Journal Le Rire Médecin octobre 2015

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Automne 2015 N°58

LE JOURNAL

16-22 re : novemb

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Zoom sur : Comment je suis devenue clown hospitalier. votre question : Un diplôme « Bac + clown » ?

DOSSIER :

Clowns en immersion aux Urgences. PageS 6-7


EDITO

Denis Devictor

SOMMAIRE ACTUS...........................................................................................................................P.3 Les clowns font l’article.............................................P.4 Zoom sur…...................................................................................................P.5 dossier....................................................................................................... P.6-7 votre question..............................................................................P.8 bille de clown................................................................................P.9 LA VIE DES COMITéS.............................................................P.10 Partenaires de cœur................................................P.11

Chers amis, LES COULISSES DE L’ASSOCIATION.................P.12 L’urgence. Voilà un mot qui m’est très familier. En tant que chef du service MA PLUS BELLE HISTOIRE DE CLOWN.........P.13 de réanimation pédiatrique de l’hôpital paroles de…..........................................................................P.14 Bicêtre, l’urgence m’a accompagné tout au long de ma carrière. L'urgence Nous aider autrement...................................P.15 convoque d’abord des images terribles À vos agendaS P.16 d’accident, de stress, d’angoisse, de peur. Pourtant l’urgence est aussi au cœur de réels triomphes sur la maladie ou la mort. Car dans une situation d’urgence, en particulier lorsqu’elle concerne un enfant, tous les acteurs d’un service sont tendus Directrice Fondatrice vers un seul but : soulager, soigner, guérir. Caroline Simonds Les décisions à prendre sont capitales et Co-Directeur Marc Avelot exigent une réelle concentration. Les clowns sont de précieux alliés dans ces moments-là. Administration et finances Muriel Renahy, Stéphanie Caladou, Koné Diakho Véritables tuteurs d’apaisement, leurs chansons Conseiller en ressources humaines artistiques ou improvisations distribuées dans les couloirs Jean-Louis Berdat des services d’urgences atténuent les angoisses Comités des familles, souvent épuisées par l’attente et Gaëlle Rastello, Emilie Yvart l’appréhension, comme vous pourrez le lire Générosité du grand public dans ce numéro de votre Journal. L’arrivée des Gaëlle Rastello, Cécile Batreau, clowns est un moteur de distraction qui soulage Emilie Duquesnay, Marianne Debiesse les tensions palpables et permet aux équipes Partenariats soignantes de travailler dans un environnement Adeline Fougère, Youcef Behal serein. Dans cette fenêtre de calme, médecins et Communication et Presse infirmiers effectuent leurs soins plus facilement, Aïda Salem, Elisa Blanchard et parents comme enfants ne vivent pas ce séjour Institut de Formation du Rire Médecin Farida Hamandia, Bénédicte Hochet comme un traumatisme. Ce n’est pas anodin, car la façon dont on a vécu son hospitalisation, si courte soitAssistante artistique Claire Bodelet elle, peut être déterminante dans la construction de son Rédaction rapport futur à la médecine et au milieu hospitalier. Les Marianne Debiesse, Hélène Pavie clowns sont des vecteurs de confiance. Une confiance Conception graphique capitale dans toute guérison. Traffik - José Da Cruz

Denis Devictor Président du Rire Médecin

Crédits photo Jacques Grison / Olivier Ouadah / Le Rire Médecin


actualités

Diplôme…plôme ! 2015 marque un tournant décisif dans la reconnaissance du métier de clown hospitalier ! En août, une loi promulguée en Argentine a fait les gros titres : désormais les hôpitaux pédiatriques de la province de Buenos Aires devront engager des clowns pour accompagner les enfants soignés. Pourtant fin juillet cette reconnaissance avait déjà gagné notre territoire avec la parution au Journal Officiel de l’annonce de certification diplômante du parcours de formation comédien/ne-clown en établissements de soins*, élaboré par notre Institut de Formation. Transmise aux médias début septembre, cette nouvelle a fait l’objet d’un écho très favorable qui signifie beaucoup. En effet, ce diplôme officiel, obtenu au terme d’une longue expertise de ce métier singulier, conforte davantage la vision qu’en a Le Rire Médecin. Il met en avant la nécessité que les clowns soient des professionnels rémunérés et formalise les pratiques les plus appropriées quand on s’adresse à un public aussi vulnérable que les enfants malades. Cette certification garantira aussi le développement constant et qualitatif de la pratique du métier pour toutes les compagnies de clowns hospitaliers qui partagent avec nous les mêmes valeurs et un attachement commun aux fondamentaux de la profession. Le rêve ne fait que commencer. *Pour en savoir plus sur la genèse et les conséquences de cette certification, rendez-vous en page 8 !

Tous en nez rouge ! Le 20 novembre prochain, c’est la Journée Internationale des Droits de l’enfant, autour de laquelle nous organisons notre 3ème Collecte Nationale du 16 au 22 novembre. Pour ces journées exceptionnelles, nous avons pu compter sur le soutien de l’école de cinéma EICAR et sur TF1 pour réaliser et diffuser nos spots publicitaires et sur notre parrain François-Xavier Demaison pour l'enregistrement d'un spot radio qui sera diffusé sur RTL. Sur les ondes, sur la toile ou à la télévision, Le Rire Médecin aura un espace privilégié (gracieux ou à un « tarif d’ami ») pour convaincre collecteurs et donateurs. Vous aussi avez le pouvoir de nous aider à faire connaître notre belle mission en participant à l’opération « Tous en Nez Rouge ! ». Rendez-vous sur notre page Facebook ou sur www.leriremedecin.org à partir du 16 novembre ! Nous comptons sur vous pour envahir la toile de nez rouges ! Le Journal du Rire Médecin

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Les clowns font l’article

Faire le clown, c'est sérieux Avec l’aimable autorisation d’Alexandre Fache, journaliste, et du journal L’Humanité.

© Rémy Artiges

Depuis 2010, l’association Le Rire médecin a mis en place un institut qui forme les jeunes comédiens à ce métier si spécifique.

Dans la grande salle de l'Institut de formation du Rire Médecin, en face des ButtesChaumont, à Paris, une « Terre » doit demander une « Eau » en mariage. « Pensez à bien occuper l'espace, et à jouer avec votre corps », conseille Marine Benech, en charge cet après-midi-là du cours de clown corporel. Voilà quatre semaines que les dix stagiaires de la promotion 2015 ont débuté leur formation de « comédien clown à l'hôpital ». Gabriella, Clément, David ou Svetlana, tous déjà comédiens confirmés, viennent y apprendre les spécificités d'une pratique importée en France il y a près de vingt-cinq ans par la fondatrice du Rire Médecin, la Franco-Américaine Caroline Simonds. « Faire le clown à l'hôpital, c'est un véritable métier, souligne Farida Hamandia, coordinatrice de l'Institut de formation. Le public est très particulier, car en situation de vulnérabilité, il faut bien connaître ce -4-

contexte, le personnel hospitalier, mais aussi le fonctionnement des enfants, des bébés aux ados. » Autant de savoirs transmis aux stagiaires lors d'un apprentissage de cinq mois, qui mêle apports théoriques, artistiques et mise en pratique sur le terrain. « Hier, j'étais dans un service de réanimation, et j'ai joué pour un enfant qui était dans le coma, raconte Clément, 34 ans, l'un des stagiaires. Dans ce cas-là, on joue beaucoup pour les parents Mais c'est aussi très touchant. » Ce grand gaillard à la barbe fournie sait de quoi il parle. Il a passé pas loin de quatre ans dans les hôpitaux, au chevet de ses parents, aujourd’hui disparus. « Comme proche, j'aurais bien aimé que quelqu'un vienne me faire rire à ce moment-là. »

Lu dans


Zoom sur…

Comment je suis devenue clown hospitalier En avril 2015, Nathalie, comédienne, intégrait la « Formation Comédien Clown Hospitalier » dispensée par notre Institut de Formation. Aujourd’hui certifiée par un diplôme désormais reconnu par l’Etat, Nathalie revient sur ce parcours de 5 mois.

« Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse. Sans ces qualités humaines, la vie n’est plus que violence et tout est perdu. Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres, ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l’être humain, que dans la fraternité, l’amitié et l’unité de tous les Hommes.». C'est avec cette citation de Chaplin que je commençais mon premier débriefing au Rire Médecin. Tout mon travail a été de devenir une « savante conne sensible ». L'apprentissage est d'évoluer vers cet être qu'est le clown à l’hôpital qui garde un regard d'enfant avec une conscience professionnelle adulte. De savoir beaucoup tout en étant ignorant. D’apprendre et de désapprendre. Tout mon cheminement a été d'ouvrir mes pores, mes oreilles, mes sens de plus en plus aiguisés pour m’adapter à tous en ayant la bonne distance. Comment utiliser les outils appris au bon moment, comment trouver le bon dosage, ne pas avoir peur du vide et du silence ?

C'est le travail de toute une vie de clown à l’hôpital. Je l'ai seulement effleuré sur cette corde sensible qu'est l’hôpital comme un funambule. Dans mes deux premiers écrits à rendre au cours de la formation, j'ai analysé avec des exemples mon rapport aux différentes tranches d'âge et au personnel hospitalier. La formation m'a confirmé que je souhaitais travailler en tant que clown en secteur hospitalier et que j'y avais trouvé ma place grâce aussi à l'ouverture et la bienveillance de l'équipe du Rire Médecin à Nancy. Le jeu est partout, dans un regard, un geste, un mot, et mon chemin est de continuer à chercher cela. Nous sommes comme des chercheurs de vie. Nous sommes comme des sentinelles qui veillent à garder la lumière allumée jusque dans la nuit noire. Et si elle s’éteint, notre partenaire, les enfants, les parents et le personnel hospitalier sont là pour nous aider à la rallumer. Pour terminer, je dirai qu'il faut avoir l'humilité aussi d'accepter qu'une lumière s’éteigne et d'ouvrir son regard pour trouver d'autres lueurs ailleurs.

Nathalie, alias Audrey Naline, entourée de AirBag et Sacha à Nancy. Le Journal du Rire Médecin

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DOSSIER

Clowns en immersion aux Urgences Urgences. Voilà un mot qui convoque immédiatement des images stressantes pour chacun. Des médecins qui courent, des enfants qui pleurent, de l’attente, de la douleur… les services d’urgences pédiatriques sont un monde à part-entière que nous avons tous déjà côtoyé. Pourtant, au sein de cette ambiance électrique, il existe un espace d’apaisement pour des familles qui y arrivent souvent angoissées. Cet espace, c’est le cocon rassurant que parviennent à tisser les clowns du Rire Médecin autour des enfants reçus dans ce service si particulier. Nous sommes au 7 ème étage de l’hôpital Ambroise Paré, où se trouvent les urgences pédiatriques, ce 9 juillet 2015. La clownette ZigZag, alias Séverine, connaît très bien tous les recoins de ce service. Sa comparse Ossein ne connaît pas cet endroit et découvre des enfants qui la regardent. ZigZag nous raconte : « Ossein a subitement très peur et ne veut plus faire un pas en avant ! Un dialogue ubuesque s’engage entre nos clownettes : - ZigZag ! ZigZag ! - Qu'y a-t-il Ossein ? Il faut avancer, on doit aller au fond du couloir, tout là-bas ! - Oui mais, Ils me regardent !

Ce témoignage en immersion au sein des Urgences montre à quel point la distance offerte par la distraction est salutaire dans cet univers si singulier. Dans ce service pas comme les autres, l’affluence est continue et les blessures les plus bénignes côtoient les accidents les plus graves. Les enfants et leurs parents se succèdent à un rythme difficile à suivre pour le personnel soignant, jusqu’à 100 à 120 visites par jour. Rien n’est prévisible et l’angoisse domine la plupart du temps. L’attente, souvent longue, accroît la peur des enfants et le stress des parents, rendant plus complexe encore le travail des soignants.

- Et bien c’est normal Ossein ! - Oui mais ils me regardent avec les yeux ! - Et bien c’est normal Ossein puisqu’ils ont des yeux ! - Oui mais ils me sourient avec leurs dents ! - Et bien c’est normal Ossein puisqu’ils ont des dents ! - Oui mais, ils me font des clins d’œil ! J’ai peur ZigZag… Je n’avancerai pas.

Les enfants sourient à pleines dents, leurs yeux brillent. Un clown a peur d’eux, quel beau pouvoir ! Tanya se régale, Romain jubile, Tim, dans les bras de Maman, nous regarde pour la première fois. Finalement ZigZag trouve une chaise à 4 roues rapides, coince Ossein au fond du fauteuil, l’entoure de scotch et file tout droit dans le couloir. » -6-

Dans les 4 services d’urgences où le Rire Médecin intervient, 80 000 enfants sont accueillis chaque année. Au sein de cette atmosphère sous haute tension, ils jouent un rôle essentiel pour diminuer l’anxiété et apporter la gaieté, la douceur ou la fantaisie dont ce service a tant besoin.

« Leur présence dédramatise l’hôpital en restaurant les repères du monde de l’enfance, fragilisés par la violence d’un accident ou d’une maladie. » témoigne une responsable des Urgences du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil. « Après leur venue, il règne souvent un vrai sentiment de décontraction et le temps paraît plus court ».


DOSSIER Autre unité, autre duo. Au CHU d’Angers, la salle d’attente est bondée ce jour-là ! Un défi de taille pour Verveine et Brenda qui ne doivent pas « verser dans le spectacle » mais interagir avec chacune des personnes présentes. Marion, la comédienne derrière le nez de Verveine, raconte : « Ça faisait peur mais nous sommes parvenues à suivre le fil de notre histoire ! Brenda s’était mis en tête de faire une super chorégraphie synchronisée. Elle me dirigeait de loin, donnant des ordres tout en exécutant elle-même ses pas. Nous étions vraiment connectées. Ça a duré 15 minutes,

avec des obstacles, des arrivées/départs de plusieurs personnes, créant des rebondissements, des montées de gamme et de vrais cadeaux de parents et d’enfants, qui participaient allègrement ! Jusqu’à obtenir des éclats de rire de toute la salle. Nous sommes reparties et avons croisé un homme dans le couloir. Il nous a ramenées dans la salle en clamant : « On peut les applaudir ! ». Avec un clin d’œil complice, on lui a donné un faux billet de 500 € en disant : « Merci Francky ! Il est super, c’est notre agent ! ». Une dernière pirouette qui a encore provoqué des éclats de rire ! » Combinant savoir-faire et savoir-être, ce joli moment illustre la faculté d’adaptation des clowns, capables d’improviser avec tout un groupe « en mouvement ». Mais ils peuvent aussi désamorcer une panique aigue d’enfant. Isabelle Hau, médecin, raconte souvent l’histoire de Sophia, une petite fille à qui l’on posait des points de suture : « Au lieu d’utiliser un gaz hilarant (décontractant en cas de douleur), nous avons sollicité les clowns. Restés dans le couloir, les parents étaient médusés d’entendre leur enfant chanter avec eux. » La présence des clowns va même parfois plus loin que cela ; elle peut faciliter l’approche proprement médicale. D’après Isabelle Hau : « L’agitation et l’angoisse des enfants accentuent les difficultés que nous rencontrons pour déterminer leur état général. Leur réaction à la vue des clowns permet parfois d’orienter notre diagnostic ; plus à l’aise, ils se laissent davantage aller à leur comportement habituel. ».

Aux Urgences de la Timone à Marseille, avec Motoretta Le Journal du Rire Médecin

Et Séverine de confirmer combien la complicité avec les soignants est capitale dans un tel service : « Leur soutien est très précieux et les clowns sont toujours les bienvenus dans cette zone rouge. Tout le monde profite vraiment de cette parenthèse car l’urgence des urgences, c’est d’abord que tout le monde soit détendu ! ». -7-


Votre question

Un diplôme « Bac + clown » ? L’Institut de Formation du Rire Médecin a remporté une belle victoire ! Au terme de 2 ans d’un travail intensif est paru en juillet un décret inscrivant la formation de « comédien (ne)-clown en établissement de soins » au répertoire national des certifications professionnelles. Soit la reconnaissance par les pouvoirs publics du diplôme délivré par notre Institut de formation. Retour sur le parcours qui a mené à cette certification et l’incroyable opportunité qu’elle représente. C’est un rêve de 30 ans qui s’accomplit ! Le rêve de Caroline Simonds, américaine francophile, qui a importé en France le concept des clowns hospitaliers dont elle faisait partie aux Etats-Unis, et y a apporté une dimension nouvelle. En créant Le Rire Médecin en 1991, elle inscrit en effet au cœur de sa mission la notion de transmission qui semblait lui manquer outreAtlantique. Ce mot couvre aussi bien le partage des informations entre soignants et comédiens que la formation continue des clowns et la capacité de ces-derniers à devenir eux-mêmes formateurs. Forte de ce précepte, la pédagogie du Rire Médecin prend de l’ampleur en France et à l’international. Ce besoin de transmission s’incarne bientôt dans un nouveau projet : une école pour former des clowns hospitaliers à titre individuel.

Les stagiaires de la promotion 2015 avec l’équipe coordinatrice de l’Institut

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En 2010, naît ainsi l’Institut de Formation du Rire Médecin. Chaque année, entre 10 et 15 élèves, comédiens déjà confirmés, s’y inscrivent pour un stage professionnalisant de 5 mois. Ils y apprennent tout du milieu hospitalier : son fonctionnement, ses règles de sécurité, d’hygiène, les grandes pathologies, les moyens thérapeutiques et leurs conséquences, le traitement de la douleur, le psychisme propre à chaque âge… Ils y développent aussi les disciplines connexes au métier de clown : chant, musique, magie, détournement d’objets, improvisation… Pour valoriser cette formation, une procédure de certification est engagée dès 2011. L’aboutissement de ce travail, avec ce décret concret de 2015, va bien au-delà de la simple récompense. C’est d’abord la reconnaissance de notre métier, loin d’être anecdotique. Car peu savent vraiment toutes les compétences que requiert le jeu à l’hôpital et l’importance d’avoir des professionnels rémunérés. De plus, le travail mené jusqu’à la certification a permis de conforter encore les meilleures pratiques du métier que nous portons avec d’autres associations amies. L’importance du duo, ou l’échange avec les soignants, par exemple, sont au cœur des fondamentaux que nous partageons. Enfin ce diplôme incarne la promesse d’une constante augmentation du nombre de clowns professionnels hospitaliers dans le respect de ces valeurs. Une nouvelle ère commence pour les nez rouges !


Bille de clown

Claire Prigent, alias Brenda Si Claire est aujourd’hui clown à l’hôpital, c’est à sa constance et sa ténacité qu’elle le doit. Après un an et demi au sein du Rire Médecin, elle est encore surprise par les émotions que vivent les clowns et aimerait pouvoir dessiner leurs regards quand ils chantent. A 8 ans, Claire s’entend dire par son institutrice : « clown, c’est pas un métier ! » et met son projet de côté. Mais à 16-17 ans, lorsqu’elle découvre des spectacles de nouveau cirque, elle est « envahie ». Devenue animatrice socioculturelle, elle est rattrapée par sa passion : « j’ai été embauchée dans une école de cirque : banco ! » Elle y réalise son rêve : faire son métier et apprendre la jonglerie ou l’acrobatie ; elle participe à la vie de troupe, fait la Madame Loyale aux soirées cabaret, prend des cours de clown. Et conçoit en parallèle le projet d’amener le cirque à l’hôpital sans parvenir à le mettre en œuvre. Cinq ans plus tard, elle quitte son travail, joue pour le jeune public et continue les stages pour se perfectionner ; elle rencontre des comédiens du Rire Médecin et se dit : « je ferai ça plus tard ». Elle dévore toute la littérature possible sur le sujet, passe une première audition : recalée. Mais elle a le déclic et la persévérance : l’improvisation, ça se travaille. Alors, elle s’entraîne, passe une deuxième audition : recalée. Toujours de très peu. Au même moment se crée l’Institut de formation du Rire Médecin mais Claire ne se présente pas : « mon projet n’était pas assez abouti. » Elle intègre la deuxième promotion : cinq mois intenses et une première journée d’observation à l’hôpital qui renforcent sa vocation. Mars 2014 : Le Rire Médecin ouvre un programme à Angers. Claire est candidate : audition réussie ! Elle vit à plein l’expérience : les liens qui se tissent avec les soignants, la découverte de maladies « incroyables ». Le Journal du Rire Médecin

L’hôpital la fascine : « ça joue partout, dans les couloirs, dans les chambres, le poste de soin, l’ascenseur…». Dans sa robe rose, Claire devient Brenda : « je mets le costume et le corps se réveille, je trouve la gestuelle, les blagues ». Brenda est une sacrée menteuse qui pratique volontiers la mauvaise foi et se rêve en star américaine. Claire, elle, apprécie toutes les petites surprises, ces moments magiques. Elle s’avoue touchée par la tristesse de parents aperçus dans les couloirs, quand ils ont besoin de s’isoler, « j’y vais, j’y vais pas… c’est délicat », et par les transmissions avec les soignants : « c’est dur mais après, on met le nez et on oublie tous ces mots scientifiques ! Un enfant reste un enfant ». Et d’ajouter : « quand un bébé s’arrête de pleurer, c’est magique ! ». -9-


LA VIE DES COMITéS

Confidences d’une coordinatrice, par Valérie Antoine Gauzes Infirmière dans le service d'oncologie-hématologie pédiatrique depuis presque 25 ans, formée en douleur et en soins palliatifs, je suis, depuis de nombreuses années, témoin du travail formidable des clowns hospitaliers auprès des enfants et partenaire avec eux dans les soins.

En 2011, lorsque Le Rire Médecin décide de créer un comité à Nancy, ils me sollicitent pour en devenir la « responsable ». Je ne suis pas inquiète quant à la force du message que je vais devoir faire passer pour que les gens me rejoignent dans cette aventure. Ce nouveau Comité succède à l'association « Sourire Rire Guérir » (dont les actions étaient communes). Nos missions : représenter le Rire Médecin et en faire connaître l'action et les valeurs (et quelles valeurs !), (co)organiser des événements, rechercher des fonds, communiquer et fédérer les bonnes volontés : oulala ! Les idées fusent, on se questionne sur la façon de les mettre en place, les premiers contacts sont timides (« excusez-moi de vous déranger... »)... Mais les personnes au siège du Rire Médecin sont présentes et rassurantes. Le soutien des comédiens clowns est d'emblée lui aussi fort. Très précieux, il ne faillira pas tout au long de

cette aventure. Je les connais si bien ces personnes bienveillantes, passionnées par leur métier qu'ils font avec tellement de sensibilité et de professionnalisme ! Nous voilà 4 bénévoles, puis 6, puis 8. Avec toujours « un noyau dur » sur lequel je peux compter. Désormais nous sommes 10 à Nancy : des soignants, des retraités et une majorité de personnes en activité. Nous venons d'horizons différents et mettons nos compétences au service de cette belle cause. Des projets un peu fous : un loto, un grand bal du cœur, des soirées cabaret clowns, des doigts engourdis par les emballages cadeaux, des nez rougis par le froid lors de la Collecte Nationale, des centaines de pièces à aligner dans des rouleaux, mais avant tout des rencontres formidables, de superbes élans de solidarité, des moments partagés inoubliables, une grande convivialité et des moments d'émotions. J'ai la grande chance de voir des sourires naître sur le visage des enfants à l’hôpital lorsque les clowns font leur apparition et c'est un témoignage que je partage sans modération avec les membres du comité et tout autour de moi. Nous avons BESOIN DE VOUS pour renforcer l'équipe des bénévoles de Nancy, mettre en commun nos compétences, nos disponibilités et nos richesses humaines et pérenniser la présence des clowns auprès des enfants ! A très bientôt !

Pour en savoir plus ou rejoindre le Comité Nancy, contactez Valérie : nancy@leriremedecin.org ou au 06 75 57 09 12. - 10 -


partenaires de cœur

Voulez-vous dix nez chez Monoprix ? Du 15 octobre au 31 décembre dans 191 magasins Monoprix, pour tout achat d’un jeu dinette Monoprix, 2 € seront reversés au Rire Médecin pour contribuer au développement et à la professionnalisation des clowns hospitaliers. Merci qui ? Merci Monoprix !

Up Up Up Hourra ! Le groupe Up (ex-Groupe Chèque Déjeuner), commercialise des titres et services (chèques, cartes, applications mobiles, etc.) pour faciliter l’accès à l’alimentation, la culture, les loisirs, l’éducation, l’aide à domicile, l’aide sociale mais aussi pour accompagner les entreprises dans la gestion de leurs frais professionnels ou dans l’animation de dispositifs de stimulation et de programmes de fidélité. En cette rentrée 2015, le groupe s’engage aux côtés du Rire Médecin de deux manières. D’abord en mettant en place l’arrondi sur salaire avec l’entreprise microDON. Ainsi les salariés du groupe en France ont la possibilité de s’investir en versant chaque mois les centimes de leur bulletin de paie au Rire Médecin. Par ailleurs, pour toute commande de chèque Cadhoc passée entre le 15 septembre 2015 et le 15 février 2016, Cadhoc reverse 50% des prestations de service à l’association Le Rire Médecin.

Sur les rails ! La Fondation du groupe RATP fête ses 20 ans à travers l’opération « Les heures solidaires », qui invite ses 56 000 collaborateurs à donner des heures de bénévolat. Parmi les associations bénéficiaires, Le Rire Médecin pourra être choisi par les salariés. Une belle occasion de mobiliser autour de nos Journées de Collecte de novembre.

Si vous souhaitez que votre entreprise et ses salariés soient solidaires de nos Journées de Collecte Nationale, participez à l’Opération « Tous en nez rouge ! » du 16 au 22 novembre ! Pour plus de renseignements, rendez-vous sur notre site internet www.leriremedecin.org Le Journal du Rire Médecin

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Les coulisses de l'association

Qui se cache dans cette affiche ? Pour notre troisième édition des Journées Nationales de Collecte du Rire Médecin, nous avons mobilisé les meilleurs mannequins et ambassadeurs au monde pour réaliser notre affiche : nos salariés et nos bénévoles ! Découvrez qui se cache derrière ces visages… Clément Guichard était pendant un an chargé d’organiser les courses solidaires au profit du Rire Médecin, il est aujourd’hui remplacé par Emilie Duquesnay.

Laurence et Bertrand Fontaine sont bénévoles au sein de l’association depuis 5 ans et participent régulièrement à nos événements.

Koné Diakho travaille à notre Direction Administrative et Financière et a notamment un poste de très haute responsabilité : la paie de nos comédiens et de nos salariés.

Adeline Fougère est notre responsable des partenariats avec les entreprises…

… elle pose ici auprès de Youcef Behal, qui l’assiste notamment sur l’organisation de notre braderie solidaire !

Marc Avelot est le co-directeur du Rire Médecin et coordonne l’administration, la communication et le financement de la structure.

Sarah et son fils Emir sont les amis d’Aïda Salem, notre chargée de communication.

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Caroline Simonds, ici en Dr Josette Girafe, est notre fondatrice et co-directrice. Elle coordonne en particulier la vie artistique et le développement de projets.

Elisa Blanchard est notre chargée des relations avec la presse.


MA PLUS BELLE HISTOIRE DE CLOWN

Un lien immédiat, par Marc Mauguin alias Mr Pink Nohame*. C’est son nom. Il a 15 ans. Bébé, il a été jeté par la fenêtre du sixième étage par sa mère, schizophrène. Par quel miracle s’en est-il sorti ? Les transmissions avec les soignants ne nous l’ont pas appris. Et qu’importe : malgré les conséquences neurologiques, Nohame est vivant aujourd’hui. Il a pourtant essayé de se jeter par la fenêtre, lui aussi, comme si, à l’intérieur de son corps, il avait intégré le geste de folie perpétré par sa mère des années auparavant et qu’il n’avait de cesse de le répéter. La transmission avec l’équipe nous dessine une esquisse, trace les contours de son histoire passée comme une préparation à la disponibilité des clowns au présent. Elle nous permet de mettre l’histoire de Nohame dans notre disque dur de la mémoire pour mieux jouer avec l’enfant à l’instant T. Car, pour nous, c’est le présent qui compte, celui de l’enfant à l’instant où l’on entre dans sa chambre. Ce jour-là, sa présence nous saute au visage. Il est assis dans le poste de soins au-milieu des infirmières. On le garde à cet endroit de peur qu’il ne fasse une autre « bêtise ». Il est vêtu d’un pyjama de l’hôpital et plaisante avec les infirmières. Sa parole est décalée, presque délirante. Il semble dire n’importe quoi mais, en fait, son désordre verbal a un sens qui m’apparaît tout de suite et ne m’effraie pas du tout. Derrière cette logorrhée, le désir de Nohame qu’on s’occupe de lui, qu’on l’aime, transpire. Je suis touché et un lien immédiat s’établit entre nous, les clowns, et lui. Il nous suit dans les couloirs. Le jeu avec lui est essentiellement verbal. Nous entrons dans son

univers délirant, magnifique terrain imaginaire à explorer pour les clowns. Nous le laissons nous mener sur les chemins de « l’Absurdie » avec une grande confiance. Et toujours, derrière ce flot ininterrompu de paroles, la fragilité de Nohame, son besoin de tendresse, son besoin de reconnaissance qu’il est prêt à offrir à qui l’écoute. (…) Il joue au clown blanc avec une conviction naturelle extraordinaire, nous traite de vieux, nous malmène, mais il nous suit partout et semble content de partager ces moments avec nous. C’est la première fois que je suis confronté à un adolescent comme Nohame. Je me dis qu’avec beaucoup ou seulement un peu d’amour, il pourrait sinon guérir, du moins trouver un peu de joie en cette vie. J’ai essayé de lui en apporter, à ma manière. J’en ai trouvé, moi, à son contact, de la joie. Merci Nohame !

*Le prénom a été changé. Le Journal du Rire Médecin

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Paroles de…

…Soignante

A vous mes partenaires de l 'émotion, Il y a plus de 20 ans que le programme du Rire Médecin s'est implanté au sein du service de pédiatrie de l'hôpital Louis Mourier. Je revenais de mon congé maternité quand je vous ai découverts. Vous avez introduit la couleur par vos tenues rigolotes, la musique, les chansons souvent inventées ou revues et surtout votre énorme tendresse à toutes et tous. Les transmissions où nous avons partagé observations, étonnements, inquiétude, échecs, questionnements avec les équipes soignantes, les médecins et les familles, tout ce temps si riche et intense que vous m'avez donné, je vous en remercie. En effet cela m'a aidée quotidiennement dans mon travail d'éducatrice et m'a ouvert d'autres champs d'action auprès des enfants malades. J'ai des images merveilleuses en tête accompagnées de leur instantané si fragile... Je me revois rire aux larmes dans le couloir devant votre jeu et vos expressions si cocasses. Votre professionnalisme dans la volonté de partager ce que vous avez découvert au cours de formations, qu’elles soient médicales,

théâtrales ou musicales, prouve votre réel investissement au sein de l'univers hospitalier. Et les cafés clowns rien que pour nous, que de surprises à chaque fois ! Une parenthèse de douceur et d'émotion pour chacune, chacun. Pour vous avoir pour soi-même et retrouver en un moment magique l'émerveillement de redécouvrir une émotion enfantine... Cela aussi m'a fait avancer dans la compréhension d'émotions contenues dont je n'étais pas toujours bien consciente. Je suis heureuse et fière de vous avoir rencontrés avec la palette de personnalités que vous m'avez offerte chacune et chacun d'entre vous. Le plaisir et la surprise exprimés par les enfants et leur famille, leur façon de demander si les clowns viennent aujourd'hui, leur déception quand ce n'est pas le « bon » jour, les dessins à votre intention, vous inscrivent comme partie intégrante de l'équipe. Je vous dis… un grand MERCI et vous envoie de tendres bisous à toutes et à tous. Maryse, éducatrice en pédiatrie à Louis Mourier pendant 27 ans

Vous aussi, témoignez sur notre site internet, ou notre page Facebook ! - 14 -


Nous aider autrement

Des kilomètres de sourire ! Vous voulez soutenir notre action mais ne savez pas comment vous y prendre ? Pour faire du bien en vous faisant du bien il existe un moyen : marcher, courir ou faire du vélo au profit de notre association ! Et si vous n’avez pas l’âme sportive, pourquoi ne pas sponsoriser un événement ? Le Rire Médecin est déjà partenaire de plusieurs événements sportifs. Pour beaucoup d’athlètes professionnels ou amateurs, ces challenges solidaires, synonymes de partage et d’échange, donnent davantage de valeur à leur défi. En 2015, nous avons, grâce à eux, collecté plus de 100 000 e, soit près de 7000 visites de duos de clowns ! Pour Jean-Christophe, qui a couru l’UTMB ® en 2014 : « Que représente la difficulté de la course en comparaison de la maladie des enfants et de la peine de leurs familles ? Ne sont-elles pas infiniment plus vives et plus durables ? La simple pensée de porter les couleurs de l’association est un incroyable moteur. » Les cyclistes du Happy Charity Ride Calais-Amsterdam

Que vous soyez aguerri comme JeanChristophe ou grand débutant, il existe de nombreuses manifestations dont Le Rire Médecin est bénéficiaire. En outre : • Le Semi-Marathon de Paris le 6 mars et le Marathon de Paris le 3 avril pour lesquels le Rire Médecin dispose respectivement de 50 et 20 dossards solidaires. Une occasion exceptionnelle de courir au milieu des plus belles avenues de la capitale. • Le Bubble Day entre avril et juin (dates à venir) pour un moment « mousseux » et solidaire ! • La Course des Héros, fin juin, course conviviale et festive de 6 km.

• L’UTMB ®, fin aout, qui réunit les fondus de longue distance sur 5 courses autour du Mont Blanc allant de 53 à 300 km. Si vous le désirez, il est aussi possible de participer à n’importe quel autre événement en ouvrant une page de collecte sur la plateforme alvarum.com. Et pour ceux qui n’ont pas l’âme sportive, vous pouvez sponsoriser une course via l’achat de T-shirts techniques, de banderoles, ou même la publication d’articles dans votre magazine ou sur votre site web.

Relevez le défi et transformez vos efforts en sourire d’enfants ! L’équipe du Rire Médecin est à vos côtés et vous accompagnera dans votre démarche. Plus d’infos sur notre site www.leriremedecin.org dans la rubrique « Courir pour Le Rire Médecin » Le Journal du Rire Médecin

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A vos agendas Octobre-Novembre : Hors-Piste de retour sur scène !

les clowns à l’hôpital, est de retour sur Le spectacle Hors-Piste, histoires de e et jouée par scèn en mise , écrite , pièce La ! -2016 planches pour une saison 2015 rsée comédie chorale bouleversante. Trave des artistes du Rire Médecin est une des pères, tour à tour nent incar y diens comé cinq par l’humour et l’authenticité, les ts et des sœurs, des infirmières, des enfan des mères, des médecins, des frères transporter nous pour e scèn la de purs ns moye et de clowns. Ils empruntent les té autres où les spectateurs n’ont pas ache au cœur de ce théâtre pas comme les en courtes ctées diffra les simp ires histo ques Quel leur place : l’hôpital pour enfants. se vantes. Quelques histoires fortes qui scènes, tantôt cocasses, tantôt émou images disent le les dont pe osco kaléid Un . esse croisent avec humour et tendr de la tice de la maladie. Mais aussi le refus désir et la révolte des enfants, l’injus résignation, l’éclat de la vie. . Maison des Métallos en novembre La pièce sera notamment jouée à la . n.org deci eme .lerir www ée sur Retrouvez toutes les dates de la tourn

Du 16 au 22 novembre : Participer aujourd’hui pour cha

nger l’hôpital demain.

Du 16 au 22 novembre aura lieu, pour la troisième année, la grande Collecte Nationale du Rire Médecin. Ce mouvement de solidarité, orchestré autour de la Journée des droits de l’enfant, sera un événement conv ivial et riche de rencontres. Notre objectif : collecter des fond s pour l’association tout en sens ibilisant le grand public à notre mission auprès des enfa nts hospitalisés. La réussite d'un e collecte dépend, bien sûr, de la générosité des Français mais aussi de la mobilisation des collecteurs. La collecte aura lieu à Paris, Ang ers, Nantes, Tours, Orléans, Nan cy, Marseille (près des hôpitaux où nous inter venons). Pour devenir collecteur, rendez-v ous sur notre site internet : www .leriremedecin.org. Merci !

Pour plus d’informations et d’évènements, rendez-vous sur www.leriremedecin.org

Retrouvez nous sur : 64 - 70, rue de Crimée 75019 Paris 01 44 84 40 80 c.batreau@leriremedecin.org www.leriremedecin.org

www.leriremedecin.org


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