Le Roi Predateur

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ÉPILOGUE

Une France silencieuse et coupable

Vendredi 25 novembre 2011, les élections législatives se déroulent dans le calme au Maroc. L’enjeu est de taille : les islamistes modérés du PJD (Parti de la justice et du développement) remporteront-ils le scrutin, et leur leader, Abdelilah Benkirane, sera-t-il nommé Premier ministre par le roi ? À l’été 2011, les cadres dirigeants de ce parti, sincèrement épris de démocratie pour la plupart, n’y croyaient pas. « Même si le PJD est majoritaire, nous n’arriverons pas à constituer un gouvernement car les autres partis refuseront de collaborer avec nous et, face à cet échec, le roi changera de Premier ministre 1 », expliquait l’un d’eux. Dans un système politique où, depuis Hassan II, les résultats des élections ont souvent été plus ou moins manipulés par le ministère de l’Intérieur, en fonction des intérêts du Palais, ce dernier reste le maître du jeu. Or il est de notoriété publique que Mohammed VI et son conseiller, Fouad Ali El Himma, éprouvent tous deux une aversion profonde pour les islamistes. Dans l’ombre du Makhzen, un homme se tient alors prêt à assumer le poste de Premier ministre : le ministre de l’Économie et des Finances, Salaheddine Mézouar, qui dirige aussi le parti du RNI, le Rassemblement national des indépendants. 1. Entretien avec l’un des auteurs, Rabat, septembre 2011. 209


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