PARIS 2024

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PARIS 2024 PROJETS POUR LE VILLAGE OLYMPIQUE ÎLE SAINT-DENIS SEINE-SAINT-DENIS ENSA PARIS MALAQUAIS P5 VISIONS PÉRIPHÉRIQUES 2017-18



P5 VISIONS PÉRIPHÉRIQUES « LE VILLAGE OLYMPIQUE 2024 » ÎLE SAINT-DENIS / SEINE-SAINT-DENIS



de musulmans , pour l’accomlier de l’Islam. mpressionnant mobarak, archie nationale suquais, arraché 3 novembre. Le mi, ses orientaultiples entrent n an après la

nvite à habiter onorer cette indes trajectoires ndividuels batif. Interprétons orps et l’événeet le paysage espace sacré.

Cet hommage se veut le début d’une conversation. Lorsque les architectes donnent corps à l’intangible, ils ouvrent l’espace à tout ce qui reste à penser et à dire. Maya Nemeta, Meriem Chabani. Titre librement inspiré du livre Léon l’africain de Amin Maalouf

ENSA Paris-Malaquais Espace Callot, 1 rue Jacques Callot, 75006 Paris Entrée libre du lundi au vendredi de 10 h à 19 h 30, le samedi de 10 h à 18h30. www.paris-malaquais.archi.fr

P5 VISIONS PÉRIPHÉRIQUES Enseignement du projet Licence P5 1er semestre ENSA Paris-Malaquais 2017-2018 Enseignants Anne Mie DEPUYDT et Thierry MANDOUL avec Maya NEMETA Étudiants Estelle BAVEREL, Gaspard BIVILLE, Caroline BOQUET-GARNIER, Diana BOU SALMAN, Garance CHAMPLOIS, Charlotte CHASTEL, Lucas CREMADES, Elisabeth DUBOYSFRESNEY, Valentin FAURE, Walter FROGER, Hubert GAYON, Sylvain GENTIL, Imen GHATTASSI, Anahita GHIAÏ-CHAMLOU, Elena GOICOECHEA, Justine JACQUET, Manon JOUVIE, Ruben KHARAT, Spyrangelos KOUTROUVELIS, Hanna LEE, Nagy MAKHLOUF, Balogun OLA-DAVIES, Kim PLOHN, Loulwa RAMADAN, Emma RÖMER, Ambre SIMARD, Xixiao SU, Wei WANG, Simonida YLI En bleu, les textes dont les étudiants sont les auteurs. Ouvrage réalisé dans le cadre des séances de TD Coordination Maya NEMETA avec la collaboration de Thierry MANDOUL Enseignants du P5 : Thierry MANDOUL coordonnateur, Arnaud BICAL, Anne Mie DEPUYDT, Bruno HUBERT, Sandra PLANCHEZ, Joanne VAJDA, enseignants du projet P5 Territoire de projet : Île Saint-Denis, Seine-Saint-Denis (93) ENSA Paris-Malaquais, 14 rue Bonaparte, 75006 Paris


« Le sport a joué un rôle similaire aux Expositions Universelles qui n’ont cessé tout au long du XXe siècle de fournir une occasion de réfléchir sur l’architecture des villes » Bernardo Secchi


Dans la continuité et le prolongement des réflexions pédagogiques énoncées dans le programme de l’ENSAPM, le P5 saisit l’opportunité de l’attribution des Jeux olympiques à la ville de Paris en 2024 et la création d’un « village olympique » dans le 93, pour initier une réflexion et un apprentissage du projet dit « urbain ». Il s’agit à la fois de questionner un territoire – Plaine Commune –, de le parcourir, de comprendre son histoire, son organisation, ses modes de vie, ses évolutions sur plusieurs années et ses enjeux, de dresser des représentations et d’envisager sa transformation avec l’arrivée d’un « village olympique » sur les communes de Saint-Denis, Île-Saint-Denis et Saint-Ouen. Au-delà de ce programme, il y a lieu de s’interroger sur ce qui fait « vie en commun » dans l’architecture et dans une métropole. Est-ce le sentiment de vivre dans un village, un quartier ? Comment penser ces espaces ? Quels sont leurs mesures, leurs distributions, leurs réseaux ? Quelles stratégies élaborer ou quels processus mettre en œuvre pour les projeter ? Enfin, le programme exceptionnel de « village olympique » est aussi l’occasion de réfléchir au quotidien, à l’éphémère et au durable, à l’écologie, au recyclage.



VILLAGES, VIE COMMUNE, VOISINAGE, UNITÉ DE VOISINAGE Pour Marshall McLuhan, le « village global » qualifiait les effets de la mondialisation et l’envahissement du monde par les médias et les technologies de l’information. Il n’y aurait plus qu’une seule culture et même communauté partagée à l’échelle de la planète « où l’on vivrait dans un même temps, au même rythme et donc dans un même espace ». Le « village planétaire » partage ces connotations idéologiques avec le « village olympique » : même aspiration à l’universalité, même envahissement de l’espace par la sphère médiatique tous les quatre ans. Or, cette métaphore du village est ambiguë. Pour tout un chacun, la notion de « village » évoque la structure d’un système social et spatial fait de familiarité, d’entre-soi, d’entre-aide et de proximité ayant peu à voir avec celui que pratiquent les élites mondiales cosmopolites du sport et du Net. Pour les architectes et les urbanistes, le village renvoie aussi à des théories de planifications urbaines et de sociologie dès le début du XXe siècle, et plus précisément à la notion de voisinage. Cette notion prétend avoir des qualités de « vie en commun ». Elle pose la question de la définition des aires de voisinage en particulier au sein de la grande ville, de la métropole. La relation de voisinage est-elle antinomique à la grande ville et au 9-3 ? Pour Lewis Mumford le voisinage réside dans la proximité spatiale qui se manifeste dans la conscience de l’autre, la vue, la communication, l’association et la coopération en cas de crise. C’est pour Mumford ce qui définit l’unité de voisinage. Quelles ont été ses formes passées dans le 9-3 ou quelles aires, comme le quartier espagnol du Landy, peuvent s’en rapprocher ? Quelles pourraient être ses formes contemporaines et futures à Saint-Denis ?


PROJET OU L’ÎLE COMME LIEU DE L’UTOPIE L’implantation du « village olympique » dans le 9-3 est-elle un prétexte pour interroger ce territoire et l’établissement de cette structure urbaine ou ses équivalents ? Comment envisager ce « village » ? Quelles seraient ses règles, sa densité, son tracé, ses formes, compactes ou verticales, éclatées ? Nous souhaitons envisager des versions alternatives, transgressives, critiques, utopiques ou dystopiques à ce village olympique. Les notions de mobilité, d’accueil et d’hospitalité pourraient-elles nous servir ? Peut-on tirer parti de l’expérience des Grands Voisins ? Ce ou ces villages peuvent-ils être ceux de la solidarité, d’une vie en commun plus solidaire…? Voici quelques-unes des questions qui pourraient être posées… D’autres apparaîtront au fur et à mesure des recherches de chacun.

SITE Le site concerne l’Île-Saint-Denis, St Ouen et St Denis. Il est facile d’accès par les transports en commun : ligne 13 et ligne RER. Ce site est constitué d’un fleuve, d’une plaine et d’une île. Il est d’abord marqué par l’histoire, la « grande », celle des Rois et des guerres de religions, puis surtout par l’agriculture à vocation maraîchère, et, enfin, par son passé industriel. Le site a été le plus vaste territoire industriel d’Europe de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. Ceci explique qu’il est traversé par diverses infrastructures routières, ferroviaires, voies d’eau, et construit de zones commerciales, industrielles, d’habitations de toutes sortes, de la petite maison à la tour, d’équipements, etc. L’île – réunion de trois îlots au XIXe siècle – est aussi industrielle avec ses métiers liés aux activités fluviales, et déjà un équipement sportif remarquable avec une structure paraboloïde hyperbolique de 3000 m2, lequel a été conçu par A. Kopp et P. Chazanoff avec l’ingénieur R. Sanger. Le sport, son industrie financière et celle du BTP ont déjà participé à la métamorphose de la Plaine-Saint-Denis avec la construction du grand Stade de France en 1998.


CONFÉRENCES Nous avons souhaité écouter quelques-uns des acteurs de cette transition lors de prises de paroles publiques. Ces conférences, données à l’École d’Architecture de Paris-Malaquais, ont été retranscrites dans cet ouvrage. Mardi 10 Octobre 2017 / Céline Tscherkassky, architecte de quartier à l’Île Saint-Denis, membre fondatrice de l’association ICI! : INITIATIVES CONSTRUITES ILO-DIONYSIENNES, « Participation habitante dans le projet de rénovation urbaine » Mercredi 14 Novembre 2017 / François-Régis Cypriani, directeur de l’Aménagement, PLAINE COMMUNE, « Histoire de Plaine Commune et du projet olympique Paris 2024 » Mardi 12 Décembre 2017 / Raphaël Besson, directeur de VILLES INNOVATIONS (Madrid, Grenoble), « De la critique esthétique au « faire ». La transformation du droit à la ville à travers les expériences barcelonaises et madrilènes »

BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE Urbanisme et quelques textes fondamentaux Bernardo Secchi, Première leçon d’urbanisme, Parenthèses, 2006 Alberto Magnaghi, Le projet local, Mardaga, 2003 Jacques Lucan, Où va la ville aujourd’hui, EPFL, 2012 Rem Koolhaas, Junkspace. Repenser radicalement l’espace urbain, Parenthèses, 2013 Philippe Panerai, Analyse urbaine, Parenthèses, 1999 Sur les îles de la Seine Milena Charbit, Îles de la Seine, Catalogue Arsenal, 2016 Sur et contre le sport et la métropole parisienne Thierry Mandoul, NP2F, Sports, portrait d’une métropole, Catalogue Arsenal, 2014 Marc Perelman, Non aux Jeux olympiques 2024 à Paris, http://nonjo2024aparis.neowordpress.fr/



SOMMAIRE 5

Avant-Propos

Conférences 12

PLAINE COMMUNE Histoire de Plaine Commune et du projet olympique Paris 2024

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François-Régis Cypriani / Directeur de l’Aménagement, Plaine Commune

ICI! : INITIATIVES CONSTRUITES ILO-DIONYSIENNES Participation habitante dans le projet de rénovation urbaine

Céline Tscherkassky / architecte de quartier à l’Île Saint-Denis, membre fondatrice de l’association ICI!

Projets 44

DIASTOPIA Renforcer le sentiment d’appartenance à une ville par le biais d’acupuncture urbaine

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HABITER LA CLÔTURE Détourner la contrainte

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HORIZON SEINE Habiter l’Île-Saint-Denis dans ses spécificités

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L’A86, VECTEUR DE LIENS ? Faire des vides de l’A86 un atout du territoire qui génère des points de fédérations

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TOUTE LA VILLE EST UN ESPACE DE JEUX Imaginer la ville à travers l’œil de l’enfant

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POURSUIVRE LE RÉCIT MODERNE DE L’ÎLE DES VANNES Anticiper le Grand Paris à partir des traces d’une utopie

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RÉHABILITATION D’UNE ZONE INDUSTRIELLE POUR LE VILLAGE OLYMPIQUE 2024 A quoi ressembleront les villes du futur?

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RÉSISTANCE HABITANTE Un site à vocation citoyenne

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RIVERSIDE Quelles sont les différentes caractéristiques des rives de la Seine ? Comment en tirer parti ?

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UN TERRITOIRE SEGMENTÉ Saint-Denis, Saint-Ouen et l’île Saint-Denis

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V-ÎLE DURABLE L’Île-Saint-Denis : une âme industrielle, au cœur des enjeux actuels de durabilité

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V.ÎLE.AGE Exploiter les potentiels insulaires pour créer un village (et futur quartier) pittoresque et dynamique

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VOISINS DU GRAND PARIS Concilier métropole et voisinage


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CONFÉRENCE À L’ENSAPM / MARDI 14 NOVEMBRE 2017

François-Régis Cypriani Directeur de l’Aménagement chez Plaine Commune

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HISTOIRE DE PLAINE COMMUNE François-Régis Cypriani : Je vais commencer par vous présenter Plaine Commune et le rapport que nous avons aux grands évènements sportifs, puisqu’en fait Plaine Commune est le produit de 3 éléments fondamentaux : la volonté politique, le projet urbain et la Coupe du Monde 98. Le premier étant un élément fondamental bien sûr, mais les 2 autres étant aussi très importants. Plaine Commune, d’abord, c’est la réunion de 9 communes qui forment l’arrondissement de Saint-Denis : Saint-Denis, Aubervilliers, La Courneuve, Stains, Pierrefitte, Villetaneuse, etc. Plaine Commune est le produit de 3 éléments, je vous le disais avant, et je vais vous raconter l’histoire de sa création, pour que vous vous rendiez compte du pouvoir actif de ces 3 éléments. La Plaine Saint-Denis en 1992

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Plaine Commune est née dans un grand territoire, un territoire fondamental qui est la Plaine Saint-Denis. C’est une vaste étendue partagée entre Aubervilliers et Saint-Denis, et c’était auparavant une immense zone industrielle ; sans doute la plus grande en milieu urbain dense et d’un seul tenant de France. On y fabriquait absolument de tout durant la grande période, sauf bien sûr l’industrie lourde, la sidérurgie, etc., mais toutes les activités manufacturières se retrouvaient sur ce territoire. Dans les années 60, un certain Jean-François Gravier disait que Paris vampirisait la France, que la France payait pour le développement de Paris, ce qui était exactement l’inverse, mais on y croyait à cette époque-là. Le gouvernement a décidé de subventionner les entreprises pour qu’elles aillent en province et de taxer tout nouvel emploi créé en région parisienne, et plus particulièrement en première couronne. Donc, les entreprises sont parties en province, et ultérieurement – le gouvernement ne s’y attendait pas –, avec la mondialisation, elles sont allées dans les pays à faible coût de main-d’œuvre. En tout état de cause, en 15 ans la Plaine St-Denis a perdu toutes ses entreprises. Je précise que c’était une zone industrielle tellement grande et d’un seul tenant qu’il n’y avait pas une seule rue, pas un seul espace public, tout était desservi par un chemin de fer industriel de propriété privée. Il y avait donc des voies qui traversaient tout ce territoire pour apporter aux entreprises les matières premières et repartir avec les produits finis. Le document guide du projet urbain, 1992 En 92, les élus de Saint-Denis, Aubervilliers et des villes environnantes ont commencé à constater que malgré les luttes de leurs prédécesseurs, ils ne pourraient plus faire revenir les emplois industriels. Jack Ralite, le vice-président de Plaine Commune de 2000 à 2004 qui est décédé il y a peu, me racontait qu’« à un moment donné on distribuait des tracts à la sortie des usines pour dire non à la fermeture et les ouvriers me disaient ‘c’est gentil que vous soyez-là’, sous-entendu vous êtes en train d’officier à notre enterrement, et je me suis rendu compte qu’on était plus des croque-morts que des bâtisseurs d’avenir ». Ces élus se sont regroupés en syndicat intercommunal avec le département, et une des premières réflexions a été de définir un projet urbain pour cet ensemble, entre le canal et le faisceau ferré. Ils ont lancé une consultation à laquelle plusieurs groupes ou agences ont répondu, et finalement ils n’arrivaient pas à les départager, de sorte qu’ils ont demandé à 4 des concurrents de se réunir : Pierre Riboulet, Philippe Robert, Yves Lion et puis Michel Corajoud. Ils ont fait un groupement qui s’appelle Hippodamos 93 et ils ont introduit un projet, ce qui était assez révolutionnaire pour l’époque, qui s’appelait un Document Guide et posait comme prima l’espace public. À l’époque, ce n’était pas du tout comme ça que l’on réfléchissait, on pensait d’abord aux programmes de constructions et puis on organisait l’espace public comme une résultante des constructions que l’on avait prévu de réaliser. Là, de toute façon ça n’aurait pas été possible de prévoir quoique ce soit, il n’y avait pas de marché. Aucun promoteur ne voulait s’y aventurer, il aurait fallu les payer très cher pour qu’ils viennent se risquer sur la Plaine. Ils ont donc commencé par poser une trame d’espace public avec des îlots capables d’accueillir les programmes qui se présentent, selon un cahier des charges, etc.


Un levier : le Grand Stade Il se trouve qu’à cette époque, au moment où le projet Hippodamos est sorti, le gouvernement recherchait un point de chute pour le Grand Stade, pour accueillir la coupe du monde 98. La Ville de Paris était propriétaire de tout un ensemble de terrains, avec la plus grosse concentration au monde d’usines à gaz qui avaient alimenté Paris d’abord pour l’éclairage urbain, puis pour le gaz de ville. Chirac était maire à ce moment-là et il a proposé ces terrains. Ils sont donc allés voir le maire de Saint-Denis, Patrick Braouezec, récemment élu, qui a posé un certain nombre de conditions. Le Document Guide pouvait tout à fait accueillir un équipement de cette taille et les élus de Saint-Denis étaient d’accord mais sous certaines conditions, qu’il y ait une gare RER desservant le stade, et donc une deuxième gare sur le faisceau ferré principal. Une des exigences des élus de Saint-Denis dès le départ, était l’autoroute A1, depuis qu’elle traversait le territoire de St-Denis. Lors de sa création, les ingénieurs des Ponts et Chaussées avaient décidé de passer en tranchée ouverte empêchant les gens de traverser. Ils avaient détruit une avenue et pas n’importe laquelle, la voie royale par où passaient les cortèges funéraires qui partaient de Notre-Dame pour aller à la Basilique où étaient enterrés les rois de France, bref, symboliquement ce n’était pas n’importe quoi. C’est devenu un « égout à voiture », comme disaient les élus, ce qui montre le peu de considération qu’ils avaient pour la Seine-Saint-Denis ; s’il s’était agi de Neuilly, cela aurait été différent. Les élus ont demandé que ce soit réparé et qu’il y ait une couverture audessus de cette avenue. Au départ, l’État avait pensé ne pas trop dépenser d’argent et avait prévu une petite couverture métallique, mais quand les élus de Saint-Denis s’en sont rendu compte, le chantier était parti et ils l’ont bloqué. Finalement, après plusieurs batailles, ils ont obtenu cette couverture lourde qui permet de construire des voiries, des espaces verts, etc. Ils ont également obtenu la prolongation de la ligne 13 du métro, qui s’arrêtait à la mairie de SaintDenis, jusqu’à l’université de Paris 8 qui avait été implantée au fin fond de Saint-Denis. De plus, ils ont réussi à obtenir des moyens pour requalifier les berges du canal. Ensuite, un grand combat a eu lieu pour que le Stade de France soit le plus urbain possible, parce que sinon c’est toujours la même chose : à Paris, on veut s’étaler, créer 3000-4000 places de stationnement partout. Les élus s’y sont opposés, ils voulaient qu’il soit le plus restreint possible afin qu’il soit inséré dans un vrai quartier avec des bureaux, des logements, des commerces, etc. Ainsi, le Stade actuel est le produit de toutes ces négociations et si elles n’avaient pas eu lieu, on aurait eu un stade de périphérie avec tout ce que cela implique. Je vous dis cela parce que c’est important dans les réflexions et les négociations que nous avons avec l’État sur les dossiers actuels. Un second levier : la victoire de la Coupe du Monde 98 Ensuite, il y a eu la victoire de la Coupe du Monde 98 qui a eu un effet très énergisant, optimiste, et surtout beaucoup de matchs qui ont lieu au Grand Stade. Lors de ces matchs il y avait des loges pour les VIP, avec tout ce que la France compte de décideurs, de promoteurs qui se sont dit « mais autour il y a de l’or, c’est juste à côté de Paris, il y a des friches énormes, il y a de l’argent à faire ». Les élus de Saint-Denis étaient d’accord pour qu’ils viennent, un projet urbain existait déjà et il était capable de les accueillir. Très vite, grâce au projet urbain de Hippodamos, les choses ont pu s’enclencher immédiatement après la Coupe du Monde. À l’époque, la taxe professionnelle existait et les entreprises étaient les principales contributrices des finances des villes ; c’était donc une manne financière en termes de taxes qui se présentait pour la ville de Saint-Denis. Ses élus sont allés voir ceux des villes alentours en leur disant : « Nous allons toucher beaucoup d’argent, nous avons beaucoup de besoins bien sûr, mais nous ne voulons pas que cet argent crée un déséquilibre entre nous et les autres villes, et qu’il y ait un développement inégal ». Ils leur ont donc proposé de participer à la distribution de cet argent et de s’unir pour cela. C’est comme ça qu’est née Plaine Commune, d’abord une Communauté de Communes puis une Communauté d’Agglomérations. Je pense que c’est la seule en France qui a été créée vraiment dans un but de solidarité, une solidarité qui n’a pas été sans effets, puisqu’elle a permis de doubler la capacité d’investissement des villes autour de Saint-Denis, lesquelles avaient

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aussi été énormément touchées par la vague de désindustrialisation. Tout cela pour dire que les grands événements sportifs, à Plaine Commune nous savons ce qu’il en est, il y en a eu d’autres par la suite. Plaine Commune en 2015 Aujourd’hui, Plaine Commune c’est 9 villes regroupées, la 1ère C.A. en intériorité et en taille de la métropole, plus de 400 000 habitants, 47 km2, le deuxième pôle d’emplois en Île-de-France, et le troisième pôle économique d’IdF. Tout cela grâce à cette impulsion de départ et à cette vigilance que nous avons tout le temps pour la qualité urbaine. Plaine Commune c’est aussi un territoire qui a été très mal desservi pendant très longtemps, il y avait seulement les 4 stations de RER, plus une de métro. Mais après quelques années, on est en train maintenant de rattraper ce retard, cela se concrétise : 3 lignes de tram ont été créées (T1, T8, T5), une ligne de tram-train vient d’être inaugurée et elle est très importante parce que c’est vraiment une ligne en rocade qui permet les déplacements banlieue-banlieue. Et puis, il y a aussi les lignes du Grand Paris Express dont beaucoup de stations seront implantées sur notre territoire. Tout cet ensemble fait de Plaine Commune un élément intéressant pour le projet sportif dont on va parler.   LE PROJET OLYMPIQUE PARIS 2024

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Plaine Commune et les JO, c’est une longue histoire. Chaque fois que Paris a présenté sa candidature ces dernières années, en 2008, 2012 et 2024, nous étions un des sites fondamentaux d’accueil des JO. En 2008 et 2012, il était prévu que le village olympique soit implanté à la limite de Paris, avec le village des médias sur Batignolles. En 2024, quand Paris et l’État sont venus nous voir en disant « on va remettre ça, qu’est-ce que vous en pensez ? », nous leur avons dit que ça allait être très compliqué ; à présent, il n’y a plus beaucoup de terrains disponibles. Le village olympique représente 50 hectares, ça ne se trouve pas comme ça au coin d’une rue ! En plus, 50 hectares pas très glamour, surtout avec les mesures de sécurité actuelles, c’est une forteresse pendant deux mois, il faut avoir ça en tête. Enfin, beaucoup d’élus à Plaine Commune n’étaient pas très emballés par le fait d’accueillir les JO. Il y a eu beaucoup de débats autour des JO, par les élus écologistes en particulier mais aussi par beaucoup d’autres qui disaient que c’était quand même beaucoup d’argent « fichu en l’air ». De l’argent qui pourrait être consacré à faire des équipements sportifs de proximité, aux associations, etc. ; il y a tellement de retard dans nos territoires pour tout ça. À cela il faut ajouter tous les scandales financiers liés au JO, le sort des villages olympiques (VO) après les JO, le fait qu’écologiquement le bilan carbone n’était pas très bon et, enfin, que c’était quand même compliqué de trouver un site pour l’accueil du VO. Bref, il y a beaucoup d’arguments contre l’accueil des JO et personne ne s’est bousculé pour accueillir le VO. à Plaine Commune. Finalement, il a atterri à l’endroit que nous allons présenter, mais d’abord je vais parler de la complexité de l’implantation du VO dans ce secteur-là. Une question fondamentale : l’héritage des JO J’ai lu que certains disaient que le site du village olympique était un territoire à l’abandon, or, actuellement il n’y a pas de territoire plus actif qu’à cet endroit (autour de la gare de Saint-Denis), avec des projets urbains que je vous décrirai par la suite : 1/3 du futur village olympique est aujourd’hui occupé par des activités qui marchent très bien, il y a 20 entreprises qui représentent environ 1 millier d’emplois. De nombreux élus considéraient que le VO était une source de gentrification et qu’il allait dévitaliser le tissu économique en faisant partir les emplois pour mettre à la place une fois de plus du logement et des bureaux. Tout cela a donc été ardemment discuté et, finalement, les résistances ont été vaincues par le fait que, encore une fois, il y a eu des


négociations sur « l’héritage ». De même que les élus de Saint-Denis s’étaient battus pour obtenir des compensations maximales pour l’accueil du Stade de France, il y a eu une lutte pied à pied pour obtenir que l’héritage soit le plus avantageux possible pour le territoire. En ce qui concerne les équipements olympiques, ils se situent sur une ligne Est-Ouest. Cela commence au village des médias établi à Dugny-Bourget – il va en plus occuper le terrain où il y a actuellement la Fête de l’Huma – c’est très important. De plus, à la Courneuve, sur le site appelé, Les Essences, il y aura les épreuves de tir, et de l’autre côté du parc de la Courneuve, sur le site Marville, qui est actuellement une grande aire sportive, il y aura une piscine reconstruite pour le water-polo, il y aura aussi le badminton, etc. En termes d’héritage, nous nous sommes battus avec les élus de la Courneuve pour qu’il y ait enfin une passerelle permettant de relier la Courneuve au parc (car paradoxalement les habitants n’y ont pas accès, ils sont obligés de faire un détour sous l’A86 qui n’est pas très agréable ; cela fait des années que l’on se bat), mais nous ne l’avons pas obtenue. Si l’on va plus à l’Ouest, le Stade de France va être certainement relooké, et le centre aquatique sera implanté en face. (Dans les dossiers antérieurs, de 2008 et 2012, le centre aquatique était implanté à la limite entre Saint-Denis et Aubervilliers, juste à côté de la station de RER La Plaine Stade de France). Après, on arrive au secteur du village olympique que je vais vous décrire plus tard. En dehors du village olympique et des apports immédiats, c’est encore une revendication qui remonte à plusieurs années, nous voulons que les nuisances de l’autoroute A1 soient amoindries, puisque les bretelles sur la porte de Paris seront supprimées et qu’à la place un échangeur complet sera créé sur Pleyel. C’est la conclusion d’énormément de négociations depuis des années, environ quinze ans que nous nous battons sur ces sujets-là ; quand je vous le dis ça n’a pas l’air de grandchose mais ça représente à chaque fois quelques millions d’euros. Le village olympique au cœur d’un territoire en développement Nous allons arriver maintenant aux abords et au site du village olympique. Lorsque je disais auparavant que le village olympique ne se trouve pas au milieu de nulle part, vous le voyez bien, c’est un territoire qui est en développement. En orange, il s’agit de toutes les ZAC qui sont développées en ce moment, quasiment toute la Plaine Saint-Denis est couverte par des opérations d’aménagement en activité (écoquartier fluvial, Universeine, ZAC des Docks, etc.), en bleu, les projets de rénovation urbaine, c’est-à-dire là où il y a beaucoup d’habitat social et des projets ANRU. C’est donc une concentration extrêmement importante de projets urbains, et si vous rajoutez les périmètres en rose que nous sommes en train d’étudier pour de futures opérations d’aménagement, cela vous donne une idée de l’effervescence du territoire (22 opérations en cours, soit 10 % de la surface de Plaine commune). Il s’agit du secteur d’Île-de-France où il y a le plus d’opérations d’aménagement. Je vais décrire rapidement les projets autour du village olympique. Il y a d’abord la ZAC des Docks sur Saint-Ouen qui est l’opération d’aménagement public la plus importante sur le territoire de Plaine Commune et qui fait une centaine d’hectares, soit le tiers de la commune de Saint-Ouen, avec la volonté de construire un vrai écoquartier. Une volonté, qui a toujours été celle des élus de Saint-Ouen, de relier ce quartier à l’Île-des-Vannes en face, une partie de l’Île-Saint-Denis avec une magnifique conque retournée, conçue par Anatole Kopp, aussi historiquement importante car c’est là que le Parti communiste organisait ses congrès. Ensuite, le secteur Pleyel est extrêmement important pour plusieurs raisons, d’abord, car ce sera une des principales plaques tournantes des transports en commun d’Île-de-France, comme 3 ou 4 autres : Châtelet, Orly, etc. Il y aura 7 lignes de transports en commun qui vont se rejoindre à cet endroit : 13, 14 et puis 15, 16 et 17 du Grand Paris, la D du RER et bientôt la H. Tout cela sur ce site, des deux côtés du grand faisceau ferré qui, pour l’anecdote, est le plus utilisé d’Europe, ce n’est donc pas anodin, et avec une gare SGP qui a été dessinée par Kengo Kuma et qui sera une très belle réalisation. En outre, avec un projet urbain support sur lequel nous avons travaillé avec

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l’AUC et lequel nous tenait beaucoup à cœur – il était déjà dans le projet urbain de Hippodamos en 92 – la liaison entre le quartier de Landy et de Pleyel avec un pont de 100m de long qui aura une importance en termes de circulation intercommunale et interdépartementale. C’est un site qui a fait partie de l’appel à Projet « Inventons la Métropole », même si remettre les clefs d’un secteur comme celui-là sur une opération d’aménagement qui va durer 10 ou 12 ans, n’est absolument pas notre tasse de thé. Finalement, c’est le groupement Sogelym, avec les architectes Snøhetta et toute un cortège d’architectes de grand talent, nous verrons ce que cela va donner. Une liaison Est-Ouest d’intérêt métropolitain Pour revenir au pont, il s’élève à 150 millions. Nous n’avons pas les moyens de le payer et comme nous sommes un peu opportunistes, nous avons profité du projet de la SGP et des lignes de transports en commun qui traversent le faisceau ferré ; les piétons auront donc besoin de traverser. La SNCF était vent debout contre ce projet, car elle trouvait qu’il ne servait à rien, et finalement elle a installé son siège social juste à côté. Or, depuis que Guillaume Pépy le PDG de la SNCF voit ce site depuis son bureau, il s’est dit pourquoi pas, d’autant plus que beaucoup de ses employés doivent venir à pied en passant par là. Finalement, la SNCF a adhéré au projet, même si elle ne finance rien. Le village olympique : des projets déjà lancés et des terrains à vocation économique

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Nous arrivons enfin au village olympique. Je pense que ce long préambule était important pour montrer qu’il n’arrive pas en terre vierge et inconnue ; tout le contexte fait partie de la réalité d’un VO. Comme vous le savez, ce village olympique se situera entre deux berges de la Seine, à cheval sur trois villes. À l’Est, il y a des terrains qui historiquement sont dédiés à l’énergie, avec des usines à gaz, et tout le long de la Seine et près du canal, des centrales thermiques approvisionnées en charbon par la Seine, donc appartenant à EDF et GDF. À proximité du futur village olympique il y a d’énormes transformateurs (en termes de Watt), car il y a des lignes à haute tension qui y convergent pour ensuite distribuer toute l’énergie à la région parisienne. Il y a donc un immense site EDF avec un centre de recherches et un espace hyper sécurisé où tout le transport d’énergie en France est commandé. Il y a trois anciennes centrales thermiques dont la plus belle, réalisée par Gustave Umbdenstock entre 1931 et 1933, est maintenant la Cité du Cinéma. Au Sud de la Cité du Cinéma, il y a une zone d’activités avec une vingtaine d’entreprises, 1 millier d’emplois, comme je vous le disais, un lycée, etc. ; c’est une zone qui est déjà très vivante. Il s’agit donc d’un site partagé entre 3 communes, Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île-Saint-Denis, ce qui est un facteur de complexité supplémentaire, heureusement qu’il y a Plaine Commune, sinon ce serait compliqué pour l’État. Il faut négocier avec toutes les villes et c’est plus facile lorsqu’elles discutent au sein de Plaine Commune. Nous travaillons depuis déjà un an pour commencer à relocaliser les activités, mais nous voulons absolument que les emplois restent sur Plaine Commune. Nous négocions donc avec chaque entreprise pour voir où elles peuvent être relocalisées et pour ne pas perdre d’emplois, ce n’est pas facile. La Seine : une approche globale Le village olympique arrive sur un territoire avec une réflexion qui est déjà extrêmement travaillée sur les évolutions possibles. Il y a déjà six ans, une « entente » a été lancée, c’est-à-dire un groupe de travail entre toutes les villes et les intercommunalités depuis Argenteuil jusqu’à Clichy, pour élaborer un projet global pour la Seine sur tous les plans : économique, mobilités, récréatif, culturel, écologique bien sûr. Ensuite, une étude plus spécifique a été réalisée sur le parcours de la Seine sur Plaine Commune, à savoir entre Epinay et le sud de Saint-Ouen. Nous avons confié cette étude à UrbanAct avec Alexandre Bouton qui est en train de travailler sur un plan guide pour


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2 1 Une usine historique de la Plaine Saint-Denis 2 Trame viaire 1994 3 Projet urbain Hippodamos 93

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1 1 Cartes des équipements et infrastructures pour Paris 2024 2 Périmètre de projets sur le territoire de Plaine Commune

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l’ensemble. Ainsi, dans le cadre du village olympique, lorsqu’on nous dit « travailler sur les berges de Seine, sur les deux rives, etc. », ce sont des thèmes qui nous parlent et sur lesquels on est complètement partants. L’écoquartier fluvial de l’Île-Saint-Denis En ce qui concerne l’Île-Saint-Denis, depuis une dizaine d’années nous portons également le projet d’écoquartier fluvial, qui est le premier écoquartier lancé sur Plaine Commune. La première tranche est déjà livrée, mais avec le VO il a fallu arrêter le lancement de la deuxième, prévu il y a deux ans, avec tout ce que cela implique sur le plan financier. En effet, pour reporter un aménagement, les négociations et les éléments financiers représentent plusieurs millions pour l’aménageur et donc pour Plaine Commune. Le projet Universeine À côté de la Cité du Cinéma, il y avait le projet Universeine sur des terrains EDF. Ce projet était né du montage financier de la Cité du Cinéma ; Luc Besson n’arrivait pas à organiser un tour de table sur la question de la Cité du Cinéma, Plaine Commune le soutenait totalement mais ne pouvait pas investir dans un projet privé. Finalement, comme Luc Besson était ami de Nicolas Sarkozy, ce dernier a décroché son téléphone et a appelé la Caisse de Dépôts qui a accepté en traînant les pieds de se rendre au tour de table. Il a également appelé le directeur de l’École Louis-Lumière, tranquillement installée à Marne-la-Vallée, en lui disant que « dans deux ans vous vous retrouvez à Saint-Denis et il n’y aura pas d’objections », et tout le monde s’est exécuté. Nous sommes heureux d’accueillir l’École Louis-Lumière à Plaine Commune, mais est-ce réellement comme ça que cela s’est passé ? Cependant, la Caisse des Dépôts a demandé des compensations. Comme EDF avait d’autres terrains juste à côté de l’ancienne centrale, ils voulaient en faire une nouvelle opération d’aménagement. Nous négocions donc avec EDF pour qu’ils nous cèdent les terrains au prix le plus intéressant possible ; la Caisse des Dépôts a appelé Vinci comme partenaire privé de cette opération d’aménagement. Vinci sortait de négociations extrêmement difficiles avec nous qui avions refusé leur projet de « tout-tertiaire » et laissé la voirie à leur charge, mais il a fini par accepter. Et au moment où tout était bouclé, on leur dit qu’il y aura le village olympique… Vous imaginez bien que tout ça n’est pas facile à faire passer. Finalement, il y a quand même des intérêts supérieurs liés au VO, chez Vinci ils finiront par « retomber sur leurs pattes » en faisant partie des promoteurs. Il y a deux bâtiments patrimoniaux de l’ancienne centrale thermique que l’on veut conserver sur le site Universeine : la halle Maxwell et le bâtiment Copernic, ancienne maison des ingénieurs. L’ambition de Plaine Commune pour le VO : la réalisation d’un vrai quartier urbain plurifonctionnel dans le cadre d’une excellence écologique Même si c’est important pour les conditions de vie des habitants, nous n’avons pas que des exigences en termes d’infrastructures, nous cherchons avant tout à faire en sorte que le village olympique tienne compte des erreurs qui ont été faites pour les Villages précédents : à Londres il est devenu une Cité dortoir, à Rio il est battu par les vents, sans parler d’Athènes, bref, c’est notre hantise. Une des conditions fondamentales est que le village olympique soit complètement réversible, nous ne voulons pas que des logements et surtout pas que des logements étudiants, ce qui est la solution de facilité. Je n’ai rien contre les étudiants, mais le pire pour eux est de se retrouver dans des ghettos de logements étudiants, je pense que vous serez d’accord. Le village olympique étant un gros rouleau compresseur en termes d’emplois, nous avons exigé de retrouver des emplois à l’arrivée, des emplois pérennes et non pas seulement des bureaux. Nous voulons des logements familiaux, des espaces verts, un parc, des équipements, bref un quartier normal

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que nous puissions intégrer dans notre trame urbaine. C’est cela le défi majeur, ce que l’on appelle dans le cahier des charges « la ville mixte, solidaire et accessible », avec des logements sociaux, des mobilités alternatives. Dans le cahier des charges nous inscrivons également la réversibilité comme principe de projet, le développement durable, un bon bilan carbone, etc. Cette reconversion est fondamentale, il ne faut pas se laisser emporter par l’euphorie de la victoire des JO. En outre, nous connaissons la mécanique : un ingénieur de X-Ponts est nommé, ce sont des gens qui ont l’habitude de produire du bitume et du béton, qui vont nous parler des délais au détriment de la qualité en nous rassurant, « vous allez voir après ça va être bien », etc. Ensuite, nous allons finir par être dépassés par cette grosse machine qui va avancer pour tenir les délais des JO en 2024 ; ce sera donc un combat permanent. Ce sera même plus difficile que pour le Stade de France, car il s’agissait d’une entité limitée sur une parcelle définie. À présent, il va falloir être vigilant jusqu’en 2024, c’est une crainte que nous partageons tous et nous savons que rien n’est gagné. Héritage : réparation des coupures urbaines Je vous disais que nous avions obtenu des choses importantes en termes d’héritage sur le site du VO et un élément a permis d’emporter la partie avec les élus écologistes de l’Île-Saint-Denis : l’enfouissement des lignes à très haute tension qui traversent le territoire et qui passent au-dessus de l’écoquartier fluvial. Nous sommes parvenus à ce que la création de la passerelle bus entre Saint-Denis et l’Île Saint-Denis, qui était toujours sujette à négociations, soit pérennisée. Nous avons obtenu l’échangeur Pleyel et des murs antibruit ; il y a des antibruit solaires qui pourraient profiter à l’écoquartier, nous savons que c’est possible techniquement et nous espérons l’obtenir. L’utilisation de la Seine 22

Nous avons beaucoup discuté avec Perrault sur le rapport entre le VO et les berges, qui seront un élément de l’héritage, pour qu’elles ne soient pas trop minéralisées. Nous souhaitons aussi que la route départementale, actuellement très circulée, soit apaisée ; je pense que nous y arriverons.


QUESTIONS-RÉPONSES Vous avez parlé d’une passerelle qui relierait l’île au Sud, cette passerelle serait-elle piétonne ? Oui, elle serait piétonne. En fait, j’ai parlé de deux passerelles, la première qui relierait l’écoquartier des Docks à l’Île-des-Vannes serait une passerelle piétonne, et heureusement car il s’agit du bout de l’île ; c’est un espace qu’on imagine le plus paysagé possible. De plus l’Île-des-Vannes va être un site d’entraînement pour les JO, il faudra donc des liaisons avec Saint-Ouen. La deuxième passerelle, qui reliera Saint-Denis à l’Île-Saint-Denis, sera pour piétons, vélos et bus. Concernant les équipements, est-ce que la Grande Nef de l’Île-des-Vannes sera rénovée pour faire partie des sites d’entraînement ? Oui bien sûr. Actuellement, elle ne serait pas apte à recevoir quoique ce soit. C’est une structure magnifique, mais qui n’a pas été très bien entretenue au fil des années ; donc oui, la rénovation est prévue. J’ai oublié de parler d’un élément d’héritage qui est également important, même s’il n’est pas sur le site : la reprise de la route départementale reliant la Porte de la Villette et le Village des médias. De plus, il va y avoir un parcours sportif qui va être aménagé le long du canal Saint-Denis depuis la Porte de la Chapelle, et qui va donc nous permettre de trouver des financements complémentaires pour terminer l’aménagement des berges du canal. Villeneuve-la-Garenne ne fait pas partie de Plaine Commune, est-ce qu’il est envisagé de faire un franchissement de la Seine pour que les habitants de Villeneuve puissent profiter des aménagements post-olympiques ? Vous avez raison, cela fait partie effectivement des sujets que l’on a abordés. Pour tout vous dire, quand nous voulions convaincre de la nécessité de créer une passerelle pour relier l’écoquartier fluvial de l’île à Saint-Denis, nous avons avancé l’argument que cette liaison serait également très bénéfique pour Villeneuve-la-Garenne. Nous sommes allés voir les élus à Villeneuve. À vrai dire nous n’avons pas eu d’écho énorme, mais c’est quand même un élément qui a convaincu l’État et la Région de nous soutenir dans ce projet de passerelle, car ils avaient bien en tête qu’un jour cela faciliterait grandement les liaisons intercommunales et interdépartementales. Y-a-t-il une articulation entre les opérations de rénovation urbaine qui auront lieu, dans le cadre du NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain), notamment dans le quartier Sud de l’Île-Saint-Denis et le village olympique ? Comment la relation est-elle pensée ? Nous n’avons pas terminé les études urbaines sur le NPNRU. Il y a, en effet, entre l’Île-Saint-Denis et Saint-Ouen un secteur qui fait partie du NPNRU et qui est en réflexion ; nous réfléchissons à la manière dont ces quartiers vont bénéficier de cette dynamique d’amélioration urbaine induite par les JO. Qu’est-ce qui est arrivé d’abord, les opérations de renouvellement urbain ou la réflexion sur les JO ? Les opérations de renouvellement urbain sont très récentes, il n’y a d’ailleurs pas encore d’opérations. Durant le dernier Contrat de rénovation urbaine, les réflexions n’ont pas du tout porté sur Saint-Denis et Saint-Ouen, elles étaient plutôt tournées vers l’Est et le Nord : La Courneuve, Stains, Epinay, etc.

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Vous avez parlé de l’achèvement de la départementale le long des quais, par quels moyens et où déviez-vous le trafic ? Nous ne le dévions pas. Nous y avions pensé et j’ai eu des débats extrêmement houleux avec les collègues des services techniques lorsque nous avons travaillé sur la Porte de Paris et donc sur ce secteur, ainsi qu’avec la DIRIF. Pendant longtemps, ils nous ont dit que la Porte de Paris était un nœud essentiel de connexions routières intercommunales et que le fait qu’à l’arrivée il n’y ait ni tram ni deux double-voies poserait un problème, car il y aurait énormément d’embouteillages. Finalement non, il n’y a pas d’embouteillages comme on l’imaginait. Lors de l’inauguration tout d’un coup il n’y avait plus de voitures, le trafic s’est reporté ailleurs, les gens ont pris les transports en commun, etc. Vous allez me dire alors qu’il y a un problème de transports en commun. Oui, en effet, mais nous y travaillons aussi ; je vous ai parlé de la ligne T11 permettant une liaison banlieue-banlieue pour laquelle nous nous battons. Il y a aussi le Grand Paris Express qui sera également un bon moyen de transport, s’il arrive à réalisation. Donc, oui, il y aura des problèmes de circulation, on ne peut pas le cacher, c’est ce qui arrive quand on réduit le nombre de voies. De toute façon, nous nous acheminons vers une diminution du nombre de voitures. C’est le mythe de la fluidité, nous avons vécu avec elle pendant 30 ans durant les Trente Glorieuses ; Pompidou disait qu’il fallait faire de la place à la voiture et on lui a fait de la place partout en France. On sait que plus les « tuyaux » sont grands, plus il y a de gens qui s’y engouffrent, et si on les réduit, il y a moins de voitures et les gens font autrement. La DIRIF, pendant longtemps, ne voulait pas entendre parler de la suppression des bretelles sur la Porte de Paris pour ces raisons, mais elle a fait des études et elle a finalement décidé que ça lui convenait, car ainsi l’autoroute A1 ne doit plus être un support de circulation interurbain pour la petite couronne, seulement pour la province et la grande couronne. Tout le monde change d’avis sur ce sujet. 24

Nous avons remarqué en travaillant sur le site qu’il y avait un gros déficit de transports en commun, notamment la nuit. Il y a beaucoup de métiers nocturnes et cela oblige les gens à venir en voiture, parce qu’il n’y a plus de transports en commun. Y-a-t-il une réflexion sur une augmentation des fréquences des transports la nuit ? Nous commençons à y travailler avec l’Assistance publique. Je ne vous ai pas parlé d’un gros projet qui nous est arrivé il y a trois ans : le projet de regroupement de deux grands hôpitaux, Bichat et Beaujon, en un énorme complexe. La question de l’accès H-24 à cet équipement va forcément se poser, ne serait-ce que celui-là, qui va être accessible par le RER C et la ligne 14. Mais ce sont des questions qui n’ont pas encore été approfondies. Au sujet des espaces publics, pensez-vous qu’ils sont autant mis en avant que lors du projet de 92 alors qu’il y a moins d’espaces qu’avant ? Avec, par exemple, la privatisation du parvis de la Cité du Cinéma, est-ce que, malgré tout, les espaces publics sont toujours aussi importants ? Oui, on continue d’y accorder une attention importante et ce n’est pas facile actuellement, car on a de moins en moins de moyens, mais les élus résistent pour avoir des espaces de qualité et ne pas faire d’économies sur le cadre urbain des habitants. En effet, le parvis de la Cité du Cinéma a été privatisé, ça n’a pas été faute de volonté, c’était une condition de Luc Besson et il n’était pas possible de faire autrement. Avez-vous pu réinterroger ce qu’est un village olympique ? Car on va placer dans un institut privé, celui de Luc Besson, le restaurant où tout le monde va manger. Mais on aurait pu utiliser cet argent pour attirer ces gens dans la Plaine ou sur l’île et chercher à trouver des financements afin que des bâtiments existants soient rénovés et équipés pour remplir cette fonction ?


Non, pas du tout. Un village olympique c’est un camp surveillé et retranché pendant deux mois ; 50 hectares qui sont coupées de tout. Il est hors de question de faire sortir les athlètes pour qu’ils aillent manger ailleurs, ils auront tout à l’intérieur du village, il est impensable qu’ils fassent un pas dehors. Même si effectivement dans nos rêves les plus fous le village olympique irrigue le territoire, etc., ce n’est pas le cas du tout. Beaucoup d’étudiants ont réfléchi à cet impact, aux relations qui pourraient naître entre ce village olympique et la ville, donc vous dites qu’il n’y en a pas du tout ? Il est conçu pour qu’il n’y en ait pas. Après oui, il faut garder à l’esprit que le village olympique ne dure que deux mois, ensuite il y aura, je l’espère, 300-400 ans de relations. Dans le projet urbain il y a le temps long et le temps court. Y-a-t-il une étude liée à une préfiguration et à une préparation de la population pour apprêter cette arrivée et fournir autre chose au quartier, hormis le VO ? En effet, la population craint qu’en raison de tous ces équipements installés sur Plaine Commune, les gens n’aient pas les moyens d’entrer dans les clubs et d’en profiter. Y-a-t-il des contreparties qui se font par ailleurs à Plaine Commune ? Oui. D’abord, autour du village olympique, actuellement, il n’y a pas beaucoup d’habitants et de logements ; c’est d’ailleurs pour ça qu’il est implanté à cet endroit, ce sera donc plus facile pour la concertation. Mais il y a eu un important travail sur les retombées pour les habitants, les élus sont extrêmement vigilants quant à ces questions. Il y aura beaucoup d’animations avant les JO pour préparer leur arrivée auprès des habitants, c’est quelque chose que nous savons très bien faire ; nous avons accueilli la Coupe du monde de rugby en 2007, la Coupe d’Europe l’année dernière, etc. Chaque fois il y a une préparation 2 ou 3 ans avant auprès des habitants. Au sujet des clubs, les tarifs sur le territoire ne sont pas très élevés, beaucoup de gens peuvent faire du sport, mais c’est vrai qu’il manque encore des terrains d’entraînement. Justement les sites d’entraînement font partie de l’héritage, ce sont des sites sportifs qui vont être remis à niveau pour les JO et qui seront utilisés par les habitants.

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CONFÉRENCE À L’ENSAPM / MARDI 10 OCTOBRE 2017

Céline Tscherkassky architecte de quartier à l’Île Saint-Denis membre fondatrice de l’association ICI! : Initiatives Construites Ilo-Dionysiennes

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1 SchĂŠma illustrant la participation du quartier sud dans le projet de rĂŠnovation urbaine. Source: ICI!


Notre association s’appelle ICI « Initiatives Construites Îlo-Dionysiennes », c’est la manière dont on appelle les habitants de l’Île-Saint-Denis. C’est une association ancrée sur ce territoire et qui travaille uniquement dans le quartier sud de l’Île-Saint-Denis. Je vais essayer de faire le grand écart entre deux choses : vous expliquer ce territoire, c’est vous le transmettre et dire ce que l’on y fait, mais je trouve toujours intéressant aussi quand on est face à des étudiants de leur expliquer un peu quel a été notre parcours en tant qu’étudiants et les questions que nous nous sommes posées. Parce que c’est toujours intéressant et enrichissant de comparer les expériences, je vous ai également apporté un petit cadeau. Ça nous arrive souvent de faire des interventions et, pour ne pas toujours raconter la même histoire, on essaye de se dire ce qui nous arrive aujourd’hui, cette semaine, ou ce que j’ai envie de raconter aujourd’hui en particulier et donner un petit peu un nom à cela. Donc, je vous ai apporté ceci : c’est un prix que nous avons reçu ce matin, c’est le prix de l’autonomie et de la solidarité. On nous l’a remis ce matin et nous en sommes très fiers. Pourquoi vous l’ai-je apporté ? Parce que c’est uniquement le mot « autonomie » qui m’intéresse, et c’est un peu dans ce sens que nous ferons des allers-retours, pour savoir à quel point on est autonome en tant qu’étudiant, à quel point on est autonome en tant qu’architecte dans notre pratique, ce que tout cela veut dire et par conséquent comment parfois on arrive à pousser la cale un petit peu en saisissant cette autonomie. Dans le cadre du NPNRU je vais vous parler du quartier sud de l’Île-Saint-Denis uniquement. Pour contextualiser un peu la question, notre quartier en particulier est un quartier en rénovation urbaine. Est-ce que quelqu’un sait ce qu’est la rénovation urbaine et l’ANRU ? L’« ANRU » est l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. C’est une agence de l’État qui finance des projets de quartiers qui entrent dans le programme national de la rénovation urbaine NPNRU, lequel a eu lieu de 2003 à 2013. L’on compte 500 quartiers qui sont entrés dans ce programme en raison de critères qui sont mesurables, par exemple : le taux de chômage, des typologies comme des barres et des tours, l’enclavement et d’autres facteurs qui sont un peu plus subjectifs, comme le fait qu’il n’y ait pas de bonne boulangerie dans le quartier. Il y a beaucoup de choses qui font de ces quartiers ce que l’on appelle des quartiers prioritaires. De 2003 à 2013, on a levé le tabou de la démolition et l’on s’est dit qu’on a peut-être le droit de démolir toutes ces barres et ces tours, qu’il faut casser cette esthétique pour créer enfin des quartiers normaux et y recréer de la vie. En 2013, un bilan a été dressé sur ces dix années de programme au cours desquelles ces quartiers ont été suivis, et à présent ils sont pratiquement tous achevés et se trouvent à la fin de la phase opérationnelle. Cette cellule ne propose pas d’autres formes mais elle affirme que le bilan n’est pas à la hauteur de ce que l’on espérait. En effet, le fait d’avoir démoli certaines barres n’a pas permis de réinjecter la vie dans ces quartiers, ni de les désenclaver réellement et pour cette raison il faut se reposer des questions sur : comment agit-on efficacement ? Qu’est-ce qu’on recrée ? Est-ce qu’on se lance dans un nouveau programme pour les quartiers qui restent ? Donc, un petit bilan a été établi, ainsi qu’un rapport qui, grosso modo, évalue qu’on n’a pas assez fait participer les habitants à leurs quartiers, on n’a pas suffisamment fait diagnostiquer leurs besoins, et c’est pour ça que le résultat n’est pas à la hauteur de ce que l’on attendait. C’est pour cette raison que le NPNRU existe ; le Nouveau programme national de la rénovation urbaine qui a commencé en 2014 et qui durera jusqu’en 2024. Nous sommes en plein dedans. Il y a 200 quartiers qui sont entrés en 2014 dont le quartier sud de l’Île-Saint-Denis. L’Île-Seine-Denis, cette banane dont le bout est le quartier sud de 1 500 habitants. Quand on

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monte vers le nord, il y a une friche industrielle qui est le nouvel écoquartier de l’Île-SaintDenis qui est en train de se construire, en train de sortir de terre. Cet écoquartier est destiné à 7 000 nouveaux habitants, pour une commune qui compte actuellement 7 000 habitants, par conséquent, le nombre d’habitants de cette commune a doublé. Sur toute cette parcelle, il y a 3km à l’intérieur de cette banane. Après cette friche industrielle, il y a le centre-ville qui ressemble à un petit village ; il présente une typologie assez mixte : logement social, petites maisonnettes, maisons ouvrières. Il s’agit d’un habitat assez diversifié, ce qui est assez rare pour le 93, situé sur une toute petite bande de terre. Puis, il y a une cité d’environ 800 habitants. Ensuite, l’autre moitié de cette banane est un parc départemental de l’Île-Saint-Denis, au bout duquel se trouve une petite zone protégée où il y a des oiseaux. Ceci est le contexte qui est d’ailleurs assez particulier, parce que ce territoire participe à cette grande rénovation des banlieues et on se demande comment rénover des territoires entiers qui étaient occupés par l’industrie. C’est très important. Il y avait des habitants, qui maintenant sont des personnes âgées, qui ont vécu cette effervescence industrielle, la chute de l’industrie et ces territoires un peu délaissés. Par conséquent, ce futur écoquartier, cette bande de terre, en attendant qu’il sorte complètement de terre, c’est là-où se placera le village olympique en 2024. Ça c’était pour l’ANRU, l’Île-Saint-Denis...

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Maintenant, je fais le grand saut, le grand écart, comment, nous sommes arrivés là, comment nous nous sommes trouvés dans le quartier sud de l’Île-Saint-Denis. Au départ, nous faisions des choses à l’école de La Villette, lesquelles n’avaient rien à voir avec l’architecture. Ensuite, nous avons commencé à travailler ensemble autour de différents projets : la fanfare, le classique, la cafétéria autogérée, le jardin partagé, etc. Nous avons pris plaisir à essayer de monter des projets et c’est là que nous avons compris qu’il était peut-être possible de créer ses propres projets, de les présenter et ensuite de voir où ils aboutissaient ; en d’autres termes, identifier les besoins et les faire appliquer. Nous avons commencé par identifier nos propres besoins à l’intérieur de notre école et nous nous sommes dits pourquoi ne ferions-nous pas la même chose à l’extérieur, dans notre quartier, puisque c’est possible au sein de notre école. Nous avons obtenu notre diplôme sur l’Île Saint-Denis en nous demandant comment porter des initiatives habitantes en répertoriant toutes les ressources du territoire. Il y a des matériaux, notamment abandonnés, et il y a des espaces énormément délaissés sur ce territoire. Comment faire pour que les habitants puissent s’emparer de tout ça ? Comment faire un projet avec tout ça ? Nous nous posons ces questions, nous obtenons notre diplôme et nous montons notre association ICI « Initiatives Construites Îlot-dionysiennes », et c’est là que nous entrons dans la question de la rénovation urbaine ; nous nous intéressons plus particulièrement au quartier sud. Ceci est la NEF, construite par Anatole Kopp et classée « Patrimoine du XXe siècle », qui se trouve sur cette pointe. Elle est aujourd’hui quasi abandonnée, parce que, d’une part, c’est une infrastructure dont l’entretien coûte très cher, et, d’autre part, y proposer des activités est très coûteux. Autrefois, elle a servi pour le rassemblement du Parti communiste, ensuite des tournois internationaux de box y ont été organisés, et puis, petit à petit, beaucoup de programmes étaient intéressés par l’occupation de cet espace, mais la rénovation est très onéreuse. En outre, il y a trois tours, les trois tours de Marcel Paul, qui correspondent assez à ce que l’on peut trouver dans le logement social avec des problématiques habituelles – trafic de drogue, ménages isolés, appartements sur-occupés – et en plus coupées par un boulevard traversant le quartier ; de l’autre côté il y a une école, une autre cité – Marcel Cachin –, de nouveaux bâtiments et l’écoquartier qui est en train d’être construit. La grande problématique de la municipalité est de savoir comment recouper ce territoire ? Comment faire en sorte pour que les habitants de ce nouvel écoquartier se sentent partie prenante


de l’histoire insulaire de l’Île-Saint-Denis ? Comment les attirer à l’Île Saint-Denis et qu’il n’y ait pas de nouveau trois territoires enclavés et un écoquartier dans le centre ? Dans notre équipe, nous sommes huit, et lorsque nous sommes arrivés dans ce programme de rénovation urbaine il fallait avoir une étiquette. L’ANRU est une grosse machine, il y a énormément d’acteurs et on se pose beaucoup de questions dont celle de la participation. Ce que je vous ai expliqué, c’est le nouveau mot d’ordre de ce nouveau programme, on lit les textes et on trouve que c’est encore flou. Nous ne savons pas vraiment ce que nous voulons y faire, sauf qu’il faut absolument une maison du projet par quartier et un conseil citoyen, mais nous ignorons comment tout cela se met en place et quelles sont les temporalités. Nous n’irons pas jusqu’à dire que nous avons des doutes, mais nous nous posons beaucoup de questions sur ce qu’est la participation. En France elle n’a pas un cadre avec une méthodologie précise, certaines choses sont des échecs et d’autres fonctionnent très bien. Il y a une diversité d’application de cette participation et on y va vraiment avec précaution. Par ailleurs, dans les grands processus de la rénovation urbaine et de l’aménagement des territoires, la participation est aussi une facette, un mot d’ordre pour faire de la communication, parce qu’actuellement c’est obligatoire, c’est dans les textes juridiques et par conséquent il faut le faire, mais on le fait de manière parfois superficielle et seulement pour communiquer le projet, informer, mais non pas forcément pour obtenir une prise de pouvoir des habitants ou au moins une co-construction du projet. Ainsi, toutes ces questions. Ensuite, nous construisons un outil, celui d’être en permanence dans le quartier, et nous nous attribuons cette étiquette pour communiquer aussi avec des institutions, avec celle d’Architecte de quartier. Comme nous ne rentrons pas dans le cadre de cette rénovation urbaine, nous nous disons que nous allons être les architectes de quartier à l’intérieur de tout ce schéma d’acteurs. Nous allons mener une permanence dans ce quartier, nous avons notre bureau au pied de la tour 16 et nous y serons pour accueillir les habitants, pour en discuter, pour inviter les autres acteurs de la rénovation et, petit à petit, nous verrons ce qui se passera. À cela il faut ajouter une action, celle de l’Architecte de rue qui interpelle les gens. En effet, il ne suffit pas de rester à l’intérieur de ce local, il n’y a pas vraiment grand monde qui va pousser la porte pour y entrer, ou bien ce seront peut-être toujours les mêmes, ceux qui sont déjà habitués ; aussi ce sont des gens qui sont habitués à prendre la parole. Nous nous retrouvons aussi en bas des immeubles, nous y allons régulièrement, plusieurs soirées par semaine, dans nos petits bureaux mobiles, et puis nous discutons. Ça commence juste comme ça, sans prétention, pour comprendre vraiment ce que nous voulons faire. Après, très vite, nous mettons quatre choses en place : la permanence, dont je vous ai parlé, l’entretien du quartier, le chantier et l’événement. Nous nous rendons compte aussi très vite, qu’en discutant, nous n’avons pas le même vocabulaire, nous ne parlons pas la même langue forcément, et pour pouvoir se projeter, il faut passer, peut-être, à d’autres types d’actions. Le travail de chantier s’y prête, c’est-à-dire que dans l’action nous découvrons des choses, des personnalités et nous nous exprimons aussi ; le côté festif et convivial permet d’ouvrir l’esprit et de parler librement. Nous créons plusieurs outils pour discuter. D’abord, un courrier de quartier, qui est une lettre que l’on glisse dans toutes les boîtes aux lettres une fois par saison. Ensuite, nous organisons un « qui est qui ? », à savoir un grand album de famille permettant de mettre un visage et un nom sur tous ces acteurs, et dans lequel chacun se présente et décrit sa mission dans ce cadre de la rénovation urbaine. Les habitants se présentent aussi au même titre que les acteurs : leurs missions à l’occasion de cette rénovation urbaine, ce qu’ils y font, leurs intérêts. Enfin, la maîtrise d’usage permet d’expliquer aux habitants le rôle des maîtrises d’œuvre et d’ouvrage, que l’on confond d’ailleurs quand on est étudiant ; la maîtrise d’usage est celle des habitants, c’est leur propre maîtrise. Parmi ces outils, il y a aussi un jeu de cartes qui s’appelle « il était une fois ANRU », qui est fait

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avec les lieux du quartier, les personnages qui y habitent et des situations pouvant apparaître dans la rénovation urbaine ; ce jeu permet de raconter une histoire. Nous nous sommes rendu compte au départ, en allant vers les habitants et en testant des outils déjà connus, comme la cartographie sensible ou le portrait chinois, que lorsque nous demandions au gens si leur quartier était un film comment ce serait, ils ne captaient pas du tout ce que nous étions en train de leur demander, ils nous disaient qu’ils ne savaient pas, qu’un film c’est tellement ancré dans les problématiques quotidiennes et que cette image du quartier est si lourde que c’est impossible de se projeter dans autre chose ou dans un autre univers. Ainsi, ce jeu de cartes incitait à raconter des histoires avec des éléments que nous avions sous la main et nous commencions déjà à imaginer d’autres possibilités en étant un peu guidés, il s’agissait en quelque sorte de « ré-ouvrir » la parole. Là, nous nous sommes retrouvés à faire des choses que l’on n’apprend pas forcément à l’école d’architecture mais qui sont plus proches peut-être de la médiation, de l’animation de quartier ; nous recueillions tout ce qui pouvait nourrir notre projet à nous. Nous avons un petit jeu qui permet de voir les différentes échelles de la participation, de la manipulation, l’information et la co-construction jusqu’à la prise de pouvoir citoyenne. Et dans ces divers degrés nous avions affaire aux institutionnels – le maire, les élus et les responsables de projets – pour savoir comment imaginer le schéma des acteurs et cette rénovation urbaine. Il y a plusieurs mots et il faut créer un discours avec ces mots que l’on entend tout le temps : développement durable, citoyen, local, etc.

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Voilà en ce qui concerne les outils. La deuxième étape consistait à accompagner ce fameux conseil citoyen inscrit dans les textes de la rénovation urbaine. Nous avons produit le « livret à l’usage des rénovés » dans le but de décortiquer et d’essayer, lorsque nous avons pris un peu conscience de ce quartier et que nous avons commencé à parler le même langage, de créer un document expliquant cette rénovation avec des mots qui pouvaient être compris par les gens du quartier et qui les touchaient au cœur. Il s’agit donc d’un livret qui part du quartier et explique la rénovation urbaine non pas d’une manière générale, mais la rénovation de ce quartier sud de l’Île Saint-Denis et ses acteurs. Ensuite, nous avons poursuivi ce que nous avions commencé à l’époque de l’obtention du diplôme, c’est-à-dire inventorier les ressources, les savoir-faire, les matériaux, ce dont nous avions parlé, ce par quoi nous avons commencé et que nous continuons de faire, et répertorier les initiatives, toutes les initiatives habitantes en essayant de comprendre ce qu’est cette rénovation urbaine, de monter déjà des projets et de mettre les choses en route. Enfin, nous arrivons à la clé des projets : la gestion d’attente. C’est une notion qui n’est pas très belle, nous ne l’aimions pas beaucoup au début. Nous avons reçu la proposition d’un projet de gestion d’attente que nous devions vous proposer et ça, ce n’est pas trop nous. C’était essentiellement l’étiquette : on a besoin de faire patienter les habitants, il faut faire un bidule pour qu’ils soient occupés et qu’ils ne nous posent plus trop de questions. C’est peut-être ça la gestion d’attente, mais elle prend beaucoup de formes différentes. Ça peut aussi être : remplacer tous les robinets de tous les appartements parce qu’il y a un problème de fabrication, un problème de fonctionnement, et donc pendant la période de rénovation on résout un problème. Il s’ensuit qu’on développe des financements parce qu’il y a des problèmes urgents à résoudre. Nous nous sommes dit quand même qu’il y a des choses intéressantes. Il y a des problèmes urgents et les habitants nous interpellent par rapport à ces problèmes et non pas au projet général, et c’est une manière aussi d’agir tout de suite. Donc, peut-être que cette question d’attente est intéressante si nous pouvons l’exploiter le mieux possible. Nous avons monté plusieurs projets (il y a quelques photos) liés surtout aux besoins du lieu, comme par exemple : il n’y a pas de plaines de jeux en bas de chez nous, les enfants sont là et ils jettent des cailloux sur les fenêtres, qu’est-ce qu’on fait ? Nous partons d’une urgence, d’un vrai problème qui est dit, qui est formulé. Nous essayons de le résoudre, nous l’observons, nous l’évaluons et nous évaluons ce que nous avons fait, à savoir


l’intervention, nous écrivons et nous produisons un diagnostic que nous donnerons à l’étude urbaine. Nous sommes dans la phase d’étude. C’est donc le moment où la gestion d’attente est intéressante, parce qu’elle nous permet d’agir et de préfigurer des choses avant l’arrivée du projet. Nous préfigurons, nous testons, car nous faisons des hypothèses, nous ne sommes pas sûrs de résoudre vraiment le problème ; parfois nous échouons et nous écrivons que nous échouons, et nous espérons comme ça que le projet urbain sera peut-être plus en accord avec les problématiques habitantes. C’est vraiment intéressant ce temps de gestion d’attente car nous pouvons nous le réapproprier, nous architectes et autres professionnels, pour en faire quelque chose et pour nourrir le projet. Il s’agit d’un projet beaucoup plus long, sur une année. Mais le premier bâtiment qui entre en relation urbaine est en pré-conditionnement. Même si l’on est dans la phase d’étude qui dure 3 ans, un chantier est déjà en route. Pour permettre cette transition avec le chantier, nous travaillons avec les enfants qui n’ont pas du tout été consultés dans le cadre du projet de cette école ; de fait, il n’y a aucun projet sur la cour de récréation. C’est-à-dire que l’architecte a pensé le projet de cette extension (les élèves de l’écoquartier vont être accueillis à l’intérieur de cette école du quartier sud pour créer plus de porosité entre ces deux quartiers), donc on fait une extension de cette école mais on ne rénove pas du tout la cour. Ainsi, nous nous sommes mis à travailler avec quatre classes pendant la période scolaire (avec les enseignants), 4 heures par semaine avec chaque classe, en leur attribuant des rôles : les enquêteurs, les géomètres, les architectes et les constructeurs. Ils ont imaginé pendant un an leur projet : l’écriture du cahier des charges, ensuite des hypothèses et, enfin, la construction d’un projet pour leur cour de récréation qui sont des gradins. Ce qui est intéressant, au-delà d’être un projet pédagogique, (c’est pour cela que nous avons reçu le prix de l’autonomie et de la solidarité pour la lutte contre l’échec scolaire), c’est que des processus d’architecture et de conception puissent aussi résoudre des problèmes du quotidien comme l’échec scolaire qui est présent au sein de ces quartiers. Ainsi, nous essayons de leur communiquer qu’ils peuvent faire des choses pour la maison du quartier, pour quelque chose qui n’est pas un besoin direct. Ils se forment donc à d’autres techniques aussi. [montre une image] ça c’est l’espace d’une autre association avec laquelle nous occupons ces maisons. C’est l’association VOISINS. Ce sont des jeunes de 35 ans, plus âgés que nous. L’année dernière, ils ont vu que nous avions commencé à faire de la préfiguration et ils se sont dit qu’eux aussi pouvaient en faire. Ils ne sont pas forcément venus nous voir, mais nous nous connaissions déjà. Ils ont occupé un espace public de manière illégale et y ont construit leur cabane avec des palettes. Tout le monde a cru que c’était nous, à cause des palettes ; ce qui nous a déplu. Ils y ont créé leur propre environnement à l’intérieur, leur propre espace de vie pour se réunir entre bande de potes. Cette cabane a dû être démolie parce que le chantier de l’école avait lieu sur cet espace. Malgré tout, cela a permis aux acteurs de l’école qui sont sous tutelle de l’éducation nationale de se retrouver autour d’une table avec le maire, les agents municipaux et des parents pour discuter tous ensemble de ce projet de récréation (ce qui n’a pas été fait dans le projet qui a lieu aujourd’hui et qui repose sur l’extension). Le fait de se placer dans cet autre cadre permet de recréer des commandes différentes et surtout de réunir autour d’une table des acteurs différents qui n’ont pas l’habitude de se parler. Ce que l’on voit, c’est que l’on résout beaucoup de conflits souvent générés par une certaine incompréhension de langage et de position ; cela peut se résumer à de la « programmation active ». Nous sommes plusieurs aujourd’hui en France à essayer de définir ce qu’est cette « programmation active » ; en architecture, la programmation est un vrai métier clé (il y a des « programmistes ») et elle permet de définir les futurs usages (avant de penser à la forme ou à l’intérieur des bâtiments qui vont être construits). Elle est dite « active », car on fait des interventions, on teste, on préfigure pour voir

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si cela fonctionne ou non, et on évalue en même temps. Ça nous a permis de faire de nombreux petits projets dans ce quartier qui sont portés avec les habitants (notamment celui de l’école). Actuellement, nous sommes en négociation pour savoir ce qui va se faire, comment les habitants seront associés à l’étude urbaine et comment s’effectuera l’inflexion. Je voulais vous parler d’une question en particulier, sur ce que nous travaillons en ce moment et qui nous occupe à plein temps. Il s’agit de la maison en chantier. C’est un pavillon abandonné qui nous a été libéré par la mairie et que nous avons le droit d’occuper pendant 5 ans ; là, nous sommes vraiment au cœur de ce qu’est la programmation active. L’objectif est d’en faire une maison de quartier, de pouvoir commencer à préfigurer certains usages, certaines activités (toujours portées par les habitants), et donc de voir la fiabilité de l’économie de leur activité et de leur portage, son fonctionnement, le public, etc. Même si nous y sommes pendant 5 ans, le but est de nourrir le diagnostic, de créer des activités qui vont être réintroduites dans ce quartier peut-être à différents endroits. Car actuellement, lorsque l’on regarde le quartier, on se dit : « Mais il n’y a rien ! ». Et par conséquent, comment on fait du projet urbain lorsqu’il n’y a rien dans ce quartier, quand il n’y a personne dans la rue, qu’il n’y a pas d’activité, pas de commerce, etc. En somme, nous devons tout imaginer. Dès lors, l’objectif est de faire en sorte qu’il y ait des choses à observer pour ensuite pouvoir les réinjecter au sein de ce quartier. Cette maison (de quartier) est composée de beaucoup de petits espaces organisés autour d’un jardin ; c’est un pavillon d’une famille qui y habitait. Il y a aussi des enfants du quartier qui passent (notamment ceux avec qui ils ont créés des liens) et qui participent à la maison de quartier.

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Mais il y a aussi des enfants qui passent et viennent participer à autre chose. Dans l’école ils sont obligés, sur leur temps scolaire, de participer à leurs propres besoins : fabriquer leur cour de récréation. Ils participent à autre chose, à une maison de quartier, et ce n’est pas toujours facile de penser aux autres lorsqu’on vit chez soi des problèmes quotidiens si pénibles. Nous avons donc investi ensemble ce pavillon. Ce qui est intéressant, c’est de se retrouver face à une acculturation totale, c’est complètement différent de ce que nous aurions pu imaginer en ce qui concerne les règles de vie, les types d’usages. Ces personnes sont des hommes, il n’y a pas une seule fille dans leur groupe. Ils arrivent à 18h et ils restent parfois très tard le soir. Ils fument la chicha et ils se racontent des histoires, ils regardent la télé et ils garent leurs scooters devant. Nous, nous sommes mignons, nous arrivons avec nos petits vélos, nous parlons de développement durable, etc. En fait c’est très important, parce que nous sommes obligés de cohabiter et nous découvrons les passerelles entre nos deux mondes. Ainsi, on se rend compte que tous les problèmes imaginables dans ce quartier étaient extrêmement guidés par notre propre culture personnelle et que l’existence de cette culture est indéniable. Il y a de nombreux moyens de trouver quelles sont ces passerelles et quelles sont ces formes de cohabitation ; aujourd’hui encore, nous y parvenons très bien. Le soir, ils nous préparent le repas et ils gèrent la cafétéria, ce qui nous permet de rester plus tard ; le midi, ils nous font aussi à manger. C’est également eux qui pendant très longtemps ont surveillé le pavillon, lorsque des gens d’autres quartiers tentaient de s’y introduire, et ils ont même réussi à résoudre ces problèmes, tandis que nous, nous n’aurions jamais eu la légitimité nécessaire. [montre des photos du chantier]. Nous faisons également des barbecues tous les vendredis, en été, et maintenant nous allons sûrement faire des soupes autour du mois de décembre ; ceci nous permet de voir tout le monde. Cela peut paraître très anodin, parce que j’aurai trouvé ça très anodin si l’on m’avait présenté cette initiative à votre âge. Néanmoins, en le vivant au quotidien on se rend compte que ce n’est pas si facile dans ces quartiers-là de se retrouver avec des mamans qui sont au même endroit que des jeunes de 35 ans, des personnes plus âgées qui fument la chicha avec des jeunes qui ont fait des études et qui sont diplômés, c’est quelque chose qui existe et lorsqu’on arrive à ce que tout le monde se rencontre comme ça, c’est qu’on a vraiment réussi à créer un lieu pouvant peut-être fonctionner dans le futur. Ceci nous permet de penser que nous nous rapprochons d’une notion


que l’on appelle « la mixité », et nous constatons qu’elle peut se projeter de manière concrète. En outre, nous faisons de grands rassemblements pour reparler de ces activités, de cette rénovation urbaine et comment cette activité se projette dans le futur. Pour revenir à l’autonomie, après cela il me paraissait important de vous en parler, parce que si nous sommes arrivés là, c’est notamment grâce à Joan, mais nous avons eu certains cours de projet qui soutenaient : « Le cadre, c’est vous qui l’inventez ». En d’autres termes, l’objectif du cours n’était pas la production d’un plan au 250e, une maquette au 1000e et 3 coupes de détail et à priori, en ce qui concerne les outils, c’est vous qui décidez quels sont les meilleurs pour exprimer votre projet. Nous nous sommes dit que nous pouvions nous emparer de tous les outils pour exposer notre projet. Ensuite, nous pouvons recréer le cadre comme nous le souhaitons, il suffit de trouver où est l’image. Si nous avons commencé ça, c’est qu’à priori le cadre que l’on nous proposait à la sortie de l’école ne nous plaisait pas forcément. Vous avez la chance maintenant d’avoir le temps de réfléchir à ce que vous voulez faire, car lorsqu’on est étudiant on ne se rend pas compte à quel point c’est important. Vous avez 5 années, voire plus pour certains, pour choisir, pour réfléchir à ce que vous voulez faire et c’est fondamental. Ce temps-là, vous ne l’aurez plus jamais dans votre vie, après il court, il court et on n’a plus le temps de l’arrêter. Maintenant, vous avez vraiment le temps de prendre du recul par rapport à cela et c’est le meilleur moment. Par conséquent, c’est également un temps où vous devez vous demander où vous voulez vous placer en connaissant très bien ce cadre, c’est-à-dire que nous n’aurions pas pu le faire si nous n’avions pas connu sur le bout des doigts cette rénovation. Là, je ne sais pas sur quoi vous allez travailler sur l’Île-Saint-Denis, mais c’est important de tout connaître parfaitement pour savoir où vous allez vous placer et si vous avez votre place. Où est-ce que vous allez pouvoir réussir à recréer ce petit cadre-là, à recréer votre autonomie et à décider ainsi chaque matin ce que vous voulez et allez faire demain ? Voilà pour l’autonomie.

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1 Participation des enfants de l’Île SaintDenis au chantier dans leur école Source: ICI!


QUESTIONS-RÉPONSES Comment financez-vous vos initiative, qui sont très orientées avec la puissance publique ? Nous avons plusieurs modes de fonctionnement qui sont complémentaires : d’abord, des financements publics, notamment dans le contrat de ville, qui sont financés dans le cadre des quartiers prioritaires, et d’autres financements de la communauté d’agglomération pour cette gestion d’attente et d’aide de proximité. Ensuite, des financements privés, car les fonds publics ne fonctionnent pas toujours, comme la fondation AG2R, la fondation France et la fondation Vinci ; nous allons frapper à toutes les portes. Enfin, nous avons surtout une coopérative à côté, parce que l’association nous permet de faire de la recherche/action, donc pour que l’on puisse avoir une certaine indépendance et une éthique. Nous avons une coopérative qui nous permet d’avoir tout type de projets d’architecture de maîtrise d’œuvre et parfois d’agro, d’obtenir des financements et de jouir d’une certaine sérénité car nous ne devons pas nous nourrir grâce à cette association ni avoir des employés à financer. Sur la question des collectifs, c’est une chose qui émerge et j’espère que d’ici quelques années nous allons réussir à nous entendre et à mettre notre expérience en commun. En effet, il y a déjà eu des rencontres qui ont permis de définir certaines notions mais cela prend du temps et nous n’avons pas encore une force de frappe suffisante. Nous avons beaucoup de problèmes, par exemple avec l’ordre des architectes sur des points juridiques comme l’auto-construction ou encore pouvoir exercer en notre nom propre avec la question des HMONP, c’est pour cette raison que nous organisons des rencontres, pour essayer de régler et de réfléchir à toutes ces questions. Quel est votre statut par rapport aux actions que vous essayez de mener et comment avez-vous installé vos bureaux, par exemple ? Dans le système d’acteur, nous étions au départ une cellule d’expérimentation. Nous sommes arrivés avant tous les autres acteurs, l’équipe de rénovation urbaine, qui s’occupe du projet de rénovation urbaine, n’était pas encore arrivée et elle était composée seulement d’un référent de la communauté d’agglomération. Nous sommes donc arrivés en temps d’expérimentation, ce qui a permis de voir comment nous allions nous organiser. Maintenant, beaucoup d’autres acteurs sont arrivés, comme par exemple l’AMO concertation, on pourrait se demander si ce n’est pas le double de ce que l’on fait, l’équipe de rénovation urbaine, celle d’étude urbaine, etc. Nous nous sommes concentrés sur la question du pavillon de sorte que nous sommes capables aujourd’hui d’établir un diagnostic sur les activités de ce quartier. Vous avez maintenant une vraie légitimité dans le quartier, vous êtes écoutés ? Oui, puisque nous avions la chance d’être là dès le départ. Si nous étions arrivés en cours de route, nous n’aurions pas été pris en compte. Le fait d’y avoir été au début, nous a permis de bien connaître le territoire, d’autant que la plupart d’entre nous sont à la commission et habitent sur l’Île-Saint-Denis. Nous avons aussi une certaine légitimité auprès des habitants et donc les associations sont aussi davantage à l’écoute lorsque l’on bénéficie d’une telle légitimité. De plus, nous avons également choisi ce territoire, car nous savions que la mairie était spéciale, nous ne voulions pas travailler sur un territoire où la mairie allait se contenter de nous fermer des portes. La collectivité était vraiment prête à changer les choses, ce qui diffère de beaucoup de territoires. Les élus sont dans une démarche d’écoute, mais ne savent pas comment faire, ils sont perdus quand on leur parle de concertation ou d’auto-construction. Ainsi, au cours de chaque réunion où l’on parle de concertation, nous sommes invités en tant qu’architecte de quartier. Nous avons alors réfléchi à la question de nous présenter aux appels d’offres, mais nous avons décidé de ne pas le faire ; d’abord, parce que nous allions être les représentants d’une institution et, ensuite, car ce n’était pas ce que voulait la communauté d’agglomération. Ça aurait été contre-productif. Peutêtre que nous serons amenés à le faire dans d’autres quartiers, mais nous ne pouvions pas le faire

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ici car nous avions un lien avec les habitants et ça nous aurait mis dans une position de juge et partie. J’ai une question sur la préfiguration : vous travaillez en indépendant, vous n’êtes pas reliés à l’équipe urbaine parce que vous ne voulez pas, vous voulez représenter les habitants mais qu’estce que vous préfigurez alors ? Nous préfigurons les usages que les habitants génèrent. Mais quel est le lien alors avec la maîtrise d’œuvre, parce vous travaillez avec les habitants et vous préfigurez par le mobilier urbain ? Comment vous faites puisqu’il y a un projet de maîtrise d’œuvre urbaine qui est en train d’être mis en place et l’équipe va certainement avoir un avis sur l’espace public et la notion d’usage ? Que deviennent donc vos propositions ? Car étant moi-même urbaniste, je sais que quand on répond à ce genre de projets, on nous demande de travailler sur la concertation. Dès lors, comment vous faites le lien entre ce que vous réalisez et les propositions de l’équipe pour qu’il y ait vraiment un travail cohérent de cette notion ?

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L’équipe urbaine a commencé son travail il y a quatre mois ; au début, ce qui s’est passé c’est que nous nous sommes rencontrés et nous avons échangé. Il s’est trouvé que nous pouvions bien travailler ensemble et nous avons mis en place des points mensuels pour se retrouver et échanger sur l’avancée de leurs réflexions, mais aussi sur ce que nous avions évalué. Nous relisons également des documents, eux en produisent pour les montrer à la mairie, donc nous en discutons en amont et nous faisons l’effort d’en produire aussi, ce qui n’est pas toujours facile, car dans ce type de collectifs on ne prend pas le temps de décrire et de dessiner ce que l’on fait, par conséquent, nous devons nous forcer à poser ça et écrire un diagnostic. Là, par exemple, nous sommes en train de finir le diagnostic d’usage urbain qui permet de nourrir l’étude urbaine. Or, ce à quoi je ne peux pas vous répondre, c’est quand nous serons face à un projet et que l’on nous interpellera sur des sujets que l’on ne connait ou ne maîtrise pas. C’est à nous d’acter la parole habitante. Ce n’est pas toujours confortable. Ce qui peut également se produire c’est que le projet ne corresponde pas du tout à ce que nous percevons dans la réalité ; nous n’en sommes pas encore là pour l’instant. Pour l’instant, nous sommes encore sur des échanges et je ne sais pas comment ça se passera. Ce sera sûrement une table avec la maîtrise d’ouvrage, la collectivité et, après, c’est aussi la loi du plus fort, du plus convaincant, et c’est également la collectivité qui a le dernier mot. Non parce que c’est compliqué. C’est de faire en sorte que vous construisez, car sinon ça ne sert à rien. Moi, j’avais une critique sur les grands voisins, dans le sens qu’ils sont arrivés après coup et que le projet urbain se fait et que finalement il n’y a pas de lien, et une fois qu’ils sont partis, ils font ce qu’ils veulent et c’est là où je trouve qu’il y a un vrai travail de communication à faire. Vous êtes l’ambassadeur de l’habitant. Ouais, ça c’est compliqué ! Parce qu’on est ambassadeur mais il n’empêche que notre parole est subjective et c’est souvent difficile de se demander à quel point on est légitime. Ensuite, je pense qu’à ce sujet nous sommes conscients que la temporalité est une chose dont il ne faut pas se couper dans ce genre de projets. On n’arrive pas après que l’étude urbaine ait commencé son travail. Je pense qu’il faut bien comprendre que nous ne sommes pas dans la tentative de faire du contre-projet, nous n’essayons pas d’aller à l’encontre des experts et des professionnels, nous tentons seulement d’apporter ce que les professionnels n’ont pas le temps de faire et de voir si ça peut donner une nouvelle facette au projet. Du coup, c’est très important de savoir quand on se met dans un projet, quand on vous appelle, à quel moment on intervient, et si c’est trop tard et que l’étude urbaine a déjà commencé, ce n’est pas la peine et nous allons faire uniquement de la communication sur cette gestion d’attente ; donc, c’est très important la question de la temporalité dans ce genre de processus.


Est-ce qu’on vous aurait donné ce genre de projets dans des lieux où vous n’habitez pas ? On se pose la question en ce moment même. Vous avez essayé ? Nous avons fait certains projets qui sont en préfiguration dans des lieux où nous n’habitons pas, nous avons essayé pour voir mais nous n’étions pas du tout convaincus que ça fonctionne. Il s’agissait de projets d’un mois seulement, ce n’est pas du tout le même travail, nous avons accepté de le faire parce que nous encadrions des jeunes qui étaient en insertion. Cela donnait une utilité directe à notre travail, nous formions des jeunes qui s’étaient éloignés du parcours scolaire, c’était suffisant et ça légitimait notre travail. Par contre, est-ce que nous avons pu préfigurer des usages en ne connaissant pas si bien le quartier ? Nous sommes en train d’évaluer ces choses-là, voir comment c’est utilisé. Nous ne savons pas si nous allons continuer avec ce genre de choses. Il y a des petites préfigurations de l’ordre de l’espace public, mais quand on parle vraiment du lieu public ou du quartier comme le pavillon en chantier, là, nous sommes sûrs et certains que nous ne le ferons pas s’il n’y a pas une permanence. Il faut y être au quotidien pour accueillir les gens sinon ça ne fonctionne pas, on ne vient pas seulement un jour par semaine. On se pose donc encore beaucoup de questions sur l’espace public. Vous avez parlé des initiatives de quartier sur l’Île Saint-Denis : sont-elles nombreuses ? Au départ, après la tranche de la cité Cachin, il y a l’entre-deux-rives, de nouveaux bâtiments qui ont été construits depuis quatre ans maintenant, et au départ il y avait quelques initiatives de groupes d’habitants qui venaient uniquement de ces quartiers-là, donc des jeunes arrivants qui n’étaient pas encore pesés par le quotidien de ce quartier, c’étaient des gens plus disponibles, des propriétaires, avec peut-être plus de temps libre et moins de problématiques quotidiennes. Alors, nous avons commencé à travailler avec ces gens-là, mais il n’y avait aucune initiative de la part du reste de la population. Et c’est uniquement lorsque nous avons commencé à travailler à l’école et à ouvrir ce lieu de quartier, que nous avons commencé à travailler avec des gens qui sont de Marcel Cachin et de Marcel Paul. Comme nous ne voulions pas faire sortir des usages n’importe où, nous attendions un peu que l’on nous interpelle, et il est certain que tous ces habitants n’ont pas du tout le temps de venir frapper à notre porte. Les mamans, elles rentrent à 23h ; il y a beaucoup de problèmes qu’on n’imagine pas, si bien que s’occuper de la vie du quartier en bas de chez soi, c’est vraiment la dernière chose de la liste. Il y a une sorte d’envie mais pas de réel déclencheur qui va amener les gens à s’intéresser… C’est ça. Depuis qu’on a travaillé avec les enfants, il y a eu aussi un déclic chez certains habitants qui avaient un intérêt à travailler directement avec nous ou à l’intérieur de ce lieu de quartier. Quels sont les profils des différents membres de l’association ? Nous sommes huit architectes, nous avons fait notre projet de fin d’études tous ensemble, sur l’Île Saint-Denis, et nous sommes de deux promos différentes de la même école, l’ENSAPLV. Pendant trois ans, nous avons fait des formations différentes ; certains ont directement travaillé pour l’association et d’autres ont continué les formations. Nous avons maintenant un ingénieur bois, un ébéniste, une menuisière, une spécialiste de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage ; nous avons pris le temps de nous former à d’autres choses qui sont variées. Nous essayons de travailler avec d’autres groupes, nous avons conscience de la limite de nos compétences, nous avons beaucoup travaillé avec des sociologues pour nous épauler sur ce qu’on fait, car il y a une grosse part de sociologie que nous ne maîtrisons pas du tout.

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Que pensent les habitants du futur village olympique ? Est-ce une calamité ou un bonheur à venir ? Quand on pense Jeux olympiques on pense calamité, avant et après. Ça fait peur, mais surtout aux architectes ; les habitants sont plutôt contents, le sport c’est quelque chose d’hyper important dans ces quartiers-là, c’est la seule chose qui réunit tous les habitants à l’unanimité, donc accueillir les Jeux olympiques, c’est super ! Dans les grandes lignes il y a des choses intéressantes sur ce projet. La nef va être réhabilitée et une fois les JO terminés, il y aura une infrastructure du quartier qui va attirer d’autres publics, alors que ce quartier n’attire jamais un public extérieur. Il y a un club d’aviron qui est le plus grand d’Île-de-France et qui a besoin d’un peu de financement pour être rénové : pareil. Pour la question des JO, ça permet d’occuper pour un temps ces bâtiments qui sont vides et d’accélérer le processus, ce qui est aussi le plus grand danger. Le quartier en rénovation urbaine, l’écoquartier et le centre-ville, ont leur propre temporalité. Ça a pris énormément de temps pour se mettre d’accord sur comment faire les choses, à quel temps. Les JO arrivent et tout doit s’accélérer. Des programmes vont être activés et ils ne vont pas avoir le temps d’être mûris, pour savoir ce que veulent réellement les habitants à terme ; cette accélération entrave notre processus, nous pourrions avoir tout le travail à recommencer à zéro… Pour beaucoup d’associations, notamment celles qui travaillent dans le social, c’est une manière de pallier au manque de financement de l’État. Énormément d’actions qui ne sont pas forcément liées au sport vont être financées par les Jeux olympiques. C’est une manne éventuellement constructive. Et quelles actions, par exemple ?

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La SFMADE fait des actions pour l’émancipation des femmes dans les quartiers, elles vont proposer beaucoup de programmes, et ça va être financé directement par l’enveloppe liée aux JO ; la préfiguration pour certains collectifs d’architectes, les centres sociaux vont avoir de meilleures infrastructures pour pouvoir accueillir du monde, ceci a un impact directement sur toutes les activités sociales. Cet été, trois choses ont été difficiles pour les actions sociales, notamment dans le cadre des quartiers prioritaires : l’arrêt des contrats aidés, la baisse des APL et la coupure des budgets contrats de ville, politique de la ville, soit tout ce qui finance les activités qui ne produisent pas de richesse dans les quartiers prioritaires. Là, on est en train de déposer de nouveau les projets avec la moitié du budget et le double de demandes par rapport à l’an dernier, parce que justement les initiatives habitantes sont autonomes et moteurs d’associations, alors on ne sait pas qui aura quoi, et la coupure des contrats aidés est une catastrophe pour les petites structures qui ont deux ou trois employés ; il y en avait un ou deux qui étaient en emplois aidés, ça veut dire survivre pendant l’année qui vient. Il y a de plus en plus d’associations, de jeunes architectes qui cherchent la miche dans la concertation et la préfiguration : est-ce que vous vous êtes fait aborder par les promoteurs privés ? Non, pas encore. Par contre, nous recevons de l’argent de la fondation Vinci. Je suis très sceptique par rapport au fait qu’énormément d’associations, dont Bellastock et les Grands Voisins, sont financées par les promoteurs, car les promoteurs les mettent dans leurs équipes pour répondre à des projets urbains, en espérant que ça plaise au maire pour qu’il les choisisse. Ça devient une recette et je suis contre la ville des recettes. C’est pour cela que j’aime votre idée de rester autonome et de ne pas rentrer dans certains sujets. Jusqu’où peut-on résister, parce qu’il y a la question de la survie. Bellastock et les Grands Voisins disent : vous devenez membres de notre association, c’est 10 000 euros par an. C’est la grande question qui nous oppose quand on fait des rencontres de collectifs et d’associations. Nous avons travaillé avec Bellastock pendant nos deux premières années, puis


nous avons décidé de ne plus travailler avec eux, car a un moment donné nous avons vu que nous n’avions pas les mêmes objectifs. Ils font des réalisations incroyables dans certains quartiers, lesquelles font vraiment avancer les projets et la manière de faire, mais nous ne sommes pas d’accord sur l’objectif final et la manière de faire. Nous y échappons car nous avons la coopérative à côté et nous faisons autre chose, ça ne nous préoccupe pas de savoir si ça doit nous faire vivre ou non. Si ça devait nous faire vivre, ce serait une vraie question, car on ne peut pas vivre sur une question éthique et d’engagement comme celle-là. Chacun développe un autre travail à côté. Ébénisterie pour les uns, graphisme pour moi. Nous allons maintenant mettre les compétence de la coopérative au service des promoteurs publics et privés. Ce n’est pas ça que nous faisons avec la coopérative, ce sont deux choses distinctes. Vous êtes comme un écrivain public… Ou un médecin de quartier. Cette autonomie, vous la fabriquez avec… C’est une coopérative avec laquelle on ne travaille que quatre jours par semaine volontairement, avec un jour bénévole obligatoire à l’association. Par contre, je pense qu’il y a quelque chose pour laquelle vous devriez militer, c’est être en amont du projet urbain, grâce à votre travail pour construire le cahier des charges. On ne peut pas recevoir l’architecte urbaniste, à ce moment-là vous pouvez vivre différemment et avoir une autonomie, c’est ce que fait par exemple Ville Ouverte pour préparer de la programmation. Parmi les gens qui font de la programmation, il y a aussi toute cette partie de préfiguration dans laquelle, à mon avis, vous faites beaucoup plus complexe qu’eux mais qui est intéressante… C’est exactement ce que nous avons conclu mais trop tard, pour ce projet-là en tout cas. Quand nous avons commencé, nous étions hyper naïf, hyper jeune, nous ne connaissions pas du tout les processus. Nous l’avons compris lorsque nous avons voulu, notamment, postuler avec Ville Ouverte pour une étude urbaine du quartier. Nous sommes allés voir Ville Ouverte, ainsi que d’autres agences et c’est alors que nous nous sommes rendu compte que ce travail peut être utile pour que les habitants puissent écrire le cahier des charges et que c’est le meilleur moment pour agir. Sur d’autres projets, en effet, c’est une place qui peut être très intéressante. Comment voyez-vous à long ou moyen terme l’évolution de votre collectif ? Nous savons que dans trois ans, à priori, nous partirons. Une fois que ça passe en phase opérationnelle, nous préfigurons certains bâtiments en particulier, mais à un moment donné ce sera terminé, à peu près dans cinq ans. Nous irons sûrement en Province, nous voudrions nous attaquer à la question rurale après. Nous voulons aussi savoir ce que nous avons envie de faire à notre âge. Suite à l’obtention du diplôme, nous avons acquis ce contexte de région Île-de-France, et nous savons qu’à trente ans nous n’aurons pas envie de vivre dans cette métropole qui va à toute allure, nous avons donc pris la décision après beaucoup de discussions à huit et respectant les envies de chacun, de migrer dans le monde rural. Nous avons monté une coopérative pour travailler autrement, pour être solidaires entre nous. Nous faisons des classes vertes une fois par saison, trois jours ailleurs dans Paris, et nous nous posons la question de ce que nous sommes en train de faire. Est-ce que pour vous c’est une manière de faire de la politique ? Ce n’est pas à moi qu’il faut poser cette question, je suis très mauvaise en matière de politique. Sarah était aux Jeunesses socialistes, elle sait ce qui est politique et ce qui ne l’est pas, elle sait comment l’adapter à la réalité contemporaine…

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Vous êtes-vous intéressés à l’empowerment ? Ça a une origine américaine… Vous sentez-vous concernés par ces mouvements ? Nous avons beaucoup regardé ce qui a été fait en Angleterre, toute la culture anglo-saxonne autour de l’empowerment. Nous nous sommes beaucoup penchés sur les travaux de Sherry Arnstein et de Michel Donzelau. Nous essayons de réinventer la participation, il y a un tas de gens qui ont fait énormément de choses ; à Chicago, par exemple, il y avait une grille d’évaluation du projet dans toutes ses différentes phases. C’est le terme d’empowerment, d’autonomisation, de capacitation, et là c’est un travail collectif… L’AMU ? L’assistance à la maîtrise d’usage ? C’est intéressant pour nous de re-questionner ça avec des professionnels de l’AMU qui font un travail incroyable, notamment celui de programmiste ; ce n’est pas forcément quelque chose qui nous gêne. Ce qui nous dérange, c’est que dans l’ordre des architectes il y a une ségrégation entre qui est architecte et qui ne l’est pas ; et l’AMU, est-ce que c’est de l’architecture… ? Nous ne sommes pas encore inscrits à l’ordre… Vous les appelez, et si vous n’êtes pas inscrits, ils ne vous répondent pas. Après il faut avoir des connaissances à l’intérieur du réseau, mais il y a encore beaucoup de barrières. La grande différence entre le programmiste traditionnel et vous, c’est l’expérimentation. Vous expérimentez à l’échelle une… Vous avez dit que vous travaillez avec les habitants, à l’Île-Saint-Denis c’est comme si on était à Saint-Denis, les gens ne sont pas forcément les usagers de l’île, mais ils peuvent venir d’ailleurs… 42

Non, à l’Île-Saint-Denis il n’y a personne qui vient d’ailleurs. Le nord dépend d’Épinay, le centre de Saint-Denis et le sud de Saint-Ouen et de Gennevilliers. Il y a six villes différentes si l’on part du nord, du centre ou du sud. Le centre peut dépendre de Saint-Denis ou de Villeneuve-laGarenne, notamment pour le marché, pour beaucoup d’infrastructures, pour les médecins – il n’y a aucun médecin sur l’Île-Saint-Denis. Aucune personne de Saint-Denis ne vient sur l’Île-SaintDenis. Personne de Saint-Ouen, sauf ceux qui viennent du métro et vont se fournir au pied des tours de Marcel Paul et repartent ; ce sont les seuls mouvements étrangers au quartier.



DIASTOPIA Renforcer le sentiment d’appartenance à une ville par le biais d’acupuncture urbaine Balogun OLA-DAVIES Spyrangelos KOUTROUVELIS

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Les jeux olympiques dans le 93 La Seine-Saint-Denis (93), département au nord de Paris, accueillera, lors des Jeux olympiques de 2024, en plus de ses nombreux sites de compétition et du Stade de France, des équipements majeurs tels que la piscine olympique, le village des médias et celui des athlètes. Ce dernier est l’objet sur lequel se base le projet de ce semestre, venant questionner la notion de « village ». Le territoire dans lequel le village s’insère a la particularité d’avoir été le témoin de transformations géographiques et urbaines qui ont eu un impact important sur le tissu urbain actuel, conditionné par la Seine et le noyau historique de Saint-Denis. Ce territoire fragmenté peut aussi être raconté à travers sa petite histoire, celle de ses habitants que nous avons eu l’occasion de rencontrer à travers plusieurs déambulations dans la ville. Il s’agit du territoire enregistrant le plus haut taux d’étrangers en France, environ un cinquième de sa population. La présence de ces communautés issues de diaspora diverses – les étrangers originaires de pays extra-européens y sont largement sur-représentés – engage la question de l’intégration et de la manière dont la ville s’interroge sur la notion de « community living ». Le village olympique Le village olympique rassemblera 17 000 athlètes issus de nationalités toutes aussi différentes que celles de la population présente sur le territoire de la Seine-Saint-Denis. Ce lieu clos sera le siège d’interactions de personnes provenant de diverses origines, toutes réunies pour une raison commune : le sport. Ce dernier est un domaine qui favorise grandement l’intégration de communautés étrangères et crée un pont entre ces différentes cultures. Néanmoins, ce « pont » ne concerne que les athlètes réunis en un lieu clos, sécurisé et éphémère, dont les effets de rassemblement s’estomperont au fil du temps. Mais qu’en est-il des gens que nous avons rencontrés et qui habitent ce territoire ? Nous nous sommes donc demandé quel type d’interventions nous pouvions mettre en place sur ce territoire afin de créer ces lieux de rencontre entre ces diverses communautés, à la manière de ce village, et nous voulons montrer

que le sport ne constitue pas l’unique pont entre les cultures, car d’autres domaines favorisent également l’interaction humaine. DIAS-TOPIA Le projet tient son nom de l’union des mots « diaspora », désignant la dispersion d’une communauté ethnique ou d’un peuple à travers le monde, et « utopie », dont l’une des définitions (sociopolitique) serait « le plan imaginaire de gouvernement pour une société future idéale, qui réaliserait le bonheur de chacun ». Ce terme sert donc de genèse à notre projet. Au fur et à mesure de nos rencontres et déambulations, nous avons remarqué que la fragmentation de ce territoire délaissait des lieux aux qualités inexploitées du fait de leur proximité des zones résidentielles, scolaires ou à forte circulation. Ces différents espaces présentent la capacité d’accueillir de nouveaux programmes ou fonctions favorisant la rencontre entre les habitants, dans la même philosophie que le village, mais par un procédé d’« acupuncture urbaine » : cette série d’espaces que nous voulons subvertir formeraient une sorte d’armature reliant les villes de Villeneuve-la-Garenne et Saint-Denis, en passant par l’Île-Saint-Denis. C’est sur cette dernière que l’intervention la plus conséquente sera effectuée, au niveau des anciens entrepôts désaffectés des Galeries la Fayette. Reconversion en lieu des possibles Cet objet de patrimoine, occupant toute la largeur de l’île, sera l’occasion, dans un premier temps, de créer une entité qui transcende les communautés, un lieu de brassage intergénérationnel, intercommunautaire, un lieu des possibles, à la manière de Lina Bo Bardi dans le Sesc Pompéià. La reconversion de ce patrimoine atypique permettra aussi de relier le nord et le sud de l’île, tissus urbains dispersés, ainsi que l’est et l’ouest de l’île à travers un système de franchissement traversant. Ce bâtiment a la particularité d’être composé de deux entités architecturales distinctes énoncées ci-après. Voûtes 70 voûtes recouvrent une surface exploitable au sol de 32 000 m². A partir d’un jeu de matérialité sur les voûtes, juxtaposant surface bétonnées et


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Cartes 1 Géologie de Plaine Commune 2 Cassini (1790) 3 État-major (1850) 4 Paris und Umgebung (1871) 5 «Dunkerque» (1950) 6 CadMapper (2017)

Photos 7 Île Saint-Denis Rue Mechin et Hôtel de Ville 8 Rue du Bocage 9 Pont de l’île 10 Entrepôts du Printemps 11 Saint-Denis Gare SNCF 12 Le Port et l’île 13 Villeneuve-laGarenne - Le Pont et l’Avenue de Gennevilliers

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surfaces vitrées, nous composerons cet espace que nous souhaitons laisser le plus interprétable possible, en en faisant un lieu des possibles, un lieu où la créativité et l’imagination règnent en maîtres. Sur le plan, nous avons proposé un exemple de situation éphémère pouvant avoir lieu dans ces locaux, comme des marchés hebdomadaires, des expositions de travaux réalisés dans les ateliers de ce même bâtiment, avec comme seuls séparateurs physiques des rideaux faisant la longueur totale de l’édifice (séparations éphémères créant de nouvelles possibilités d’usages).

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1

Barre La deuxième partie de l’édifice, la longue barre dont la courbe suit la Seine à l’Est, est la partie où nous souhaitons intégrer les équipements sportifs dont les habitants pourront profiter sur plusieurs plateaux superposés. Sa monumentalité permet une pluralité de propositions intéressantes, de même que sa structure poteau-poutre qui permet de recomposer le volume et donne la possibilité d’intégrer un patio ainsi qu’une exploitation de la toiture comme un nouveau sol. Il s’agit d’« ajouter quelques petites choses, le moins d’objets inutiles possibles ».


1 Collage comparant l’évolution de l’immigration en Seine-Saint-Denis et les sportifs français issus de l’immigration ayant marqués l’histoire du sport en France

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Acupuncture urbaine 1 3Résidences, allée Pascal, VLG + Jardin résidentiel, BoulogneBillancourt, MUTABILIS Paysage (2012-2014)

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2 Entrepôts, chemin de la Litté, Villeneuve la Garenne + COUCH, Amsterdam, MVRVD (2015) 3 Parking, boulevard Gallieni, VLG + Mobilier urbain de remise-enforme

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4 Sous pont de l’A86, Île-SaintDenis + Skyline Park, Denver, COL, USA, Lawrence HALPRIN (1972-1975)

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Cartes 1 Carte des lieux à subvertir 2 Carte des espaces verts, équipements sportifs existants et des interventions

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5 Anciens Entrepôts des Galeries Lafayette, Île-Saint-Denis + SESC Pompéià, Sao Paulo, Lina BO BARDI (1977- 1986) 6 Terrain vague, rue Charles Michel, Saint-Denis + Terrain de Football

7 Espace vert, boulevard de la Libération, Saint-Denis + Terrain de basket-ball 8 Parking, rue A. Bougera, SaintDenis + Minimalist Playground, Berlin, Ateliers Ioidl (2012)

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9 Espaces verts, rue de Montfort, Saint-Denis + Minimal Skatepark, rue Claudel, Paris, CONSTRUCTO, 2011


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Équipements sportifs

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Circulation Résidences Espaces pour enfants Salle informatique Espaces à louer Librairie et espaces de lecture/ travail Parking Parking

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Ateliers associatifs Espaces d’expositions Restaurant Espaces d’expression corporelle

Espace de performance

Espace du marché hebdomadaire

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11 1 Sites d’interventions - vue aérienne 2 à 6 Photographies des anciens entrepôts des Galeries Lafayette @Bod

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DIAGRAMMES 7 Toiture - génératrice d’espaces par jeux de lumière zénithale 8 Transversalité - reliant les deux rives de la Seine et insérant l’édifice dans le tissu urbain

9 Circulation - permet la desserte totale de l’édifice en dissociant usages publics et privés 10 Superposition de programmes - faire lien par diversité et imbrication 11 Plan programmatique éclaté 12 Axonométrie du projet de reconversion 13 Reconversion des voûtes en lieux des possibles


FOOTBALL

INFORMATIQUE

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BASKET-BALL

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VOLLEY-BALL

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THÉÂTRE DANSE

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1 1 Ă 4 Maquette de reconversion des anciens entrepĂ´ts des Galeries Lafayette

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5 Dessin perspective du projet sur site


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Bibliographie SECCHI Bernardo, Première Leçon d’Urbanisme, Parenthèses Éditions, 2006 MANDOUL Thierry, NP2F, Sport, Portrait d’une métropole, catalogue d’exposition Pavillon de l’Arsenal, 2014 L’ Architecture Aujourd’hui, SPORTS, N°410, Décembre 2015 LERNER Jaime, Urban Acupuncture: Celebrating Pinpricks of Change That Enrich City Life, Island Press, Washignton DC, 2014 PICARETA Lourdes, La piste des éléphants blancs, Documentaire Arte, 02-08-2016 , (28-39 mins)


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1

atlas référentiel 1 Cent-Quatre, Novembre Architecture 2 SESC Pompéià, Lina BO BARDI 3 Centre culturel et sportif, BRUTHER 4 Centre Sportif Jules Ladoumègue, DFA

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HABITER LA CLÔTURE Détourner la contrainte Manon JOUVIE Elena GOICOECHEA

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L’espace public et les Jeux Olympiques

Comment habiter le mur ?

Qu’est-ce qu’un espace public et comment est-il vécu ? L’espace de la liberté (en opposition à l’espace qui en est justement privé) est de plus en plus fonctionnalisé, déterminé, dessiné, mis au service d’une circulation toujours de plus en plus fluide. Cet espace on en est donc dépossédé, car on ne peut plus se l’approprier. De là viennent une liste non exhaustive de possibles actions à mettre en place : création d’obstacles, polyvalence, réduction drastique de l’espace réservé aux voitures, introduction d’espaces non dessinés (support d’imaginaire et sas de respiration), prise en compte de la fonction ludique et symbolique, soit réaménager la ville comme un possible terrain de jeux.

Nous décidons donc de détourner sa contrainte en imaginant un mur qui rassemble plutôt qu’un mur qui sépare, et on dénombre les possibilités qu’offre un mur d’être habité (niche pour s’asseoir, mur de jeux, mur qui prend une épaisseur pour devenir bâtiment...). Il s’agit donc désormais d’introduire cette réflexion dans une temporalité particulière et que l’on peut distinguer en 4 temps forts : avant le chantier, pendant le chantier, pendant les JO et après les JO. À chaque étape, le mur se transforme pour accueillir ou séparer.

Comment dessiner un espace public sans être autoritaire ? Comment faire en sorte que les citoyens soient acteurs dans cet espace, afin qu’il redevienne le lieu de la pluralité, de la confrontation des idées ? Et comment imaginer ce site entre Saint-Denis, SaintOuen et l’Île-Saint-Denis comme un possible terrain de jeux, puisqu’il les accueille ? La clôture olympique La notion de clôture est pourtant plus qu’autoritaire dans ce projet. Nous avons été étonnées de constater l’absence de réflexion sur la clôture qui se doit d’être construite, mais que tout le monde fuit comme pour ignorer une réalité qui dérange, bien que pesamment présente pour tous les habitants autour d’elle. Nous voici donc repartis dans une démarche de collectionneurs à comprendre ce qu’est le mur : une LIMITE qui dit la fin d’un monde, une CLÔTURE qui s’approprie la terre, une FRONTIÈRE qui empêche l’Autre, une BARRIÈRE pour passer audessus, une ENCEINTE qui donne naissance à un autre monde, une MURAILLE qui tamise, un REMPART contre lequel on se dresse, une TRACE qui ne veut pas s’effacer, une DOUVE n’appelant qu’à un pont levis, une CEINTURE de sécurité, une LIGNE de démarcation qui se fait remarquer, une SÉPARATION qui met en contact, l’ESPACE entre deux bords.

Cette temporalité du mur se traduit dans sa matérialité, ce qui partira est construit de manière temporaire, ce qui reste est le fruit du recyclage des démolitions du chantier olympique, permettant à la fois aux riverains présents et aux populations futures de savoir ce qui reste par rapport à ce qui part, et la reconnaissance d’un objet architectural comme ayant fait partie des installations des JO ou ayant été construit pendant leur déroulement. Les espaces potentiels Nous repérons ensuite les terrains les plus intéressants à traiter autour de l’enceinte, et proposons des scénarios. Le mur dans ce projet, au-delà d’une simple surface suivant un tracé et ne se réduisant qu’à ça, vient prendre de l’épaisseur, emmure des bâtiments existants, se construit d’autres nouveaux, forme des passages, accueille des usages ponctuels et vient aussi dessiner l’espace au sol qui l’entoure. Il devient, finalement, un objet architectural engagé, témoin de l’évolution du territoire et de ses habitants.


EspacEs accEssiblEs

Places Publiques

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équiPements Publics (Parcs, cimetierre...

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la seine + la voirie

EspacEs publics

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esPaces Privés extérieurs accessibles + esPaces Privés intérieurs accessibles

EspacEs privés

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5 1 Identification de tous les espaces accessibles dans le territoire 2 Repérage des usages des habitants 3 Rue Jean-Jacques Rousseau 4 Parc de l’église 5 Rue Marcel Cachin 6 Stade Pablo Neruda 7 Entreprise EDF, Allée de Seine 6

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1 Les aspects du mur avec références 2 Temporalités du village D

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ENCLAVE VOLONTAIRE

Line in Tula Desert, Walter de Maria, Etats-Unis, 1969

d é t o u r n e m e n t

In Exodus, or the Voluntary Prisoners of Architecture, Rem Koolhaas, 1972

é va s i o n i n v o l o n ta i r e

The Blue Fence Project, par Superniche, Londres, Angleterre, 2009

d o u b l e

t

u s a g e

Ancien Ghetto nuovo (1516), Venis, Italie, 2007

p a n o p t i c o n

Village olympique destiné à devenir une prison, Lake Placid, Etats-Unis, 1980

m at i e r e d’ é D I F I C AT I O N

Olympic Park Fence, Londres, Angleterre, 2014

c e n t r a l i t é

Plan de Paris, Georges Brun, 1530

Stade Hamden Park, Glasgow, Ecosse, 1954

58 h

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SYMBOLE DE POUVOIR

Chute du mur de berlin, Allemagne, 1989

Rue de Cléry et Beauregard, Brassaï, Paris, France, 1939

h e r m é t i q u e

support d’expression

Tombeau de Rachel, Bethléem, Palestine, 2009

Frontière israélo-palestinienne, check-point de Qalandiya, Palestine, 2012

MANIFESTATION POLITIQUE

POROSITé du regard

Manifestation, extérieur du village olympique de Toronto, 1976

Mur de Berlin, Henri Cartier Bresson, Allemagne, 1962

imaginaire politique

I N T E R FA C E D E C O N TA C T

Recuerdos Memories of the U.S./Mexico Border Wall, Ronald Rael, 2002

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La Grande Muraille de Chine (-200av.JC), 2016

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Utopia, Thomas More, 1516

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La Cité du Soleil, Tomasso Campanella, 1602


DÉPOLLUTION

DÉMÉNAGEMENT

ACTION PONCTUELLE P R É

C H A N T I E R

PALISSADE DE CHANTIER

MUR

TRACE

59 EXPÉRIMENTATION

C H A N T I E R

CHANTIER

ESPACE PUBLIC EN TRAVAIL

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BÂTIMENT EMMURÉ HÉRITAGE

ATHLETES/HABITANTS

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P O S T

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J O

VILLAGE OLYMPIQUE


1 Limites de l’Olympe + espaces potentiels 2 Matérialité de la clôture qui reste en héritage 3 Légende et mots clefs

4 SITE 1 Les châteaux : entre l’église et l’école 5 SITE 2 Les châteaux : entre générations

6 SITE 3 Sport et santé : terrain polyvalent 7 SITE 4 Allée de Seine : l’eau nous y mènera

4. Allée de Seine l’eau nous y mènera

2.

Culture et fête

s c è n e

o u v e r t e

3. Sport et santé t e r r a i n p o ly v a l e n t

2.

Les châteaux

e n t r e g é n é r at i o n s

1.

Les châteaux

entre l’église et l’école

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gravats de démolition

briques récyclées

mur de briques recyclées

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LIMITE 3

TERRIENS

OLYMPIENS

INTÉRIEUR DU VILLAGE

CONNEXION

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la Se e in ENTREPRISE

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HALLE Maxwell 2 fermée depuis 1980

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ÎLOT LOGEMENTS ET COMMERCES

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3 Vues et niveaux : toit accessible avec vue sur la Seine - se servir du relief pour créer un amphitéâtre Usages JO : cinéma, amphitéâtre pour la projection des JO, rassemblements festifs, stands de restauration du monde, halle de billetterie, point info des JO, toit accessible avec vue sur Seine

4 Connexion : relier l’intérieur avec la Seine Usages post JO : cinéma et musée des médias reliés par des programmes en commun - volumes louables gratuitement pour des marchés ou autres


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5 63 1 Vue aérienne sur Google Earth du site 5 2 Plan d’analyse du site 5

3 Axonométrie «Pendant JO» 4 Axonométrie «Post JO» 5 Vue de l’amphitéâtre

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Bibliographie SOULLIER Nicolas, Reconquérir les rues, Paris, 2012, Ulmer, 285p Lefebvre Henri. Le droit à la ville. In: L’Homme et la société, N. 6, 1967. « City of Imagination: Kowloon Walled City 20 Years Later », Wall Street Journal, 2 avr. 2014, (youtube)


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4 1 Les châteaux : entre l’église et l’école 2 Les châteaux : entre générations

3 Sport et santé : terrain polyvalent 4 Allée de Seine : l’eau nous y mènera


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atlas référentiel 1 Bolo-Bolo. PM. 1983 2 Ksour. Medenine. Tunisie. 1932 3 A Poetic of interpretation. Luca Galofaro. Cajon del Arquitecto. 2014 4 Blue fence. Palissade temporaire du village olympique de Londres. 2012 5 Mur pendant les JO de Rio. 2016 6 Storefront for art and architecture. NYC USA. Steven Holl. 1992 7 Rue Sheikh Rihan, Mohamed Mahmoud, vingtaine d’artistes. Mars 2012 8 Community melting pot. Cargo collective. Cardiff. Pays de Galles. 2014 9 Dans la pente. Naples. Italie. Anonyme. 2016 10 Plan du Comlongon Castle

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HORIZON SEINE Habiter l’Île-Saint-Denis dans ses spécificités Valentin FAURE Ruben KHARAT

Un des objectifs du projet P5 est de questionner la proposition de village exposée par Dominique Perrault pour les Jeux olympique de Paris 2024, ainsi que de produire une réflexion à plus grande échelle sur le territoire avoisinant, mais également sur la notion de quartier et de voisinage.

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Nous avons commencé par nous familiariser avec le territoire en le parcourant, la première fois pour le découvrir, les suivantes avec un angle critique afin de mettre à l’épreuve nos remarques. Nous avons entrepris de questionner l’île à partir de ses berges. L’étude de ces dernières, réalisée à l’aide d’un relevé exhaustif, nous a permis de mieux comprendre leurs diversités en termes d’accessibilité, d’épaisseur, de hauteur, voire d’aménagement. Nous avons ainsi pu conclure que les berges présentant le plus fort potentiel dans l’optique d’un projet étaient celles situées entre Marques Avenue (au sud du site olympique) et l’A86 (qui en marque la limite Nord). Ces premières observations et analyses nous ont également conduits à prendre conscience de ce qui créait la sensation d’insularité sur le site. De nombreuses percées semi-transparentes et transversales relient les berges deux-à-deux, et ancrent le site de manière globale, dans un contexte dépourvu de logements sur tous ses côtés, entre héritage historique avec la Cité du Cinéma, grandes surfaces avec Qwartz, Marques Avenue, et infrastructure avec l’A86. Ainsi, nous avons choisi de réaliser pour notre projet la partie du village olympique située sur l’île, puisqu’elle concentrait le plus grand nombre de nos questionnements soulevés. Forts de cette analyse, nous avons décidé de nous intéresser à l’histoire des usages de ces berges. Nous avons ainsi pu découvrir des images d’archives des activités passées du site (baignade, activités fluviales, promenade, etc.). Celles-ci ont alimenté notre perception et imaginaire vis-à-vis du site, en nous faisant également prendre conscience de l’absence actuelle de ces usages. En comparant cette disparition à plus grande échelle, nous nous sommes rendu compte que bon nombre de ces usages avaient également disparu tout le long de la Seine, notamment avec l’interdiction de la baignade dans le fleuve au siècle dernier. Néanmoins, avec la

dynamique actuelle tournée vers les Jeux olympiques, de nombreuses activités reprennent peu à peu place sur la Seine, comme par exemple la baignade dans le canal de l’Ourcq qui accompagne la volonté de rendre la Seine propre pour l’exercer. Cette analyse nous a tout d’abord permis d’affirmer notre position par rapport à la création d’un projet urbain sur l’Île-Saint-Denis, mais également de nous positionner vis-à-vis du projet de Dominique Perrault ainsi que du site. Par conséquent, nous avons voulu nous intéresser à la partie du village olympique située sur l’île d’un point de vue différent, afin de poser la question : comment habiter l’Île-Saint-Denis en conservant ses caractéristiques intrinsèques ? De même, nous avons cherché à conserver les perspectives existantes, tout en s’inscrivant dans la continuité de la Cité du Cinéma, pour ouvrir ce quartier sur le reste du village. L’île faisant face à un front, le Qwartz, nous avons cherché à nous isoler et à répondre partiellement à l’influence de ce bâtiment par le biais de la composition de la berge lui faisant face et d’une composition de bâtiment qui décale la façade de ce front. Le côté correspondant à la Cité du Cinéma est formé comme une réponse à la Cité du Cinéma, avec une série de barres positionnées de manière à répondre aux espaces non construits de celle-ci. Enfin, dans une volonté de réinvestir les berges et la Seine, une promenade a été aménagée le long des berges se connectant à celle présente au Sud du site. Cette dernière abrite également des programmes variés au fil de l’eau, comme par exemple une piscine ou encore un café.


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1. Vue sur le Nord de l’Île-Saint-Denis, depuis Saint-Ouen 2. Vue sur les entrepôts de l’Île depuis Villeneuve la Garenne 3.Vue sur les berges Ouest du site 4. Vue sur la cité du cinéma depuis la berge du Qwartz 5. Vue depuis le site en direction du reste du village olympique

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6. Berges du site côté Ouest, sous la A86 7. Zoom sur les platanes de la berge Est

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1. 2.

3.

L’Île Saint-Denis, Alfred Sisley Photographie depuis le pont du bras de la Seine qui accueillera les activités sur l’eau pendant les JO 2024 Carte postale montrant une berge

4. 5.

6.

de l’île côté SaintOuen Idem Photographie, baignade dans le bassin de la villette, 2016 Berges en face de la Cité du Cinéma

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1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14.

6

Connexion à la promenade du Sud de l’Ile Vues traversant l’île et bâtiments se détachant Connexion par un parc à la place du village en face de la Cité du Cinéma Création d’un front pour s’isoler du vis-à-vis imposant du Qwartz Photographie de la maquette, vue sur la Seine Photographie de la maquette, vue depuis le toit de la Cité du Cinéma Photographie de la maquette, vue sur le quartier Plan du quartier Coupes du quartier Axonométrie des circulations Perspective d’un ponton sur la Seine Perspective depuis le parc Perspective depuis le centre de l’île Perspective d’une intériorité


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1 1 Ă 5 Photos de la maquette

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atlas référentiel 1 Funnenpark, Amsterdam 2 Chilida, sculpture 3 Nemausus, Jean Nouvel, Nîmes

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L’A86, VECTEUR DE LIENS ? Faire des vides de l’A86 un atout du territoire qui génère des points de fédérations

Le projet de ce semestre, tourné vers la compréhension d’un territoire et la manière de le transformer, prend comme axe de travail l’arrivée des Jeux olympiques à Paris en 2024 et la création d’un « village olympique » dans le 93. Pour débuter l’analyse de ce terrain, nous avons décidé de l’explorer par la marche. À travers ces balades nous avons pu établir un relevé de plusieurs identités fortes : le site est fait d’un fleuve, d’une plaine, d’une île et d’une autoroute, l’A86 qui traverse toutes les communes de Plaine Saint-Denis ; celle-ci marque le territoire de par son omniprésence.

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Aujourd’hui, l’autoroute génère une réelle rupture sur le territoire et interrompt la connexion nord-sud rendant la traversée parfois impossible. En utilisant l’implantation du village olympique comme prétexte pour interroger le territoire, nous nous sommes dirigés vers les problématiques liées à la présence de cette importante infrastructure. Il nous fallait faire de cette contrainte, qu’est l’A86, un vecteur de lien social pour renverser le ressenti négatif que les habitants ont d’elle. En parallèle, nous avons mené une recherche sur les aménagements sportifs présents sur le territoire. En effet, le sport est un des éléments qui génère dans les quartiers en pleine mutation, comme ceux-ci, des liens sociaux entre les différentes nationalités, les diverses populations. De plus, dans le passé, le sport a déjà participé à la métamorphose de la Plaine Saint-Denis avec par exemple la construction du Stade de France en 1996. Ce qui nous a intéressées sur cette autoroute, lors de nos balades, ce sont ces lieux de passage, ces vides, ces espaces résiduels. Lorsqu’on s’y trouve, une cinématographie des lieux se créé, on aperçoit un enchaînement de scènes, de paysages rythmé par la présence des poteaux. Nous nous sommes alors demandé ce que serait d’habiter au sein et autour de la structure. Après une énumération et une étude des quatorze vides présents sur cette tranche d’autoroute, nous commençons par nous rattacher à deux zones : le nœud autoroutier, situé à Villeneuve-la-Garenne et l’Île-Saint-Denis.

Estelle BAVEREL Justine JACQUET

Le nœud autoroutier est un espace complexe où routes et autoroute s’entremêlent, rendant les passages difficiles. Le but étant de faire de ces vides des lieux de fédération par le biais du sport, notamment. Tandis que, l’Île-Saint-Denis, traversée dans sa largeur par l’autoroute, accueille au-dessous de l’A86, un espace non aménagé qui peut être un véritable atout pour le territoire. Les vides de Villeneuve-la-Garenne sont au nombre de quatre : Gallieni, Royer, Moulin de cage et Asnières. Au cœur du nœud se trouve une butte de terre ; nous décidons de faire de ce terrain le point autour duquel les vides gravitent. Nous créons un passage de Gallieni et Royer à Moulin de cage sous l’A86. Trois hypothèses découlent de ces recherches sur ce lieu. Toutes les hypothèses sont nées dans une optique de relier Villeneuve-la-Garenne et l’île, et d’avoir une connexion piétonne Nord-Sud plus facile. Dans toutes les hypothèses, l’autoroute a été percée dans le vide de Gallieni pour apporter de la lumière, ainsi que des lumières incrustées dans le béton du plafond de l’autoroute pour le rendre plus agréable. Ces programmes découlent d’une recherche d’associations pour comprendre les besoins des habitants de ce territoire et ainsi proposer un programme le plus adapté possible. Dans la première hypothèse, la courbe de la sortie d’autoroute sculpte la forme d’un skate parc. Une partie du toit du vide Moulin de cage devient un point de vue que l’on peut rejoindre par un escalier. Il offre une vue sur le skate parc et sur la partie Nord de la Seine est créé. Nous avons décidé d’investir le terrain aux pieds du centre commercial Quartz en l’aménageant avec des locaux à usages multiples. Pour relier Villeneuve-la-Garenne et l’île, nous avons créé une passerelle sous l’autoroute afin de conserver cette perspective comme fil conducteur du territoire. Sur l’île, on découvre un endroit végétalisé, des espaces où l’on peut profiter des berges. À travers les poteaux, on aperçoit deux city stades accompagnés d’une zone de repos. L’idée de créer des city stade répond à la volonté du sport accessible à tous et 6

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Photographies des vides de l’A86 1 Chemin des reniers 2 Longue bertrane 3 Gallieni 4 Royer 5 Moulin de Cage 6 Asnières 7 Bellastock 8 Chatelier 9 Pleyel 10 Anatole 11 Voie Ferrere 12 Stade de France 13 Av. stade de France 14 Général de Gaulle

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1 Représentation sensible de l’A86 2 Carte des équipements sportifs 3 Croquis de l’autoroute

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Équipement sportifs couverts (gymnase) Équipement sportifs extérieur (terrain) Piscine Futur village olympique


échelle 1:500

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Les dessous de l’infrastructure au niveau de : 1 Gallieni 2 Royer 3 Moulin de cage 4 Asnières 5 Bellastock 6 Chatelier


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échelle 1:500

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à la demande des habitants du territoire. Derrière la deuxième rangée de poteaux, on peut découvrir un bar, un lieu de rencontre ; ces points délaissés tendent à devenir attractifs. Dans l’hypothèse numéro 2, on conserve la passerelle vers l’île, mais la zone du nœud de l’infrastructure sera investie par un bâtiment accueillant un programme sportif et des bureaux. Face à lui, un bâtiment de stockage vient s’ancrer entre l’autoroute et son embranchement. Un deuxième bâtiment de stockage s’imbrique dans un des embranchements Sud de l’autoroute. La création d’un skate parc devant le Quartz va apporter une activité à ce lieu actuellement délaissé.

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Enfin, dans l’hypothèse numéro 3, qui comprend le même skate parc que celui de la première, des locaux de bureaux ou de stockage ont été intégrés devant le Quartz, mais aussi sous le passage de l’autoroute afin de créer une continuité de façade sous l’infrastructure. LES TROIS HYPOTHÈSES Dans la première hypothèse, la courbe de la sortie d’autoroute sculpte la forme d’un skate parc. Une partie du toit du vide Moulin de cage devient une place que l’on peut rejoindre par un escalier. Ainsi, un point culminant est créé et offre une vue sur le skate parc et sur la partie Nord de la Seine. Le skate parc est un lieu de partage créant des liens entre les différents utilisateurs de tout âge. Puis, nous avons décidé d’investir le terrain au pied du centre commercial Quartz en l’aménageant avec des locaux à usages hybrides, des locaux de stockage, ou des bureaux, mais aussi une salle de réunion pour des associations. Ensuite, nous avons voulu relier Villeneuve-laGarenne et l’île. En effet, il s’agit de réunir le territoire de Saint-Denis (avec les futurs habitants de l’île, Marques Avenue, voire le quartier Pleyel) et celui de Villeneuve-la-Garenne (avec le Quartz). Nous avons créé une passerelle sous l’autoroute pour conserver cette perspective comme fil conducteur de

ce territoire. Nous pouvons donc à notre gré marcher au-dessous de l’A86 et découvrir une nouvelle valeur plus poétique du béton et de cette structure. Sur l’île, on découvre un endroit végétalisé, des espaces où l’on peut prendre le temps de s’asseoir et profiter des berges. À travers les poteaux, on entreaperçoit deux city stade accompagnés d’une zone de repos. L’idée de créer des city stade répond à la volonté du sport accessible à tous et à la demande des habitants du territoire, le moins sportif statistiquement de France. Il n’y a pas assez d’infrastructure prévue à cet effet, ni de moyens suffisants pour les habitants de s’inscrire à des clubs de sport. Derrière la deuxième rangée de poteaux, on peut découvrir un bar, un lieu de rencontre ; ces points délaissés tendent à devenir attractifs. Dans l’hypothèse numéro 2, on conserve la passerelle vers l’île. Par contre, la zone du nœud de l’infrastructure sera investie par un bâtiment accueillant un programme sportif : un Dojo et des bureaux aux étages. Face à lui, un bâtiment de stockage vient s’ancrer entre l’autoroute et son embranchement. Un deuxième bâtiment de stockage s’imbrique dans un des embranchements Sud de l’autoroute. La création d’un skate parc devant le Quartz va apporter une activité à ce lieu actuellement délaissé. Enfin, l’hypothèse numéro 3, qui comprend le même skate parc que celui de la première, des locaux de bureaux ou de stockage ont été intégrés devant le quartz, mais aussi sous le passage de l’autoroute afin de créer une continuité de façade sous l’infrastructure. On garde la liaison entre Villeneuvela-Garenne et l’île par une passerelle qui cette fois est plus en hauteur et séparée de l’autoroute, elle nous offre ainsi un point de vue sur l’île et la Seine.


Plan haut de l’hypothèse 1

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Plan bas de l’hypothèse 1


Plan haut de l’hypothèse 2

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Plan bas de l’hypothèse 2


Plan haut de l’hypothèse 3

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Plan bas de l’hypothèse 3


Hypothèse 1

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Hypothèse 2

Hypothèse 3


Bibliographie PEREC Georges, Espèces d’espaces DEBORD Guy, La dérive CAUQUELIN Anne, Essai de philosophie urbaine BEAUCHARD Jacques, MONCOMBLE Françoise, L’architecture du vide CLÉMENT Gilles, Manifeste du tiers paysage NARS Joseph, Le rien en architecture, l’architecture du rien BERTRAND M. J., LISTOWKI H., Les places dans la ville, Les pratiques de l’espaces CORAJOUD Michel, Le projet de paysage, Lettre aux étudiants Film : White Elephant, réalisé par Pablo TRAPERO Podcast : «Toxic-tour en Seine-Saint-Denis», France Culture 89


TOUTE LA VILLE EST UN ESPACE DE JEUX Imaginer la ville à travers l’œil de l’enfant Diana BOU SALMAN Imen GHATTASSI Simonida YLI Problématique En 2024, les habitants de la Plaine Commune, notamment les jeunes qui représentent 44 % de la population, vont être directement confrontés à leurs idoles. Ceux-ci sont parfois issus des mêmes milieux qu’eux, ils sont donc une véritable inspiration pour la jeunesse défavorisée. Cependant, l’installation du village olympique va augmenter les inégalités sur le territoire, car il y a une vraie séparation entre les deux mondes, matérialisée dans la réalité par une clôture.

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Après avoir arpenté le site de nombreuses fois, nous nous sommes rendu compte qu’un grand nombre d’enfants et d’adolescents n’utilisent pas les équipements qui leur sont destinés, cela s’explique peut-être par le fait qu’ils ne sont pas adaptés, non entretenus, voire parfois trop chers. De plus, le sport, notamment d’équipe comme le football, occupe une place importante, car il offre la possibilité de se réunir ainsi qu’une échappatoire à leur vie quotidienne. Notre projet pour le village olympique est donc dédié aux habitants, surtout les jeunes, de la Plaine Commune. Une partie infime du budget pour le village va donc être utilisée à cet effet, car nous imaginons des équipements à petite échelle en vue de réinvestir les espaces de la même façon que le font les jeunes qui avec peu de moyens arrivent à déceler tout un imaginaire. Notre seconde inspiration était les 600 « playgrounds » à Amsterdam d’Aldo Van Eyck qui, avec des formes simples et sans usages prédéfinis, crée un univers de jeux. Il s’agit par le biais de l’enfant de créer un projet intergénérationnel, puisque l’enfant (sauf s’il est adolescent) est généralement accompagné. Les trois phases du projet Le projet se déroule sur trois temps, la première phase est celle de la préfiguration, afin de s’assurer de la pertinence de ces lieux et des nouveaux usages qu’ils engendrent. Pour la seconde phase, durant les Jeux olympiques, nous imaginons que certains des usages préfigurés vont prendre place au sein du village ainsi qu’à l’extérieur. Une communication indirecte est créée : un lien entre et les athlètes et les habitants. Enfin, la troisième phase, « post-olympique », permet de multiplier et de rendre permanents les espaces préfigurés.

Les lieux d’intervention Ces installations vont prendre place dans les lieux délaissés et des interstices urbains en vue de réanimer tout le territoire. Notre projet prend la forme d’un réseau d’espaces de divertissement autour du jeu et du sport. Il s’étale sur l’Île-Saint-Denis, Saint-Denis, Villeneuve-la-Garenne, Saint-Ouen et Gennevilliers ; ceci permet d’unifier ce vaste espace et de créer un « village global ». Ces lieux ont été sélectionnés et classifiés selon leur morphologie et emplacement. Ils renferment également les mêmes caractéristiques que les espaces déjà appropriés dans la ville par l’enfant. Les trois catégories de lieux sont alors : les failles urbaines, les cœurs d’îlots et, enfin, les espaces préfigurés non appropriés. Trois exemples projetés Notre projet est illustré à travers trois exemples. Le premier lieu représente la faille urbaine. Nous avons décidé de transformer ce lieu en espace de glisse, grâce à la morphologie du site mais aussi en raison de son isolement par rapport aux habitations. Il est possible d’y faire du bruit et il est très favorable à la réunion d’adolescents qui en ont exprimé l’envie à plusieurs reprises. Le second est un cœur d’îlot d’habitation qui se caractérise par sa topographie et les différentes qualités du sol. Notre but principal pour ce lieu était de réinvestir l’espace afin de créer des activités pouvant motiver les habitants à sortir de leur logement. Le dernier nous l’avons nommé « parc caché », car il fonctionne comme une sorte de clairière. Nous voulons y introduire une structure du même type que celle qui est déjà présente pour pratiquer la danse. C’est une activité que les enfants n’ont cessé de mentionner lors de nos visites sur le territoire. Ainsi, en intervenant sur le territoire, avec par exemple l’ajout d’arbres ou un dessin d’un terrain de football au sol, et sans intervenir, comme à l’intérieur du parc, on peut créer un autre univers avec plusieurs possibilités d’usages. Avec la répartition de ces lieux sur tout le site on parvient à créer un réseau de jeux, une connexion entre les habitants.


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4

Les lieux-dits des terrains de jeux : 1 La roue d’hamster 2 Terrain de foot 3 La pêche 4 Au bout du monde 5 Au milieu de la jungle 6 La signature 7 Au milieu de la jungle bétonnée

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les inégalités en vue des jeux olympiques ?

1 Collage d’un contraste en miroir 2 Diagramme des usagers 2024

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1

3 Dessin d’enfant interviewé 4 Carte imaginaire de l’enfant 5 Dessin d’enfant interviewé

Visiteurs Jeunes athletes superstars

Jeunes habitants

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LIEUX D’INTERVENTION

INTERSTICES URBAINS - LIEUX DES POSSIBLES

Ce type de l mais dialogu 1 14 13 15

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1 2 12

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1 11 10

Ce type de l d’obsolescen

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4 9 8 7

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INTERVALLES SPATIAUX RESTREINTS Lieux empochement Carte de tousinterstitiels les lieux d’intervention

Lieu de frottement

Oublié 2

1 2 3 4 5 6

Entre-Deux Rapport au bâti / rapport à l’extérieur

Ambigu / Incertain

Plein de possibles 3

Libre

6

ESPACES PROGRAMMES Vastes lieuxEchèlle: programmés 1/3500e

Solution de continuité

Non bâti Délaissé

CŒUR D’ILOTS Lieux interstitiels endogènes

Non-Lieu

Interface

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Vide Creux de la ville 4

Méat / pore

Non-approprié

Catégories des lieux Intervalle no 11 Cœur d’îlot no 8 Espace programmé no 5 Dessin d’enfant interviewé Dessin d’enfant interviewé

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Ce type de l toujours oubl

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Saint-Denis


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Intervalle no 11

Plan de l’existant Plan avec l’intervention Coupe avec l’intervention Collage panoramique existant

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Cœur d’îlot no 8

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Plan de l’existant Plan avec l’intervention Coupe avec l’intervention Collage panoramique existant


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Espace programmé no 2 : Parc caché

Plan de l’existant Plan avec l’intervention Coupe avec l’intervention Collage panoramique existant

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Maquettes interactives des trois lieux projetés Phases pré-olympique et olympique

1 Intervalle urbain État actuel

Phase d’installation

2 - Cœur d’îlot État actuel

Phase d’installation

3 - Parc caché État actuel

Phase d’installation

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Phase de réinvestissement

Vue aérienne de l’intervalle no 11 réinvesti

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Phase de réinvestissement

Vue aérienne de l’îlot no 8 réinvesti

Phase de réinvestissement

Vue aérienne du parc caché réinvesti


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Maquette de réseau

Phase post-olympique Maquette du réseau 1 Les interventions connectées 2 Zoom sur le cœur d’îlot 3 Vue de Villeneuvela-Garenne 4 Vue de Saint-Denis 5 Intervalle urbaine pré/post Van Eyck

2

3

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Bibliographie UAPS, Open Scenarios (documentaire vidéo), Vimeo, 2009 (5,10min) BACHELARD Gaston, L’eau et les rêves, Éditions Jose Corti, 1942 DONNADIEU Brigitte, L’apprentissage du regard - leçons d’architecture de Dominique Spinetta, Éditions La Villette, 212 p. HERTZBERGER Hermann, Lessons for students in architecture, 010 Publishers, 1991 HUIZINGA Johan, Homo Ludens : essai sur la fonction sociale du jeu, Paris Gallimard, 1951, p. 37 KAJIMA Momoyo, KURODA Junzo, TSUKAMOTO Yoshiharu, Made in Tokyo: Guide book, Paperback, 2001, MACCARTER Robert, Aldo Van Eyck, Yale Books, 2015, 247 p. MANDOUL Thierry et NP2F, Sport - portraits d’une métropole, Pavillon de l’Arsenal, 2014


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1

atlas référentiel 1 Ateliers 2/3/4, Gennevilliers, 2016 2 Westblaak, Rotterdam 3 Toyo Ito, Sendai, 2010 4 Aldo Van Eyck, Amsterdam, 1960 5 Aldo Van Eyck, Amsterdam, 1960

4

5

6 Richard Dattner, NYC, 1970 7 Isamu Nugochi, Atlanta, 1970 8 Lady Allan, Junk Playground 1950 9 Junk Playground, Copenhague, 1950 10 Assemble, UK, 2016

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POURSUIVRE LE RÉCIT MODERNE DE L’ÎLE DES VANNES Anticiper le Grand Paris à partir des traces d’une utopie

En 2024, le Grand Paris prévoit d’installer le village olympique dans les communes de l’Île-Saint-Denis et de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Ce village est conçu comme déclencheur du projet du Grand Paris qui se définit comme « l’amélioration du cadre de vie des habitants et d’une correction des inégalités territoriales » dont souffrent ces communes.

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Les territoires de la Seine-Saint-Denis ont longtemps fait partie de la « ceinture rouge », un ensemble de municipalités communistes qui ont elles aussi visé à améliorer les conditions de vie de leurs habitants. Sur la pointe Sud de l’Île-Saint-Denis, il y a un grand centre sportif dont le palais des sports a reçu le nom de Lucien Belloni, un élu communiste. Cet élu est à l’initiative de la création du centre et des tours qui surplombent le stade. Il avait avec pour objectif de permettre à tous un accès au sport et à des logements décents. Une écriture architecturale moderne lie ces réalisations qui font face à un manque d’entretien et à une stigmatisation des grands ensembles. Pourtant, c’est sur des friches industrielles qu’est prévue l’installation du village olympique, alors que le quartier du centre sportif répond déjà à des besoins d’entraînement et d’isolement temporaire. Nous voulons donc installer le village olympique dans ce quartier et améliorer la situation de ses installations et de ses logements dégradés. Il s’agit de partir de la mémoire du site pour répondre à l’objectif du village olympique porté par le Grand Paris. Les constructions prévues sur la friche et à Saint-Ouen seraient conservées, mais le centre du village serait établi sur l’Île-des-Vannes. Lorsque les Jeux se termineront et que les athlètes partiront, nous proposons de réhabiliter les grands ensembles du quartier. Les habitants des tours pourraient emménager dans les nouveaux logements le temps que la réhabilitation ait lieu ; une fois celle-ci achevée, ils auraient le choix d’y rester ou de retourner à leurs logements. Nous voulons construire notre village comme un développement spécifique à l’Île-des-Vannes. Aujourd’hui, la tribune sépare les deux terrains de football et qualifie à la fois un espace orienté vers les tours et un autre vers la Grande Nef. Nous délimitons une esplanade à partir de ces éléments, en surplombant les bords Ouest et Est de la piste

Nagy MAKHLOUF Kim PLØHN

par des immeubles résidentiels sur pilotis. Les tours sont étendues au rez-de-chaussée pour longer la piste et les intégrer au centre sportif dont elles sont aujourd’hui séparées par un mur. Nous complétons l’encadrement du second terrain de football en analogie aux bâtiments existants : création d’une nouvelle salle polyvalente au Sud, près de la Grande Nef ; extension de la tribune et construction de nouvelles installations sportives sur la surface du terrain de football, dont les orientations rompent avec l’orthogonalité des parcours. Ces encadrements permettent de construire le quai du Châtelier à l’Est et articulent une dernière esplanade ouverte sur la Grande Nef. Les aménagements existants des berges à l’Ouest permettent d’y construire face à la Seine, en retrait du niveau des terrains de football. Des hébergements du village olympique aux logements du quartier de l’Île-Saint-Denis, des installations sportives faites de plans libres superposés, de la buanderie collective d’un immeuble à la tenue de manifestations de toutes sortes dans les bâtiments polyvalents, nous essayons ici de nous appuyer sur des forces de la pensée moderne, comme l’idéal d’une articulation harmonieuse en privé et collectif au sein d’un seul immeuble. Ces possibilités programmatiques nous permettraient de multiplier les échanges et de construire un morceau de ville là où il n’y a encore qu’un centre sportif et des logements sociaux séparés.


1

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1 Grande Nef 2 Accès à l’Île des Vannes 3 Ailleurs, face à La Défense 4 Au pied de la cité Marcel Paul 5 Programmation sportive des rives 6 Un laboratoire moderne 7 Logements sociaux et immeubles de faubourg

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1 La Grande Nef d’Anatole Kopp 2 Façades des tours HLM Marcel Paul

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3 «Quand le MODERNE n’était pas un style mais une cause» par Anatole Kopp 4 «L’artisan» communiste de la Nef... 5 et 6 Négligences et indifférences du site

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2 A’ 1

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3 A

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Plan RDC 1:4000 Élévation Ouest 1:8000 Élévation Sud 1:8000 Coupe AA’ 1:8000

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1 Plan masse 1:4000 2 Plan ĂŠtage 1:4000

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3 Phase 0 : Le projet officiel du village olympique se serait établi sur un terrain en friche de l’Île-Saint-Denis et sur un ancien site industriel de Saint-Ouen. 4 Phase 1 : Notre village olympique s’établit sur l’actuel centre sportif de l’île des Vannes et conserve le projet officiel de Saint-Ouen. 5 Phase 2 : Lorsque les Jeux Olympiques sont terminés, les athlètes quittent leurs hébergements tandis que les habitants des bâtiments HLM sur site les y remplacent, le temps que les tours soient réhabilitées. 6 Phase 3 : Lorsque la réhabilitation est terminée, les habitants peuvent choisir d e regagner leurs appartements améliorés ou de rester dans les nouveaux bâtiments. 7 Maquette des murs porteurs du plan d’étage courant de la tour HLM Cité Marcel Paul 8 Maquette du plan après la réhabilitation

7

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1 Vue depuis les HLM vers le pointe de l’Île


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1 Vue depuis l’extension de la tribune vers les équipements sportifs


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1

1 Maquette du site, échelle 1:1000 2 HLM réhabilité 3 Tour Ouest 4 Tour Est 5 Extension du tribune 6 Maisons mitoyennes

7 Maison du peuple 8 Plateaux sportifs 9 Bâtiments de type «barre» 10 Maquette du site, échelle 1:1000

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Habitation Sport Programmes communs Programmes commerciaux

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Bibliographie KOPP Anatole, Quand le moderne n’était pas un style mais une Cause, École Nationale Supérieure des Beaux Arts, Paris, 1988 KOPP Anatole, Changer la vie : l’architecture soviétique des années 20, court métrage, 1975 FRAMPTON Kenneth, A Genealogy of Modern Architecture, Lars Müller Publishers, Zurich, 2015 DEBORD Guy, La société du spectacle, L’aménagement du territoire, Gallimard, Paris, 1967 JANNIERE HELENE, « Planifier le quotidien. Voisinage et unité de voisinage dans la conception des quartiers d’habitation en France (1945-1965) », Strates [En ligne], 14 | 2008, mis en ligne le 04 mars 2013, consulté le 28 janvier 2018. POUVREAUT, Benoît. Quand communisme municipal rimait avec laboratoire urbain (19441986), Acte des journées «Les territoires du communisme» CHS, Paris, 2009


118

1

atlas référentiel 1 Réhabilitation de la tour Bois Le Prêtre, Lacaton et Vassal 2 Centre sportif La Fraineuse, Baukunst 3 Zig Zag Siedlung à Francfort, Ernst May 4 «Le sport au pied de la maison», Le Corbusier 5 Village Olympique, Turin, Steidle + Partner 6 Maison du peuple, Prouvé, Beaudoin, Lods, Bodiansky

2

3

4

4

7 Club Roussakov, Constantin Melkinov 8 Dominican Motherhouse à Media, Pennsylvania, Projet, Louis Kahn 9 Zig Zag Siedlung à Francfort, Ernst May 10 Piscine du toit de la Cité radieuse de Marseille 11 Fernand Pouillon, Le Point-du-Jour BoulogneBillancourt, 1958 et 1963

5


6

7

119

8

9

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5

11


RÉHABILITATION D’UNE ZONE INDUSTRIELLE POUR LE VILLAGE OLYMPIQUE 2024 A quoi ressembleront les villes du futur?

La question de la planification du village olympique de Paris 2024 nous a conduits à mener une réflexion sur le développement et la transformation d’une partie de la commune de St Denis. Nous avons envisagé la capacité de ce territoire à se métamorphoser spatialement pour recevoir de nouvelles fonctions, de nouveaux modes d’habiter. Cela nous a conduits à nous interroger sur les formes à donner à ces nouveaux quartiers. Comment peuvent-ils écrire le portrait d’un futur Grand Paris ? Quel rôle prospectif à nos projets ?

120

En faisant l’analyse de ces quartiers, nous avons pu observer la présence d’une forte population immigrée avec des revenus très faibles, souffrant d’un chômage chronique, des niveaux d’éducation insuffisants. Malgré une forte densité de cette population, nous avons également noté une quasi absence totale d’espaces publics et de bâtiments publics destinés à ses habitants. Les Jeux olympiques sont une occasion pour changer les conditions de vie de cette population dyonisienne et de remodeler le territoire. C’est également pour ces raisons que la France a choisi le site dans cette région. Lorsque nous nous sommes rendus à plusieurs reprises sur ces lieux, nous avons constaté que de l’autre côté de la Seine beaucoup de terrains étaient inoccupés, ou bien occupés par des programmes que la ville rejette comme des usines de déchets. Pour envisager la transformation de ces lieux, nous avons sollicité en vue de les étudier et de les comprendre des exemples de réhabilitation en Chine. En particulier, nous nous sommes référés à la rénovation des anciennes usines de Pékin, dites aujourd’hui « zone 798 Art District area », pour mieux connaître des processus de reconversion et envisager la transformation des usines de déchets dans une « zone industrielle » en art et en culture, afin de créer de l’espace divertissement.

Xixao SU Wei WANG Hanna LEE

Concomitamment, nous avons redéfini notre projet par rapport à la planification principale déjà engagée dans un carré de 560 mètres sur 340 mètres ; ce sont des dimensions et des méthodes de planification habituelles en Europe. Pour l’établissement du programme nous avons procédé par des études et des expérimentations de paramétrages de planification. Nous avons ainsi pu comparer les situations de développement en Chine et en France. De cette manière, nous avons pris conscience des avantages et des inconvénients de la planification urbaine en Europe. Quant à la Chine, elle connaît un degré d’urbanisation et de développement rapide et on ne peut pas faire abstraction des principaux problèmes qui tiennent à cette croissance, à savoir les problèmes liés à la qualité de la construction, au manque de ressources, à l’égalité, aux questions environnementales et sociales qui ne sont pas faciles d’affronter. À quoi ressembleront les villes du futur ? Cette question a conduit notre pensée tout au long du projet. Nous avons envisagé de nombreuses propositions figurées par des perspectives dont les formes sont issues d’une pensée logique fondée sur le paramétrage des données.


1 2 3 4 5 6 7

1

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3

4

Grande Nef Centre-commercial Marques Avenue La Seine Bâtiment le long de la Seine Centre-commercial Le Qwartz Usine abandonnée Maison abandonnée

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1 et 2 Gare de Saint-Denis 3 et 4 Habitants de SaintDenis

1

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4

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5 Pourcentage d’immigrés à Saint-Denis 6 Principaux délits et crimes en Seine-Saint-Denis 7 Taux de chômage en Seine-Saint-Denis et en Îlede-France 8 Taux de scolarisation en Seine-Saint-Denis et en Îlede-France

Principaux crimes et délits en Seine-Saint-Denis

A Saint-Denis

36,6% 39681 immigrés pour 108274 habitants

5

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Violences aux personnes Déliquance économique

8

Vols et dégradations Autres crimes et délits


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1

diagramme

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1 Site de projet : Saint-Denis et Gennevilliers 2 Concept et surface 3 Mesure du module 4 Nouveaux bâtiments 5 Bâtiments existants 6 et 7 Collage des deux propositions 8 et 9 Perspectives des deux propositions


5 125

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1 1 1 Deux propositions 2 Nouveau bâtiment 3 Coupe du site

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4 et 5 Images du futur projet


4 127

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Bibliographie AurĂŠlien Bellanger, Le grand Paris, Collection Blanche, Gallimard, 2017 Le Corbusier, Vers une architecture, Champs, 2008


ESPACE 798 600 000 mètres carrés  é  

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atlas référentiel 1 L’espace 798 à Pékin 2 La halle de briques rouges 3-7 L’espace 798 à Pékin

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8 Louis Vuitton Factory 9 Loft avec terrasse dans une ancienne usine à Montreuil 10 Villa Savoye, Le Corbusier

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RÉSISTANCE HABITANTE Un site à vocation citoyenne Walter Froger Lucas Cremades Sylvain Gentil

130

À l’heure où la ville de Paris est choisie pour accueillir les Jeux olympiques de 2024, le choix territorial du village olympique entre en ligne de compte dans le questionnement du Grand Paris. Le territoire de la Seine-Saint-Denis est depuis plusieurs années pressenti pour recevoir le village des athlètes. Ce choix s’est concrétisé quand les communes de Saint-Denis et de l’Île-Saint-Denis ont été désignées en tant que hôtes de ce village événementiel. Dès lors, nous nous sommes demandé comment ce territoire peut-il faire de cet évènement un atout pour son développement ? En réalité, l’organisation des Jeux olympiques est très claire : le village sera entièrement clôturé durant les deux mois des jeux, ce qui empêchera toute communication avec les territoires voisins physiquement et médiatiquement. Le projet de l’agence Dominique Perrault est à son tour sélectionné pour concevoir ce village aux allures de forteresse. Les bords de Seine de ce territoire étaient autrefois des lieux de production industrielle où des entreprises comme Alstom, EDF ou les Galeries Lafayette étaient implantées. Des restes de ce patrimoine industriel composent encore ce territoire et sont aujourd’hui, pour la plupart, inutilisés, mais ils offrent de très grands espaces qui peuvent être des atouts urbains. Alors, si pour l’instant cet événement sportif médiatique planétaire ne semble pas encore être un réel atout pour ses habitants et le développement territorial. Toutefois, pour l’instant cet événement sportif médiatique planétaire ne semble pas encore être un réel atout pour ses habitants et le développement territorial. La réhabilitation du Patrimoine présent ne pourraitelle servir à créer un vrai village urbain qui permettrait de redynamiser ce vaste territoire ? C’est bien là notre projet : redynamiser ce territoire par le patrimoine existant en répondant aux besoins présents et futurs des habitants, notamment ceux créés par la déconstruction nécessaire d’équipements pour le projet de village olympique.

Par suite, à moindre coût, ne pourrions-nous pas transformer ces espaces industriels désaffectés en lieux de travail, de création et de rencontres associatives favorisant le tissu social, la mixité sociale et la solidarité, et prolongeant ainsi la notion de « village » ? Nous avons commencé par répertorier certains de ces lieux abandonnés pour ensuite en sélectionner trois qui nous semblaient les plus intéressants à exploiter. Cette sélection s’est effectuée selon le critère de l’intérêt structurel que pouvait avoir le site, mais aussi en raison de son implantation et du rapport futur qu’il pourrait avoir avec le territoire alentour. Ainsi, notre choix s’est porté sur un premier site de la rive côté Asnières, un autre sur l’Île-Saint-Denis et le dernier du côté de Saint-Ouen, près de la Cité du Cinéma en plein village olympique. À partir de l’analyse du lieu, nous avons tenté de développer un projet qui tienne compte de la trame des constructions et du passé industriel du site. Notre idée finale étant de pouvoir y reconstruire ou d’y ajouter de nouveaux équipements permettant d’abriter artisanat, fabriques, bureaux associatifs ou d’activité, logements, etc. Notre démarche tend donc à renouer avec la notion de village pluriel mais aussi et surtout, avec un esprit collectif, solidaire et participatif qui manque dans cette zone du territoire. La diversité de nos projets, une fois développés, permettra sans aucun doute le croisement des publics et contribuera activement à la vitalité et au rayonnement culturel de Saint-Denis et de Plaine Commune. Mais vous l’avez compris, c’est avant tout une invitation à participer à la fabrication citoyenne de la ville d’aujourd’hui et de demain : une métropole évolutive et citoyenne. Il s’agit de faire de Plaine Commune le premier territoire participatif.


La réhabilitation du patrimoine present ne pourrait elle pretendre a permettre au village olympique de C oC mo m m e ne tn tl el ev ivlillal ga eg eo loylmy m p ipqi uq eu ep op uo ru rr ar iati t reconcilier/redynamiser le territoire?

p rp or foiftietre ra ua ud edve evleol poppepme m e ne tn td ’du’ nu nt etre rr irtiot iori er ep lpul su sl al ra gr eg e? ?

Le 6B - Installé dans un ancien bâtiment industriel d’Alstom de 7000 m2.

1 -

Bureaux d’architecture

2 -

Ateliers d’artistes

3 -

Salle de rencontre,réunion

4 -

Salle de fêtes, concert...

5 -

Prolongement de l’espace public vers l’extérieur

LELE 6B6B

1

2

INSTALLÉ DANS UN ANCIEN BÂTIMENT INDUSTRIEL D‘ALSTOM DE 7000 EN PLEIN CŒUR INSTALLÉ DANS UN ANCIEN BÂTIMENT INDUSTRIEL D‘ALSTOM DE 7000 M2 M2 EN PLEIN CŒUR QUARTIER DE GARE LA GARE À SAINT-DENIS DU DU QUARTIER DE LA À SAINT-DENIS

LeTRAVAIL 6BTRAVAIL - ESPACE DE CRÉATION,D’EXPÉRIMENTATION ET DE PARTAGÉ OUVERT - ESPACE DE CRÉATION,D’EXPÉRIMENTATION ET DE PARTAGÉ OUVERT SURSUR LE LE TERRITOIRE. TERRITOIRE. - Installé dans un ancien bâtiment industriel d’Alstom de 7000 m2.

- OFFRE TRIBUNE DE RÉFLEXION SONT CONVIÉS HABITANTS ET ACTEURS DE LA - OFFRE UNEUNE TRIBUNE DE RÉFLEXION OÙOÙ SONT CONVIÉS HABITANTS ET ACTEURS DE LA ASSOCIATIVE, CULTURELLE, ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE. VIE VIE ASSOCIATIVE, CULTURELLE, ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE. 1-Bureaux d’architecture RÉFLEXION LA CULTURE « VIVRE ENSEMBLE ET LA DE LA MÉTROPOLE ÉVOLUTIVE. RÉFLEXION SURSUR LA CULTURE DU DU « VIVRE ENSEMBLE » ET» DE MÉTROPOLE ÉVOLUTIVE.

2- Ateliers d’artistes.

de rencontre,réunion LA DIVERSITÉ PROJETS DÉVELOPPÉS AU 3-Salle SEIN 6B FAVORISE LE CROISEMENT - LA- DIVERSITÉ DESDES PROJETS DÉVELOPPÉS AU SEIN DU DU 6B FAVORISE LE CROISEMENT DESDES PUBLICS ET CONTRIBUE ACTIVEMENT À VITALITÉ LA VITALITÉ ETde AU RAYONNEMENT CULTUREL 4-Salle fêtes, concert... PUBLICS ET CONTRIBUE ACTIVEMENT À LA ET AU RAYONNEMENT CULTUREL DE DE SAINT-DENIS ET PLAINE DE PLAINE COMMUNE, TERRITOIRE DE CULTURE ET CRÉATION. DE CRÉATION. SAINT-DENIS ET DE COMMUNE, TERRITOIRE DE CULTURE ET DE 5-Prolongement de l’espace public vers l’extérieur

- MALHEUREUSEMENT LIEU RENCONTRE DERNIERS TEMPS DIFFICULTÉS - MALHEUREUSEMENT CE CE UN UN LIEU RENCONTRE CESCES DERNIERS TEMPS DESDES DIFFICULTÉS UN MANQUE DE SOUTIENT SE RESSENT. IL SERAIT DONC INTÉRESSANT DEMETTRE LE METTRE CARCAR UN MANQUE DE SOUTIENT SE RESSENT. IL SERAIT DONC INTÉRESSANT DE LE EN LIEN AVEC LE PROGRAMME AFIN DE RESTER DANS LA CONTINUITÉ RÔLE BÂTIEN LIEN AVEC LE PROGRAMME AFIN DE RESTER DANS LA CONTINUITÉ DU DU RÔLE DU DU BÂTIMENT MAIS AUSSI DE LUI DONNER NOUVEAU SOUFFLE. MENT MAIS AUSSI DE LUI DONNER UN UN NOUVEAU SOUFFLE.

3

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5

r ersei ss itsatnacnec eH AHBAI BT IATNATNET E

v i vl il lalgaeg eo loy lmy pmi pq iuqeu e

131 Villageétendu étendu et et connecté étendu connecté. VillageVillage et connecté.

Village compacte et clos

compacte. VillageVillage compacte.

Réappropriation de l’existant ( temporalités continues, Dialoguer avec le Réappropriation de l’existant (temporalités continues, Dialoguer le patrimoine Réappropriation de l’existant (temporalités continues, Dialoguer avec leavec patrimoine patrimoine pour créer une appartenance au site ) pour créer une appartenance au site ).

Rupture avec l’existant et le patrimoine présent sur le territoire

Rupture avec l’existant et le patrimoine le territoire. Rupture avec l’existant et le patrimoine présentprésent dans ledans territoire.

E C O L EE C O L E

Destruction de certains équipements du territoire pour acceuillir le village olympique Rupture de certains équipements du territoire pour accueillir le village olympique. Rupture de certains équipements du territoire pour accueillir le village olympique.

Phases destructrices du territoire dans le temps de mise en oeuvre des equipements, le rendant innocupable

Différentes du territoire le temps en oeuvre des équipeDifférentes phase phase du territoire dans ledans temps de misedeenmise oeuvre des équipele rendant inoccupable. ments, ments, le rendant inoccupable.

Village refermé sur lui même, aucune intéractions entre les usagés du territoire interaction entre les usagés du territoire. AucuneAucune interaction entre les usagés du territoire.

pour créer une appartenance au site ).

VS

E C O L EE C O L E

Création de nouveaux équipements + Accueil des équipements Création nouveaux équipements + accueil des équipements délocalisés du territoire Création de nouveaux équipements + accueil des équipements délocalisés du territoire délocalisés dude territoire des JO. des JO.des JO.

Phases de réhabilitation du territoire permettant la mise en oeuvre des

Temps mise en oeuvre des équipements très rapide et interchangeable équipements de manière rapide et interchangeable ( répondre dans(répondre le préTemps de misedeen oeuvre des équipements très rapide et interchangeable (répondre le présent) . dans présent) . sent)ledans

Travail avec la population + implantation des équipements dans plusieurs points du territoire pour mettre en relation le territoire et ses habitants la population + implantation des équipements dans plusieurs TravailTravail avec laavec population + implantation des équipements dans plusieurs point point du territoire pour mettre en relation le territoire et ses habitant. du territoire pour mettre en relation le territoire et ses habitant.


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9 4-6 1

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Relevé photographique de 12 sites industriels abandonnés ayant un potentiel pour une réhabilitation

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Carte constellation

1

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133


CONTEXTE DES SITES CHOISIS SITE

A Entrepôt Asnieres sur seine:

Entrepôt Asnières sur Seine:

Bibliothèque

Bureaux

4 400m2

Logements Bibliothèque Ecoles Bibliothèque Bureaux Commerce/Fabrique Bureaux Logements Ecole Sup Bibliothèque Logements

--L’ossature d’un grand entrepot avec R+1 L’ossature d’un grand entrepôt - Hauteur de plafond : 15 m max -R+1 Nombreuse ouvertures laissant passer beaucoup de lumière -

avec

- Hauteur de plafond : 15 m max - Nombreuses ouvertures laissant passer beaucoup de lumière Surface : 3000 m2 + 1400 m2 Soit : 4 400m2

Ecoles Bibliothèque Restaurant Bureaux Ecoles

Commerce Commerce/Fabrique

Bureaux Espaces verts Logements Commerce/Fabrique Ecole Sup Logements Logements Equipements sportifs EcolesSup Ecole

LA FRAC - Nord Pas de Calais Lacation & Vassal

Restaurant Ecoles usine Usine Commerce/Fabrique Restaurant Espaces verts Commerce/Fabrique Espace Ecole Sup vert Espaces verts Equipements sportifs Ecole Sup Restaurant Equipements sportifs Equipements usine Restaurant

1:3000

sportifs

usine Espaces verts Espaces verts Equipements sportifs Equipements sportifs usine

DE CITADEL - Pays Bas

usine

AlMERE

SITE Bibliothèque

Bureaux

Logements Bibliothèque Ecoles Bureaux Commerce/Fabrique Logements Ecole Sup Bibliothèque

134

114 700 m2

Ecoles Bibliothèque Restaurant Bureaux Bibliothèque

Commerce Commerce/Fabrique Bureaux Espaces verts Logements Bureaux Ecole Sup Logements Logements Equipements sportifs Ecoles Bibliothèque Logements Restaurant Ecoles usine Usine Commerce/Fabrique Bureaux Ecoles

Espaces verts Commerce/Fabrique Espace vert Ecole Sup Logements Commerce/Fabrique Equipements sportifs Ecole Sup Restaurant Ecole Sup Ecoles Ecoles usine Restaurant

Eglise

Commerce/Fabrique Espaces verts Restaurant

1:3000

Espaces verts Ecole Sup Equipements sportifs Espaces verts Equipements sportifs usine Restaurant Equipements sportifs usine

B Entrepôts Lafayette : Entrepôts Lafayette : -- Connexion Connexion directe à la Seine estdirect à la Seine est-ouest Bâtiment ouest constitué de 2 parties : Partie Est : Bâtiment constitué de 2 parties : - Toit plat avec vue panoramique - Grande surface Partie Est :couverte - C’est le bâtiment le plus volumineux -- EtToit avec vue panoramique c’est plat le plus haut point de vue de l’Ile en est le point culminant. Le point de repère. -- Cela Grande surface couverte - R+6 -- Surface C’est: 1500 le bâtiment plus m2 x 6 Soit : 90le 000 m2 volumineux Connexion direct à la Seine est-ouest --Partie C’est le plus haut point de vue Ouest : - 24 700 m2 d’entrepôts couvert point de de l’Ile, le point- Espace culminant, repère. - R+6 - Surface : 1500 m2 x 6 Soit : 90 000 m2 - Connexion directe à la Seine estouest Partie Ouest : - 24 700 m2 d’entrepôts HALLES HALSTOM - Beaux arts de Nantes

usine verts Espaces

Equipements sportifs

usine

SITE

C Ancienne usine électrique :

Bibliothèque

Bureaux

Logements

4400 m2

- Espace longitudinal Ancienne usine électrique : - Espace couvert avec une partie surélevée -- LeEspace longitudinal bâtiment relie la ville de St Denis à la -Seine Espace couvert avec une partie surélevée - Le bâtiment relie la ville de Saint-Denis à la Seine Surface : 4400 m2

Bibliothèque Ecoles Bureaux Commerce/Fabrique Logements Ecole Sup Bibliothèque

KARTING - Nantes Berthomieu Bissery Mingui

Ecoles Bibliothèque Restaurant Bureaux

Commerce Commerce/Fabrique Bureaux Espaces verts Logements Ecole Sup Logements Logements Equipements sportifs Ecoles Restaurant Ecoles usine Usine Commerce/Fabrique Espaces verts Commerce/Fabrique Espace vert Ecole Sup

1:3000

Equipements sportifs Ecole Sup Restaurant usine Restaurant Espaces verts Espaces verts Equipements sportifs Equipements sportifs usine usine

Analyse du contexte

SESC Pompea - Sao Paulo Lina Bo Bardi


SITe

Passé industriel

A

Aujourd’hui

Trame du passé

Atelier, commerce.

Logements

Bureaux

Parc

Serre Fablab Logements Parc

Bureaux

Plan PLAN Masse MASSE 1:2000

Axonométrie AXONOMÉTRIE

1:1500

PLAN RDC RDC

Ateliers

PLAN R+1

R+1

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SITe

B

Passé industriel

Aujourd’hui

Bibliotheque

Trame du passé

Logements

Restaurant

Parc

Université

Amphitheatre

Salles de cours Logements Restaurant, Bibliotheque.

Administration Ateliers

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Axonométrie AXONOMÉTRIE

PLAN MASSE 1:2000

Plan Masse

1:1500

PLAN RDC

RDC

PLAN R+1

R+1

PLAN R+2

R+2

PLAN R+3

R+3

PLAN Toiture

Toiture


SITe

C Atelier, commerce

Passé industriel

Aujourd’hui

Ecoles

Logements

Bureaux

Parc

Trame du passé

Parc

Bureaux

Restaurant Logements

Ateliers

Plan Masse

PLAN MASSE 1:2000

ONOMÉTRIE

1:1500

PLAN RDC

RDC

PLAN R+1

R+1

Ecole

AXONOMÉTRIE Axonométrie

PLAN R+2

R+2

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1 Maquette du territoire de projet : en bois, les bâtiments industriels que nous proposons de rÊhabiliter, en bleu, les interventions proposÊes


140 1

atlas référentiel 1 HALLES ALSTOM - Beaux arts de Nantes. 2 SESC Pompeia - Sao Paulo, Lina Bo Bardi. 3 LA FRAC - Nord Pas de Calais,Lacaton & Vassal. 4 DE CITADEL - Pays Bas ALMERE. 5 KARTING - Nantes, Berthomieu Bissery Mingui.

4


2

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3

5


RIVERSIDE Quelles sont les différentes caractéristiques des rives de la Seine ? Comment en tirer parti ? Emma RÖMER Hubert GAYON

Les îles de la région parisienne sont à elles seules des univers différents. À travers leur fonction, leur histoire et leur localisation nous comprenons que ses caractéristiques peuvent être applicables à un projet. Les quais, les ponts, les rues, tout a un sens et une raison. Nous nous concentrerons sur trois îles (Cité, Jatte, Puteaux) pour comprendre leurs relations et leurs différences avec l’Île-Saint-Denis, pour qu’elles nous orientent dans la compréhension de ce qu’est un espace insulaire et surtout pour nous aider à répondre à la question : « Quelles sont les différentes caractéristiques des rives de la Seine et comment pouvons-nous en tirer parti ? »

142

Vue de haut, l’on comprend facilement que les ponts ne sont pas disposés au hasard ; ils vont d’un endroit à un autre (d’une rue à une place ou un parc ou une fourche). Par exemple, sur l’île de la Cité, dont le taux d’habitants au km2 est important, il y a un pont tous les 200 ou 300 mètres, tandis que sur l’île de Puteaux, qui concentre des parcs et des installations sportives, les ponts sont espacés de plus d’un kilomètre. La plupart d’entre eux, à condition qu’ils ne soient pas piétons, conduisent directement aux plus grands axes routiers intra-urbains. Les rues suivent la forme naturelle du fleuve en dessinant les quais. Dans certains cas, comme celui de l’île de la Cité, l’architecture est alignée le long de la rivière ; c’est la définition d’une ville royale comme Paris. À SaintDenis, ce sont davantage les docks, en raison de leur échelle, qui suivent le long du fleuve. Nous remarquons que, dans Paris, les places (Dauphine, Concorde, Notre-Dame, etc.) et les parcs (Tuileries, Champ de Mars, esplanade des Invalides, etc.) sont généralement situés au bord de l’eau. Les îles sont souvent un espace neutre qui assure une jonction entre deux mondes. L’île de la Cité, où se concentrent historiquement les pouvoirs royaux, religieux et judiciaires, réconcilie la rive droite et la rive gauche qui sont depuis toujours opposées. Dans un autre registre, l’île de Puteaux (un espace de sport et de promenade) lie l’architecture monumentale du quartier de la Défense avec l’architecture assez

basse de la ville de Nanterre. C’est le cas de l’ÎleSaint-Denis, qui est une ville à part entière en reliant les villes de Saint-Ouen et Saint-Denis. Notre propos serait de relier 3 endroits de par une certaine hauteur (le Stade de France, une tour de média située à l’embouchure du canal et de la Seine, et le village olympique.) Avec 17 000 personnes à loger nous devons (en raison du programme) séparer les athlètes des médias. Ces derniers auront, grâce à la hauteur, une pleine vue sur l’ensemble du site et particulièrement sur le Stade de France. Un bateau est à même de relier ces trois points en 5 minutes par le canal. La monumentalité de notre ensemble peut faire écho aux autres rives en raison notamment de notre volonté de « casser » le côté « barre ». Pour ce faire, nous éloignons ou rapprochons différents modules de la Seine ; c’est une réponse aux quais de Saint-Denis et Saint-Ouen où peu de bâtiments sont alignés. Les hauteurs varient de bas en haut du sud au nord. Le plus haut point culmine à 36 mètres et le plus bas à 9 mètres. Cela permet un bon éclairage sur les terrasses créées avec les différentes hauteurs. Chaque appartement a une vue sur le fleuve ; c’est selon nous une des meilleures façons d’habiter. Les immeubles, incorporant d’autres typologies (commerces, restaurants, salles de sport) séparent trois espaces public, privé et équipé d’installation sportives, lesquels seront reliés à l’autre rive par des ponts et seront disposés de manière à ce que cela coïncide avec les différentes compartimentations autour de la Cité du Cinéma. Ces trois lieux ont une certaine activité par rapport au territoire. Ils seront visibles de loin et donneront une véritable identité à l’île. Sur l’autre rive, une grande piazza relie le fleuve aux immeubles existants (ex : Cité du Cinéma) qui seront investis pour les restaurants et l’administration.


1

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3

4

Premières impressions de l’île, de ses caractéristiques, de son ensemble architectural 1 2 3 4

Entrée de l’île Ensemble des tours Accès à la rivière Palais des sports

Mutations du territoire et espaces en devenir 5 Nouveaux immeubles en construction 6 Terrain vague 7 Autoroute qui survole l’île

5

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2

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5 POTENTIAL

CITY

SCALE AS IDENTITY

LIVING AREA IN THE CITY CENTER WORKS AS ITS HEART

CITY

SAINT-OUEN

11 237 HAB.|KM2

ILE SAINT-DENIS

4 259 HAB.|KM2

EVERYTHING WITHIN WALKING DISTANCE

SAINT-DENIS

8 989 HAB.|KM2

PARIS

20 934 HAB.|KM2

ILE SAINT-DENIS POPULATION

1800

1900

2000

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6 Analyses des îles (ponts et routes, quais et façades disposées en fonction de la forme naturelle du fleuve) 1 2 3 4

Île Saint-Denis Île de Jatte Île de Puteaux Île de Cité

Échelle 1 | 40 000

Analyses de territoire

Idées programmatiques

5.1 Seine comme une limite et comme une relation 5.2 Fonctions différentes 5.3 Carte de temps pour piétons, cyclistes et pilot auto | 5 et 10 minutes

6 Principe d’urbanisme «Compact City» 7 Comparaison de l’exploitation de l’espace et évolution démographique de l’île Saint-Denis


SPORT RESTAURANT ADMIN + CAFÉ

LIBRARY GALLERY

TRANSPORT SCHOOL

1

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Pictogrammes sur le plan

Pictogrammes des appartements

1 Répartition initiale 2 Ponts repartis en fonction des ouvertures 3 Définition des zones publiques et privées 4 Hauteur des immeubles en fonction de l’ensoleillement

8 9 10 11

Pictogrammes des volumes 5 Programmes spécifiques 6 Terrasses / roof top verts 7 Plan de structure de l’ensemble

Cross wall construction Portique Courts trajets + focus Jardins de devant

12 Plan du Village Olympique Échelle 1 | 5 000 13 Vue sur village avec toit en terrasse 14 Vue à nord avec grand salle de sport en bas

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1 Extrait de plan de rez-de-chaussée Échelle 1 | 1 000 2 Pictogrammes de la tour 3 Extraits des plans de la tour Échelle 1 | 1 000 1

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VOGT Günther, Miniature and Panorama, Lars Müller Publishers: Baden, 2006 GEHL Jan, Cities for People, Island Press: Washington, 2010 YAMAMOTO Riken, How to make a City Architekturgalerie Luzern, 2013

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GSEducationalVersion

GSEducationalVersion


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atlas référentiel 1 2 3 4 5

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Aarhus, BIG Habitat 67, Moshe Safdie Ville Olympique, Montréal 8 House, BIG Plug-In City, Stéphane Malka


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UN TERRITOIRE SEGMENTÉ Saint-Denis, Saint-Ouen et l’île Saint-Denis SIMARD Ambre RAMADAN Loulwa DUBOYS FRESNEY Elisabeth

Un village olympique pour Paris 2024, dans la ville de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Cet événement est l’occasion de réaliser une intervention à cet endroit du territoire qui n’exploite pas ses qualités. L’enjeu est de transformer le site accueillant le village olympique pour qu’il corresponde aux attentes des 17 000 athlètes qui y vivront pendant la durée des épreuves, mais aussi de le penser, pour l’après Jeux olympiques, comme un nouveau quartier dans la ville.

152

Nous avons réalisé durant plusieurs semaines une vaste analyse du site qui accueillera notre intervention et nous y avons découvert un territoire morcelé d’entités. Nous en établissons 13 autour de la parcelle du futur village olympique, elles s’étendent en partie entre Saint-Ouen, Saint-Denis et l’île SaintDenis. Ces entités sont composées de différentes typomorphologies, d’usages, d’espaces non exploités qui ne sont pas liés les uns avec les autres mais qui témoigne d’un passé architectural. De plus, nous avons remarqué qu’il n’existait pas d’espace public propice aux rencontres ou aux moments de détente. Nous nous sommes attachées à mettre en avant les caractéristiques propres à chacune des entités dans le but de comprendre le site. Nous avons observé ces ruptures sur l’ensemble du territoire et de manière très flagrante entre les entités de bureaux comme EDF, aux alentours du carrefour Pleyel, et les cités voisines, ou encore, entre les petites rues pavillonnaires et les bâtiments de grande hauteur, des barres de cités. Nous avons dégagé de cette analyse que trois de nos entités étaient comprises ou étaient à cheval sur la parcelle du village olympique. Nous y voyons une grande opportunité et avons choisi de travailler à partir de celles-ci pour développer le village. Notre proposition pour réaliser le village olympique consiste à se servir des entités présentes sur cette parcelle en mettant en avant leur identité propre, grâce à leurs typo-morphologies et leurs usages, pour ensuite les relier entre elles avec une interface.

Celle-ci sera de forme linéaire, parallèle à la Seine, en continuité de la rue Saint-Denis, puis sur la rue Ampère. Elle se situera entre la Cité du Cinéma, édifice emblématique de la Plaine Saint-Denis, et les locaux du groupe EDF qui marquent fortement le paysage par leurs formes et hauteurs déconnectées des échelles environnantes. Elle connectera physiquement les trois entités et sera constituée d’une succession d’espaces publics différents. Le but sera de produire un espace ouvert, public, qui traverse un quartier très densifié. Cette intervention permettra de relier la ville aux abords de la Seine par la création d’une ouverture depuis celleci vers le cœur du territoire. L’interface sera rythmée par des alternances d’espaces végétaux et minéraux qui accueilleront des infrastructures pour des activités adaptées aux différentes attentes des entités et aux modes de vie présents sur le lieu.


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Tour TourPleyel pleyel

Unité logements type type Unitédede logements tour barre touretet barre

Logement type Logement type Haussmannien Haussmannien

Immeuble Immeuble moderne moderne

Logements individuels Logements individuels style styleFaubourg/PavillonFaubourg/ naire

Pavillonaire

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Personnes sur lesur sitele site Personnesrencontrées rencontrées

Collage l’ambiance du site depuis la depuis Cité du Cinéma la Mairie de àSaint-Ouen C ollagedede l’ambiance duexistant, site existant, la cité àdu cinéma la Mairie de Saint-Ouen

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Entités sur le le territoire territoire de Saint-Denis, Entités éclatées éclatées sur Saint-Denis, Saint-Ouen Saint-Ouenet et l’île l’îleSaint-Denis Saint-Denis


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Une Une partie partie de de notre notreĂŠtude ĂŠtude sur sur les les entitĂŠs du du territoire territoire


Contraste échelles Contraste des des échelles

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Connexion Connectionentre entreles lesséquences séquences

La trame trame de de 140 mètres

L’axe dela laSeine Seine L’axe de

Le plan de l’interface

Diagrammes Diagrammes de de la la conception conceptionde de notre notreprojet projet

Axonométrie Axonométrieéclatée éclatée de de l’interface l’interface


Axonométrie Axonométriedu duprojet projet

Coupe Coupe transversale transversale du projet projet

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Elévation des Élévation desberges berges

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Élévation delalaséquences séquences à l’ouest de l’entreprise Elévation de à l’ouest de l’entreprise EDF EDF

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Les Jeux Jeux Olympiques Olympiques Les

Les LesJeux JeuxOlympiques Olympiques

Plan pendant pendant les les Jeux Jeux Olympiques Olympiques Plan

Plan après après les les Jeux Jeux Olympiques Olympiques Plan

Plan pendant les Jeux Olympiques Plan pendant les Jeux Olympiques

Plan après les Jeux Olympiques Plan après les Jeux Olympiques

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PARCOURS DE DE SPORTIFS SPORTIFS PENDANT PENDANT LES LES JEUX JEUX OLYMOLYMPARCOURS PARCOURS DES SPORTIFS PENDANT LES JO PIQUES PIQUES PARCOURS DE SPORTIFS JEUX OLYMLes spor sportifs ont accès à un un espace espace d’entrainement comptant un Les sportifs ont àPENDANT und’entrainement espaceLES d’entraînement Les tifs ont accès àaccès comptant un terrain de de foot foot et de de rugby, rugby, deux deux ymnases, une piscine olymPARCOURS DE et SPORTIFS PENDANT JEUX OLYMPIQUES terrain ggymnases, une piscine olymcomptant un terrain de foot et deLES rugby, deux pique, des des terrains terrains de de tennis, tennis, mais mais aussi aussi un un terrain terrain d’athlétisme d’athlétisme PIQUES pique,

gymnases, une piscine olympique, des terrains

et unsportifs espace de de musculation musculation et d’échauf d’échauf fement. Une Une polyclinique Les ont accès à un espace d’entrainement comptant un et un espace et fement. polyclinique tennis, mais aussi und’entrainement terrain d’athlétisme un est à proximité proximité desde sportifs. terrain deont foot et rugby, deux g ymnases, unecomptant piscineet olymàde des équipements sportifs. Lesest spor tifs accès àéquipements un espace un pique, de tennis, aussi un terrain d’athlétisme espace dedemusculation d’échauffement. Une terrain de des footterrains et rugby, deux mais get ymnases, une piscine olymLes sportifs ont accès aux berges berges de lalaun eine. AuUne nord les berges berges et un espace de accès musculation et d’échauf fement. polyclinique Les spor tifs ont aux de SSeine. Au nord les pique, des terrains de tennis, mais aussi terrain d’athlétisme polyclinique est à proximité des équipements sont dédiés à la détente. Au sud, les berges peuvent être un lieu lieu estespace àdédiés proximité des équipements sportifs. sont à musculation la détente. Auetsud, les berges peuvent être un et un de d’échauffement. Une polyclinique sportifs. elles sont à proximité de l’espace commençant du de promenade, promenade, sont à proximité de l’espace commençant du est de à proximité deselles équipements sportifs. village, magasins, poste, restaurants... Sur cesAu berges, a une une Les sportifs ont accès aux berges de la Sur S eine. nordilil les village, magasins, poste, restaurants... ces berges, yy aberges possibilité de pratiquer des entrainements, bassin deêtre natation sont dédiés à accès la détente. Auentrainements, sud, peuvent un Les ont aux de la Seine. Aulieu de pratiquer des de natation Lespossibilité spor tifs sportifs ont auxaccès berges de les laberges Sberges eine. bassin Au nord les berges surpromenade, une péniche, péniche, et espaces espaces de musculation musculation et d’échauffement. d’échauffement. de elles sont à proximité de l’espace commençant du sur une et de et nord, sont dédiées la détente et au elles sont dédiés à elles la détente. Au sud, lesà berges peuvent êtresud, un lieu Les spor sportifs ont accès accès une cantine, celle celle seberges, situe dans dans une village, magasins, poste, restaurants... Surcicices il y une a du une tifs ont àààune cantine, se situe de Les promenade, elles sont proximité de l’espace commençant peuvent être un lieu de promenade, à proximité de halle réhabilitée. réhabilitée. Sa situation situation est favorable favorable car car elle elle donne donne un acpossibilité de pratiquer des entrainements, halle Sa est village, magasins, poste, restaurants... Sur ces bassin berges,de il natation y a un uneacl’espace commerçant village : magasins, cès aux aux berges mais aussi àà lala partie centrale du villageposte, place sur uneberges péniche, et aussi espaces dedu musculation etdu d’échauffement. cès mais partie centrale village : : lala place possibilité de pratiquer des entrainements, bassin de natation du village village olympique. aune place duberges, village proposera des espaces Les sportifs ont accès cantine, celleproposera ci est se situe dans une etc.LàLaSur possible de olympique. place du village des espaces surdu unerestaurants, péniche, et espaces de ces musculation etil d’échauf fement. de commerces, commerces, deSa détente, mais aussi des projections projections ponctuelles halle réhabilitée. situation estaussi favorable car de ellenatation donne un acde détente, mais ponctuelles pratiquer des :des bassin Lesde spor tifs air ontpour accès àentraînements une cantine, celle ci seousitue dans une en plein desaussi remises de médailles pour des finales. finales. cèsplein aux berges mais à lade partie centrale du village : la place en air pour remises médailles ouelle pour des halle réhabilitée. Sa des situation est favorable car donne un acsur une péniche et espaces de musculation et du village olympique. L a place du village proposera des espaces cès auxd’échauffement. berges mais aussi à la partie centrale du village : la place de commerces, de détente, mais aussi des projections ponctuelles du village olympique. L a place du village proposera des espaces en plein air pour des deune médailles ou pour desdans finales. Les sportifs ont remises accès à cantine située de commerces, de détente, mais aussi des projections ponctuelles une réhabilitée. situation favorable en plein air halle pour des remises deSa médailles ou est pour des f inales.

car elle permet l’accès aux berges mais aussi à la partie centrale du village : la place du village olympique. Cette dernière proposera des espaces commerciaux et de détente, ainsi que des projections ponctuelles en plein air pour des remises de médailles ou pour des finales.

PARCOURS D’USAGERS D’USAGERS APRES APRES LES LES JEUX JEUX OLYMOLYMPARCOURS PARCOURS DES USAGERS APRÈS LES JO PIQUES PIQUES PARCOURS APRES LES JEUX OLYM-etet lele Disparition deD’USAGERS clôture entre l’ancien village olympique Disparition de la clôture entre l’ancien village Disparition de lala clôture entre l’ancien village olympique territoire avoisinant. PARCOURS D’USAGERS APRES LES JEUX OLYMPIQUES territoire avoisinant. olympique et le territoire avoisinant. Les habitants Les habitants habitants ont ont accès accès àà des des berges berges aménagées aménagées à-travers à-travers leslesPIQUES Les

ont accès à des berges aménagées permettant

quelles on traverse traverse des espaces espaces différents espaces verts, ts, skateskateDisparition de la clôture entre différents l’ancien village olympique et le quelles on des : : espaces ver de et traverser espaces différents : espaces park et jeux jeux pour enfants, péniches avec multiples équipements territoire avoisinant. park enfants, péniches avec multiples équipements Disparition depour la des clôture entre l’ancien village olympique et le de plaisir : restaurants,bars, boite de nuit, puis un espace plus Les habitants ont accès à desboite berges aménagées à-travers verts, skatepark et jeux pour enfants, péniches de plaisir : restaurants,bars, de nuit, puis un espace lesplus territoire avoisinant. minéral avec desaccès quais sous formes de gradins, gradins, et enfin enfin un pont quelles on traverse desàsous espaces différents : espaces ver ts, skateminéral avec des quais de et un pont Les habitants ont des formes berges aménagées à-travers lesavec multiples équipements de plaisir, tels que qui permet franchissement piétonnier vers l’Ile Saint Saint Denis. park etonjeux enfants, péniches avec vers multiples équipements qui permet lelepour franchissement piétonnier l’Ile Denis. quelles traverse des espaces dif férents : espaces ver ts, skaterestaurants, bars, boite de nuit, nuit, un espace plus de plaisir restaurants,bars, boite de puis unéquipements espace plus park et jeux: pour enfants, péniches avec multiples minéral avec quais sous forme de gradins et, Les habitants ontdes accès à une uneformes succession d’espaces publics minéral des quais gradins, et publics enfin un pont habitants ont accès àsous succession d’espaces deLes plaisir :avec restaurants,bars, boite de de nuit, puis un espace plus ponctués d’ambiances etun d’équipements différents qui forment qui permet le franchissement piétonnier vers l’Ile Saint Denis. enfin, un pont avec franchissement piétonnier ponctués d’ambiances et d’équipements différents qui minéral avec des quais sous formes de gradins, et enf informent un pont une promenade promenade dans dans lala ville ville en en desser desservant vant un un quar quartier tier entier : : une vers l’Île-Saint-Denis. qui permet le f ranchissement piétonnier vers l’Ile Saintentier Denis. espaces résidentiels en ilot ilot ouver place commerçante, commerçante, équipeLes habitants ont accès à une succession d’espaces publics espaces résidentiels en ouver t,t, place équipements publics, publics, parc, espace espace semi-public différents (minéral et et végétal). ponctués d’ambiances et d’équipements qui forment ments parc, semi-public (minéral végétal). Les habitants ont accès à une succession d’espaces publics Les habitants ontont accès àààune succession Les jeunes habitants ont accès de nouveaux nouveaux équipements scoune promenade dans la ville en desser vant unéquipements quar tier entier : Les jeunes habitants accès de scoponctués d’ambiances et d’équipements dif férents qui forment laires savoir une crèche, une école maternelle et un un lycée. Le espaces résidentiels enponctués ilotune ouver t,d’ambiances place équiped’espaces publics laires àà savoir une école maternelle et Le une promenade danscrèche, la ville en desser vantcommerçante, un quar tierlycée. entier : lycée Marcel Marcel Cachin est entouré entouré d’un parc parc public et et des des équiments publics, parc, est espace semi-public (minéral végétal). lycée Cachin d’un public équiet d’équipements qui forment une espaces résidentiels en différents ilot ouver ont t, place commerçante, équipepements spor tifs. Les Lesont habitants accès àà un unéquipements bâtiment d’ordre d’ordre Les jeunes habitants accès àont de accès nouveaux scopements spor tifs. habitants bâtiment ments publics, parc, espace semi-public (minéral etquartier végétal). promenade dans la ville en desservant un public en rez-de-chaussée et exclusivement de bureaux dans les laires àensavoir une crèche, etune école maternelle et un lycée. Le public rez-de-chaussée exclusivement de bureaux dans les Les jeunesC:ehabitants ont accès à de accueillerait nouveaux équipements scoentier espaces résidentiels en îlot ouvert, place étages. grand rez-de-chaussée un cinéma ou un lycée Marcel Cachin est entouré d’un parc public et des équiétages. C e grand rez-de-chaussée accueillerait un cinéma ou un laires à savoir un unerestaurant, crèche, une maternelle et un lycée.ou Le auditorium, desécole espaces de représentations pements spor Les habitants ontpublics, accès àreprésentations un bâtiment d’ordre commerçante, équipements parc, espace auditorium, untifs. restaurant, des espaces de ou lycée Marcel Cachin estbut entouré d’un parc du public et des équid’expositions dans lele d’allier usagers travail et habitants. habitants. public en rez-de-chaussée exclusivement de bureaux dans les d’expositions dans but d’allier usagers du travail et semi-public etetvégétal). pements spor tifs.(minéral Les habitants ont accès à un bâtiment d’ordre étages. C e grand rez-de-chaussée accueillerait un cinéma ou un Les jeunes habitants accès à de nouveaux public en rez-de-chaussée etont exclusivement de bureaux dans les auditorium, un restaurant, des espaces de représentations ou étages. C e granddans rez-de-chaussée accueillerait un cinéma ou un équipements scolaires à savoir uneducrèche, d’expositions le but d’allier usagers travail etune habitants. auditorium, un restaurant, des espaces de représentations ou école maternelle et un lycée. Le lycée Marcel d’expositions dans le but d’allier usagers du travail et habitants.

Cachin est entouré d’un parc public et des équipements sportifs. Les habitants ont accès à un bâtiment d’ordre public au rez-de-chaussée et exclusivement de bureaux aux étages. Ce grand rez-de-chaussée accueillerait un cinéma ou un auditorium, un restaurant, des espaces de représentations ou d’expositions dans le but d’allier usagers du travail et habitants.


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Atlas référentiel 1 Zonnehuis Care Home Patio Residentia, Amsterdam, Pays-Bas. Agence : HOSPER Landscape Architecture and Urban Design Date de construction : 1605 2 Le point du Jour, Boulogne, France Architecte : Fernand Pouillon atlas référentiel Date de construction : 1957 - 1963 1 Zonnehuis Care 5 Fort Werk Aan t spoel, Home Patio Residentia, Gueldre, Pays-Bas 3 Le Palais Royal , Paris, France Amsterdam, HOSPER RAAAF et Atelier de LandscapeArchitectes Architecture : Jacques Lyon, 2015 Lemercier, Victor Louis. and Urban Design, 1605 6 Campo Santo, Piaza 2 Le pointDate du Jour, del Duomo, Pise, XIIde construction : 1624 Boulogne, Fernand XIIIème siècle Pouillon,1957-1963 7 Lewis Cubitt Park, 3 Le Palais Royal, Paris, Cross, Londres, 4 La Place des King’s Vosges, Paris, France Jacques Lemercier, Townshend Landscape Victor Louis, 1624 Architects, 2015 Architecte : Louis Métezeau 4 La Place des Vosges, Paris, LouisDate Métezeau, de construction : 1605 1605 5 Fort Werk Aan t spoel, Gueldre, Pays-Bas Agence : RAAAF et Atelier de Lyon Date de construction : 2015

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6 Campo Santo, Piaza del Duomo, Pise, Italie Agence : Date de construction : 1278 7 Lewis Cubitt Park, King’s Cross, Londres. Agence : Townshend Landscape Architects Date de construction : 2015

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V-ÎLE DURABLE L’Île-Saint-Denis : une âme industrielle, au cœur des enjeux actuels de durabilité Caroline BOQUET-GARNIER Anahita GHIAI-CHAMLOU

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Les écoquartiers Lors de la première phase d’étude sur le territoire, nous avons voulu axer notre analyse sur le concept d’éco-quartier. En effet, un nouveau quartier, « Lil’ Seine », est en construction actuellement sur l’île, il est labellisé « écoquartier » et une partie du village olympique en 2024 va s’y implanter. Il y a également d’autres exemples sur le territoire proches de l’île, comme le quartier des Docks de Saint-Ouen ou encore celui qui va s’implanter à Villeneuve-laGarenne. En comparant plusieurs écoquartiers nous nous sommes rendu compte qu’il n’existe pas de recette pour construire un quartier durable, mais qu’il y a bien plusieurs manières de travailler sur ce concept, et c’est pour cela que nous avons continué à développer conformément à cette notion. Nous avons alors décidé de comparer de manière plus complète deux des premiers écoquartiers qui semblent être exemplaires : Bedzed à Londres et Vauban à Fribourg, en Allemagne. Ce qui nous intéressait, c’était la question de l’accessibilité dans un quartier qui permet de réduire considérablement la place de la voiture et ainsi favoriser les modes de mobilités douces (piéton, cycle, etc.). Les rues deviennent alors majoritairement piétonnes, elles privilégient les rencontres et fonctionnent comme un espace public appropriable. Il n’y a pas de distinction entre les différentes chaussées, puisque le trottoir et la rue sont traités de la même manière en surface ; la route est donc presque effacée. Un territoire industriel Nous avons décidé de prendre en considération la construction de la première phase de l’écoquartier, au sud de l’A86, ainsi que le projet de Dominique Perrault pour le village olympique. Nous considérons que ces deux projets offrent une certaine densité que nous ne voulions pas traiter dans notre projet. Nous voulions plutôt définir le site comme étant un lieu de villégiature. Le sol est défini comme étant une surface collective sur laquelle des nappes surélevées vont se superposer afin de minimiser l’emprise des nouvelles constructions sur le territoire. Ce choix est judicieux en matière d’implantation sur le territoire car l’île, de 200 mètres de largeur, est majoritairement inondable ; cette surélévation permettra donc d’introduire la

notion de durabilité. L’emprise de notre projet prend en compte l’accessibilité afin d’établir un quartier à courtes distances. Ensuite, nous avons pris en considération les entrepôts encore présents sur le site mais qui sont projetés d’être détruits pour le projet de l’actuel écoquartier. Plusieurs d’entre eux sont gardés et proposent de grands espaces fermés, notamment celui des Galeries Lafayette. Ils seront ré-exploités afin d’y accueillir des usages collectifs et de nouveaux espaces de production. Les planchers surélevés vont se composer sur 3 niveaux pour y accueillir des habitations. Le rez-de-chaussée comprendra des espaces publics fermés ou ouverts (ateliers partagés, café, stockage mutualisé, etc.) en fonction de la découpe des planchers surélevés. Une trame structurelle pour la modularité La trame structurelle reprend le dessin des voûtes des entrepôts des Galeries Lafayette, soit une trame de 8.9 mètres par 6.25 mètres. Cette trame tridimensionnelle en acier s’étend du Nord de l’A86 jusqu’à l’entrepôt des Galeries. Il y a des respirations autour des bâtiments existants afin de laisser rentrer la lumière naturelle. Des ouvertures sont également présentes dans les blocs de planchers pour introduire une plus-value environnementale (végétation, lumière naturelle). Cela permet de produire une certaine porosité dans le rapport au paysage, en offrant une vue plus dégagée lorsqu’on se trouve au sol, et un rapport dominant sur le territoire quand l’usager est en hauteur. La nappe structurelle mise en place peut être définie comme l’âme industrielle de cette partie de l’île qui accueillait, jusqu’en 2016, également les entrepôts du Printemps occupant toute sa largeur, du Marques Avenue jusqu’au Sud de l’A86. Au cours de notre réflexion, nous nous sommes enrichies de références littéraires qui traitent de la surélévation en architecture. Par exemple, « La Ville Spatiale » de Yona Friedman, « Comment Habiter la Terre » du même auteur, ou encore « New Babylon » de Constant. Ce concept à un lien avec la temporalité, c’est-à-dire que la surélévation favorise en premier lieu la création de surfaces sur lesquelles l’espace est totalement libéré de la structure, le horssol permet alors à la ville d’être modifiée à l’infinie.


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1 Vue vers la Défense, pont de Saint-Ouen 2 Au Parc de SaintOuen 3 Une population contre les J-O 4 et 5 vues depuis une terrasse collective, écoquartier fluvial 6 Bellastock, au cœur de l’écoquartier 7 Portion de l’écoquartier construit 5

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1 Carte des risques d’inondabilité, Île-Saint-Denis, source : plaine-commune.fr 2 Support d’analyse sur les écoquartiers

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3 Vue 3D du futur écoquartier 4 Entrepôts des Galeries Lafayette, encore présents sur le site, mais projetés d’être détruits pour l’écoquartier fluvial


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2 entrepot galeries laf

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50 m

© IGN 2017 - www.geoportail.gouv.fr/mentions-legales Longitude : Latitude :

2° 20′ 19″ E 48° 55′ 55″ N


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1 Trame structurelle : trame des voûtes des entrepôts 2 Maquette conceptuelle illustrant la trame structurelle du projet 3 Perspective illustrant la réhabilitation des entrepôts Galeries Lafayette 4 Croquis de synthèse de la charte des écoquartiers


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1 Emprise des anciens entrepôts du Printemps : identité industrielle de l’île 2 Photo-montage, illustrant les percées vers les berges

3 Exemple de composition de superposition de planchers 4 Plan RDC, 1:2000

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Bibliographie YONA Friedman, Comment habiter la terre, L’Eclat, 2016, 128 pages LAMBERT J-C, Constant - New Babylon, Art Et Utopie, Textes Situationnistes, Cercle d’Art, 2017


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1 AxonomĂŠtrie du projet


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atlas rĂŠfĂŠrentiel 1 Ishigami, Kait Worshop, Japon 2 Andrea Branzi, No Stop City 3 Ville Spatiale, Yona Friedman 4 New Babylon, Constant 5 Le Karting, Nantes

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V.ÎLE.AGE Exploiter les potentiels insulaires pour créer un village (et futur quartier) pittoresque et dynamique

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Les îles de la Seine: points de repère La première caractéristique fondamentale qui nous a marquée sur le site étudié est le fait qu’il s’agisse d’une île, l’Île-Saint-Denis. Nous avons donc d’abord cherché à comprendre les particularités insulaires du site, afin d’approfondir cette notion. Pour cela nous avons mené une étude comparative des différentes îles de la Seine (depuis l’Île-Saint-Denis jusqu’à l’île Saint-Louis), selon plusieurs thèmes permettant de mettre en avant les caractéristiques urbaines et paysagères de chaque île : traitements des berges, végétations, programmes, usages et bâtis historiques/actuels, densités de population, etc. Nous avons ainsi pu comprendre les aspects qui définissent l’Île-Saint-Denis. Il est apparu que, si toutes les autres îles présentaient une certaine homogénéité de programmes et de morphologies urbaines, l’Île-Saint-Denis était beaucoup plus diversifiée, avec différents tronçons séquentiels identifiables. Cette disparité est bien sûr en partie due à la taille de l’Île-Saint-Denis, qui est à une toute autre échelle que les autres îles, mais elle est renforcée par les ruptures entre les différentes séquences qui communiquent peu entre elles (il y a un manque de circulations longitudinales le long de l’île). Chacune des séquences programmatiques présente par ailleurs des similitudes avec une autre île de la Seine, on peut donc par abstraction envisager et comprendre l’Île-Saint-Denis comme un « patchwork » des autres îles de la Seine. Outre le constat de ce fractionnement, la matrice nous a surtout permis de mettre en évidence les points forts de l’île afin d’en exploiter les potentiels. L’objectif Post-JO : connexion des quartiers résidentiels Après avoir analysé l’Île-Saint-Denis, nous avons « dé-zoomé » notre réflexion pour comprendre comment l’île s’inscrit dans son contexte, en nous intéressant également aux rives adjacentes. Nous avons remarqué que les différents quartiers résidentiels aux alentours étaient assez enclavés et peu reliés, séparés par des quartiers industriels et commerciaux perméables en plus de la fracture

Charlotte CHASTEL Gaspard BIVILLE

physique de la Seine, ce qui participe également à l’isolement de l’Île-Saint-Denis. L’enjeu de notre projet consiste donc à créer un village olympique à un emplacement stratégique permettant de relier par la suite les différents tissus résidentiels, tout en le rendant attractif avec divers bâtiments emblématiques et des activités fortes pour donner une nouvelle impulsion à ce site délaissé. Nous voulons également exploiter son potentiel insulaire avec ses grandes friches urbaines en conférant un aspect « pittoresque » aux logements, c’est-à-dire à échelle humaine, à faible densité et en harmonie avec la Seine. Nous allons donc développer un nouveau quartier qui sur le court terme aura un usage de village olympique autonome et qui se développera par la suite dans une logique de connexion, redonnant une nouvelle dynamique au territoire. Références de villages : Olympique, Amphibie, Insulaire Après avoir défini notre objectif, nous nous sommes intéressés à diverses références pour la conception en tant que telle de ce village, à travers trois notions : village olympique, « village » éphémère et village insulaire. Nous nous sommes d’abord penchés sur la notion de village olympique, en en définissant les caractéristiques concrètes indispensables (différentes zones et dimensionnement) et en étudiant divers exemples historiques partageant des problématiques avec notre projet, comme Sydney 2000 et son site excentré, Barcelone 1992 et l’enjeu de connexion avec la mer ou Munich 1972 avec ses bungalows pittoresques. Au cours de notre analyse des îles, une référence a attiré notre attention, que l’on pourrait qualifier de « village amphibie » : l’île aux Cygnes lors de l’exposition universelle de 1937 à Paris, avec ses pavillons en partie sur l’eau. Ce projet est particulièrement intéressant pour notre étude, notamment en raison du rapport qu’il entretient avec l’eau de la Seine, mais nous avons travaillé sur la durabilité et non sur l’éphémère.


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3

1 Bras de Seine entre l’île-Saint-Denis et Saint-Denis 2 Gymnase sur la pointe Sud de l’île 3 Barres de logements face aux équipements sportifs 4 Axe de circulation traversant l’île-SaintDenis 5 Opacité des équipements sportifs 6 Bras de Seine entre l’île-Saint-Denis et Villeneuve-la-Garenne

5

4

6

175


Enfin, nous avons étudié plusieurs quartiers insulaires post-industriels à Amsterdam, sur les îles de Java et Borneo-Sporenburg qui entretiennent également un rapport particulier à l’eau, lequel nous a inspirés. Ces projets ont par ailleurs permis de réhabiliter une ancienne zone industrielle, ce qui a aussi été une de nos préoccupations au vu du passé industriel de la Plaine Saint-Denis

On retrouve ainsi, dans la conception de notre « V.ÎLE. AGE », des inspirations de chacune des références précédentes dont le point commun est l’aspect « pittoresque » et la volonté de créer un espace de vie agréable et inhabituel.

DIAGNOSTIC Usages historiques

Berges et Végétations

Bâti historique

Usages actuels

Île St Denis 1.77 km2

Végétation dense et délaissée empéchant l’accé aux berges

176

Espaces Verts Entretenus

ÎLES DE LA SEINE - ANALYSE COMPARATIVE

Espaces Verts Naturels

Au XIXe, port marchand puis lieu de promenade des parisiens

Usages variés: sportifs, résidentiels, loisirs dans le parc

Bâti peu dense, concentré autour du pont reliant l’île à Saint-Den

Promenade, détente, guinguettes. Prisée de peintres expressionistes

Île résidentielle aisée, parcs/usages sportifs aux extrémités

Rare présence de bâtiment, île trés végatilsée

Vocation sportive: au XIXe 1er club de tennis parisien, puis JO en 1900

Usage dominé par les activitées sportives

Un seul bâtiment à côté du passage traversant l’île

Espace occupé par les activités de l’usine Renault

Île peu fréquentée, projet culturel en travaux

Usine automobile Renault, unique bâtiment-île en autarcie

Quartier populaire et friche miliaire

Moitié Est: réhabilitée en parc, moitié Ouest: résidentielle

Bâtiments militaires

Exposition Universelle en1937, pavillons des colonies françaises

Peu d’évolution, usage dédié à la promenade

Abscence de bâti

Centre politique et religieux

Usage dominé par les activitées administratives et touristiques

Bâtiments politiques et religieux, immeubles d’habitation

Vocation résidentielle dès le XVIIe, fréquentation bourgeoise

Usage toujours résidentiel, par une population aisée

Bâtiments résidentiels, notamment hôtels particuliers

Île de la Jatte 0.221 km2

Berge avec promenade aménagée

Végétation entretenue (stade Monclar)

Berge naturelle avec passage

Végétation entretenue et paysagée

Berges dénudées, en travaux et inaccessibles

Végétation maîtrisée et éphémère

Berge naturelle avec passage

Végétation entretenue et paysagée

Berges surélevées encadrant la promenade

Végétation d’alignement le long de la promenade

Berges minéralisées sur deux niveaux

Végétation exclusivement sous forme de parcs

Berges minéralisées sur deux niveaux

Végétation par touches, hors de l’espace public

Île de Puteaux 0.345 km2

Île Seguin 0.115 km2

Île St Germain 0.367 km2

Île aux Cygnes 0.013 km2

Île de la Cité 0.210 km2

Île St Louis 0.101 km2

1

2

3

4

5

6

7


ges actuels

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Comparaison morphologique des îles de la Seine Comparaison des berges Comparaison des végétations Comparaison des végétations maîtrisées Comparaison des tranches d’âges des populations Comparaison des usages historiques de l’espace public Comparaison des usages de l’espace public Comparaison du bâti historique Comparaison du bâti actuel Comparaison de la densité de population Comparaison des programmes Comparaison des morphologies urbaines

Bâti historique

Densités de population

Bâti actuel

Programmes

Morphologie urbaine et voies POTENTIELS DE l’ÎLE SAINT-DENIS Exploitation des berges Berges actuellement délaissées povant être aménagées en promenade, ou autre lien innovant avec la Seine.

Grands espaces

Présence de grandes friches industrielles, et de potentielles friches (nombreux quartiers industriels & commerciaux, dont les entreprises peuvent être relocalisées): possibilité de construire à faible densité et petite échelle

Héritage industriel

Densité de population globalement plus faible sur l’île que sur les rives

Programmes regroupés en quartiers, dominance d’industrie et de logements

Morphologie contastant avec les rives sauf en son centre, peu de ponts

Densité de population beaucoup plus faible sur l’île que sur les rives

Programmes mixtes sur l’île et son contexte, dominance du logement

Morphologie urbaine similaire aux rives

Multiples infrastructures sportives réparties sur l’île

Densité de population beaucouo plus faible sur l’île que sur les rives

Equipements tertiaires (sportifs) disséminés sur l’île

Morphologie en rupture avec les rives, trame beaucoup moins dense

Usine automobile Renault, unique bâtiment-île en autarcie

Île en pleine reconstruction, grand bâtiment culturel (la Seine Musicale)

Population inexistante sur l’île et contraste de densité entre les rives

Jardin éphèmére en attendant le projet définitif

t: réhabilitée en parc, moitié Ouest: résidentielle

Bâtiments militaires

Partie résidentielle: bureaux et logements, résidences d’artistes/archis

Densité de population plus faible sur l’île que sur les rives

Programmes divisant l’île en deux: partie résedentielle, et partie parc

Morphologie contrastée, trame dense côté Ouest, absente côté parc

olution, usage dédié à la promenade

Abscence de bâti

Abscence de bâti

Population inéxistante sur l’île, et desnité hétérogène sur les rives

Aucun programme, île réduite à une promenade, dans un quartier actif

Morphologie particulière (longiligne), nombreux ponts de connexion

Bâtiments politiques et religieux, immeubles d’habitation

Bâtiments publics (culturels, administratifs), presque plus d’habitations

Population inéxistante sur l’île, et densité hétérogène sur les rives

Dominance des programmes tertiaires (administratifs et commerciaux)

Morphologie similaire aux rives, continuité du tissu urbain

Bâtiments résidentiels, notamment hôtels particuliers

Bâtiments résidentiels, nombreuses résidences secondaires

Trés forte densité de population sur l’île, similaire à celle des rives

Dominance du logement très dense

Morphologie similaire aux rives

ariés: sportifs, résidentiels, loisirs dans le parc

Bâti peu dense, concentré autour du pont reliant l’île à Saint-Denis

Bâti toujours diffus, et varié avec tous types de constructions

ntielle aisée, parcs/usages sportifs aux extrémités

Rare présence de bâtiment, île trés végatilsée

Maisons, immeubles de standing, sièges sociaux et restaurants

ominé par les activitées sportives

Un seul bâtiment à côté du passage traversant l’île

équentée, projet culturel en travaux

ominé par les activitées administratives et touristiques

ujours résidentiel, par une population aisée

8

9

10

Traces architecturales du passé industriel pouvant être réutilisées et valoriser, pour transmettre l’Histoire de la Plaine Saint-Denis.

Morphologie formée par de grandes emprises, en évolution

11

12

177


PROJET

CHOIX DU SITE & INSERTION UN SITE STRATEGIQUE

A proximité des noeuds modaux principaux

Permettant de connecter les quartiers résidentiels

UN EXISTANT A EXPLOITER Centre commerciaux

Logements & Hôtels

Bureaux & hangars commerciaux

Héritage historique

OBJECTIFS

1

Lien à l’eau

Pittoresque

Connexion

Genius loci

Attractif

.Rapport à la Seine proche & innovant

.Habitat individuel .Faible densité

.Relier les quartiers résidentiels

.Réhabilitation de l’héritage industriel .Matériaux locaux

.Bâti emblématique .Activités dynamiques


Bâtiments Existants Bâtiments Monumentaux (1937) R+7/10 Logements d’inspiration Industriel Grand R+5/6 Logements d’inspiration Industriel Moyen R+3/4 Logements Individuels d’inspiration Industriel R+2 Logements Individuels d’inspiration Industriel R+1

B A’

179

B’ A

3

AA’

4 1 2 3 4

BB’

Choix du site et insertion Plan masse du projet Coupe AA’ Coupe BB’


1


Logements Bâtiments mixtes - Logements & Commerces Commerces & Equipements publics Bâtiments mixtes - Commerces, logements, bureaux Espace vert partagé (agriculture urbaine, etc..) Service de transport fluvial Mur anti bruit A86 Voie dépatemental Voie multimodale Espace de circulation piétonne et cycliste

Bâtiments Existants Bâtiments Monumentaux (1937) R+7/10 Logements d’inspiration Industriel Grand R+5/6 Logements d’inspiration Industriel Moyen R+3/4 Logements Individuels d’inspiration Industriel R+2 Logements Individuels d’inspiration Industriel R+1

2 Zone Résidentielle Zone Opérationelle Zone Internationalle Zone de Sérvices aux Athlètes

5

181 Services de proximités Equipements services

Services de proximités

Centre du Village, zone de restauration, clinique, services, etc... Stockage Zone Opérationelle

Services de proximités

Services de proximités

Services de proximités

3 1 Axonométries et plans des différents types de bâtiments de logement 2 Fonctionnement final du site (Post-JO) 3 Fonctionnement du site pendant les JO

Bibliographie CORAJOUD Michel, Le paysage: une expérience pour construire la ville , «La traversée des échelles», 2003 CHARBIT Milena, Îles de la Seine, Editions du pavillon de l’arsenal, 2016 HOLZ Jean-Marc, Les Jeux Olympiques et leurs territoires, Presse Universitaires de Perpignan, 2013

Entrée Piéton, Check point


182

1

atlas référentiel 1 Java Eiland, Amsterdam 2 Borneo Eiland, Amsterdam 3 Sporenburg Eiland, Amsterdam 4 Village olympique Munich 1972 5 Exposition universelle 1937, Paris, Île aux Cygnes

4


2

183

3

5


VOISINS DU GRAND PARIS Concilier métropole et voisinage Garance Champlois

« Village olympique » Concevoir un « village olympique » invite à concilier deux choses a priori contradictoires : le monde et le village. En effet, qualifier de « village » le regroupement d’un grand nombre d’athlètes et d’officiels internationaux sur un même site et pour un temps court, c’est dire que la plupart des nations du monde développeront, durant une période assez brève, des relations de voisinage impliquant, par cette image devenue maintenant commune et emblématique du vivre ensemble, qu’il y régnera un esprit de convivialité, de fraternité et de paix.

184

Dans le projet urbain et architectural, cela signifie d’emblée qu’il s’agira de concilier ces deux logiques : celle de la mondialisation, des grands projets métropolitains qui contribuent à faire de Paris un hub à l’échelle européenne et internationale, et celle du voisinage, renvoyant alors non plus seulement aux 17 000 internationaux qui séjourneront dans le village pendant un mois, mais à tous ceux et celles qui viendront passer un temps plus ou moins long de leur vie entre le quartier Pleyel de Saint-Denis, le quartier du vieux Saint-Ouen et la Seine. État des lieux : voisinage et métropole En réalité ces deux logiques, le voisinage et le métropolitain, sont déjà en présence sur le site du futur village olympique. D’une part, Saint-Denis s’inscrit dans le projet métropolitain du Grand Paris par des équipements qui à la fois remontent aux années 90 – l’A86 qui délimite le site au Nord, le Stade de France et l’A1 plus à l’Est –, et voient le jour actuellement, comme le projet des Lumières Pleyel qui donnera des sœurs à la vieille tour Pleyel et marquera le seuil du franchissement des rails RER pour relier la prochaine gare Pleyel (qui sera l’équivalent de la gare de Châtelet en termes de flux) aux ZAC de l’Est, au Sud du Stade de France. En outre, des centralités anciennes et encore vivaces perdurent pour celui qui se promène dans le vieux Saint-Ouen, autour des marchés du mercredi et du samedi, et dans les quelques rues au Nord de la place Pleyel, comme la rue du Docteur Poiré.

Avant d’aller plus loin, il faut préciser ce que nous entendons par « logique ». Cette notion est utile en ce qu’elle englobe plusieurs questions différentes : les échelles (métropolitaine des villes, nationale, internationale des États et ultra-locale de l’individu) ; les dimensions et donc le paysage, qui est plus directement architectural (les grandes tours des Lumières Pleyel et les maisons ouvrières du vieux Saint-Ouen) ; le climat et les interactions qui y sont possibles : relations interpersonnelles ou de foule et de réseaux sociaux, climat de village où « tout le monde se connaît » (rassurant et/ou oppressant) ou anonymat des grandes villes (salvateur ou signe de déliquescence des relations sociales dites authentiques) : Le peintre de la vie moderne de Baudelaire ou Les vraies richesses de Giono ? Les deux logiques de la métropole du village se décrivent alors ainsi : la première, celle du voisinage se rattache à l’histoire, à un passé ouvrier qui remonte à la première industrialisation de la fin du XVIIIe et qui décline avec la crise de 1980 et les fermetures successives des usines, lorsque la morphologie de l’habitat (maisons individuelles à jardin, mitoyennes sur rue) se prête aux relations quotidiennes entre voisins. Cette logique perdure à la fois chez les anciens, avec une note de nostalgie dans des rendez-vous hebdomadaires à l’association du Moulin Vert rue Saint-Denis pour une partie de belote ou encore au marché du vieux Saint-Ouen, et chez les nouveaux, qui viennent en grande partie d’autres pays et pour qui les relations d’entraide peuvent être très présentes (première génération maghrébine, populations slaves) ou bien peu manifestes (population subsaharienne), de sorte que cette logique traditionnelle peut être soit renouvelée, soit détériorée. La deuxième appartient à celle de la ville mondialisée, qui, dans ce quartier, naît de la tertiarisation croissante ayant lieu autour de la place Pleyel dans les années 90. Elle est visible dans les bâtiments de logements VINCI et les bureaux EDF qui donnent un avant-goût de l’opération Universeine qui se prolongera sur notre site, ainsi que dans la Cité du Cinéma de Luc Besson. Elle se veut à la fois futuriste et lumineuse avec le projet des Lumières Pleyel, la gare labellisée par le


185


star-achitecte Kengo Kuma, les tours de Snohetta et le pont habité de Marc Mimram ; ces bâtiments s’inscrivent dans l’échelle du Grand Paris sur la scène européenne. Les déplacements quotidiens se font à l’échelle territoriale : on vient y travailler depuis le centre de Paris par la ligne 13 ou les RER D et H, ou depuis d’autres banlieues parisiennes par les Tram 1 et 8, on fait ses courses, hebdomadairement, en voiture, dans les hypermarchés de Villetaneuse, Aubervilliers ou encore au nouveau Qwartz de Villeneuve-la-Garenne. Il n’y a pas de commerces de proximité aux environs de Pleyel, seulement des sandwicheries/pizza/kebab ouverts le midi et fermés le soir.

186

Quelle est la relation entre ces deux logiques ? On pourrait y voir deux situations évoluant en parallèle, mais qui ne se croisent pas, comme lorsque l’on voit la tour Pleyel au loin depuis le vieux Saint-Ouen, un point de repère familier mais qui garde ses distances : une relation d’indifférence bienveillante. En réalité, l’une des deux logiques, celle de la ville mondialisée, est effectivement en train d’écraser l’autre, celle du voisinage. D’une part, parce qu’elle correspond au mode de développement économique actuel rendant cette dernière désuète. D’autre part, la logique de la métropole ignore la logique ancienne du voisinage ; ses dimensions, comme les relations qu’elle instaure entre habitation et espace public, sont trop différentes. La logique de la métropole fonctionne au travers de formes figées et uniformes, celle du voisinage traditionnel se déroule tout en finesse et en gradation de seuils. Projet Comment concilier et faire cohabiter ces deux logiques pour répondre aux exigences du village olympique ? L’idée n’est donc pas de « choisir » l’une contre l’autre, mais de développer un projet urbain qui ne soit ni nostalgique, ni futuriste. J’ai commencé par déterminer le site et ses alentours en fonction de leur appartenance aux deux différentes logiques (échelle, dimension et paysage, climat et interactions sociales), mais aussi selon leurs spécificités topographique, architecturale et fonctionnelle. Cette analyse a abouti à quatre pistes : - le Nord du site s’inscrit dans la continuité de la place Pleyel et des futures Lumières Pleyel, par les bureaux 3 EDF, les logements et l’opération Universeine de

VINCI, ainsi que par la Cité du Cinéma sur le site. De l’autre côté, le Sud du site est très proche du vieux Saint-Ouen par ses entrepôts côté Seine, ses tracés viaires tronqués et les maisons ouvrières avec leur jardin qui bordent le Sud-Est du site. - Topographiquement, la Seine et ses berges, qui délimitent le site côté Ouest, sont pour l’instant inaccessibles car longées par la D1. L’A86 crée une rupture très forte au Nord du site, du côté Pleyel comme sur l’Île-Saint-Denis. Enfin, le dénivelé est fort au niveau de la Seine sur la friche près de l’A86 et à 25m du niveau de l’eau du côté Saint-Ouen. Il crée alors une rupture naturelle entre la Cité du Cinéma et le Sud. - Sur le site lui-même il existe des contraintes : les anciennes centrales thermiques d’EDF (Cité du Cinéma, Halle Maxwell, bâtiment Copernic) et l’autoroute A86 sont de très grande dimension et créent un même mouvement vers la Seine par leur disposition. Plus au Sud, les tracés des voies en partie tronqués donnent d’emblée une configuration au site, de plus petite échelle, en longeant d’abord les grands bâtiments EDF et leur parc, pour arriver aux maisons ouvrières de Saint-Ouen tout au Sud. - Le quatrième élément concerne la présence d’écoles (maternelle, collège, lycée, supérieures) et donc d’étudiants. Les bâtiments en question sont souvent isolés, sans parvis. La présence de Bellastock sur l’île est cruciale pour la question du statut à donner à l’île. Dans un second temps, il a fallu décider comment intervenir sur le site : - en dessinant les grandes voies, en prolongeant les axes tronqués et en en dessinant de nouveaux. - en m’appuyant sur les analyses ci-dessus, j’ai décidé de dédier la friche le long de l’A86 à un espace public métropolitain qui serait le prolongement des Lumières et du carrefour Pleyel jusqu’à la Seine, et s’inscrirait dans les dimensions et le mouvement de l’autoroute et des anciennes centrales EDF. - d’autre part, la question du voisinage se pose naturellement au Sud du site, depuis la friche EDF et jusqu’au Stade Pablo Neruda, ainsi que sur les bords de Seine, entre la Cité du Cinéma et Supméca. J’ai alors décidé de prendre une portion resserrée de cet espace très vaste pour me pencher plus précisément sur les abords de la Rue Marcel Cachin. 4


1

2

3

1 et 2 La tour Pleyel depuis le Carrefour Pleyel : avant/après 1 3 et 5 Projet des Lumières Pleyel, Snohetta 4 L’A86 vue de dessous depuis la rue Ampère

3

4

2

5

187

4

6 La Rue Amilcar Cipriani, au cœur du vieux Saint-Ouen 7 Impasse Jean Daunay depuis l’avenue Anatole France 8 Marché du vieux Saint-Ouen, dit aussi du Landy, un samedi matin

6

8

7

7



1

2

3

3

189

4

1 Carte des voies existantes 2 Carte des fonctions : Orange : écoles (maternelle, élémentaire, collège, lycée, et supérieur) / Jaune : entrepôts / Rouge : tertiaire 3 Cartes des paysages : Bleu clair : ancien site industriel / Jaune : friche / Bleu foncé : tertiaire / Orange : entrepôts de petite taille 4 Le projet en quatre points : - un espace public métropolitain qui prolonge Pleyel à la Seine - un espace d’expérimentation sur l’île Saint-Denis - des berges aménagées - enfin, une unité de voisinage 5 Maquette au 1:2000 du territoire, des grandes lignes de projet et des deux situations

STADE DE FRANCE

SITUATION 1 : ESPACE PUBLIC MÉTROPOLITAIN EXPÉRIMENTATION

CARREFOUR PLEYEL

LUMIÈRES PLEYEL

5

SITUATION 2 : VOISINAGE


5

5 Coupe longitudinale 6 Coupe transversale 7 Maquette au 1:500 8 Carte d’une «situation principe» de voisinage: articulation des espaces publics de proximité (parvis, square, place); habitations et fonctions mixtes (collectifs, intermédiaires, individuels, mais aussi autres activités au sein des bâtiments); hiérarchie des voies (accès riverains, voies douces, rue piétonne, allée); gradation des seuils (public, collectif, privé, frontage actif)...

B’

A’

C’

C

190

B A

1

2

3

4

1 Carte de l’espace public métropolitain, qui s’inscrit dans le paysage de l’ancien site industriel, et qui prolonge Pleyel à la Seine. En gris l’existant, en blanc le projet 2 Coupe transversale, détail de la Halle Maxwell, section CC’ 3 Coupe transversale section AA’ 4 Coupe longitudinale section BB’


6

A B’ A’

B

7

8

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1

192

1

2 Atlas référentiel 1 Parc Gorki, Moscou, 1985 2 Quai du Parc Gorki le long de la Moscova, 2016 3 Village Saint Paul, Paris, Marais 4 Vorgärten (jardin de devant), Brême 5 Regatta, Aannemingen

4

Van Wellen, Anvers 6 Place Satonay, Lyon, 1er arrondissement 7 Place SainteMarthe, Paris, 10ème arrondissement 8 Place du Marché SainteCatherine, Paris, Marais

3

4


193

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6

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8

5






musulmans our l’accomr de l’Islam. pressionnant barak, archinationale suais, arraché ovembre. Le ses orientaiples entrent an après la

ite à habiter orer cette ins trajectoires ividuels batInterprétons s et l’événele paysage pace sacré.

Cet hommage se veut le début d’une conversation. Lorsque les architectes donnent corps à l’intangible, ils ouvrent l’espace à tout ce qui reste à penser et à dire. Maya Nemeta, Meriem Chabani. Titre librement inspiré du livre Léon l’africain de Amin Maalouf

ENSA Paris-Malaquais Espace Callot, 1 rue Jacques Callot, 75006 Paris Entrée libre du lundi au vendredi de 10 h à 19 h 30, le samedi de 10 h à 18h30. www.paris-malaquais.archi.fr

P5 VISIONS PÉRIPHÉRIQUES Enseignement du projet Licence P5 1er semestre ENSA Paris-Malaquais 2017-2018 Enseignants Anne Mie DEPUYDT et Thierry MANDOUL avec Maya NEMETA Étudiants Estelle BAVEREL, Gaspard BIVILLE, Caroline BOQUET-GARNIER, Diana BOU SALMAN, Garance CHAMPLOIS, Charlotte CHASTEL, Lucas CREMADES, Elisabeth DUBOYSFRESNEY, Valentin FAURE, Walter FROGER, Hubert GAYON, Sylvain GENTIL, Imen GHATTASSI, Anahita GHIAÏ-CHAMLOU, Elena GOICOECHEA, Justine JACQUET, Manon JOUVIE, Ruben KHARAT, Spyrangelos KOUTROUVELIS, Hanna LEE, Nagy MAKHLOUF, Balogun OLA-DAVIES, Kim PLOHN, Loulwa RAMADAN, Emma RÖMER, Ambre SIMARD, Xixiao SU, Wei WANG, Simonida YLI Ouvrage réalisé dans le cadre des séances de TD Coordination Maya NEMETA avec la collaboration de Thierry MANDOUL Enseignants du P5 : Thierry MANDOUL coordonnateur, Arnaud BICAL, Anne Mie DEPUYDT, Bruno HUBERT, Sandra PLANCHEZ, Joanne VAJDA, enseignants du projet P5 Territoire de projet : Île Saint-Denis, Seine-Saint-Denis (93) ENSA Paris-Malaquais, 14 rue Bonaparte, 75006 Paris


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