NOVO N°16

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par cécile becker photo : c. perrin

par stéphanie linsingh photo : jef rabillon

oh LeS BeauX JouRS de Samuel Beckett, spectacle musical les 15, 16, 17 et 18 novembre au Centre culturel andré Malraux à Vandoeuvre-Lès-nancy www.centremalraux.com

The RaKe’S PRoGReSS, opéra les 29 et 30 septembre et les 2, 4 et 6 octobre à l’opéra national de Lorraine, à nancy www.opera-national-lorraine.fr

focus

Sombrer en chantant Comment ne pas être marqué par l’œuvre de Samuel Beckett comme l’a été son visage par une vie dédiée au pessimisme ironique ? daniel Proia signe avec Oh les beaux jours un hommage musical au drame continuel de l’écrivain. « Tout est foutu mais on ne va pas en faire un drame » : Daniel Proia, le metteur en scène, résume en une phrase le travail de Samuel Beckett et sa dualité. Toute sa vie, l’expert ès théâtre de l’absurde a mis en exergue le pessimisme de la vie tout en le saupoudrant d’ironie et de dérision. Sa pièce Oh les beaux jours, minimaliste, souligne un conflit psychologique comme d’ailleurs le reste de son œuvre. Poète du malêtre, il a imaginé deux personnages coincés dans une drôle de situation : sur une étendue désertique, Winnie est à moitié enterrée dans un petit mamelon, Willie, lui, est caché et dort derrière le mamelon d’un sommeil presque imperturbable. Mais voilà qu’une sonnerie retentit. Winnie tente de réveiller Willie, rien n’y fait. Alors elle se parle à ellemême, elle chante, sort des objets de son sac : un revolver, des lunettes, un mouchoir, une brosse à dents, Willie finira bien par se réveiller ! Peut-être d’ailleurs, se réveillera t-il au son de la clarinette de Xavier Charles ou de la contrebasse de Camille Perrin, peut-être... Dans son interprétation, Daniel Proia a souhaité inclure un jeu de miroir : entre les situations, entre les personnages eux-mêmes, mais aussi entre les mots et la musique. Un équilibre toujours remis en question où les instruments répondent aux voix, aux sentiments et vice versa. Alors chantons, comme Winnie chantons, lorsque tout va mal. D

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au diable l’âme Stravinsky, compositeur pluriel, ouvre la programmation 2011/2012 de l’opéra national de Lorraine, avec The Rake’s Progress, Les Noces et Le Sacre du Printemps. Le cycle s’amorce avec la fresque d’un libertin en perdition. Des ballets aux musiques religieuses, des compositions pour orchestre aux opéras, la carrière d’Igor Stravinsky est faite de mutations stylistiques. Entre une messe et une cantate, à la croisée de la période néo-classique du compositeur russe et de sa période sérielle, un ovni : The Rake’s Progress, truffé de références aux Don Giovanni et Così fan tutte de Mozart. Cet opéra en trois actes de 1951, dans lequel s’entremêlent adroitement drame et éléments comiques, donne vie à une série de huit gravures évocatrices de l’artiste anglais William Hogarth et dépeint avec mordant les tribulations d’un garçon crédule appâté par le gain, le plaisir, la reconnaissance et la liberté. Tom Rakewell (ténor), « le bien débauché », doit épouser Anne Trulove (soprano), « véritable amour ». Mais il refuse l’offre d’emploi que le père de la jeune fille (basse) lui propose et préfère partir sans elle à Londres, sur les conseils d’un certain Nick Shadow (baryton), incarnation du diable, afin d’hériter de la fortune immense d’un oncle inconnu. Nick pousse Tom au libertinage et l’encourage à fréquenter le bordel de Mother Goose (alto), avant de le convaincre d’épouser une femme à barbe. Il exploite ensuite la naïveté du garçon et l’incite à dépenser jusqu’à son dernier penny dans une machine qui transformerait miraculeusement les pierres en pain. Se voyant déjà bienfaiteur de l’humanité, Tom se ruine et c’est alors que Nick lui propose une chance de rachat : une annulation de dette contre son âme jouée aux cartes. D


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