Science of the City, the exhibition catalog

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Traductions

Science of the City est justement née d’un certain nombre de ces questions. La première est inspirée par notre recherche permanente de reformulation des formats de communication liés à la science. La seconde est liée aux méthodologies participatives qui sont au centre de notre action. Le point d’intersection de ces deux questions définit notre pari déterminé pour les processus ouverts et hybrides qui incitent à l’apprentissage et à l’action. D’un point de vue de la science comme objet à « vulgariser », la première question renvoie à « Comment montrer que la science va bien au-delà du laboratoire ou de l’espace naturel et d’une caste d’experts professionnels? ». Cette question initiale génère une série de questions dérivées, liées entre elles, et définit quelques unes des lignes d’inspiration de notre travail, tant en termes de processus de co-création qu’en termes de processus d’apprentissage. Pour nous, la co-création n’a pas de sens si elle n’implique pas des actions d’apprentissage individuel et collectif. Et l’apprentissage n’a pas de sens s’il ne génère pas des processus de co-création et de production qui ont nécessairement une composante sociale. D’un point de vue de la science, cela suppose de se défaire du schéma « vulgarisateur » habituel. La science n’est pas seulement une pratique professionnelle et n’est pas confinée à un espace particulier comme peut l’être celui du laboratoire de recherche. Les démarches de fond de la science s’appuient sur la curiosité et l’imagination, la capacité de surprise. La surprise qui conduit à une question scientifique peut surgir en tout lieu et à tout moment. Dans une société comme la nôtre qui s’est bâtie sur la prédominance du discours technoscientifique, un voile

d’ombre a été jeté d’une façon qui peut surprendre, sur la notion de surprise, de capacité à se poser des questions, d’être systématique dans la découverte, de travailler méthodiquement à la confirmation ou la réfutation de celle-ci ; bref, sur les capacités fondamentales de la science d’être à la portée de toute personne ouverte d’esprit qui ne renonce pas à laisser ses propres interrogations entre les mains d’autrui. Bruno Latour a bien remarqué qu’ « il n’y a pas besoin d’un doctorat pour faire de la recherche ». En tous les cas, nous pensons que celui-ci n’est pas nécessaire pour se poser des questions qui par ailleurs, mènent à une recherche professionnelle. De fait, Latour relevait les possibilités des nouvelles technologies et de leurs pratiques collaboratives qui donnent aux citoyens un accès plus direct au développement de la recherche, non seulement pour travailler eux-mêmes sur des thèmes de recherche qui les intéressent mais également pour pouvoir orienter ceux qui s’y consacrent comme professionnels. Dans cette perspective de gagner en capacité à se poser des questions et à développer l’engagement citoyen, de nouveaux processus et espaces d’opportunité sont en train de se créer. Par exemple, la citizen science qui invite les citoyens à participer à l’acquisition de données d’observation (en météorologie, ornithologie et nombre d’autres disciplines), ou à aider les chercheurs (comme les expériences connues de la NASA de détection et classification d’objets stellaires grâce au travail de milliers de volontaires). La logique ambigüe du crowdsourcing a permis le développement de propositions plus actives encore, par lesquelles les citoyens sont les acteurs du processus


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