Landes mars 2017

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Escapade en XL

C'est un pays très seul vers lequel on s'avance, Dans un esprit peu fait à sa monotonie ; Mais ses sombres forêts qui sont sa survivance, En marquent à tout jamais la mystique infinie.

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Jean-Pierre Lazarus


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Morcenx

Dessin d!apr"s carte Google Map

"C'est que notre patrie est souvent incomprise, Par son air grave et seul, par son immensité ; Mais son chant si profond que nous porte sa brise, Va remplir les grands bois de sa fraternité."

Arjuzanx

Lesperon MAISON DE LA GEMME

"Ô forêt, Ô forêt, c'est toi le monde merveilleux, Peuplé de solitudes et de fines clartés, C'est Toi qui combles l'âme et fais trembler les yeux Du songeur enivré de la pure volupté."

FERME AUBERGE

Le gemmage (Pages 3 à 10)

Arjuzanx (Pages 11 à 13)

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Carte et sommaire

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PRÉAMBULE

LA MAISON DE LA GEMME

Ce voyage, organisé par le Comité du quartier du Monteil, ne ressemble pas aux précédents, pour diverses raisons. La première est que nous n'allons pas très loin, une centaine de kilomètres, une grande heure de route. C'est pourquoi le rendez-vous, devant le centre commercial de Madran, n'est qu'à 7 h 30 au lieu des six heures habituelles. La seconde raison est que nous allons chez le président du Comité, lieu mythique dont il nous parle à chacun des voyages comme étant le centre du monde. "Rien n'est plus beau que les Landes"… Ce n'est pas un pèlerinage mais une invitation, en quelque sorte. La troisième raison m'est plus personnelle : le thème du voyage ne m'est pas un sujet inconnu car, voici de bien nombreuses années, j'avais, avec l'une de mes classes, fait découvrir aux élèves cette face peu connue de l'activité landaise du temps où ils n'étaient pas encore nés : le gemmage. Il est fort possible que dans les pages qui suivent, des extraits de ce travail affleurent. C'est donc avec grand intérêt que j'attends le bus, ce samedi 25 mars 2017.

Sans doute me suis-je endormi, bercé par le roulement du véhicule. 8 h 50 : nous sommes arrivés. Dans la traversée du village, nous avons droit aux commentaires du président : l'usine, l'école (son école, du temps où filles et garçons étaient séparés), l'ancienne usine devenue ateliers municipaux, celle qui a définitivement fermé, la boulangerie, la poste, l'église et son clocher classé, le ruisseau… et devant nous, l'IME sur le domaine duquel se trouve la maison de la gemme. Pas musée car trop petite mais c'est un peu la même chose. Embrassades, retrouvailles, salutations, reconnaissances… à la descente du bus. Comme un clan qui se retrouve bien des années plus tard… Un voyage différent des précédents, vous disje… Tous les hommes qui nous accueillent portent le béret landais, noir ; ils paraissent former une grande famille, la famille de ceux qui sont restés au village et qui savent ce que cela signifie. Les anciens ont connu l'époque de la gemme ; peut-être que certains ont passé leur jeunesse au pied des grands pins pour leur soutirer cette sève si miraculeuse mais si difficile à récolter. D'autres ont encore les deux pieds dans la pinède car, comme beaucoup de gens dans ce département forestier, ils possèdent quelques hectares de pins qui prennent chaque année davantage de valeur… si les tempêtes et les chenilles les laissent tranquilles.

D'un soleil neuf et éblouissant émergeant à peine de l'Orient, le bus s'extrait en se présentant à Madran avec cinq minutes d'avance. Soleil inespéré pour qui a cru aux prévisions météorologiques de la veille. Nous partons, direction les Landes (n° 40) et plus précisément le village de Lesperon, où je ne suis jamais allé. Autoroute recommandée…

Photo M. Mouflin

Au fil des kilomètres, la forêt s'éveille, lumineuse sous les très longs rayons d'un soleil encore bas, magnifique mais sérieusement mis à mal par les nuages sombres, à mesure que nous descendons vers le sud, que nous approchons du village originel, celui où tout a commencé, celui où le président du Comité a passé son enfance, son point central, sa gare de Perpignan.

L'accueil est presque grandiose. Un chapiteau est dressé, sous lequel une très longue table a été installée comme si nous étions dans le salon de la maison d'enfance du président. J'ai l'impression d'être chez lui, d'avoir été invité chez lui, dans son village le plus beau du monde. Deux femmes déroulent une nappe blanche et en recouvrent la table comme pour un banquet. Nous prenons place sur les chaises mises à notre disposition tout autour de la table.

La for#t de pin$ % Lesperon -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Départ de Pessac et arrivée à Lesperon

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Il faut organiser la visite : le temps est limité, le groupe est important ; nécessité de le partager en trois petits groupes pour accélérer les trois étapes de la visite : musée, gemmage, plantation. A priori, commencer par le gemmage me semble plus logique : c'est Claude qui en sera le responsable. Un premier groupe est constitué pour tout apprendre sur la plantation des pins et la gestion de la forêt, un autre commencera par la visite du musée. Je pars avec ceux qui veulent connaître le gemmage. Le sentier se glisse entre le ravin et le terrain de l'IME. Personne n'a parlé du ravin, pourtant fréquent dans les Landes. Les rivières et autres ruisseaux ont creusé le plateau et l'ont entaillé de profondes vallées, souvent abruptes, toujours couvertes de chênes pédonculés qui forment au-dessus des cours d'eau des forêts-galeries. Les pins sont rares dans ces vallées et, de fait, celle que nous longeons est encore grise de sa nudité hivernale.

Philippe commence par nous donner quelques chiffres qu'il estime importants : la forêt des Landes couvrirait un million d'hectares, ce qui en ferait la plus grande forêt d'Europe. Ce n'est vrai que si l'on ajoute "forêt artificielle" car il existe, en Suède, notamment, des forêts de résineux bien plus vastes que nos Landes ; et en Pologne, sans doute aussi… Au cours de la matinée, ce million variera d'un acteur à l'autre, ce qui prouve que l'étendue de la forêt landaise n'est pas totalement certifiée. Quelles sont ses limites ? — Un triangle allant de Soulac à Cap-Breton, de l'océan à Nérac, nous apprend Philippe. Les Landes, autrefois vastes marécages hantés par les bergers sur leurs échasses, étaient le domaine des moutons autour desquels se développait l'économie landaise. Les moutons fournissaient un engrais indispensable pour amender les sols très pauvres – podzols – dans lesquels les Landais cultivaient essentiellement le seigle. Du seigle, on obtenait la farine – il devait y avoir un moulin sur le ruisseau traversant Lesperon – farine avec laquelle chaque famille fabriquait son pain, un pain qui savait se conserver longtemps. Le seigle fournissait aussi la paille nécessaire à la confection des murs en torchis et à la litière des moutons, moutons qui donnaient viande et laine. Nous voici réunis autour de la cuve en béton dans laquelle était, autrefois, versée la résine juste récoltée. "Et l'ancien échassier qui vivait solitaire Filant à son "tournet" la laine des brebis Vêtu de grande peau et fidèle à sa terre, Se sentait tout heureux même avec son pain bis"

Deux photos F&lix Arnaudin 'www(

Même à vingt, nous sommes trop nombreux pour apprendre le gemmage. Ou plutôt, les organisateurs ont prévu deux petits groupes, l'un pour apprendre les gestes, l'autre pour connaître les outils. Pendant qu'une dizaine s'en va dans la futaie peinte en or par les ajoncs fleuris, nous nous rassemblons autour de Philippe qui nous explique et nous montre quelquesuns des outils utilisés par les gemmeurs. Me vient à l'esprit cette question : "Qui se souvient, qu'à Pessac, il existait autrefois une usine qui distillait la résine ?" Je me rappelle être passé devant elle des centaines de fois, entre 1959 et 1962, pour aller à l'école – en ce temps, on allait à l'école à pied, pas en bus – et d'avoir entendu les machines à vapeur souffler derrière les murs, d'avoir vu les barriques entassées devant l'usine. Je ne me souviens plus jusqu'à quand nous avons eu le plaisir de respirer cette odeur agréable de résine chaude. Il n'en reste aujourd'hui que les grands platanes de-

vant la salle du trinquet. La forêt de pins qui l'entourait a été remplacée par des lotissements : autre temps… Devant les outils étalés sous nos yeux, je reconnais la forme du hapchot.

Bergers sur &chasses gardant les moutons

Bergers sur &chasses gardant les moutons$ pr"s d!une borde

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Le gemmage

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Nos guides l'appelleront barcou. Ce bassin n'est pas très grand, larPourqueduy gement inférieur à un mètre cube. Lorsque cette cuve était pleine, la résine, encore liquide, était transférée à la louche dans les barriques et transportée à la distillerie avec une charrette tirée par des mules. Philippe nous montre les outils que, plus tard, dans un autre lieu de la forêt, Claude mettra en œuvre. C'est avec le hapchot que le gemmeur enlevait l'écorce, en bas du tronc. Il entaillait ainsi le pin avec la lame courbe de l'instrument. Il pouvait aussi utiliser un barrasquit, appelé, ailleurs, pourqueduy, pour peler le tronc et faire la care. La fine lame de la rainette permettait d'ouvrir la care sur deux centimètres pour rajeunir l'entaille. En effet, la résine sécrétée par les pins assure la cicatrisation lors des chocs qui entaillent le tronc. Cette "guérison" n'étant pas du goût du gemmeur puisqu'elle arrêtait l'écoulement de la résine, celui-ci Hapchot devait revenir vers les troncs, chaque semaine, pour rallonger la care et faire saigner, encore et encore, le pin. Lorsque l'acide sulfurique apparut dans les futaies, ce retour aux cares fut retardé, l'arbre ne pouvant plus cicatriser normalement. Le travail en fut facilité mais la résine, contaminée, rendait dangereux ses sous-produits.

Palique

Ce pot n'a pas toujours existé. Auparavant, au tout début de la récolte de la gemme, vers les années 1820, la résine coulait sur le sol, dans un trou creusé dans le sable. Sans doute le tapissait-on de mousse ou de morceaux d'écorce mais ces récoltes étaient très peu rentables. La perte de résine, dans le sol ou mélangée aux impuretés, était considérable. De plus, cette résine contenait très peu de térébenthine. Même avec une assiette posée au pied du pin, ce n'était pas satisfaisant. Il fallut attendre 1844 pour qu'un avocat mais aussi agriculteur bordelais, M. Pierre Hugues, inventât le pot en terre cuite, non percé, pour enfin rendre cette activité intéressante. Il nomma ce pot "pot ascensionnel" car, à mesure que la care suintait et cicatrisait, il fallait monter le pot de centimètre en centimètre, chaque fois, qu'avec la rainette, le gemmeur faisait une nouvelle entaille.

Autrefois

Maillet

Escouarte

Pot, zinc et vires

L'escouarte… C'est le premier objet que nous a montré Philippe en insistant pour que nous le sou-

Photo A. Castaing

Photo M. Mouflin

Scan d'origine inconnue

Rainette

Il fallait ensuite poser la plaquette de zinc, courbée pour faciliter l'écoulement de la résine vers le pot. Pour cela, le gemmeur utilisait un pousse-crampon : c'est la plaquette de zinc qui se nomme crampon. Avec un maillet, nommé

parfois maillocq, le gemmeur faisait une fente courbe dans la care puis, plaçant le crampon sur le Hapchot pousse-crampon, frappait un coup de Pot Hugues maillet : la plaquette en zinc était fixée. Restait à planter un grand clou et à poser le pot en terre cuite.

Claude pose le zinc avec le pousse)crampon puis ouvre l!&corce avec la rainette

Photo M. Mouflin

Les dessins de cette pages datent de l'automne 1985

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Pot Hugues

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nible, tout en étant obligées de tenir la maison et de s'occuper des enfants. En ce temps lointain, les gemmeurs étaient payés au litre de résine récolté. Maigre salaire, en vérité mais grande richesse pour les propriétaires. À trois ou quatre reprises, ce mépris des propriétaires de forêt accula les gemmeurs à la révolte.

Le gemmeur

Gemme

"Le gemmeur est venu assez tard dans l'histoire, Et il n'a pas encore vieilli dans son combat ; Il lui faudra garder pour se faire une gloire Les moutons de ses pères aux grands jours du Sabbat.

"Gemme, parfum très pur et parfum de la Lande, Qui est comme l'encens des divins encensoirs ; Mêlez-vous simplement aux senteurs de la brande, Pour devenir le miel des aubes et des soirs.

Dans les beaux clairs matins du sous-bois bien aimé, Le gemmeur apparaît comme autrefois le pâtre ; Sans surprise et sans troupeau, de son outil armé, Il sculpte sur les pins les "résines" de l'âtre.

Salut au bel été avivant tes blessures, À ton parfum très pur aussi doux que l'encens ; Fine fleur descendue du haut de tes ramures, Qui va se répandant comme un grand flot de sang.

C'est un travail très doux que ce travail sans gloire, Si riche chaque jour dans sa continuité ; Il ne porte bien sûr aucun bruit de victoire Mais quand il parle au cœur, il est sans vanité.

Résine, baume parfait et baume captivant Baume de nos senteurs sylvestres et marines ; Parfums dans nos maisons, dans nos pins perles fines, Véritable dictame aussi doux que l'encens…

C'est la modeste vie d'un très long héritage, Qui puise son appui au sein de nos aïeux, - Je veux la continuer et l'avoir en partage Dans le doux souvenir d'un passé prestigieux.

Quand l'été magnifique fait suinter ses blessures, Le pin au parfum suave nous donne son encens ; Cette fine ambroisie descend de ses ramures Et va se répandant comme un grand flot de sang.

Le bois tout alentour est perdu dans le songe D'un visage lointain que vous cherchez toujours, Et le couchant doré durant l'été s"allonge, À la faveur des nuits où dorment vos amours."

Au fond du grand sous-bois votre blessure existe, Et laisse échapper chaque jour votre sang ; Si l'homme était trop bon il ne serait qu'artiste Mais ses ailes brisées lui font brûler l'encens…"

Deux photos H. Mouflin

Auteur des poésies inconnu

levions… vide. L'escouarte ou couarte est ce seau en bois ou métallique dans lesquels étaient vidés les pots Hugues remplis de résine. C'étaient aux femmes que revenait la charge de porter ces seaux très lourds vers la cuve d'accumulation. Bien que non payées, les femmes de gemmeurs effectuaient un travail très pé-

Femmes portant l!escouarte

Derni"re r&colte de la r&sine

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Ce que nous apprend Philippe sur l'histoire du gemmage me surprend Bridon avec car je ne le savais pas ou, plutôt, n'y "huppe" avais pas pensé. La récolte de la résine est très ancienne, contemporaine, sans doute, de la forêt elle-même, c'est-à-dire de la forêt naturelle qui couvrait les dunes et le littoral depuis la nuit des temps. Cette résine était utilisée pour calfater les bateaux car elle est étanche et colle fort bien. Elle servait aussi, paraît-il, à enduire l'intérieur des amphores dans lesquelles était entreposé le vin. Philippe nous dit que la forêt, avant le grand boiHapchot sement, couvrait deux cent mille hectares contre cinq fois plus aujourd'hui. Sous le Second Empire, l'obligation faite aux communes de se couvrir de pinèdes correspondit avec le déSarcle à peler but de l'industrialisation. Colophane et térébenthine furent des produits très recherchés, ce qui précipita les Landais dans la civilisation industrielle, en tout cas, sur sa première marche, celle des matières premières, mal payées. En une Bridon génération, les bergers sur échasses devinrent gemmeurs. Un monde disparaissait, une autre culture naissait…

au litre (ou au poids), ces hommes, confrontés à la misère, avaient cependant Barrasquit double la responsabilité de la survie des arbres conjuguée à leurs très bons rapports. Ils devaient savoir à quels moments faire les piques afin que les pins gemment dans les meilleures conditions. Ils devaient aussi déterminer à quel moment les pins devaient se reposer. La longévité de certains arbres – plus de cent ans parfois – était signe de leur savoirfaire. Les propriétaires rechignaient à couper leurs arbres, ce qui était généralement ressenti comme une perte de patrimoine, même si le bois produit pouvait être vendu. Philippe insiste sur la précarité du travail des gemmeurs qui pouvaient être renvoyés à tout moment, en particulier lors de la reprise du gemmage. Barrasquit Le rôle des femmes a toujours été très important, au point que l'on parlait fréquemment de "couple de résiniers". Il faut saPalique voir que pour gagner sa vie, un Escouarte résinier devait gemmer environ six mille à sept mille pins par semaine. Dans ces conditions, le ramassage de la résine incombait très souvent à la femme du résinier ou, parfois même, à sa mère lorsqu'il était encore célibataire.

Poussecrampon

Quatre images www

Maillet

Les gemmeurs n'étaient que des métayers qui travaillaient au profit des propriétaires. Payés

"Je rentrais à midi moins le quart pour préparer le repas puis j'allais dehors pour garder les enfants pendant que les hommes se reposaient. Ensuite, je mettais les enfants au lit et je repartais aux pins avec les hommes." Marie L. (Maison de la Gemme)

Images www

"Nous aimons du sous-bois la splendeur fugitive Son beau regard secret, son front pur et vermeil ; Il est le don charmant de la lande captive, Et, quand le jour s'éteint, le maître du soleil…"

Gemmage et r&colte de la r&sine lors des temps anciens -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Les bergers "Il vit dans la forêt la vie de son ancêtre, Le pâtre d'autrefois presque moyenâgeux ; Ils se confondent ainsi lorsqu'on les voit paraître En deux êtres identiques tout aussi courageux.

C'est la joie du berger de célébrer sa terre, D'en sentir les sursauts et la douce clarté ; C'est cette filiation qui tend vers son mystère, Et qui a fait de lui un être de beauté.

Humble et ignoré mais grand dans sa fierté De pouvoir raconter les trésors de sa terre, En sortant chaque soir sur le chemin austère, Le pâtre tout heureux songe à sa liberté.

C'est le mystère du soir et de son sol natal Qui l'étreint et le courbe vers son cœur dénudé ; Il sent qu'il l' a aimé et que ce pur métal A façonné son âme avant de la sonder.

Lorsque vient notre tour d'observer le gemmeur exercer son art, le temps a trop filé. Claude a soigné sa première présentation, faisant de son auditoire des spécialistes du geste du gemmeur. Pour nous qui arrivons, nous avons juste le temps de le voir entamer une belle écorce à la hache puis, à l'aide d'une rainette, faire l'entaille par laquelle la résine suintera. Il pose le crampon, place une vire, plante un clou et ajuste le pot. Comment a-t-il su où planter exactement le clou pour qu'il maintienne le pot coincé sous le zinc, mystère… Sans doute une vie de gemmeur le lui a-t-il appris.

traînait le pot ; les deux paliques récuraient l'intérieur et la résine coulait directement dans le petit tonneau. Encore fallait-il que la résine fût liquide, ce qui ne fut pas le cas lorsque Claude voulut nous monter le dispositif en mouvement. Nous n'avons pas eu droit à la dernière invention : la récupération de la résine dans des sacs en plastique fermés qui protègent la gemme de toute altération. Finies les longues cares, terminés les hapchots et les barrasquits, au rebut pousse-crampons et crampons en zinc, mais un outil moderne, qui perce des trous ronds dans l'écorce des pins, que nous n'avons pas vu : dommage. La nouvelle care est circulaire et une capsule y est fixée, au bout de laquelle se trouve la poche plastique. J'ai lu que le gemmage pourrait revenir dans la forêt landaise : ce nouveau procédé pourrait bien être utile…

La modernité n'a pas épargné la pinède. Un jour, sans doute, les femmes en ont eu assez de porter, parfois sur leur tête, les lourdes escouartes pleines de résine. Un esprit inventif se dévoua pour leur rendre service et conçut une sorte de brouette pour déplacer, avec beaucoup moins d'efforts, un petit tonneau empli de résine. Cet engin, très simple, les résiniers le nomment la claudine. Plus tard encore, on y ajouta un dispositif complexe pour faciliter la récupération de la résine contenue dans les pots en terre cuite. Le pot, mis à l'envers sur deux paliques fixes, était serré dans un petit étau circulaire. Le gemmeur tournait une manivelle qui en-

Deux photos A. Castaing

On nous chasse ; le temps imparti est écoulé. Mal géré, mal prévu ? Nous devons nous rendre au musée où d'autres bénévoles nous attendent pour nous raconter la suite de cette histoire assez surprenante au sens où, vers 1857, la transformation des marécages landais en fit une immense forêt : un autre monde, une autre vie.

La claudine et le syst"me de vidage m&canique des pots

La nouvelle mani"re de r&colter la r&sine$ moderne mais laide

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L'aîné de ces garçons connaissait tout le monde, Car il avait "servi" longtemps dans la région ; Sa verve était aimée à vingt lieues à la ronde ; On l'appelait Romain, Armand dans la Légion…"

À la voix du passé on croit à l'espérance, On croit aux chants d'amour qu'on aimait autrefois ; Au pipeau du berger revivant son errance, Au troupeau lent et doux rencontré quelquefois.

Rien ne chante sur toi, sinon la vaste brise, Que le pâtre égaré respire à plein poumon ; N'a-t-il pas la douceur quand son âme se grise En portant dans ses bras son plus jeune mouton ?

Dans un esprit peu fait à sa monotonie, Mais ses sombres forêts qui sont sa survivance, En marque à tout jamais la mystique infinie, C'est un pays très seul vers lequel on s'avance. Et l'ancien échassier qui vivait solitaire Filant à son "tournet" la laine des brebis, Vêtu de grande peau et fidèle à sa terre, Se sentait tout heureux même avec son pain bis.

Nous entrons dans le musée, aménagé dans une ancienne bergerie : des outils y décorent un mur – deux d'entre eux portent des noms qui n'ont pas été prononcés par nos hôtes. Nous y trouvons aussi une collection des produits issus de la résine, des photos anciennes, d'autres outils et un écran, offert par une distillerie de Lesperon, écran sur lequel défile, en images animées, un résumé de l'économie de la gemme. Mais c'est le tableau de la volatilité des prix de la résine qui m'intéresse. Si je pouvais en comprendre ses secrets, je connaîtrais l'histoire de notre monde et celle des Landes. On distingue, en effet, sur ce tableau, une grande variabilité du prix de la résine, en fonction de l'offre et de la demande. Que l'offre diminue et le prix augmente. Que la demande faiblisse et le prix baisse. Le premier pic des prix est expliqué par la guerre de Sécession qui dut diminuer l'offre sans que je puisse en connaître la véritable raison. Mais peut-être est-ce la demande qui a augmenté… Mais pourquoi les prix se sont-ils envolés aussi haut entre 1920 et 1940 ? Les raisons cachées de cet âge d'or ne nous ont pas été expliqués clairement.

plantait fut celui qui coupait ! Aujourd'hui les pins grandissent plus vite que naguère. Le tableau commence par la préparation de la parcelle mise à nu et le boisement d'icelle, à raison de mille cinq cents pins à l'hectare. Une première éclaircie se faisait lorsque les jeunes arbres atteignaient leurs dix à douze ans. La deuxième éclaircie avait lieu lorsqu'ils avaient entre seize et dix-huit ans, puis une troisième entre vingt-deux et vingt-cinq ans. La dernière éclaircie devait être faite lorsque les pins atteignaient vingt-huit à trente-deux ans. Il n'est pas indiqué combien de pins restaient alors sur un hectare de forêt. Le tableau indique que la coupe rase de cette forêt était faite cinquante années après la plantation. Je n'ai pas réussi à savoir quelle était la rentabilité d'une forêt de pins dont les arbres sont destinés à la fabrication du papier. L'un des bénévoles qui nous ont accueillis nous a dit posséder une forêt qu'il destine à la menuiserie afin de valoriser au mieux ses arbres. Mais quel profit en tirera-t-il ? Cela relève du secret ou du mystère…

Un autre schéma explique la gestion de la forêt sur une génération : il était rare, autrefois, que celui qui ! : Grève de Lesperon en 1836 " : Invention des pots Hugues $ : Grèves de 1906 et 1907 # : Congrès départemental de 1929

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Période de l'arbre d'or

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Dessin d'après photo JP L.

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*volution du prix de la gemme entre +,-. et +/0.

Dessin d'après photo H. Mouflin

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Guerre de Sécession

Sch&ma montrant la bonne gestion d!une for#t de pins

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Parmi les autres thèmes proposés au musée, les divers produits extraits de la résine et deux tranches de pin dans lesquelles on aperçoit les cicatrices laissées par les cares. Des indications assez pointues retrouvent tous les événements qui ont accompagné l'arbre coupé, âgé de plus de cent ans. Dans les cercles concentriques du bois, on sait lire les périodes de sécheresse et celles de grande pluviosité et l'on sait dater les différentes cares tracées dans l'écorce, tout autour du tronc. Il faudrait s'attarder davantage sur ces deux très belles rondelles de bois mais il nous faut reprendre le sentier pour nous initier à la plantation des pins.

et meurent. Mais quoi d'autres ? Pour notre groupe, je ne m'en souviens plus… Je constate cependant que ces jeux de plantation – plusieurs s'y essaieront – n'aboutissent à rien car, sitôt que l'on sera parti, les plants seront remis en caisse. Nous nous retrouvons tous sous le chapiteau pour un apéritif flamboyant, presque gargantuesque : kir ou jus de fruits à volonté (ou presque) et canapés jolis et appétissants en grande quantité : notre président n'a pas lésiné avec ses amis de pays et c'est bien si, de cette façon, la maison de la gemme gagne un peu d'argent. Tenue par des bénévoles, elle le mérite… Tous ces hommes à béret noir ainsi que les deux dames qui les accompagnaient nous ont fort bien accueillis et ont fait de leur mieux – davantage sans doute – pour bien recevoir notre groupe de soixante personnes : grand défi, jolie réussite.

Le clin d'œil est joli : c'est un Vosgien qui nous explique la forêt des Landes ! Il porte le béret et se transforme ainsi en Landais ; ses collègues ne manquent pas de lui faire comprendre (avec sourires et connivence) qu'il reste un étranger ne sachant toujours pas prononcer les noms de lieux landais : toutes les lettres semblent se prononcer… mais moi non plus, je ne suis pas d'ici ! Qu'en sais-je ? Maurice, le Vosgien, parfaitement intégré, rit de ces piques joyeuses.

11 h 50 : nous quittons Lesperon pour la ferme auberge de Lesca, commune de Castets.

LA FERME AUBERGE Cette partie de la visite m'intéresse moins car je ne crois pas que nous apprenions beaucoup sur la gestion de la forêt. Et en effet, j'apprendrai peu, voire rien, moins que le schéma du musée. Certes, nous verrons les deux plantoirs qui accélèrent le boisement des parcelles, celui qui ne semait qu'une graine et celui qui plante les arbrisseaux – canne à bec – qu'il faut espacer d'un mètre quarante à deux mètres, ce qui produit mille cinq cents plants à l'hectare. Certes nous apprendrons que les jeunes pins, cultivés en pépinières à partir de graines sélectionnées, sont vendus lorsqu'ils mesurent douze centimètres, au prix de vingt à vingt-cinq centimes par arbre. D'une discussion entre les trois hommes qui nous expliquent la plantation en forêt, il ressort qu'il faudrait laisser les parcelles mises en coupe rase nues durant cinq années afin que les insectes parasites disparaissent

Photo H. Mouflin

Deux photos A. Castaing

De Castets, nous ne verrons rien car la ferme auberge est sise en lisière de forêt, sans doute sur un ancien airial dont les bâtiments sont les témoins. La salle est ornée d'objets anciens, d'outils de gemmage, de mannequins costumés, de vieux cuivres reluisants, d'objets anciens (fer à repasser, moulin à café à manivelle, moine en cuivre, planche de boulanger…), de théières marocaines, de photos nous plongeant dans les temps lointains d'une lande essentiellement agricole. Dès l'accueil, nous apprenons que cette ferme auberge est l'une des plus anciennes des Landes puisque ouverte dès 1969. Ici, le maïs et les canards sont rois, le premier nourrissant les seconds, ceux-ci transformés en foie gras, magrets, daube et autres produits

Maurice$ le Vosgien$ et ses deux coll"gues landais

Planter un pin avec la canne % bec

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Le gemmage et le repas

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"gastronomiques", "traditionnels". On nous explique rapidement le nourrissage des canards depuis leur arrivée ici jusqu'à leur gavage et leur transformation en foie gras. L'arrière-pensée de ces explications, c'est, bien sûr, l'espoir de vendre quelques boîtes des spécialités de la ferme : on nous distribue un formulaire de commande à remettre pendant le repas pour gagner du temps : belle organisation ! Et cela marchera fort bien ! L'entrée est constituée de crudités accompagnées de rillettes de canard chaudes sur pain grillé, ce qui provoque quelques commentaires, certains convives trouvant ces rillettes chaudes une belle idée, d'autres les ayant préférées froides. Le plat principal est une daube de canard en sauce, accompagnée de carottes et de pruneaux. Peut-être manquait-il des pommes de terre… Mais c'est excellent et original car je pense que peu avaient l'habitude de manger une daube de canard ; pour moi, c'était la première fois. Ce plat, lui aussi, provoque les discussions, beaucoup, à ma table, trouvant le canard meilleur en confit qu'en daube… En guise de dessert, une tranche de pastis landais et sa crème anglaise. Un café pour clore ce festin. À 14 h 15, nous sommes de retour au bus, certaines personnes portant de grandes poches en papier pleines de spécialités landaises…

Lacs et étangs "Si le lac solitaire sait cacher ses trésors, C'est qu'il possède en lui un attrait mystérieux ; Il aime les poètes, les preux, les grands, les forts, Et ses bords très calmes ont un fond très sérieux. Ses eaux chantent la paix ainsi que l'espérance, Au cœur ardent des bois tout remplis de soleil ; C'est un rayon qui luit et c'est la transparence [du bel été vermeil. Puis ce sont les abords des lacs et des rivières, Ces gîtes près des eaux tout remplis de fraîcheur, Où vous suivez gaiement les ombres coutumières, Dans les criques perdues chères à votre bonheur. Ô vous, rives d'amour et d'ineffables ivresses, Procurez nous la joie longuement caressée ; Choisissez la couronne de toutes vos tendresses, Pour l'offrir à celui qui ne l'a pas tressée.

Certain mois de février, j'étais allé, de fort bonne heure et par grand froid, observer les grues qui hivernaient sur les plans d'eau d'Arjuzanx. Le spectacle était exceptionnel, presque incroyable tant les grands échassiers étaient nombreux. Les voir s'éveiller dès le point du jour et écouter leur chant méritent le voyage.

Ce samedi de mars, il ne reste plus aucune des trente à quarante mille grues venues passer l'hiver dans les Landes. Nous arrivons trop tard. La pluie nous attend sur le parking de la maison du site, belle architecture de bois posée près de l'un des lacs de la

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LA RÉSERVE D'ARJUZANX

Ô vous qui déployez la ferveur dans vos rêves Après avoir connu des sites inespérés, Venez, goûter ici le charme de nos grèves, Au pied des soirs sanglants, presque désespérés…"

L!&volution du site d!Arjuzanx$ de la mine aux grues -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Arjuzanx

Jean-Pierre Lazarus


Escapade en XL

25 mars 2017

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À partir de 1958, EDF décida d'exploiter, à ciel ouvert, le gisement de lignite d'Arjuzanx afin d'alimenter une centrale thermique. Pour atteindre la couche de lignite, il fallut d'abord enlever vingt-cinq à trente mètres de morts-terrains, appelés aussi "stériles", composés de sables et d'argiles. Deux excavateurs à roue-pelle ôtaient mille mètres cubes de ces morts-terrains chaque heure. Deux dragues à godets, d'une capacité de cinq cents mètres cubes par heure, enlevaient, en un seul passage, la couche de lignite, épaisse de deux à sept mètres. Sur les 2 716 ha occupés par EDF, 901 ont été exploités et 196 millions de mètres cubes de morts-terrains déplacés pour seulement 32,5 millions de tonnes de lignite extraites. La centrale a produit plus de dix-huit milliards de kilowattheures.

Dessin d!apr"s image www

réserve. Le vaste hall sera, pour quelques minutes, notre destination. Tout y a été conçu pour que les visiteurs comprennent le lieu dans lequel ils ont choisi de venir : une nature artificielle, un endroit détruit, bouleversé, retourné, creusé sur près de trente mètres puis lentement rendu à la nature qui y reprend ses droits. Un site réaménagé pour ne plus désespérer des humains qui, s'ils se plaisent à détruire, savent aussi, parfois, reconstruire et rendre à la planète ce qui lui appartient.

Coupe g&ologique des terrains d!Arjuzanx$ avec 1ge2

mammifères se sont installés à demeure, des végétaux rares ont colonisés certains milieux tels que les tourbières. Il serait même possible d'apercevoir des loutres si nous étions patients ! Le coût de cette réhabilitation très réussie s'est élevé à quatorze millions de francs. Différents milieux ont donc été reconstitués : de vastes plans d'eau assez profonds (25 m) et d'autres, très peu profonds dans lesquels les grues peuvent passer la nuit, à l'abri de leurs prédateurs. Ces mares peu profondes sont appelées "bassines". À cause de leurs eaux très acides, ces milieux sont favorables au développement de tapis de sphaignes, sorte de mousse participant au processus de formation de la tourbe. La faune y est très riche et variée : libellules, batraciens, reptiles, écrevisses, oiseaux d'eau… Les

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La reconstitution du site, après exploitation, a duré près de quinze ans, de 1981 à 1994. L'objectif était de créer un écosystème juxtaposant plusieurs milieux différents. Les berges des carrières et certains terrils ont été remodelés, des fertilisants ont été apportés au sol, la qualité des eaux a été améliorée et la revégétalisation des berges a permis de lutter contre l'érosion. La totalité du site a été rendue accessible. Aujourd'hui, l'avifaune est multiple et variée, des

Le grand hall de la maison du site$ Arjuzanx

Photos et maquettes des machines d!exploitation du lignite

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Arjuzanx

Jean-Pierre Lazarus


La Dame à la capuche Escapade (Brassempouy en XL 25 ;mars Chalosse) 2017

2 avril 2016

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pelouses sèches permettent aux grues de se regrouper après leur réveil. Des landes humides subsistent sur les zones non affectées par l'exploitation minière. Les vastes plans d'eau sont assez pauvres en espèces animales mais les rives présentent une végétation de bordure de fort intérêt patrimonial. Canards divers ou grèbes viennent s'y reposer. Les oiseaux emblématiques de la réserve restent, incontestablement, les grues cendrées qui hivernent sur les plans d'eau peu profonds et se nourrissent sur les champs de maïs libérés de leur couverture végétale. Les milieux landicoles sont parfois humides (on y trouve alors la molinie et la bruyère) ou parfois secs (habités alors par les callunes, la bruyère à balai et l'ajonc). Lors de notre passage, les ajoncs tapissaient ces espaces de leur splendeur dorée. Après quelques efforts et un peu de patience, nous pouvons regarder le film sur les grues, reines de la réserve et grandes voyageuses. Elles sont aussi fort élégantes, dans les plans d'eau ou les champs de maïs.

Le bus nous dépose près de la tour d'observation. Nous y montons en deux groupes, par les marches de bois humides mais point glissantes. Bien sûr, il n'y a rien à voir sauf les étangs et les plateaux déserts : toutes les grues sont retournées chez elles, en Pologne, en Suède, en Finlande, en Allemagne du Nord… Je trouve un petit intérêt dans la couleur des bagues que portent quelques grues. Les bagues de leur patte gauche permettent aux ornithologues de connaître le pays d'origine de l'oiseau observé, celles de la patte droite, leur nom. Trois bagues vertes signifient Pologne, trois bleues : Allemagne ; trois jaunes : Finlande… Mais voici l'heure de rentrer…

Photo H. Mouflin

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C'est décidé : la visite de la réserve se fera en bus : la pluie, sans doute, le manque de temps, peut-être, l'immensité du site, aussi. Ai-je déjà visité une réserve naturelle en bus ? Je crois que non. Kléber, notre

chauffeur attitré, n'hésite pas à lancer son grand bus sur les routes étroites et les pistes humides. J'écouterai le ronflement du moteur lorsque la piste terreuse grimpera une colline, craignant de devoir le pousser, ce qui serait, pour le moins, une "grande" aventure. Mais tout se passera bien… sauf les gouttes de pluie glissant sur les vitrages, sauf la grisaille de l'atmosphère trop humide, sauf la pluie, fine mais continue. Nous allons vers les lacs du sud, près des étangs qu'en hiver, les grues squattent mais qui sont, ce jour, déserts. Un guide de la réserve nous renseigne sur ce que l'on devrait voir s'il faisait beau et si l'on était à pied ou à vélo. Nous apprenons ainsi que les premières grues sont arrivées sur le site dès 1981, avant que tout ait été réhabilité. Ces oiseaux mesurent entre 1,20 m et 1,30 m de hauteur pour un poids de 3 à 6 kg. Elles sont 20 000 à 30 000 à dormir, en hiver, sur les étangs ; chaque matin, au lever du soleil, elle s'envolent vers leurs aires de nourrissage où elles mangeront trois cents à cinq cents grammes de maïs chaque jour. Je trouve assez étrange que l'on nous parle de ce que nous ne voyons pas. Mais quel est autre attrait de la réserve si ce ne sont les grues, présentes ou non ?

Panorama depuis la tour d!observation : vue vers le sud ; dans le nuages$ les Pyr&n&es2 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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Arjuzanx

Jean-Pierre Lazarus


Voyage en Corrèze

8 et 9 octobre 2016

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Écrit par Jean-Pierre Lazarus en mars et avril 2017 d'après les notes prises au cours du voyage et d'après divers documents pêchés sur la Grande Toile Mondiale.

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La visite de Turenne

Jean-Pierre Lazarus


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