ARSÈNE LUPIN CONTRE HERLOCK SHOLMÈS Maurice Leblanc D’étranges évènements ont lieu à Paris et en province : un enlèvement, un assassinat et le vol d’un diamant très célèbre. Pour l’inspecteur Ganimard, le responsable de ces méfaits n’est autre qu'Arsène Lupin … mais, comment le prouver ?
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LECTURES CLE EN FRANÇAIS FACILE
Arsène Lupin contre Herlock Sholmès MAURICE LEBLANC
MAU R ICE LE B L ANC
EN FRANÇAIS FACILE
Arsène Lupin contre Herlock Sholm ès
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LECTURES CLE
GRANDS ADOS ET ADULTES Audio disponible sur https://lectures-cle-francais-facile.cle-international.com
ISBN 978-209-031134-1 NIVEAU 2
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© CLE International/SEJER, 2019 ISBN : 978-209-031134-1
MAURICE LEBLANC est né à Rouen en 1864. Il obtient son baccalauréat en 1882 puis il étudie le droit à Paris. En 1905, il crée son personnage, Arsène Lupin, pour le magazine Je sais tout. L’éditeur Pierre Lafitte lui a en effet demandé d’écrire un feuilleton1 populaire pour ce journal. Ce dernier aura pour titre L’arrestation d’Arsène Lupin. C’est un succès immédiat. Le personnage apparaîtra ensuite dans une cinquantaine de romans, parmi lesquels on peut citer : Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur (1908), Arsène Lupin contre Herlock Sholmès (1908), L’Aiguille creuse (1909), Les Confidences d’Arsène Lupin (1914), La Demoiselle aux yeux verts (1927). Certaines de ces œuvres ont été adaptées au cinéma et à la télévision. Maurice Leblanc meurt en 1941, à Perpignan.
1. Feuilleton : roman publié par chapitres.
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Le personnage d’Arsène Lupin, qui est apparu pour la première fois en 1905, est toujours aussi populaire cent ans plus tard. Mais qui est Arsène Lupin ? C’est un homme élégant, charmant et charmeur, courtois... en un mot, un vrai gentleman ; mais c’est aussi un voleur... un cambrioleur. L’expression est donc toute trouvée pour définir Arsène Lupin : gentleman-cambrioleur. Pourtant, Maurice Leblanc, le confident du héros dans la plupart de ses livres, nous rend son personnage si sympathique qu’on oublie vite le cambrioleur pour ne plus voir que le gentleman, à tel point qu’en se plongeant dans ses aventures, le lecteur en arrive à ne désirer qu’une chose : la victoire d’Arsène Lupin. Dans ce roman, Maurice Leblanc fait s’affronter Arsène Lupin au plus grand des détectives* : Herlock Sholmès. Un dur combat ! Qui en sera le vainqueur ?
Les mots ou expressions suivis d’un astérisque* dans le texte sont expliqués dans le Vocabulaire, page 58.
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CHAPITRE I
L
8 DÉCEMBRE DE L’AN DERNIER, M. Gerbois, professeur* de mathématiques au lycée de Versailles, trouve, chez un marchand* de meubles, un petit secrétaire1 qui lui plaît tout de suite car il comporte plusieurs tiroirs. « Voilà ce qu’il me faut pour l’anniversaire de Suzanne », pense-t-il. Il entre donc dans la boutique et achète le meuble. Au moment où il donne son adresse pour le faire livrer, un jeune homme, qui est entré dans la boutique, voit le meuble et dit : – Combien ? – Il est vendu, répond le marchand. – Ah !... à monsieur, peut-être ? Sans répondre, monsieur Gerbois salue et sort. Il n’a pas fait dix pas dans la rue que le jeune homme le rattrape et, d’un ton très aimable, lui dit : – Excusez-moi, monsieur, mais je vais vous poser une question indiscrète : cherchiez-vous exactement ce meuble ? E
1. Secrétaire : meuble à tiroirs, destiné à ranger des papiers, et sur lequel on peut également écrire.
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– Non, je cherchais une balance d’occasion pour faire des expériences de physique. – Alors, vous n’y tenez1 pas beaucoup ? – Si, j’y tiens beaucoup. – J’ignore le prix que vous l’avez payé, continue le jeune homme, mais je vous en offre le double. – Non. – Le triple ? – Ça suffit, répond M. Gerbois, irrité. Ce meuble m’appartient, il n’est plus à vendre. Le jeune homme le regarde fixement, d’un air que M. Gerbois n’est pas prêt d’oublier puis, sans un mot, il s’éloigne. Une heure plus tard, le meuble est livré chez M. Gerbois. Suzanne est folle de joie. Elle remercie son père et, à l’aide de la bonne*, elle le nettoie2 et commence à y placer ses papiers et tous ses secrets. Le lendemain, Suzanne va chercher son père au lycée. Ils traversent le jardin qui est devant la maison. – Et ton secrétaire ? demande M. Gerbois. – Une merveille, papa. Tu veux le voir ? Ils entrent dans la maison et Suzanne monte la première l’escalier qui conduit à sa chambre. En arrivant dans la pièce, elle pousse un cri effrayant. – Que se passe-t-il ? demande M. Gerbois.
1. Tenir à quelque chose : ici, avoir très envie de posséder quelque chose. 2. Nettoyer : laver, rendre propre.
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À son tour, il entre dans la chambre : le secrétaire n’y est plus. M. Gerbois fait aussitôt une déclaration de vol au commissariat. Une enquête est faite mais elle ne donne aucun résultat. Deux mois passent. Le 1er février, à cinq heures et demie, M. Gerbois, qui vient de rentrer du travail, un journal à la main, s’assoit, met ses lunettes et commence à le lire. Un article attire immédiatement son attention : « Troisième tirage de la loterie1 : le numéro 514série 23 gagne un million... » Le journal lui glisse des doigts. Le numéro 514série 23, c’est son numéro ! Il court dans son bureau pour y chercher la boîte d’enveloppes où il a mis le billet. La boîte d’enveloppes n’est pas là. Il va trouver sa fille dans sa chambre. – Suzanne, sais-tu où est ma boîte d’enveloppes ? – Mais bien sûr, nous l’avons rangé ensemble... – Où ? crie son père. – Mais, dans le secrétaire. – Dans le secrétaire qui a été volé ! Mon Dieu... il y avait là le billet gagnant de la loterie... c’est un million de perdu. M. Gerbois est accablé2. 1. Loterie : jeu de hasard. Pour y jouer, on achète des billets. 2. Accablé : très triste, déprimé.
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Au bout d’un moment, Suzanne lui dit : – Mais, père, on te le paiera quand même. – Sur quelles preuves ? La seule que je possède, la lettre de la personne qui me l’a offert, était aussi dans le paquet d’enveloppes. C’est épouvantable ! Puis il se met à frapper du pied et crie : – Eh bien, non ! Le voleur n’aura pas aussi mon billet. Et il envoie aussitôt un télégramme à la banque qui doit remettre l’argent correspondant au billet pour dire qu’il est le seul à avoir le billet gagnant et que personne ne doit toucher l’argent à sa place. Presque en même temps, arrive à la banque cet autre télégramme : Le numéro 514-série 23 est en ma possession. Arsène Lupin La banque fait des recherches et découvre que le numéro 514-série 23 a été délivré au commandant* d’artillerie Bessy. Il se trouve que le commandant est mort d’une chute de cheval. On apprend par des amis avec qui il avait parlé quelque temps avant sa mort qu’il a donné son billet à un autre ami. – Cet ami, c’est moi, affirme M. Gerbois. – Prouvez-le, dit le directeur de la banque*. – Il m’a écrit une lettre qui accompagne le billet. – Montrez-la. – Mais elle se trouvait dans le secrétaire volé ! – Retrouvez-la. Arsène Lupin la communique, lui. Dans l’Écho de France, une note annonce qu’il remet entre les mains –9–
de maître Detinan, son avocat*, la lettre que le commandant Bessy lui a écrite, à lui personnellement. Tous les journalistes* se précipitent alors chez maître Detinan. Il confirme qu’Arsène Lupin est son client, même s’il ne l’a jamais vu, et il montre la lettre du commandant qui commence par Cher ami. Puis il affirme que ce cher ami ne peut être qu’Arsène Lupin puisqu’il avait la lettre. Les reporters* se rendent alors chez M. Gerbois qui affirme que le cher ami, c’est lui. – Qu’il le prouve ! riposte Lupin dans le journal. – Mais puisque c’est lui qui a volé le secrétaire ! déclare M. Gerbois aux journalistes. Et ainsi de suite. Le dialogue entre les deux hommes dure ainsi douze jours. Un matin, M. Gerbois reçoit d’Arsène Lupin une lettre qui porte sur l’enveloppe le mot confidentiel, dans laquelle le gentleman déclare à M. Gerbois que, pour en finir avec toute cette comédie, le seul moyen est de partager la somme du billet en deux : un demimillion pour Gerbois, un demi-million pour lui. M. Gerbois, en colère, commet l’erreur de montrer la lettre aux journalistes et de leur dire : – Rien, il n’aura rien ! Partager ce qui m’appartient ? Jamais. J’irai devant la justice s’il le faut pour récupérer mon argent. Lupin prend tout cela pour une provocation et une sorte de déclaration de guerre. – 10 –
Deux jours après, on apprend l’enlèvement de Mlle Gerbois. La police, aussitôt avertie, cherche de tous côtés sans résultat. Cependant, à Ville-d’Avray, un épicier* déclare qu’il a vendu de l’huile à une automobile fermée qui arrivait de Paris. Sur le siège avant, il y avait le mécanicien* et à l’arrière, une jeune femme blonde –très blonde, précise l’homme–, et une autre femme plus jeune. Le portrait de cette dernière correspond à celui de Suzanne Gerbois. Ce coup est trop dur pour Gerbois. Il sait que c’est Lupin qui a enlevé sa fille et il fait alors paraître une note dans l’Écho de France pour signaler qu’il accepte de donner un demi-million à Arsène Lupin. Deux jours plus tard, M. Gerbois reçoit le billet par la poste et peut toucher l’argent. Mais il faut retrouver Suzanne et, pour cela, il faut qu’Arsène Lupin se décide à donner un rendez-vous à Gerbois pour réaliser l’échange : le demi-million contre Suzanne. Pendant huit jours, c’est le silence. Enfin, Gerbois reçoit une lettre lui ordonnant de se rendre chez maître Detinan le jeudi suivant. Le jeudi, à deux heures, il se met en route. Il a l’argent sur lui. Ce qu’il ignore, c’est qu’il est suivi par plusieurs hommes, des policiers*, commandés par l’inspecteur* principal Ganimard, l’ennemi implacable de Lupin. Gerbois arrive enfin au 25 de la rue Clapeyron, où – 11 –
se trouve le cabinet de Detinan. Il monte au premier étage et sonne. Un monsieur lui ouvre. – C’est bien ici que vit maître Detinan ? – C’est moi-même. Monsieur Gerbois, sans doute ? – Parfaitement. – Je vous attendais, monsieur. Entrez, je vous prie. Quand M. Gerbois entre dans le bureau de l’avocat, la pendule sonne trois heures. – C’est l’heure qu’il m’a fixée, dit Gerbois. Il n’est pas là ? – Pas encore. – Il ramènera ma fille, n’est-ce pas ? – Je l’espère. – Cependant... vous l’avez vu ? – Moi, mais non ! Il m’a simplement demandé par lettre de vous recevoir tous les deux, de faire partir mes domestiques* et de n’admettre personne dans mon appartement entre votre arrivée et son départ. M. Gerbois sort alors de sa poche le million de francs et dit : – Qu’il vienne, mon Dieu, qu’il vienne ! Je donnerais tout cela pour retrouver Suzanne ! La porte s’ouvre. – La moitié suffira, monsieur Gerbois. Un homme jeune, vêtu avec élégance est sur le pas de la porte. M. Gerbois reconnaît aussitôt le jeune homme qui lui a parlé dans la rue, le jour où il a acheté le secrétaire pour Suzanne. – Et Suzanne ? Où est ma fille ? s’écrie-t-il. – 12 –
Maître Detinan murmure : – Mais vous n’avez pas sonné... je n’ai pas entendu la porte... – Les sonnettes et les portes sont des choses qui doivent fonctionner sans qu’on les entende jamais, dit Lupin. Et, voyant le million dans les mains de Gerbois, il ajoute : – Ah ! parfait ! le million est là... Ne perdons pas de temps. – Mais ma fille ! Suzanne ! Qu’en avez-vous fait ? demande le professeur, d’un ton angoissé. – Allons, calmez-vous, répond Lupin. Dans quelques minutes, elle sera dans vos bras. Partageons d’abord cet argent. Une fois la chose faite, maître Detinan demande : – J’aimerais savoir pourquoi ce meuble vous a tant intéressé. – Raison historique, mon cher maître. Il porte une inscription : Dédié à Napoléon Ier. Moi, qui collectionne tant d’objets, je ne pouvais pas perdre cette merveille. – Hélas, gémit1 le professeur, si j’avais su, chez le marchand, je vous l’aurais aussitôt donné et j’aurais évité tous ces ennuis et l’enlèvement de Suzanne. – Mais, M. Gerbois, votre fille va très bien, vous le verrez. Elle s’est faite une nouvelle amie... – La dame blonde de l’automobile, dit l’avocat. 1. Gémir : parler en faisant des sons plaintifs.
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