Carnet de Voyage Grotte de Sare

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La grotte de Sare

18 novembre 2017

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Jean-Pierre Lazarus


La grotte de Sare Sarako Lezeak 18 novembre 2017

Dessin d!apr"s carte Google Map

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Parc des mégalithes (Pages 4 à 6)

Dancharia (Page 3) Grotte Lezea (Pages 7 à 11)

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Carte et sommaire

Jean-Pierre Lazarus


La grotte de Sare Sarako Lezeak 18 novembre 2017

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DANCHARIA Lorsque les feuillages des caducs prennent leurs couleurs automnales, lorsque les brouillards déposent leurs nappes blanches sur les étendues des Landes, alors le Comité du Monteil propose aux intéressés son voyage vers la frontière. Aujourd'hui, les ventas visées sont celles de Dancharia. Lors de ma précédente participation vers Dancharia – il y a deux ans – l'état d'urgence venait d'être proclamé en France parce que toute une jeunesse avait été visée, blessée et assassinée en pleine festivité, au Bataclan et aux terrasses conviviales de Paris. La police était revenue aux postes frontières, le passage avait été plus long. Nous étions revenus des décennies en arrière, en plus dramatique. Ce 18 novembre 2017, le temps a fait son œuvre, les policiers sont partis, la frontière est libre même si les cœurs n'ont rien oublié et si la menace existe encore. Nous quittons Pessac vers 6 h 30. Nuit fraîche, presque froide. Le soleil pointe à travers les pins landais et révèle un ciel bleu : le temps sera splendide… Halte habituelle à l'aire de Lespéron "le plus beau village de France", nous répète encore le président. (Il nous le dit chaque fois que nous empruntons l'autoroute vers l'Espagne !). Au-delà de Saint-Geours-deMaremne, l'A63 est en chantier : mise à deux fois trois voies. Je découvre, dans les éventrations des bascôtés, que toutes ces collines sont d'anciennes dunes boisées. À 9 h 30, Kléber quitte l'autoroute et s'enfonce dans le Pays Basque. Nous contournons bientôt Espelette et traversons le très beau village d'Ainhoa, constitué de grandes et belles maisons individuelles : murs chaulés, volets et boiseries rouges, comme il se doit. À 10 h, nous sommes sur les terres Peio, dans la Dancharia espagnole : vite, un caddie à remplir… Le repas sera pris dans un restaurant caché dans l'un de ces supermarchés qui attirent tant de monde par des

prix soi-disant moins chers que chez nous. Et du monde, il y en a : si Kléber est le premier à garer son bus sur le parking, il y en aura bientôt six, venus de fort loin (Deux-Sèvres, Charente-Maritime…) et dont les passagers, sans doute habitués, sont très bien organisés : les soutes sont occupées par de grandes glacières. J'avais un a priori négatif sur ce repas pris dans un restaurant qui sert des centaines de repas par jour : la salle est grande, les tables nombreuses et déjà bien garnies. La salle est largement ouverte sur les montagnes environnantes et sur les collines boisées. Je suis obligé de reconnaître avoir été fort surpris de la qualité et du service. Comme à son (excellente) habitude, le Comité offre l'apéritif. Cette fois, c'est une sangria servie au pichet, accompagnée de trois "amuse-bouches" excellents (on ne dit plus amuse-gueules !). Puis les plats se succèdent : cinq belles gambas préparées a la plancha, cinq jolies côtelettes d'agneau, également a la plancha, avec leurs frites, ce qui, déjà, remplissait l'estomac. Fut servie ensuite une assiette de fromage de brebis (un beau morceau, coupé très fin) accompagné de sa confiture de cerises. Glace au chocolat (en novembre !) et café. Puis, alors que l'on pouvait croire le repas terminé, la maison Peio nous offre un verre de liqueur au choix parmi trois : pacharan, par exemple. Excellente adresse donc, inattendue dans ce supermarché car ce restaurant occupe une partie (presque fermée) d'un supermarché Peio : Landibar. La journée a été inversée à cause de la visite de la grotte : achat le matin, culture l'après-midi. C'est donc les soutes bien remplies et l'estomac calé que nous partons, vers 14 h, pour la grotte de Sare.

Une partie de #notre$ grande tabl%e& restaurant Landibar& Dancharia 'Espagne( -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Dancharia

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Les grottes de Sare

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LES GROTTES DE SARE SARAKO LEZEAK

L E PA R C M É G A L I T H I Q U E DOLMEN / TRIKUHARRIA

Avant de lire le projet de sortie vers Sare, j'ignorais qu'il y avait une grotte dans ce village. Beaucoup plus que les ventas que je fréquente, en été, au col du Pourtalet, c'est bien la visite à la grotte de Sare qui m'a incité à m'inscrire à ce voyage. La route entre Dancharia et Sare traverse les forêts de châtaigniers bien jaunis, de chênes américains déjà très roux ou de chênes pédonculés bigarrés : l'automne… Nous sommes sur le parking de la grotte vers 14 h 30.

La première construction est un grand dolmen semblable à celui de Gasteenia (Pyrénées-Atlantiques) érigé dans le Pays Basque du IIIe millénaire avant J.-C., jusqu'à l'âge du Bronze. Il est indiqué qu'il pouvait contenir les corps de plusieurs défunts et qu'il était susceptible d'être réutilisé plusieurs fois. Le dolmen devait se trouver au centre d'un tumulus trop souvent disparu. La table sommitale était roulée sur des rondins en utilisant la pente douce du tumulus. C'est en tout cas ce qui est écrit sur le petit panneau explicatif. Parfois, des offrandes accompagnaient le défunt : armes, objets familiers, bijoux en os ou en pierre, céramiques… Il y aurait vingt-sept dolmens comme celui-ci dans le Pays Basque français.

Sitôt arrivés, sitôt mis devant un écran pour regarder un petit film. L'information principale que j'en retiens est que cette grotte a été creusée par les eaux d'infiltration dans un banc de corail. Toute une animation nous montre l'histoire géologique du sud aquitain, sa succession de transgressions et de régressions, les eaux peu profondes et chaudes dans lesquelles s'épanouirent des coraux de tous types, les mouvements de plaques qui bousculent (et créent) le relief, l'érosion qui arase les nouvelles montagnes, les sédiments qui recouvrent les coraux et les tuent ; bref : une animation qui déroule les millénaires qui firent les Pyrénées, le bassin de l'Adour et la formation géologique située au nord de notre chaîne et dont le nom n'a été prononcé qu'une seule fois : le flysch… L'animation montre aussi les différentes vies de cette grotte qui se traduit aujourd'hui par quatre niveaux de galeries dont les plus hautes, qui sont aussi les plus anciennes, ont, en partie, été rongées par l'érosion.

COFFRE DOLMÉNIQUE / KUTXA DOLMENIKOA Un dolmen plus petit, appelé ici coffre dolménique, est présenté à proximité du grand dolmen. On y introduisait les corps des défunts en soulevant la table supérieure, plutôt légère, comparée à celle du grand dolmen. L'époque de construction, la répartition, la durée d'utilisation et la signification ressemblent beaucoup à celles des grands dolmens. Il y aurait 83 coffres dolméniques dans le Pays Basque français.

Avant la visite, temps mort. Je vais voir le petit parc mégalithique aménagé sur le site : une série de constructions en pierre est reconstituée, illustrée par des mannequins représentant les hommes de Cro-Magnons tels que nous nous les imaginons.

Âge du Cuivre (2500 – 1800 av J.C) ; Âge du Bronze (1800 – 700 av J.C) ; Âge du Fer (700 av J.C – 0).

Reconstitution du dolmen de Gasteenia

Reconstitution de l!un des cromlechs de M%ats%

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Le parc mégalithique des grottes de Sare

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Les grottes de Sare

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TUMULUS-CROMLECH / TUMULU-CROMLECHA

DOLMEN DE DIMENSIONS INTERMÉDIAIRES / N E U R R I E RTA I N E KO D O L M E NA La troisième construction est un dolmen de dimensions intermédiaires, plus grand que le coffre dolménique, semblable à celui situé à Armiague, près d'Oloron-Sainte-Marie. Ce type de dolmen fait de pierres plus petites que celles utilisées pour les grands dolmens de plaine, se trouve en montagne. La table aurait été mise en place grâce aux pentes inclinées du tumulus qui l'enfermait, à l'origine.

La reconstruction proposée est celle d'un demitumulus-cromlech tel qu'il s'en trouve à Zaho. Ce monument se compose d'une couronne de pierres bien visible entourant un tertre de terre ou de pierres de six à sept mètres de diamètre, n'excédant pas 70 cm de haut. Cette couronne, le plus souvent, délimite un lieu. Seules les plus grandes pierres émergent du sol, une fois le monument achevé. La structure d'un tumulus-cromlech dérive peut-être de celle d'un dolmen par réduction des dimensions. On compte 61 tumulus-cromlechs en Pays Basque français.

L E R I T E D ' I N C I N É R AT I O N / ERRAUSKETA ERRITOA

La reconstitution proposée est celle d'un tumulus de Zuhamendi tel qu'il se présente aujourd'hui à Sare. Il assumait les mêmes fonctions qu'un tumulus-cromlech ou un cercle de pierres mais ne possédait pas de couronne périphérique. La plupart des tumulus ont cinq à six mètres de diamètre et sont constitués de pierres disposées sans ordre apparent. Il existerait 213 tumulus simples en Pays Basque.

C R O M L E C H / B A R AT Z E A Cette reconstitution est celle d'un cromlech du col de Méatsé : on en compterait 216 dans le seul Pays Basque français. Le seul que je connaisse se situe en vallée d'Ossau, au-dessus de Billière : il semble que ceux de Méatsé soient, eux aussi, en situation d'altiImage www

Le rite d'incinération débute assez tôt en Pays Basque : des cas datant de l'âge du Cuivre (dès le IIIe millénaire avant J.-C.) ont été retrouvés. Ce rite perdure pendant l'âge du Bronze et jusqu'à l'âge du Fer. Il est possible que les incinérations aient été pratiquées, en Pays Basque, jusqu'au XIIe ou XIVe : les fouilles et les datations au carbone 14 sembleraient le prouver… La crémation pouvait être plus ou moins complète jusqu'à atteindre la réduction en cendre. On prélevait ensuite une poignée symbolique qui était déposée au centre du monument dont l'emplacement était choisi à faible distance du bûcher. La modicité de ces dépôts – ou leur absence – coexistant avec le soin très souvent apporté à l'élaboration des structures, souligne bien l'aspect symbolique de ces monuments funéraires qu'il serait plus juste d'appeler cénotaphes que sépultures. Ces monuments funéraires pouvaient être le cromlech couvert d'un tumulus, le simple tumulus ou le cercle de pierre, sans tumulus.

T U M U L U S / T U M U L UA

Reconstitution d!une incin%ration

Le tumulus)cromlech de Zaho& in situ

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Le parc mégalithique des grottes de Sare

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tude, face à de larges panoramas. Celui qui est reconstitué possède vingt-quatre pierres dressées, séparées par des pierres soigneusement posées horizontalement. Est-ce un hasard s'il y a vingt-quatre pierres, autant que d'heures dans une journée ? Le panneau informatif indique que ces cercles de pierres se rattachaient au rite d'incinération, ce que j'ignorais…

MONOLITHES ou MENHIRS M O N O L I T O A K edo M E N H I R R A K On peut schématiquement en distinguer deux catégories : les monolithes "blocs", parallélépipèdes de quatre à six tonnes, tous couchés (et dont il semble que beaucoup n'ont jamais été dressés) et les monolithes "dalles" encore souvent plantés, pesant une à deux tonnes ; tous présentent des traces d'épannelage. On les trouve dans les pâturages d'altitude et le long des pistes pastorales, plus volontiers sur les lignes de crête, les cols ou à flanc de montagne.

T E R T R E S D ' H A B I TAT H A B I TAT M E N D I X K A K

Il semble qu'en Pays Basque, ils ne jouent pas le rôle de repères astronomiques mais qu'on puisse leur attribuer un rôle de bornes placées en limite de territoires pastoraux, afin de faciliter l'utilisation pacifique des pâturages et des points d'eau, et sur lesquelles venaient se régler les litiges. D'ailleurs le nom basque du monolithe est muga qui signifie borne. Les "faceries" des temps historiques (accords entre pasteurs de vallées différentes) ne sont que la prolongation d'actes plus anciens dont l'origine est aussi vieille que le pastoralisme lui-même.

Ces buttes de terre peuvent atteindre dix à dixhuit mètres de diamètre et un à deux mètres de haut. Elles sont toujours construites sur des terrains en pente favorisant l'écoulement des eaux. On les trouve en altitude, dans les pâturages abrités, près des points d'eau, groupées en ensemble de dix, quinze ou même vingt unités.

Les tables de Lizuñaga, à la limite entre Sare et Vera, sont assimilables à un monolithe couché quant à leur fonction. On compte onze monolithes en Pays Basque français et trente et un en Pays Basque espagnol.

Tertres d!habitat de Gagnekoa 'Larreau(

Image www (Blot)

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Il est difficile de dater ces grandes pierres ; toutefois, la proximité très fréquente de monuments à incinération pourrait être considérée comme un indice chronologique.

Image www (Blot)

Ces tertres ont une structure homogène et il semble que l'on puisse leur attribuer un rôle de surélévation protectrice vis-à-vis du ruissellement des eau, pour les humbles abris construits à leur sommet ; abris faits de branchages, de peaux ou de mottes de terre et d'herbe. Ces abris éphémères étaient très probablement refaits chaque année par les pasteurs transhumants à leur retour sur les estives, contrairement aux habitats permanents des plaines. Il y aurait plus de six cents tertres d'habitat en Pays Basque français.

Le monolithe couch% de Gorospil 'Itxassou( '*&*+ m ; ,&- t(

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Le parc mégalithique des grottes de Sare

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PhotoComité du Monteil

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Le porche de la grotte de Sare

Le porche vu de l!int%rieur

VISITE DE LA GROTTE Patricia, la guide, sonne le rassemblement et ouvre le portail. Comme des élèves qui viendraient faire cette visite, nous sommes priés de suivre les consignes et, surtout, de ne pas nous éloigner du groupe car l'éclairage est automatique. Chacun sait que les robots n'ont aucune pitié ni aucun remord : ils se moquent bien de savoir si un visiteur s'est égaré ou a chuté dans un trou. Espérons que la guide n'est pas un robot… Nous sommes fort nombreux car en plus de tous les Pessacais, d'autres visiteurs ont été ajoutés : espérons que la guide saura parler à tout le monde et pas seulement à ceux qui seront à côté d'elle. Qu'elle attendra la foule avant de commencer ses explications…

Nous avançons vers le porche. Un ruisseau le traverse en dessinant un joli petit tapis vert dans lequel doivent croître diverses espèces de plantes aquatiques dont on ne nous dira rien. On peut imaginer que ce site calcaire, souterrain bien que largement ouvert, drainé par une eau parfaitement propre puisque à peine sortie de la montagne, soit un écosystème aussi riche qu'original. Y aurait-il des droséras ou des écrivisses ? Mystère… Patricia nous fait remarquer la plaque qui commémore la visite que firent, le 25 septembre 1858, Napoléon III et son impératrice Eugénie. Le docteur Barthez qui les

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Sur le caillebotis par lequel nous allons, dans un instant, accéder à la grotte, Patricia nous fait observer le porche, assez vaste : cinquante mètres de long sur quinze de haut. Nous ne sommes pas à Niaux mais c'est déjà pas si mal : au moins entre-t-on dans la grotte par un passage naturel.

Nous apprenons que le parcours aménagé mesure neuf cents mètres et que nous ne serons pas les seuls dans cette cavité car des chauves-souris en ont fait leur domicile. Les grottes, en partie rongées par l'érosion, sont largement ouvertes sur l'extérieur et offrent donc un abri parfait pour douze espèces de chiroptères dont deux espèces qui y vivent toute l'année : le rhinolophe euryale et le minioptère de Schreibers.

Plan de la grotte de Sare 'Lezea( et cheminement -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Visite des grottes de Sare

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Ouverture de la galerie sup%rieure sur le porche

Colonne

accompagnait, raconte : "C'est un endroit d'une extrême sauvagerie où se trouve l'entrée d'une immense grotte servant de dépôt et de refuge aux contrebandiers… Nous y marchons plus d'un quart d'heure à la lueur des torches, admirant les piliers naturels."

Rien n'était beau comme de le voir galoper au milieu des rochers sur le flanc de notre colonne qui avait bien de la peine à suivre les sentiers frayés. Lui franchissait tous les obstacles. L’impératrice l'avait chargé de veiller sur le Prince Impérial, qu'il a fait passer, lui et son poney, par les chemins les plus impossibles que vous puissiez imaginer, ayant autant de soin de lui que d'un ballot de marchandises prohibées." Il est à noter que ce texte de Prosper Mérimé (Lettre à une inconnue), trouvé sur l'un des sites relatifs à la grotte de Sare, ne concerne pas, en la description du porche, la grotte mais un lieu en Espagne que l'auteur nomme Sagarramedo. Suivant un cheminement bien réalisé, nous nous enfonçons sous terre et, par un escalier, passons à la galerie supérieure qui s'ouvre sur l'extérieur. Cette large fenêtre naturelle permet aux chauves-souris de venir s'abriter dans la grotte. Patricia nous apprend que la grotte fut fouillée pour la première fois en 1922 et signale que la musique qui

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Prosper Mérimé accompagnait lui aussi le cortège et raconte, à sa manière, cette mémorable visite, dans un confort très éloigné de ce que nous avons aujourd'hui : "J'ai fait l'autre jour une excursion amusante dans les montagnes et l'on m'a montré une des plus étranges grottes qui se puissent voir. On passe sous un grand pont naturel d'une seule arche, long comme le pont Royal. Sous le tunnel, et perpendiculairement au pont, coule un clair ruisseau ; les proportions de tout cela sont gigantesques. Il y fait frais et l'on s'y sent à mille lieues des humains... Nous étions menés là par un homme singulier qui a gagné une grande fortune dans la contrebande. Il est le roi de ces montagnes et tout le monde y est à ses ordres.

Cr.ne d!ours 'mus%e de la grotte(

Outils 'grattoirs et grattoirs %pais(

Meule dormante

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PhotoComité du Monteil

PhotoComité du Monteil

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Sayn"tes rappelant l!occupation humaine de la grotte Lezea

accompagne notre découverte est celle des txalaparta, sorte de madriers en bois frappés verticalement par les bergers basques. Cet instrument typiquement basque n'est ni balafon ni xylophone mais rend une musique agréable : des hommes, dès la préhistoire, eurent sans doute plaisir à frapper des bouts de bois pour en sortir des sons. En ce sens, cette musique venue du fond des temps est en phase avec le lieu. L'ouverture au tourisme et l'aménagement des grottes commencèrent au début de l'entre-deux-guerres. Deux ou trois reconstitutions témoignent de l'occupation humaine de la grotte au cours des temps préhistoriques. Lezea aurait été particulièrement fréquentée au début du paléolithique supérieur, appelé "Périgordien", c'est-à-dire entre - 32 000 et - 20 000 avant J.-C.. Je n'ai pas entendu la guide dire qu'il y avait ici quelque expression artistique laissée sur les parois. Par contre, il fut retrouvé des traces de l'occupation humaine, sous forme d'outils (racloirs, grattoirs, burins, pointes de flèches…) dont on peut voir des échantillons au petit musée, à l'entrée du site. Les hommes devaient habiter dans

la partie supérieure, ouverte sur la forêt. L'eau claire coulait sous leurs pieds… Suivant Patricia et l'éclairage automatique, nous nous enfonçons dans la grotte qui présente fort peu de grands volumes et peu de concrétions. Plus qu'une grotte, cette cavité est plutôt un boyau façonné par la rivière, au cours des millénaires. En réalité, il n'y a pas grand-chose à voir ; avec peu de choses, les gens d'ici ont su faire une attraction très fréquentée ! Exemple de cette imagination : la sculpture récente d'un ours des cavernes dans un bloc de calcaire posé en bord de sentier. On pourrait presque croire qu'un homme préhistorique s'est amusé à donner au rocher la forme de son ennemi. L'objet est beaucoup moins fin que les quelques stalactites pendues au plafond. Justement, la plus belle d'entre elle est mise en valeur par une lumière bien dosée. Il semble que les ours des cavernes venaient hiverner dans la grotte : un crâne est exposé au musée. En retrouvant l'étage inférieur encore fréquenté par la rivière, aperçu sur le lac et les gours que

La stalactite bien %clair%e

Colonnette

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Les gours& juste en amont du lac

nous approcherons au retour. La guide explique que la grotte, creusée dans le récif, est constituée de roches calcaires très fissurées et – c'est moi qui le suppose – moins résistantes qu'un banc de vrai calcaire. Elle nous montre quelques assez grandes coquilles fossiles polies par la rivière, dont elle donne les noms que je n'ai pas notés. Dans cette roche particulière, la rivière s'est régalée en creusant des puits, des marmites géantes, des cascades, des entonnoirs qui permettaient à l'eau de changer de niveaux. Il nous faut nous ébahir devant un plafond assez haut culminant dans une sorte de puits. Certes, la roche est parfaitement polie par le courant tourbillonnant mais, en réalité, qu'y a-t-il de spectaculaire là-dedans ? Plus loin, nous approchons de concrétions en forme de rideaux ou de draperies que la lumière des spots, pourtant chronométrée, a verdies.

gendes basques liées au monde souterrain. Hypothèse hasardeuse : la langue basque serait-elle celle des hommes du paléolithique et du néolithique ? Mais ce sont les laminak qui ont toute l'attention des images projetées sur les parois : images rupestres, en quelque sorte comme ailleurs, les peintures rupestres…

Nous revenons et passons devant les gours dont la guide tente d'expliquer la formation. L'eau cascade vers le lac aux beaux reflets, transformé en salle de cinéma par le truchement de projecteurs qui expliquent, aux visiteurs surpris, la mythologie et les lé-

Après quelques minutes de cinéma rupestre, riche d'enseignement sur cette mythologie basque (il aurait fallu l'enregistrer pour la résumer ici), nous retrouvons le porche et le soleil. Une heure a filé dans les entrailles de la montagne.

Vue du cheminement dans la grotte

Concr%tion drap%e

Les laminak sont les petits génies des sources qui vivent cachés derrière les rochers, sans doute les génies les plus populaires de la mythologie basque. Ce sont de petits êtres généralement de sexe féminin. Attachés à l'eau et à l'obscurité, les laminak entretenaient volontiers de bons rapports avec les hommes, édifiant des ponts ou des maisons. Quelques récits relatent des idylles avec des bergers… On raconte que la construction des oratoires aurait fait disparaître les laminak…

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Tourbillon de pierre

Tourbillon de pierre

Projection d!une animation rupestre montrant les joueurs de Txalaparta

Le lac qui devient salle de cin%ma pour des images rupestres -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Visite des grottes de Sare

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Voyage en Corrèze

8 et 9 octobre 2016

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Écrit par Jean-Pierre Lazarus en décembre 2017 d'après les notes prises au cours du voyage et d'après divers documents pêchés sur la Grande Toile Mondiale. Les photos sans cartouche sont de l'auteur.

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La visite de Turenne

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