Mdm rapport projets belges 2012 FR

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RAPPORT ANNUEL 2012 Etat des lieux de l’accès aux soins en Belgique Projets Belges de Médecins du Monde

© Frédéric Pauwels


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Introduction CHAPITRE 1  Description ‘générique’ des différents projets Ligne de soins “santé-précarité” de Médecins du Monde Consultations pour les personnes sans abri Avec Elles

La Louvière

Consultations aux Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation à Anvers et Bruxelles

5| 7| 8| 9| 10 | 11 |

Consultations de spécialistes

12 |

CHAPITRE 2  Chiffres globaux de nos consultations

15 |

Consultations et profils de nos patients Données sur la santé

18 | 21 |

CHAPITRE 3  Les activités de Médecins du Monde à Anvers

27 |

Accès aux soins

Les consultations pour les personnes sans abri Centrum voor Onthaal, Zorg en Oriëntatie (COZO)

Soins spécialisés pour les patients vulnérables en collaboration avec les hôpitaux GZA

CHAPITRE 4  Activités de Médecins du Monde à Bruxelles

31 | 38 | 41 |

Consultations pour les personnes sans-abri Avec Elles

44 | 49 |

CHAPITRE 5  La Louvière

55 |

CHAPITRE 6  Plaidoyer et étude

57 |

Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO)

Livre vert sur l’accès aux soins de santé Plaidoyer à Anvers : accès aux soins pour les femmes enceintes vulnérables Enquête parmi les bénéficiaires du Plan Hiver (Bruxelles) : situation santé mentale / addiction

58 |

Enquête parmi les familles Roms vivant à Bruxelles

61 |

CONCLUSIONs

65 |

ET RECOMMANDATIONS

REMERCIEMENTS

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

71 |


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Introduction Tous les jours, nos équipes font face à ce paradoxe : 48% des personnes rencontrées s’estiment en mauvaise, voire en très mauvaise santé et 60% de nos patients résident dans des lieux précaires. Par contre  : seuls 30% des patients ont un médecin généraliste attitré et 66% d’entre eux n’ont aucune prise en charge en termes de couverture de soins de santé. Les personnes exclues des soins sont souvent celles qui en ont le plus besoin. Et malheureusement, leur nombre ne cesse de croître… Les caractéristiques de notre population ont aussi changé en 2012 : 29% des patients vus cette année sont des femmes et 25% de nos patients viennent de l’Union Européenne. Est-ce le signal d’une précarisation de la société et d’une migration intra-européenne grandissante dûe à la crise? Il est encore un peu tôt pour le dire. En 2012, Médecins du Monde a connu une augmentation significative du nombre de consultations (+34%). Cette augmentation est surtout dûe à une augmentation de notre offre interne et de la multiplication de nos lieux d’interventions. En effet, les projets de consultations ont été multipliés et le seront encore à l’avenir, afin d’aller vers les personnes exclues des soins et de re-tisser des liens avec les professionnels de santé.

Plus de 500 bénévoles ont permis à Médecins du Monde de prodiguer un nombre important de soins aux personnes vulnérables. © Dries Van Luyten Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Ce rapport annuel que vous avez entre les mains couvre l’entièreté de nos consultations. Vous trouverez une description brève des projets, les données compilées puis présentées par projet et par localité. Vient ensuite un résumé des différentes études faites au cours de l’année 2012. En conclusion, Médecins du Monde tente de définir des axes de travail à moyen et long termes afin d’être porteur de solutions, que ce soit au niveau de l’offre de soins, ou des systèmes de couvertures. Ce rapport annuel veut donner un visage à toutes ces personnes exclues des soins qui sont souvent aussi absentes des données officielles.

Tous, en donnant de leur temps, démontrent que l’exclusion n’est pas une fatalité, mais qu’il est possible de la combattre avec de l’engagement et du professionnalisme !

Bonne lecture, Stéphane Heymans

Kathia Van Egmond

Responsable des projets en Belgique pour Médecins du Monde.

Coordinatrice médicale des projets en Belgique pour Médecins du Monde.

“Chère lectrice, cher lecteur, Enfin, voici notre rapport annuel 2012! Bien sûr il présente des chiffres, mais avant tout des histoires humaines ! Cet homme sans abri dans une gare, cette femme Rom qui mendie dans la rue avec son bébé… De plus en plus de gens risquent de tomber du navire. Espérons que ce rapport aide à éveiller les consciences! Ne souhaitons-nous pas vivre dans une société au sein de laquelle l’accès aux soins est une évidence? Cette société idéale, nous pouvons la construire. Cela ne demande pas forcément beaucoup d’argent. C’est surtout une question de solidarité et de volonté politique!”

Kathia van Egmond

Pour terminer, car sans eux, Médecins du Monde n’existerait pas, nous voudrions remercier l’ensemble des bénévoles (plus de 500 en 2012) qui font de Médecins du Monde ce qu’elle est.

© Fréderic Pauwels


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CHAPITRE 1

Description ‘générique’ des différents projets Les projets de Médecins du Monde en Belgique forment une ligne de soins cohérente, appelée “ligne de soins : santé-précarité” Cette ligne de soin consiste en :

1 // Une Approche “pré-première ligne”  es consultations paramédicales et médicales mobiles D en soirée, dans les lieux de vie et de socialisation des personnes en précarité de logement pour le moment principalement dans les centres d’hébergement d’urgence pour les personnes sans abri (entre autres dans le cadre du dispositif hivernal). Ces consultations ont pour but d’aller vers le patient : c’est le professionnel de santé qui se déplace vers la population. es séances de prévention et de sensibilisation D dans les lieux de vie et de socialisation des femmes en situation précaire.

2 // Une Approche de première ligne es consultations médicales/ sociales et psychologiques D en journée, dans les deux Centres d’Accueil de Soins et d’Orientation de Bruxelles et Anvers (CASO et COZO), avec l’inclusion cette année d’une consultation spécifique “Santé Sexuelle et Reproductive”, au sein du centre médical sur Bruxelles.

Médecins du Monde offre à la fois un suivi social, médical et psychologique pour une approche globale et multidisciplinaire. © Frédéric Pauwels

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Ces consultations ont pour but de garantir la continuité et de ré-intégrer le patient dans le système de soins classiques, via l’ouverture des droits.

3 // Une Approche de deuxième ligne es consultations de spécialistes au sein de la clinique D Baron Lambert, à Bruxelles et au sein du réseau des hôpitaux chrétiens, à Anvers. Ces consultations ont pour but de dépanner les personnes qui n’ont pas accès aux soins, le temps que leurs droits s’ouvrent. Les patients sont donc vus pro-activement dans nos consultations “mobiles”, puis, si nécessité, référés dans nos centres de soins de jour pour travailler sur la continuité des soins et, en cas de besoin, avoir accès à une deuxième ligne. Le patient n’est pas censé rester dans notre ligne de soins, il doit être réorienté vers les structures classiques. Cette réintégration demande énormément d’énergie et de démarches “interdisciplinaires”, menées en grande partie par les Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation à Bruxelles et à Anvers, en concertation avec les CPAS, Fedasil, les mutuelles…


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CHAPITRE 1

Description ‘générique’ des différents projets Ligne de soins “santé-précarité” de Médecins du Monde

Consultations pour les personnes sans abri // Bruxelles

Consultation pour les personnes Sans Abri 1 // Consultation dans les Dispositifs-hiver à Bruxelles et Anvers

Avec Elles Séance de prévention dans les lieux de vie et de socialisation.

2 // Consultation dans les centres d’hébergement pour les personnes sans abri.

Consultation mobile En bus, dans les lieux de rassemblement des populations sans abri (gares /squats /…). Démarrage en Septembre 2013.

Réseau Pré-première ligne Réseau d’accompagnateurs

Centre médical de Médecins du Monde - Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation : • Soins (dont la santé sexuelle et reproductive), orientation et travail sur l’ouverture des droits • Référencement vers d’autres lieux (Fares/VRGT : tuberculose ; Elisa/ee clinic ; HIV, autres…)

Réseau d’accompagnateurs

Le patient est réintégré dans le soin et suivi dans une pratique « classique »

Première ligne

Consultation de seconde ligne : consultation «spécialistes»

Une fois la réintégration réussie, cette dernière empêche un usage abusif des systèmes d’urgences hospitaliers

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Seconde ligne

et permet une prise en charge précoce des maladies infectieuses et autres maladies chroniques.

1 // Consultation médicale au SAMU social (rue des Petits Remparts) Les consultations de Médecins du Monde se déroulent dans les locaux du Samu social, un lieu d’accueil, de mise à l’abri d’urgence, de repos et de travail psychosocial pour les personnes sans domicile fixe. Les médecins généralistes bénévoles de Médecins du Monde sont présents en moyenne 3 à 4 soirs par semaine, durant toute l’année. Certains soirs, les médecins participent à l’équipe mobile (maraude), avec les infirmiers du Samu social. L’horaire de la consultation, la gratuité et la localisation stratégique, en plein centre-ville, permettent de garantir son accessibilité. Cette consultation est conçue comme un dépannage dans l’urgence pour un public déstructuré par le séjour dans la rue, et non comme un circuit alternatif se substituant aux médecins généralistes de la région bruxelloise. La présence du médecin permet aussi une identification d’éventuelle “urgence”.

L’objectif de ces consultations est triple : 1// Offrir des soins immédiats pour les personnes résidant dans les centres d’hébergement 2// Référer les patients vers les urgences hospitalières si nécessaire, vers des consultations gratuites pour les personnes n’ayant aucune couverture médicale et vers des consultations de dépistage (tuberculose, IST). 3// Aider les personnes à débuter des démarches pour l’accès aux soins, redonner confiance aux personnes sans abri dans le système de santé. Les consultations sont avant tout un moment privilégié d’écoute.

Pour assurer la continuité des soins, un système d’accompagnement de jour a été mis en place, vers le CASO, vers les CPAS, voire vers les médecins généralistes et les hôpitaux. Cette année, 190 bénévoles (dont 25 médecins et 65 infirmiers) ont permis de réaliser 6.945 consultations médicales et paramédicales dans les deux sites, sept jours sur sept. Compte tenu des vagues de froid prolongées, le Plan Hiver a été opérationnel durant 5 mois, du 15 novembre 2012 au 15 avril 2013.

2 // Le dispositif hivernal

// Anvers

Durant les mois les plus froids, Médecins du Monde renforce ses soins aux personnes sans abri, en offrant chaque soir des consultations médicales et paramédicales dans les centres d’hébergement gérés par le SAMU social à Bruxelles (2 sites - capacité de 700 places).

1 // Consultation médicale au centre de jour “De Vaart” Depuis juin 2012, des médecins généralistes du COZO offrent au sein du centre De Vaart des consultations de première ligne pour les personnes sans domicile fixe, une fois par semaine.


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CHAPITRE 1

Description ‘générique’ des différents projets Pour ceux qui n’ont plus eu de contact depuis longtemps avec un personnel du membre médical, ces consultations sont une opportunité. Cela permet aussi la réinstauration de la confiance en la médecine, la diminution de la peur à l’égard du médecin ou du diagnostic. Un système de référence avec le centre médical COZO existe pour le suivi social de ces personnes.

2 // Le dispositif hivernal À Anvers, chaque année, le CPAS et la Ville mettent sur pied une “Action Hiver” spécifique en collaboration avec le CAW (Centre Action pour le Bien-être) dans différents centres d’accueil. Cette “Action Hiver” offre aux personnes sans abri un hébergement de nuit, mais augmente aussi la capacité des centres de jour durant la période hivernale. Pour toucher un groupe de personnes le plus large possible, Médecins du Monde a organisé des consultations dans différents centres d’accueil (de jour comme de nuit). En 2012, les consultations avaient lieu deux fois par semaine, au centre «VICTOR». Ce centre a une capacité de 120 places. Médecins du Monde est aussi présent une fois par semaine à la Maison d’accueil de jour De Steenhouwer en collaboration avec la “zorgteam” (équipe médicale) d’Anvers. Ces consultations ont pour but de soigner et de «raccrocher» les personnes à la médecine générale. Un système de référence avec le centre médical COZO de Médecins du Monde a été implémenté pour les patients ayant besoin d’une continuité des soins. Notons que le CPAS d’Anvers assure des permanences dans le centre d’hébergement de nuit et ouvre l’accès aux soins à ceux qui en ont besoin.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Avec Elles “Avec Elles” est un projet qui s’adresse aux femmes en situation de précarité sur le territoire de Bruxelles, et plus spécifiquement aux femmes sans moyens / revenus / logement ; aux primo-arrivantes ; aux victimes de violences ; aux femmes sans papiers ; aux femmes des communautés Roms ; aux travailleuses clandestines ; à leurs enfants.

La Louvière C’est dans le cadre de la Journée Mondiale du Refus de la Misère du 17 octobre 2012 que Médecins du Monde a ouvert une consultation d’”accrochage médical” à La Louvière. Cette consultation se fait en collaboration avec la Ville de La Louvière et le CPAS. Désormais, Médecins du Monde est présente dans chaque région du pays. Actuellement, la consultation est assurée tous les mercredis matin par 4 médecins bénévoles au Relais Santé, 79 rue du Moulin à La Louvière.

Ce projet est constitué de trois volets : Volet 1 : D es séances d’information et d’éducation à la santé sexuelle et reproductive sont organisées dans des lieux de socialisation pour les différents groupes de femmes ciblés (églises, associations travaillant avec des femmes, coiffeurs, etc). Volet 2 : U n réseau de marraines (ou d’accompagnateurs), entre les communautés et différentes institutions de soins (dont celles de MdM), a été mis en place. Ces personnes sont aussi là pour accompagner les patients dans leurs démarches de soins. Volet 3 : C e projet offre des consultations accessibles, qui englobent des services complets (préventifs et curatifs) de santé femmes et mères-enfants. Ces consultations englobent donc la prise en charge de la santé sexuelle et reproductive (contraception, suivi de grossesse, prévention cancer gynécologique, violence sexuelle,…). Ce projet permettra à des femmes en situation précaire d’avoir un réel accès à l’information, à l’accompagnement et à l’acte de soin. Ce projet a débuté fin 2012 et grandit en 2013.

Nous envisageons de développer d’autres activités dans nos pôles de compétences, dès que nous aurons une meilleure connaissance du public, notamment en ce qui concerne le domaine de la réduction des risques pour les poli-toxicomanes.

Ces centres sont ouverts à toute personne ayant des difficultés pour accéder aux soins de santé, peu importe son statut administratif. En effet, ils sont accessibles et les consultations sont gratuites. En cas de besoin et si cela s’avère nécessaire, l’équipe fait appel à un(e) interprète afin de pouvoir fournir l’accompagnement nécessaire. Des liens avec les autres projets sont évidemment existants et un patient vu en soirée pourra être vu le lendemain au CASO. Le patient voit d’abord un(e) accueillant(e), qui occupe un rôle central, puisqu’il/elle est sa première personne de contact. Il / elle a une influence non négligeable sur la qualité de la prise en charge du patient au cours de son trajet au CASO. L’accueillant(e) veille à recevoir le patient chaleureusement et à lui expliquer le déroulement de la consultation. S’il n’y a pas de possibilité d’être reçu au CASO au moment de la demande, il / elle l’oriente.

Consultations aux Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation à Anvers et Bruxelles

L’objectif principal du CASO est de rendre l’accès aux soins effectif, c’est-à-dire s’assurer que la personne sera reçue par un médecin et recevra un traitement adéquat. Dans cette logique, toute personne qui se présente au CASO est reçue d’abord par un(e) assistant(e) social(e). Après une analyse de sa situation et de ses besoins, l’assistante sociale évalue les possibilités d’accès aux soins et d’orientation directe vers le système de soins existant.

Médecins du Monde a créé des Centres d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) à Anvers et à Bruxelles, permettant un accès aux soins de qualité aux personnes en situation précaire.

La personne va ensuite à la consultation médicale. En fonction de son accès aux soins, une stratégie socio-médicale se met en place.

Ces services ont pour objectif d’assurer, dans un premier temps, un accès effectif aux soins directs et, dans un second temps, de réinsérer les personnes dans le système de soins de santé classique. L’objectif n’est pas de remplacer des structures de soins de santé classiques, mais d’informer les patients sur leurs droits et obligations, de les aider à exercer ces droits de façon autonome et de les accompagner dans leurs démarches. Dès que possible, les patients sont orientés vers la structure de soins la plus adéquate. Des médicaments peuvent également être dispensés gratuitement, lorsque les patients n’ont pas les ressources nécessaires pour se les procurer.


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CHAPITRE 1

Description ‘générique’ des différents projets Confrontés à des patients en souffrance psychologique, les assistants sociaux et les médecins du CASO ont la possibilité de faire appel aux psychologues de l’équipe. Les psychologues analysent les besoins du patient et l’orientent vers une structure partenaire, en fonction de ses possibilités d’accès aux soins. Ils veillent toujours à travailler en collaboration étroite avec les équipes sociales et médicales. Un psychologue est toujours présent dans les locaux lors de la consultation. Il offre son soutien en étant présent lors de cette dernière (co-consultation). L’équipe multidisciplinaire du CASO est confrontée à un certain nombre de patients nécessitant une approche globale et multidisciplinaire. L’offre du CASO consiste en un suivi social, médical et psychologique. C’est une plusvalue pour le patient de recevoir l’assistance des différentes disciplines qui ne travaillent pas à côté l’une de l’autre, mais réellement ensemble. C’est pourquoi un débriefing multidisciplinaire a lieu après chaque plage horaire de consultation. Une fois par semaine, les membres des équipes sociale, médicale et psychologique se réunissent avec la coordination, afin de trouver des solutions pour l’accès aux soins de santé des patients.

Le CASO et le COZO sont de véritables centres d’expertises sur les problèmes d’accès aux soins en Belgique pour les populations en situation précaire. Ils existent depuis 1996 à Bruxelles et depuis 2000 à Anvers.

Consultations de spécialistes

2 // Bruxelles

1 // Anvers

Afin d’améliorer et garantir l’accès aux soins de seconde ligne aux personnes en situation précaire, Médecins du Monde offre, tous les jeudis soir, des consultations de spécialistes. Ces consultations se déroulent au sein des locaux de la clinique Baron Lambert à Bruxelles. Une douzaine de médecins spécialistes travaillent bénévolement pour Médecins du Monde. Des analyses peuvent aussi être réalisées au sein de la polyclinique.

A Anvers, Médecins du Monde travaille également à l’accès aux soins de santé de seconde ligne des patients en situation de vulnérabilité. Le COZO d’Anvers a donc mis en place un système de collaboration avec les hôpitaux chrétiens de la ville d’Anvers. Depuis avril 2012, nous avons mis en place un partenariat important avec les hôpitaux des Sœurs hospitalières (Gasthuiszusters). Grâce à cette collaboration, nos patients peuvent être dirigés vers une trentaine de spécialistes assurant ainsi les consultations de seconde ligne telles que : psychiatrie, ophtalmologie, orthopédie, radiologie, cardiologie, endocrinologie,… Si le médecin généraliste considère que le recours à une consultation de spécialiste ne peut plus attendre, celui-ci tient au courant notre équipe multidisciplinaire afin de saisir le dossier du patient et le référer le plus rapidement possible.

Les patients sont généralement référés par le CASO pour un dépannage médical en attendant un accès aux soins effectifs. A Bruxelles, nous avons aussi un cabinet dentaire, au Clos Sainte-Thérèse. Des dentistes bénévoles offrent également des consultations dentaires depuis la fin de l’année 2009.

Les hôpitaux ont aussi mis un fond à disposition pour prendre en charge certains examens techniques et analyses. Ce système permet au patient de suivre une voie classique et d’être intégré dans le système de consultation classique des spécialistes.

La majorité des consultations est assurée par des professionnels de santé bénévoles (médecins généralistes, psychologues,...) Les centres disposent aussi de bénévoles non médicaux comme les accueillants, les interprètes,…

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

© Fréderic Pauwels

“C’est un plaisir d’avoir quelqu’un qui arrive dans votre fauteuil très stressé, et qui sort de là avec un grand sourire. Moi, c’est mon salaire !”, déclare Nadine, dentiste bénévole. Ce type de consultations rencontre un très grand succès. Toutefois, un renforcement de l’équipe de dentistes bénévoles reste nécessaire pour répondre à la demande.


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CHAPITRE 2

Chiffres globaux de nos consultations Consultations et profils de nos patients

Le nombre de personnes sans abri soignées dans nos centres d’accueil d’urgence cet hiver a augmenté de 58%.

// Nombre de consultations Les médecins et infirmièr(e)s bénévoles de Médecins du Monde ont réalisé 19.516 consultations : 14.126 à Bruxelles, 5.360 à Anvers et 30 à La Louvière.

// Nombre de patients et profils selon les tranches d’âge

19516

MDM PROJETS BELGES Évolution du nombre de consultations 2009 à 2012

15000

Au total, Médecins du Monde a soigné 5.198 patients1 au sein de ses différents projets : 3.947 à Bruxelles, 1.234 à Anvers et 17 à La Louvière. Pour tous ces patients, l’accès aux soins de santé dans le système classique n’a pu avoir lieu, pour diverses raisons.

14605

20000

3288

L TA TO

213 240

320 472

58

995 526

644 1171

6945 30

0

4917 5943

3510 4131

10000

5000

s s rs rs rs ire art ste ère elle elle nve nve nve nta iali mp uvi rux rux éc de rA Lo Re FA OA B B p e t t D a Z i s v r e i t L S e SO ive CO on bin nH lP CA ssi Ca nH Pla cia Mi Pla So U M SA

2012

2011

2010

Nous sommes heureux d’avoir pu renforcer notre capacité à soigner les plus vulnérables de notre société. Toutefois, cette augmentation soulève bien des questions. Notre société a-t-elle les moyens de faire face à une constante augmentation du nombre de personnes vulnérables exclues des soins de santé?

L’âge moyen des patients est de ans.

36,4

2009

En comparaison avec l’année dernière, ceci représente une augmentation de 34%. Cela s’explique notamment par l’ouverture de nouvelles consultations : onsultations médicales au ‘Relais santé’ de C La Louvière.

Le patient le plus âgé avait (selon ses propres dires) 100 ans et le plus jeune avait 3 semaines. MDM PROJETS BELGES 2012 Soins médicaux à 4.971 personnes avec problèmes d'accès aux soins 1400 1200

onsultations médicales au centre d’accueil C de personnes sans abri ‘De Vaart’ à Anvers.

1000 800 600

Au cours des 12 derniers mois, 30% de nos patients se sont vus refuser l’accès aux soins dans une structure de santé. © Frédéric Pauwels Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Le nombre de consultations dans nos deux centres fixes (les CASO à Bruxelles et à Anvers) a également augmenté d’environ 20% en comparaison avec 2011.

400 200 0 <

Le nombre de consultations réalisées dans le cadre du Plan Hiver à Anvers et à Bruxelles a doublé.

s an 10

<

s an 20

Hommes

1

<

s an 30

<

s an 40

<

s an 50

<

s an 60

<

s an 70

<

s an 80

+

s an 80

Femmes

n certain nombre de patients sont enregistrés deux fois. En effet, lorsqu’un U patient se présente dans deux lieux de consultations, il est compté deux fois dans nos statistiques.


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CHAPITRE 2

Chiffres globaux de nos consultations // Répartition par sexe

// Provenance

29% de nos patients sont des femmes. Il s’agit d’une importante augmentation par rapport à l’année dernière : elles ne représentaient alors que 22% de nos patients.

11% de nos patients qui se sont présentés aux consultations de Médecins du Monde sont originaires de Belgique et 14% sont issus d’un autre pays au sein de l’Union européenne.

D’un côté, cette féminisation de nos consultations est le résultat de nos efforts pour atteindre davantage de femmes marginalisées au sein des projets belges. Les femmes vulnérables (femmes sans papiers…) vivent plus souvent dans l’ombre que les hommes, et par conséquent, peinent davantage à trouver le chemin vers une aide médicale. Mais d’un autre côté, l’augmentation de la présence de femmes dans nos consultations reflète une triste et inquiétante réalité, à savoir un manque de solutions structurelles d’accueil pour les femmes sans abri ou en précarité de logement. Alors qu’il y a deux ans, la présence de femmes dans nos centres d’accueil d’urgence de Bruxelles et d’Anvers était exceptionnelle, elles représentaient 11% de nos patients l’hiver dernier, dans les deux villes. Ceci représente malheureusement une mutiplication par 4 du nombre de femmes sans abri ou en précarité de logement par rapport à l’hiver 2011-2012.

Evolution du nombre de citoyens européens sur les projets belges de MdM entre 2011 et 2012

L’Afrique était le continent le plus représenté, puisque plus d’un tiers de nos patients provenaient du Maghreb ; environ un sur cinq est issu d’Afrique Sub-saharienne. Région d'origine des patients vus aux consultations médicales MDM en 2012 Maghreb

37%

19%

6% Autre 11% Belgique 9%

Evolution du % des femmes sur les différents projets belges MdM entre 2011 et 2012

14% UE hors Belgique 2%

0.5

Asie 0.4

Océanie et Amérique

4% 0% Apatrides

0.3 0.2 0.1 0

rs nve OA Z CO

2011

s elle rux B SO CA

s elle rux B r ive nH Pla

n Pla

rs nve rA e v Hi MU SA

rt pa em tt R i e cP So

2012

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

ste iali éc sp n o ssi Mi

600 500 400 300 200 100 0

rs nve OA Z CO

2011

Moyen

Europe

700

s elle rux B SO CA

les xel Bru r ive nH Pla

s ver An er v i nH Pla

e list cia pé s on ssi Mi

2012

Afrique Sub Saharienne

proche 4% etOrient

La représentation des nationalités varie fortement d’un projet à l’autre, avec une forte proportion de Belges dans les consultations de La Louvière et dans les centres d’accueil d’urgence du Samu Social pour les personnes sans abri et en précarité de logement, à Bruxelles.

Le nombre de demandeurs d’asile a diminué plus que de moitié par rapport à l’année dernière : ceci est étroitement lié au fait que la crise de l’accueil a pris fin en février 2012.

Par rapport à 2011, on observe une importante augmentation - en plus des Belges - de ressortissants d’autres pays de l’Union européenne, dans l’ensemble de nos projets. Au total, les citoyens de l’UE représentent 25% de tous nos patients, c’est-à-dire un tiers de plus qu’en 2011. La crise économique européenne y est-elle pour quelque chose?

Les demandeurs d’asile représentaient toutefois encore 8% de nos patients en 2012, alors qu’ils devraient en principe ne plus apparaître dans nos statistiques. Les demandeurs d”asile ont en effet droit aux soins médicaux. Pour les demandeurs d’asile ne résidant pas dans les centres d’accueil, le système de remboursement des soins est très complexe (par acte médical, un réquisitoire garantissant la prise en charge doit être demandé à la cellule médicale de Fedasil). En 2012, l’accès aux soins des demandeurs d’asile ne séjournant pas dans un centre d’accueil (les ‘no shows’) n’était pas encore simple. Evolution du statut administratif des patients vus aux projets belges MdM entre 2011 et 2012 70

61% 60%

60 50 40

// Statut administratif

12%

des patients que nous avons soignés en 2012 ont la nationalité belge et 10% sont en possession d’un titre de séjour. En théorie, cette catégorie de patients ne devrait pas rencontrer de difficultés pour accéder au système de soins de santé classique. Le fait de posséder une carte SIS ou d’être inscrit auprès d’une mutualité n’est donc pas suffisant pour garantir l’accès aux soins aux personnes les plus vulnérables de notre société.

30 20 10 0

19% 9% 12%

9%

4%

8% 2%

) a) ur lge ois vis éjo Be U( 3m es té E i d t < n ( n e no de titr EU te ’in te tre ris ed ris Au Tou iP èc Tou

2011

ur ile éjo ’as es ed d d n on ma ati De ris uto a ns Sa

2012

Il ressort de nos statistiques que les personnes en séjour irrégulier sont et restent le groupe ayant le plus de difficultés à accéder aux soins. Pourtant, en Belgique, ce groupe a en principe droit à des soins préventifs et curatifs. Ceci est inscrit dans l’arrêté Royal de 1996 concernant l’Aide Médicale Urgente (AMU) et dans la loi CPAS (art. 57§2).


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CHAPITRE 2

Chiffres globaux de nos consultations // Type de résidence, revenus et présence de famille en Belgique Sur l’ensemble des projets belges, 33 % de nos patients déclaraient ne pas avoir de logement et n’avoir aucune autre solution en dehors de l’accueil d’urgence de nuit. Environ 4% se tournaient vers ces structures et 2% allaient dans les squats. 60% de nos patients se rendant dans nos centres de consultations permanents considèraient leur lieu de résidence comme précaire, temporaire ou instable.

Accès aux soins

Réponse à la question: avez-vous rencontré des problèmes pour accéder aux soins au cours des 12 derniers mois?

40%

// Accessibilité administrative / couverture médicale

N’a pas essayé d’aller dans une structure médicale

28%

10%

Pas d’obstacle

10%

66% des patients soignés en 2012 n’avaient pas de sécurité sociale et donc pas d’accès au système de soins de santé classique.

0

14% des patients avaient une mutuelle et pour 8%, les frais médicaux étaient pris en charge par le CPAS.

Accès aux soins pour les patients MDM en 2012

8% Prise en charge par CPAS A une couverture mutuelle

14%

Une large majorité des 848 personnes (87%) ayant recherché l’accès à une structure de soins pendant les 12 derniers mois disent avoir rencontré un ou plusieurs obstacles.

Type de logement pour tous les patients MdM 2012 60%

56

Inconnu

50%

8%

36% des personnes interrogées désignaient une mauvaise connaissance de leurs droits et du système comme principale barrière.

Carte mutuelle Européenne Réquisitoire Fédasil

2% 1%

40%

33 30% 20% 10% 0

4 ri eil ab ) cu ns nuit ’ac a d S de es le ntr asi Ce e, (ru

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6 0 e n ch iso au ma àg ou e, t t i n ro me Ad rte pa Ap

ail rav et d u Lie

66% Aucune prise en charge

// Les barrières à l’accès aux soins Il existe différents obstacles qui entravent l’accès aux soins et qui, de plus, s’entre-alimentent.

35

30%

25

20%

62% Obstacles 89% du même groupe de patients déclaraient ne pas exercer d’activité pour gagner leur vie. Autre fait remarqué : la moitié des patients s’étant rendus à la consultation des CASO (43%) déclarait avoir de la famille en Belgique.

50%

Les autres principaux obstacles sont d’ordre administratifs (27%) et financiers (26%), comme le coût trop élevé d’une consultation médicale ou d’un traitement ou les problèmes pour obtenir une couverture médicale… D’autres barrières ont en revanche été moins souvent évoquées : barrière de la langue, mauvaise expérience avec le système de santé, peur d’être dénoncé(e)…

12

8 1

1

0

15

2

é t e re ue die as tifs son en r rêt nc hè tiq ala ca nir rai d p oits rie anté ou ar pc tem he uis tre stifi obte frais ren s dr rai rop c ture m tro ng xpé de s / u p i t j l e t e é Au m t s r re ou e t er ise me ncé e co ni s de ou des san on nc couv rriè nt er p ge ne e uva stè re ati va no Ba it / ystèm cerna port char rtu Ma le sy ult ou a u de dé a e s n v e p n s n u n tr on a n ns Co co le Co ec s à ise e bte da ur d’ê Ne so lèm uve pr Pe pa rob u pre une a ’ P N o

Le système de soins de santé belge est l’un des plus complexes en Europe administrativement, et tout particulièrement pour les personnes sans couverture médicale ou sans titre de séjour2.

// Evolution de l’accès aux soins Les CASO de Médecins du Monde se concentrent sur l’ouverture de droits pour leurs patients, avec la volonté de les réintégrer dans le circuit classique. Tous les ans, cela devient plus difficile. Pour certains patients, nous ne parvenons pas à ouvrir des droits admministratifs et par conséquent, devenons leur médecin traitant. Nous utilisons le nombre de patients n’étant venus qu’une seule fois dans nos CASO - et qui ont donc pu être référés vers le système de soins de santé classique - comme un indicateur d’évaluation de l’accès aux soins au fil des ans. Tant à Bruxelles qu’à Anvers, ce pourcentage est en baisse, ce qui signifie que la réintégration au sein du système classique est toujours plus difficile / prend toujours plus de temps.

1.446 personnes s’étant rendues en 2012 dans l’un de nos centres permanents à Buxelles et Anvers ont été interrogées sur les difficultés rencontrées dans leurs démarches d’accès aux soins. 2

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

apport de l’Observatoire Intenational de Médecins du Monde “L’accès R aux soins des personnes en séjour irrégulier dans 11 pays européens.” Septembre 2009


20

CHAPITRE 2

Chiffres globaux de nos consultations Dans le courant de 2012, la consultation permanente de Bruxelles a profité - et également celle d’Anvers depuis début 2013 - d’un nouveau projet pilote du SPF Santé Publique… Via Internet (skype), nos médecins et autres bénévoles peuvent désormais appeler gratuitement des médiateurs interculturels rattachés à certains hôpitaux. Ce projet est déjà un succès : il mérite d’être recommandé et étendu à d’autres services de santé de première ligne.

Evolution du % de patients n'étant venus consulter qu'une fois aux CASO/ COZO entre 2009 et 2012 100% 90% 80%

74,1 70,4

70%

64,6

63,9

63,5

60% 50%

62,7 56,5

09 20 ZO CO

10 20 ZO CO

11 20 ZO CO

12 20 ZO CO

09 20 SO CA

10 20 SO CA

11 20 SO CA

60,4

12 20 SO CA

Pour 15% des patients des deux CASO, nous nous sommes vus obligés de prendre en charge les frais des consultations et médicamenteux pendant des périodes pouvant aller de 3 mois à un an.

// Accès aux soins prénataux 16% des femmes que nous avons reçues en consultation dans l’un de nos deux CASO étaient enceintes (au total, 81 femmes enceintes ont été enregistrées). L’accès à des soins prénataux était loin d’être assuré pour elles.

1 jour

1313

56,1%

1 semaine

80

3,4%

1 semaine à 1 mois

280

12,0%

Pour 56 % des femmes enceintes 3, les soins prénataux ont débuté tardivement, après le premier trimestre de grossesse. Pourtant, le corps médical est unanime sur le rôle fondamental des consultations prénatales pour la santé de la mère et de l’enfant : la première consultation doit avoir lieu assez tôt.

2 à 3 mois

314

13,4%

Retard de suivi de grossesse (> 12 semaines)?

4 à 6 mois

202

8,6%

> 6 mois

152

6,5%

Intervalle entre 1ère et dernière consultation

44% Non

Une enquête auprès de 144 patients sans abri pendant le Plan Hiver à Bruxelles nous apprend que ces 12 derniers mois, 36% des personnes interrogées ont postposé des soins médicaux pour elles-mêmes. 30% des répondants se sont vus refuser des soins dans une structure de santé, ces 12 derniers mois.

// Accès à un médecin traitant pour les personnes sans abri et sans domicile fixe

Même en partant d’une perspective visant les économies, une meilleure accessibilité et utilisation des soins de première ligne pour et par les personnes sans abri et tous les autres groupes de personnes vulnérables est à encourager. L’utilisation abusive et inégalitaire des services d’urgence ne mène qu’à des factures trop élevées. En parallèle, l’inaccessibilité des soins de première ligne ne fait qu’aggraver l’engorgement des services de garde et d’urgence.

Seulement 32% des patients que nous avons soignés dans l’un de nos centres d’accueil (centres d’accueil d’urgence pendant le Plan Hiver ou dans nos centres permanents) ont déclaré avoir un médecin traitant ou pouvoir se rendre dans une maison médicale.

Données sur la santé // Santé subjective

Ces chiffres sont en pleine opposition avec les chiffres concernant la population belge en général. La dernière enquête nationale sur la santé datant de 2008 indique que 94,5% de la population belge a un médecin généraliste attitré 4.

La santé subjective englobe différents aspects de la santé (corporelle, émotionnelle et sociale). On la mesure en demandant aux personnes d’évaluer leur état de santé selon une échelle de 5 points allant de “très bonne” à “très mauvaise”.

95%

1 0.9 0.8

68%

0.7

Nous partons du principe que l’évaluation subjective est l’un des meilleurs indicateurs de santé, et ce, tant au niveau individuel qu’au niveau de la population 5.

0.6 0.5 0.4 0.3

32%

0.2

56% Oui

6%

0.1

La perception subjective de la santé reflète très bien les maladies dont souffre la personne interrogée. Elle est également étroitement liée à la mortalité, au niveau des capacités fonctionnelles et à la consommation de soins.

0

OUI Patients MdM

3 On considère que le suivi de grossesse est tardif lorsque la première consulation a lieu après la 12ème semaine. Cette donnée n’a malheureusement été enregistrée qu’au CASO d’Anvers .

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

La mauvaise intégration des personnes sans abri ou en situation de logement précaire dans les soins de première ligne est source de grandes inquiétudes. Il s’agit en effet des personnes les plus vulnérables, qui ont donc le plus besoin de voir un médecin, et ce, régulièrement. La première ligne de soins est la mieux placée pour apporter des soins curatifs et préventifs aux personnes sans abri et sans domicile fixe, pour les coacher individuellement, les accompagner de façon multidisciplinaire et garantir la continuité des soins.

Avez-vous un médecin généraliste attitré?

// De l’importance d’un service d’interprétariat Lors de 23% des consultations médicales aux CASO de Bruxelles ou d’Anvers, il a été fait appel à un interprète. Dans 20% des cas, l’interprète était physiquement présent. Dans les 3% de cas restants, il s’agissait d’un service d’interprétariat téléphonique (Babel…). Le besoin d’interprétariat dans les consultations psychologiques des deux CASO était encore plus élevé : pour 36% des consultations, nous avons fait appel à un interprète.

// Mise en attente et refus de soins aux personnes sans abri

NON Population belge

Drieskens S, Van der Heyden J, Hesse E, Gisle L , Demarest S, Tafforeau J. Enquête de santé, 2008. Rapport III – Consommation de soins. Direction Opérationnelle Santé publique et surveillance, 2010, Bruxelles,Institut Scientifique de Santé Publique. ISSN : 2032-9180 – Numéro de dépôt. D/2010/2505/20 – IPH/EPI REPORTS N° 2010/018

4

Van der Heyden J, Gisle L, Demarest S, Drieskens S, Hesse E, Tafforeau J. Enquête de santé, 2008. Rapport I - Etat de santé.Direction Opérationnelle Santé publique et surveillance, 2010; Bruxelles, Institut Scientifique de Santé Publique,ISSN : 2032-9180 - Numéro de dépot. D/2010/2505/07 - IPH/EPI REPORTS N° 2010/005

5


22

CHAPITRE 2

Chiffres globaux de nos consultations et/ou le manque d’hygiène. En seconde place viennent les affections des voies respiratoires (21%) et les problèmes dermatologiques (17%). Les problèmes ostéo-articulaires sont relativement fréquents (14%), suivis par les affections gastriques (12%).

CASO Bruxelles et COZO Anvers 2012 Perception de l’état de santé général 0.5

42%

40%

0.4

37% 29%

0.3

22% 0.2

18%

0.1 0

4%

1% TRES BON

BON

Patients CASO & COZO

MOYEN

MAUVAIS

6% 1% TRES MAUVAIS

Population belge > 14 ans

La santé subjective est bien moins bonne auprès des patients de MdM qu’auprès de la population belge moyenne. L’enquête sur la santé en Belgique menée en 2008 nous apprend que 23% de la population moyenne évalue sa santé comme étant moyenne, mauvaise ou très mauvaise. Parmi les 1.656 patients de MdM interrogés dans les deux CASO, 77% estimaient leur santé comme étant moyenne, mauvaise ou très mauvaise.

11% des problèmes rapportés relèvent de la psychologie. Les problèmes neurologiques sont relatifs (5%). Toutefois, on peut considérer que la prévalence réelle est plus élevée, car les problèmes psychologiques ne sont pas toujours explicitement mis en mots par les patients : il arrive souvent que le motif d’une consultation concerne un problème physique et soit enregistré comme tel, alors que le diagnostic réel serait plutôt d’ordre psychologique. Projets Belges 2012 Problèmes de santé rapportés 0

// Maladies les plus fréquemment rencontrées Au total, 17.305 diagnostics ont été rapportés par nos médecins et infirmiers, relevés lors des consultations (para)médicales l’année dernière. Les maladies rencontrées sont assez similaires à celles rencontrées dans un centre de soins classique. Néanmoins, nos médecins relèvent plus souvent des affections qui sont la conséquence de conditions de vie et de travail précaires

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

3000

Dans nos deux CASO, nous avons observé que nos patients visitant nos consultations psychologiques souffraient de différentes formes de violences. Même si le nombre de répondants était assez bas (45%), 94,5% de ces patients semblent avoir été confrontés à la violence : 2% vivaient dans un pays en guerre. 5 63% ont été victimes de violence psychologique. 54% ont été victimes de violence physique. 33% ont été victimes de violences sexuelles et/ou de viol. 31% ont souffert de la faim. 53% ont été battus ou maltraités au sein de leur famille ou en dehors. 43% ont été victimes de violences perpétrées par des services de l’ordre (police, armée…). 45% ont été victimes de l’une ou l’autre forme de violence.

Signes détectés lors des consultations psychologiques au CASO & et COZO 2012 0

5

Dans 81% des cas, nos patients déclaraient que cette violence avait eu lieu avant leur départ en Belgique, 8% au cours de leur trajet migratoire et 11% après leur arrivée en Belgique.

1745 379 197 820

Cardio-vasculaire

10

Trouble de dépendance (euphorie, somnolence, soif, confusion, agressivité)

20

0% 5% 1%

Trouble du sommeil (apnée du sommeil)

8%

Anxieux (hyper vigilance, insomnie, hyperactivité neurovégétative, céphalées, tremblements,…) Liés à un trouble de la personnélité (personnalité borderline, anti-sociale, trouble déficit de l’attention / hyperativité,…) Maniaques (excitation euphorique, trouble de l’activité,…) Tentatives de suicide

20% 2% 0% 1%

Dépressifs (troubles de l’appétit, toubles du sommeil, manque d’énergie, perte de l’intérêt,…)

23% 4%

Cognitifs (attention, concentration, mémoire, capacité de raisonnement, langage,…) Aucun

25

15%

Trouble du comportement (hyper-activité, comportement agressif, comportement bizarre, inhibition motrice, hypo-activité Trouble des conduites alimentaires (anorexie, boulimie,…)

15

5%

Autres Liés à un vécu traumatique (reviviscnec, troubles du sommeil, fatigue,…)

Psychotiques (hallucinations, délires,…)

396

Digestif

15% 1%

2399

Ostéo-articulaire

806

Neurologique

1847

Psychologique

3563

Respiratoire

2865

Peau

443

Métabollique et endocrino Urinaire

4000

71

Dentaire

Ophtalmo

2000

887

Général et aspécifique Sang, hémato, immuno

Oreille

Etant donnée la relation connue entre l’indicateur “santé subjective” et l’espérance de vie, nous pouvons nous inquiéter de l’état de santé général de nos patients. Il démontre d’autant plus la nécessité de prodiguer des soins adéquats à ce groupe de personnes vulnérables.

1000

// Victimes de violences

249 397

Gynéco, obstétrique, PF Génital féminin

123

Social

105

Environ 2/3 des problèmes de santé rapportés étaient considérés par les médecins comme des maladies chroniques. Selon eux, 80% des problèmes nécessitaient un traitement et un suivi. Pourtant, seuls 32% en bénéficiaient et 22% des plaintes n’étaient que partiellement traitées.

Etant donné que beaucoup de nos patients ont vécu des évènements traumatisants, il n’est pas étonnant qu’ils soient nombreux à évoquer des angoisses, troubles du sommeil et de la concentration dans nos consultations.

// Maladies infectieuses et risques de mini-épidémies En général, le risque d’apparition de mini-épidémies est sous-évalué parmi nos bénéficiaires; il manque des mesures de prévention. Pendant le Plan Hiver, nos équipes médicales ont diagnostiqué 152 cas d’influenza et de grippe à Bruxelles et 19 à Anvers. Le virus de la grippe circule chaque hiver dans les centres d’accueil d’urgence et provoque toujours quelques cas d’hospitalisation.


24

CHAPITRE 2

Chiffres globaux de nos consultations Pour plusieurs raisons, la vaccination des personnes sans abri ou sans domicile fixe venant dans les centres d’accueil d’urgence est vivement recommandée : le taux de personnes vaccinées y est bas, l’hygiène est loin d’être optimale et les personnes sans abri se trouvent souvent dans un mauvais état de santé.

Dans une unique perspective de santé publique et au-delà des aspects humains, juridiques et socioéconomiques, il existe suffisamment de raisons de donner et garantir l’accès aux soins de santé préventifs et curatifs à toute personne se trouvant sur le territoire belge.

De plus, des coûts d’hospitalisation élevés peuvent ainsi être évités. En cas de contraction du virus influenza, une personne sans abri doit toujours être hospitalisée très rapidement, puisqu’elle ne peut être remise à la rue et que, dans la majorité des cas, elle n’a pas d’entourage. La tuberculose a été diagnostiquée auprès de 11 patients. Cette affection peut être détectée par screening au VRGT et au FARES 6 (respectivement à Anvers et à Bruxelles). Le traitement gratuit de la tuberculose est assuré via le projet Belta-Tb-net. Malheureusement, cela n’est pas le cas pour d’autres maladies infectieuses comme le SIDA, les hépatites B et C, IST… Bien que le dépistage de ces affections puisse avoir lieu au centre ELISA à Bruxelles et au “Helpcentrum” d’Anvers, le remboursement du traitement n’est pas toujours garanti en cas de test positif. Pourtant, notre groupe cible fait partie des populations à risques. La gale a été diagnostiquée auprès de 82 patients à Bruxelles et 7 à Anvers. La prévention de la gale est très difficile dans un contexte de manque d’hygiène (problème d’accès à des sanitaires, à des lave-linge…) pour les personnes sans abri ou en situation de logement précaire vivant dans les grandes villes belges, et tout particulièrement à Bruxelles. Il va de soi que la détection ponctuelle et le traitement des maladies infectieuses restent les meilleurs moyens de prévenir d’autres infections.

VGRT : Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding ; FARES : Fonds des Affections Respiratoires

6

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

© Fréderic Pauwels


26

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers Les consultations pour les personnes sans abri Pour les groupes de populations vulnérables à Anvers, la question du logement est toujours plus problématique. Les centres d’aide globale aux personnes (CAW’s) s’occupent de l’accueil des personnes sans abri. Des barrières juridiques et administratives entravent l’accès aux soins de ce groupe-cible. Souvent, des problèmes psychologiques ne leur facilitent pas la tâche. Les acteurs (para-)médicaux d’Anvers, - associations de défense des personnes sans abri, médiateurs sociaux-culturels et Médecins du Monde- cherchent à réduire les barrières de l’accès aux soins.

1 // Consultations au Centre De Vaart Les acteurs (para-)médicaux ont décidé d’ouvir un cabinet médical dans le centre De Vaart. Un médecin et une infirmière du Plan Hiver 2011-2012 ont souhaité poursuivre leur collaboration avec Médecins du Monde. Les consultations au centre De Vaart avaient lieu au même moment. Cette collaboration a présenté quelques avantages : un accueil commun des patients et une discussion facilitée entre médecins sur les cas rencontrés.

La majorité des patients ne sont venus qu’une fois chez le médecin. Les patients souffrant d’une maladie chronique ou ayant besoin de davantage de suivi sont référés vers le COZO (structure homologue du CASO de Bruxelles). La majorité des affections médicales étaient d’ordre orthopédique.

2 // Le Plan Hiver à Anvers L’hiver 2012, Médecins du Monde organisait pour la deuxième fois des consultations médicales dans les centres d’hébergement pour les personnes sans abri. L’hiver 2012-2013 a été particulièrement rude : le Plan Hiver a été prolongé. Du 1er décembre 2012 au 14 avril 2013, les structures ont accueilli des personnes sans abri et sans domicile fixe. Les différents organismes travaillant autour de cette problématique ont beaucoup apprécié le travail de Médecins du Monde : cet hiver, nous avons pu réaliser nos consultations dans de meilleures conditions pratiques au sein des différents centres d’accueil. Depuis cette année, le CPAS et la Ville d’Anvers soutiennent notre Plan Hiver médical. Concrètement, 4 à 5 sessions de consultations par semaine étaient organisées, dans 3 lieux différents. Ainsi, nous sommes globalement accessibles pour les personnes sans abri de la ville.

Entre juin et novembre 2012, Médecins du Monde a réalisé 48 consultations médicales pour 45 patients. Les bénéficiaires des consultations au centre De Vaart sont surtout des hommes âgés de 20 à 40 ans, d’origine africaine (avant tout maghrébine), sans autorisation de séjour et sans accès aux soins. Pour eux, il reste difficile d’obtenir une garantie de remboursement du CPAS, puisqu’ils ne peuvent prouver qu’ils vivent à Anvers et que par conséquent, leur situation ne peut être vérifiée par une visite à domicile.

Nous avons réalisé 19 516 consultations en 2012 dont 14 126 à Bruxelles, 5 360 à Anvers et 30 à La Louvière. © Frédéric Pauwels Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

© Dries Van Luyten


28

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers // Le centre De Vaart (Anvers Nord) : tous les lundis matin, un médecin, deux infimières et un assistant social étaient présents. // Le centre De Steenhouwer (Anvers Centre) : Tous les jeudis midi, un(e) infirmier(e) était présent(e) pour accueillir les personnes sans abri qui souhaitaient manger un morceau. Un moment également mis à profit pour soigner les petits bobos, prendre quelques mesures (tension, température…) et prêter une oreille attentive. Si besoin, l’infirmier(e) accompagnait les malades chez un médecin au Centre de soins, à quelques pas de là.

Jef, 91 ans, février 2013

“L’infirmière du centre Steenhouwer m’a accompagnée chez le médecin. Mais je ne crois pas aux médecins! Ce sont tous des Pic’sous, des charlatans, ils me rendent malades plutôt qu’ils ne me guérissent. Mais l’infirmière est tellement gentille que je viens quand même de temps à autre. Fin mars, après être venu toutes les semaines au Centre de Soins, il disait : “Ce médecin m’a redonné de l’espoir, je suis sûr d’avoir un jour 100 ans ! Je n’avais jamais rencontré un médecin pareil. Grâce à lui, j’ai pris mes médicaments et mes jambes ont guéri.” Tous les collaborateurs ont eu un câlin lorsqu’il est parti. Le médecin, quant à lui, a reçu sa reconnaissance éternelle. // Centre d’Accueil de nuit Victor (Anvers Sud) : Tous les mardis et jeudis soir et au moins un samedi soir par mois, des consultations y ont lieu. Les personnes sans abri résidant à Victor 5 (pour les personnes dont le logement est précaire) et à Victor 4 (pour les personnes sans abri) pouvaient donc se tourner vers Médecins du Monde. Au centre Victor,

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

- le centre le plus visité -, deux agents d’accueil, deux infirmier(e)s et un médecin étaient présents en permanence. Une bénévole est régulièrement venue faire des Interviews.

Katrien, infirmière bénévole

“Un patient est arrivé à Victor avec des béquilles et un plâtre ouvert. C’était une fracture ouverte du tibia, datant d’un mois. Nous l’avons examiné, et nous nous sommes rendus compte que la fracture n’avait pas été opérée, mais seulement réduite sous anesthésie ! Le patient avait du quitter l’hôpital car il n’était pas à jour administrativement. Sans assurance, et se trouvant en situation de séjour irrégulier, il ne s’est pas fait opérer ni hospitaliser, alors qu’il en avait besoin. Grâce à Médecins du Monde, il a reçu une attestation pour se présenter au CPAS. Finalement, il a bénéficié de l’Aide Médicale Urgente et a pu retourner à l’hôpital avec un référencement d’un médecin. A cause de ce type de situation, je me dis qu’il est vraiment indispensable qu’il existe des organismes comme Médecins du Monde, qui se tournent vers les personnes sans abri.”

Heidi, étudiante en pédicure

“J’ai lu un article qui portait une attention particulière aux problèmes que rencontrent les personnes sans abri pendant l’hiver : les problèmes de pieds prennent une place très importante! Je me suis tout de suite sentie concernée, j’ai voulu m’impliquer. J’ai appelé Kathleen, la coordinatrice du COZO, qui a tout de suite été très enthousiaste. Les aspects administratifs ont rapidement été réglés, et on a pu commencer. Je m’attendais, ainsi que mes collègues, à voir des pieds dans un état terrible. Globalement, cela allait, mais il y avait bien des pieds dont l’état parlait pour eux. Nous avons beaucoup appris en termes de pédicure, mais ce qui m’a le plus marquée, c’est le large sourire d’un homme arrivé plutôt grincheux. Il n’arrêtait plus de me remercier. L’année prochaine, je poserai ma candidature comme bénévole et encouragerai les nouveaux étudiants à participer !”

La formation en collaboration avec la faculté de dentisterie sociale de l’Université de Gand fut une expérience positive pour les deux étudiants et les nombreuses personnes sans abri à Victor. Les patients ont été examinés et ont reçu des conseils pour une meilleure hygiène bucco-dentaire, ainsi qu’une brosse à dents et du dentifrice. Les étudiants sont venus trois soirs à Victor et ont reçu une quarantaine de patients. Encore une fois, l’importance de soins dentaires accessibles a été mise en avant. Dans le cadre du Plan Hiver, Médecins du Monde a réalisé au total 1.171 consultations, pour 366 patients, dans les différents centres d’accueil. Ceci a été possible grâce au concours de 11 médecins (dont 8 sur base régulière), 22 infirmier(e)s, 10 assistants sociaux, une personne en charge des interviews ainsi que deux collecteurs de données bénévoles. C’est au centre Victor qu’il y avait le plus de personnes sans abri ; nous y tenions deux à trois plages-horaires de consultations. 869 consultations ont ainsi été réalisées pour 231 patients. Au centre de soins De Steenhouwer, “seulement” 76 consultations ont été réalisées auprès de 41 patients. Toutes ces consultations se sont avérées utiles : les malades ont guéri, les malades chroniques ont été référés vers le COZO ou une autre solution a été trouvée pour qu’ils bénéficient de soins réguliers. Au centre De Vaart, Médecins du Monde a réalisé 214 consultations auprès de 92 patients. La majorité des patients ne sont venus qu’une fois à la consultation, mais un grand nombre (70 patients) est revenu plus de 5 fois. Les 78 patients faisant face à des problèmes chroniques ont été référés vers le COZO, où un médecin bénévole consultait les mardis après-midi pour ce groupe de patients. En plus des consultations médicales, ces patients ont également bénéficié de consultations sociales afin d’améliorer leur accès aux soins. Au total, 51 consultations ont été réalisées auprès de 49 des patients (61,5%), au COZO.

Cette année, le Plan Hiver a travaillé en collaboration avec un centre municipal pour l’enseignement des adultes, qui a dispensé des sessions de pédicure. Trois soirs, 8 étudiants et un enseignant étaient présents. Ils ont pu soigner les pieds de 16 à 20 personnes sans abri : une expérience utile pour tout le monde, qui pourra certainement être renouvelée.

© Stéphane Heymans


30

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers Des personnes sans abri sont également arrivées directement dans les consultations ouvertes du COZO. Au vu de la problématique et des conditions de vie de ces personnes, on peut parler d’un référencement efficace : la plupart ont été réussis parce qu’il est facile d’accéder au COZO. Beaucoup de personnes sans abri affectées par des maladies chroniques viennent maintenant dans les consultations classiques du centre. Ainsi, ils ont plus de chance d’être réintégrés dans le système de santé classique. A notre demande, des collaborateurs du VRGT ont fait le test de tuberculose aux personnes sans abri, en deux sessions. 6 patients étaient tellement malades ou blessés qu’ils ne pouvaient plus rester au centre d’accueil. 18 patients ont été référés vers un médecin généraliste, un spécialiste ou un dentiste. Victor 5 est un centre pour les personnes sans abri, qui accueille également les personnes dont le statut de séjour est précaire. Toutefois, on observe que par rapport à nos autres projets à Anvers, la majorité de nos patients ont un statut régulier, ce qui nous pousse à penser que de plus en plus de Belges en précarité de logement ont difficilement accès aux soins. Tous les vendredis matin, au centre Victor, des employés du CPAS ont étudié les demandes d’Aide Médicale Urgente. La majorité des personnes hébergées au Centre Victor ont reçu une garantie provisoire d’accès aux soins, leur précarité n’étant plus à démontrer. Lorsque le Plan Hiver s’est achevé, la majorité des personnes sans abri se sont de nouveau retrouvées dans la carégorie “sans accès”.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Griet, agent d’accueil bénévole

“Au centre Victor, je me suis tout de suite sentie comme à la maison : chaque collègue était sympathique et enthousiaste. La première chose qui m’a marquée chez nos patients est que la majorité d’entre eux ont l’air “normaux”. Avant, je pensais que les personnes sans abri étaient vêtues de haillons, sentaient mauvais et passaient leur temps par terre, à mendier. Ce qui m’a également étonnée, c’est à quel point certaines personnes sans abri étaient heureuses de recevoir enfin un peu d’attention, et à quel point d’autres semblaient avoir une grande tolérance à la douleur. Je pense à cet homme qui s’est promené avec une jambe cassée pendant des semaines. Vraiment, j’attendais avec impatience mes soirées de bénévolat. Dans un sens, ce bénévolat m’a permis d’ouvrir les yeux. Comment peut-on se tracasser parce qu’Internet ne fonctionne pas pendant une heure, parce qu’il faut se lever tôt pour aller travailler ou parce qu’il n’y a plus de pain aux céréales à la boulangerie ?!

Le Centre médical pour les plus vulnérables : Centrum voor Onthaal, Zorg en Oriëntatie (COZO) 1 Sans ses travailleurs bénévoles, le COZO ne pourrait pas fonctionner. En 2012, 40 bénévoles étaient actifs : 8 travailleurs d’accueil et d’administration, 6 infirmier(e)s, 14 médecins, 7 psychologues/psychothérapeutes et 5 assistants sociaux. Le soutien et le coaching des bénévoles se fait au quotidien, pendant le travail. En plus, les bénévoles sont soutenus psychologiquement toutes les 6 semaines et tous les 3 mois, lors de réunions. Ils sont également coachés pendant les formations qui leur sont proposées.

Nos patients proviennent des quatre coins du monde. Le néerlandais n’est donc pas toujours la langue d’usage. Les agents d’accueil sont amenés à s’exprimer en différentes langues. Une bonne communication est essentielle. Lorsqu’un patient se fait refuser, la tension peut monter : on attend donc des agents d’accueil qu’ils aient une bonne résistance au stress. La grande majorité de nos patients du COZO vient d’Afrique : 26% d’Afrique sub-saharienne et 20% du Maghreb. La part d’hommes (57,3%) est plus elevée que celle des femmes (42,7%) et la majorité des patients (80%) est âgée de 20 à 50 ans.

// L’accueil Les agents d’accueil souhaitent la bienvenue aux patients, les écoutent, font en sorte que les consultations soient structurées, et en cas de besoin et si possible, procèdent à des référencements.

Je ne cesse de penser à cet homme à qui l’on demandait quel était son plus beau rêve. Il a répondu : “je voudrais un chez-moi, et un travail. Pour qu’après le travail, je puisse rentrer à la maison et regarder la TV.”

© Dries Van Luyten

Le COZO est l’équivalent anversois du CASO à Bruxelles (Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation)

1


32

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers Distribution par âge et sexe 250 200 150 100 50 0 <

s an 10

<

s an 20

Hommes

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+

s an 80

Femmes

Les agents d’accueil s’occupent également des tâches administratives: transférer les appels, faire des photocopies, classer les dossiers… En 2012, 2.395 consultations ont été réalisées au COZO auprès de 823 patients. En moyenne, les patients sont venus 3 fois par an. La consultation psychologique est encore plus fréquentée, avec 7,5 consultations par an et par patient. Les visites sont étalées sur l’ensemble de l’année.

// Le service social En 2012, 789 patients ont été reçu par le service social, pour 1.991 consultations. La majorité d’entre eux n’avait pas d’accès au système de soins de santé classique.

La première étape en consultation sociale consiste à écouter l’histoire du patient. Ceci permet à l’assistant(e) social(e) d’établir une analyse des problèmes ainsi qu’un plan d’action. Il s’agit-là de bien évaluer quelles sont les possibilités pour le patient, en fonction de son histoire et de son contexte de vie. Ainsi, nous cherchons à éviter que le patient se retrouve dans une situation de dépendance. C’est pourquoi les assistants sociaux doivent avoir une bonne connaissance des juridictions concernant le droit de séjour et l’Aide Médicale Urgente. Le service social du COZO fait partie des rares services juridiques spécialisés - et gratuits- à Anvers. Il arrive régulièrement que d’autres organismes appellent pour un conseil juridique et qu’ils réfèrent leurs clients vers le COZO.

9%

4% 1% Carte mutuelle européenne 1% Réquisitoire Fédasil 2% A une couverture mutuelle Inconnu

Aucune prise en charge

83%

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Voici la liste des arguments avancés pour justifier le refus d’une garantie de prise en charge : bsence de preuve d’une durée de séjour de plus A d’1 an en Belgique. Solidarité familiale/ refus de collaborer. Absence de preuve de dettes.

Situation administrative des patients Carte d’identité belge Demander d’asile

6%

1%

4% 3% U.E. < 3 mois en Belgique 2% Ne sait pas 1% Hors U.E. avec titre de séjour U.E. avec titre de séjour

Sans autorisation de séjour

81%

Couverture maladie patients Prise en charge par CPAS

Il reste difficile d’obtenir une prise en charge des frais (élevés) de l’Aide Médicale Urgente pour nos bénéficiaires. Nous remarquons que de plus en plus de critères doivent être considérés pendant la consultation sociale à Anvers.

Plus de 80% de notre groupe-cible vit en Belgique sans autorisation de séjour et sans accès au système de soins de santé classique. L’objectif de notre travail est de garantir l’accès aux soins pour tous. Chaque patient passe donc d’abord par la consultation sociale: à chaque fois, toutes les possibilités d’ordre administratif et juridique sont étudiées. Dans le cas où un patient peut être rattaché à une mutualité ou dans le cas où il peut recevoir une garantie du CPAS, il sera référé vers un médecin généraliste ou une maison médicale. Parfois, plusieurs consultations sociales sont nécessaires pour arriver à ce résultat.

Les assistants sociaux prêtent l’oreille aux besoins et questions des patients : aide alimentaire, logement, sport, cours de néerlandais, comment se rendre utile, et même le bien-être psychique. Les assistants sociaux sont ceux qui ont le plus souvent contact avec les patients, qui identifient et mesurent leurs besoins. Ce sont également eux qui plaident le plus pour leur bien-être global. Il est évident que nos patients vont beaucoup moins bien que les Belges en général.

// Le service médical En 2012, notre service médical a reçu 733 patients, en 1.691 consultations. 57% des patients ne sont venus qu’une fois (contre 64% l’année passée), 37% sont venus de 2 à 5 fois. 6% sont venus de 6 à 31 fois en 2012.

Absence de procédure de demande d’autorisation de séjour. Besoins médicaux imprécis. e patient est en mesure de de voyager vers le pays L d’origine. Manque de preuves de résidence à Anvers. Pour les personnes sans abri, il n’est pas toujours facile de prouver leur résidence effective à Anvers. Les patients vivant ci et là n’obtiennent que difficilement des preuves de leur situation financière, de leurs dettes etc…Ceci est source de tensions et c’est pourquoi nos patients se retrouvent finalement dans la rue. Si une visite de vérification de domiciliation a lieu et que le domicilié est absent, les services sociaux concluent rapidement à une “absence de collaboration”; Cette expression est un peu “fourre-tout” : il est difficile de savoir ce qu’elle inclut précisément. Pour bien des personnes, la charge de preuves est trop importante. Nous remarquons qu’il est rare que le CPAS accorde le bénéfice du doute à nos patients. Ainsi, nos services sociaux doivent souvent négocier avec nos patients, et surtout avec les collaborateurs du CPAS.

Les soins ont été dispensés par 14 médecins bénévoles, dont la plupart sont des généralistes. Chacun d’entre eux a fait au moins deux séances de consultations par semaine, au COZO. Ils ont reçu des patients parlant une autre langue, venant avec beaucoup de plaintes et de problèmes psychologiques. Parce que la majorité des patients n’ont pas de papiers, le médecin doit accomplir un important travail administratif, afin de leur permettre un accès aux soins. Les consultations sont donc longues et intenses : chaque bloc de consultations ne peut recevoir qu’un nombre limité de patients.

© Dries Van Luyten


34

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers Les soins médicaux au sein du COZO sont des soins de première ligne. Pour des soins complémentaires, les médecins doivent donc référer leurs patients.

Les consultations peuvent être divisées en plusieurs catégories : Consultations libres: les lundis matin et jeudis après-midi. En 2013, nous souhaitons réfomer ces consultations, de manière à accueillir plus de patients.

405 références à partir de 320 consultations médicales

Les infirmier(e)s agencent également les cabinets de consultation de manière à ce que les médecins bénévoles retrouvent facilement le matériel; ils rangent la pharmacie et s’occupent de la stérilisation du matériel.

Consultations infirmier(e)s

// Le service psychosocial

96 84

48

le médecin est supervisé par quelques psychiatres. Au total, 19 malades psychiques chroniques ont pu être accueillis dans 71 consultations au sein de ce projet.

50

42

35

31 14 3

0

2

e e n n M ns es ue les ins ss tio tio air Md so me ...) eus ica triq se en on ina ur éd év exa phie, fecti lm hia ros eà cc o r / c u g m a n p p y r p v ts ra in s s e e ns de de ée int tes og s dio up so ed ivi ts ch die riv Ra tre rai ntr eo on Su en , é la /p en ur qu ati Ce i é t fér toire t ma C o t f g i n n D ora Tes ie np olo sa Or tio de ych (lab sa ps es ari l u n u q o ég bli ati rr pu ult ou ns es Co np tur o c i u tat Str ien Or

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Au

Consultations sur RdV:   // Pour ceux qui n’ont pas pu être reçus à la consultation libre du jeudi après-midi.   // Pour les patients atteints de maladies chroniques : tous les mercredis après-midi, c’est le même médecin qui se charge de la consultation, ce qui permet d’assurer un suivi correct de ce type de patients.   // P our les patients référés par nos partenaires sociaux : les mardis après-midi. Consultations pour le suivi et la remise de résultats d’examens : un mardi matin par mois. Consultations dans le cadre du Plan Hiver : pendant l’hiver, les personnes sans abri référées par nos collègues médecins du Plan Hiver pouvaient voir un médecin bénévole, le mardi après-midi.

Parmi les maladies et affections diagnostiquées pendant les consultations, arrivent en première place les maladies psychologiques (14,6%), les problèmes gastroentérologiques (12,3%), les pathologies du système loco-moteur (12,2%) : toutes ces maladies sont étroitement liées au stress. Les femmes enceintes n’ayant pas accès aux soins sont un groupe particulièrement vulnérable parmi les patients. Pour l’accompagnement prénatal, nous les orientons vers des postes de soutien prénataux, ce qui a pour conséquence qu’elles sont sous-représentées dans nos chiffres. Les grossesses, accouchements et le planning familial constituent 7,6% de nos consultations. Les patients qui ont des problèmes dentaires ne sont pas représentés dans les chiffres. Dès l’Accueil, ces patients sont référés vers un dentiste, s’ils en ont les moyens financiers.

Consultations - diabétiques : un médecin bénévole et un “éducateur-diabète” tenaient une consultation mensuelle pour les patients diabétiques ayant besoin d’un suivi plus poussé. Le volet prévention est primordial : il s’agit principalement de conseils en nutrition et en activité physique. Au total, l’équipe «diabète» a vu 17 patients, en 34 consultations. Chaque consultation dure en moyenne une heure. Au total, le diabète a été diagnostiqué 127 fois. Les débriefings sont l’occasion de décider si les patients sont destinés à aller à la consultation «spécialistes».

Remplir ou compléter les fiches médicales   // Vaccination, statut allergologique, anamnèse médicale et obstétrique, dépendance…   // Calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Examens préventifs et éventuels référencements (Tuberculose, MST, frottis du col de l’utérus, mammographie…). Préparer la fiche de consultation pour le médecin (transcription des données du patient). Mesures  : pression artérielle, (chez les adultes), poids (si besoin), température (si le patient se sent fiévreux), glycémie (auprès des patients diabétiques).

Afin d’optimaliser les soins pour les personnes ayant des problèmes psychiques, un ‘trajet’ psychosocial a été développé au sein du COZO. Pour les patients référés vers l’équipe de psychiatres lors du débriefing multidisciplinaire, une assistante sociale est chargée d’avoir un entretien approfondi avec eux, en amont de leur prise en charge. En 2012, 94 patients ont été dirigés vers le service psychologique. 20 patients qui y participaient déjà en 2011 ont été repris en 2012. Au total, 114 patients ont été inscrits auprès de ce service. 77 patients ont bénéficié d’un entretien psychosocial, 6 ont bénéficié d’une aide psychologique d’urgence, 21 étaient injoignables ou ne souhaitaient finalement plus être acompagnés. Enfin, 10 demandes ont été basculées vers 2013. 100 patients ont été suivis psycho-socialement (77 entretiens pour 80 patients suivis et 20 patients de 2011).

Notifier au médecin toute remarque complémentaire. Administrer les injections. Expliciter certains régimes (ex: diabète), …

Grâce à un travail intensif, plus de 40% de ces dossiers ont pu être référés vers des instances médicales, de prise en charge psychologique et sociale. Presque 10% des patients ont pu être référés vers une aide psychologique, mais n’ont pas bénéficié de l’accès aux soins de santé (refus de la garantie dans le cadre de l’Aide Médicale Urgente). 10% ont eu accès aux soins de santé, mais n’ont pu être référés psychologiquement; 10% ne demandaient plus d’aide psychologique ou avaient quitté Anvers/ la Belgique. La combinaison d’une prise en charge multidisciplinaire et le secret professionnel partagé constituent une importante valeur ajoutée de notre fonctionnement. Ceci demande un investissement important de temps, mais il en ressort que le patient a toutes les chances de profiter d’une aide émanant de différents services.

Pour les patients ayant besoin d’un suivi psychiatrique, il existe également des consultations mensuelles. Ces consultations sont soigneusement préparées par les collaborateurs des services psychologique, social et médical du COZO. Grâce au Centre pour la santé mentale 2 Vagga,

2

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Les infirmier(e)s sont présent(e)s lors des consultations ouvertes. Ils/elles ont les tâches suivantes :

Belgisch Instituut voor Psychotraumatologie en EMDR © Dries Van Luyten


36

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers // Le service psychologique

accompagnait dans les différents services et pouvait ainsi impliquer l’ensemble du réseau entourant les patients au sein du processus d’accompagnement.

En 2012, 60 patients ont bénéficié d’un accompagnement psychologique au COZO. Nos psychologues bénévoles ont fait 449 consultations. Le COZO dispose d’un service psychologique bien organisé, constitué de 8 psychologues, psychothérapeutes et d’infirmier(e)s en psychiatrie bénévoles. Cette équipe s’est spécialisée dans le traitement de patients atteints de stress post-traumatique chronique, souvent combiné avec un syndrome de dépression.

La langue commune était l’anglais. En 2013, nous organisons d’autres groupes de paroles, dans d’autres langues. Les objectifs sont multiples :

Lancement du programme “Trauma & Exil” : lors dune journée d’étude du BIPE 3 (Institut belge de la psycho­ traumatologie), en mars, des informations furent données sur notre travail et nos groupes-cibles. Lors de cette journée, des psychologues et psychothérapeutes ont également été formés à notre méthodologie. Un réseau de bénévoles accueillant des patients de Médecins du Monde dans leurs propres cabinets, a pris forme, en janvier 2013, dès la première réunion.

A Anvers, le nombre de patients ayant des problèmes de santé psychologique reste élevé. Le référencement vers le système de soins classique reste difficile, à cause des longues listes d’attente et du manque d’interprètes. C’est pourquoi la demande est toujours plus forte que l’offre. Afin de répondre à cette problématique, nous travaillons de la façon suivante :

Brainstorming  : toutes les six semaines, les bénévoles se réunissent avec le responsable du service psychologique. L’objectif est de former et soutenir les bénévoles dans le travail, envers les bénéficiaires de Médecins du Monde.

// Créer des liens entre les patients et leur offrir l’opportunité d”élargir leur réseau. // Dégager du temps pendant lequel les patients oublient leur condition de “victime”, de “réfugié” ou de “malade”, mais sont simplement des être humains ayant différents rôles dans le vivre-ensemble. // Faire de ce moment un espace privilégié pour partager des histoires vécues avec d’autres personnes, pour que les patients voient qu’ils ne sont pas seuls. Les participants étaient très contents de ce groupe de parole et se réjouissent de la poursuite du projet en 2013.

// La prévention Trajet court  : les objectifs sont l’évaluation psychologique, la stabilisation et le référencement. L’ensemble du processus doit comprendre, au maximum, 5 entretiens. Le premier entretien est consacré à établir la confiance, à fixer les objectifs et à évaluer les possibilités de référencement. Au cours des 2 entretiens suivants, les plaintes et les priorités du patient sont identifiées. A la lumière de ces priorités, différentes étapes sont fixées (psycho-éducation, exercices stabilisants, travail sur la base des forces du patient, …), sans jamais perdre de vue le référencement. Lors du dernier entretien, le focus est mis sur le référencement, sa mise en pratique et la passation. Accompagnement psychologique : beaucoup de patients sont trop instables et trop épuisés pour être orientés rapidement. Le travail de stabilisation et de renforcement demande d’aller en profondeur. Il faut du temps pour cela. L’accompagnement de longue durée va dans ce sens. I nfirmière psychiatrique : en 2012, nous avons travaillé pour la première fois avec une infirmière psychiatrique ‘outreach’. Cette infirmière faisait des visites à domicile,

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Courir et se promener :   Tous les lundis soir, les personnes qui fréquentent le COZO ont la possibilité d’aller se promener ou de courir au parc. Deux accompagnants s’assurent que chaque patient marche ou court à son rythme. Ce projet réunit un groupe constitué de15 personnes. Les températures hivernales en découragent plus d’un. Tous les participants sont des patients du COZO et viennent tant pour des raisons médicales (obésité, diabète, hypertension…), que pour des raisons psychologiques et sociales (solitude, stress, dépression, ennui…). Cette sortie est l’occasion de papoter, de rire… et de transpirer ! Après l’effort, les étirements et la douche dans un centre de fitness proche, il est possible de poursuivre les discussions autour d’un verre. Groupe de parole :   En 2012, nous nous sommes réunis avec un groupe de 8 patients pour parler du stress.

3

Belgisch Instituut voor Psychotraumatologie en EMDR

Denise, participante au groupe de parole “Stress”

“J’ai passé une excellente soirée, j’ai rencontré des personnes très intéressantes et j’ai beaucoup appris. Mais surtout, savoir qu’il y a des gens autour de moi qui se font du souci et veulent m’aider me soulage déjà énormément. Merci Médecins du Monde !”

Café de la santé “Sweet&Healthy”   Du projet «diabète» est sorti une idée : organiser une session d’information mensuelle, le samedi après-midi, pour nos patients diabétiques, hypertendus, et obèses. Les discussions préparatoires ont débuté en 2012. Le premier “Café de la santé” a eu lieu en février 2013.

© Gérard Talpaert, Horizon photographie


38

CHAPITRE 3

Les activités de Médecins du Monde à Anvers // Soins spécialisés pour les patients vulnérables, en collaboration avec les hôpitaux GZA4 Grâce au Fond des GZA, une collaboration avec ces hôpitaux a vu le jour. Avec les médiateurs socioadministratifs (SAB) 5, une procédure de référencement a été mise en place.

1 // Spécialistes bénévoles En 2012, une trentaine de spécialistes ont démarré le projet. Grâce à leur engagement, différentes spécialités sont accessibles pour notre goupe-cible : anesthésie, imagerie, cardiologie, cardiologie pédiatrique, endocrinologie, gynécologie, gynécologie-fertilité, périnatologie, néphrologie, gynécooncologie, anatomie, pédiatrie, pneumologie et urologie.

Six des patients référés ne sont pas venus à leur RdV : un patient était décédé, un patient a annulé et les quatre autres n’ont pas donné de leurs nouvelles. Après qu’une famille n’ait pas honoré 3 RdV chez le pédiatre, nous étions dans l’obligation de faire intervenir un assistant social pour emmener les enfants chez le médecin. La procédure de référencement a connu des difficultés à ses débuts; la collaboration entre le COZO et les médiateurs socio-administratifs du SAB est toujours plus fluide. A l’hôpital, les patients n’ont rencontré aucune, voire peu de difficulté(s) pratique(s). Dans le courant de 2013, Médecins du Monde mettra en place une collaboration avec des maisons médicales, afin de faciliter également le référencement de leurs patients.

“Ce qui m’a marquée en 2012, c’est la collaboration grandissante entre les divers organismes et instances du secteur de la santé à Anvers ! Cela a vraiment amélioré l’accès aux soins des gens les plus vulnérables. Je pense surtout aux sans-abris, aux femmes enceintes et aux patients qui ont eu besoin de soins spécialisés.”    Kathleen Debruyne, Coordinatrice du COZO

2 // Référencements en 2012 En 2012, le COZO a référé 34 patients vers des spécialistes. La procédure de référencement est mise en place entre le service social du COZO et le médiateur socioadministratif de l’hôpital GZA. Grâce à cette procédure, seuls les patients n’ayant pas accès aux soins et ayant besoin d’un examen spécialiste peuvent accéder à ce projet. La procédure prévoit également l’accompagnement des patients à la consultation «spécialistes». Références vers spécialistes hôpitaux GZA 12 10 8 6 4 2 0

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Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

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4 5

GZA : GasthuisZusters Antwerpen Sociaal Administratief Bemiddelaar

© Fréderic Pauwels


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CHAPITRE 4

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles Consultations pour les personnes sans abri // Consultation médicale au SAMU social (rue des Petits Remparts) Les consultations de Médecins du Monde se déroulent dans les locaux du SAMU social : un lieu d’accueil, de mise à l’abri d’urgence, de repos et de travail psychosocial pour les personnes sans domicile fixe. Les médecins généralistes bénévoles de Médecins du Monde sont présents en moyenne 3 à 4 soirs par semaine, durant toute l’année. Le nombre de consultations sur ce site a fortement diminué cette année (576 consultations par an). Deux explications peuvent être données pour justifier cette diminution : ’engagement par le SAMU social d’un médecin L deux jours par semaine. e peu de mouvement de population lors des dispositifs L hivernaux fait aussi diminuer les chiffres de consultations. La majorité des patients rencontrés ont une mutuelle (52,63%) et viennent de Belgique (63,2%). 40% de la patientèle est constituée de femmes. Les médecins bénévoles peuvent référer en cas de pathologies chroniques et de manque d’accès aux soins au Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation et à la consultation «spécialistes».

Durant les mois les plus froids, Médecins du Monde renforce ses services en offrant chaque soir des consultations. © Frédéric Pauwels Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

// Plan Hiver Bruxelles 1 // Les consultations Les consultations ont été organisées tous les soirs sur 2 des sites d’hébergement de nuit du Samu Social (les plus importants en nombre de places), rue Royale 139 (environ 300 places) et Chaussée de Charleroi 60 (environ 400 places). Compte tenu des vagues de froid prolongées, le Plan Hiver a été opérationnel durant 5 mois, du 15 novembre 2012 au 15 avril 2013. 217 bénévoles (dont 25 médecins et 65 infirmiers) ont permis de réaliser des consultations médicales et paramédicales dans les deux sites, 7 jours sur 7.

7

jours sur

217

7

Tous les soirs

6.945

bénévoles consultations %

111

Au cours des 5 mois, il y a eu 6.945 consultations, ce qui représente une augmentation de 111 % par rapport à l’année précédente. Il s’agit de 1.720 patients, dont 194 femmes. 28 % des patients avaient une carte d’identité belge, alors que 40 % étaient sans autorisation de séjour.


42

Manque d’hygiène

CHAPITRE 4

Violence

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles

Assuétudes

Le projet a également connu des limites dans les grandes structures : certains patients médicalement très vulnérables (patients psychiatriques, toxicomanes) ont eu des problèmes de comportement non compatibles avec la gestion de ces grands centres, et ils en ont été exclus. Le projet n’a pas pu les trouver et les soigner après leur exclusion.

Accès à un médecin généraliste attitré? 94,5

80%

69,3

60% 40%

51,5

48,5 37,7

20%

5,5 0 OUI Patients plan hiver

NON Patients plan hiver avec CI belge

Josiane, 46 ans, belge

“Je loge ici au Samu social depuis 3 ans et de temps en temps je vais passer la nuit chez mon fils. Je suis venue me faire soigner chez Médecins du Monde car je n’ai presque plus d’argent et comme je touche l’argent du CPAS seulement le 27 du mois, je ne peux aller chercher mes médicaments qu’à partir de cette date. Je trouve qu’il y a beaucoup d’abus sur les médicaments, ils sont trop chers pour les personnes qui n’ont pas les moyens.”

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

© Fréderic Pauwels

© Fréderic Pauwels

Population belge

La plupart des patients avaient entre 20 et 50 ans. Les pathologies les plus fréquentes sont les maladies respiratoires et de la peau, suivies par les problèmes ostéo-articulaires. Cette année, les soignants ont constaté beaucoup de plaies importantes et passé beaucoup de temps à la réfection de pansements.

Rue

Solitude Grand froid Hiver

Parmi tous les patients rencontrés, 50 % n’avaient aucune prise en charge ou ne connaissaient pas leur couverture médicale, et seuls 27% avaient une couverture mutuelle (qui n’était d’ailleurs pas toujours en ordre). Finalement, 30 % avaient un médecin généraliste (contre 95% de la population belge).

100%

Exclusion

2 // L es activités complémentaires de jour Pour assurer la continuité des soins, le projet “Plan Hiver médical” a renforcé l’organisation de références vers d’autres structures médicales. D’une part, grâce à la collaboration avec les structures médicales partenaires : FARES (Fonds des Affections Respiratoires) pour les suspicions de tuberculose ; La Fontaine pour les suspicions de gale ; Maisons Médicales Botanique, Atlas et Enseignement qui ont accepté de recevoir gratuitement des patients du Plan Hiver. D’autre part, en orientant les patients qui ont besoin d’un suivi à long terme, de l’avis d’un spécialiste, d’un examen de laboratoire ou d’imagerie, vers le CASO ou vers les consultations des spécialistes de Médecins du Monde (organisées à la Polyclinique Baron Lambert). Ainsi, les patients ont pu accéder aux soins de santé de deuxième ligne : la continuité des soins était assurée. Afin de mieux soutenir les patients dans leurs démarches de soins, un système d’accompagnement de jour a été mis en place : les patients sont accompagnés par des bénévoles

jusqu’à leurs rendez-vous médicaux ou pour des procédures administratives. 331 patients ont été référés durant le Plan Hiver et 92 accompagnements aux rendez-vous ont pu être réalisés. En collaboration avec le FARES, une campagne de dépistage de la tuberculose a eu lieu dans les deux sites (radiographie du thorax). 287 personnes ont été dépistées, dont 14 résultats radiologiques qui ont nécessité des examens complémentaires, voire des traitements. 3 // Limites Le nombre élevé de consultations cette année a nécessité d’agrandir les équipes sur le site de la Chaussée de Charleroi. Certains patients étaient agités et énervés, ce qui a parfois créé des situations tendues. Par conséquent, le projet a renforcé les équipes et créé une nouvelle fonction d’écoutant mobile, les “Papillons”, disponibles pour écouter et pour parler avec les bénéficiaires.

De manière générale, les conséquences de l’absence d’accès aux soins, ainsi que le manque d’hygiène et le mode de vie éprouvant, étaient évidentes dans les pathologies que le projet a relevées lors des consultations. Nos bénévoles ont témoigné de la dégradation de la santé physique et mentale des personnes vivant dans la rue - la solitude, l’exposition à la violence, les assuétudes. Le projet a vu aussi les obstacles auxquels nos patients sont confrontés pour accéder aux soins dans les établissements hospitaliers, en raison de leur statut précaire de personnes sans abri. Le projet a réalisé un accrochage médical avec une partie de cette population à Bruxelles, et cela a été temporairement une solution pour ces patients, mais les besoins en soins de santé ne diminuent pas avec la fin de l’hiver.

Anne, infirmière bénévole

“C’est ma première expérience ici. Ce qui m’a le plus marqué, c’est que l’un des seuls contacts que la plupart des sans-abris ont avec un médecin ou une infirmière, c’est ici, pendant le Plan Hiver. Sauf pour certains cas graves, où ils arrivent encore à aller aux urgences à Saint Pierre. Je me souviens d’une personne qui m’a dit “ce que vous faites est génial, je vous remercie, mais qu’est-ce que l’on fait quand c’est fini ?” Et là, qu’est-ce que l’on répond ? Pendant l’été, ils ne voient personne…”


44

CHAPITRE 4

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles Centre d’Accueil de Soins et d’Orientation : accès effectif aux soins pour les personnes qui en sont exclues

La région d’origine des patients qui se présentent au CASO reste similaire d’année en année. CASO Bruxelles Europe

En 2012, le nombre de consultations effectuées par les équipes psycho-médico-sociales a continué d’augmenter (+ 20%). Malgré cela, 1.283 réorientations directes (40% des personnes se présentant au CASO) ont malheureusement été comptabilisées, faute de places pour accueillir toutes les demandes de soins. Un total de près de 3.900 contacts a été établi par l’équipe d’accueillants du CASO. Nous avons poursuivi une collaboration très fructueuse avec les gardiens de la paix de la commune de 1000 Bruxelles. En effet, les divers soucis de sécurité rencontrés en 2011 nous ont forcés à être créatifs en termes de collaboration avec les services de proximité. Ces agents communaux, qui ont pour mission d’accroître le sentiment de sécurité des citoyens, sont présents devant nos locaux de consultations ½ heure avant l’ouverture, par équipe de 2, et dialoguent avec les patients qui attendent d’être reçus. Leur présence assure un calme certain. Nous avons également renforcé notre dispositif d’interprétariat : nous considérons qu’il s’agit d’une dimension qui fait partie intégrante de la consultation. Ceci a été rendu possible grâce à une nouvelle collaboration entre le CASO et l’hôpital Brugmann via un programme Internet -“MOOVI”- dans le cadre du projet de médiateurs interculturels des hôpitaux, à l’initiative du SPF Santé Publique. Cette initiative permet de faire appel à une très large panoplie de médiateurs de différents hôpitaux belges et ainsi d’optimaliser notre service d’interprétariat offert aux patients et de mieux répondre à leur demande. Le Setis BXL (Service de traduction et d’interprétariat en milieu social) continue également de nous distribuer un subside de 1000 euros par an pour les interprètes.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Apatride UE hors Belgique

44% Maghreb

9%

Accès aux soins pour les patients du CASO Bruxelles

A une couverture mutuelle Prise en charge par CPAS Réquisitoire Fédasil Carte mutuelle Européenne Autre assurance privée

0%

11%

Asie

3% 3%

92% Aucune prise en charge

Moyen et Proche Orient

27% Afrique Sub Saharienne Notre objectif est resté le même : rendre l’accès aux soins effectif, c’est-à-dire s’assurer que la personne sera reçue par un médecin et recevra un traitement adéquat. Nos consultations se sont réparties comme suit : 5.943 consultations multidisciplinaires en 2012 au CASO pour les personnes exclues des soins 2918

3000

2646 2000

1000

379 0 Consultations médicales

Consultations sociales

Consultations psychologiques

Dans 272 cas, le patient n’a pas bénéficié d’une consultation médicale ou psychologique au CASO car l’assistante sociale a pu trouver une solution, notamment dans le réseau de soins, en tenant compte de la situation administrative de la personne.

De tous les projets de Médecins du Monde en Belgique, c’est le CASO qui comptabilise le plus fort pourcentage de patients sans aucune prise en charge de leur santé au moment où ils se présentent aux consultations. Cette année encore, nous constatons toujours des difficultés, des dégradations ainsi qu’une complexification des procédures pour bénéficier de l’Aide Médicale Urgente dans certains CPAS. Voici une liste, non exhaustive, de certains problèmes auxquels notre service social est confronté, qui empêchent un accès aux soins effectif :

ertains CPAS atteignent des délais de traitement de C la demande d’aide médicale hors des limites légales. Le lieu de résidence. En effet, bon nombre des personnes logent “à droite à gauche” et les CPAS bruxellois se renvoient la balle pour l’octroi d’une aide médicale. La question du sans-abrisme et la compétence territoriale restent un véritable problème. Ce critère de résidence pour un public qui a justement de moins en moins accès à une résidence stable devient un problème récurrent. Le non octroi de l’Aide Médicale Urgente aux familles qui résident sur le territoire de la commune de 1000 Bruxelles. Comme le montre notre récolte de données annuelles, nos patients ont des statuts administratifs qui favorisent les difficultés de l’obtention de l’accès aux soins. 63% des personnes interrogées ont repondu avoir rencontré des problèmes pour avoir accès aux soins et 28% n’ont pas essayé. Les deux raisons principales sont : Mauvaise connaissance du système et de leurs droits. Soins trop chers. Le système belge est en effet extrêmement complexe au niveau administratif.

e recours à un traducteur n’est pas systématique. L L’accessibilité des assistants sociaux par téléphone reste compliquée. Le fonctionnement “à l’acte” pour la délivrance des documents permettant de se soigner (consultation médicale, intervention spécifique, …) reste de mise dans certains CPAS. La question de la preuve d’identité devient prépondérante et motive des refus d’acter la demande, avant même d’approfondir la situation sociale de la personne. Les personnes bénéficiant d’une aide financière du CPAS et qui hébergent une personne en situation irrégulière sont considérées comme “co-habitantes” et voient leur aide financière diminuée. La solidarité des compatriotes et de membres de la famille est utilisée pour justifier le refus d’une Aide Médicale Urgente.

© Fréderic Pauwels


46

CHAPITRE 4

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles Profil des patients du CASO

Cette fonction permet d’assurer une référence effective et de s’adapter au mieux aux besoins et difficultés du patient, afin que ce dernier obtienne un accès aux soins.

CASO Bruxelles 2012 Perception de l’état de santé général

PROJET CASO À BRUXELLES EN 2012 1.518 patients vulnérables soignés

48

50%

40

40%

40

Notre volet ‘psy’ garde également toute sa pertinence auprès d’une population en si grande précarité, tant sociale que médicale et psychologique.

600

30% 500

18

20%

400 300

10%

200

0

9

Patients CASO

0 <

s an 10

<

s an 20

Hommes

<

s an 30

<

s an 40

<

s an 50

<

s an 60

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s an 70

<

s an 80

+

6

6

5

0 TRES BON

100

17

BON

MOYEN

MAUVAIS

TRES MAUVAIS

Population belge > 14 ans

s an 80

Femmes

Le nombre d’enfants âgés de moins de 10 ans a plus que doublé en 2012. D’une part, l’exclusion des soins pour les familles en séjour irrégulier résidant sur le territoire du CPAS de 1000 Bruxelles, a fait que bon nombre d’entre elles ont été prises en charge médicalement par Médecins du Monde. D’autre part, la collaboration accrue avec les autres projets de Médecins du Monde a augmenté le nombre de références de familles vers le CASO (projet “Roms”, consultation “Avec Elles”, familles hébergées au Samu social). Nous avons également donné la priorité, lors de l’ouverture de nos consultations, aux familles avec des enfants en bas âge. 1.379 patients sont venus pour la première fois au CASO en consultation médicale. Les hommes restent majoritaires : 67 % pour 33 % de femmes ; la majorité des personnes (73 %) a entre 20 et 50 ans. 60 % des patients qui se sont présentés au CASO n’avaient pas connaissance de leur problème de santé avant leur migration (cet indicateur montre entre autres que le phénomène de migration médicale est fortement exagéré). Rappelons que 92 % de nos patients ne bénéficient d’aucune prise en charge médicale en arrivant au CASO ! Or, au vu de l’état de santé de nos patients et des données ci-dessous, il est plus que recommandable qu’ils aient accès aux soins.

Pathologies médicales Les pathologies généralement rencontrées lors des consultations médicales du CASO sont globalement similaires à celles d’un cabinet de médecine générale, avec une prédominance des affections liées au stress et au mode de vie en précarité (affections du système digestif 15,5%, ostéo-articulaires 13,9%, respiratoires 13,8%, cardio-vasculaires 11,5%, dermatologiques 8,9% et psychologiques 5,7%).

En 2012, 379 consultations psychologiques ont été effectuées pour 142 patients. 123 consultations ont nécessité la collaboration d’un service d’interprétariat. Les rendez-vous honorés par les patients sont de 75,2%. Les psychologues reçoivent les patients en moyenne pour 2,5 séances. L’objectif de référencement dans le réseau de soins en santé mentale est atteint. Les lieux de référencement sont les suivants : Service de Santé Mentale spécialiste sur les questions d’exil

41,7%

Service de Santé Mentale généraliste

25,0%

Suivi psychiatrique en ambulatoire

16,7%

Une série d’activités a été menée en parallèle de nos consultations // Renforcement de la ligne de soins des projets bruxellois de Médecins du Monde Références accrues des patients pris en charge dans les différents projets de Médecins du Monde en région bruxelloise vers le CASO, pour l’ouverture de leur accès aux soins et leur suivi médical, si l’accès n’est pas possible immédiatement (SOS accueil, SAMU social, consultations ‘Avec Elles’, projet ‘Roms’). // Réflexions sur la saturation des consultations du CASO et le degré d’accessibilité pour les patients vulnérables 2013 sera l’année du changement de l’accès à nos consultations sociales. Celles-ci seront accessibles aux personnes qui seront passées par nos consultations médicales et orientées en seconde ligne sur base de différents critères établis (pathologies chroniques, familles, troubles en santé mentale, …). Avec ce nouveau système, nous espérons accueillir plus de patients et répondre aux besoins d’accès aux soins des personnes les plus vulnérables. // Contacts externes

En 2012, le référencement de nos patients en situation précaire vers les hôpitaux est devenu de plus en plus difficile. Les médecins du CASO doivent justifier leur référence à l’aide de lettres, devis, … et défendre les dossiers de patients pour lesquels il est évident qu’une prise en charge hospitalière spécialisée est nécessaire.

éseau ‘Santé mentale en exil’ : conceptualisation et R élaboration de la formation pour les intervenants travaillant avec des personnes en exil. 4 modules d’1 journée chacun. Le CASO donnera le module sur l’accès aux soins. articipation et animation d’un colloque, avec BIPE 1 et P Fédasil : ‘Trauma et Exil’ (169 participants). L’objectif était double : organiser une journée d’étude sur le trauma des patients en exil et construire un réseau de soignants prêts à inclure des patients sans accès aux soins gratuitement dans leurs consultations.

Nous notons également une rupture dans la chaîne de soins pour les patients atteints d’affections hépatiques ou du VIH. En effet, une fois le diagnostic établi, des personnes sans accès aux soins sont renvoyées vers le CASO pour leur suivi. Notre consultation généraliste n’a cependant ni l’expertise, ni les moyens pour de telles prises en charge.

articipation à la rédaction d’un trimestriel du CIRE, P ‘Santé et Migration : la Belgique, hôpital du monde ?’ Migrations Magazine - CIRE.

Une cinquantaine d’accompagnements des patients les plus précarisés dans les lieux de référence (CPAS, hôpital,…) ont été réalisés par des bénévoles du CASO. 1

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

© Fréderic Pauwels

BIPE : Belgisch Instituut voor Psychotraumatologie


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CHAPITRE 4

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles articipation à une enquête du Réseau de Financement P Alternatif pour documenter le lien entre exclusion financière et exclusion sociale. ’équipe du CASO a maintenu sa présence stratégique L dans différents groupes de concertation et de lobby : Comité Belge d’Aide aux Réfugiés (CBAR), Comité de vigilance (rédaction d’un argumentaire à destination des travailleurs sociaux), Coordination sociale du CPAS de Schaerbeek (relevé des problématiques d’accès aux soins), Medimmigrant (problématique du CPAS de 1000 Bruxelles), le CIRE, les FCSS - Fédérations des Centres de Service Social (dysfonctionnements des CPAS), Pigment (visibilité des problèmes d’accès aux soins et travail de plaidoyer pour obtenir des améliorations de l’AMU, non accès aux soins des familles résidant sur le territoire de 1000 BXL). es présences ponctuelles lors de colloques et tables D rondes ont pu être assurées afin de mettre en avant notre expertise en matière d’accès aux soins de santé pour un public précarisé. outien au réseau extérieur (possibilités de références S directes, explication des droits…) par le service social du CASO : pour répondre à la saturation de nos consultations et à l’orientation parfois inutile de certains patients dans nos services, tous les appels émanant de services extérieurs passent dorénavant par le service social.

// Sensibilisation, formation à l’accès aux soins L’équipe pluridisciplinaire du CASO a animé 11 séances de formation sur l’accès aux soins de santé : équipe médicosociale du Petit-Château (+/- 120 participants); Convivial; CASS 1030, Fédération des Maisons Médicales; au CASO pour différents acteurs néerlandophones du réseau (2 séances) et francophones (2 séances); Maison Médicale Horizon, LINK asbl et enfin pour les travailleurs du Plan Hiver de MdM.

// Etude des références au CASO // Actions juridiques En 2012, 14 recours individuels contre le CPAS de 1000 BXL ont été soutenus par notre avocate, contre leur pratique de refus systématique de l’AMU pour des familles en séjour irrégulier. Le CPAS de 1000 Bruxelles refuse toujours d’accepter les demandes d’AMU des familles avec enfants mineurs en séjour irrégulier, renvoyant la compétence à Fedasil dans le cadre de l’Arrêté Royal de 2004 sur l’aide matérielle.

// Nouveaux européens

oordination sociale de Laeken : rencontre avec C des travailleurs afin qu’ils affinent leur lobbying concernant le refus d’accès aux soins des familles en séjour irrégulier qui résident sur le territoire 1000 BXL, pour la présentation de leur plan global, juste avant les élections communales.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Un étudiant en santé publique a démarré au sein du CASO son travail de fin d’études intitulé “Etude des références sociales et médicales des patients du CASO vers les autres services”. Un travail d’enquête quantitative et qualitative a été entrepris auprès des patients lors des consultations pour mesurer le taux d’effectivité des références dans le circuit de soins classiques des patients qui quittent le CASO. Les résultats sont attendus pour 2013. // Formations

Les accompagnements au CPAS se sont donc renforcés, les premiers recours au Tribunal ont été introduits par les patients. Le CASO s’est vu devenir médecin généraliste pour un public non prévu initialement (ce qui ne fait que saturer davantage nos consultations). Nous espérons toujours une amélioration de la situation en 2013.

// Plaidoyer émorandum “Aide Médicale Urgente” : demande d’une M simplification du fonctionnement de l’AMU au niveau de la Région bruxelloise.

Les exigences du CPAS en matière d’orientation vers la commune pour des personnes qui n’entrent pas dans les conditions de séjour ont augmenté, et parallèlement, l’AMU pour des personnes européennes en séjour irrégulier tend à se complexifier. Notre service social a renforcé le suivi de ces dossiers, car obtenir un accès aux soins pour des personnes qui en ont besoin est devenu très complexe.

Les CPAS appliquent de manière disparate la législation en matière d’accès aux soins pour les Européens. N’ayant que peu de moyens pour vérifier l’existence d’une couverture médicale des patients dans leurs pays d’origines, les CPAS partent généralement du principe que c’est le cas et se servent de cet argument pour refuser la prise en charge des frais médicaux en Belgique. Certains CPAS, comme celui de St-Gilles, nous ont fait part d’une augmentation des demandes pour les ressortissants de Roumanie, Bulgarie et Pologne.

Nous maintenons une attention particulière à la formation du personnel. Cette année encore, diverses formations ont été suivies : par la mutualité chrétienne, sur l’accès aux soins des ressortissants européens ; formation en relaxothérapie pour le staff du CASO; formation pour les médecins par une psychiatre sur les traitements à prescrire ; formation juridique sur les Mineurs Etrangers Non Accompagnés (MENA) Roms ; Soins de santé pour les européens, …

Sergueï, roumain, 58 ans

“J’ai 7 enfants qui vivent dans d’autres pays. Un de mes fils vit en Belgique avec 2 de mes petites-filles. Pour le moment, je vis chez quelqu’un qui accepte de me loger. Je tends la main pour vivre, nous partageons ce que nous avons. Cela fait 11 ans que je n’ai pas de travail. Je passe 15 heures par jour dehors…

Je suis poli, je dis bonjour aux gens. Le patron du magasin près duquel je m’installe me connaît, la police aussi, personne ne m’embête. Je suis vite essoufflé à cause d’un problème cardiaque. Depuis un an, je souffre d’une paralysie et d’un problème de foie. Je suis passé par les Urgences de l’Hôpital Saint-Pierre où je suis resté 12 jours après avoir subi une opération. Mon médecin de famille m’a dit que si j’arrêtais de me soigner durant 4 jours, ce serait mortel. Je suis donc très attentif à mon alimentation et je prends régulièrement mes médicaments.”

“Avec Elles” En 2012, Médecins du Monde a réalisé un diagnostic communautaire, © Mercedes Hottat de manière à mieux cerner et comprendre les besoins sanitaires des femmes en situation précaire à Bruxelles. Des entretiens qualitatifs ont été réalisés avec différents groupes de femmes à risque (notamment des travailleuses clandestines ; des femmes victimes de violences sexuelles ; des primo-arrivantes ; etc.). Des responsables d’asbl bruxelloises dans le domaine de la santé et de la précarité des femmes ont également été interrogés afin d’établir une cartographie des activités existantes.

// Besoins identifiés lors de ces entretiens Parmi les femmes rencontrées (travailleuses clandestines, femmes sans revenus et parfois sans logement, femmes sans papiers, etc) la plupart ne font rien concernant leur santé sexuelle et reproductive, qu’elles soient jeunes ou plus âgées, de différentes origines (Maghrébines, Belges, Sud hispanophones, d’Europe de l’Est,


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CHAPITRE 4

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles des Philippines, de Chine, etc) ; bien souvent elles n’ont jamais été chez un gynécologue ou n’y ont plus été depuis qu’elles ont donné naissance.

Elles ne savent pas vers qui se tourner ni où aller. Ces femmes ont peur des enquêtes du CPAS, qui leur permettraient d’avoir accès à l’AMU. Souvent, elles ne maitrisent pas suffisamment l’une des langues nationales pour s’exprimer aisément et accorder leur confiance au système de soins, etc. Elles renoncent à leurs propres soins pour des raisons financières. Du côté des bénéficiaires, il existe clairement un manque d’information et d’accès aux services de santé de base, mais également aux soins de santé des femmes. Du côté de l’offre, elles nous disent que la complexité de l’organisation du système de santé en Belgique entrave leur accès aux soins ainsi que celui de leurs enfants. Assez vite, chaque acte de soin est segmenté et l’accès à ces services n’est pas aisé. Lors des entretiens, les femmes ont exprimé de nombreuses demandes : a majorité d’entre elles (jeunes et plus âgées) demandent L à recevoir plus d’informations sur la santé des femmes (y compris la prévention) et les démarches sur l’accès aux soins à Bruxelles. ertaines femmes qui avancent en âge aimeraient C avoir accès à des mammographies, des tests de dépistages de cancers et à des consultations de gynécologie s’attardant sur des complications liées à leur âge. ien souvent, pour les femmes en âge de procréer, les B moyens de contraception constituent une préoccupation majeure et souvent un tabou culturel au sein de leur couple ou de leur famille. La grossesse ne ressort pas comme étant une

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

préoccupation majeure : il semblerait que les femmes enceintes savent où se rendre et qu’elles soient rapidement prises en charge. Toutefois, la peur de s’y rendre seules ou de ne pas savoir comment y aller a été évoquée. es sujets des violences sexuelles et de l’avortement L ont également été mentionnés : “où aller ?”. e prix, la langue et les horaires de consultations L médicales sont également ressortis comme étant des barrières pour l’accès aux soins de ces femmes. Suite à l’analyse de ces besoins, un nouveau projet, “Avec Elles” est né, s’adressant aux femmes en situation de précarité sur le territoire de Bruxelles et plus spécifiquement: aux femmes sans moyens / revenus /  logement ; aux primo-arrivantes ; aux victimes de violences; aux femmes sans papiers ; aux femmes des communautés Roms ; aux travailleuses clandestines et aux enfants de ces femmes. Le travail de préparation des différentes activités du projet a débuté fin de l’année 2012, notamment :

// “Parle avec Elle” ou des activités d’écoute et de réorientation des femmes bénéficiaires d’aide matérielle de l’asbl NASCI 2 L’équipe de bénévoles a été renforcée par une 5ème écoutante, sage-femme de formation, ce qui amène les bénéficiaires à parler plus facilement de leurs problèmes médicaux. Les temps d’écoute et de parole ont toujours lieu le mardi et jeudi, pendant que les femmes inscrites font la file pour recevoir du matériel tel que des vêtements, poussettes, produits d’hygiène, jouets etc. En attendant leur tour, les bénévoles les approchent pour établir un contact afin de leur donner la possibilité de parler de leur quotidien ou des difficultés qu’elles affrontent. Le jeudi après-midi, toute femme ayant des enfants, inscrite ou non chez Nasci peut participer au “Mama’s groupe” : prendre un thé et se retrouver autour d’une grande table pour parler et partager leurs expériences entre elles ou avec une écoutante. De janvier à décembre, 292 contacts avec des femmes bénéficiaires de Nasci ont été réalisés. Les situations vécues par les femmes chez Nasci sont souvent complexes et multiples :

Recrutement et formations de 4 accompagnantes bénévoles

ituations relationnelles : une situation familiale difficile S comme parent seul. Les femmes se retrouvent isolées, dépressives, le père ou le mari est absent ou violent, un mariage forcé ou une belle-famille omniprésente pèse sur le couple.

ecrutement et encadrement de l’équipe de promoteurs R de la santé bénévole, construction des guides pédagogiques pour les séances de promotion de la santé, recherche de matériel d’éducation à la santé, etc.

ituations médicales : la grossesse n’est pas suivie ; S la femme manque d’informations sur la contraception ; les violences envers les femmes ; des tabous et convictions erronées liés à la sexualité et à la reproduction ; le manque de suivi post-natal, les difficultés d’allaitement, etc…

éfinition du protocole médical pour la consultation de D santé-femmes, commande de médicaments, etc. ise en place des consultations de santé-femmes M (avec une gynécologue et une assistante sociale) pour les femmes sans abri du Plan Hiver et pour les femmes rencontrées lors de l’enquête sur les familles Roms vivant à Bruxelles.

ituations psycho-sociales : une faible estime de soi, S un manque de réseau social.

2

Le projet se consolidera durant l’année 2013.

“ Parle avec Elle” est uniquement actif au sein de l’asbl Nasci (centre de l’aide à l’Enfant), Rue d’Anethan 4 à 1030 Bruxelles, (www.nascivzw.be). Cette association vient en aide aux femmes enceintes, aux mères et à leurs enfants, vivant dans des conditions difficiles, pour une période bien déterminée. A part l’offre d’une aide matérielle (matériel pour nouveau-nés, jouets pour enfants, etc.) Nasci tente de subvenir aux besoins psychosociaux en offrant un accompagnement social, des activités éducatives en groupe, etc.

ituations socio-économiques / problèmes de logement : S sans papiers, elles sont vulnérables et victimes de propriétaires malhonnêtes ; si elles cohabitent avec des amies et leurs familles, elles risquent de se retrouver dans la rue du jour au lendemain ; par manque de moyens et ne pouvant plus payer le loyer, elles sont menacées d’expulsion ; trouver un logement pour une famille nombreuse relève de l’impossible avec le budget dont elles disposent. eur situation irrégulière : elles vivent sans statut, sans L accès au travail ; elles ont peur de se faire arrêter, d’être incapables de retrouver leurs enfants restés au pays.

Teresa, 30 ans, Espagnole

“Je viens d’Espagne où mon mari et moi vivions depuis plusieurs années avec nos deux enfants. Suite à la perte de nos emplois, nous avons régulièrement déménagé en Espagne. En Belgique non plus, on ne trouve pas de travail. Je suis enceinte. C’est un accident, mais je veux garder le bébé malgré la charge supplémentaire.”

// Enquête sur l’accès aux soins et la vaccination auprès des familles Roms vivant à BXL De juin à fin novembre 2012, MDM-B a réalisé une enquête sur l’accès aux soins de santé et sur la vaccination des enfants auprès des populations d’origine rom vivant à Bruxelles. Cf. chapitre 7.1 Enquête parmi les familles Roms vivant à Bruxelles. Durant les mois de l’enquête, nous avons également offert la possibilité aux femmes rencontrées, à leurs enfants et aux familles sans accès aux soins, de venir se faire soigner chez MDM. Une cinquantaine de personnes a ainsi bénéficié de ces consultations sociales, médicales et parfois psychologiques.


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CHAPITRE 4

Activités de Médecins du Monde à Bruxelles De plus, en octobre et novembre, nous avons effectué 2 rattrapages vaccinaux en collaboration avec l’ONE 3 pour 15 enfants dans le squat de l’ULB. Nous avons également travaillé avec une équipe de 2 assistants sociaux bénévoles sur l’accès aux soins de ces familles. Le suivi et l’accompagnement de ces familles européennes en grande précarité nécessitent du temps et des ressources : les démarches qu’elles doivent effectuer sont très complexes. De plus, de nombreuses familles d’origine slovaque se retrouvent dans des situations de logement très instables (squat, hall de gare, voire dans un tunnel), avec des expulsions fréquentes de la part des autorités communales ou publiques; ce qui ne facilite pas leur suivi…

Marie-Bénédicte, 39 ans, sénégalaise

“Cela fait un an que je suis en Belgique. Avant, j’étais en Espagne, mais il n’y avait pas de travail. Là-bas, j’avais une carte de séjour de 5 ans. Ici en Belgique, je suis dans une situation difficile car je n’ai pas de papiers. La première fois que j’ai eu besoin de voir un médecin, c’est lorsque je suis tombée enceinte. On m’a dit d’aller chez Médecins du Monde. Je reviens me faire contrôler car on m’a fait une césarienne et ça me fait mal : je ne peux pas payer les consultations à l’hôpital Saint-Pierre. Mon bébé ne bénéficie pas des soins de santé gratuits car il doit avoir 12 ans sur le territoire Belge pour avoir les papiers. C’est difficile, il faut toujours avoir des documents pour se faire soigner.”

3

ONE : Office National de l’Enfance

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012


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CHAPITRE 5

La Louvière Dans un premier temps, le projet a pour objectif d’appuyer le Relais Santé en y apportant un volet de consultation de médecine générale. L’horaire de la consultation, la gratuité et la localisation stratégique en plein centre-ville permettent de garantir son accessibilité. Cette consultation est conçue comme un dépannage dans l’urgence pour un public déstructuré par la précarité, et non comme un circuit alternatif se substituant aux médecins généralistes de la région du centre. Le volet curatif s’accompagne d’un dépannage minimal en médicaments (pharmacie de dépannage). Ce volet “médecine générale” comporte un volet curatif mais aussi préventif, indispensable pour les personnes en situation précaire. Ce volet préventif s’axera principalement sur les messages suivants : Accès aux soins et ouverture/ récupération des droits. Couverture vaccinale pour les enfants. Dépistage VIH. Dépistage TBC. Ce projet a débuté mi-octobre 2012.

Avez-vous un médecin généraliste attitré? 94,5%

100

60 40 20

11,8%

5,5%

0

OUI Patients La Louvière

© Frédéric Pauwels Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

NON Population belge

On voit relativement plus de femmes (41%) en consultation au Relais Santé de la Louvière que dans les autres projets. Trois de ces femmes étaient enceintes, mais leur grossesse n’était pas suivie, jusqu’à la consultation MdM. Pour Médecins du Monde, ce projet est précieux car il permet une présence dans les trois régions du pays et permet aussi de s’implanter dans une ville moyenne où les problématiques de précarité sont fortement différentes. Le partenariat avec le CPAS ainsi qu’avec les acteurs de première ligne de la Ville de La Louvière constitue une bonne pratique à développer dans d’autres villes.

Nos médecins bénévoles ont effectué 30 consultations lors de cette courte période d’activités en 2012, et 17 personnes en situation précaire ont été soignées. La grande majorité était des personnes sans abri belges.

En 2012, 29% de nos patients étaient des femmes, contre 22% en 2011. Une augmentation inquiétante.

88,2%

80

Malgré le fait que la plupart des Belges avaient une mutuelle, une minorité avait un médecin attitré ou se rendait dans une maison médicale. Cela montre une fois de plus que les personnes sans domicile fixe, même en ayant une carte SIS, rencontrent des problèmes pour accéder aux soins de première ligne.

© Viviane Joakim


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CHAPITRE 6

Plaidoyer et étude Livre vert sur l’accès aux soins de santé L’objectif du livre vert est d’inventorier de manière générale les problématiques d’accès aux soins de santé en Belgique, via des témoignages d’organisations de terrain. Il s’agit d’un projet réalisé à l’initiative de l’Inami et assisté par un comité d’accompagnement. Des tables rondes seront ensuite organisées. Elles rassembleront les acteurs de terrain et les acteurs classiques de santé. Ce livre vert comprendra trois grands chapitres : n chapitre sur la population exclue du système U d’assurance obligatoire. Il s’agit essentiellement de personnes en séjour irrégulier, de demandeurs d’asile et de Belges n’étant plus en ordre de mutualité. n chapitre sur des populations spécifiques et ayant U des besoins de santé particuliers, tels que les usagers de drogues, les personnes sans abri, les prostituées, les personnes âgées, etc. Ce chapitre se composera des contributions de plusieurs associations/ institutions tels que le Samu social, la Fedito, l’ONE, etc. Il sera étayé de plusieurs témoignages de patients et de professionnels de santé. ne revue critique des mécanismes existants, écrite par U les mutualités. Pour le moment, nous avons identifié une trentaine de contributeurs pour les différents chapitres du Livre Vert. La finalisation du Livre Vert est prévue pour le mois de septembre 2013.

Nos consultations sont conçues comme un dépannage dans l’urgence pour les personnes vulnérables : nous ne remplaçons pas les systèmes classiques de soin. © Dries Van Luyten Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Dieudonné, Benin, 30 ans

“J’ai une carte mutuelle de l’Italie mais quand je suis arrivé, j’ai dû aller à la mutuelle, ici en Belgique. Ils m’ont donné un papier avec lequel je vais à l’hôpital. Mais cette carte a une durée de validité et elle a expiré. Il faut que je retourne en Italie pour pouvoir réactiver l’assurance. Pour l’instant je n’ai donc plus de mutuelle et mes consultations chez les médecins ou à l’hôpital ne sont pas remboursées. Je suis venu ici chez Médecins du Monde car je sens que mon cœur va mal. J’ai fait une recherche sur Internet pour voir où je peux voir un médecin sans payer.”

Plaidoyer à Anvers : accès aux soins pour les femmes enceintes vulnérables Bien que la maternité en toute sécurité soit une priorité mondiale, nous constatons qu’en Belgique, toutes les femmes enceintes n’ont pas accès aux soins dont elles ont besoin. L’accès à des soins prénataux doit pourtant être une évidence. Nos chiffres indiquent que plus de 2/3 de la cinquantaine de femmes enceintes reçues dans nos consultations en 2011, à Anvers, n’avaient pas de couverture médicale ou autre assurance maladie. Par conséquent, les soins pré-nataux, obstétricaux et post-nataux coûtaient une certaine somme. Sans garantie d’être remboursées, les femmes vulnérables repoussent ou se passent de soins prénataux. 56% des femmes enceintes que nous avons vues en 2012 dans nos consultations de Bruxelles et d’Anvers ont débuté leur suivi après 12 semaines de grossesse.


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CHAPITRE 6

Plaidoyer et étude Enquête parmi les bénéficiaires du Plan Hiver (Bruxelles) : situation santé mentale / addiction 1

Même les soins pendant l’accouchement sont réduits au strict minimum médical (elles se passent par exemple de péridurale…) ; six heures après l’accouchement, elles doivent quitter l’hôpital afin de réduire les coûts au maximum (et plus tard, les dettes…). La plateforme ‘femmes enceintes vulnérables’ a été mise en place en 2011 : il s’agit d’une initiative spontanée de plusieurs organisations - dont Médecins du Monde et de plusieurs acteurs de santé individuels à Anvers, tous concernés par cette problématique. En effet, tous les professionnels de santé de la plateforme ont déjà reçu dans leurs consultations des femmes enceintes n’ayant aucune couverture médicale ou garantie de remboursement d’un CPAS ou d’une autre instance. Ceci avait pour conséquence qu’elles n’avaient pas accès aux soins pré-nataux, obstétricaux et post-nataux, ainsi qu’aux soins pendant l’accouchement. En tant que professionnels de la santé, nous estimons que cette situation est inacceptable : la prévention de la fragilité infantile commence dans l’utérus. La plateforme “femmes enceintes vulnérables” est politiquement neutre et oeuvre à des soins et un suivi de qualité, accessibles financièrement, pour toutes les femmes enceintes résidant à Anvers, ainsi que pour les groupes les plus vulnérables. Avec la nouvelle équipe du CPAS d’Anvers, la discussion a pu reprendre de façon constructive. Le 15 avril 2013, des représentants de la plateforme “femmes enceintes vulnérables” se sont réunis avec le président du CPAS et des membres du Conseil du CPAS afin de discuter autour de cette problématique.

// Objectif de l’enquête L’objectif général était de mieux connaître les réalités et problématiques du public sans domicile fixe qui fréquente nos consultations dans le cadre du dispositif hivernal à Bruxelles et à Anvers.

e questionnaire ASSIST (Alcohol, Smoking and Substance L Involvement Screening Test), conçu et validé par l’OMS. ’enquête nationale de santé belge (partie GHQ-12) L pour le bien-être émotionnel.

// Description de l’échantillon

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

51% n’ont pas vu un(e) ami(e) la semaine précédente.

// Résultats préliminaires principaux

Avez-vous vu un(e) ami(e) dans la semaine précédente? Enquête Plan Hiver 2012 / 2013

Accès aux soins : 6% des bénéficiaires du Plan Hiver - Bruxelles ont renoncé 3 aux soins pour eux-mêmes au cours des 12 derniers mois.

49% Oui

0% se sont vu refuser des soins dans une structure 3 de santé au cours des 12 derniers mois, principalement par absence de couverture médicale et/ou parce que la personne ne pouvait pas payer les soins. 3% des répondants déclarent avoir rencontré des 4 obstacles pour accéder aux soins.

Des entretiens oraux se sont tenus sur la base d’un questionnaire fermé, composé de questions validées par différentes enquêtes internationales :

Cette étude fera l’objet d’un rapport exhaustif suite à notre analyse du Plan Hiver

2% vivent seuls (sans partenaire ou famille) et 47% 7 ont de la famille en Belgique.

15 bénéficiaires du Plan Hiver - Anvers 2.

L’enquête s’est déroulée entre décembre 2012 et mars 2013, lors des consultations MdM au sein des deux centres d’hébergement de nuit (rue Royale et ch. de Charleroi) à Bruxelles et au centre d’hébergement Victor à Anvers. Les seuls critères d’inclusion étaient 1. parler français ou anglais et 2. accepter et être en état de répondre aux questions.

1

4% des patients considèrent leur état de santé comme 7 mauvais, tandis que pour la population belge moyenne, ce pourcentage s’élève seulement à 23%.

44 bénéficiaires du Plan Hiver - Bruxelles : 126 hommes 1 et 17 femmes, entre 18 et 66 ans, de différentes nationalités (38% Belges, 31% des pays du Maghreb…).

// Méthodologie

’enquête du réseau MdM International pour l’accès L aux soins.

Bien-être émotionnel :

Notre échantillon de l’enquête est composé de :

’accès aux soins et au logement des bénéficiaires du L Plan Hiver.

eur consommation de substances psychotropiques, L avec une attention particulière pour la problématique des benzodiazépines.

n dehors du Plan Hiver, 23% des patients interrogés E ne savaient pas où aller pour leurs soins médicaux ; 27% allaient voir un médecin généraliste et 21% vont directement consulter aux urgences ou voir d’autres médecins dans des hôpitaux.

L’encodage et l’analyse des données se sont faits avec les logiciels STATA et Excel.

Plus spécifiquement, cette enquête visait à documenter :

Leur santé subjective et leur bien-être émotionnel.

1% ont renoncé à des soins de santé pour eux-mêmes 5 ou leur famille au cours des 12 derniers mois, à cause des difficultés d’accès aux soins rencontrées.

’analyse des données d’Anvers n’était pas encore effectuée au moment de L la publication du rapport.

51%

0% ont répondu positivement à la question 7 “Vous êtes-vous senti(e) constamment tendu(e) ou stressé(e)” au cours des dernières semaines? 3

es barrières les plus souvent citées sont : L (1) administratives (pas de couverture médicale) (19%) ; (2) financières (17%) ; (3) mauvaise expérience du système de santé (8%)… 2

Non

5% des répondants déclarent s’être sentis “malheureux 5 et déprimés” au cours des dernières semaines. 3

tre sans accès aux soins de santé s’associe significativement Ê à “se sentir stressé” (OR= 3.36 (1.33 à 8.5)) et aussi “à se sentir déprimé” (OR= 2.46 (1.09 à 5.55)).


60

CHAPITRE 6

Plaidoyer et étude our 53% des répondants, une intervention médicoP sociale pour faire face à leur consommation d’alcool, cannabis, calmants, cocaïne ou opiacés, est nécessaire (à base du score ASSIST).

Bien-être émotionnel Enquête Plan Hiver 2012 / 2013 70%

69%

70 60 50

55%

40 30 20 10 0

19%

22% 16%

12%

Consommation de produits addictifs Enquête Plan Hiver 2012 / 2013 auprès de 144 bénéficiaires 70

Troubles de concentration Patients plan hiver

Troubles du sommeil

Stress

Dépression

Population belge

Consommation de produits psychotropes : 3% de tous les patients interrogés considèrent 3 avoir une consommation problématique. tabac, dont 7% plutôt des fumeurs occasionnels. % des patients ont consommé des opiacés au cours 8 des 3 derniers mois et 12% de la cocaïne. 34% consomment de l’alcool tous les jours. 21% consomment des benzodiazépines chaque jour : en premier lieu surtout des molécules différentes (31%), suivi par du diazepam (23%), du zolpidem (14%), et du lorazepam (11%)… 0% se procurent les comprimés de benzodiazépines 7 chez un médecin, 21% chez un dealer et 9% chez un ami ou une connaissance.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

élection aléatoire de femmes suivies/connues par l’asbl S ‘Le Foyer’. Le questionnaire est composé de questions fermées, validées par différentes enquêtes internationales :

60

40

15%

0

11%

5%

Tabac

Alcool

Hebdomadairement

Cannabis

L’enquête DHS 4 pour les indicateurs de SSR.

21%

11%

20

’enquête du réseau MdM International pour l’accès L aux soins.

’accès aux soins de Santé Sexuelle et Reproductive L (soins pré- et postnataux, planification familiale…) parmi les femmes Roms.

34%

50

10

3% déclarent avoir eu des problèmes de concentration 4 au cours des dernières semaines.

emmes vivants dans 3 squats dont on avait F connaissance (squat ULB, rue de la concorde et Gésu).

Cette enquête visait à documenter : L’accès aux soins des femmes Roms et de leurs enfants.

63%

30

69% ont manqué de sommeil à cause de leurs soucis.

La sélection des femmes s’est faite de 2 manières différentes :

// Objectif de l’enquête

34% des répondants expriment souhaiter une aide.

43%

Enquête parmi les familles Roms vivant à Bruxelles

3%

4%

1%

2%

Cocaïne

Calmants

a couverture vaccinale et la scolarisation parmi leurs L enfants, jusqu’à 14 ans.

’enquête de l’Observatoire de Santé à Bruxelles pour L la couverture vaccinale.

Opiacés

Chaque jour

Monsieur Ahmed , 35 ans, Palestinien

“La première fois que j’ai vu un médecin, c’était au centre Fédasil, car j’avais un souci aux dents. Depuis je remercie Dieu, je n’ai pas vu de médecins jusqu’à aujourd’hui, où je suis venu chez Médecins du Monde. C’est un ami qui m’a dit de venir ici, que je ne devrai rien payer. Je ne connais pas la carte médicale, c’est la première fois que j’en entends parler ici, mais l’assistante sociale m’a dit qu’il fallait une adresse. En fait, j’habite chez quelqu’un qui ne voudra pas que je donne son adresse. C’est difficile de se faire soigner. Quand on est malade et que l’on n’a pas les moyens d’aller voir un médecin on va acheter un médicament en pharmacie pour calmer un peu la douleur.”

Ces données permettent également d’alimenter le plaidoyer international de Médecins du Monde.

Les questionnaires ont été administrés par 3 enquêteurs de Médecins du Monde, avec l’aide d’une médiatrice interculturelle, de l’asbl “le Foyer” et de traductrices indépendantes. L’enquête de terrain s’est déroulée du 11 juin au 20 novembre 2012.

// Partenaires de l’enquête niversité Libre de Bruxelles (ULB), (départements santé U publique et médecine) : 2 étudiants de médecine ont aidé à encoder et analyser des données sur la vaccination et la santé des femmes. L’asbl “le Foyer”.

// Méthodologie

L’encodage et l’analyse des données ont été réalisés avec les logiciels STATA et Excel.

// Description de l’échantillon Notre échantillon de l’enquête est composé de 52 femmes et de 120 enfants :

Il s’agit d’une enquête quantitative auprès des femmes - qui s’auto déclaraient appartenir à la communauté Rom et acceptaient de participer à l’enquête - âgées de 15 à 49 ans et de leurs enfants, jusque 14 ans.

7 femmes de nationalités roumaine et bulgare, suivies 3 par l’asbl “le Foyer”, ainsi que leurs enfants. 5 femmes slovaques vivant dans des logements très 1 précaires (3 squats), ainsi que leurs enfants.

4

DHS : Democratic and Health Surveys


62

CHAPITRE 6

Plaidoyer et étude // Résultats préliminaires principaux 1 // Accès aux soins 6% des femmes Roms et leurs enfants n’avaient 4 aucune couverture médicale au moment de l’enquête. 5% des femmes déclaraient avoir rencontré des 6 obstacles pour accéder aux soins. Les barrières les plus souvent citées sont : (1) financières (31%) ; (2) administratives (26%) ; (3) linguistiques (24%) ; (4) mauvaise expérience vécue (5%)… 1% ont renoncé à des soins de santé pour elles-mêmes 5 ou leurs familles au cours des 12 derniers mois, en raison des difficultés rencontrées pour accéder aux soins. 6% des femmes ont été confrontées à un refus 2 de soins de la part du prestataire en Belgique.

2 // Indicateurs de Santé Sexuelle et Reproductive Toutes les femmes, à l’exception d’une jeune fille de 15 ans, ont déjà donné naissance à des enfants (dont 1 femme de 16 ans et 2 femmes de 17 ans). n moyenne, elles ont donné naissance à 3,86 enfants E (min. 1 et max. 12 enfants). 2% des femmes ont bénéficié de soins prénataux durant 9 leur dernière grossesse, mais pour 31% d’entre elles, ce suivi prénatal a commencé tardivement (après 3 mois de grossesse). eulement 49% des femmes ont bénéficié d’une S consultation postnatale après leur dernier accouchement.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

femmes étaient enceintes au moment de l’enquête 3 et 1 femme projetait de tomber enceinte prochainement.

Couverture vaccinale Enquête MdM enfants Rom 2012

armi les autres 48 femmes interrogées qui ne désiraient P plus avoir d’enfants ou qui en voulaient plus tard, seulement 46% utilisaient une méthode de planification familiale au moment de l’enquête.

60

u moment de l’enquête, le préservatif masculin A ressortait comme étant la méthode de contraception la plus populaire (30%), suivie du stérilet /DIU (26%) et des implants (13%). I l est surprenant qu’aucune femme n’ait utilisé la pilule durant les dernières années alors que 26% d’entre elles avaient déjà utilisé le condom féminin dans leur vie.

3 // Scolarisation et couverture vaccinale La grande majorité (86%) des enfants âgés de 6 à 11 ans ainsi que 83% des enfants âgés de 12 et 14 ans allaient à l’école au moment de l’enquête.

Madame Irma, 39 ans, Slovaquie

57,5%

50 40 30 20,8%

20 13,3% 10

5,8%

2,5% 0 Documents et vaccination à jour

Documents et vaccination incomplète

Pas de documents et vaccination complète déclarée

Pas de documents et vaccination incomplète

Pas de documents et pas de vaccination déclarée

Pour les enfants dont le calendrier vaccinal était incomplet ou non confirmé, 98% des mamans ont dit aux enquêteurs qu’elles accepteraient de faire vacciner leur(s) enfant(s). ais 50% des mères ne savaient pas où se rendre pour M faire vacciner leur(s) enfant(s)…

32% des enfants ont déjà eu la rougeole. 4% ou 41 enfants avaient un document de vaccination 3 que nos enquêteurs ont pu consulter sur place. Pour seulement 39% de ces enfants, nos enquêteurs jugeaient que le calendrier était à jour. L’ONE était le vaccinateur le plus souvent cité. our les 79 enfants qui n’ont pas de document de P vaccination consultable, 4% ont déclaré avoir été vaccinés contre toutes les maladies du calendrier vaccinal ; 87%, contre quelques maladies et 9% ne pouvaient citer aucun vaccin. Pour l’ensemble des 120 enfants, seulement 13% de ceux-ci étaient tout à fait à jour dans le calendrier vaccinal.

© Frédéric Pauwels

“En Slovaquie, on a détruit les habitations illégales. J’ai 6 enfants, le dernier est né ici. Je vivais à la gare du Nord et j’ai accouché à l’Hôpital Saint Jean. L’interprète m’a accompagnée pour chercher l’extrait de naissance de l’enfant qui est né. C’est Julie, l’assistante sociale du SAMU qui m’a accompagnée jusqu’ici, au CASO. On doit demander une attestation du SAMU social pour que le CPAS délivre une carte médicale. C’est plus difficile, je pense, de délivrer la carte pour les ressortissants européens, car quand on est slovaque, on a le droit de travailler ici, donc on considère que l’on est assuré.”


64

CONCLUSIONs ET RECOMMANDATIONS Plaidoyer pour un accès aux soins des plus vulnérables en Belgique

La dernière enquête de santé nationale montre par contre que 94,5% de la population belge a un médecin généraliste attitré. Le paradoxe est mis en évidence : les personnes les plus vulnérables au sein de nos sociétés ont le plus de mal à avoir un accès aux soins.

La Belgique est considérée comme un pays où la protection sociale est bonne. Durant l’année 2012, les consultations de Médecins du Monde ont explosé

Nous pouvons classer les obstacles à l’accès aux soins de trois manières.

(+ 34%).

Barrières administratives et “systémiques” : cela concerne aussi bien les personnes couvertes par des systèmes de protection subsidiaires, c’est-à-dire hors de l’assurance obligatoire : Aide Médicale Urgente - pour les personnes en séjour irrégulier ; Réquisitoires Fedasil - pour les demandeurs d’asile…

Tout au long de l’année, nos équipes ont rencontré des personnes, qui, pour de multiples raisons, renoncent ou post-posent des soins… De manière générale, la complexité de l’ensemble du système freine l’accès aux soins de premier recours des populations précaires, les conduisant souvent à un véritable parcours du combattant : procédures administratives compliquées, identification des interlocuteurs adéquats dans le système hospitalier ou dans les services de première ligne, sans parler des difficultés liées à la langue… Ainsi, les médecins généralistes avouent eux-mêmes se sentir peu outillés pour soigner ces populations précaires (souvent hors couverture de santé) de manière adéquate. Les barrières administratives sont énormes et ne garantissent pas un accès effectif pour ces patients, qui doivent en plus faire face à d’autres barrières (culturelles, sociales…) : cela empêche une prise en charge normale de certaines pathologies qui s’aggravent et peuvent même engendrer un risque pour la santé publique (par exemple : comment soigner une syphilis si la procédure d’ouverture des droits prend un mois ?).

31,6%

Nos chiffres montrent que des personnes fréquentant les lieux d’hébergements d’urgence ont un médecin généraliste attitré.

Cet hiver, le nombre de patients sans abri soignés a augmenté de 58%. Une augmentation qui soulève beaucoup d’inquiétudes… © Frédéric Pauwels Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

1

e coût de l’AMU ne représente que 0,1% du budget de la santé en L Belgique. Pour Médecins du Monde, il faut donc simplifier au plus vite les pratiques administratives car l’enjeu financier n’est pas énorme et les procédures administratives sont des barrières à l’accès plutôt que de véritables outils de contrôle. Pour le moment, en Belgique, il existe 180 CPAS, donc… 180 pratiques différentes !

Barrières endogènes à la personne (culture, langue,…). Barrières liées à l’offre de soins de première ligne accessible et appropriée pour ce public.

// Recommandations pour lever les barrières administratives 1 // A court terme, Médecins du Monde demande : 1. Une plus grande harmonisation et simplification des pratiques des CPAS 1 pour les bénéficiaires de l’AMU. Des listes de bonnes pratiques existent (première consultation remboursée, carte médicale valable trois mois…) : il est temps de les concrétiser ! Le projet Mediprima 2 devrait être une étape qui va dans le bon sens, quant à l’harmonisation des pratiques. Ce projet implique un gain de temps administratif pour les CPAS.

2

rojet d’informatisation du volet “facture” de la procédure d’aide médicale P urgente impliquant la CAAMI comme organisme financier pour le contrôle des factures et pour le remboursement aux professionnels de santé et aux institutions de soins. Pour MdM, ce projet est pertinent en termes de contrôle des factures. En effet, ce sera un organisme habilité et compétent en matière de santé qui fera les contrôles.


66

CONCLUSIONs ET RECOMMANDATIONS Toutefois, Médecins du Monde craint le délai de mise en place de ce projet, pour la première ligne : il démarre avec les hôpitaux en 2013, mais l’inclusion de la première ligne n’est prévue que pour début 2015. Il va donc y avoir un double système durant une longue période, qui sera source de confusion pour les CPAS.

Cette fusion doit se faire dans le volet “remboursement” (prévu par Mediprima), mais aussi dans le volet “ouverture des droits” des patients. La Caisse Auxiliaire d’Assurance Maladie (CAAMI) pourrait être cet acteur. Cela permettrait d’avoir une véritable couverture médicale universelle non discriminatoire.

2. Pour les demandeurs d’asile résidant en centre, il faut une meilleure cohérence et transparence en termes de prise en charge médicale. De plus, nous demandons que le système garantisse autant que possible une continuité des soins (en cas de transfert de centre mais aussi quand la personne quitte le centre). Pour les demandeurs ne résidant pas en centre, nous demandons une simplification de la procédure, via l’installation d’une carte médicale pour les “no show”.

Recommandations pour lever les barrières liées aux personnes en situation précaire :

3. Pour les résidents belges, une simplification administrative (pour la ré-ouverture des droits mais aussi pour l’accès à certain statut : Omnio /…) doit aller de pair avec un accompagnement psycho-social adéquat. Médecins du Monde demande une plus grande concertation entre les CPAS et les mutuelles, afin qu’il y ait rapidement et systématiquement une récupération des droits.

5. La création, dans chaque grande ville, d’une (ou de plusieurs) structure(s) unique(s) de première ligne intégrée(s) où le migrant et les personnes exclues des soins pourraient bénéficier des Soins de Santé Primaire (la SSR incluse), avec des conditions d’accès nondiscriminantes et respectueuses. Cette structure devra être spécialisée dans l’insertion médicale intégrant un service social, un système d’interprètes / médiateurs interculturels et un mécanisme d’orientation.

Des cellules spécifiques “service social” pour les personnes sans abri pourraient être implémentées au sein des Mutualités et notamment dans les dispositifs hivernaux.

2 // A moyen terme, Médecins du Monde demande : 4. Pour les bénéficiaires des systèmes subsidiaires (AMU, Fedasil…), Médecins du Monde demande une fusion des systèmes “subsidiaires” au niveau d’une caisse fédérale et/ou régionale, qui suit les mêmes règles de remboursement et mécanismes de contrôle par l’INAMI. Cela permettrait d’enlever tout le caractère discriminatoire du système existant 3. Ce transfert permettra aussi de simplifier les procédures de remboursement pour les professionnels de santé. 3

iscrimination géographique pour les personnes en séjour irrégulier ayant D besoin d’une AMU : la prise en charge peut varier d’un CPAS à l’autre.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

// Médecins du Monde demande :

Ces structures se rapprochent des systèmes de “Relais Santé” en Wallonie, des Centres de Soins et d’Orientation de Médecins du Monde et des PASS (Permanence d’Accès aux Soins en France). Elles doivent toutefois également permettre la prise en charge des personnes, pendant un temps, avant l’ouverture de droits et/ou une possibilité de référence vers la médecine générale. Pour améliorer cette prise en charge des primo-arrivants, un service multidisciplinaire est nécessaire, avec un important volet prévention (par ex : dépistage de pathologies infectieuses…) ainsi qu’un service psychologique.

Ce type de lieu peut aussi avoir pour objectif de sensibiliser et informer les primo-arrivants sur le fonctionnement de l’offre de soins en Belgique (rôle du médecin généraliste / importance de la prévention /…).

Recommandations pour lever les barrières liées à l’offre de soins de première ligne

6. La mise à disposition de services d’interprètes et de médiateurs interculturels pour tous les professionnels de santé (services mobiles qui se déplacent dans les lieux de soins ou utilisation des technologies type “Skype” pour un accès à l’interprétariat) 4.

// Médecins du Monde demande :

7. L’implémentation de services de soins “pro-actifs” allant vers le patient. De plus en plus de personnes en grande précarité n’ont plus confiance dans les structures de soins classiques (sentiment souvent lié à une mauvaise expérience). Il faut donc augmenter l’offre de services de soins en dehors du cadre institutionnel. Cela peut se faire notamment en plaçant des professionnels de santé, des psychologues et des assistants sociaux dans des lieux de vie et de socialisation, afin de retisser un lien envers cette population. 8. La création et la multiplication de “nouveaux” métiers dans la ligne de soins, notamment pour le public en très grande précarité : des accompagnateurs psycho-sociaux, des travailleurs pairs (relais communautaires qui peuvent passer les messages de prévention et accompagner les personnes dans une recherche de solution) et des activateurs de réseaux (fonction qui permet d’activer et de créer des liens entre les différentes personnes et institutions qui prennent/prendront en charge la personne). Ces fonctions sont essentielles afin de garantir l’accrochage médical mais aussi la continuité des soins pour les personnes qui, pour diverses raisons, doivent être accompagnées dans leurs démarches de soins. 9. L’intégration systématique d’un volet santéprécarité dans la formation de base et dans la formation continue de médecine générale. Le professionnel de santé doit se sentir beaucoup plus à l’aise dans la prise en charge de ce public via notamment la connaissance des problèmes spécifiques de cette population. 4

I l serait intéressant de développer plus avant le projet ‘Moovi’, développé par le SPF Santé Publique, qui permet d’accéder à des médiateurs interculturels via skype.

1. Un renforcement de l’offre de soins de première ligne et un renforcement de l’offre de services de santé mentale, dans certains quartiers des grandes villes concentrant la majorité de la population en situation précaire. Cette offre de soins doit être multi-disciplinaire et doit prendre en charge la personne dans sa globalité. En Belgique, nous avons tendance à segmenter la santé. Par exemple, en termes de SSR, les femmes doivent aller dans 3 structures différentes afin d’être prises en charge : l’ONE pour un suivi pré- et postnatal / un planning familial pour des moyens de contraception / un médecin généraliste pour les autres pathologies. Cette “sur”-segmentation est clairement une barrière majeure à l’accès aux soins de SSR en Belgique. 2. Des politiques volontaristes afin d’aller vers les personnes, développer une palette d’offres en matière de prévention et de dépistage, dont les tests de dépistage rapide VIH, TBC et hépatite, à proximité des lieux de vie, ainsi que le maintien des structures de dépistage gratuit et anonyme qui sont une nécessité en matière de santé publique. Au niveau des maladies infectieuses (Tuberculose / HIV / Hépatite /…), leur taux d’incidence est plus élevé parmi le groupe de patients que nous voyons dans nos consultations.


68

CONCLUSIONs ET RECOMMANDATIONS 3. Des campagnes de prévention spécifiques et adaptées à un public de migrants doivent être mises en place, de manière systématique (par ex : programmes d’information et de sensibilisation - Diabète et femmes maghrébines). MdM demande AUSSI l’inclusion de la population en situation précaire dans les programmes existants. Par exemple : a mise en place de campagnes de vaccination contre L la grippe dans les centres d’hébergement d’urgence, pour les personnes sans abri. L’inclusion des personnes en séjour irrégulier dans les programmes de dépistage du cancer du sein, pour les femmes de 50 à 69 ans. Médecins du Monde demande qu’il existe en Belgique une réelle politique de santé publique qui privilégierait l’accès de tous, sans entrave, à une couverture maladie vraiment universelle. Un tel choix politique se justifie par des arguments juridiques 5, de santé publique 6 et économiques 7, mais aussi simplement par des arguments moraux et éthiques découlant de la pratique des professionnels de santé.

5

a Constitution belge déclare : “Chacun a le droit de mener une vie conforme L à la dignité humaine. A cette fin, la loi, le décret ou la règle (…) garantissent (…) les droits économiques, sociaux et culturels (…). Ces droits comprennent notamment (…) le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l’aide sociale, médicale et juridique” (article 23). Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels dit : “Les états parties (…) reconnaissent le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre” (article 12).

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

6

aciliter l’accès aux soins permet une prise en charge précoce et permet F un dépistage et une prise en charge des maladies infectieuses, ce qui a évidemment un impact sur la santé publique dans sa globalité.

7

n terme d’économie de la santé, il a été demontré que l’accès à la première E ligne est moins coûteuse qu’une prise en charge hospitalière.


70

REMERCIEMENTS En Belgique, l’accès aux soins effectifs et de qualité n’aurait pu être une réalité pour bon nombre des patients de Médecins du Monde, sans la précieuse collaboration de :

Nos bénévoles // Bruxelles PLAN HIVER Accueillant(e)s : Adriana Moreno Cely, Agnes Steyaert, Ann De Block, Aurelien Daragon, Benoit Demanet, Bernadette Schlit, Camille Dumont, Caroline Delori, Cindy Janssen, Claire Piens, Claudia Miranda de Ortuno, Clotilde Bruter, Collin Christopher, Daddy Kasongo, David Charlier, Elke Goossens, Ella De Crée, Elodie Jiménez, Enara Papiney, François Lehert, Geraldine Delestienne, Idir Oudaha, Jean-Michel Couvreur, Joan-Père Puig, Julie Bodson, Julie Lenain, Julie Nyembo, Julie Piantanida, Justine Maillot, Katrien Vervoort, Laura Ormini, Laurence Flament, Loïca Lambert, Lore Vandoorne, Louise Doyen, Lucila Farée, Macha De Ruyver, Maëlle Vercauteren Drubbel, Manon Muyle, Marie-Claire Defays, Marie-France Coquelet, Marthe De Krahe, May-Lis Bertin, Michel Tsumbu, Michèle Morren, Mukoko Tatanene, Myriam Rosseau, Nadia Khawaja, Naomi Devreese, Nathalie Dombard, Nathalie van Egten, Parvati Desrumaux, Patrizia Mollica, Philippe Bogard, Poupak Pirouzdjou, Pratima Frantzen, Robert Mambu, Roberta Mucci, Sarah Nezroug, Sandrine Lana, Sarah Van Hecke, Scoot Vdler, Susanna Matilla, Sylvie Balle, Thibaud Dezyn, Tia Ntshila Kabeya, Veerle Dierickx, Véronique Masson, Victoria Royston, Virginie Michel-Lesprit, Xavier Dubuisson, Zofia Zaniewski, Paul Niyongabo, Joelle Huys.

“C’est difficile de se faire soigner. Quand on est malade et que l’on n’a pas les moyens d’aller voir un médecin, on va acheter un médicament en pharmacie pour calmer un peu la douleur”        Monsieur Ahmed, palestinien © Frédéric Pauwels Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Infirmier(e)s : Agnès Bernard, Amandine Schaller, André Herry, Anne Van Looveren, Anne- Sophie Masureel, Axelle Franchomme, Barbara Vandermeeren, Barthélémy Christian Nama Ndongo, Béatrice De Jaer, Béatrice Lemercier, Béatrice Reininger, Bernadette Demanet, Brigitte Papeians, Caroline Amiel, Caroline Berghe, Catherine Convié, Cécile Mercier, Cécile Welter, Chantal Le Boulengé, Charlotte Verstraete, Claire De Passemar, Claire Dirick, Claire Heymans,

Claudine Wante-Nuttin, Chloé Debouvrie, Colette Charles, Elena Corongiu, Elizabeth Ceuterick, Els Buntinx, Emilia Agbor, Erika Wagner, Eva Van Doninck, Farah Marso, Franck Vanbiervliet, Françoise Peerboom, Geneviève Dereeper, Ingrid Amorison, Isabelle Robouch, Isabelle Verreckt, Jacqueline Duquaine, Laura Van Hooren, Leen De Feyter, Lieve Goemans, Lucy Edwards, Magali Noirfalise, Manon Gautreau, Marie Derenne, Marina Dujardin, Marion Guilleminot-Denizon, Marta Iscla i Aragones, Marta Miazek, Marta Nicolas, Myriam De Krahe, Nassiha Mahyo, Nathalia Hernando, Nizar Ghaddhab, Pascale Van de Steen, Patricia Silva Villarroel, Patrick Rossignol, Sarah Le Bihan, Sophie Baquet, Stéphanie Mathy, Thérèse Meurice, Véronique De Jamblinne, Véronique Bouttin, Virginie Dion, Walter Beckers, Wilfried Desrumaux, Yuri Feijtel. Médecins : Amandine Hester, Arabelle Ordonez Pellon, Aude Ansiaux, Caroline Devreese, Charlotte Pignon, Christiane Tennstedt, Claire Gheur, Emilie Dumontier, Florence Goenen, Guy Kervyn, Hugues Ceysens, Jean Marie Van Caster, Jean Paul Dercq, Laure Mortgat, Lou Richelle, Marco Lemmens, Michel Schaar, Michel Vermeulen, Michel Tafforeau, Michel Pratte, Mima de Flores, Nathanaëlle Caprace, Sabine Honhon, Saskia Depraetere. Accompagnant(e)s : Aaricia Boudart, Alessandra Alamo, Alice Hennaux, Aya Djoriot, Claudia Miranda Palacios, Corentin Lobet, Delphine Evrard, Elke Goossens, Hieu Nguyen Huu, Inès Chevalier, Isabelle Van Stappen, Julie Bodson, Laurie Khorchi, Mélanie Jocquet, Michel Bécart, Patricia Silva Villarroel, Samuel Gerson Andrisse, Shirley Evans, Virginie Michel-Lesprit. Encodeurs : Céline Huberty, Claudine Ntumba Tsana, Cristina Pollastro, Gaëlle Smedts. Enquêteurs : Adel Elgammal, Benoit Kervyn, Charlotte Marchal, Innocente Baharanyi Ngomora, Laurence Flament, Macarena Letelier, Marie Martin, Sylvie Guillard. Traducteurs Arabe : Chafik Bouchaar, Hassan Mjihdi, Mina Barisebboubi.


72

REMERCIEMENTS Coordinateurs : Sugumi Tanaka, Sylvie Paulmier, Tom Van Liefferinge.

Accueil : Bertin May-Lis, Kremer Marc, Verlaenen Denise, Lenoble Sophie, Verly Claudine, Engels Marc, Orban Micheline, Titeca Evelyne, Bahija.

Logisticien : Ismael Abba Malam Ali. Coordinateur : Verhoeven Etienne. CENTRE D’ACCUEIL DE SOINS ET D’ORIENTATION (CASO)

Infirmier(e)s : Ilse van Remortel; Katrien Veris, Thomas Dezuttere, Anjes Daems, An Lemmens, Daphne Witteveen, Els Bonet, Floor Mariën, Katrien De Geyter Lieve Kuylen, Louise Meyntjens, Marc Heymans, Nele Gunst, Peter van Rosendaal, Rein Mets, Stef Janssens, Nicky Bosmans, Eva Van Doninck, Rik Brabants, Miriam Manti, Gert Leysen.

MISSION AVEC ELLES

Médecins : Vandenbroucke Alexia, Arslanian Anelga, Gubin Baudry, Tennstedt Christiane, Ceysens Hugues, Tennstedt Françoise, De Wilde Harry, Berton J.Christope, Scarcez Jacques, Millet M. Antoinette, Verhas Michel, Vermeulen Mihail, De Flores Mima, Leyens Mireille, Barbut Christophe.

Ecoutantes : Petruszka Monique, Bernaert Patricia, Umererwa Marie Aimable, Decker Sylviane, Capart-Van Vlaenderen Jacqueline.

Médecins : Clara Mertens, Elly Van Reusel, Aurore Torsin, Frank Heyvaert, Lucas Vangeel, David Van Osta, Jessica Tilley, Olivia Vandecasteele, Peter Theerens, Jan Theerens, Joris Mertens.

Assistante vaccination Roms : Balza Sabine.

Soutien : Sels Lieve, Buyck Corneel.

Assistants sociaux : Djimbo Célestine, Breysens Louise, Avau Laura, Van Oosterwijck Nicole, Meurant Grégory.

Encodage /analyse : Kabera-Mugabe Fidèle.

CENTRE D’ACCUEIL DE SOINS ET D’ORIENTATION (CASO)

Psychologue : Wielmans Amandine, Dufrane Claude, Manning Helen, Breto Isabelle, Aja Mahe, Quenon Morgane, Pelaez Rosario. Personnes en soutien social : Kestens Eliane, Schillings Eric.

Médecins : De Moor Marie Louise, Lokitechk Suzanne, Manouach Fatiha. Accompagnement médical : Maes Anne-Françoise. Accompagnantes : Ait Issad Mathilde, Khorchi Laurie, Dubois Elizabeth, Alevra Konstantina, Nininahazwe Evelyne.

Secrétaire médicale : Caugant Isabelle.

Accueillant(e)s : Haenen Leo, Vanhauwaert Ingrid, Van Wesemael Rita, Verweirde José Wirtz Dominique, De Ridder Germaine. Infirmier(e)s : Faelens Magda, Gerin Sylvia, Gommeren Alice, Van Herreweghe Miejeanne, Van Remortel Ilse, Wynants Ingrid, Waelkens An.

Information communautaire : Delescluse Timothée. Administrateur-logisticien : Longo Nadine, Steffens Marité. Enquête Roms : Chardon Erell, Martin Marie. Pharmacienne : Bailly Valérie. Enquêtes : Guccione Bérengère. MISSION CONSULTATIONS DE SPECIALISTES

Médecins : Barbe Rein; Plaetinck Ineke; De Groote Eric, Gepts Lode, Leynen Françoise, Torfs Marlies, Van Osta David, Van Bragt Stefan, Van Cleempoel Roland, Wauters Hans, Lauwers Bob, Bilcke Ann, Boutreur John, Bruyndoncx Luc, Vos Lianne.

Éducation à la santé : Bodart Virginie. Responsable de mission : Tenzer-Baillon Denyse. Médecins bénévoles : Baillon Jean-Marie, Reignier Max, Von Waldburg Thomas, Renders André, Lejeune Michèle, Nicole Bruneau, Bossens Michel, Parres-Albert Angel, Bruyns Marie, André Pierre, Thielemnas P., De Windt Jean, Javdani Zahra, Lebrun Gérard, Ludo Geerts, Blondiau Pierre, Brouwez Michel, Simon Patricia, Chevalier Claude, Foidart Willems Jacqueline, Michèle Szyper.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012

Coordinatrice : Loots Geneviève.

// ANVERS Plan Hiver Accueillant(e)s : Nadine Rademakers, Christophe Bulté, Griet Wils, Hedwig Sillen Ben Bruininkx, Gerda Rens, ElisabethFeijen, François Peremans.

Psychologues : Cuyckens Jan, Pavia Ivon, Pluym Anja, Pannier Lin, Sadat Dalida, Daems Saskia, Van Cappellen Kris. Assistants sociaux : Renders Jef, De Bock Erna, Van De Poel Eva, Ceulemans Christine, Van Eekert Martine. Mission auprès des personnes sans abri : Bonet Els, Theerens Jan-Edmond.

// LA LOUVIERE CENTRE RELAIS DE SOINS DE SANTÉ Médecins : Meurant Jean-Paul, De Vriendt Jacques, Van Uy Chiêm, Dercq Jean-Paul. Infirmier(e)s : Lambert Rita.

Nos partenaires // Bruxelles Pharmaciens Sans Frontière, Clinilabo, PMG Athena, Les CPAS de la Région Bruxelloise, les Maisons Médicales de la Région bruxelloise et la Fédération des Maisons Médicales, le CIRE, la cellule médicale de Fédasil, le Setis, le comité de vigilance, la CASS de Schaerbeek et de Saint-Gilles, le service d’aide aux victimes, le Méridien, l’ASBL l’Eté, le PTC, l’ONE, Kind &Gezin, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, le Siréas, Vlaams Minderheden Centrum, Medimmigrant, Exil, D’Ici et d’ailleurs, le SMES-Belgique, Rivage, la Gerbe, BIPE, ACT on Life, le SAMU social, Infirmiers de Rue et tous les différents services prestataires de soins qui ont accepté nos patients… Nous sommes également en contact avec divers partenaires pour les sans-abris à Bruxelles (Diogènes, La Fontaine, Pierre d’Angle, Dune…) et participons à la plate-forme de concertation organisée par la Strada. Le SAMU social est un partenaire privilégié.


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REMERCIEMENTS // Anvers WGC de Regent, WGC’t Spoor, Free Clinic, Gh@pro, Helpcenter, VRGT, Wijkverpleegcentrum Sint Andries en Inloopcentrum De Steenhouwer, DGGZ Andante, Sociaalartistiek project Madam Fortuna : Samenwerkingsverband mee afgesloten, Cultuursensitieve Zorg Antwerpen…

L’équipe salariée Coordination des projets belges : Stephane Heymans, Dr. Kathia Van Egmont, Kathleen Debruyne (Anvers). Projets à Bruxelles : Sophie Bleus, Amy To, Guerline Nizet, Sophie Damien, Natacha Dewitte, Laure Blau, Frank Vanbiervliet, Dr. Pierre Ryckmans, Chloé Nadeau, Marité Steffens. Projets à Anvers : Kaat Anthuenis, Marijke Smits, Ouafa Yacine, Dr Greet Erven, Hild Meylemans, Luckx Volker, El Khababi Hanane, Vermeulen Wendy. Au siège : Pierre Verbeeren, Ann Saunders, Caroline de France, Béatrice Best, Emmy Deschuttere, Donatienne Baise, Marie-Anne Robberecht, Edith Hesse, JeanEmmanuel Julo, Sihem Sassi, Karen Vanderveken, François Fille, Olivier Vandecasteele, Elodie Richard, Candice Socquet, Anne Pierson, Joel Quenum, Catherine Eeckhoudt, Michel Reuss, Iria Galvan.

Les Bailleurs de Fonds L’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI), la Fondation Roi Baudoin, M. Roland Gillot pour le NIF Trust, la Loterie Nationale, le SPP Intégration Sociale, le Fonds d’impulsion à la politique des immigrés, l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes, GasthuisZusters Steunfonds, Fédération wallonie bruxelles. Le CPAS de la Louvière.

Médecins du Monde  Rapport annuel 2012


NOUS SOMMES TOUS MEDECINS DU MONDE MEDECINS DU MONDE  Rue Botanique 75  1210 Bruxelles  T +32 (0)2 225 43 00  F +32 (0) 218 69 00 96 BE 26 0000 0000 2929 info@medecinsdumonde.be  www.medecinsdumonde.be Rédaction : Kathleen Debruyne, Natacha Dewitte, Stéphane Heymans, Kathia Van Egmond Relecture et lissage des textes : Emmy Deschuttere, Marie-Anne Robberecht Mise en page : www.tango-grafix.be

Impression : Hayez

Images : Stéphane Heymans, Mercedes Hottat, Viviane Joakim, Dries Luyten, Fréderic Pauwels, Gérard Talpaert Editeur responsable : Kathia Van Egmond Médecins du Monde a signé le code éthique de l’Association pour l’Ethique dans la Récolte de Fonds (AERF). Ceci implique que les donateurs reçoivent au minimum une lettre d’information par an sur l’utilisation de leurs dons.


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