Medair News 2017 - Le role central des communautes

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MEDAIR | news

No 1  | 2017 | medair.org

Le rôle central des communautés Innover en matière de santé et de nutrition


BIENVENUE

SOUDAN DU SUD

Beaucoup de choses ont changé

Toutefois, apporter de l’aide n’est pas le seul objectif. Il faut veiller à ce qu’elle ne mène pas à une situation de dépendance. Ce que nous voulons, c’est renforcer l’autonomie et la capacité de chaque homme et femme que nous aidons, afin de produire un changement réel et d’améliorer sur le long terme la vie de ces populations. Dans le cadre de l’approche communautaire que nous mettons en place, les femmes sont formées sur plusieurs thématiques comme la prévention des maladies et l’alimentation des nourrissons. Une fois formées, elles organisent des groupes de discussion dans lesquels elles partagent leurs nouvelles connaissances à d’autres femmes. C’est ainsi que ces femmes, qui possèdent désormais un savoir, deviennent instigatrices du changement.

En 2012, des dizaines de milliers de Soudanais, désespérés, ont traversé la frontière pour se réfugier dans le comté de Maban, au Soudan du Sud. Les abris et les centres de santé de la communauté ont été débordés. Beaucoup de personnes devaient lutter quotidiennement pour survivre. Medair a déployé une équipe de soins d’urgence dans le camp de Yusuf Batil, où nous avons dû faire face à une épidémie meurtrière d’hépatite E. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, nous sommes toujours présents mais la situation s’est considérablement améliorée. En période de crise, nous pouvons constater l’incroyable efficacité des interventions communautaires en matière de santé et de nutrition.

La bonne nouvelle c’est que même dans les situations les plus difficiles, le changement est possible, comme le montre le rapport présenté ici sur le camp Yusuf Batil au Soudan du Sud. En respectant la valeur de chaque personne que nous rencontrons et en la traitant d’égale à égale, nous lui donnons le courage et la motivation de s’accrocher. Cet espoir n’est pas seulement pour les déplacés du Soudan du Sud mais aussi pour chacun d’entre nous, dans les défis que nous devons relever à notre niveau. Un grand merci pour votre soutien ! Chaleureusement,

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David Farner Relations Externes S O U D A N D U S U D

Beaucoup de choses ont changé

7 I R A K

Avoir le courage d’espérer

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S A N T É & N U T R I T I O N

Les communautés d’abord

S O U D A N D U S U D

Une démarche innovante qui sauve des vies

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S A N T É & N U T R I T I O N

Faire évoluer les habitudes pour sauver des vies

9 D É V E L O P P E R LES COMPÉTENCES

C A M P Y U S U F B AT I L   : R A P P O R T D’ I M PAC T 6 A F G H A N I S T A N Bonnes nouvelles au Kandahar

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Notre démarche en matière de santé et de nutrition a fait considérablement chuter les taux de mortalité, depuis 2012. En voici 3 grands principes et les changements observés :

S O U D A N D U S U D

Merci

Une carrière chez Medair

Sources : 1. Reproductive, maternal, newborn, and child health : Key messages from Disease Control Priorities, 3e édition. 2016. Black, R.E., Levin, C., Walker, N., Chou, D., Liu, L., Temmerman, M. Banque mondiale. 2. Building on the Current Evidence to Strengthen Community-Based Service Delivery Strategies for Promoting Child Survival. 2009. USAID : Agence des États-Unis pour le développement international. Partenaires financiers Afghanistan : Affaires mondiales Canada, le Fonds humanitaire commun, le canton de Zurich République démocratique du Congo : la Direction suisse du développement et de la coopération, l’Agence des États-Unis pour le développement international, l’Union européenne, la Fondation Medicor (LI), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, le Fonds humanitaire commun, la Fondation Gertrude Hirzel (CH) et Migros (CH) Irak : l’Agence des États-Unis pour le développement international, La Chaîne du Bonheur, l’Union européenne, l’Agence allemande de coopération internationale, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, Medicor (LI), Transform Aid International (AU), la Fondation Famille Sandoz, la Fondation Resurgens Liban : Affaires mondiales Canada (en partenariat avec World Relief Canada), l’Union européenne, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, All We Can (UK), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies Somalie : le Ministère néerlandais des Affaires étrangères par l’action concertée de la Dutch Relief Alliance, en partenariat avec Dorcas Aid International (NL), TEAR (AU), l’Agence des États-Unis pour le développement international, la Fondation Ferster (CH), la Fondation Resurgens (CH), la Fondation Gertrude Hirzel (CH) Soudan du Sud : l’Union européenne, l’Agence des États-Unis pour le développement international, le gouvernement du Royaume-Uni, le Fonds humanitaire commun pour le Soudan du Sud, la Direction suisse du développement et de la coopération, le Département d’État américain, le ministère des Affaires étrangères néerlandais par l’action concertée de la Dutch Relief Alliance pour le Soudan du Sud, en partenariat avec Tear (NL) Photo de couverture : Des femmes se réunissent dans le camp de Yusuf Batil, au Soudan du Sud, pour célébrer la mise en place de nouveaux groupes de sensibilisation à la santé, à la nutrition et à l’hygiène. © Medair / Diana Gorter

Ces réfugiées du camp de Yusuf Batil fêtaient l’année dernière l’ouverture d’un centre de santé avec une salle d’accouchement ouvert 24 h sur 24. « C’est un grands pas en avant. Cela permet aux femmes de bénéficier d’une aide qualifiée et de donner naissance en toute sécurité. » – Jillian, membre de l’équipe Medair

Allaitement exclusif (de la naissance à six mois)

Vaccinations contre la rougeole

contre 55,1 % auparavant

contre 49,9 % auparavant

99%

MEDAIR

Chemin du Croset 9 1024 Ecublens Tél. : 021 695 35 00 suisse@medair.org www.medair.org Votre contact : Brigitte Faure

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Beaucoup de choses ont changé dans ma communauté depuis la mise en place des groupes de soutien. Les femmes de mon groupe sont très investies. La plupart des personnes sont vaccinées maintenant. Aujourd’hui, il y a nettement moins de maladies que dans le passé. –A sja, 34 ans, bénévole dans un groupe de soutien S O U T I E N T

M E D A I R

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96%

Bonnes pratiques en termes de lavage des mains (mères)

74%

contre 47 % auparavant 1

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© Medair /Diana Gorter

Abas, neuf mois, ne souffre plus de malnutrition grâce aux soins apportés par la communauté. « Si Medair n’était pas là, beaucoup mourraient », affirme Noti, la mère d’Abas.

© Medair /Diana Gorter

Dans cette édition de la Medair News, nos regards se tournent vers les populations et communautés en crise et vers le travail que Medair accomplit pour les soulager. Au Soudan du Sud, les Nations Unies ont déclaré l’état de famine. Les besoins humanitaires sont plus qu’urgents.

© Medair /Diana Gorter

Cher lecteur, chère lectrice,

C A M P D E Y U S U F B AT I L (Population : 41 280) 1 centre de santé primaire (avec une salle d’accouchement ouverte 24 h sur 24) et 1 centre de nutrition Traitement et distribution de l’eau dans tout le camp Réseau actif d’équipes de soutien qui vont à la rencontre de pratiquement tous les familles du camp afin de les sensibiliser aux bonnes pratiques de santé, d’hygiène et de nutrition Formations des équipes locales permettant de renforcer leur capacité à fournir des soins et des conseils en nutrition.

Les derniers chiffres datent de janvier 2017 ; les données précédentes proviennent d’une enquête menée en juin 2014. medair.org  |  Mai 2017  | Medair

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SANTÉ & NUTRITION

SANTÉ & NUTRITION

Faire évoluer les habitudes pour sauver des vies

Nous intervenons en cas d’épidémie, de malnutrition aigüe, de recrudescence de maladies ou de hausse de la mortalité, mais aussi pour soutenir les familles qui risquent leur vie en fuyant leur domicile. Nous soutenons les centres de santé existants et nous assurons nous-­mêmes des soins de santé et nutritionnels.

Nos équipes de santé et de nutrition sauvent des vies en traitant et en prévenant les maladies, ainsi qu’en améliorant la santé des enfants via une meilleure alimentation.

LA DÉMARCHE INNOVANTE DE MEDAIR EN MATIÈRE DE SANTÉ ET DE NUTRITION SOIGNER LES MALADES CHEZ EUX

FAVORISER LA PRISE DE CONSCIENCE

TRAITER CHACUN AVEC DIGNITÉ

Centres de santé et de nutrition mobiles Sensibilisation à la vaccination Visites à domicile Prise en charge intégrée des cas dans la communauté (PEC-C)

Formation professionnelle et supervision du personnel local chargé de la santé et de la nutrition Agents de santé communautaires Groupes de soutien

Démarche participative et bienveillante Écoute des préoccupations de chacun Premiers soins psychologiques

La PEC-C forme les personnes à dépister les maladies les plus dangereuses et à prodiguer les premiers soins en faisant du porte-àporte dans leur quartier. Voir exemple page 8.

Un groupe de soutien est composé de bénévoles locaux. Il s’agit majoritairement de femmes,qui apprennent les bonnes pratiques en matière de santé, de nutrition et d’hygiène et transmettent leurs connaissances à leurs voisins. ex. p.6

GLOBALE

Des études ont prouvé que fournir des services de santé et de nutrition dans les foyers sauve plus de vies qu’un hôpital parfaitement équipé qui demande aux malades de parcourir de longues distances avant d’être admis.

Ayan pensait que seule la prière pourrait guérir son enfant, mais son état ne faisait qu’empirer. Un proche lui a alors parlé des centres de santé soutenus par Medair, qui soignent les malades gratuitement. Pourtant, ses voisins lui ont déconseillé de s’y rendre. Ils avaient peur de ce centre de santé et l’ont mise en garde contre le personnel. « Ils m’ont dit que j’allais revenir avec un enfant mort », déclare Ayan.

LIBAN Ikram sensibilise les patients et leurs familles aux bonnes pratiques en matière de santé dans un centre soutenu par Medair. « Il y a quelques années, le centre ne ressemblait pas à ce qu’il est aujourd’hui », précise Samia, mère et réfugiée syrienne. « Trouver un médecin n’était pas facile et lorsqu’on en trouvait un, c’étaient les équipements ou les médicaments qui manquaient. Le centre a énormément changé. Il y a plus de personnel à présent ; les services sont plus performants et les médicaments gratuits. Je tiens réellement à remercier Medair et ses donateurs. »

INNOVANTE

Nous pouvons adapter rapidement notre programme de santé et de nutrition pour faire face aux situations imprévues. HUMAINE

Nous traitons les personnes avec respect et nous les encourageons à devenir les moteurs du changement.

En formant le personnel de santé et en sensibilisant les malades, nous mettons tout en œuvre pour éviter que le mal ne frappe à nouveau : cela nous évite souvent de retourner dans les communautés et d’engager de nouveaux frais.

Grâce à ce traitement, Adan s’est rétabli. Ayan est reconnaissante envers les personnes qui lui ont parlé du centre de santé de Medair. Elle se félicite d’avoir eu le courage d’ignorer les conseils de ses voisins. Cela a sauvé la vie de son fils.

Heureusement, Ayan a refusé de les écouter. Elle a voyagé pendant sept heures pour atteindre la

Les connaissances et les changements de comportement s’inscrivent au sein de la communauté, et perdurent après le départ de Medair.

ÉCONOMIQUE

clinique soutenue par Medair. « J’y ai reçu un accueil chaleureux », se souvient-­elle. « On m’a donné des médicaments et on m’a dit de revenir le lendemain. »

L’un de nos objectifs en Somalie consiste à travailler avec les bénévoles communautaires pour lutter contre ces préjugés négatifs à l’encontre du personnel soignant et des cliniques, car ils portent atteinte à la santé des habitants.

DURABLE

En situation de crise, il y a toujours d’innombrables problèmes de santé publique à régler. Une démarche communautaire permet de s’organiser afin de gérer les besoins urgents et d’agir sur les causes sous-jacentes. DE PROXIMITÉ

En situation de crise, les premiers soins psychologiques permettent de traiter les effets d’un traumatisme. Nous sommes à l’écoute, évaluons les besoins, offrons soutien et réconfort, mettons en relation avec les services spécialisés et protégeons les personnes. ex. p.7

SOMALIE Lorsqu’Ayan est arrivée avec son fils dans la clinique de santé, Adan était en pleurs et souffrait de malnutrition. « J’ai peur de le perdre », a-­t-elle avoué.

© Medair /Hiba Fares

La particularité de notre approche est que nous cherchons toujours à intégrer nos services de santé et de nutrition aux programmes de la communauté. Nous utilisons des techniques qui ont fait leurs preuves dans des contextes de développement et nous les adaptons aux situations de crise. Les résultats à ce jour sont particulièrement satisfaisants.

© Medair /Kate Holt

Les communautés d’abord

Une étude du Lancet1 menée en 2016 a conclu que la mort de 1,44 million d’enfants (âgés d’un mois à cinq ans) pouvait être évitée chaque année, grâce à un « service de santé primaire pour enfants » assuré principalement par les communautés (93 %) secondées par les centres de santé primaire et les hôpitaux. La démarche communautaire est celle qui permet de sauver le plus d’enfants !

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Medair  |  Mai 2017  | medair.org

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Voir page 2, source 1


Avoir le courage d’espérer

Si vous avez déjà entendu parler de la province de Kandahar, il est fort probable que ce soit pour les problèmes qu’elle traverse : conflits interminables, familles déplacées, enfants souffrant de malnutrition, accès limité aux soins, à l’eau et à la nourriture.

Le responsable de la nutrition est convaincu que la réussite du programme tient au fait que Medair s’attache à travailler étroitement avec la communauté : « Je consacre énormément de temps à discuter avec les chefs des communautés et à leur rappeler l’importance des bonnes pratiques en matière de santé, de nutrition et d’hygiène. Aujourd’hui, ces messages sont transmis partout en ville via des haut-­parleurs, et même les chefs religieux appuient cette démarche. Ils recommandent aux habitants de suivre nos conseils. C’est incroyable ! »

Surmonter un traumatisme dans les monts Sinjar, en Irak

Nous avons mis en place des groupes de soutien dans la province de Kandahar. Plus de 500 bénévoles enseignent aux familles les bonnes pratiques en matière de santé et de lutte contre la malnutrition des enfants. « La situation s’est considérablement améliorée depuis que nous avons lancé les groupes de soutien », explique un membre de l’équipe Medair. « Tout a changé lorsque nous avons abordé les questions d’eau potable, d’hygiène des mains et d’allaitement. »

Baseema a été profondément traumatisée par ce drame. Elle n’en a gardé aucun souvenir, mais n’a pu quitter son lit pendant des mois. « Je ne voyais rien, je ne pouvais pas bouger mes mains », confie timidement l’adolescente. « Je n’ai pas pu marcher pendant des mois. Lorsque j’essayais, je m’évanouissais. »

« Lorsque Medair a commencé à évaluer les besoins de notre secteur, nous ne pensions pas qu’ils viendraient jusqu’ici », déclare le doyen d’une communauté. « Aucune organisation n’était venue nous voir en dix ans. Mais à présent, Medair nous rend visite régulièrement, s’occupe du centre de santé, passe du temps avec nous et nous traite tous avec beaucoup de respect. » Nous soignons les enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition aiguë et nous enseignons aux mères les bonnes pratiques d’hygiène et de nutrition. Nos bénévoles se déplacent de maison en maison afin d’identifier les enfants malnutris. Khambira, par exemple, souffrait de malnutrition sévère. Depuis qu’elle a été prise en charge dans le centre de nutrition, elle est complètement rétablie. « Tous nos proches qui nous rendent visite, sont stupéfaits car ce n’est plus la petite fille qu’ils ont connue. Elle a complètement changé », se réjouit sa mère. Medair  |  Mai 2017  | medair.org

Témoin d’efficacité Un jour, une bénévole d’un groupe de soutien est venue voir un responsable de Medair et lui a révélé qu’une de nos récentes formations avait sauvé la vie de son fils. Une nuit, alors que la toux de son bébé s’aggravait, elle s’est remémoré les principaux symptômes de la pneumonie étudiés dans le cadre du groupe de soutien, une semaine auparavant. Elle a déshabillé son bébé et remarqué que sa poitrine ressemblait au dessin qu’elle avait vu. Elle a réveillé son mari et ses voisins et ils sont allés immédiatement à l’hôpital. Le bébé souffrait d’une pneumonie sévère mais il a pu recevoir le traitement adéquat. « Aujourd’hui, il joue à nouveau ! »

Baseema avait des visions et entendait des voix. Des gens habillés en noir et blanc lui ordonnaient d’obéir. Un médecin a indiqué qu’elle était atteinte de schizophrénie et lui a prodigué un traitement, en vain. En septembre 2016, elle a commencé un suivi hebdomadaire auprès de Firas, conseiller psychologique de Medair.

« Elle a encore du chemin à parcourir », précise-t-il, ravi des progrès effectués par Baseema. « Mais elle a repris espoir. Elle sait qu’elle peut aller mieux et qu’elle peut s’aider ellemême. Elle fait énormément d’efforts dans ce sens. » Soigner les troubles psychologiques par la parole est inédit dans cette culture, où même demander de l’aide peut être stigmatisant. « Nous avons tous besoin d’aide », affirme le chef du village. « J’en ai besoin, ma femme et mes enfants également. C’est évident, tout le monde est concerné. À chaque détonation, à chaque bruit d’avion, les gens paniquent et craignent qu’on s’en prenne à eux une nouvelle fois. » © Medair /Sue O'Connor

« Beaucoup d’enfants souffraient de diarrhée. À Kandahar, les gens pensent souvent qu’il ne faut pas boire dans ces cas-là... alors qu’il est primordial de se réhydrater. Nous avons expliqué tout cela aux mères, qui l’ont expliqué à leurs voisins. À présent, les enfants sont en meilleure santé. »

refuser d’écouter les voix dans ma tête. que je pouvais les affronter. Maintenant, je leur dis que je n’écoute que mon médecin », ajoute Baseema, en relevant la tête dans un sourire. « Ma vie a complètement changé. Je peux sortir de la maison et ma famille est rassurée. » Firas est très encouragé par ce qu’il entend.

« Au début, je ne faisais que discuter avec elle, afin de gagner sa confiance », déclare Firas, lui aussi marqué par les terribles événements d’août 2014. « J’ai fait en sorte qu’elle puisse s’ouvrir à moi pour mieux comprendre ses symptômes. Quel que soit le patient, je commence toujours par parler de ce qu’il ressent. Mon travail consiste à ouvrir des portes. » Grâce à l’aide de Firas, le médecin de Baseema a revu son diagnostic et lui a donné un traitement contre le stress post-traumatique. « Firas m’a dit que je pouvais © Medair /Sue O'Connor

Au départ, nous avons mis en place huit centres de nutrition mobiles à proximité des zones urbaines. Nous avons tissé des liens forts avec les communautés et étendu nos services à 27 sites ruraux. Cela nous a permis de venir en aide aux familles qui ne pouvaient pas se rendre dans les centres de santé facilement ou en toute sécurité.

Baseema avait 13 ans lorsque la crise a éclaté. En août 2014, des groupes armés ont attaqué Sinjar et massacré des milliers de personnes. Des dizaines de milliers d’habitants ont fui jusqu’aux monts Sinjar, sans abri, sans eau ni nourriture. La seule issue étant bloquée par des soldats, ils se sont retrouvés piégés dans les montagnes.

© Medair

© Medair

Bonnes nouvelles au Kandahar

Tout cela est vrai. Toutefois, nous intervenons dans la province de Kandahar depuis maintenant trois ans et la situation s’est considérablement améliorée.

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© Medair /Sue O'Connor

IRAK

AFG HANI STAN

« C’est une équipe formidable », dit-il en parlant de Medair. « Elle agit avec respect et fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider les gens. Elle nous accueille toujours avec le sourire et donne des médicaments à tous ceux qui en ont besoin. Nous lui en sommes profondément reconnaissants. » Le prénom Baseema signifie « avec le sourire ». Aujourd’hui, lorsqu’elle parle de son quotidien, son sourire se voit jusque dans ses yeux. Tout le monde a remarqué sa transformation. Elle a trouvé sa voie. Elle a trouvé le courage d’espérer.

À travers tout le nord de l’Irak, Medair prodigue des soins, met sur pied des programmes de soutien financier, des projets d’assainissement de l’eau et des interventions d’urgence. Dans la région de Sinjar, les cliniques mobiles se déplacent toutes les semaines jusque dans les communautés mal desservies. medair.org  |  Mai 2017  | Medair

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© Medair

DÉVELOPPER LES COMPÉTENCES

SOUDAN DU SUD

Une démarche innovante qui sauve des vies

En tant qu’agent de santé communautaire pour Medair, Kuach parcourt le camp, saluant chacun. Il prodigue des soins minutieux à tous et leur consacre du temps, malgré le stress. « La prise en charge intégrée des malades dans la communauté est la solution idéale », témoigne Kuach, les yeux brillants. « Bon nombre d’organisations l’ont adoptée. Cela a permis à Medair de freiner les épidémies de pneumonie et de paludisme. » Notre équipe composée de 20 agents de santé communautaires et de trois superviseurs, a pu soigner 2 000 personnes par semaine. Ce type d’action a été salutaire pour de nombreuses mères comme Angeline. « Deux de mes enfants ont reçu des soins ce matin et deux autres ont été traités durant les rondes de l’équipe Medair », a-t-elle indiqué. « Sans leur intervention, mes enfants auraient pu mourir. » Malgré le scepticisme de certains les résultats sont convaincants. « Nous avons soigné énormément de personnes qui n’auraient pas pu se rendre dans un centre de santé. Cela a permis de réduire le nombre de malades et de maîtriser la situation, qui devenait critique », précise Wendy. « Les gens sont désormais convaincus de l’efficacité de cette démarche. »

Notre plan était simple : au lieu d’attendre que les patients s’entassent dans un centre déjà saturé, nous allions former des membres de la communauté pour aller à leur rencontre. Ces « agents de santé communautaire » étaient chargés de se rendre dans chaque foyer afin de diagnostiquer les maladies les plus communes (principalement le paludisme), fournir des soins et des médicaments et diriger les cas les plus graves vers un centre de santé. Aujourd’hui, nous utilisons le PEC-C en Somalie, au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo. Au Soudan du Sud, notre équipe sauve la vie de centaines de milliers de personnes par an grâce à un vaste éventail de services de santé et de nutrition.

En novembre 2016, nous avons organisé une formation santé et nutrition en Afrique du Sud, destinée au personnel sénior de Medair, issu de 14 pays différents.

Une carrière chez Medair Taban est un spécialiste médical sud-soudanais qui travaille aujourd’hui pour Medair en Afghanistan. Les mots me manquent pour décrire à quel point Medair m’a aidé dans mon parcours professionnel. Ma collaboration avec Medair a commencé en 2013, dans le camp de réfugiés de Yusuf Batil, au Soudan du Sud. Tous les trois mois, je bénéficiais d’une permission pour poursuivre mes études. C’est un souvenir qui restera gravé dans ma mémoire pour le restant de mes jours. Medair a compris ce dont j’étais capable. Mon responsable m’a confié de plus en plus de responsabilités et m’a permis d’évoluer. Un an plus tard, j’ai été promu responsable du centre de santé, puis, une fois mes études terminées, directeur de la santé. J’ai pu m’épanouir et acquérir de nouvelles compétences.

Bien sûr, mon pays me manque, surtout mon équipe basée à Maban mais aussi les valeurs fortes de ma culture, la danse… Cela m’attriste que les gens aient une vision erronée des Sud-Soudanais. Nous valons bien mieux que ce que la culture de la guerre a fait de nous. Les Sud Soudanais sont accueillants, nous aimons recevoir, faire la fête, etc. Nous aimons partager le peu que nous avons. Nous ne perdrons jamais espoir et c’est ce qui fait notre force. – Taban*, responsable de la nutrition chez Medair en Afghanistan

© Medair /Charity Watson

Il fallait tenter quelque chose de différent. Avec plus de 120 000 personnes dans ce camp bondé, tous les centres de santé étaient saturés. Nous avons donc décidé d’utiliser la méthode de « prise en charge intégrée des cas dans la communauté » (PEC-C), pratiquée généralement dans des contextes de développement, mais rarement en situation de crise. « Au début, tout le monde pensait que c’était une erreur », se rappelle Wendy Dyment, pédiatre urgentiste chez Medair. « Je me souviens que le collectif de santé ainsi que les autres organismes sur place étaient sceptiques, mais ils nous ont permis de tenter cette approche. »

Pour réussir, nous devions former rapidement des personnes compétentes à l’intérieur du camp. Kuach a fait partie de ces personnes. Il est arrivé au camp accompagné de sa famille, après une pénible traversée dans la brousse qui a duré quatre nuits.

© Medair /Diana Gorter

© Medair /Diana Gorter

En 2015, nous avons été informés du nombre alarmant de décès d’enfants de moins de cinq ans résidant dans un camp de déplacés de Bentiu, au Soudan du Sud. Les cas de paludisme s’y multipliaient. Notre équipe de santé d’urgence est intervenue, mais en une semaine, 50 personnes étaient mortes. 30 d’entre elles n’avaient même pas pu être soignées car le centre de soins, était complètement débordé.

Je rêvais de pratiquer mon métier en dehors du Soudan du Sud. J’ai été soutenu par mes supérieurs et me voici aujourd’hui en Afghanistan, sauvant des vies, tout en continuant à développer mes compétences en tant que responsable de la nutrition. Medair est une organisation unique, possédant des valeurs fortes, vécues concrètement au sein de chaque équipe dans le monde. Elle nous permet de nous dépasser. J’en suis la preuve vivante. J’aurai beaucoup à partager lorsque je rentrerai chez moi à l’issue de ma mission en Afghanistan. C’est ce que j’ai toujours voulu. * Pour des raisons de sécurité, le nom a été changé et le visage n’est pas visible sur l’illustration.

Taban, portant la veste Medair, en plein travail avec ses collègues afghans.

medair.org  |  Mai 2017  | Medair

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AIDER

IMPACT

AUTREMENT

J'ai pu retourner en Ou ga nd a, 27 an s après le prem ier projet mené pa r M ed ai r da ns ce pa ys. Après 10 heures de route, no us avon s poursu ivi en brou sse su r des ch em in s de terre pour fi ni r da ns les ha utes herbes et découvrir enfi n notre ha meau de destin ation. J ’ y ai pa ssé deux nu its. Le dern ier jou r, un ho mm e déjà âgé est venu me voir et m’a di t : « Je me souviens de vous , j’éta is un de vos bénéfi ci ai res lors de la gu erre ci vile qu i avai t en trai né la fa mi ne de 1989. Je me souviens du br ui t du ca mi on qu i apportai t la nourriture. Vo us avez été les prem iers à nous ai der en nous apportan t nourriture, seme nces, pi oches, vêtements et va ccin ations pour nos enfa nts. Vo yez comm e nous vivon s ma in tena nt, nous so mm es en pa ix et avon s les mo yens d’envo yer nos en fa nts à l’école. »

Vous qu i êtes su r le terrai n et vous qu i souten ez Med ai r, sa ch ez qu e votre action n’est pa s va in e !

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Medair  |  Mai 2017  | medair.org

sauve chaque mois la vie d’un enfant somalien souffrant de malnutrition

© Medair / Diana Gorter

© Medair / Kate Holt

© Medair / Diana Gorter

permet de financer trois groupes de soutien au Soudan du Sud

© Medair / Lucy Bamforth

Les cantons suisses sont traditionnellement très impliqués dans les projets de culture, les soutenant financièrement chaque année. Mais saviez-vous qu’ils soutiennent aussi des projets de solidarité internationale menés par des ONG reconnues ? Depuis 3 ans, Medair fait partie des organisations soutenues par divers cantons. Nous remercions les fonds cantonaux de

Rejoignez nos donateurs mensuels aujourd’hui sur donner.medair.org

CHF 60.-/mois

Yannick Sauter, citoyen Suisse, en mission avec Medair en République démocratique du Congo.

des progrès qui l’encouragent. Ensemble, avec nos donateurs et donatrices, nous nous réjouissons de la confiance et du soutien qu’une entreprise comme Migros nous accorde. Lien vers l’article : https ://www.migrosmagazine.ch/ migros/infos-migros/article/le-fonds-de-soutienmigros-un-engagement-precieux

Des cantons et des communes suisses à nos côtés

Josia ne An dré, co-f on da tr ice de Med ai r

CHF 30.-/mois

Depuis 1979 Migros soutient des projets d’aide au développement en Suisse et dans de nombreux autres pays. Chaque année, Migros verse 1 million de francs suisses répartis entre une vingtaine d’ONG reconnues. En 2016, Medair a bénéficié pour la première fois de ce fonds de soutien. Nous tenons à remercier très chaleureusement la Migros. L’argent reçu nous a permis de continuer nos projets en eau et assainissement en République démocratique du Congo. Cela fait près de 20 ans que Medair vient en aide aux populations de ce pays africain. Nous y intervenons dans les centres de santé où nous installons des structures d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène. Si vous voulez en savoir plus sur notre travail au Congo, n’hésitez pas à consulter l’article « Un engagement précieux » paru dans l’édition numéro 15 de Migros Magazine (10 avril 2017). Vous pourrez y lire le témoignage de Yannick Sauter, chef de projet suisse, qui nous parle des défis qu’il rencontre dans son travail au Congo, mais aussi

© Medair / Lucy Bamforth

Migros soutient le projet en eau de Medair en R.D.C.

CHF 160.-/mois

permet chaque mois à une femme sud-soudanaise d’accoucher en toute sécurité

Une récolte joyeuse : les graines distribuées par Medair ont porté du fruit.

loterie de Zürich, Argovie, Nidwald, et Appenzell pour leurs généreuses subventions. Nous tenons également à remercier les communes de Binningen, Bülach, Carouge, Chêne-Bougeries, Echandens, Ecublens, Erlenbach, Gy, Illnau-Effretikon, Lausanne, Presinge, Pully, Randogne, RapperswilJona, Schlieren, Vandeouvres, Zollikon. Le canton de Zürich a choisi de soutenir nos projets en Afghanistan où Medair fournit un approvisionnement en eau potable, installe des latrines hygiéniques et renforce la santé nutritionnelle des mères et des enfants. Nous nous réjouissons de l’attachement concret que portent les cantons et communes à ces projets d’entraide. Afin de solliciter l’appui des fonds publics, nous devons obligatoirement lever des fonds privés, à hauteur d’un certain pourcentage de nos besoins financiers. Nos remerciements s’adressent donc également à vous chers donateurs, chères donatrices. medair.org  |  Mai 2017  | Medair

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© Medair/ Albert Gonzalez Farran

SOUDAN DU SUD

Merci ! Abuk, 25 ans, fait tout son possible pour donner à manger à ses quatre enfants et les maintenir en vie. « Nous n’avons plus de nourriture. Les inondations et la sécheresse ont détruit les récoltes », raconte Abuk. « Nos enfants souffrent de malnutrition. » Lorsqu’elle a entendu parler du nouveau centre de nutrition de Medair à Aweil, elle s’est empressée d’y emmener sa fille Achan. « On m’a dit que Medair venait en aide aux enfants souffrant de malnutrition et que cela leur permettait d’aller mieux », nous a-t-elle raconté. Achan avait également contracté le paludisme, et son état de santé était très préoccupant. Ses jambes ressemblaient à des allumettes, et sa peau était ridée et distendue. Il n’y avait plus de temps à perdre. Nous lui avons administré une première dose antipaludique dès son arrivée. Nous avons montré à Abuk comment administrer le traitement depuis chez elle et nous lui avons donné des compléments alimentaires très efficaces pour lutter contre la malnutrition. « Toute l’équipe Medair a été particulièrement bienveillante avec moi », se souvient Abuk. « et surtout, ils ont été en mesure d’aider mon enfant. » Vous avez été nombreux à nous soutenir dans notre lutte contre la famine. Nous vous en sommes très reconnaissants. Vos dons sont une véritable bénédiction qui nous permet de répondre efficacement à cette urgence. Vos dons sauvent tous les jours des enfants comme Achan.

Chemin du Croset 9 - CH-1024 Ecublens - Tél 021 695 35 00 suisse@medair.org - medair.org - CCP 10-648-6

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