Maze Magazine - N°24 - Décembre 2013

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MAZE MAGAZINE

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DÉCEMBRE 2013

CINéma 47

Les cons ça ose tout

e tacherai d'être brève, loin de moi l'envie de t'causer un "nervous breackdown" avec mes propos. Lautner, Georges, grand cinéaste populaire ayant capté une France disparue. Dernier vestige des Ventura, Blier, Blanche, Lefebvre et autres Audiard, dont les enfants ont pris la succession.

Les tontons flingueurs

Ah Georges, tout ça va me manquer ! Mais pas que la façon dont tu as capté ton époque. Toi, ton air rigolard de vieux qui a tout vu, et qui a arrêté de se déplacer pour un cinéma assez longtemps vécu. Ton respect familial pour ta profession, pour ta gentillesse et puis pour l'émotion. Ça oui ! Tu en as transmis, et puis même toi octogénaire, tu as assumé ta larme à l'œil. Il y a six mois, quand je t'ai vu, de passage à Toulouse. Zoom Arrière et la cinémathèque fêtait l'humour, et tu as offert ta présence. Une belle occasion qui plus est, puisque tes Tontons Flingueurs célébraient leurs cinquante ans à l'écran du Gaumont. On aurait dit un gosse, plein de tendresse à la redécouverte de cette œuvre et à l'entente de ses dialogues scandés à tout va par des spectateurs hilares et heureux. Tu t'es rendu compte que tu avais marqué, que tu as marqué les esprits d'une troupe d'irréductibles gaulois, amoureux de cinéma. Et ça je m'en souviendrai ! Loin d'être imbu de ta personne, c'est en toute simplicité que tu nous a remerciés à notre tour d'être là. Un ultime hommage à ton être vivace et encore vivant, qui même affaibli paraissait survivre au temps d'maintenant. De ta rencontre je garde une affection multipliée

pour ce que tu as fait. Qui en plus a été naturelle, tu l'as fait pour rire, vivre et partager, comme tu me l'avais dit : «J’avais pas à choisir, j’étais pas seul mais entouré d’une équipe, et on avait tous envie de manger ! Si on n’avait pas travaillé on n’aurait pas mangé. Si j’avais pas mangé, je ne serais pas là ce soir. Alors, toutes les deux souriez-moi !». Ton jeu de séducteur malgré tes 87 piges était étonnant, déstabilisant et pourtant que c'était drôle, rafraîchissant et rassurant. Tes "quand je vous vois, je perds ma tête", avaient le don de faire sourire et de se dire que malgré la vieillesse on pourrait toujours décider de rester dans une certaine jeunesse. Qu'est ce que j'aimerais avoir la même audace plus tard, continuer d'oser, en suivant ton modèle. Inébranlables, tes acteurs fétiches t'avaient laissé sur le carreau, tout comme ton compère dialoguiste aux répliques cultes. Tu t'en es allé les rejoindre pour une dernière valse. Allons "ne nous fâchons pas" Georges, tu auras fait ce que tu as pu. "Les cons ça ose tout" même partir ...

- Louison Larbodie avec Elsa Fardet, à Toulouse, avril 2013


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