Nocturne marin - 1954 - Huile sur toile, 38 x 46 cm. Collection particulière

Dans les toiles qui s’inspirent du jour, c’est la joie qui s’impose, la joie du renouveau, de la fête, de la danse et des couleurs qui évitent la démesure et le dévergondage. Ces couleurs nous réconcilient avec le monde, elles sont innocence, toute de pureté, transfigurées par la magie de la vision, habitées de lumières fines, insinuantes comme synthèse des grands rythmes de la vie. Il suffit de regarder attentivement des toiles comme Pêche au petit matin (1955)teintées de lumière franche, Port de Jersey au petit matin (1990), Aube sur la garrigue (1958), Aurore sur les étangs ou Hommage à Monet (1983), Formes à l’aube (1951) ou Flottille au matin clair (1990-91) pour sentir les bienfaits des lumières matinales, la transparence de l’air, la clarté des sources et des rivières purifiantes, les voiles des bateaux repliées le long des mâts baignés par une atmosphère toute de sensibilité. Présence irrésistible de la nature. Paysages spirituels où la lumière s’inscrit et dont rien ne peut venir entamer la fraicheur et l’harmonie. Si seulement le monde pouvait ressembler à cette peinture, en avoir les saveurs et la franchise. La peinture se doit d’être vigilante, de crier lorsque le cri est nécessaire. Jamais Manessier ne s’est voilé la face, jamais il ne s’est réfugié dans une peinture égoïstement artistique. Homme de conviction, il ne recule pas et sa peinture non plus. Ouvert au monde, il l’accueille avec ses joies et ses douleurs. Il est intact, pareil à lui-même et cependant toujours neuf. Lorsqu’il aime, c’est sans réserve, la nature, l’amitié, les êtres, tous les êtres. Sa peinture est l’image de sa pensée. Sa force est en lui, si puissante qu’il n’a pas peur de se perdre en se livrant avec transport. Chaque nouvelle expérience l’enrichit, tout ce qui l’entoure est source où il va puiser. 30


29 - Composition - 1955 - Aquarelle, 26 x 38 cm. Collection Hélène Bailly Gallery. © Julien Pepy

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30 - La Nuit - 1956 - Huile sur toile, 151,5 x 200 cm. Collection particulière 32


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31 - Vers la nuit - 1958 - Huile sur toile, 97 x 195 cm. Collection particulière

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Œuvre de vérité, vérité de la pensée, vérité des formes, vérité des couleurs, vérité de la lumière. S’en dégage un sentiment de plénitude qui n’imposant rien suggère tout. Œuvre si parfaitement peinte, si uniquement peinte que le métier reste invisible. Ne se voit que la pureté des moyens et de leur choix. Images d’une certaine permanence, d’un certain accord simple qui s’accordent à d’autres réalités transcendantales. Peinture qui continuellement avance vers un dépouillement et fait entrer le temps dans son jeu. « J’ai la conviction qu’à travers ce labeur toujours recommencé, cette quête patiente, cette nuit interminable d’échecs et de victoires, de mort et de résurrection, on engage bien autre chose que son propre destin. De même qu’un homme qui s’avilit, avilit l’homme, de même le peintre, suivant qu’il a bien ou mal joué, porte une responsabilité devant son prochain. A une époque charnière comme la nôtre, où les valeurs spirituelles basculent, où la civilisation est menacée de mort, où nous sommes envahis par une obsession du gain et du confort qui condamnent le sens même de l’art, nous sommes peut être les derniers à savoir que certaines vérités ne valent ni argent ni privilèges, qu’elles sont sans prix ».*

* Jean Clay, Visages de l’art moderne

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32 - Aube sur la garrigue - 1958 Huile sur toile, 130 x 97 cm Musée des Beaux-Arts de Lyon N° inv. 1960-11, © Lyon MBA - Photo RMN / René-Gabriel Ojéda.

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« La grande peinture », écrivait Jean Wahl « est une peinture qui suscite la permanence de l’admiration » et nous pourrions ajouter « à son contenu humain ». C’est ce contenu humain qui nous rapproche aujourd’hui encore de la peinture de Corot, de Monet et de quelques autres, alors que les peintures ‘adroites’ ont disparues dans la fosse commune du temps. Alfred Manessier porte chacune de ses œuvres jusqu’à son point ultime, vivant si intimement avec elles qu’il ne s’en délivre que difficilement. Je me souviens de Manessier sortant de son atelier en fin de journée le pas mal assuré, hésitant, sur les graviers qui séparent l’atelier de la maison. Son regard pendant quelques instants était encore un regard du dedans, puis la lumière de la Beauce prenait le relai de sa lumière intérieure. Quitter l’atelier n’est pas si simple et revenir au réel nécessite un temps de flottement, un temps pendant lequel le peintre est dans un entre-deux qui se dissipera comme se dissipe la nuit à l’approche du jour. Il n’est vraiment lui-même que dans son atelier, entre ses pinceaux, sa table à couleurs et les toiles en cours. Là est son royaume. Aujourd’hui le temps a durci les couleurs, la table est devenue une longue pierre épaisse, granuleuse, granitique, émouvante, et les pinceaux pendus têtes en bas, les uns à côté des autres, secs et inutilisables sont les témoins d’un temps où ils étaient le prolongement de l’esprit du peintre. Aujourd’hui lorsque l’on pénètre dans l’atelier, ce sont ces témoins muets qui nous accueillent.

33 - La Nuit au Mas - 1959 Huile sur toile, 195 x 114 cm Musée d’Art Moderne de la ville de Paris

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Au sortir de la guerre ils ont été quelques-uns à s’embarquer dans la voie du bonheur et du doute, persuadés que la peinture pouvait être autre chose « qu’une surface plane, recouverte de couleurs, en un certain ordre, assemblées » bien que toute la difficulté de la peinture réside justement dans ce certain ordre assemblé. Alfred Manessier et les amis réunis dans cette exposition ont toujours voulu que leur travail de peintre et de sculpteur soit habité d’une lumière intérieure afin de ne pas retourner justement à la surface plane recouverte de couleurs … À leur époque, la Figuration imposait son image, l’Abstraction son absence d’image et le rejet de la nature. Les effluves du Fauvisme, du Cubisme subsistaient encore, le Surréalisme existait. Ils ne choisirent rien de tout cela, leur but était de représenter l’âme du monde, l’invisible qui émane des paysages, des objets et des sentiments. Cette vision du monde, ce besoin de le traduire par la couleur, de faire en sorte que la couleur soit essentiellement émotion, n’existait pas à ce point avant eux. La Non-Figuration est l’art d’appréhender le concret, d’en dégager le sensible, de le transformer en émotion et de l’exprimer par un subtil travail de la couleur.

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34 - Les Maures [de nuit] - 1959 Huile sur toile, 200 x 150 cm Collection particulière

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L’œuvre de Manessier, par-delà les exigences du son, du ton, du rythme, parle avec des siècles d’écart la même langue que Poussin, Delacroix, Monet, Cézanne. La langue est la même, mais la peinture ne l’est plus, ni la syntaxe picturale, ni sa grammaire. L’art de Manessier conscient de sa contemporanéité ne renie rien, ne copie rien, ne s’appuie que sur lui-même. Sa peinture il l’a dit et redit, est un acte d’amour. L’amour y est inscrit, comme y sont inscrits les rouges, les bleus, les violets, les jaunes. « J’oscille continuellement du monde intérieur au monde extérieur. Pour traduire des rapports qui existent autour de moi, joie, amour de deux êtres, prière. Je dois m’épauler au réel, lire dans la lumière, les champs, les arbres, les pierres, cette joie, cet amour qui m’habite. Du même coup, le monde prend un sens. Puisqu’il y a harmonie entre l’interne et l’externe, c’est la preuve que des lois nous dépassent et nous englobent. Pâques coïncide avec le printemps, avec la renaissance de la terre, un sentiment d’exaltation religieuse trouve sa réponse dans le spectacle verdoyant de la nature qui se réveille, qui ressuscite. Voilà le nœud de ma peinture, quand j’aurai exprimé Pâques à la fois comme allégresse spirituelle et comme renaissance panthéiste, j’aurai gagné ». Aveux qui ne prédispose pas à la recherche des honneurs, des récompenses, des décorations, des prix et pourtant Alfred Manessier a trusté tous les grands prix internationaux de peinture. En 1953, il reçoit le 1er Prix de Peinture à la Biennale de São Paulo. En 1954, le prix à l’exposition d’Art Sacré de Vienne. En 1955, ce sera le Grand Prix de Peinture Contemporaine de l’Institut Carnegie de Pittsburgh, l’équivalent pour les américains de la Biennale de Venise. La même année, il reçoit le Prix International de l’exposition de Valencia, Venezuela. En 1958, il obtient le 1er prix de l’Institut liturgique catholique de la Biennale de Venise. En 1962, il reçoit le Prix de l’Institut international d’Art liturgique de la Biennale de Venise et cette même année, le prix le plus prestigieux de tous, le Grand Prix International de Peinture à la XXXIème Biennale de Venise, conjointement à son ami Alberto Giacometti pour la Sculpture. Prix majeur souhaité par tous et que Manessier obtint sans avoir fait la moindre démarche. C’est la rencontre dans une rue de Paris de Jacques Lassaigne, en charge du Pavillon français de la Biennale de Venise, qui décida de tout.

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35 - Lumière crépusculaire - 1959 Huile sur toile, 114 x 114 cm Collection Particulière, Suisse, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH)

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36 - Nuit sur la colline - 1959-1960 - Huile sur toile, 81 x 130 cm. Collection particulière

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Prix majeur souhaité par tous et que Manessier obtint sans avoir fait la moindre démarche. C’est la rencontre dans une rue de Paris de Jacques Lassaigne, en charge du Pavillon français de la Biennale de Venise, qui décida de tout. Manessier avait peint un grand triptyque l’Empreinte, aujourd’hui au Centre Pompidou que ses dimensions 2,30 m sur 4,00 m l’empêchaient d’exposer à la Galerie de France. - « N’aurais-tu pas un grand espace pour que je puisse voir mon tableau dans son ensemble ? » - « Pourquoi ne l’exposes-tu pas à la Biennale de Venise ? » Et connaissant les allergies de Manessier pour les honneurs, ajouta : - « Le Grand Prix est déjà connu ! ». Zao Wou-Ki confirma. - « Qu’est-ce que tu vas faire à Venise, on sait qui aura le Grand Prix ». - « Ça m’est égal, je veux juste voir mon tableau en entier ». « L’Empreinte » s’intégra dans une série d’œuvres sur le thème de la Passion et de Pâques. Et il obtint le Grand Prix ! La peinture avait triomphé de la politique. Cette récompense ne plut pas outre mesure à ceux qui souhaitaient la victoire d’un peintre américain. Le repas d’après la Biennale fut tout juste chaleureux. Le lendemain la presse rendait compte de l’attribution du Grand Prix au peintre français Alfred Manessier mais la photographie illustrant les articles n’était pas celle de Bazaine ! On aimerait croire au hasard et à un hasard malheureux. Cette ‘erreur’ sonnait le début du rejet de la peinture française. Manessier fut le dernier peintre français à obtenir cette distinction majeure dans la lignée de grands aînés tels Braque, Matisse, Jacques Villon. L’hégémonie culturelle, qui avait fait de la France le centre du monde dans le domaine de l’art, se fissurait et allait être remplacée par une autre hégémonie, l’américaine. En rien déstabilisé, Alfred Manessier continua son travail, luttant avec une peinture qui parfois se rebelle. Cherchant à l’élever toujours plus haut, à la faire chanter le mieux possible, lui insufflant avec discrétion ses enthousiasmes comme ses inquiétudes. Sa peinture regorge de vie. Elle en est l’image. « La vie dit un jour Jean Anouilh, c’est bien, mais ça n’a pas de forme ». Manessier lui en donna une.

Philippe Le Burgue, avril 2015

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37 - Nuit au port - 1976 Huile sur toile, 60 x 60 cm Collection particulière, Suisse, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH)

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Manessier, à Paris, dans la seconde École de Paris Situer le peintre Alfred Manessier (1911-1993) dans la « seconde ou nouvelle, École de Paris » est aisé même si l’expression est mouvante et renvoie non pas à une école au sens académique du terme - un lieu d’apprentissage -, ni même à un mouvement ou à un style - figuratif, réaliste, surréaliste, cubiste, concret ou abstrait -, mais à tous les artistes qui travaillèrent aussi bien la figuration que l’abstraction et la non-figuration (terme qu’Alfred Manessier comme Jean Bazaine privilégiaient)1 dans le Paris des années entourant la Seconde Guerre mondiale. Venant d’Amiens, Alfred Manessier s’installait à Paris en 1938 d’abord 4 rue Franquet puis, en 1939, au 203 rue de Vaugirard dans le XVème arrondissement. L’expression L’École de Paris était née en 1925 dans Les Berceaux de la Jeune Peinture, ouvrage que publiaient les éditions Albin-Michel sous la signature de l’écrivain et critique d’art, André Warnod (1885-1960) aux beaux jours de Montparnasse et Montmartre. Deux décennies plus tard, en pleine guerre, deux historiens de l’art français, Bernard Dorival - Les Étapes de la peinture française contemporaine (1944) et Pierre Francastel - Nouveau dessin, nouvelle peinture, l’École de Paris (1946) soutinrent autour de l’exposition des « Vingt jeunes peintres de tradition française » en mai 1941, à la galerie Braun, ce qu’ils pensaient être l’exception culturelle et la suprématie françaises : une peinture d’avant-garde incarnant, sous l’Occupation, en résistant à l’idéologie nazie, les valeurs de tradition moderne. L’exposition était organisée sous l’égide de « Jeune France » et préparée par le peintre Jean Bazaine, par André Lejard, directeur des éditions du Chêne et Daniel Apert qui occupait un poste important à « Jeune France ». Manessier, alors réfugié dans le Lot du 29 juillet 1940 jusqu’à la fin d’avril 1941, n’est arrivé que le jour du vernissage. En son absence, son beau-frère Claude Simonnet, s’était chargé de l’accrochage de plusieurs de ses toiles « surréalistes » d’avant-guerre. Si l’exposition passa un peu inaperçue en 1941, elle annonçait cependant l’arrivée d’une « jeune peinture » qui allait régner au Salon d’Automne de 1943 et rejoindre Picasso pour le beau Salon de la Libération (6 octobre 1944). Alfred Manessier y expose, sous le n° 871, Les Pèlerins d’Emmaüs 2. À partir de ce moment les vingt jeunes peintres qu’étaient Bazaine, Beaudin, Berçot, Bertholle, Bores, Coutaud, Desnoyer, Estève, Fougeron, Gischia, Lapicque, Lasne, Lucien Lautrec, Manessier, Marchand, Le Moal, Pignon, Suzanne Roger, Singier et Walch3 incarnaient désormais la nouvelle génération artistique et certains s’affirmaient résolument non-figuratifs.

1

Gaston Diehl, ‘Alfred Manessier’, ‘Edouard Pignon’, ‘Serge Poliakoff ’, ‘Paul Rebeyrolle’, in Peinture contemporaine, Paris, Casterman, 1974, p.129, 149-153, 165.

2

Les Pèlerins d’Emmaüs, 1944, huile sur toile, 195,3 x 130,5 cm, Paris, musée national d’Art moderne – Centre Pompidou, inv. AM 2003-349

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En fait il n’y exposa pas, ainsi que Estève.

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Les musées, collectionneurs, galeristes nationaux et internationaux ne s’y trompèrent pas. Dès novembre 1944 la Galerie de France, à Paris, expose « Quatorze peintres de l’École de Paris », Manessier est parmi eux. En décembre 1951 la Royal Academy of Arts de Londres présente « L’École de Paris :1900-1950 ». En 1952 la Kunsthalle de Berne construit une exposition itinérante en Europe : « Tendances actuelles de l’École de Paris ». L’expression allait englober désormais la totalité de la création artistique à Paris et en France de 1925 jusqu’à 1963 tout en excluant les surréalistes, les Cobra, l’Art Brut, les réalistes socialistes (qui s’étaient, sous la houlette du poète Louis Aragon, exclus d’eux-mêmes4) et les grands aînés : Braque, Matisse, Léger et Picasso5. La Nouvelle École de Paris naissait, elle, le 15 janvier 1952. Présentée par Charles Estienne (1908-1966) à la galerie de Babylone, elle accrochait aux cimaises jusqu’au 12 février, Bazaine, Berçot, Deyrolle, Estève, Hartung, Hilaireau (sic), Lanskoy, Lapicque, Le Moal, Manessier, Mortensen, Piaubert, Pignon, Poliakoff, Marie Raymond, Schneider, Singier, Soulages, de Staël, Tal-Coat, Ubac, Vasarely et Vieira da Silva6. Les deux Écoles ont en commun l’accueil ouvert et enthousiaste fait aux artistes étrangers en contradiction absolue avec toute idée de tradition nationale ce qui fit écrire à Pierre Restany, critique du mouvement des nouveaux réalistes (1961), qu’on avait parlé de l’École de Paris « chaque fois que des artistes étrangers avaient afflué dans la capitale7 ». Hans Hartung est allemand, Serge Poliakoff, André Lanskoy et Nicolas de Staël, russes, Richard Mortensen, danois, Raoul Ubac et Gustave Singier, belges, le Suisse Gérard Schneider est naturalisé français en 1948, le Hongrois Victor Vasarély est naturalisé français en 1961, Maria-Helena Vieira da Silva est portugaise. Le critique Michel Ragon (né en 1924) écrivait dans Cimaise en décembre 1955 à l’occasion de l’exposition « École de Paris 1955 » à la galerie Charpentier : « L’École de Paris est un fait… Le peintre étranger, comme le peintre provincial, qui fait ses humanités ou qui découvre l’art vivant sur les bords de la Seine, devient un peintre de l’École de Paris… Attirés semble-t-il par une sorte de fatalité géographique, bon nombre d’artistes persécutés se sont repliés sur Paris. S’il est impossible de considérer Kandinsky, par exemple, comme un artiste de l’École de Paris, parce que tout son art était défini lorsqu’il arriva sur les bords de la Seine, si les artistes abstraits de la première génération abstraite (à part Delaunay) sont des artistes de l’École de Moscou ou de l’École de Dessau et de Weimar, la deuxième génération abstraite s’est développée à Paris et ce n’est pas une imposture que de voir en elle une nouvelle phase de l’École de Paris. Les différents accrochages qui se sont faits sous ce titre (galerie de Babylone, galerie Craven et tout dernièrement galerie Charpentier) avec à peu près les mêmes artistes non figuratifs, sont significatifs de cette évolution : l’École de Paris, c’est aujourd’hui Manessier, Pignon, Bazaine, Hartung, Soulages, Schneider, Atlan, Poliakoff, Deyrolle, Vieira da Silva, Estève, etc. C’est aussi la nouvelle génération d’artistes de toutes nationalités qui travaillent à Paris : le Français Doucet comme l’Américain Koenig, le Persan Rezvani comme le Hollandais Corneille, Pichette comme Laubiès, Lapoujade comme Dmitrienko…

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En 1937, le poète Louis Aragon, au PCF, avait critiqué la peinture abstraite au profit d’un réalisme socialiste « à la française » : « Chaque fois que vous vous détournez de la réalité, vous vous détournez d’abord de la France » 5

Cf. Laure de Buzon-Vallet, « L’École de Paris : éléments d’une enquête » in catalogue de l’exposition Paris-Paris. 1937-1957, dir. Ponthus Hulten, 28 mai-2 novembre 1981, Paris, Centre Georges Pompidou, p. 255. 6

Charles Estienne, Galerie de Babylone, Paris, Peintres de la Nouvelle École de Paris, [carton d’invitation], Édition, Paris, Galerie de Babylone, 1952, 3 f. r°, v°, 13,5 x 11,5 cm, Fonds Henri Goetz, Bibliothèque Kandinsky, contient un texte de Charles Estienne. 7

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Pierre Cabanne et Pierre Restany, L’avant-garde au XXe siècle, Paris, Balland, 1969.


38 - Dans l’espace crépusculaire - 1960 - Huile sur toile, 81 x 100 cm. Musée des Beaux-Arts de Rouen Inv. 1967.6. © Musées de la Ville de Rouen. Photographie agence Albatros

L’École de Paris a une faculté d’absorption extraordinaire. Elle enregistre, elle digère tout ce qui lui vient des cinq parties du monde et le transmue dans un art divers et singulier, assez indéfinissable en somme, mais où l’on reconnaît sa marque. Cet art absorbé et digéré influence à son tour des artistes nationaux qui eux-mêmes… Oui l’École de Paris se porte bien »8. L’œuvre d’Alfred Manessier en est une des actrices et témoin : des œuvres figuratives de la toute jeunesse les paysages du Crotoy et de la baie de Somme - au fauvisme, cubisme et surréalisme des débuts parisiens que la vue, en 1937, du Guernica de Picasso avait contribué à engendrer, de la grille cubiste et colorée des années 46’ - elle tentait de reconstruire un monde en ruine - au progressif effacement de la figure des années 50’ et aux premiers vitraux abstraits, l’œuvre s’est « transmuée en un art divers et singulier », celui d’Alfred Manessier. Marie-Domitille Porcheron, 30 avril 2015

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Michel Ragon, « L’École de Paris se porte bien », Cimaise, n° 2, 3e série, décembre 1955, p. 17

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39 - Vent du soir sur Tolède - 1964 - Huile sur toile, 130 x 195 cm. Collection particulière

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40 - Le Signe de la nuit - 1963 - Huile sur toile, 54 x 81 cm. Collection particulière

41 - Nocturne végétal - 1979 - Huile sur toile, 100 x 81 cm. Collection particulière

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42 - Nuit enneigée II - 1978 - Huile sur toile, 92 x 65 cm. Collection particulière

43 - Forces nocturnes - 1966 - Huile sur toile marouflée sur bois, 12,5 x 41 cm. Collection particulière

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44 - Marais picard au petit matin - 1981 Huile sur toile, 162 x 162 cm Collection particulière

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45 - Nuit d’hiver dans les marais picards - 1983 Huile sur toile, 162 x 162 cm Collection particulière

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46 - Aube sur les étangs ou Hommage à Monet - 1983 Huile sur toile, 80 x 300 cm Collection particulière

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47 - Aurore sur les Êtangs - 1983 Huile sur toile, 80 x 300 cm Collection particulière

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48 - Rochers au couchant - 1974 Huile sur toile,114,2 x 114,2 cm Donation de l’association L’Art contemporain de Dunkerque du 12 juin 1981. Inv. AC.1981.001.444. © Direction des Musées de Dunkerque, LAAC

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49 - Soir sur le petit port (Cabellou, Finistère) - 1981 Huile sur toile, 114 x 114 cm Collection particulière

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50 - Nuit en Baie de Somme II - 1984 Huile sur toile, 114 x 73 cm. Collection particulière

51 - Derniers rayons dans la baie de Somme - 1984-1989 Huile sur toile, 130 x 130 cm. Collection particulière

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52 - Favellas VI - 1983 - Huile sur toile, 230 x 200 cm. Collection particulière

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53 - La petite Source nocturne - 1983 Huile sur toile, 50 x 73 cm Collection particulière

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54 - La Route des rois mages - 1987 Huile sur toile, 81 x 65 cm Collection particulière

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55 - Port de Jersey au petit matin - 1990 - Huile sur toile, 80 x 300 cm. Collection particulière

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56 - Naissance de l’aube - 1989 Huile sur toile, 60 x 60 cm Collection particulière

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57 - Roches espagnoles sous la lune - 1990 Huile sur toile, 100 x 100 cm Collection particulière

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58 - Petit port au matin clair - 1992 Huile sur toile, 80 x 101 cm Collection particulière

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59 - Flottille au matin clair - 1990-1991 Huile sur toile, 200 x 100 cm Collection particulière


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De laine, de verre et de lumière...

Alfred Manessier est à l’aise dans les surfaces monumentales, son œuvre en vitrail et en tapisserie, son usage fréquent, aussi, de grands formats en peinture le montre à l’évidence. Sa formation première, au sein de l’École Nationale des Beaux-Arts est celle d’architecte. Il s’initie également brièvement à la fresque au cours donné par Bissière à l’Académie Ranson puis participe aux décorations murales du Pavillon français des Chemins de fer à l’Exposition Internationale de 1937 sous la direction de Félix Aublet et de Robert Delaunay. Néanmoins, parallèlement à son métier de peintre, il exercera son art dans deux domaines éminemment liés à l’architecture : la tapisserie et le vitrail. Arts majeurs, depuis longtemps ils ont atteint l’âge de raison, chacun avec son écriture propre sa matière, sa palette différentes de celle du peintre. Pareillement ils nécessitent pour le passage à exécution, l’intervention d’une chaîne d’artisans et d’opérations d’une haute exigence technique depuis la production de la matière première, verre ou laine, jusqu’à la mise en œuvre, afin, comme le dit Paul Valéry cité par Manessier de « créer de la grâce au plus près de la gêne ». Parvenir à l’aisance et à la liberté par delà des contraintes matérielles tel est le but, l’accomplissement ultime. Les créations de verrières ou de tapisseries suivent la création picturale de l’artiste et participent de son évolution, dans l’unité de l’œuvre. L’artiste, au fil de collaborations pérennes a travaillé en harmonie avec les ateliers verriers François Lorin puis Gérard Hermet et Jacques Juteau ou encore Jean Barillet en France et Michel Eltschinger en Suisse et avec les tisserands Bilou et Plasse Le Caisne. Vitrail et tapisserie sont des arts de partage dans leur réalisation, ils le sont aussi par leur destination privilégiée : l’espace public et Manessier y donne une pleine expression de son art. En ce milieu du XXème siècle, résolu à utiliser les techniques ancestrales, Manessier bouleverse par son langage plastique, non figuratif, le champ traditionnel d’expression, car depuis des siècles vitrail et tapisserie racontaient des histoires. C’est sans doute une raison pour laquelle les premiers vitraux destinés à l’église Sainte-Agathe aux Bréseux dans le Doubs (1948-1950) provoquent fureur et indignation. « J’aime rassembler mes simples morceaux de verre pur par le réseau de plomb qui leur donne un sens, les faire jouer grâce à leur transparence avec la lumière extérieure en une sorte d’échange et favoriser leur projection, en unité avec l’intérieur du sanctuaire. » Le langage technique dépouillé, le refus des modulations de la grisaille qu’il adopte d’emblée correspond à son tempérament de peintre épris de couleur, tout à la magie de la lumière. En resserrant sa gamme de couleurs il atteint l’émotion, l’intensité la plus forte. La lumière extérieure joue selon les heures et les saisons et fait chanter les verrières offrant des climats absolument musicaux. L’artiste affirme : « Dans cette façon de s’exprimer, ou plus exactement de s’imprimer dans un vitrail, j’ai pu traiter sans aucune gêne la totalité des thèmes théologiques que j’ai rencontré dans ma vie… » En près d’un demi-siècle Manessier a participé ou conçu l’ensemble de vitraux de vingt-sept édifices, une bonne partie d’entre eux en Suisse et en Allemagne, dont un seul édifice civil. Il l’a fait le plus souvent selon la technique verre antique et plomb mais aussi dans un contexte d’architecture contemporaine, de dalles de verre, à la chapelle Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face à Hem (1957) ou encore à Moutier dans le Jura suisse (1965-69), les murs de verre alors, réalisés justement dans les ateliers Barillet, constituent l’architecture, signée dans les deux cas par l’architecte bâlois, Hermann Baur (1894-1980). 72


60 - Cantiques spirituels de saint Jean de La Croix - Tenture n°1 - 1969 - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 235 cm N° inventaire 98.5.1, © Cliché Musée des Beaux-arts de Chartres, François Velard. Hors exposition

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61 - Cantiques spirituels de saint Jean de La Croix - Tenture n°3 - 1969 - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 235 cm N° inventaire 98.5.1, © Cliché Musée des Beaux-arts de Chartres, François Velard

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62 - Avant l’aube - 1967 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 190 x 390 cm Collection particulière

63 - Arbre nocturne - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 214 x 297 cm Collection particulière

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Dans le splendide ensemble des vitraux de l’église du Saint-Sépulcre à Abbeville, (1982-1993), un sommet de l’art du vitrail du XXème siècle, en vingt-neuf fenêtres et presque trois cents mètres carrés, il développe tout un cycle liturgique autour de la Passion et de la Résurrection, où la tristesse et la souffrance se métamorphosent en joie et en vie. Les siècles sont abolis : fenêtres gothiques et verres contemporains s’unissent en un chant millénaire. L’œuvre tissé ne le cède en rien en originalité, là encore Manessier dans l’immédiat après-guerre se trouve dans une position particulière. Un mouvement de grande ampleur de renouveau de la tapisserie s’est formé, Jean Lurçat en est le chef de file entraînant dans son sillage de nombreux peintre-cartonniers. Cependant le caractère non-figuratif de son travail, fait que Manessier peine à trouver, dans cet immédiat après-guerre des interprètes qui le satisfassent tant à Aubusson-Felletin qu’aux Gobelins. Sans doute les choses auraient-elles été différentes dix ou quinze ans plus tard, mais Manessier alors ouvrait une nouvelle voie. La rencontre avec un couple de tisserands, hors norme, Bilou et Jacques Plasse Le Caisne constitue un nouveau départ pour son œuvre tissé durant les années cinquante. Il s’inscrit, avec eux en rupture avec la technique traditionnelle de la tapisserie de lisse. Une collaboration originale, faite de complicité, d’exigence et d’amitié profonde s’ensuit pendant une trentaine d’années. Le développement de son œuvre tissé se poursuit alors engendrant des pièces de grandes dimensions souvent plus vastes que La Nuit (1966) dont la monumentalité s’impose dans l’exposition. De grands murs s’offrent dans le cadre de la reconstruction et de la prospérité retrouvée, un merveilleux champ de création s’est ouvert. Si la technique de tissage en basse-lisse, a pour effet de recouvrir complètement la chaîne par la trame, dans les tapisseries des Plasse Le Caisne en revanche le jeu de trame est apparent. Celle-ci est colorée en fonction de la composition, elle est en dialogue avec la chaîne en utilisant d’une façon sensible les ressources des différentes armures, du point toile au sergé, leurs variantes et leurs changements de sens... le tout dans une grande économie de couleurs. La méthode de travail de Manessier est ici bien différente de celle qu’il adopte pour les vitraux : pas de maquette précise où s’inscrit avec précision les rythme des sertis de plomb comme l’exige la technique de réalisation. Là, au contraire, il procède par petite maquette agrandie où s’inscrit l’amorce d’une œuvre, d’une œuvre en devenir ouverte à cette vie qu’elle doit recevoir d’un autre. La spontanéité de la maquette est sauvegardée, puis agrandie le dessin est repris par l’artiste et puis le tisserand s’en empare. Les Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix représentent une aventure bien particulière car leur réalisation relève de l’initiative des Plasse Le Caisne, qui, sans perspective de commande, ont pris en accord avec Manessier la décision de tisser d’après les douze lithographies de l’artiste illustrant la précieuse traduction du XVIIème siècle d’un père, carme déchaussé, découverte par Paul Valéry. Comme en écho se répondent les poèmes de saint Jean de la Croix, la traduction inspirée, les lithographies de Manessier, les tapisseries à leur tour une recréation… fertilité de l’esprit et du cœur. Plusieurs tentures célèbrent largement la nuit. Celle présentée dans l’exposition, la troisième, sous le titre À l’obscur, se situe dans un registre nocturne.

Les nuits, de laine ou de verre, inspirent le recueillement et célèbrent la promesse du jour et l’espérance. Toujours, et en tout temps, pour Manessier la lumière existe, elle fait vivre la couleur, elle est la vie.

Martine Mathias 76


64 - Cantiques spirituels de saint Jean de La Croix - Tenture n°11 - 1969 - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 235 cm N° inventaire 98.5.11 © Cliché Musée des Beaux-arts de Chartres, François Velard. Hors exposition

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65 - La Nuit - 1966 - Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 410 cm. Collection particulière

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66 et 67 - Litanies matinales (au sud) et Litanies vespérales (à l’ouest) - 1953 Maquettes des vitraux de l’église Saint-Pierre-de-Trinquetaille, Arles Huile sur papier, 53 x 21 cm ; 59 x 21 cm. Collection particulière

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Manessier dans l’atelier de Jean Barillet

1965 - Manessier dans l’atelier de Jean Barillet, Square de Vergennes, préparant les vitraux de l’église Notre-Dame de Moutier, Suisse. © François Walch

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68 et 69 - La nuit tombante - 1982-1993 Vitraux de la chapelle de la mise au tombeau - Église du Saint Sépulcre d’Abbeville Verre antique et plomb. Réalisation Atelier Lorin-Hermet-Juteau, Chartres. © Jane Trouvé

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Repères biographiques 1935 Avant son service militaire à Metz (avril 35 septembre 36), bref passage à l’Académie Ranson pour suivre, avec Jean Le Moal, une initiation à la technique de la fresque, cours que vient de reprendre Roger Bissière.

1911 Naissance le 5 décembre à Saint-Ouen en Picardie dans la Somme. Enfance à Abbeville dans le quartier des marais de Thuison, puis à Amiens où il suit, en marge du Lycée, des cours de peinture, de dessin, de modelage et d’architecture à l’École régionale des Beaux-Arts dès 1924. Chaque été, de 1925 à 1933, Manessier peint sur le motif dans la Baie de Somme, laquelle viendra jusqu’à la fin, cycliquement, le ressourcer. Études de jeunesse. 1929-1931 Reçu à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris section Peinture l’année scolaire 29-30, il n’y entrera cependant qu’un an plus tard, le 10 mars 1931, dans la section Architecture, par obéissance à son père. Effectue parallèlement des copies (Tintoret, Titien, Rubens, Renoir, Rembrandt) au Musée du Louvre où il fait la connaissance de Jean Le Moal.

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Il occupe quelques mois un atelier voisin de celui d’André Masson au 117, rue Notre-Dame, Paris 6ème, où il compose une première grande toile qu’il considérera comme fondatrice : Les Dieux marins. Le Cubisme, puis le Surréalisme influencent alors le jeune peintre 1936-1937 Le décès de son père en mars 1936 met fin à ses études d’architecture et l’oblige à renoncer pour un temps à son projet personnel de peindre car - enfant unique - il doit à son retour du service militaire, aider sa mère à maintenir le négoce familial de vins et spiritueux à Amiens jusqu’à sa liquidation fin 1937. En mai 1937 : rejoint cependant à Paris l’équipe Delaunay-Aublet pour l’exécution des décorations monumentales au Palais des Chemins de fer dans le cadre de l’Exposition internationale. Parmi les rares tableaux peints à Amiens : Apocalyse, Le Siffleur à la lune.

1932 Voyage d’études, en Hollande, à Hilversum. Rencontre l’architecte Willem Marinus Dudok, ami de Mondrian qu’il admire.

1938 Retour à Paris pour risquer une vie entièrement vouée à la peinture. Installation dans un atelier de moulage 4 rue Franquet, Paris 15ème, indiqué par le sculpteur Malfray. Il y peindra, entre autres : Le dernier Cheval, L’Escalier, Les Lunatiques.

1933 Premier envoi au Salon des Indépendants, après avoir fréquenté certaines Académies libres de Montparnasse.

Mariage le 15 octobre avec Thérèse Simonnet, rencontrée le 10 mai au vernissage de l’exposition Témoignage à la Galerie Matières, rue des Canettes à Paris.


1939 Devient locataire en juillet d’une maison avec atelier signalée par Bazaine au 203 rue de Vaugirard à Paris 15ème, où il vivra et travaillera jusqu’en 1973. Son voisin se trouve être le peintre Gustave Singier avec lequel il sympathise. Mobilisation fin août au 507ème Régiment de Chars de Combat à Metz. 1940 Après sa démobilisation le 29 juillet dans le Lot-etGaronne, retrouve sa femme et sa mère réfugiées dans le Lot à Boissiérettes où il apportera son aide à Bissière comme bûcheron et garçon de ferme ; puis la famille, dans une situation très précaire, s’installe à Benauge, après la naissance de son fils Jean-Baptiste, le 3 août à Cahors. 1941-1942 Bazaine l’incite à rejoindre la capitale en mai 1941 pour être employé à l’Association Jeune France qu’il quittera volontairement quelque temps avant sa dissolution le 20 mars 1942, avec le dessein de reprendre la peinture, souffrant trop d’avoir dû à nouveau la délaisser. En juin 1942, achète dans le Perche une maisonnette paysanne sans électricité, “Le Bignon”, sur la commune de Réveillon, qui accueillera jusqu’aux lendemains de la guerre de nombreux amis dont l’écrivain Camille Bourniquel ; les peintres Jean Bertholle, Elvire Jan et Gustave Singier ; les sculpteurs HenriGeorges Adam, Étienne-Martin, François Stahly.

Dans la nostalgie de la Baie de Somme, inaccessible pendant la guerre, il peint entre autres : Port lesoir au soleil couchant (1943) 1944 Contrat avec la Galerie René Drouin à Paris qui prendra fin en 1948. 1945 Naissance de sa fille Christine le 13 avril à Paris. Expose Salve Regina au premier Salon de Mai dont il fut un des membres fondateurs. Cette toile deviendra emblématique dans son itinéraire pictural. 1948-1950 Ses tout premiers vitraux posés dans un minuscule village de Franche-Comté, Les Bréseux, dans le Doubs, introduisent l’art non-figuratif dans un édifice cultuel ancien. Ils furent réalisés en verre antique et plomb par le maître verrier chartrain François Lorin, dans l’annexe de son atelier à Paris 15ème, 199 rue de Vaugirard. Très vite considéré comme l’un des rénovateurs de l’Art Sacré d’après-guerre, il développera son œuvre de vitrail par la création de nombreux ensembles en France et à l’étranger. 1948-1949 Passe deux étés consécutifs au Crotoy. Inspiré à nouveau par la Baie de Somme, il peint une série de paysages de plus en plus transposés. Espace matinal (étude), Pêche au couchant.

La grange est transformée en atelier. La petite maison devient vite source d’inspiration, ainsi que des personnages éclairés de nuit par des lampes à pétrole ou des bougies : La Lampe (1943), Le Bignon la nuit (1945).

1949 Première exposition personnelle à la Galerie Jeanne Bucher à Paris en avril, où sont présentées ses premières lithographies sur le thème de Pâques.

1943 16 septembre : accompagne “en curieux” son ami l’écrivain Camille Bourniquel à la Grande Trappe de Soligny pour trois jours de retraite. Il est touché par la foi. Cette expérience spirituelle marquera profondément sa vie et son œuvre.

Contrat en novembre avec Gildo Caputo et exposition à la Galerie Billiet-Caputo qui fusionnera avec la Galerie de France. Nuit de l’Épiphanie (1949)

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1951 Première exposition personnelle à l’étranger à la Galerie Apollo de Bruxelles. Formes à l’aube. Participe à l’exposition Peintres d’aujourd’hui, France-Italie, 1ère édition, au Palazzo delle Arti de Turin avec une toile importante dans l’évolution de son œuvre, inspirée par les hauts fourneaux fonctionnant la nuit : Longwy la nuit. 1952 Début de sa collaboration avec les tisserands Plasse Le Caisne qui deviendront les interprètes privilégiés de la plupart de ses tapisseries et vêtements liturgiques.

Les événements de Budapest en Hongrie le bouleversent (Requiem pour Novembre 1956). Expose à la Galerie de France en décembre la série de ses toiles hollandaises.

Travaille essentiellement à de grands formats sur le thème de la Passion du Christ qui sont présentés à la Galerie de France en décembre, puis à la galerie Pierre Matisse à New York (dont Recueillement nocturne I & II, Nuit de Gethsémani, Litanies vespérales* …)

1957 Achèvement du chantier de la chapelle d’Hem (Nord) dont la mosaïque et les murs-vitraux en dalle de verre et béton furent réalisés par le maître verrier Jean Barillet, dans ses ateliers du square de Vergennes, à proximité du 203 rue de Vaugirard. Début d’une amitié. Plus tard, ils auront la surprise d’être voisin à Émancé et partageront de longs moments silencieux à pêcher à la ligne sur l’étang des Barillet.

1953 Premier Prix de Peinture à la Biennale internationale de São Paulo.

1958 Illustre les Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix par douze lithographies.

1954 Séjour estival à Sant-Jean-de-Luz. Sonja Henie et Niels Onstad lui achètent Nuit à Saint-Jean-deLuz (120F), pour leur Fondation à Oslo. L’artiste en a gardé l’étude.

Deuxième collaboration avec Jean Barillet au Pouldu (chapelle Notre-Dame de la Paix - vitraux en verre antique et plomb), avec le concours de son ami Le Moal.

1955 Voyage en Hollande en février à l’occasion d’une rétrospective à Eindhoven au Stedelijk Van Abbemuseum qui fera l’acquisition d’une toile (60 x 73 cm) : La Nuit d’été, peinte à la suite de vacances au Crotoy dans une maison donnant sur le port, qui est l’esquisse du grand tableau La Nuit (1956), d’abord acheté par un armateur norvégien, Ragnar Moltzau, puis par Otto Preminger. Grand Prix international de Peinture à l’Institut Carnegie de Pittsburgh. Expose à la Documenta I, l’art du vingtième siècle, à Kassel. Il y participera les deux éditions suivantes.

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1956 En février : Thérèse et Alfred Manessier achètent une ancienne ferme dans les Yvelines à Émancé, aux confins de la Beauce. (Le Bignon avait été vendu depuis quelques années). Une partie de la grange est transformée en atelier.

Un premier séjour estival chez Camille Bourniquel et Elvire Jan, à Moissac-Bellevue, dans le Var, près du Verdon, provoque en lui une intense frénésie de dessiner qui fait évoluer sa peinture vers une expression plus mouvementée : Aube sur la garrigue, Vers la nuit. 1959 Développement et exposition à la Galerie de France des toiles et des lavis inspirés par les paysages du Midi où il est retourné passer les vacances d’été : Lumière crépusculaire, Les Maures (retour de Saint-Tropez de nuit), La Nuit au Mas, Nuit sur la colline. *

Tableau détruit en 1978 dans l’incendie du Musée d’art moderne de Rio de Janeiro.


1960 Création à Nervi en Italie des décors et des costumes pour le Decameron de Boccace, chorégraphié par Léonide Massine. 1962 Présentation à la XXXIème Biennale de Venise d’un ensemble de grandes toiles sur le thème de la Passion et de la Résurrection qui obtient le Grand Prix international de Peinture. L’Empreinte, Offrande de la Terre, Offrande du soir, Les Ténèbres… 1963 Découverte de l’Espagne au printemps qui déclenche une nouvelle série de peintures dont Le Signe et la nuit. Premier séjour à la Ermita de Luchente, entre Valence et Alicante où il reviendra dessiner régulièrement jusqu’en 1985 à différentes saisons. Création des costumes pour La Vie de Galilée de Brecht au TNP, mise en scène par Georges Wilson ; son fils, Jean-Baptiste Manessier, assura la conception du dispositif scénique et des accessoires. 1964 Exposition personnelle à la Duncan Philipps Collection à Washington. Acquisition Du Fond des Ténèbres peint en 1963. 1965-1966 Poursuit son travail sur les paysages espagnols qui est présenté à la Galerie de France en été 1966. Vent du soir sur Tolède, Nuit à la Ermita, Forces nocturnes… Tissage dans l’atelier Plasse Le Caisne à Houx, de la tapisserie Avant l’Aube. Robert Doisneau est présent au début du travail. 1967 Premier voyage au Canada avec le tisserand Jacques Plasse Le Caisne. Conférence au Pavillon français de l’Exposition Universelle de Montréal.

Reçoit la commande d’une tapisserie pour le Centre National des Art d’Ottawa. 1968 4 avril : sous le choc de la nouvelle de l’assassinat de Martin Luther King, il commence dans l’atelier d’Émancé, une toile qui lui rend hommage. 1969 Deuxième séjour au Canada pour la pose de la tapisserie Lac secret. Visite New York avec son ami Zao Wou-Ki. Achèvement de l’église Notre-Dame de la Prévôté à Moutier en Suisse. Dernière collaboration avec Jean Barillet pour la réalisation de tous les vitraux en dalle de verre. 1970 Présente à la Galerie de France une série d’œuvres peintes depuis 1967 d’après les paysages canadiens et le thème de l’hiver : Le Grand-Nord, Paysage esquimau, Racine nocturne… 1971-1973 Développe en parallèle deux cycles d’œuvres, l’un inspiré des moissons de la Beauce ou de la Mancha (Espagne) et l’autre en écho à certains événements politiques (Procès de Burgos, guerre du Vietnam, assassinat du président Salvador Allende au Chili). Expulsé de son atelier parisien par des promoteurs en juin 1973, il s’installe complètement à Émancé. L’atelier est agrandi. Il y vivra et travaillera, à toutes les saisons jusqu’en 1979 ; puis aux beaux jours jusqu’en 1993. 1974 2 mars : réouverture de l’atelier d’Émancé le jour de l’exécution par garrottage du jeune anarchiste catalan Salvador Puig Antich. Bouleversé par cette condamnation, il peindra : Pour la mère d’un condamné à mort. 1975 Deux expositions particulières successives à la Galerie de France, d’aquarelles, puis de ses dernières peintures.

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28 août - 7 septembre : effectue une croisière à la voile en Bretagne de Piriac à La Trinité qui lui inspirera Nuit au port, Belle-Île-en mer (1975), puis plusieurs tableaux en 1976 titrés portant le titre : Nuit au port. 1976 Fonde avec Jean Bazaine l’Association pour la Défense des Vitraux de France. Voyage en Algérie, puis au Sénégal pour sa rétrospective au Musée Dynamique. 1977 Quelques mois après le décès de sa mère, Blanche, le 19 janvier à Émancé, il effectue un long séjour au Crotoy. Les premiers lavis Sables et les petites aquarelles Galets naissent de ce retour sur les lieux heureux de son enfance. 1978 Poursuit et achève à Barcelone une suite de quinze lithographies sur le thème de Pâques. 1979 Entreprend deux nouvelles séries de peinture qu’il poursuivra jusqu’en 1985 : l’une remémorant les paysages de son enfance en Picardie (Hortillonnages, marais) et l’autre évoquant les bidonvilles imaginés du Brésil (Favellas). Achat d’une « boutique-atelier » 51 rue MauriceRipoche, Paris 14ème (l’éloignement de Paris depuis l’expulsion du 203 rue de Vaugirard posant trop de problèmes). 1980 29 mars : entreprend un grand format vertical en Hommage à Oscar Arnulfo Romero - Archevêque de San Salvador - assassiné le 24 mars 1980. 1981 Rétrospective au Musée de la Poste à Paris, à l’occasion de l’émission de son timbre Alléluia. Vacances bretonnes à Fouesnant. Soir sur le petit port (Cabellou, Finistère).

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1982 Début de la création des maquettes de l’ensemble des vitraux de l’Église du SaintSépulcre d’Abbeville dans son petit atelier du quatorzième arrondissement à Paris où il a travaillé épisodiquement de 1979 à la fin de 1985. 1983 Accrochage à la nouvelle Galerie de France de la série des Favellas dont Favellas VI, des paysages d’enfance des marais et hortillonnages (Marais picards au petit matin, Nuit d’hiver dans les marais picards) et des lavis Sables. 1984 Tissage par l’atelier Plasse Le Caisne de sa dernière tapisserie L’Accueil destinée à la nouvelle Ambassade de France à Washington. Deuxième voyage en Suède où il retournera en été 1988. Commence Derniers rayons sur la baie de Somme qu’il achèvera en 1989. 1986 Reprise du thème de la Passion du Christ décliné selon les quatre évangélistes. Quitte Paris et aménage un pavillon et un petit atelier d’hiver à Clamart où seront créées ses dernières aquarelles Verticales début 1993. 1987 Entreprend l’été à Émancé cinq toiles monumentales en hauteur (4 x 2 m), inspirées par les lumières nocturnes en banlieue (Hauts-deSeine). Peint L’Otage en communion de pensée avec les otages détenus au Liban depuis le 22 mai 1985, Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, Marcel Fontaine et Marcel Carton. 1988 Importante exposition itinérante de trente-trois œuvres sur le thème de la Passion (1948-1988) à Lyon, Besançon, Luxembourg, Halmstad en Suède et Dublin.


4 mai : libération des otages français au Liban. Dès le lendemain, malgré la situation dramatique en Nouvelle-Calédonie et la confirmation de la mort de Michel Seurat, Manessier exauce son vœu de peindre un Hymne à la joie à la libération des otages. Découverte des paysages irlandais du Connemara au début automne. 1989 Pose et inauguration des trois premières verrières du chœur de l’église du Saint-Sépulcre d’Abbeville le 2 avril. À la suite d’une croisière dans les Îles anglonormandes du 8 au 15 juillet, Manessier peindra l’année suivante : Port de Jersey au petit matin ; Flottille au matin clair. Peint Liberté, liberté - Hommage à l’Abbé Grégoire, grand triptyque de 230 x 600 cm, présenté à la Galerie de France en décembre.

1993 Séjours à la Villa Médicis à Rome en février ; puis à Budapest en mai - villes où cette rétrospective fut prolongée. Pentecôte : inauguration à Abbeville de l’ensemble des vitraux de l’église du Saint-Sépulcre dans la ville de son enfance. Juin : commence une deuxième version apaisante sur le thème [Notre amie la mort selon Mozart]. Victime d’un accident de voiture le 28 juillet à son retour de vacances vers Émancé, il meurt le dimanche 1er août à l’Hôpital d’Orléans-La Source. Ses funérailles ont lieu à Abbeville le 5 août dans la lumière de ses vitraux ; puis dans le cimetière de son village natal.

Manessier photographié par Jean-François Bonhomme en 1991

1990 Voyage à Prague à l’occasion d’une exposition de peintures et de lithographies à la Galerie de l’Hôtel de Ville. 1991 Dans son atelier d’hiver de Clamart, juste après son 80ème anniversaire le 5 décembre, il reprend - dans une première version angoissante - un thème abordé en 1950 : Notre amie la mort ou La Lettre de Mozart à son père. Thème qu’il décidera d’approfondir dans plusieurs toiles de différents formats pendant l’été 1992 à Émancé. Il devait achever ce travail au mois d’août 1993. 1991-1992 Tournage à Émancé et en Picardie du film de Gérard Raynal Les Offrandes d’Alfred Manessier. Peint à Émancé les Espaces marins, dernière déclinaison de la Baie de Somme en trois variations monumentales qui viennent clôturer sa rétrospective dans les Galeries nationales du Grand Palais à Paris fin 1992. 89


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Les amis

Manessier, Étienne-Martin, Le Moal, Mad et Jean Bertholle à Luna Park en 1934

Vernissage à la galerie René et Denise Breteau à Paris en 1957

Singier, Bertholle, Étienne-Martin, Manessier et Le Moal en 1975

Fin d’un chantier de vitraux chez le chanoine Pfulg à Fribourg, Suisse, en 1980

Vernissage à la galerie René et Denise Breteau à Paris en 1957 - Bertholle, Beyer, Breteau, Le Moal, Étienne-Martin et Manessier

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Henri Georges ADAM (Paris 1904 - Perros-Guirec 1967) Sculpture, gravure, tapisserie

1936 Rencontre Manessier à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR). Un des membres fondateurs du Salon de Mai. Professeur de gravure et professeur-chef d’atelier de sculpture monumentale à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris. Atelier, rue Christine Paris 6ème. Sculptures : Le Signal, Parvis du Musée d’Art Moderne, Le Havre (22 mètres - 220 tonnes). La Grande étrave, Faculté de Droit-Université Panthéon-Assas Paris II. Le Grand Nu, Musée National d’Art Moderne. Gravure : Dalles, Sable et Eau Tapisseries : Méridien, Palais de l’UNESCO Galaxie pour l’Agence Air France, New York. Expositions : 1ère rétrospective Stedelijk Museum, Amsterdam, 1955. Musée des Beaux-Arts de Rouen, 1961-62. Musée national d’art moderne (MNAM), Paris 1966 Catalogue raisonné : Adam, Œuvre gravé 1939-1957, Ed. La Hune, Paris, 1957 Livre illustré : Les Chimères, Gérard de Nerval Masque de seiche - 1960 - Bronze à patine dorée 1/6, 18 x 42 cm. Collection Martine Jeannet, © Archives Fmep

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Jean BAZAINE (Paris 1904 - Clamart 2001) Peinture, vitraux

Fréquente l’Académie Julian. Peinture murale avec Le Moal, Exposition Internationale, Paris, 1937. « Vingt jeunes peintres de tradition française », 1941. Création avec Manessier de « l’Association pour la défense des vitraux de France », 1976. Examinateur au prix Carnegie. Expositions-Musées : Musée d’Art Moderne de Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Paris. Amsterdam, Copenhague, Stockholm, Suisse, Pays-Bas, Allemagne, Norvège, « L’envolée lyrique » musée du Luxembourg (Sénat) Vitraux-Mosaïques : 1964, Grand prix national des arts et des vitraux de l’église Saint-Séverin, Paris. Cathédrale de Saint-Dié (Vosges) avec Elvire Jan, Le Moal et Manessier. Chapelle de la Madeleine à Penmarc’h (Bretagne). Unesco à Paris. Paquebot France. Maison de la Radio. Sénat (palais du Luxembourg). Station de métro Cluny-Sorbonne. Écrits : 1948 : Notes sur la peinture d’aujourd’hui, et 1973 : Exercice de la peinture. Films : Collection Les entretiens de Michel Pfulg, Les Maîtres de l’art non-figuratif. Ed Artprod 2011 et Les Maîtres de l’art sacré non-figuratif. (36 mn) Ed. Artprod 2011 Monographies : Bazaine, Ed. Maeght, Paris, 1953 ; Bazaine, J.P. Greff, Éd. Ides & Calendes, Neuchâtel, 2002

Composition - 1978 - Aquarelle, 17,5 x 16 cm. Collection Philippe le Burgue, © Archives Fmep

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Jean BERTHOLLE (Dijon 1909 - Paris 1996) Peinture, vitraux, mosaïque

Membre du Groupe Témoignage, Lyon, avec Le Moal, Manessier, Étienne Martin et Stahly. 1937 travaille pour l’Exposition universelle, Paris. 1939 avec Le Moal et Zelmann participe à l’Exposition universelle, New York. En 1941 expose à « Vingt jeunes peintres de tradition française ». 1943 à 1957 directeur artistique faïencerie de Gien. 1945 un des membres fondateur du 1er Salon de mai. Professeur-chef d’atelier d’art mural à l’École des Beaux-Arts de Paris. Reçu en audience privée au Vatican par Paul VI en 1974. En 1983 élu membre de l’Institut de France. Expositions et Musées : Musée des Beaux-Arts de Dijon, Lyon, Metz, Musée d’Art Moderne de Paris, Allemagne, Luxembourg, Vatican, Suisse, Carnegie Institut de Pittsburgh. Filmographie : Jean Bertholle, texte de Robert Marteau, Peintres d’aujourd’hui, prod. Jacques Simonnet, 1962. Les entretiens de Michel Pfulg, les Maîtres de l’art Non-Figuratif, Artprod, 2011 Bibliographie : • Jean-Louis Ferrier, Le Musée de Poche, Georges Fall éditeur, Paris, 1959. • Max-Pol Fouchet, Bertholle, Éditions Le Sphinx, Paris, 1979 • Michel-Georges Bernard, Jean Bertholle ou La Scène du Monde, Éditions de l’Orycte, Paris, 1998. • Philippe Le Burgue, Jean Bertholle, Éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 2005.

L’atelier - 1993 - Huile sur carton, 37,5 x 17 cm. Collection Philippe le Burgue, © Archives Fmep

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Eudaldo Morales-Arellano dit EUDALDO (San Javier de Loncomilla Chili 1914 - Perpignan 1987) Peinture, sculpture, céramique

Crée et expose en Argentine, Uruguay, Venezuela, Colombie, Brésil, Bolivie, Pérou. 1950 Arrive à Paris, s’installe 67 boulevard de Vaugirard Paris 15ème puis à St Maurice. Se lie d’amitié avec Parra qui l’incite à acheter un maison à Alba-la-Romaine, Ardèche et rencontre le sculpteur Juana Muller et les peintres Le Moal, Manessier, Elvire Jan. 2014 Hommage à Cléry-Saint-André de François Michaud, conservateur au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris pour le centenaire de sa naissance. Musées - Expositions : Santiago, Lima, Caracas, Milan, Paris, Soissons, Céret-St-André. Orne de deux gravures le livre du poète d’Abbas Bouhlal Conjougaion adverses, Ed. St Germain des prés, 1976. Michel-Georges Bernard, Eudaldo ou Le Matin de la peinture, couverture et dessins d’après Eudaldo, Éd. de l’Orycte, Paris, 1986. Huile sur toile, 33 x 40,5 cm. Collection particulière

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Charlotte HENSCHEL (Breslau, Allemagne 1898 - Paris 1985) Peinture

Élève à l’Académie des Arts de Breslau puis à Berlin et à Munich. Dès son arrivée à Paris installe son atelier 3, rue Henri Regnault Paris 14ème. Dès 1928, fréquente l’Académie Ranson dans l’atelier de Bissière. Amitiés avec Étienne-Martin, Le Moal, Manessier, Véra Pagava, Bertholle. Fait partie du Groupe Témoignage. Envoyée en 1940 dans un camp, Bissière l’en fait sortir et l’héberge dans le Lot. Vers 1950, Manessier lui achète un petit atelier 36 avenue de Châtillon Paris 14ème. Expositions, musées : Salon d’automne, salon des réalités nouvelles, Galerie Folklore en 1954. Exposition Le Poids du monde. Marcel Michaud (1898-1958) au Musée des Beaux-Arts de Lyon en 2011. Donation au Musée de Cahors. Présente un tableau : Portrait de femme au Musée la Piscine à Roubaix Charlotte Henschel, notice de Jacques Lassaigne, dans Premier salon des jeunes artistes, Paris, févriermars 1937. Alain Vollerin, Le groupe Témoignage de Lyon, Mémoire des Arts, Lyon, 2001.

Huile sur toile, 46 x 27 cm. Collection particulière

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Elvire Kouyoumjian, dit Elvire JAN (Roustchouk 1904 - Paris, Moissac 1996) Peinture

Née en Bulgarie, d’origine arménienne. 1923 suit les cours de Tseno Todoroff, professeur à l’Académie de peinture, Bulgarie. Séjourne à New-Rochelle (USA). 1926, Académie Julian rencontre Bazaine. Atelier 139 rue Vercingétorix 14ème et Moissac-Bellevue (Haut-Var). Participe à l’exposition « Jeunes peintres de tradition française ». Hommage de Jean-Louis Barrault au Théâtre du Rond-Point (1983). Expositions : Galerie Roque, Mouradian, Galerie Blanche Stockholm, Galerie Bettie Thommen Bâle, Galerie Kaganovitch, Bourg-en-Bresse, Galerie Jeanne Castel, Arras, Rosny-sur-Seine. L’Envolée lyrique, Musée du Luxembourg (Sénat). Musées de la Cour d’or, Metz. Vitraux : Eglise d’Ézy-sur-Eure (Eure), Villa de la Réunion (Paris), église de Saint-Servan-sur-Oust (Morbihan) avec Bertholle et Le Moal. Cathédrale gothique de Saint-Dié (Vosges) avec entre autres, Bazaine, Le Moal, Manessier... Musées : Musée National d’Art Moderne-Paris, Dublin, Suède, Irlande, Fondation Gulbekian-Lisbonne Filmographie : Paula Frankel, Université de San Francisco, 1982. Les Entretiens de Michel Pfulg, Les maîtres de l’art non-figuratif, Artprod, 1990 et Les Entretiens de Michel Pfulg, Les maîtres de l’art sacré non-figuratif, Artprod, 2011 Bibliographie : Elvire Jan, Camille Bourniquel, Éd. Guitardes, Paris, 1984. Elvire Jan « sur les ailes du vent » Ed. Fr. Livinec, 2010. Composition blanche - Huile sur toile, 27 x 35 cm. Collection Martine Jeannet, © Archives Fmep

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ÉTIENNE-MARTIN (Loriol, Drôme 1913 - Paris 1995) Sculpture

Élève à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, avec Jean Bertholle. Amitiés avec Bissière, Le Moal, Manessier, Zelman, Véra Pagava, Stahly. Fait partie du groupe Témoignage, Lyon. Rencontre Brancusi et Gurdjieff. En 1966 Grand Prix de sculpture à la 33e Biennale de Venise. Professeur de sculpture monumentale à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Élu en 1971 à l’Académie des Beaux-Arts. Expositions : Demeures exposées au Centre Pompidou à Paris puis à Vannes, Musée de la Cohue (Morbihan) et en 2012 Musée des Beaux-Arts de Lyon. Musées : Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Institut d’art Chicago, Musée Solomon R. Guggenheim, NY, Musée des Beaux-arts de Lyon, Musée de Grenoble, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Musée d’Art Moderne, aux Tuileries, Parc de Bercy, quai St Bernard, Fondation Coubertin, Stedeljik Museum, Amsterdam, Fondation Pierre Giannadda Martigny, Suisse. Filmographie : Étienne-Martin, entretien avec René Deroudille, Mémoire des Arts, Lyon, 1988 Bibliographie : Etienne-Martin, Ed. Adam Biro, 1991 ; Étienne-Martin, entretien avec Michel Ragon, Mémoire des Arts, Lyon, 1994, L’atelier d’Étienne-Martin Ed. Hazan, 2012. Mains - 1959 - Bronze, patine verte foncée, Fonte Perseo, Mendrisio Signé E. Martin E.A, 34 x 16 x 15 cm Collection particulière, Suisse, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH)

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Jean LE MOAL (Authon-du-Perche 1909 - Chilly-Mazarin 2007) Peinture, vitraux

Dès 1931, il se lie d’amitié avec Alfred Manessier. À Lyon, fait partie du groupe « témoignage ». Expose à « Vingt jeunes peintres de tradition françaises » avec Bertholle, Lapicque, Manessier, Singier. Un des membres fondateurs du Salon de Mai. Réalise de grandes tapisseries (Notre-Dame de Rennes). Mosaïques, décors et costumes Comédie de St Etienne de Jean Dasté. Vitraux : Église Saint-Martin, Brest (Nord Finistère), Chapelle Notre-Damen de la Paix, Le Pouldu (Finistère), en collaboration avec Manessier : Vitraux réalisés à l’atelier Barillet. Cathédrale St Vincent de St Malo. Cathédrale de Nantes, Cathédrale St Dié des Vosges. Exposition : Rennes, Chartres, Rouen, Dijon, Lille, Caen, Luxembourg, Vannes, Musée du Sénat, Châtillon Galerie de France, Galerie Roque. Il voyage au Chili au Pérou, Compose une mosaïque à Bruxelles. Monographies : Camille Bourniquel, Jean Le Moal, Le Musée de poche, Éditions Georges Fall, Paris, 1960. Michel-Georges Bernard, Jean Le Moal, Éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, 2001 Films : Jean Le Moal, texte de Robert Marteau, Peintres d’aujourd’hui, production Jacques Simonnet, 1962. Le Moal 85 réalisation Pascal Bony, Gresh Prod. 1985. Jean Le Moal, un peintre de la lumière, film de Daniel Garabédian, dgmh, Paris, 2011. Les entretiens de Michel Pfulg , Les maîtres de l’art non-figuratif et Les maîtres de l’art sacré non-figuratif Ed. Artprod 2011. 1953 - Huile sur toile, 46 x 27 cm. Collection particulière

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Juana MULLER (Santiago, Chili 1911 - Paris 1952) Sculpture

S’installe à Paris en 1937, travaille dans l’atelier de Zadkine et de Brancusi Impasse Ronsin (Paris 15ème). Élabore avec Brancusi la Tortue volante. Mariage avec Jean Le Moal en mai 1944. Amitié avec Manessier, Bazaine, Singier, Etienne-Martin, Stahly… Expositions : Galerie Folklore, Galerie Jeanne Bucher, Salon de Mai, Salon de la jeune sculpture. IV Centenario Exposición Nacional de Artes Plásticas, Valparaíso, Chili. Galerie Jeanne Bucher. Hommage à la Sculpture de Brancusi, Galerie de Connink, Paris. Trois sculpteurs : Juana Muller, Hajdu, Lobo, Musées de Metz et Musée du Grand Duché de Luxembourg. La Mujer en el Arte, Santiago, Chili. Juana Muller, 1911-1952, Musée d’histoire et d’art, Meudon. Regards sur l’École de Paris, Musée Metz Métropole. Sculptures : Totem. La Terre. Le Couple. Personnage, L’oiseau, Deux études pour le chemin de croix de l’église Saint-Rémy de Baccarat (Meurthe-et-Moselle), Tête, (dépôt du Centre Pompidou). Monographie : Juana Muller, 1911-1952, destin d’une femme sculpteur, Somogy, Paris, 2015 Filmographie : Juana Muller, 1911-1952, sculpteur, réalisation Anne-Marie Gourier, 2014.

L’Oiseau - Bronze, 19 x 20 x 16 cm. Collection particulière

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Gustave SINGIER (Warneton, Belgique 1909 – Paris, 1984) Peinture, gravure, lissier

1939, connaissance d’Alfred Manessier, atelier mitoyen 203 rue de Vaugirard Paris 15ème. Participe à l’exposition Vingt jeunes peintres de tradition française. 1944 chez Manessier au Bignon, Perche. Un des membres fondateurs du Salon de Mai. Professeur à l’Académie Ranson et professeur-chef d’atelier École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Examinateur au Prix de Rome. Expose Galerie Drouin, Galerie de France. Expositions : États-Unis, Japon, Suisse, Italie, Suède, Musée du Luxembourg, Sénat Paris « l’envolée lyrique », Musée national d’Art Moderne et Musée d’Art Moderne Ville de Paris. Fondation Peggy Guggenheim, Venise. Pittsburg Institute, USA. Bechtler Museum of Modern Art, Havre, Poitiers, Dunkerque, Essen, Hambourg, Tate Gallery, Londres, Johannesburg, Afrique du Sud. Bâle, la Chaux de Fonds, Genève, Sion, Liège, Toronto, Wellington, New Zéland. Bibliographie : Singier, Le Musée de Poche Ed. Georges Fall Paris, 1957. Gustave Singier, Jean Lescure, Paris, Éd. Guitardes, 1988. Gustave Singier, Philippe Leburgue, Neuchâtel, Ides et calendes, 2002. Filmographie : Gustave Singier, série « Peintres d’aujourd’hui », texte de Robert Marteau, production Jacques Simonnet, 1963. Gustave Singier, série « Portraits d’artistes », production Lilian Thorn, télévision luxembourgeoise, 1980. La Grille - 1944 - Huile sur papier marouflée sur toile, 27 x 22 cm. Collection Philippe Le Burgue, © Archives Fmep

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François STAHLY (Constance, Allemagne 1911 - France 2006) Sculpture

Jeunesse en Suisse. Élève de Malfray et de Maillol à l’Académie Ranson, Paris. 1938 rencontre et expose avec Manessier, (groupe Témoignage), Assiste Brancusi pour le Coq Monumental à New-York. Membre du Comité du Salon de Mai à Paris. Participe à l’Enseignement Gurdjieff. Enseignant à l’Université de Berkeley (Californie), à Seattle (Etat de Washington). Rentre en France et en 1969. Fait don d’une partie de sa collection au Musée de Meudon. Prix - distinctions : Médaille d’Or Triennale de Milan (1953). Prix Matarazzo à Sao-Paulo (1957) ; Artist in résidence à l’Université de Stanford. Grand Prix de la Biennale de Tokyo (1965) ; Grand Prix des Beaux-Arts de la Ville de Paris (1972) ; Grand Prix National de la Sculpture (1979). Musées : F.N.A.C de Paris, Musée national d’art moderne, Musée en plein air, Le Havre, St Tropez. Musée de Stanford, Dallas et Seattle. Musée Pietra Santa, Italie. Fondation Giannadda, Martigny, Musée de Winterthur, Musée de Frauenfeld, Kunsthaus, Zurich Suisse. Brésil. Tate Gallery, Londres. Musée de Skopje, Yougoslavie. Musée d’Art Moderne, Tokyo, Japon. Bibliographie : La vie et l’œuvre de François Stahly, Marie-Josée Villadier, Paris, 1984 Filmographie : François Stahly, entretien avec Alain Vollerin, Mémoire des Arts, Lyon, 1989. Petite fontaine à bec - vers 1975 - Projet pour une fontaine en grand de BavenoBronze Patine noire cachet Fondeur Rosini Como Signé F. Stahly et n° 1/8, 38,5 x 18 x 15 cm. Collection particulière Suisse, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH)

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Charles WALCH (Thann 1896 - Paris 1948) Peinture

Dès 1929, installe son atelier 14 rue Borromée à Paris 15ème et y restera jusqu’à sa mort en 1948. Ami de Rouault, Desnoyer, Manessier, Bazaine, Alix, Gromaire, Villon. Grande influence sur les débuts de Gustave Singier. Nommé chevalier de la Légion d’honneur. Prix - expositions : Médaille d’or de l’Exposition universelle de Paris en 1937. Expose à Vingt jeunes peintres de tradition française en 1941. Salon d’Automne en 1942 et en 1944 réalise l’affiche Coq flamboyant. Musée d’art Moderne de Paris, 1949. Musée des Beaux-Arts, Mulhouse 1948. Expositions rétrospectives : Innsbruck 1950, Dijon 1953, Lyon 1960, Colmar 1968, Annecy 1971. Œuvres : Musée national d’art Moderne, Centre Georges Pompidou, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris et en province. Catalogue raisonné Charles Walch J.J.Lévêque et François Walch. Ed. Ides & Calendes, 2000. Le Bain - [1943] - Gouache sur papier, 14,5 x 26,5 cm. Collection particulière

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Bibliographie sélective Livres, monographies, études CAYROL (Jean). – Manessier. – Paris : Éd. Georges Fall, 1955. – (Collection Le Musée de Poche). – [rééd. augmentée avec de nouvelles reprod. : mai 1966.] HODIN (Josef-Paul). – Manessier. – Neuchâtel : Éd. Ides et Calendes, 1972. [Bath : Adams & Dart, 1972], [New-York / Washington : Éd. Praeger Publishers] [rééd. revue et corrigée par Christine Manessier. – Neuchâtel : Éd. Ides et Calendes, 1996. – (Collection Polychrome)]. BOURNIQUEL (Camille). – Le Bignon / 21 dessins de Manessier 1942-1946. – Bussy-le-Repos : Éd. Porte du Sud, 1987. Manessier / Textes de François Barré, Claire Stoullig, Ole Henrick Moe, Louis Marin, Pierre Encrevé, Daniel Abadie. – Paris : Centre national des arts plastiques; Genève : Éditions d’Art Albert Skira, 1992. Alfred Manessier, les vitraux (die Glasmalereien) / conversation entre Pierre Encrevé et Alfred Manessier ; textes de Gérard Pfulg, Gottfried Sprondel, Armelle Langlois. – Romont : Musée suisse du vitrail; Chartres : Centre international du vitrail; Bern : Benteli Verlag, 1993. Manessier – Œuvre tissé / préface de Jean Leymarie ; textes de Martine Mathias et Sylvie Ollivier ; propos de Manessier recueillis par Gilles Plazy ; biographie par Christine Manessier. – Paris : Comité d’organisation pour l’exposition itinérante «Manessier - ¦uvre tissé», 1993. Manessier - Lumières du Nord / textes de Bernard Ceysson, Jean-Marie Lhôte ; chronologie par Christine Manessier. – Tournai : Éditions La Renaissance du Livre, 2000. Manessier en Algérie. Dialogue avec Djilali Kadid. Postface de Christine Manessier. – Alger/Paris : Éditions Marsa, 2001. – [2ème édition : Association Alfred Manessier, 2006] LAVERGNE (Sabine de). – Alfred Manessier, une aventure avec Dieu : essai sur les messages spirituels du peintre. – Laval : Éditions Siloë, 2003. BOURDAIS (Jean-Pierre). – Alfred Manessier, mon ami. – Laval : Éditions Siloë, 2004. CLAVEYROLAS (Hélène). – Les Vitraux d’Alfred Manessier dans les édifices historiques. – Paris : Éditions Complicités, 2006. (Collection “ô paradis ! ” dir. par Christine Blanchet-Vaque). BRIEND (Christian). – Manessier dans les Musées de France / Préface du Professeur Jean-Pierre Changeux ; texte du Docteur Georges Rodesch ; repères biographiques par Christine Manessier. – SaintRémy-en-l’Eau : Éditions Monelle Hayot, 2006. Manessier en Provence / Préface de Marie-Paule Vial ; textes de Christine Blanchet-Vaque, Olivier Cousinou, Gilbert Lascault, Christine Manessier. – Marseille : Musée Cantini, 27 juin – 28 septembre 2008. – Gand : Snoeck Publishers, 2008. DHAINAUT (Pierre). Manessier. Blés après l’averse. – Tourcoing : Éditions Invenit, 2010. (Collection Ekphraris). BIARD (Bernard). – Manessier, une peinture proche de la musique. – Genève : éditions Georges Naef, 2012. 104


Alfred Manessier. Le tragique et la lumière (1937-1989) / collectif sous la direction de MarieDomitille Porcheron. - Abbaye de Saint-Riquier-Baie de Somme, Centre Culturel de Rencontre, 24 juin - 24 septembre 2012. – Trouville-sur-Mer : Librairie des Musées ; Amiens : Université de Picardie Jules Verne, 2012. Licht das singt. Das Bremer Fensterwerk von Alfred Manessier in der Kirche Unser Lieben Frauen / Collectif sous la direction d’Ottmar HInz. – Brême : Carl Schünemann Verlag, 2012. CAZENAVE (Sabine). – Manessier. Le Crotoy et la Baie de Somme. Œuvres de jeunesse / Préface de Jacques Darras ; chroniques biographiques par Christine Manessier. – Douai : Éditions Engelaere, 2013. ENCREVÉ (Pierre). – Manessier. Textes et entretiens. – Paris : Somogy ; Abbeville : Musée Boucherde-Perthes, 2013. CORMIER (Philippe). – Manessier. Ténèbres et lumières de Pâques. – Chasselay : Éditions Scriptoria, 2015.

Livres illustrés par Manessier GUILLEVIC (Eugène). - Cymbalum : poème dédicacé à Marie-Eugénie. - Paris : Ed. Le Vent d’Arles (36, rue de la Glacière, 75013 Paris), 1973. - Ill. en coul, 4 gravures originales d’Alfred Manessier, presses Ateliers Lacourière, Paris ; typographie et texte imprimé par Fequet & Baudier, Paris ; emboîtage : Jean Duval, Paris; 32 x 27 cm. BOURNIQUEL (Camille). - L’Enfant dans la cité des ombres. - Paris : Ed. Le Livre Contemporain & les Bibliophiles Franco-Suisse, 1978. - Ill. en coul. par 7 lithographies originales d’Alfred Manessier, presses Mourlot, Paris ; texte imprimé chez Fequet & Baudier, Paris ; 39 x 29 cm. Saint Jean De La Croix. Cantiques spirituels. Préface de l’Abbé Maurice Morel; traduit en vers français par le Père Cyprien. - Paris : Édition des Sept (Madame de Harting), 1958 72 pages en 18ff. dble sous couv. repliée 12 lithographies originales en couleur d’Alfred Manessier, presses de Mourlot frères, Paris; texte imprimé par Fequet-Baudier, Paris ; 52 X 40 cm. Emboîtage toilé brun. Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres. Charles PEGUY - Paris, Édition. Société des Bibliophiles de France (ou Bibliophiles de France : Mme Léal), 1962. - Ill. dans le texte et texte entièrement manuscrit par Manessier, et tirés en lithographie en couleur, presses de Mourlot Frères, Paris 56 X 76. Avec deux lithographies sur l’emboîtage et la couverture. Les Élégies majeures. Léopold-Sedar SENGHOR - Paris : Éditions Regard, 1978. Poèmes illustrés par Hajdu, Hartung, Manessier (Élégie pour Martin Luther King), Soulages, Vieira da Silva, Zao Wouki ; lithographies tirées chez Mourlot, Paris ; 45 X 35 X 15. 105


Expositions particulières (sélection)

Depuis 1949, Manessier a fait l’objet de très nombreuses expositions particulières en France et à l’étranger. Il était représenté par la Galerie de France. 1953 Alfred Manessier, dipinti e litografie, Torino, Galleria Lattès. Manessier, New York, Pierre Matisse Gallery. 1955 Manessier (avec Jean Le Moal), Galerie Blanche, Stockholm ; Institut français, Copenhague Manessier, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts Alfred Manessier, Eindhoven, Stedelijk van Abbemuseum, [cat. Préface Camille Bourniquel]. 1964 Paintings by Alfred Manessier, Washington, The Phillips Collection, [cat.] ; Art Gallery, University of Notre-Dame. 1969 Alfred Manessier, Zürich, Kunsthaus. Alfred Manessier, œuvres de 1935 à 1968, Metz, Musée ; Luxembourg, Musée de l’État ; Trèves, Städtisches Museum 1971 Alfred Manessier, Paintings, Tapestries, Stained-glassed designs, Drawings and Prints, Chicago, The Arts Club ; University of Notre-Dame, Art Gallery. Manessier. Suite de douze tapisseries sur le thème des Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix tissées par l’Atelier Plasse Le Caisne, Paris, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris 1973 Manessier, peintures et tapisseries, Lisbonne, Fondation Gulbenkian ; Porto, Musée Soares dos Reis. 1988 Manessier, La Passion 1948-1988, Lyon, ELAC ; Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie ; Château de Vianden (Luxembourg), Festival d’Echternach ; Halmstad, Mjällby Konstgård ; Dublin, Royal Hospital Kilmainham. 1992-1993 Rétrospective Alfred Manessier, Paris, Galeries nationales du Grand Palais ; Rome, Villa Médicis ; Budapest, Musée des Beaux-arts. 2004-2005 Alfred Manessier. Paysages de la baie de Somme et de Picardie, Amiens, Musée de Picardie. 2006 Alfred Manessier. Dations et dons aux collections nationales, Paris, Centre Georges Pompidou, Galerie du Musée national d’art moderne. 2008 Manessier en Provence, Marseille, Musée Cantini. 2012 Manessier - Le Tragique et la Lumière, Abbaye de Saint-Riquier - Baie de Somme, Centre Culturel de Rencontre (dans le cadre des “Années Manessier en Picardie - 2011-2013”) Tours, Favellas et autres œuvres monumentales. Manessier représenté par la Galerie ApplicatPrazan, Paris, Grand Palais, Fiac. 106


Principaux catalogues d’exposition Jean Le Moal, Manessier, G. Singier Paris, Galerie Drouin 1946 / préface de Camille Bourniquel : Trois peintres. 37 p. : ill. en noir et en coul.

Alfred Manessier, oeuvres de 1935 à 1968 Metz, Musée 1969 / texte de Bernard Dorival.. 31 p. : 5 ill. en noir, 3 ill. en coul.

Alfred Manessier, Paintings, Tapestries, Stained-glassed designs, Drawings and Prints États-Unis, Washington, The Arts Club of Chicago; University of Notre-Dame, 1971-1972. 20 p. : couv. en coul., 18 ill. en noir.

Manessier : suite de douze tapisseries sur le thème des Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix tissées par l’Atelier Plasse Le Caisne Paris, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris décembre 1971- janvier 1972 / préface de Jacques Lassaigne. Paris 1971. - Dépl. : 12 ill. en noir.

Manessier, peintures de 1943 à 1973. Tapisseries sur le thème des Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix tissées par l’Atelier Plasse Le Caisne Montpellier, Musée Fabre 1974. Préface de Georges Desmouliez 1974. – 32 p. : 12 ill. en noir.

Alfred Manessier. Paysages de la baie de Somme et de Picardie Amiens, Musée de Picardie 2005 / textes de Mathieu Pinette, Sylvie Couderc, Paul Oudart, Christine Manessier. Contient des extraits de notes d’Alfred Manessier, 1961-1992.. Amiens : Musée de Picardie, 2004. 128 p. : couv. ill. en coul., 64 ill. en noir, 130 ill. en coul.

Alfred Manessier. Les Tours et autres peintures Soissons, Arsenal-Musée, Abbaye Saint Jean-des-Vignes 2005 / textes de Dominique Roussel et Christine Manessier. Contient des extraits de notes d’Alfred Manessier, 1985-1990. Photographies inédites de l’atelier par Jean-Marie Chevallier. Soissons : Musée, 2005. 64 p. : couv. ill. en coul., 7 ill. en noir, 27 ill. en coul.

Manessier Paris, Musée de la Poste 1982 / préface de Maurice Bruzeau ; poème de Guillevic ; texte de Jacques Lassaigne ; (extraits des) entretiens avec Gilles Plazy : les réponses de Manessier ; texte de Camille Bourniquel : «L’Atelier du peintre». Paris : Musée de la Poste, 1981. – 42 p. : couv. en coul., 2 ill. en noir et 20 ill. en coul.

Alfred Manessier : œuvres 1927-1989 Abbeville, Musée Boucher de Perthes 1990 / préfaces de Jacques Becq et Jean-François Cocquet ; textes de Camille Bourniquel, François Énaud ; extraits du discours d’Alfred Manessier à l’occasion de l’inauguration des premiers vitraux de l’Église du Saint-Sépulcre ; biographie. – 96 p. : couv. en coul., 18 ill. en noir, 38 ill. en coul.

Alfred Manessier - 1911-1993. Peintures, aquarelles, vitraux, lithographies Angers, Musée des beaux-arts 1994] / textes de Jean Monnier, Patrick Le Nouëne, Claire Stoullig, Christine Besson, Christine Manessier. Angers : Musée des beaux-arts, 1994. 120 p. : couv. ill. en coul., 100 ill. en coul., 2 ill. en noir.

Les Cantiques spirituels de saint Jean de la Croix – Autour de douze tapisseries de Jacques et Bilou Plasse Le Caisne d’après les lithographies d’Alfred Manessier Chartres, Musée des beaux-arts 1999 / préface de Jean-Louis Guillain ; textes de Camille Bourniquel, Hervé Joubeaux, Bilou et Jacques Plasse Le Caisne. Chartres : Musée des beaux-arts, 1999. 76 p. : couv. ill. en coul., 36 ill. en coul., 2 ill. en noir. 107


Liste chronologique des œuvres reproduites Les numéros des reproductions sont indiqués en gras

3 - Aube sur le cimetière marin - vers 1928 Huile sur carton, 18,5 x 25,7 cm Collection particulière

18 - Pêche au couchant - 1949 Huile sur toile, 46 x 55 cm Collection particulière

4 - Clair de lune au Crotoy - vers 1928 Huile sur carton, 17,9 x 25,8 cm Collection particulière

19 - Offrande du jardin le soir - 1950 Huile sur toile, 65 x 50 cm Collection particulière

8 - Coucher de soleil dans la baie - vers 1928 Huile sur carton, 18,6 x 26,2 cm Collection particulière

22 - Formes à l’aube - 1951 Huile sur toile, 81 x 100 cm Collection particulière

2 - 10 septembre à 6 h 1/2 du matin - Le Crotoy - vers 1928 Huile sur carton, 18,9 x 25,8 cm Collection particulière

20 - Esquisse pour les Litanies vespérales - 1952 Huile sur toile, 73 x 60 cm Collection particulière

9 - Étude depuis les écluses à la tombée du jour - vers 1928 Huile sur carton, 17,9 x 25,8 cm Collection particulière

23 - Formes au crépuscule - 1952 Huile sur toile, 73 x 92 cm Collection particulière

5 - Port du Crotoy à l’aube - 1927 Huile sur carton, 19 x 25,7 cm Collection particulière

21 - Nuit - 1952 Huile sur toile, 38 x 46 cm Collection particulière

10 - Soir dans la baie de Somme - vers 1928 Huile sur carton, 19 x 25,8 cm Collection particulière

66 et 67 - Litanies matinales (au sud) et Litanies vespérales (à l’ouest) - 1953 Maquettes des vitraux de l’église Saint-Pierre-de-Trinquetaille, Arles Huile sur papier, 53 x 21 cm ; 59 x 21 cm. Collection particulière

12 - Soleil couchant sur le port du Crotoy - vers 1928 Huile sur carton, 19 x 25,7 cm Collection particulière 14 - Soleil couchant sur le port vide - vers 1928 Huile sur carton, 17,9 x 25,7 cm Collection particulière 11 - Le Phare de Brighton - 1929 Huile sur carton, 12,1 x 25,8 cm Collection particulière 6 - Siffleur à la lune - 1937 Huile sur toile, 38 x 46 cm Collection particulière 7 - Les Lunatiques - 1938 Huile sur toile, 88 x 88 cm Collection particulière 1 - La Lampe - 1943 Huile sur bois, 33 x 19 cm Collection particulière 13 - Port le soir au soleil couchant - 1943 Huile sur toile, 33 x 46 cm Collection particulière 15 - Le Bignon la nuit - 1945 Huile sur toile, 65 x 81 cm Collection particulière 16 - Espace matinal (étude) - [1949] Huile sur toile, 38 x 46 cm Collection particulière 17 - Nuit de l’Épiphanie - 1949 Huile sur toile, 130 x 97 cm Collection particulière, Paris - Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris Photos Art Digital Studio. © Adagp, Paris 2015

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24 - Saint-Jean-de-Luz (étude) - 1954 Huile sur toile, 22 x 27 cm Collection particulière 28 - Nocturne marin - 1954 Huile sur toile, 38 x 46 cm Collection particulière 25 - Formes au couchant - 1954-1955 Huile sur toile, 16 x 27 cm Collection particulière 29 - Composition - 1955 Aquarelle, 26 x 38 cm Collection Hélène Bailly Gallery. © Julien Pepy 27 - Pêche au petit matin - 1955 Huile sur toile, 50 x 73 cm Musée d’Art André Diligent La Piscine, Roubaix © Musée La Piscine (Roubaix), Dist. RMN-Grand Palais/Alain Leprince 26 - Petit matin en Hollande - 1955 Huile sur toile, 46 x 27 cm Collection particulière 30 - La Nuit - 1956 Huile sur toile, 151,5 x 200 cm Collection particulière 32 - Aube sur la garrigue - 1958 Huile sur toile, 130 x 97 cm Musée des Beaux-Arts de Lyon N° inv. 1960-11, © Lyon MBA - Photo RMN / René-Gabriel Ojéda. 31 - Vers la nuit - 1958 Huile sur toile, 97 x 195 cm Collection particulière 33 - La Nuit au Mas - 1959 Huile sur toile, 195 x 114 cm Musée d’Art Moderne de la ville de Paris


Liste chronologique des œuvres reproduites Les numéros des reproductions sont indiqués en gras

34 - Les Maures [de nuit] - 1959 Huile sur toile, 200 x 150 cm Collection particulière

41 - Nocturne végétal - 1979 Huile sur toile, 100 x 81 cm Collection particulière

35 - Lumière crépusculaire - 1959 Huile sur toile, 114 x 114 cm Collection Particulière, Suisse, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH)

44 - Marais picard au petit matin - 1981 Huile sur toile, 162 x 162 cm Collection particulière

36 - Nuit sur la colline - 1959-1960 Huile sur toile, 81 x 130 cm Collection particulière

49 - Soir sur le petit port (Cabellou Finistère) - 1981 Huile sur toile, 114 x 114 cm Collection particulière

38 - Dans l’espace crépusculaire - 1960 Huile sur toile, 81 x 100 cm. Musée des Beaux-Arts de Rouen Inv. 1967.6. © Musées de la Ville de Rouen. Photographie agence Albatros

46 - Aube sur les étangs ou Hommage à Monet - 1983 Huile sur toile, 80 x 300 cm Collection particulière

40 - Le Signe de la nuit - 1963 Huile sur toile, 54 x 81 cm Collection particulière 39 - Vent du soir sur Tolède - 1964 Huile sur toile, 130 x 195 cm Collection particulière

47 - Aurore sur les étangs - 1983 Huile sur toile, 80 x 300 cm Collection particulière 52 - Favellas VI - 1983 Huile sur toile, 230 x 200 cm Collection particulière

43 - Forces nocturnes - 1966 Huile sur toile marouflée sur bois, 12,5 x 41 cm

53 - La petite Source nocturne - 1983 Huile sur toile, 50 x 73 cm Collection particulière

65 - La Nuit - 1966 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 410 cm Collection particulière

45 - Nuit d’hiver dans les marais picards - 1983 Huile sur toile, 162 x 162 cm Collection particulière

62 - Avant l’aube - 1967 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 190 x 390 cm Collection particulière

50 - Nuit en Baie de Somme II - 1984 Huile sur toile, 114 x 73 cm. Collection particulière

60 - Cantiques spirituels de saint Jean de La Croix Tenture n°1 - 1969 - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 235 cm N° inventaire 98.5.1, © Cliché Musée des Beaux-arts de Chartres, François Velard. Hors exposition 61 - Cantiques spirituels de saint Jean de La Croix Tenture n°3 - 1969 - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 235 cm N° inventaire 98.5.3, © Cliché Musée des Beaux-arts de Chartres, François 64 - Cantiques spirituels de saint Jean de La Croix Tenture n°11 - 1969 - 1970 Tissage : atelier Plasse Le Caisne, 300 x 235 cm N° inventaire 98.5.11, © Cliché Musée des Beaux-arts de Chartres, François Velard. Hors exposition 63 - Arbre nocturne - 1970 Tapisserie, 214 x 297 cm Collection particulière 48 - Rochers au couchant - 1974 Huile sur toile, 114,2 x 114,2 cm Donation de l’association L’Art contemporain de Dunkerque du 12 juin 1981 Inv. AC.1981.001.444. © Direction des Musées de Dunkerque, LAAC 37 - Nuit au port - 1976 Huile sur toile, 60 x 60 cm Collection particulière, Suisse, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH) 42 - Nuit enneigée II - 1978 Huile sur toile, 92 x 65 cm Collection particulière

51 - Derniers rayons dans la baie de Somme - 1984-1989 Huile sur toile, 130 x 130 cm Collection particulière 54 - La Route des rois mages - 1987 Huile sur toile, 81 x 65 cm Collection particulière 56 - Naissance de l’aube - 1989 Huile sur toile, 60 x 60 cm Collection particulière 55 - Port de Jersey au petit matin - 1990 Huile sur toile, 80 x 300 cm Collection particulière 57 - Roches espagnoles sous la lune - 1990 Huile sur toile, 100 x 100 cm Collection particulière 59 - Flottille au matin clair - 1990-1991 Huile sur toile, 200 x 100 cm Collection particulière 58 - Petit port au matin clair - 1992 Huile sur toile, 80 x 101 cm Collection particulière 68 et 69 - La nuit tombante - 1982-1993 Vitraux de la chapelle de la mise au tombeau - Église du Saint Sépulcre d’Abbeville Verre antique et plomb. Réalisation Atelier Lorin-Hermet-Juteau, Chartres. © Jane Trouvé

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La Maison du Vitrail créée par Christiane et Philippe Andrieux en 1973 est dirigée par Emmanuelle Andrieux Lefevre. L’Atelier s’est enrichi au fil des ans des Ateliers Mazard, Bateau, Jacques Gruber et Brière. Le savoir-faire de son équipe de douze compagnons assure l’excellence de ses travaux de création et de restauration. Classée Entreprise du Patrimoine Vivant, La Maison du Vitrail possède des références de prestige sur tous les continents et possède les plus hautes distinctions. Elle est fière aujourd’hui de participer au rayonnement de l’exposition consacrée au peintre Alfred MANESSIER dans ce véritable écrin qu’est le Musée MENDJIZKY. Philippe Andrieux

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Remerciements

Serge et Patricia MENDJISKY, au nom du Musée MENDJISKY-Écoles de Paris, souhaitent remercier chaleureusement tous ceux qui ont permis la réalisation de cette exposition et tout particulièrement Monsieur Mahir REISS, citoyen américain, mécène désintéressé, sans qui cette manifestation n’aurait pu avoir lieu. Pour leur collaboration et leur aide précieuse : Christine MANESSIER et Jean-Baptiste MANESSIER Philippe LE BURGUE, Martine JEANNET, commissaires d’exposition Et les auteurs des textes du catalogue

Pour leurs prêts d’œuvre : Monsieur Sylvain AMIC, conservateur en chef du Patrimoine, Directeur des Musées de Rouen Madame Hélène BAILLY, Hélène Bailly Gallery, Paris Madame Séverine BERGER, Conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Chartres Monsieur Bernard BLISTENE, Directeur du Musée National d’Art Moderne - Georges Pompidou Monsieur Brunon GAUDICHON, Directeur du Musée d’Art et d’Industrie André Diligent - La Piscine de Roubaix Monsieur Fabrice HERGOTT, Directeur du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris Madame Agathe JAGERSCHMIDT, Conservatrice du Musée Boucher-de-Perthes, Abbeville Madame Sophie KREBS, Conservateur au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris Monsieur Jean-François LAGIER, Directeur du Centre International du Vitrail, Chartres Monsieur Franck PRAZAN, Galerie Applicat-Prazan, Paris. Madame Sylvie RAMOND, Directrice du Musée des Beaux-Arts de Lyon Madame Sophie WARLOP, Lieu d’Art et d’Action Contemporaine de Dunkerque Docteur Michel PFULG ainsi que les collectionneurs privés qui ont souhaité rester anonymes.

Et Monsieur Philippe ANDRIEUX, La Maison du Vitrail, Paris XV, président de la Confédération Française des Métiers d’Art, Laurent BENEDICT, Ysabelle MAILLARD, les Transports MONIN qui se sont promenés dans toute l’Europe pour récupérer les œuvres.

Et tous ceux qui nous ont aidés à la promotion, au montage de l’exposition et à la réalisation du catalogue: Amélie du FRETAY, Laurence FRICONNEAU, Faustine BOULAY, Marlène HATCHI, Jean-Claude LEBLOAS, Jean-Paul NOWAK, Fatiha ZEROUAL et Isabelle BARAGAN. 111


Commissaires de l’exposition : Philippe Le Burgue, Expert honoraire près la Cour d’Appel de Paris, spécialiste de la Deuxième École de Paris, assisté de Martine Jeannet. En étroite collaboration avec Christine Manessier et Jean-Baptiste Manessier Sur une proposition thématique de Christine Manessier

Conception graphique : Serge Mendjisky et Laurence Friconneau

Impression : Stipa

Crédits photographiques : © Archives Fmep, © Courtesy Galerie Applicat-Prazan, Paris Photos Art Digital Studio, © Direction des Musées de Dunkerque, LAAC, © Zina Galai/Studio Curchod, Vevey (CH), © Musées de la Ville de Rouen. Photographie agence Albatros, © Musée La Piscine (Roubaix), Dist. RMN-Grand Palais / Alain Leprince, © Lyon MBA - Photo RMN / René-Gabriel Ojéda, © Julien Pepy, © Jane Trouvé. Archives Manessier : © Jean-François Bonhomme, © John Craven, © Christian Demare, © Bastiaan van Den Berg, © Stanislas de Grailly, © Jean-Louis Losi, © Hugo Maertens, © Jean-François Rabillon, © Adam Rzepka, © Studio Falour, © François Walch, © Courtesy Éditions Engelaere, © VG Bild-Kunst Bonn. DR.

Partenaire : La Maison du vitrail 67-69 rue Desnouettes, 75015 Paris 01 42 50 88 03 www.vitrail.net

La loi du 11 mars 1957 n’autorisant aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’éditeur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

© 2015 Fonds de Dotation Mendjisky-Écoles de Paris www.fmep.fr © Droits de reproduction réservés, ADAGP, Paris, 2015 première de couverture : Flottille au matin clair - 1991-1991. Huile sur toile, 200 x 100 cm, détail. Collection particulière quatrième de couverture : Photographie François Walch - Portrait Alfred Manessier 1973 © VG Bild-Kunst Bonn 2012

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MUSÉE MENDJISKY-ÉCOLES DE PARIS 15 Square de Vergennes 75015 Paris +33(0)1 45 32 37 70 info@fmep.fr - www.fmep.fr


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