Sarlat mai 2017

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Visite en Sarladais

13 mai 2017

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Jean-Pierre Lazarus


Visite en Sarladais

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Dessin d!apr"s carte Google Map

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La Roque-Gageac (Pages 10 Ă 13)

Image www

Sarlat (Pages 3 Ă 10)

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Carte et sommaire

Jean-Pierre Lazarus


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PRÉAMBULE

S A R L AT- L A- C A N É DA

J+6 après le grand soulagement ; J-1 avant le grand changement : ce voyage "entre deux" commence sous la pluie, ce samedi 13 mai 2017, à l'aube. Il pleut lorsque Kléber passe avec son bus devant nous autres qui l'attendons dans le bon sens. Il pleut lorsqu'il revient, vers 6 h 20, pour nous emporter vers le Périgord Noir, noir du feuillage des chênes verts : étrange paradoxe, n'est-il pas ? Je le croyais noirci par les truffes ou par ses sombres forêts or la guide, sur le bateau, nous le dira donc noir à cause des chênes verts aux frondaisons plus sombres que celles des noyers, des charmes, des hêtres, des saules et des chênes de chez nous…

Si Brive est gaillarde, qu'est Sarlat, me demandéje en regardant la campagne humide du Périgord Noir. Le mot ne me revient pas… Faut dire que cette ville est bien loin de chez moi : je n'y vais pas tous les jours ! En fait, n'y suis pas retourné depuis plus de vingt ans… C'est juste avant d'apercevoir le panneau annonçant notre destination que le nom me revient. Si Brive est la Gaillarde, Sarlat est la Canéda… "Pourquoi la Canéda ?" La question ne sera posée à aucune de nos guides et, bien sûr, la réponse ne nous sera pas donnée. C'est dans l'encyclopédie libre de la Grande Toile Mondiale que je trouverai la réponse : Sarlat est la Canéda depuis 1965 lorsque les deux communes, voisines, s'unirent définitivement.

Autoroute A89 jusqu'à l'aire du Manoire, "une" aire, avait annoncé notre président, "notre" aire, pensai-je, que nous retrouvons chaque fois que le comité nous aventure vers l'orient de notre région maintenant très agrandie. N'est-ce donc pas notre cinquième visite depuis 2012 ? Puis continuation jusque vers Terrasson où le chauffeur suit la route vers le sud, vers Montignac et, au-delà, vers Sarlat. Il est alors 9 h 20.

10 h. Cela signifie qu'il aura fallu plus de trois heures et demie pour arriver jusqu'ici. Est-ce bien raisonnable d'aller si loin pour une seule journée alors qu'il y a tant à voir dans le Sarladais ? De retour chez moi, je constaterai que nous n'avons "profité" des lieux que deux heures – guère plus – (repas non compris) pour près de huit heures de voyage. Trop loin…

Photo M. Mouflin

Sous un ciel de cendres, le grand bus blanc avale les virages et roule vers la pluie. À travers la vitre couverte de gouttes d'eau de pluie, je regarde défiler les noyers nus se dressant dans les champs voisinant le bitume. Pourquoi sont-ils donc si en retard, en cette mi-mai ? Certains tendent au ciel infiniment gris leurs branches sèches et torturées. Que s'est-il donc passé ici que les noyers n'aient pas supporté ? La réponse me sera donnée plus tard, par l'une de nos guides : le gel du mois d'avril. Ces nuits froides ont gelé les trop jeunes feuilles des noyers, à peine débourrées, tout comme elles ont grillé nombre de pieds de vigne dans le vignoble du Bordelais. On nous dira les dégâts importants, les récoltes compromises, les prix futurs plus hauts…

10 h. Nous y sommes. Kléber nous dépose au plus près du centre-ville, inaccessible à cause du marché du samedi. Pas un petit marché de pas grand-chose ! Non ! Un vaste marché qui envahit la rue principale de la vieille ville – rue de la République – et nombre de ruelles entourant le cœur du vieux quartier. Cela signifie qu'il y a du monde partout alors que nous ne sommes que le 13 mai, avant le début de la saison touristique. Du moins c'est ce que je croyais mais suis obligé de constater que la "saison" a déjà commencé si tant est qu'elle se soit terminée un jour… Dire que Sarlat est touristique est une litote : elle est bien plus que cela, presque le centre du monde, au moins le centre de la Dordogne… Ne pas nous y perdre…

Le march! envahissant la place Boissarie" devant l#ancienne !glise Sainte$Marie" elle$m%me transform!e en march! couvert -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Vers Sarlat

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V I S I T E D E S A R L AT

J'attends beaucoup de cette visite guidée qui sera en partie gâchée par la pluie. La première halte a lieu au jardin des Enfeus, autrefois cour d'un cloître aujourd'hui disparu dont il ne reste que quelques cicatrices sur les murs aveugles ou remaniés encadrant une cour fermée, près de la cathédrale. Nous sommes juste derrière l'office du tourisme : promenade dans un mouchoir de poche… C'est en 1960 que Sarlat sortit de l'anonymat lorsque le ministre de la culture d'alors, André Malraux, décida sa restauration presque d'urgence. Sarlat fut la première ville à bénéficier d'un secteur de sauvegarde et de mise en valeur afin de protéger son centre historique des destructions récurrentes au cours des années 60 : faire de la place au "tout voiture". Le caractère exceptionnel de l'architecture de la ville, déjà considéré par quelques édifi-

▲ Avant

Hôtel Montmejat, 9 rue J.- Jacques Rousseau

Avant travaux (1966)

Pendant travaux (1966/1969)

Pendant travaux (1966/1969)

Après travaux (1966/1969) Photos Marc Robert (www)

ces inscrits sur la liste des monuments historiques dès 1840 (cathédrale SaintSacerdos, lanterne des morts…) avait aussi été remarqué par des cinéastes qui trouvaient, dans ces vieilles ruelles, un décor à leurs films. Ainsi fut tourné à Sarlat, en 1928, un premier "Capitaine Fracasse" par Alberta Cavalcandi. En 1952, par la volonté d'hommes conscients de la richesse du patrimoine sarladais, fut inventé le Festival des Jeux du Théâtre de Sarlat dont les rues et les arcades servaient de décor aux spectacles. En 1960, les arcades de la rue Magnanat, arrière-scène des représentations, furent restaurées. Les fils électriques furent enterrés dès 1962 dans l'ensemble de la vieille ville : la notion de décor naturel prit alors tout son sens. Le secteur sauvegardé de Sarlat couvre une superficie de presque onze hectares dans lesquels vivaient, en 1962, 1 300 habitants. La réglementation était stricte : pas de volets extérieurs pour les fenêtres à meneaux, enseignes en matériaux durables, maintien de certaines devantures anciennes, création de nouvelles lucarnes si elles sont conformes aux modèles de l'époque des bâtiments et en harmonie avec les toitures environnantes… Les travaux commencèrent, en 1966, sur un premier îlot, en quelque sorte, expérimental… La réussite de ce programme fit de Sarlat un modèle pour les restaurations futures et exemplaires. Notre guide, nous résumant cela, insiste sur la

Restauration" dat!e de &'()" du b*timent situ! & place de la Libert!

Apr+s ▲

Deux photos Max Sarradet trouv#es sur www

Le groupe est réuni en haut de la rue Bonnel, face à l'office de tourisme : nous attendons les deux guides qui doivent nous faire visiter la ville ocre jaune. Notre nombre oblige à couper le groupe en deux : je me retrouve parmi ceux qui suivront notre guide Lydia, hissant haut son parapluie rouge ; dans cette foule, ne pas se perdre. Face à ce danger, le président prévient : que ceux qui se perdront reviennent ici, devant l'office de tourisme !

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Sarlat : secteur sauvegardé

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Pendant

Apr+s

Photos MAirie de Sarlat trouv#es sur www

Avant

Réhabilitation de l'église Sainte-Marie par Jean Nouvel (1995 - 2000)

Rue des Consuls (1992)

Maison Arlie Ligman (1972)

métiers du bâtiment. La technique des toitures de lauzes fut étudiée en priorité. Les restaurations persistèrent jusque dans les années 2000 avec la conversion de l'église Sainte-Marie en marché couvert et l'installation, par Jean Nouvel, des deux immenses portes métalliques. Après restauration des monuments, il fallut aussi reconquérir les espaces publics ; les rues qui étaient goudronnées furent pavées ou dallées et offertes aux piétons. Ce fut l'occasion de refaire tous les réseaux souterrains, qu'ils fussent de distribution d'eau potable, de téléphone, de gaz ou d'électricité ou d'évacuation des eaux pluviales et de l'assainissement. En 2004, la rue de la République fut rénovée et dallée. C'est parce que j'ai trouvé les explications de la guide un peu courtes

Photo Max Sarradet trouv#es sur www

Photos Marc Robert et Max Sarradet trouv#es sur www

Pour créer des espaces publics dans la vieille ville – espaces de respiration – des immeubles vétustes furent démolis. Ainsi fut créée de toute pièce, vers 1970, la place André Malraux. Le jardin des Enfeus, dans lequel nous écoutons Lydia, fut réaménagé en 1966 en même temps que l'espace autour de la Lanterne des Morts. La restauration des bâtiments, dont il fallut souvent retrouver les aspects d'origine, fit appel au savoir-faire des artisans encore en activité dans les années 60. Sarlat devint ainsi le conservatoire vivant des

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restauration des toitures, souvent en lauzes, parfois en ardoises ou même en tuiles et nous fait prendre conscience du poids d'un toit en lauzes – 300 à 400 kg par m2 – ce qui nécessite une très solide charpente, le plus souvent en châtaignier et un toit très pentu.

Place Boissarie (1992)

Le jardin des Enfeus ,&'(-.&'((/

Maison Bizac" passage Henri de Sergogne ,&'('.&'0)/

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Sarlat : secteur sauvegardé

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que j'ai dû rechercher ailleurs d'avantage d'informations. La matinée ne sera pas finie que je comprendrai que le temps de visite sera bref : dommage… Dans le jardin des Enfeus, Lydia nous raconte l'origine de la ville et, d'une certaine manière, répond à la question que je me pose alors : pourquoi Sarlat ne se situe-t-elle pas sur la Dordogne, au bord de cette majestueuse rivière ? Dit autrement : comment une ville si commerciale, éloignée d'un cours d'eau d'importance, a-t-elle pu prospérer ? La ville fut fondée par des moines, nous dit Lydia sous la pluie, au bord du ruisseau La Cuze, afin qu'ils puissent se réfugier en ce lieu protecteur. Une communauté d'ermites de l'ordre des Bénédictins, se serait installée ici, dès le VIe siècle. Une abbaye ne tarda pas à s'élever, sans doute romane : le jardin des Enfeus en occupe l'ancien cloître, disparu. Quelle est la part de la légende dans cette origine, mystère… D'autres disent que Sarlat fut fondée pour servir de relais entre les deux sièges épiscopaux de Cahors et Périgueux. Quoi qu'il en soit, cette abbaye carolingienne atteignit son apogée au XIIIe siècle et faisait partie des six grandes abbayes du Périgord avec Paunat, Belvès, Saint-Front, Brantôme et Terrasson. La ville s'entoura de remparts. En grande partie démolis vers 1750, ils ne se devinent plus que dans la boucle que les boulevards circulaires dessinent aujourd'hui. Parce qu'elle était éloignée de la Dordogne, Sarlat fut épargnée par les destructions perpétrées par les Vikings. D'où une partie de la réponse : si les fleuves sont généreux, ils peuvent aussi être nuisibles…

Lydia nous narre ensuite une partie de l'histoire que j'ai du mal à suivre ; tenir le parapluie, faire des images, prendre des notes : il y a forcément des mots ou des phrases qui m'échappent ! Bref, n'ai pas tout compris… Il semble, qu'à partir du XIVe siècle, les évêques et les consuls se partagèrent le pouvoir en se livrant à une "petite guerre d'influence" au cœur de la cité au point qu'elle fut partagée en deux quartiers : celui de la ville "religieuse" et celui de la ville "laïque", longtemps antagonistes. Les premiers voulaient être rattachés au pape, les seconds au roi. Lydia nous raconte que les rues du quartier des consuls, à caniveau central, étaient sales, bordées par les échoppes des artisans. On y respectait le droit romain et les gens avaient le droit de porter des armes. Les consuls rendaient compte au nom du roi. Le temps de prendre quelques photos des murs enfermant le jardin des Enfeus et Lydia, son parapluie rouge et le groupe ont déjà disparu dans les ruelles étroites et parfois couvertes de cette ville médiévale.

Photo H. Mouflin

Aux Bénédictins succédèrent les Cisterciens. Une visite attentive de divers monuments religieux nous montrerait l'influence que les cathares eurent ensuite dans cette région du Sud-Ouest mais cette visite, nous ne l'avons pas eue… Il semble que les cathares se soient installés dans le Périgord en si grand nombre

que Bernard de Clairvaux ait comparé cette hérésie à la peste. Les "malades" auraient été guéris grâce à des petits pains bénis… Le sud de la France – Occitanie en particulier – était sans doute plus tolérant que le Nord. La présence de ces hommes influença beaucoup la partie méridionale du pays. Au début du XIIIe siècle, Simon de Monfort et Bernard de Casnac rivalisèrent de cruauté pour réduire l'hérésie. En 1318, un évêque fut nommé à Sarlat qui devint évêché. Les évêques remplacèrent les abbés et commencèrent la transformation architecturale de l'édifice qui s'étendra sur plusieurs siècles… à cause de la corruption, nous souffle Lydia. Les travaux ne furent achevés qu'au XVIIe siècle. Devenue cité épiscopale, Sarlat prospéra et joua un rôle important lors de la guerre de Cent Ans, devenant tantôt anglaise tantôt française.

Cicatrices de l#ancien clo1tre

2di3ces autour du jardin des Enfeus

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Visite du centre médiéval

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Photo H. Mouflin

La lanterne des morts (1170)

aurait-il là une similitude de sens ? À Sarlat, les quatre baies de la lanterne, ouvertes aux points cardinaux, ne sont pas situées au sommet de l'édifice : étaient-elles alors très utiles aux défunts ? La guide nous fait remarquer la clé de voûte qui couvre la chapelle dans laquelle nous l'écoutons, assis sur le banc de pierre : un agneau est sculpté au croisement des six nervures découpant cette voûte gothique. L'agneau de Dieu, sans doute… Une preuve probable que cette tour, édifiée par les moines, est contemporaine de l'abbaye qui fit la richesse de Sarlat. La guide nous incite à penser à la puissance du catholicisme lorsqu'il fut confronté au catharisme. Nous avions déjà vu cette débauche de grandeur et de luxe à Albi, par exemple, où les évêques du lieu voulurent exprimer la puissance de cette religion catholique face aux hérétiques cathares en construisant leur énorme palais et leur très grande cathédrale. Ici, à Sarlat, il ne reste pas grand-chose de l'ancienne abbaye – voire plus rien – et nous ne pouvons voir de nos yeux cette puissance concentrée dans l'architecture. Mais, par le truchement de la narration de Lydia, nous pouvons suivre les processions qui traversaient la cité et s'achevaient ici, à la lanterne. Les processions andalouses, lors de la semaine sainte, sont sans doute une illustration de ce qui pouvait se dérouler ici. À ces processions, il faut ajouter les bénédictions et les jeûnes ainsi que les possibles victoires sur les épidémies, preuves incontes-

Photo J$%C$ Juzan

Photo J$%C$ Juzan

La lanterne des morts est le plus ancien monument de Sarlat et le plus énigmatique. Lydia aura du mal à nous expliquer son origine réelle, son usage et jusqu'à son nom qui porte à confusion. C'est dire les incertitudes qui émanent de cet étrange édifice. Le nom d'abord : faut-il dire "Lanterne des morts" ou "Lanterne des Maures" ? Cette dernière dénomination est peutêtre due à la forme en obus – très originale – de ce monument, le seul dans ce style en France. Construite au XIIe siècle dans le cimetière de l'abbaye, la lanterne des morts servait, en quelque sorte, de phare pour les défunts. Une lampe allumée, hissée au sommet de la tour, servait à guider les âmes des morts. Je n'ai pas compris dans quel but… Cependant, je sais que certaines populations, très croyantes, ont l'habitude de déposer des bougies allumées sur les tombes de leurs cimetières : y

Photo J$%C$ Juzan

Vite, retraverser la cour des fontaines sans apercevoir lesdites fontaines et retrouver le groupe dans la cour des Chanoines pour y observer les toitures de lauzes. Puis nous nous glissons derrière la chapelle Saint-Benoît et nous retrouvons le ciel gris devant le chevet de la cathédrale, sur les escaliers (glissants) qui montent à la lanterne des morts : une visite à la japonaise… Il faut attendre notre tour pour passer la porte en arc brisé, entrer dans l'édifice et nous asseoir sur le banc de pierre qui fait le tour de la chapelle intérieure…

La lanterne des morts et la vo4te de sa chapelle int!rieure

Le chevet de Saint$Sacerdos" vu depuis la lanterne

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Visite du centre médiéval

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Deux images www

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Le Badaud ,Sculpture de G!rad Auliac/

Les oies ,Sculpture de Fran5ois$Xavier Lalanne/

tables de la puissance des évêques. Les épidémies, justement, étaient favorisées par les miasmes que transportait l'eau bue par les habitants : en effet, elle percolait sous le cimetière et s'y chargeait d'agents pathogènes.

que nous n'avons pas vu y dessert les étages. La porte d'entrée, de style gothique flamboyant, est ornée d'une élégante accolade surmontée de motifs végétaux et décorée d'une salamandre qui donna, sans doute, son nom à la rue. Cette porte magnifique complétait la symbolique car, à cette époque, il était de bon ton de montrer sa richesse et son pouvoir. Nous traversons la place de la Liberté sans même un regard pour l'hôtel de ville, caché par les toiles des commerçants, et arrivons près du badaud de bronze qui, d'un regard triste, observe indéfiniment l'activité qui anime la place, centre de la vieille ville. Face à nous, l'ancienne église Sainte-Marie transformée, aujourd'hui, en marché couvert. Ce qui attire le regard sont les deux immenses portes métalliques qui ferment l'édifice. La guide nous raconte l'histoire de cette église, construite aux XIVe et XVe sur les ruines d'une plus ancienne, datée du XIIe siècle. L’édifice a subi tous les renversements religieux, politiques et guerriers du dernier millénaire. Le monument, tour à tour catholique puis protestant, eut aussi pour destination commerce et théâtre et fut, au gré des époques, salle d’entrepôt, de réunions, de fêtes et même

Photo M. Mouflin

Quatre images www

Nous quittons la lanterne et empruntons les rues Cavaillez, d'Albusse et de la Salamandre. Arrêt, sous les parapluies, devant une maison à encorbellement, rue de la Salamandre. C'est l'occasion, pour Lydia, de nous rappeler l'usage des encorbellements, qu'ils soient de bois ou de pierre, construits pour agrandir la surface des étages. À cette époque, les propriétaires payaient des taxes en fonction de la surface que leurs maisons occupaient au sol. Dans cet espace étroit, les hôtels particuliers sont si proches qu'ils cacheraient le soleil si seulement celui-ci daignait apparaître mais ils ne nous protègent pas de la pluie. La tour polygonale de l'hôtel de Grézel – l'architecte dut se contenter de l'espace disponible pour la dessiner – témoigne de l'enrichissement d'une partie de la population de Sarlat, entre les XIIIe et XVe siècles. On appelait ces structures rajoutées "tours de noblesse" car elles symbolisaient le pouvoir du propriétaire. Un escalier

Les transformations de l#ancienne !glise Sainte$Marie -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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L'hôtel de Vienne dit aussi de Maleville

centre postal. Naguère bien plus longue, elle fut en partie détruite et raccourcie car, en 1791, elle fut vendue comme bien national, découpée en huit parcelles dont celle du chœur que son propriétaire a démoli pour en vendre les pierres. Au XIXe siècle, la ville racheta une parcelle pour créer la place et l'espace piétonnier d'aujourd'hui. Son dernier statut fut, à la fin du XXe siècle, celui de la plus belle ruine de la ville. Sa récente rénovation fut confiée à Jean Nouvel, natif de la ville, afin qu’il focalise, autour de l'édifice, la renaissance sociale des vieux quartiers. À l'intérieur, le plafond a été supprimé, des mezzanines aménagées, un ascenseur installé pour monter au clocher et y admirer les toits de lauzes de la ville. L'édifice abrite désormais le marché couvert. Deux immenses portes en acier gris, hautes de quinze mètres et pesant chacune deux tonnes, habillent la façade et la ferment en totalité, grâce à leur forme ogivale.

A cup of tea ?

Deux médaillons sont ornés des portraits d'Henri IV et de Marie de Médicis ; entre les deux se trouve un joli M signifiant "Maleville", initiale de celui qui acheta ce palais urbain au XIXe siècle. Pour réaliser cet ensemble dans le canevas très serré du centre-ville, l'architecte du XVIe siècle fut obligé de se plier aux surfaces disponibles. Il parvint à ériger une tour de noblesse carrée assez haute, flanquée d'une poivrière "suspendue" haut au-dessus de la rue. La tour dessert les étages mais nous n'avons pas vu le bel escalier à vis qu'elle contient. J'ai lu quelque part qu'un étage était occupé par un artiste peintre : c'est peut-être lui que nous avons aperçu à la fenêtre supérieure de la tourelle en encorbellement et qui nous a gentiment salués. Par d'autres couverts et par la rue de la Liberté, nous gagnons la cathédrale Saint-Sacerdos qui, elle, nous abrite de la pluie ! Dès l'entrée, la guide qui achève ici sa présentation, nous parle du narthex, un mot que je connais mais dont j'ignorais l'usage de l'espace qu'il désigne. Ce vaste hall – les spécialistes disent "portique" – construit en avant de la nef, avait pour fonction d'y pratiquer les baptêmes et de rece-

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Traversant le lacis de ruelles et passages couverts qui irrigue le quartier ancien, nous débouchons bientôt devant l'hôtel de Vienne, appelé aussi hôtel de Maleville. Cet hôtel particulier appartenait autrefois à Jean de Vienne, intendant du roi Henri IV en 1594.

Photo Th$ V#drenne

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La cath!drale Saint$Sacerdos

L#orgue

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voir les personnes interdites d'église. Nous avons déjà souligné la très longue durée des travaux qui aboutirent à cette cathédrale, telle que nous la voyons aujourd'hui. En effet, plusieurs siècles se sont écoulés entre la décision de reconstruire une église neuve (1504) et l'édification du beffroi bulbeux, au XVIIIe siècle. L'église romane d'origine a disparu, laissant la place à une nef gothique flamboyant, élancée et dépouillée de tout décor, s'appuyant sur de puissants piliers circulaires, en partie encastrés dans les murs. La nef est bordée de deux collatéraux et de quelques chapelles. Le chœur date du XVIe siècle, la nef du XVIIe. Le clocher est l'élément le plus ancien, daté du XIIe siècle. Suspendu au mur occidental, le bel orgue, dit orgue en "nid d'hirondelle" a été construit au milieu du XVIIIe siècle.

Le rendez-vous au restaurant étant à midi, nous n'avons plus le temps de faire une balade personnelle dans le quartier sauvegardé de Sarlat. C'est donc par la rue de la République, tracée en 1860 à travers la vieille ville qu'elle coupe en deux parties inégales, que nous nous rendons au restaurant "Criquettamu's, ruelle des Armes. Décor moyenâgeux, paroi aqueuse, sculptures en pierre éclairées par une belle lumière bleue, poutres en bois reposant sur des corbeaux en pierre, arc rampant séparant la salle en deux parties… Après un kir – offert par le Comité ? – les serveuses nous apportent un tourain à l'ail, ses croûtons et son fromage, une tarte au fromage (appelé ici "tartifle" au cabécou), des tagliatelles aux joues de bœuf et, en dessert, une part de tarte aux poires (que la carte nomme "flognarde") accompagnée de crème anglaise. Café, bien sûr ! 14 h. Le soleil nous attend à la sortie du restaurant et, un peu plus haut, hors de la vieille ville, le bus : route vers la rivière Espérance pour la seconde partie de la journée… N AV I G AT I O N ET VILLAGE 15 h. Sitôt descendus du bus, embarquement sur la gabare pour une mini-croisière devant le village de la Roque-Gageac puis jusqu'au pont de Castelnau. Le groupe est partagé en deux, sur deux bateaux qui se veulent imitation des anciennes gabares qui naviguaient sur la rivière. Mais il ne faut pas être dupes :

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11 h 35. Voilà. Les rues grouillent de monde, les parapluies colorent la grisaille de la ville – nous ne profitons pas de la belle couleur dorée du calcaire dont sont faites les maisons – et Lydia, notre guide, nous abandonne ici, dans le narthex de Saint-Sacerdos. La visite me paraît écourtée par la pluie et le temps libre, annoncé dans le programme, est supprimé : le restaurant nous attend. Nous ne verrons rien de plus de la ville. Sarlat est donc bien trop loin pour ne mériter qu'un seul jour. Le coup d'œil sur la maison de La Boétie n'est pas difficile : la façade étroite et élancée, percée de trois fenêtres à meneaux, domine la place du Peyrou, devant la cathédrale. Construite dans un style Renaissance italienne, elle date du XVIe siècle. Pour montrer à la population la richesse de sa famille, au sortir de la guerre de Cent Ans, le père d'Étienne de La Boétie choisit de décorer la façade de sa demeure au lieu de construire une tour de noblesse. On peut y remarquer les redents sur les rampants du toit et les fenêtres aux meneaux sculptés et encadrées de pilastres ornés de médaillons et de losanges.

LE RE STAURANT

La maison de La Bo!tie" avant et apr+s restauration

D!tail de la fa5ade de la maison de La Bo!tie

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Visite du centre médiéval et repas

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ces navires modernes ne sont que des imitations. Le capitaine Marco remonte le cours d'eau sur trois cents mètres afin de tourner, prendre le courant et défiler devant le village blotti sous sa falaise. Au micro, une jeune femme nous explique le village, la rivière, le trafic d'antan, la végétation… En fait, nous arrivons beaucoup beaucoup trop tard pour connaître le village au temps de sa splendeur. Il aurait fallu venir avant que le chemin de fer ne ruine définitivement le commerce fluvial sur la rivière Espérance. Alors, nous aurions regardé les gabares, les vraies, amarrées aux quais du village, nous aurions entendu les capitaines parlementer avec les haleurs pour les engager sur quelques kilomètres (vingtcinq à trente personnes étaient nécessaires pour tirer le bateau), nous aurions vu ces hommes et ces femmes courbés sur la corde pour remonter les bateaux à contre-courant ou bien, plus tard, les attelages de bœufs tirer les gabares le long des chemins de halage. Les gabares tirées par les hommes remontaient vingt kilomètres par jour et les équipes de haleurs s'organisaient pour que chaque groupe travaille sur sept kilomètres. Ce n'est qu'à partir de 1837 que les attelages de bœufs ou de chevaux prirent le relais. Toute une économie entretenait une activité très forte sur les berges de la Dordogne, sur les berges de Dordogne, tant il est vrai que cette rivière – et sa sœur Garonne – étaient considéraient, avec respect, comme des êtres vivants par les populations riveraines. Au Moyen Âge, la Roque-Gageac comptait mille cinq cents habitants, mille au XIXe siècle : c'est dire l'attraction qu'exerçait la rivière et les possibilités d'emplois qu'elle générait. Pêcheurs, gabariers, bateliers, haleurs mais aussi tous les métiers du fleuve et tous ceux qui travaillaient pour avitailler le commerce fluvial pouvaient vivre sur les rives de Dordogne. Le bois représentait plus des deux tiers du tonnage

transporté sur la Dordogne, décomposé en merrain (bois de chêne ou de châtaignier utilisé pour la tonnellerie), en carrassonnes (échalas d'acacia ou de châtaignier assemblés en fagots et destinés à faire des piquets de vignes) et en bois de chauffage et de construction (chêne, hêtre, châtaigniers). Mais le trafic concernait aussi le charbon de bois, le charbon de terre d'Argentat, le minerai de fer, les cuirs et les peaux, des toiles pour faire les voiles, des bouteilles pour exporter le vin vers l'Angleterre, des canons fabriqués dans la vallée de la Vézère et destinés aux chantiers navals de Rochefort, les châtaignes, des porcs vivants et même les fromages d'Auvergne qui descendaient par la rivière depuis les régions amont jusqu'à Libourne et Bordeaux. Au retour, s'aidant de la marée et du vent sur le cours inférieur de Dordogne puis par le halage, les gabariers remontaient des produits agricoles et alimentaires : épicerie, huile, seigle, blé, poissons séchés ou salés, denrées coloniales – épices, sucre, thé et café – riz, sel, savon… La liste est innombrable. Le commerce du sel était sans doute le plus florissant et très ancien. Les taxes diverses, les péages, les greniers à sel, les monopoles de stockage et le contrôle du mesurage étaient le quotidien des bateliers du sel. Ceux qui venaient des pays d'en haut vendaient les gabares à Bergerac ou à Libourne – elles étaient démontées pour en récupérer le bois – et remontaient à pied jusque dans leurs montagnes. Dire qu'aujourd'hui, il ne reste plus que neuf habitants permanents au village-même (nous dit la guide) c'est comprendre combien nous arrivons trop tard ! Entre 1858 et 1867, alors que la vapeur annonçait déjà le Grand Changement, plus de quatre mille bateaux descendaient la Dordogne, soit quatre cents par an. Et on ne descendait la rivière qu'en période de hautes eaux : on disait alors que les eaux étaient marchandes. Le trafic diminua ensuite rapidement car le

La Roque$Gageac entre rivi+re et falaise" sans soleil -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Dordogne et Roque-Gageac

Jean-Pierre Lazarus


Visite en Sarladais

13 mai 2017

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train laissait déjà son long panache de fumée dans la vallée verdoyante. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 196 descentes par an entre 1868 et 1877, plus que 77 par an dans les dix années suivantes et 94 entre 1888 et 1897. À la fin du XIXe siècle, six bateaux à fort tonnage étaient encore rattachés à la Roque-Gageac. Pour l'année 1890, il ne passa devant le village que 122 bateaux, descentes et remontées comprises, essentiellement du bois à brûler et du bois de construction. Puis le train gagna la partie… Le village date du XIIe siècle, nous dit notre nouvelle guide, alors que la pluie, qui avait cessé, revient et mouille ceux qui ont choisi le premier rang des sièges. Cependant, il resterait des traces de bâtiment du Xe siècle. Au Moyen Âge, le village était entièrement fortifié et son fort, creusé dans le rocher, le dominait et le protégeait. Comme beaucoup de sites sur les rivières navigables, La Roque-Gageac était un lieu de péage que les marins d'eau douce ne pouvaient éviter. Nous défilons doucement devant le village, admirons sa falaise calcaire et apercevons le fort troglodytique dont une partie s'est écroulée en 2010, le rendant inaccessible. Les éboulements n'ont évidemment pas manqué dans l'histoire de la falaise qu'ils ont façonnée mais le plus grave, celui qui reste gravé dans la mémoire des habitants et qui est transmis aux visiteurs est celui du 17 janvier 1957 qui causa la mort de trois habitants et détruisit la partie centrale du village. Ce jour-là, à 10 h du matin, 2 500 m3 de calcaire se sont détachés de la falaise et ont écrasé six maisons et une grange. L'avalanche a emporté quelques-unes des maisons en bord de rivière et a obstrué la route. Il fallut de nombreuses années de travail pour purger la falaise, reconstruire les maisons et profiter de ces démolitions pour organiser différemment les espaces publics. Une plaque fut posée pour le cinquantenaire de cette tragédie.

15 h 20. Nous sommes arrivés au pont de Castelnau. Le pilote oriente sa gabare pour que tous puissent admirer ce paysage bucolique : un pont à cinq arches en pierre, une rivière sage et miroitante, les coteaux verdoyants, le village incliné et, sur la crête, l'imposante masse du château de Castelnau. Le retour est amorcé. La guide nous raconte le gel du mois d'avril qui stoppa la croissante des noyers et en profite pour nous énumérer les diverses espèces d'arbres qui se mirent sur le fleuve. Nous croisons les gabares concurrentes : avec ce début de saison, le trafic sur l'eau claire recommence. Les kayakistes apportent leurs touches de couleurs vives dans ce paysage vert et bleu. Nous apprenons qu'aux longs jours de l'été, il peut y avoir des embouteillages causés par ces flottilles en plastique. Dordogne continue à faire vivre le village, de façon différente qu'autrefois mais sans doute tout aussi rentable, voire davantage. Les touristes ont remplacé les bateliers, kayaks et canoës naviguent à la place des courpets, coureaux, croupes ou chalands et "vraies" gabares. Nous passons une deuxième fois devant le très beau château de la Malatrie, construit au XIXe siècle dans un style Renaissance, sur les traces d'un ancien château et d'une léproserie, Malatrie venant de maladrerie qui signifie léproserie. À peine distingue-t-on un ancien rempart entourant l'édifice actuel. L'architecture militaire souhaitée par celui qui le fit édifier nous offre un haut donjon carré et une tour ronde à toit conique, ornés tous les deux de mâchicoulis et de créneaux. Cependant, les larges fenêtres à meneaux ouvertes dans ces hauts murs défensifs allègent le côté fortification pour faire valoir celui d'habitation. Avant de revenir au port, nous apprenons que ce village, l'un des plus beaux de France, est jumelé, depuis une localité québécoise depuis 2006. C'est pour-

Le village de Castelnau et son ch*teau depuis la rivi+re -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Dordogne et Roque-Gageac

Jean-Pierre Lazarus


La Dame à la capuche Visite en(Brassempouy Sarladais 13 ; Chalosse) mai 2017

2 avril 2016

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quoi le drapeau bleu à fleurs de lis flotte au vent, au sommet du mât de la gabare. 15 h 52. Nous sommes de retour au quai de la Roque-Gageac. Le président propose une quarantaine de minutes pour découvrir, chacun à sa façon, le village bien rangé sous sa falaise. C'est l'occasion de découvrir le jardin exotique qui est aménagé le long de la ruelle intérieure. Ici, les plantes venues d'ailleurs profitent de la chaleur que la falaise restitue nuitamment pour croitre et prospérer. Je note sur mon carnet quelques noms latins : Phyllostachys bambou, Citrus trifoliata, Eriobotrya japanica qui est un néflier… Le chemin me conduit vers l'église Notre-Dame. Certains la disent du XIIe siècle, d'autres du XIVe. Construite sur un morceau de rocher, elle en épouse les contours et se dresse, à l'orient du village, en quatre volumes d'époques différentes. Le chœur allongé est d'un appareillage plus récent que la nef et ses deux chapelles méridionales. Des baies étroites et hautes, comme des meurtrières, donnent à cet édifice un caractère presque militaire bien qu'il fut construit, naguère, à l'intérieur des remparts, aujourd'hui disparus. L'intérieur est sobre, le décor laissé au contraste entre un plâtre blanc et les structures en calcaire nu. Derrière l'abside semi-circulaire se glisse le chemin des bananiers reliant le haut et le bas du village.

Gabares et ch*teau de Malatrie

Le clocher-mur de l'église

Musicien

La rivière et les toits

La falaise et les toits

Dans le temps imparti, je déambule sur le chemin haut, découvrant le village par ses toits de tuiles plates et fines, alignés au bord de la Dordogne : le site est remarquable, le village méritant son attrait touristique. Sous un passage couvert, un joueur de cithare enchante le paysage. À l'endroit où le rocher s'écroula, en 1957, voici la plaque commémorant l'événement tragique et donnant les noms des trois victimes de cette catastrophe. Dans le marais qui stagne au pied de la falaise fleurissent des iris jaunes semblables à ceux aperçus du bateau sur les rives amphibies de la rivière. Mais voici qu'il est l'heure de revenir au bus et d'achever cette découverte rapide du Sarladais. Sans doute faudrait-il y revenir une nouvelle fois pour poursuivre cette découverte du Périgord noir… Long fut le voyage aller, long sera celui de retour. Nous quittons la Roque-Gageac à 16 h 50, traversons Dordogne au pont de Castelnau et descendons la vallée de la rivière, passant à Siorac, Le Buisson-Cadouin, Lalinde, jusqu'à Bergerac. Là, Kléber choisit de rejoindre l'autoroute par un long détour vers Mussidan. Il est 19 h 35 lorsque nous franchissons la Garonne par le pont suspendu…

L#!glise Notre Dame depuis la route en bord de rivi+re

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La Roque-Gageac

Jean-Pierre Lazarus


Voyage en Corrèze

8 et 9 octobre 2016

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Écrit par Jean-Pierre Lazarus en mai et juin 2017 d'après les notes prises au cours du voyage et d'après divers documents pêchés sur la Grande Toile Mondiale. Les photos sans cartouche sont de l'auteur.

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La visite de Turenne

Jean-Pierre Lazarus


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