IN MOTION / STILL - Trajectoires en mouvement dans l'art contemporain

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La dissolution du bâtiment On voit apparaître une tendance à la considération des bâtiments et des infrastructures comme organismes faibles et démunis, eux même surmontés par les événements naturels, qui cèdent aux forces majeures et se baissent à leur destin. Anarchitecture est un groupe de recherche assez souterrain, né en 1973 et composé par une dizaine d’artistes issus de différentes pratiques 13, qui se donne rendez vous ponctuellement et informellement dans des lieux variés et élaborent une série de propositions collectives. Au dehors des spéculations architecturales, le groupe considérait des possibilités comme une sorte de jeu, explorant les vides métaphoriques, les écarts, les espaces abandonnés.

« Chacun d’entre nous discutait beaucoup et écrivait beaucoup. Le groupe d’Anarchitecture – si je le regarde maintenant avec une certaine distance – c’était une chose absolument littérale et n’avait pas vraiment de rapport avec les structures que l’on construisait éventuellement. La discussion était vraiment une méthode de travail et une façon de s’identifier entre nous. Il s’agissait d’un sorte d’état onirique où on se retrouve quand on est en train de réflechir à un projet conceptuellement. » 14 « L’architecture n’était pas le point de départ pour nous, même pour Gordon. Cependant, nous nous sommes vite rendus compte, que l’architecture pouvait être utilisée pour symboliser la réalité d’une culture adverse et fermée contre

laquelle on se battait, et pas seulement la construction d’une architecture dans le sens propre du terme. C’était dans ce contexte que Gordon est sorti avec le nom Anarchitecture. Et ça suggère probablement le sens que nous lui avons tous donné. » 15 Juste une semaine avant la réalisation du célèbre Splitting, par Gordon MattaClark, a eu lieu la mystérieuse et seule exposition du groupe Anarchitecture. Successivement, avec le temps on a découvert des images et des repères qui nous aident à comprendre cet événement, toutefois très obscure. 16 Selon les témoins, l’exposition se composait d’une longue ligne horizontale d’environ 64 photos (impérativement) pas signées. Toutes ces photos exposées au 112 Greene Street représentent une sorte de documentation issue des rendez vous préalables du groupe, jamais documentés par aucun compte rendu. L’unique trace diffusée au public à l’époque était l’invitation et une double page des photographies publiées sur l’édition de Juin du magazine Flash Art, revue Deux photos des archives d’Anarchitecture, 1974

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