Découvrir Mascarin, Jardin Botanique de La Réunion

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Sommaire Le domaine agricole de la famille De Chateauvieux

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La collection Réunion

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La collection Plante « lontan »

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La collection Verger

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La collection Palmiers

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La collection Caféiers

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Autres collections

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LE DOMAINE AGRICOLE DE LA FAMILLE DE CHATEAUVIEUX Le Marquis Antoine Sosthène d’Armand de Chateauvieux (1804--1885) Le marquis de Chateauvieux est né en 1804 en Bourgogne. Ayant déjà cultivé la canne à sucre aux Antilles, il i fût recruté par Charles Desbassyns afin de développer cette culture à Bourbon en 1830. En 1857 il s’installa sur le domaine des Colimaçons avec sa femme, Célinie de Villèle (petite petite fille de madame Desbassyns) et leurs 9 enfants ! Le domaine restera sur 3 générations dans les mains de la famille De Chateauvieux. En 1931, les De Chateauvieux transforment la maison et lui donnent son aspect actuel. C’est Marie Thérèse De Chateauvieux, première femme maire de La Réunion (et de St Leu),, qui en sera la dernière résidente et qui le vendra à la collectivité départementale en 1986. 198 Marie Thérèse De Chateauvieux est décédée une semaine avant ses 102 ans. Laa cérémonie c’est déroulée déroulé dans l’église du Sacré--Cœur et elle a été enterréee le jour de son anniversaire dans le cimetière situé juste en dessous de l’église. l’église

Le domaine des Colimaçons Au plus fort de sa production, production le domaine faisait 660 hectares et s’étendait « du battant des lames mes au sommet des montagnes ». Ce domaine agricole a accueillit plusieurs types de plantations « classiques » comme la canne à sucre, le café, le coton ou le géranium et parfois plus « originales » comme les pommiers, les oignons ou encore le thé qui sera primé à Londres. Le Marquis de Chateauvieux introduisit de nombreuses espèces de plantes grâce à un réseau d’amitié qui allait jusqu’en Nouvelle-Zélande. Ainsi arrivèrent de nombreuses espèces d’horizons lointains : comme les Araucarias qui bordent l’allée principale. principale

L’allée d’Araucarias bordant l’escalier principal

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L’église du Sacré-Cœur

L’église du sacré cœur

Elle est classée monument historique. Sa construction commença en 1860 et s’acheva en 1863. Pour qu’elle raison l’église s’appelle-t-elle le Sacré-Cœur ? On dit que le Sacré-Cœur apparu en Bourgogne à Sainte-marguerite-Marie. La famille de Chateauvieux et les villageois édifièrent une église dans leur village en hommage à cette apparition. Rien d’étonnant donc à ce que le Marquis ait eu, à son tour, l’idée de bâtir une église dédiée au « Sacré-Cœur ». Depuis 1920, les catholiques pratiquants de toute l’île participent au pèlerinage du SacréCœur dans cette église. La date en général est fixée 19 jours après le dimanche de Pentecôte. Le marquis repose dans son église depuis 1885 au coté de son épouse et de sa belle-mère Madame de Villèle. Les pierres tombales se trouvent en face de la statue de Joseph (à droite de l’hôtel). L’église a été restaurée en 1993-1994. Les nouveaux vitraux ont été posés en 2015 : les couleurs rappellent le métissage réunionnais.

Le Guétali Couvert par un toit, souvent orné de lambrequins, le guétali s’élevait autrefois à l'angle des cours pour observer les gens passant dans la rue en contrebas sans être remarqué d'eux. On sait qu'il était surtout utilisé par les jeunes filles de bonne famille. Son nom vient de « guette a li », qui signifie « épie-le » en créole réunionnais.

Le guétali du domaine en 2018 (à gauche) et dans les années 1980 (à droite)

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L’entrée de la villa C’est en 1857 que le marquis de Chateauvieux fit l’acquisition du domaine des Colimaçons. Il y découvrit un ancien poste de vigie : deux tours reliées par une petite passerelle grâce auxquelles on surveillait la côte ouest et l’arrivée des bateaux ennemis (à l’époque, les bateaux anglais) depuis Piton Saint-Leu jusqu’à Saint-Gilles. Ces tours datent de 1794 et la villa actuelle fût donc bâtit sur la base de ces deux tours préexistantes. Les charpentes des deux tours sont en Bois de Fer (Sideroxylon majus) espèce endémique de La Réunion. Cette espèce est à retrouver dans la collection « Réunion ». Les bardeaux recouvrant l’extérieur des murs de la maison sont en bois de Tamarin des Hauts (Acacia heterophylla, endémique de La Réunion).

La tour de droite de la villa avec la date de création « 1794 » et ses bardeaux

Des « racloirs à boues » métalliques permettaient aux habitants de décrotter leurs bottes et chaussures quand ils sortaient des plantations.

Le « racloir à boues »

Le toit en zinc a remplacé le toit en bardeaux dans les années 80.

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Les armoiries de la famille

Les armoiries de la famille

Au dessus de l’entrée principale de la villa on peut observer les armoiries de la famille de Chateauvieux : -Le croissant d’argent signe de la conquête. -L’échiquier représente un champ clos d’un combat non sanglant. -Le taureau symbole de la force et des travaux champêtres. -La couronne et les fleurs de lys symbolisent la marque de noblesse de son ancien propriétaire.

L’intérieur de la villa Dans cette demeure on retrouve les éléments spécifiques à l’architecture réunionnaise : une organisation symétrique des pièces par rapport au couloir central (quand tout est ouvert, l’air passe si bien qu’on ne souffre pas de la chaleur). La villa comptait 36 pièces, aujourd’hui il y en a 24. La varangue (véranda) autrefois été ouverte mais à cause des cyclones, elle fut fermée (pour éviter d’avoir à déplacer à chaque fois les meubles). Cette varangue permettait de recevoir les invités. Le « bon savoir-vivre » interdisait d’aller au-delà de cette véranda sans y être invité par les hôtes de la maison : seuls les amis intimes avaient l’autorisation d’entrer dans le salon. De nos jours, cette coutume n’a pas vraiment changé, généralement il faut être intimement lié avec le propriétaire de la maison pour pénétrer dans les autres pièces. Coté gauche de la boutique (dans la tour) : c’est une ancienne chambre d’amis essentiellement réservée à Monseigneur de l’époque quand il faisait la messe dans leur église. Coté droite de la boutique (dans la tour) : c’est un ancien petit salon où se retrouvaient les demoiselles de Chateauvieux les après-midis.

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Les autres pièces Les quelques meubles laissés par la famille date de l’époque de la Compagnie des Indes.

Le lit à baldaquin

Le coffre fort date de 1900. Le meuble de toilette rappelle les difficultés à avoir de l’eau courante chez soi. La grande pièce est l’ancienne salle à manger. Les chambres se trouvaient à l’étage, à présent, les pièces du haut servent de bureaux. La varangue du haut était la salle de jeux pour les enfants. C’est par la fenêtre de son bureau que le Marquis de Chateauvieux payait autrefois ses employés.

7 Le bureau du marquis

Les planchers

Plancher « en chevrons » du couloir

Les planchers du couloir et du grand salon sont d’origines, ils sont constitués de : - Bois de Petit Natte (Labourdonnaisia calphylloides endémique Maurice Réunion) couleur marron - Grand Natte (Mimusops maxima endémique Maurice Réunion) couleur foncée presque noire - Corse Blanc (Homalium paniculatum endémique de La Réunion) couleur la plus claire Le grand Natte et le Corse Blanc sont à découvrir dans la collection « Réunion »


Derrière la villa, les dépendances Devant chaque bâtiment se trouve une plaquette précisant les fonctions d’origine des dépendances

La cuisine (devenue le restaurant) A l’époque la cuisine était toujours séparée de la maison principale : en cas d’incendie de la cuisine, la maison était épargnée. Le marquis avait également installé dans cette ancienne cuisine un petit coin boutique où il avait pris soin d’installer divers produits. Ses employés venaient ici se ravitailler. Les terrasses du restaurant : Ancienne porcherie et ancien poulailler. Le pressoir à pommes Le Marquis avait une plantation de pommiers, ces arbres donnèrent si bien que la famille se mit à fabriquer du cidre grâce à ce vieux pressoir. Les pommiers, résistent difficilement aux cyclones et les plantations furent progressivement dévastées. Plus de pommiers, plus de pommes, plus de pommes, plus de cidre…

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Le bassin Il y avait à la place de ce bassin, une dalle surélevée où la famille de Chateauvieux garait ses charrettes, ses carrioles et de façon plus récente ses voitures. La salle près du bassin La maisonnette à coté de la passerelle était l’endroit où la famille stockait des outils, aujourd’hui on y trouve l’exposition « lo grin i koz » (plus d’une centaine d’espèces différentes de plantes présentées sous forme de fruits et de graines). L’ancienne forge

L’ancienne forge

De chaque coté de cette ancienne forge il y avait l’étable et l’écurie, aujourd’hui c’est l’exposition « Flore Mascarine » qui remplace les animaux. L’ancienne fosse à fumier abrite maintenant la collection « fougères » et « orchidées ».


LA COLLECTION REUNION Cette collection est une reconstitution de ce qu’il y avait auparavant comme espèces indigènes et endémiques dans les bas de l’ouest de l’île de La Réunion, entre 0 et 800 m d’altitude. Les individus ont une trentaine d’année. Cette collection n’est absolument pas arrosée car car les plantes de l’Ouest sont habituées à la quasi absence de pluie pendant près de 6 mois.

La végétation littorale sable basaltique) basaltique) est une représentation du littoral de St Paul. Cette plage de sable noir (sable Patate à Durant (Ipomea pes es-caprae) Comment lire une étiquette botanique ?

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C’est ’est une espèce indigène et elle appartient à la famille des convolvulacées (liseron, patate douce…) Devenue rare sur les plages suite au développement balnéaire de l’île. Connue pour retenir le sable, able, cette plante est primordiale pendant les périodes cycloniques et de fortes houles. C’est aussi une plante médicinale : nos gramounes (grands parents) utilisaient la feuille (en bain) pour soulager les courbatures et les entorses. » viendrait d’un mot malgache signifiant « racine profonde ». Son nom commun « Durand », D’autres disent que c’est un monsieur Durand qui l’aurait décrite (ou découverte). On suppose que cette liane est venue naturellement par l’océan (donc indigène) car sa graine, observable dans un fruit sec, possède un duvet qui lui permet de flotter.


La savane : de 0 à 200 mètres d’altitude dans l’Ouest Latanier rouge (Latania lontaroïdes) Le latanier rouge fait partie des 6 palmiers endémiques de la Réunion. Il peut atteindre 15 mètres de hauteur. Endémique se dit d’une plante indigène (installée naturellement dans un lieu précis) et qui s’est modifiée génétiquement jusqu’à devenir une nouvelle espèce propre à un territoire.

Comme tous les palmiers il fait partie de la catégorie des herbes et non des arbres. En effet, le latanier rouge produit des fibres et non du bois. En moyenne il donnera ses premières fleurs à l’âge de 12 ans. Sa tige était utilisée pour la construction de cabanes appelées boucans, ses feuilles pour la toiture. Sa racine bouillie dans de l’eau servait à guérir les douleurs d’estomac. Son chou de palmiste (cœur de palmier en français) est comestible pour l’homme. C’est pour ces nombreuses raisons que ce palmier n’existe plus dans son habitat naturel. Au 18ème siècle, les plantations intensives du Café (Coffea arabica originaire d’Ethiopie) dans les bas de la côte ouest explique aussi la disparition de beaucoup de lataniers rouges. Ce palmier a la particularité d’être l’une des rares espèces fruitières endémiques de La Réunion comestible pour l’homme. Le fruit est appelé localement la pomme latanier. Son goût se rapproche de la noix de coco. C'est une espèce dioïque. Pour fructifier (grâce essentiellement au vent) il faut que les 2 individus (mâle et femelle) ne soient pas trop éloignés l’un de l’autre. Le Benjoin (Terminalia bentzoe) Le Benjoin, de la famille des combretaceae, est une espèce endémique des Mascareignes (Rodrigues, Maurice, La Réunion). C’est une espèce hétérophile (changement de couleur, de taille et de forme de la feuille juvénile à la feuille adulte). L’arbre peut atteindre 20 mètres de hauteur.

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Il est devenu rare dans le milieu naturel à cause de : -

L’exploitation abusive de son bois pour la fabrication de charpentes des maisons, de meubles et de parquets (donne une très jolie couleur jaune et a de belles nervures). La destruction de son milieu naturel pour l’agriculture, les constructions de routes et de maisons. L’utilisation abusive comme plante médicinale, préparation de « tisanes péi » : décoctions d’écorce contre la grippe et pour faire tomber la fièvre. L’écorçage est interdit en milieu naturel car l’écorce est une armure qui protège l’arbre de l’humidité et des parasites.

Le Bois de Senteur Blanc (Ruizia cordata)

Espèce de la famille des malvacées elle est endémique de La Réunion. Espèce hétérophile : Ses feuille juvéniles sont très découpées, fines et vertes par rapport à ses feuilles adultes. La feuille mature est de couleur blanche. La teinte blanche de cet arbre est un exemple adaptation à la chaleur et à la sécheresse des bas de l’ouest. En effet, le blanc réfléchit la lumière du soleil, limite le réchauffement de ses tissus et diminue la transpiration de l’arbre par les feuilles (phénomène appelé évapotranspiration). C’est une espèce protégée par arrêté ministérielle depuis 1987, gravement menacée d'extinction, notamment à cause de la déforestation (pour faire place à l’agriculture et plus tard à l’urbanisation).

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Actuellement seuls 5 individus ont été répertoriés par le Conservatoire Botanique National de Mascarin dans le milieu naturel. Ce bois est dioïque (mâle et femelle séparés). Son nom local vient du créole réunionnais senteur (ou sentèr) qui signifie en français : chanteur. Selon les légendes, des personnes l’auraient déjà entendu chanter, pour les sceptiques, le mouvement du vent dans son feuillage ou le choc de la pluie sur son bois peuvent faire penser à de la musique, les légendes viennent peut-être de là…

La forêt semi-sèche : de 300 à 800 mètres d’altitude dans l’Ouest Le Bois de fer (Sideroxylon majus) Endémique de la Réunion. Il peut atteindre plus de 30 m de haut, mais pour cela il faut patienter près de 300 ans! Son espérance de vie serait de plus de 1000 ans. Sa densité (quand le bois est sec) est beaucoup plus importante que l’eau. C’est un bois que l’on doit travailler vert car sec, il est trop dur, seules alors les techniques au laser ou au diamant peuvent avoir raison de lui. Sec, il est très rare que ce bois brûle. C’est justement pour son bois d’excellence qu’il est aujourd’hui menacé d’extinction : pour la construction de charpentes de maisons, de bateaux (et non radeaux sinon ça coule !) et la fabrication des traverses de rails de chemin de fer (autrefois il y avait un train qui faisait quasiment tout le tour de l’île). Pour information : toute la charpente de la villa de Mascarin est en bois de fer. L’espèce est aujourd’hui protégée par arrêté ministériel. Sa germination est difficile en milieu naturel surtout par temps sec. L’idéal pour cette graine est de se trouver dans une terre très humide pour perdre son « chapeau » afin de germer, sa germination est donc plus aisé dans une serre grâce à l’intervention de l’Homme. A noter : il n’y a jamais eu de germination naturelle dans cette collection alors que depuis plusieurs années ce bois de fer donne des fruits. A savoir : toujours connaître le nom latin d’une plante pour connaitre sa vraie identité ! Dans toutes les régions francophones du monde il existe un bois un peu dur appelé localement « bois de fer ». Le Sideroxylon majus est endémique de La Réunion et n’existe qu’à La Réunion!

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Panneau « la transformation du paysage »

Il y a moins de 400 ans de cela, La Réunion comptait près de 95% de végétation primaire. Seuls les secteurs comme les volcans et une grande partie de la Plaine des sables étaient dépourvus de végétation.

Depuis l’installation de l’Homme, L’île a perdu 70% de sa végétation originelle. Grâce à ses reliefs elle a conservé environ 30% de végétation d’origine.

Depuis 2007, La Réunion bénéficie d’un parc national et depuis 2010, ses « Pitons, cirques et remparts » sont classés au patrimoine mondial des biens naturels par l’UNESCO. Environ 40% de sa superficie est actuellement protégée. Sensibilisation : Adoptons un comportement éco-citoyen ! La chasse aux Espèce Exotiques Envahissantes (EEE) ! Bien que le cœur de l’île soit désormais sanctuarisé, il persiste une menace préoccupante : Les Espèce Exotiques Envahissantes (EEE) Les EEE sont des espèces (faune et flore) introduites par l’homme qui se répandent et colonisent le milieu naturel au détriment des espèces locales. En plus des déchets comme les plastiques ou les mégots de cigarettes il convient donc d’être vigilant à tout ce que nous laissons derrière nous de « naturel » : coques d’œuf, épluchures de fruits, pains, graines… Sans le vouloir ces déchets peuvent favoriser l’installation d’espèces indésirables dans nos milieux naturels uniques. Ex : invasion de rats, de chats sauvages, naturalisation d’espèces végétales (comme la pêche) devenant parfois envahissantes (comme le goyavier). De pique-niques en pique-niques ces « pestes » ont colonisé tout le territoire réunionnais jusqu’au sommet du piton des neiges ! Limitons nos interactions avec la faune sauvage ! Laissons les animaux se nourrir seul ! Le Tec tec (Saxicola tectes oiseau endémique de La Réunion) par exemple est un insectivore. Si l’Homme le nourrit, cet oiseau risque de ne plus assurer son rôle de régulateur de la population d’insectes en milieu naturel !

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LA COLLECTION PLANTE « LONTAN » Cette collection représente de façon chronologique l’histoire de La Réunion et de son développement agricole, du littoral de l’ouest jusqu’à 1 200 mètres d’altitude. Elle permet d’analyser la conséquence des introductions de ces plantations sur le peuplement de l’île et sur l’évolution de ses paysages. A l’origine l’île « Bourbon » possède près de 95% de végétation primaire. Idéalement positionnée sur la route des Indes, les Français la colonisent au XVIIe siècle. Les premiers habitants seront français et malgaches (La France avait colonisée la grande île auparavant). Ces malgaches seront appelés « serviteurs », car officiellement l’esclavage était interdit à cette période.

L’arrivée des premiers hommes au XVIIe siècle : Les premiers hommes (1663) vont vivre : •

de cueillette, grâce aux fruits du palmier Latanier Rouge, la pomme latanier, qui est quasiment l’unique plante endémique de La Réunion à donner un fruit comestible pour l’homme. Des ananas, citrons, oranges, bananes, seront aussi trouvés car plantés par les navigateurs hollandais pour lutter contre le scorbut (maladie provoquée par un manque de vitamines C) de pêches et de chasses, les cochons, cabris, bœufs ont été déposé par les navigateurs portugais au XVIe siècle toujours dans un souci de ravitaillement pendant les escales. Des animaux endémiques seront aussi chassés comme des tortues marines et terrestres et un dronte Threskiornis solitarius appelé localement Dodo (ou Solitaire).

Vue d'artiste d'un Ibis de La Réunion, inspirée des autres espèces du genre Threskiornis

Ils construisent des cabanes appelées « boucans » dont la toiture sera composée de feuilles de Latanier Rouge.

Le boucan des premiers hommes

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Les premiers colons vont tenter les cultures de tabacs, de cotons et de maïs pour leur propre consommation ainsi que pour les troquer avec les bateaux qui accostaient le temps d’une escale. Malheureusement les plantations de tabacs souffriront des cyclones et le coton sur l’île sera de mauvaise qualité, il faudra donc se tourner vers d’autres cultures.

Le coton

L’avènement du café au début du XVIIIe siècle : 1715 : la royauté française vient d’obtenir quelques précieux plants de Café d’Arabie (Coffea arabica). Se pose alors la question de leur acclimatation ? Par chance, les archives descriptives de l’île Bourbon font mention de la présence d’un café endémique dans les Mascareignes : le Café marron (Coffea mauritiana), L’île semble hospitalière aux Coffea, le roi ordonne donc d’y transporter et d’y acclimater le café d’Arabie ! Après quelques échecs la culture du café d’Arabie finira par s’établir à Bourbon. Sa culture intensive entrainera : - La déforestation de la forêt semi-sèche de l’Ouest du littoral jusqu’à 400 mètres d’altitude qui entrainera la disparition de beaucoup d’espèces indigènes et endémiques (flore et faune). - L’exploitation du café officialisera l’esclavage en France. En 1724, le code noir est appliqué sur l’île Bourbon, un texte qui donne un statut aux noirs, ils deviennent un bien « meuble » et n’ont aucun droit juridique et civique. Ils sont à l’entière disposition de leur maître. A ce titre les esclaves peuvent-être vendus, échangés, saisis ou légués en héritage. Le maître a le droit de vie ou de mort sur ses esclaves. Les esclaves seront essentiellement malgaches (plus près de Bourbon) mais aussi africains et indiens.

L’enclave « café »

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Toujours au 18ème siècle, de nombreux fruits, légumes, rhizomes, épices seront introduits afin de nourrir la population. Dans l’enclave aux épices se trouvent quelques exemples d’introductions notamment Pimenta heterophila originaire de l’Inde plus connu à La Réunion sous le nom local de « quatre épices » car la feuille à l’odeur du curcuma (safran péi), du poivre, de la muscade et du clou de girofle.

L’enclave aux épices

Ces espèces venues de contrées lointaines, seront plantées dans le jardin du Roy (appelé à présent Jardin de l’Etat se situant à Saint-Denis) pour y être acclimatées. C’est à partir de cette époque que l’on découvre les saveurs et le raffinement de la gastronomie épicée grâce au développement agricole de l’île Bourbon et à l’acclimatation de ces espèces exotiques.

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Canne à sucre : XIXe siècle : Case en paille de fatak : Le fatak est une graminée exotique. Cette case se trouvait au milieu des champs de cannes à sucre. Elle était habitée par les petits colons «pauvre blancs » appelés ainsi car ils étaient liés à un bail de colonage aux grands propriétaires. Ces colons exploitaient une petite partie du terrain du propriétaire et ils devaient leur verser 1/3 de leurs récoltes. A Bourbon, la servitude ne s’appliquera donc pas uniquement par rapport à la couleur de peau mais aussi par rapport au rang social.

Case en paille de fatak

Concurrencé par les Antilles (plus proches du continent et moins escarpés que La Réunion) le café de Bourbon ne fait plus recette. On se tourne alors vers la culture de la canne à sucre (originaire de Java). En effet, la France commence à manquer de sucre, Saint Domingue (l’actuel Haïti, ancienne colonie française et gros producteur de sucre) s’étant déclaré indépendante.


A l’époque la population de Bourbon vit toujours dans l’Ouest. La canne à sucre ayant besoin de plus de fraicheur et d’humidité que le café, cette nouvelle culture se développera plus haut, de 400 à 800 mètres d’altitude. La conséquence est évidemment la perte de la flore et de la faune originelle associée à ces milieux. En 1848, Victor Schœlcher, membre du gouvernement provisoire nomme Sarda Garriga (commissaire général de la République) sur l’île pour y mettre en application le décret de l'abolition de l'esclavage. Plus de 62 000 enfants, femmes et hommes esclaves seront concernés par ce décret. L’abolition de l’esclavage sera officiellement appliquée à Bourbon le 20 décembre 1848. Des personnes originaires de l'Inde, d'Afrique, de Madagascar et de Chine viendront remplacer ces esclaves dans les champs de canne à sucre, ils seront appelés « engagés ». Le recrutement, qui avait débuté en 1827 (à l’époque, organisé comme la traite des esclaves), va se développer d’avantage en 1861. Les mauvaises conditions de travail de ces engagés conduisent le Gouvernement Général de l’Inde à les dénoncer en 1884. Le système des engagés va cependant se poursuivre. L’engagisme durera de 1848 à 1939. C’est à partir de cette époque que la représentation actuelle de la population réunionnaise apparaîtra car même si certains "travailleurs" rentreront dans leurs pays d'origines beaucoup vont rester sur l'île pour s'y installer définitivement. Ancêtres des réunionnais : • malgaches • européens • africains • chinois • indiens

Les plantes à parfum : XXe siècle En 1946 : l’île n’est plus une colonie française mais un Département français d’outre-mer. La canne à sucre ne fait plus recette pour différentes raisons (concurrence avec les Antilles, découverte de la betterave sucrière en métropole et invasion du borer : larve de hanneton introduit involontairement de Madagascar vivant dans les plantations et dévastant des champs entiers en mangeant la racine de la canne. Les agriculteurs se tournent alors vers les plantes à parfum comme le géranium rosat (un Pélargonium originaire d’Afrique du Sud). Cette plante sera utilisée comme fixateur de parfum et pour la fabrication de son huile essentielle. Dans l’Ouest, de 800 à 1200 mètres d’altitude, une 3ème vague de déforestation provoque une nouvelle étape de la transformation du paysage. A cette époque, les habitants de l’île s’installent aussi dans le Sud, l’Est et le Nord. Le géranium qui a besoin d’humidité sera aussi planté dans les hauts de l’Est (Plaine des palmistes), dans les hauts du Sud (Plaine des Cafres) et dans l’Est de Sainte- Marie jusqu’à Saint- Benoit, du littoral jusqu’à 400 mètres d’altitude.

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Enclave « Alambic »

Pour récolter 1 litre d’huile pure de géranium, il faut environs 400 kg de feuilles/tiges de géranium. Sur les tiges et sur les feuilles, il y a des poils qui contiennent cette huile essentielle. Aujourd’hui il reste peu d’alambic en activité sur l’île car la concurrence est rude (mains d’œuvres moins chers en Egypte et en Chine). A noter : l’huile essentielle de géranium de La Réunion est considérée comme la meilleure au monde selon les plus grands parfumeurs. Scientifiquement cela s’explique par le taux d’alcool présent dans sa feuille et qui serait nettement supérieur ici qu’ailleurs dans le monde. Pour Rappel : La Réunion comptait près de 95% de végétation primaire avant l’arrivée de l’Homme. Les cultures intensives du café de 0 à 400 mètres d’altitude, de la canne à sucre de 400 à 800 mètres d’altitude et du géranium de 800 à 1200 mètres d’altitude expliquent la transformation du paysage.

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COLLECTION VERGER CREOLE Les fruits ont toujours eu une place importante dans la vie des réunionnais et les arbres avaient une place de choix dans les jardins. Dès le 18ème siècle, la Compagnie des Indes Orientales Française engagea la plantation du 1er jardin botanique à Saint-Denis destinée à encourager l’acclimatation de nouvelles espèces notamment fruitières. Initialement installé dans le quartier du « bas de la rivière » ce jardin sera transféré plus tard au cœur de la ville de Saint-Denis et deviendra celui que tout le monde connaît : le jardin de l’Etat. Ce jardin va considérablement se développer grâce à Nicolas Bréon (le 1er jardinier en titre) arrivé sur l’île en 1817 avec une importante collection d’épices et d’arbres fruitiers venant des 4 coins du monde. Toutes ces épices, ces légumes et bien sûr ces fruits étaient acclimatés dans ce jardin pour ensuite être distribués à la population. A la différence du verger métropolitain qui est disposé de façon géométrique et plutôt bien rangé, celui de La Réunion est en « fouillis », c’est presque « naturel ». Le verger créole de La Réunion, pendant longtemps, était plutôt à vocation domestique. On mettait donc tout ce dont on avait besoin à l’intérieur aussi bien les fruits, les légumes, les plantes médicinales, les rhizomes et les brèdes (toutes plantes dont les feuilles et les tiges cuites sont comestibles comme le chouchou). L’aménagement de ce verger a été élaboré de la façon suivante : Les 1ères terrasses abritent des arbres fruitiers introduits pour la propre consommation de la population, ceux des dernières terrasses constituent une valeur plus économique. C’est aussi une représentation géographique de ce qui pousse dans les bas de l’Ouest (les 1ères terrasses) et de ce qui pousse dans les hauts de l’Ouest (les dernières terrasses). En effet avec plus de 200 microclimats différents, l’île de La Réunion a constitué un laboratoire d’acclimatation idéal. Il y a aussi dans cette collection des plantes un peu oubliées des réunionnais.

Terrasse 1 Conflor (Cana indica) Famille des Zingibéracées (famille du gingembre) : Originaire d’Amérique tropicale Voici un exemple de plante oubliée par la nouvelle génération qui était plantée dans le verger créole mais qui ne donne pas de fruits comestibles. C’est le rhizome qui est utilisé, de couleur pourpre, il est cuit et ensuite consommé salé ou sucré (gâteaux, beignets, chips).

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Bunchosie des Andes (Bunchosia armeniaca) Famille des Malpighiacées. Cette famille se rencontre essentiellement en Amérique du Sud, d’ailleurs cet arbuste est originaire de Colombie et du Pérou. Son introduction sur île est probablement récente. Dès un an, l’espèce donne ses premiers fruits. Le fruit de couleur orange foncé a un goût de pistache (cacahuète en français). Il faut le consommer un peu avant sa maturation complète.

Sapotille, Corossol en français (Annona muricata) Famille des annonacées. Cet arbuste est originaire d’Amérique centrale. Sur l’île, il fructifie du littoral jusqu'à 500 mètres d’altitude. La sapotille peu atteindre 3 kg. On mange ce fruit quand il est mûr, (sa chair est fibreuse, juteuse, un peu acide) ou en jus de fruit mais aussi quand il est vert, en friture. Ses feuilles en tisanes calmeraient la toux

Terrasse 2 Papayer (Carica papaya) Famille des Caricacées. Originaire d’Amérique Central Sa fructification se fait toute l’année sur l’île. Les caricacées ont généralement un tronc mou à feuilles regroupées en rosettes au sommet et contiennent un latex laiteux (qui peut être irritant) dans la plupart de leurs organes. Généralement dioïque (mâle/femelle séparés), cette espèce a des fleurs odorantes le soir, elles sont donc polonisées par des papillons de nuit et par des chauves-souris, le vent peut aussi y contribuer si les individus ne sont pas trop éloignés les uns des autres. Son fruit se mange quand il est mûr mais aussi quand il est vert, cru, râpé en salade ou cuit en confiture. Les jeunes feuilles pendant les pénuries étaient mangées en brèdes, les graines servent de vermifuge. Ce fruit est remplit de papaïne, cette substance serait intéressante pour la régénération de certaines cellules du corps et serait anti-cancérigène.

Terrasse 3 Ananas (Ananas comomus) Famille des Broméliacées. Les Broméliacées sont principalement des plantes herbacées aux tiges courtes, avec des feuilles rigides en forme de rosettes, souvent épineuses, dont la base est généralement colorée. Chez l’ananas, les fruits individuels se soudent et l’inflorescence grossit en formant un fruit multiple.

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L’ananas est originaire d’Amérique tropicale. Les Indiens d’Amérique Centrale appellent ce fruit hérissé « Nana » qui signifie parfum. Son parfum est tel qu’ils ont juxtaposé nana à son 1er nom pour le désigner comme « Nana Nana » : le parfum des parfums. Il existe plusieurs sortes d’ananas dans le monde mais un seul domine réellement le marché mondial : le Cayenne lisse qui doit son nom à l’absence de piquant le long de ces feuilles et à son origine supposée : la Guyane. De cet ananas, la variété la plus cultivée à la Réunion est le Queen Victoria appelé sur cette île : Ananas Victoria. De petite taille, elle possède une chaire douce peu fibreuse et délicatement parfumée. L’ananas, de nos jours se multiplie par voie végétative. A l’origine, cette plante était épiphyte, elle poussait sur un autre support végétal, comme certaines orchidées et fougères. Mise en terre, il faudra attendre environ 2 ans pour que la plante donne son 1er fruit.

Toutes ces introductions ont donc été nécessaires pour les réunionnais puisqu’il n’y avait quasiment pas de fruits comestibles sur l’île. Certains de ces fruits exotiques, sont devenus économiquement intéressants. Malheureusement certaines espèces se sont naturalisées et présentent un comportement envahissant (Le Goyavier par exemple). Une réglementation concernant l’introduction de nouvelles espèces vivantes (animales ou végétales) est donc indispensable pour sauvegarder le milieu naturel de La Réunion.

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COLLECTION PALMIERS Parmi toutes les espèces de palmiers qui se trouvent à La Réunion, seuls 6 sont endémiques, les autres ont tous été introduit par l’homme et sont donc appelés exotiques. Palmiers endémiques -

Latanier Rouge (Latania lontaroides) - La Réunion Palmiste Blanc (Dictyosperma album) - La Réunion/Maurice Palmiste Rouge (Acanthophoenix Rubra) - La Réunion/Maurice Palmiste noir (Acanthophoenix crinita) - La Réunion Palmiste roussel ou Trois mares (Acanthophoenix rousselii N. Ludw) - La Réunion Palmiste poison (Hyophorbe indica) - La Réunion

Quelques palmiers exotiques de la collection Queue de Poisson (Caryota mitis) Son nom vernaculaire (local) vient du fait que sa feuille ressemble à une queue de poisson. Il atteint 8 mètres de haut. Ce palmier est souvent utilisé comme plante ornementale. Les fruits (non comestibles) verts et mûrs ont une poudre blanche qui irrite terriblement les yeux.

Talipot (Corypha umbraculifera) 20 à 25 mètres de haut, une feuille peut peser 50 kg. Ce palmier porte la plus grande inflorescence du monde végétale. Pendant l’inflorescence il y aura des milliers voir un million de fleurs de couleurs vertes pâles. Après sa floraison (à plus de 50 ans), le palmier meurt.

Palmiste Multipliant (Dypsis lutescens) Il est originaire de Madagascar. Son nom latin Lutescens signifie jaunissant, en effet au soleil, ses palmes deviennent jaunes alors que dans l’ombre elles restent vertes. Il est cespiteux : il pousse en touffes et non avec une tige unique. Les tiges resteront assez fines et elles pourront atteindre 12 mètres de haut.

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Son cœur bien que de petite taille est comestible. Dans la plupart des jardins créoles on le retrouve comme plante ornementale.

Palmier à l’huile (Elaeis Guineensis) Originaire d’Afrique Tropicale notamment de toute la partie du golf de guinée d’où son nom scientifique. C’est avec ce palmier que l’on fabrique huile de palme. C’est l’huile végétale la plus consommée au monde. Elle est essentiellement utilisée dans l'agroalimentaire mais aussi dans les cosmétiques et maintenant dans les biocarburants. La moitié des aliments transformés en contienne, car c’est un excellent conservateur et elle permet de garder le moelleux du produit. Le rendement à l'hectare du palmier à huile est en effet dix fois plus élevé que celui du soja : 100 kg de fruits donnent environ 22 kg d’huile. L’huile de palme contient de l’acide gras saturé favorisant les maladies cardiovasculaires et l’obésité selon la médecine. Son exploitation intensive constitue une réelle menace pour les forêts. Les cultures d'huile de palme telles qu'elles sont pratiquées actuellement pour la majeure partie sont les cultures ayant le plus d'impact négatif environnemental au monde notamment en Indonésie. La demande agro-alimentaire et cosmétique pour l’huile de palme risque d’entraîner l’extinction des orangs-outans en Indonésie d’ici une douzaine d’années puisque leur milieu naturel est détruit pour les plantations massives de ce palmier.

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COLLECTION CAFES La légende du café : Il était une fois, près d’un monastère, un berger yéménite qui observa que ses chèvres, après avoir mangé des baies rouges d’un petit arbuste, étaient surexcitées. Alors les moines de ce monastère infusèrent ces mêmes fruits rouges et constatèrent qu’ils pouvaient prier plus longtemps sans être fatigué. Un jour, une branche chargée de fruits se retrouva dans le feu et une agréable odeur s’en échappa, un moine retira les graines, les écrasa et prépara une infusion : le café était né !

Quelques caféiers de la collection Café marron (Coffea mauritiana) Endémique de La Réunion et de Maurice Monsieur Hardancourt, secrétaire de la compagnie des Indes, en mission à l’île Bourbon en 1711 aurait découvert le Coffea mauritiana, dans les Hauts de St Paul. Ce café est endémique de La Réunion et de Maurice et présente une caractéristique très particulière : il est dépourvu de caféine. Le Coffea mauritiana, appelé café marron ou café sauvage, était répandu en forêt entre 500 et 1500 mètres d’altitude. Celui-ci porte des fruits longs, violacés à maturité et des graines pointues. Mais ce café ne fut pas apprécié des consommateurs européens, selon les archives son goût est très amer. C’est la présence naturelle de ce café sur l’île qui a motivé l’introduction du Coffea arabica à Bourbon en 1715. Café d’Arabie (Coffea arabica) C’est donc la découverte du mauritiana qui donna l’idée à la Compagnie des Indes Orientales de cultiver l’arabica sur l’île Bourbon. L’arabica est introduit à Bourbon en 1715 par Dufresne D’Arsel, commandant du vaisseau « le Chasseur ». Le 25 septembre 1715, le vaisseau déposa 25 caféiers des soixante embarqués à Moka, les autres ayant péris pendant la traversée. Un an plus tard sur les 25 plants, deux seulement survécurent, l’un confié à M Martin de St Denis, l’autre soigné par M. Houbert Curé de Ste Suzanne. Au mois de janvier 1719, le seul encore vivant était celui de St Denis qui avait commencé à donner des graines mûres qui furent distribuées aux colons. Café Bourbon Pointu (Coffea arabica var. laurina) Ce café est faible en caféine. Son port est en forme de « cône » comme le sapin. À la différence de l’arabica, les nœuds portant les feuilles du café bourbon pointu son moins espacées sur la branche.

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Hybridation entre arabica et laurina ? Mutation locale de l’arabica ? Hybridation entre l’arabica de 1715 et un autre arabica introduit plus tôt ? Les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux sur son origine, et différentes possibilités ont été envisagées… En revanche tous les scientifiques affirment que ce café n’existe qu’à La Réunion. Un plant de café Bourbon pointu produit la troisième année un kilo de cerises mûres, la quatrième année plus de trois kilos. La récolte s'étale sur cinq mois environ, de mars à août, elle est très délicate et revient beaucoup plus cher que le Bourbon rond ; 7 à 8 kilos de cerises mûres, donnent 1 kg de grains secs de ce café. Aujourd'hui à La Réunion le café Bourbon Pointu est toujours récolté manuellement avec un grand soin par une cueillette sélective à maturité optimale, car les cerises ne mûrissent pas toutes en même temps. Elles sont séchées 100 % au soleil avant d’être torréfié à l’ancienne pour permettre aux produits d’exprimer pleinement les arômes et les saveurs des terroirs d’origines. Pour ceux qui l’ont goûté, ce café coulé à la grègue (cafetière traditionnelle de La Réunion) est rond en bouche et d’une teneur en bouche exceptionnelle ! Novembre 2008. Le Wall Street Journal a organisé une dégustation à l’aveugle de café, dont le Bourbon Pointu. Les quatre dégustateurs désignèrent le café à faible teneur en caféine comme le plus apprécié, comme le meilleur… du monde ! Le robusta (Coffea canephora robusta) C’est la deuxième espèce de café la plus cultivée dans le monde après l’Arabica, comprenant les variétés robusta, kouilou, niaouli. La variété robusta, originaire d'Afrique centrale, représente 90% des Canephora dans le monde, elle pousse en zone tropicale humide basse et a une teneur en caféine 2 fois plus élevée que l’arabica. Une fois que les grains sont torréfiés, ils ressortent très parfumés mais restent moins prisés que l'Arabica.

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Autres collections La collection Ravine bambous Un aménagement particulier permet de mieux saisir toute la majesté des bambous : en effet, un cheminement partiellement aérien donne la dimension de cette véritable « cathédrale végétale ». Toutes les espèces présentées ici sont exotiques. Il n’existe qu’un seul bambou endémique de La Réunion : le Nastus borbonicus appelé localement « calumet ». Son habitat naturel étant plus frais et humide qu’aux Colimaçons il est absent à Mascarin.

Collection fougères et orchidées A l’intérieur de cette collection se mélange les fougères, espèces considérées comme archaïques, et les orchidées classées au palmarès des plantes les plus évoluées. Avec plusieurs dizaines de milliers d’espèces, les Orchidées comptent parmi les plus grandes familles de plantes à fleurs dans le monde. Cette extraordinaire diversité a permis aux Orchidées de s’adapter à tous les milieux, à l’exception des déserts et des régions polaires. Les fougères présentent une diversité (environ 10 000 espèces) et une répartition mondiale comparables à celles des Orchidées, avec qui elles partagent une forte capacité à se disperser. On les retrouve d’ailleurs souvent associées dans les forêts tropicales, qui abritent leurs milieux de vie privilégiés.

Collection succulentes Cette « rocaille » aide à mieux comprendre la répartition des plantes en fonction des milieux, en s’attachant à présenter des espèces capables de s’adapter à des conditions extrêmes de vie, comme la sécheresse. Pour information : les cactées sont originaires de la zone américaine et les aloès de la zone africaine. Dans cette collection, une seule plante endémique grasse : Mazambron marron (Aloe macra) Appartient à la famille Xanthorrhoeacées. C’est une espèce protégée. Cette plante ressemble à l’aloès et a pratiquement les mêmes vertus médicinales. Cause de sa disparition : -

L’utilisation abusive comme plante médicinale. Ses feuilles sont un très bon cicatrisant pour les blessures et les brûlures. Un escargot exotique du nom d’Acatine (Achatina fulica) dévore les plantules. Une plante invasive du nom de Galabert (Lantana camara) entoure, étouffe et prend sa place La destruction de son milieu naturel pour le développement agricole de l’île notamment dans les bas

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Notes

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MASCARIN j a r d i n

b o t a n i q u e

d e

l a

r é u n i o n

Direction de l’Agriculture, de l’Eau et de l’Environnement Conseil Départemental 2, rue du Père Georges - 97436 SAINT-LEU

tél. 0262 24 92 27

Jérémy BEAUREPAIRE

Responsable médiation scientifique et culturelle jeremy.beaurepaire@cg974.fr t. 0262 24 24 52

Karine ORANGE

Médiatrice scientifique et culturelle karine.orange@cg974.fr t. 0262 24 24 51


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