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Une publication rassemblant l’ensemble du travail et des recherches réalisées par des étudiant·e·s participant à une semaine d’atelier proposée par le collectif PlastiKIN dans le cadre de la Semaine d’Innovation Pédagogique de la faculté d’architecture ULB La Cambre Horta. du 28/03/2021 au 03/04/2021 Havré, Mons
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Dans le cadre de la semaine d’innovation pédagogique organisée par la Faculté d’Architecture de l’ULB, nous avons invité un groupe d’étudiant·e·s en architecture à partir à la rencontre et à la découverte de la communauté du Terril installée en Wallonie dans la ville d’Havré. Une semaine d’exploration et d’observation, un moment d’immersion pour faire grandir dans l’imaginaire de futur·e·s architectes d’autres réalités, manières d’habiter et co-habiter, d’occuper un territoire, d’y exprimer ses convictions, d’y projeter ses rêves et désirs. L’occasion aussi de déployer une panoplie d’outils d’observation et d’analyse, s’essayer à écouter, décrire, représenter un contexte au plus proche de sa réalité comme une manière manifeste de faire projet, de partager et transmettre un existant à reconnaitre et valoriser. Un travail à l’attention d’un déjà là à interroger et raconter, d’histoires à partager et diffuser, à la rencontre d’un contexte et de ses habitant·e·s à considérer comme de véritables expert·e·s de l’habitat léger, d’un vécu quotidien à un choix de vie singulier. Faire communauté et faire atelier, une semaine durant autour de l’habitat léger et de différentes questions que ce mode de vie soulève. Dresser ici des portraits de l’habitat léger en Wallonie, regards sur la situation juridique et administrative, de l’analyse d’un site et de son histoire, à considérer comme un écosystème qui s’invente et se ré-invente chaque jour, au rythme des dynamiques qui font lieu, d’un urbanisme spontané et incrémentale façonné à l’échelle domestique et à l’échelle d’une communauté avec laquelle co-habiter et réaliser de possibles futurs.
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I. LE CONTEXTE Habiter léger en Wallonie Le Terril d’Havré Historique du site Co-habiter Habiter la chaussée
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II.PORTRAITS LÉGERS Yourte pionnière Yourte invité Tiny House Roulotte Yourte cocon
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I. LE CONTEXTE Différents thématiques abordées autour de la question de l’habitat léger dans sa dimension collective, juridique, historique, propre au site d’Havré et à la communauté qui l’habite.
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Habiter léger en Wallonie Un petit point rapide sur la situation juridique de l’habitat léger en Wallonie. La notion d’habitation légère soulève beaucoup de thématiques dont celle du droit au logement ou encore celle de l’adaptation des lois qui concernent au départ uniquement les habitations traditionnelles. Il faut savoir que, pour s’installer en habitation légère, quatre formes de lois, de codes ou de règles existent, indépendantes les unes des autres. Dans un premier temps, le code de logement, ou plutôt ce que l’on appelle aujourd’hui le code de l’habitation légère, impose pour les habitations légères de devoir respecter au minimum trois critères sur les neuf qui sont présentés ci-dessous. Cochez au moins trois critères que respectent votre habitat léger: Démontable Déplaçable Volume réduit Faible poids Emprise au sol limitée Autoconstruite Sans étage Sans fondation Sans raccordement aux impétrants
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Ensuite, le code de l’urbanisme (CoDT) permet aujourd’hui d’entrer une demande de permis sans architecte. Quant à la domiciliation, l’Etat est dans l’obligation de vous domicilier là où vous habitez. Enfin, dès juin 2021, les critères minimums de salubrité et d’habitabilité seront adaptés aux habitations légères. Les points d’attention porteront sur : la sécurité, les équipements sanitaires, l’étanchéité et la ventillaion, l’éclairage naturel, etc.
«L’habitat léger est une forme d’habiter alternative et accessible jusqu’à dix fois moins coûteuse qu’un logement traditionel»
«Le jour où je serai amenée à déménager, je pourrai conserver mon chez moi»
«Mon habitat me permet de vivre en symbiose avec la nature »
Tuto pour remplir l’Annexe 9 sans architecte «HABITER LEGER - TUTO : FAIS TON PERMIS TOI-MEME» publiée le 30 Mars 2021- https://www.youtube.com/watch?v=yGQEmwizThQ
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Les piliers de la législation
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Le Terril de Havré Exploration du site du Terril de Havré où habite une communauté en habitat léger, un travail de relevé du plan du site et de détails singuliers. Nous partons à la rencontre de la communauté du Terril de Havré et de leurs habitats installés au beau milieu d’un site au caractère singulier. Pour accéder à ce petit monde, il faut tout d’abord emprunter un chemin pavé ombragé par une forêt de bouleaux. Quelques dizaines de mètres plus loin, après avoir dépassé une ruine en brique, le chemin nous mène à une grande clairière au pied d’un terril. On est alors frappé par l’atmosphère de ce lieu, bucolique et vivant, du terrain occupé par Danielle et Denis, en contraste avec l’univers urbain à quelques pas seulement.
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Yourte de Natasha Atelier de Lutin Yourte d’Élise et Lutin Yourte des invité.e.s La serre Maison de Denis La maison des enfants Le bar La tiny de Marie et Yan Panneaux solaire Ancienne écurie Caravane de Chritophe Roulotte de Lutin
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Jardins Potager Poulailler Composte Bassins Bois Puit artésien Puits historiques En chantier
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LE GARDE-MANGER SAUVAGE Le « garde-manger sauvage » est un espace actuellement laissé en friche à l’entrée du site. Celui-ci fut brièvement occupé par des plantations qui n’eurent que peu de succès à cause de l’infertilité du sol constitué de gravats de déchets miniers. Peu de membres de la communauté voient un intérêt pour la flore présente dans cet espace. Pourtant, Danielle trouve poétiquement dans ce sol pauvre une véritable richesse. Pour elle, c’est un puits de ressources naturelles comestibles. Pissenlit, cresson sauvage, marjolaine (origan sauvage), plantain, lierre terrestre, sont toutes sortes d’espèces pionnières sauvages que l’on trouve sur ce terrain en friche et avec lesquels Danielle nous initie à une véritable découverte gustative.
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L’EDEN D’ELISE Le « jardin d’Elise » borde le chemin qui mène à sa yourte. Forte de sa connaissance en botanique, elle lui a donné vie progressivement en apportant un amendement naturel : elle a d’abord déposé 40 cm de crottin d’âne sur le sol pour le rendre plus fertile, puis a patiemment attendu avant d’y mettre ses plantations. Ce jardin est aujourd’hui son petit terrain d’expérimentation, reconnu par la communauté comme tel. La terrasse qui fait face à la yourte, jonchée de muroises, est aujourd’hui devenue un point stratégique pour les moments d’échanges entre la communauté. Tantôt privée, tantôt commune, cette terrasse est lieu de partage où quiconque y est chaleureusement accueillit pour discuter aux côtés d’Elise et Lutin autour d’un café.
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LE POTAGER DE DANIELLE La grande singularité de Danielle réside dans le fait de porter de l’intérêt aux plantes sauvages pionnières, que d’autres ne verraient pas. Ces plantes communes, elle les utilise au quotidien, dans ses repas, pour la santé. Elle joue, au fil des saisons avec leurs couleurs, leurs gouts en appréciant leurs bienfaits encore trop peu connus. Au début de la création de la communauté, elle a dû - malgré sa volonté de ne pas imposer de limites - définir et matérialiser une zone plus explicite. Elle a délimité sa parcelle avec des marquages au sol, en pierre, devenu aujourd’hui son potager. Ce zoning lui a permis de préserver un espace propice à la culture mixte de plantes sauvages et plantes maraichères. Ces limites furent nécessaires pour que l’on respecte sa vision de l’espace privé à protéger au sein de la communauté.
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Havré
Carte des terrils en Wallonie
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Historique du site Du paysage aux évènements qui ont marqué le site du Terril d’Havré. La communauté habite un territoire caractéristique de l’histoire de l’exploitation minière de la Wallonie. D’Ouest en Est, s’étendent plusieurs bassins miniers, cette particularité géographique a dessiné une ligne de terrils sur ces sites d’extractions minières. La wallonie compte 534 terrils (35.5km²) qui marquent le paysage de la région.
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LE SITE D’HAVRÉ
Havré fait partie de ce paysage au passé industriel. Le site était jusqu’en 1934 le siège d’exploitation d’un des deux charbonnages de la localité. Toutes les constructions imposantes furent démolies à la fin de cette première affectation industrielle et les briques nivelées sur le site. Par la suite une entreprise de béton s’y installa pour quelques années, avant de laisser le site à l’abandon. Celui-ci fut vite colonisé par des espèces d’arbustes pionniers, ainsi que des gravas de construtions qui donnent la topographie actuelle du terrain. En 2004, Denis, habitant du Terril, découvre le site ; une friche où la nature a repris ses droits, dans laquelle des bâtiments industriels témoignent du passé. Dont un hangar, réaménagé en maison, et une grange restaurée et réhabillitée en espace de travail. Pour qu’en 2018, une première yourte s’installe sur le terrain en donnant naissance à la communauté d’habitats légers du terril d’Havré.
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Photos d’époque de la mine de charbon.
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triage
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lavoir
puits n°1 chaudière
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bureaux puits n°3
bains-douches
remise locomotive
potager des italiens
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1. Photo de la grange en 2004 2. Photo actuelle des bureaux de la mine en ruine
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BALADE HISTORIQUE
Les pages suivantes illustrent par des fragments, les traces du passé qu’on peut apercevoir sur le site comme des ruines datant de l’exploitation minière, les puits, les bureaux... Mais aussi les changements qui ont été opérés sur les batiments industriels et comment se site si particulier, avec son passé industriel, a été approprié par ses habitants.
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‘‘Le potager des italiens ; espace potager en haut du site utilisé par les ouvriers de la mine durant le charbonnage et les habitants des maisons ouvrières jusqu’à peu. Aujourd’hui la communauté est en train de le remettre en état’’
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‘‘Cette cavité, en contrebas du potager des italiens, était surmontée d’une tente et utilisée comme prison temporaire pour les allemands durant la guerre.’’
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‘‘Bâtiment utilisé par l’entreprise de béton, rénové aujourd’hui en logement par les voisins de la communauté.’’
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‘‘Hangar transformé en habitation par Denis.’’
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‘‘Autour des anciens puits de mines comblés et scellés par une dalle en béton inspectée toutes les dizaines d’années»
‘‘Celui-ci a été encerclé petit à petit par le hangar de Denis, des yourtes, une serre... Aujourd’hui un poulailler est en train de venir coloniser cette anienne entrée de mine.’’
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‘‘Le deuxième fait partie du lieu de vie de Christophe et sa caravane, où un amphithéâtre se projette...’’
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‘‘Quelques projets en cours’’
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Co-Habiter Habiter léger et vivre ensemble, d’une oganisation collective, matérielle comme immatérielle. La communauté du Terril, réunie pour un but commun : « Vivre en harmonie ensemble et avec la Nature. » Leurs habitats légers se répartissent comme des confettis sur un terrain commun. Les limites restent faibles, un caractère accueillant s’en dégage, on se sent chez soi. Cet espace extramuros est néanmoins ponctué d’un certain nombre d’évènements fédérateurs, on peut parler de catalyseurs sociaux. Le foyer semble être le lieu de rassemblement par excellence de la communauté, un endroit qui coïncide d’ailleurs avec le centre des segments reliant les diverses demeures. Ce dernier est en relation avec le four, où a lieu plusieurs fois par mois des barbecues et des fêtes autour de pizzas, comme nous l’avons expérimenté pendant plusieurs soirs. On assiste alors à des scènes de convivialité, de générosité et de joie de vivre, des scènes simplement humaines. Plus loin, un bar et un atelier de cuisine autour des plantes nous rappelle la richesse des relations entre le matériel et l’immatériel. Entre les deux, on retrouve la cabane des enfants, perchée entre plusieurs arbres. Cela anime l’espace au quotidien et permet de les inclure dans les événements « des grands ». Un boulevard de graviers entre le feu de camp et « le Monde de Christophe » sert de terrain de pétanque, de volley, ou encore une aire de jeu pour les enfants. Devant son refuge se dresse un espace pour les copains où on joue aux échecs, on mange, on discute…Derrière celui-ci on découvre un espace en cours d’aménagement qui tend à devenir un espace de libération de parole et de partage. Un partage qui s’étend parfois même à l’intérieur de sa caravane comme lorsque les enfants n’hésitent pas à s’y aventurer, au grand bonheur du propriétaire.
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Espace de rassemblement de la communauté
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Lutin et Elise quant à eux, traversent plusieurs enveloppes les éloignant du foyer, l’espace commence à se privatiser au-delà du bar, autour du potager d’Elise puis dans la yourte. Celle-ci est néanmoins mise en relation avec la yourte des invités et la serre. Tout ce petit monde vit ensemble selon un mode de gouvernance par consentement qui tendrait à s’apparenter à un jeu avec des règles et des personnages. Le marcel, un confident pour tous «Chacun possède son marcel personnel», le gardien du coeur, le gardien du temps, le comptable. Ces rôles jouent ensemble selon des règles bien précises. Celles-ci consisteraient à d’abord énoncer une problématique, à apporter quelques solutions qui vont générer des avis que chacun est invité à évoquer et exprimer. L’ensemble de la communauté finit alors par accepter ou refuser la proposition. Enfin, un dernier recours est possible et est énoncé sous le nom d’objection. L’une des préoccupations principales du groupe est son impact sur l’environnement. Pour le réduire, un nouveau mode de vie a émergé : les toilettes sèches, les composts, le bassin naturel, les potagers ainsi que les bacs d’épuration d’eau sont des dispositifs mis en place afin de réduire l’empreinte écologique de la communauté.
Christophe : « Chez moi c’est le Monde » Jonas : « Pour moi mon espace privé c’est mon ordinateur » Lutin : « La communauté c’est l’autre avant soi » Yan : « Une raison d’être c’est le respect de chacun » Natasha : « La vie en communauté c’est également le respect de l’intimité »
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Habiter la chaussée
De la communauté du Terril à la communauté voisine, ou comment co-habiter avec la chaussée du Roeulx. À la découverte du voisinage, soucieux d’en apprendre plus sur leurs interactions, leur environnement social, leur conscience écologique, leur notion d’ habitat léger et de vie collective ; de l’herbe au gravier au pavés à l’asphalte, je quitte le hameau et m’en vais gambader dans la rue. Frêle, la première porte s’ouvre, se présente une personne hésitante, sonne la négation, enfin, après une présentation, elle accepte de répondre à mes questions. Alexandra habite depuis 5 ans chaussée du Roeulx, elle m’annonce ne pas connaître ses voisins, ne pas vouloir les rencontrer, ne pas avoir d’intérêt à participer à une interaction avec son voisinage. J’aperçois des enfants dans le salon, elle a un chihuahua à la main. Elle m’explique qu’elle travaille beaucoup et qu’ils ne s’engagent pas dans des actions éco-sensibles comme l’utilisation de son jardin, la gestion des eaux usées et des déchets. Elle ne connaît pas la communauté et ne présente pas d’intérêt pour l’habitat léger. Elle souhaite son intimité protégée par des limites fortes. Je m’en vais toquer aux portes suivantes, entre-ouvertes les voilà qui me claquent au nez. Je traverse, à demi-tour, la porte s’ouvre, se présente une personne à ses aises sur le chambranle de la porte, elle me sourit et s’engage la conversation. Carmela a déjà rencontré des individus de la communauté au fond de son jardin, cordialement. Elle connaît l’habitat léger comme la yourte qu’elle trouve sympathique. Elle souhaite
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vivre à la campagne en retrait avec la nature. Cela fait deux ans qu’elle vit dans la rue. Elle jardine, récupère ses eaux usées, gère ses déchets et idéalement tend vers une forme d’autonomie. Elle aimerait avoir plus d’interactions avec ses voisins et est prête à participer à des festivités de quartier. Carmela et Sébastien aiment faire des road trips et jouer au backpackers mais préfèrent une intimité murée pour leur confort de vie. Se gare derrière moi un homme, il allume sa cigarette et semble accueillant, je m’approche. Roland habite depuis 2 ans quelques maisons plus haut dans la rue. Il connaît les “potes du quartier” mais pas grand monde du voisinage. Il mange de temps en temps avec son voisin avec qui il entretient une relation amicale mais m’avoue ne pas connaître la communauté et ne pas être un acteur écologique. Je continue mon épopée et finis par comprendre qu’il n y a pas d’activité de quartier organisée et seul le voisin de gauche et de droite sont parfois connus. La conscience écologique peut fluctuer pour diverses motivations. Une chose est sûre, peu connaissent l’habitat léger, tous souhaitent préserver et entretenir leurs murs et aucun ne connaît la communauté. Pourquoi cela ? De retour sur mes pas, je questionne les membres de la communauté sur leur rapports avec le voisinage. Yan m’explique que le parcours des individus et de leur rencontre est organique. Il suffit de croiser quelqu’un pour avoir une chance de le connaître. Il est donc nécessaire d’avoir un parcours pédestre complexe, long et organique pour permettre des rencontres. Le schéma actuel d’un habitant vivant dans une cité dortoir qui de sa porte traverse le trottoir pour prendre son véhicule, n’est pas un tel parcours. Que ce soit la façade d’une maison ou une ouverture de rue végétale gardée par un panneau “propriété privée’’, la limite est forte et au-delà, l’intimité est forte. La communauté en tant qu’entité est donc un voisin parmi les voisins qui passe de limites fortes en limites fortes, du bulles en bulles par un parcours faible. Pour résoudre ce problème de voisinage, il pourrait imaginer des limites diluées et perméables qui se déversent dans le parcours collectif organique, qui
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permettrait de se reconnaître et de se connaître dans un environnement qui permet de travailler, vivre et consommer, de tisser des liens, partager des moments et des espaces conviviaux en une même zone ; ce que fait notre communauté pour leur plus grand bien. Mais de retour à la rue, environnement carcéral, cartésien, délimité, les voilà réduits à un voisin de gauche ou un voisin de droite.
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II. PORTRAITS LÉGERS Des portraits de chaque habitat et des personnes qui les occupent. De la notion du chez soi, d’un quotidien et d’une philosphie à ré-inventer !
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L’entrée principale de la Yourte
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La yourte pionnière Élise, Gustave et Lutin
Élise, son fils Gustave (5 ans) et Lutin habitent ensemble dans une yourte préfabriquée. Modifiée avec le temps, une extension et une serre furent ajoutées et autoconstruites comme annexes. Le couple est aussi propriétaire de la yourte des invités, de la roulotte et d’un atelier extérieur couvert. Désireuse de devenir propriétaire de sa maison et de changer sa manière d’habiter, Élise achète une yourte qu’elle installera quelques mois dans le jardin d’une copine au sein d’un quartier de maisons quatre façades. À la suite d’une ordonnance de la commune, elle n’aura d’autre choix que de se trouver un nouveau lieu où s’installer. C’est sur le Terril d’Havré qu’elle et son fils Gustave trouveront une implantation permanente pour leur habitation. Denis l’accueille à bras ouverts en lui permettant de s’installer sans frais sur son terrain. Elle verse aujourd’hui un loyer raisonnable1 en plus de frais modiques pour sa faible consommation en électricité. Ce mode de vie lui permet de vivre avec peu de moyens dans un environnement bienveillant et collaboratif. Réelle oasis où la végétation semble avoir repris naturellement sa place, ce lieu reclus entre le chemin de fer au nord et la ville d’Havré au sud offre un champ des possibles à cette passionnée de la culture des plantes. Ses nombreuses années d’expérience en permaculture et sa passion lui donneront l’occasion d’implanter une zone potagère et contribuer à la construction d’une serre. Ces zones qui lui permettent de produire des légumes frais durant la période de culture sont aussi des lieux d’expérimentation et de découverte.
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Le couple paye 50 euros de loyer pour la yourte principale, 50 euros supplémentaires pour la yourte des invités et la roulotte puis 35 euros par mois pour les frais d’électricité.
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Plan de la yourte Volume principal et annexes en extension
Plan d’implantation Appropriation des abords
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L’arrivée de Lutin et sa roulotte « Au début j’ai dû démonter et remonter ma yourte plusieurs fois. On nous a petit à petit appelé à l’aide sur des chantiers de montage de yourte d’occasion. On a vu qu’il y avait un engouement. Et là ça a commencé, on a pu voir ce qui était fait de bien et de pas bien. On a traversé quelques galères qui auraient pu nous être évitées par des conseils sur mesure. On a donc vu une opportunité de valoriser cette expérience en lançant une activité de construction d’habitats légers : Living Light Experience» Partageant la même envie de vivre dans une grande simplicité et en communauté, son copain Lutin emménage avec elle quelque temps après son arrivée sur le terril. Il arriva avec sa roulotte autoconstruite que le couple loue aujourd’hui à des invités.
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Vue de la cuisine Espace central de l’habitation
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La chambre de Gustave Lieu de cachettes et de recoins
Il installa, près de la yourte, un atelier et un espace de stockage pour le travail du bois. Riche en expérience de chantier, Lutin travaille et conçoit des projets de tout genre selon une approche fortement guidée par son intuition et loin de tout outils numériques. En joignant leurs forces, Élise à la couture et la gestion administrative et Lutin au travail du bois, le couple a conçu et construit une première yourte installée derrière la maison de Denis et qui sert de seconde habitation temporaire pour les invités. C’est ainsi que l’envie de démarrer une activité de fabrication de yourte artisanale émerge naturellement et spontanément. Aujourd’hui, leur première commande fut livrée avec succès et leur ambition pour le futur est palpable. À long terme, Élise et Lutin rêvent d’être propriétaires d’un terrain afin d’y fonder une communauté et d’y construire une habitation de type earthship1. Un lieu de débrouillardise « C’est difficile d’être minimaliste quand on aime plein de choses ! » Élise et Lutin ne sont pas du type minimaliste. Au contraire, les choses sont çà et là, à l’extérieur et à l’intérieur, dessinant les traces d’une vie active et spontanée. Le couple aime pouvoir trouver parmi leurs objets des utilités nouvelles. En entrant dans
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Le earthship (ou géonef) est une habitation auto construite avec des matériaux recyclés assemblés avec de la terre crue. L’habitation par son approche bioclimatique tente d’offrir une autosuffisance aux habitant·e·s.
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Vue extérieure de la yourte Le potager d’Élise à proximité
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Terrasse extérieure Lieu de convivialité
leur habitation, on remarque que l’espace est investi à son plein potentiel. La cuisine, centrale dans le plan, s’ouvre sur l’entrée et divise les différentes fonctions de l’habitation de façon radiale. L’espace est entièrement ouvert et seules les toilettes sont cloisonnées. Du mobilier éclectique couvre les murs et sert principalement de rangement pour les nombreux objets parmi lesquels on y retrouve des livres, des instruments de musique, les jouets de Gustave, du linge, etc. Ayant un besoin criant d’espace supplémentaire, Élise et Lutin ont construit une extension devant l’entrée sud qui témoigne de leur grande débrouillardise et de leur capacité à faire avec ce qu’ils ont. En effet, seulement 60 euros ont été nécessaires afin d’acheter une bâche de plastique et des agrafes pour la serre. Le reste est entièrement fait de récupération et a permis d’agrandir leur espace de vie. Dans le futur, le couple envisage d’annexer une petite yourte/ roulotte afin d’y installer leur chambre. Une vie d’extérieure « Pour mes cultures, je cultive mes propres graines. Aussi j’installe des potagers, du coup j’ai des graines à foison ! » Au Terril d’Havré, l’espace extérieur est un lieu de haute importance communautaire, mais aussi une extension des espaces de vie. Les limites entre privé et commun sont clairement définies afin d’éviter des tensions entre les habitant·e·s. Pour Élise et Lutin, une zone adjacente à la yourte comporte une terrasse privée et des potagers. Malgré cette délimitation précise entre privés/commun, la terrasse reste traversable afin d’atteindre le poulailler et se transforme souvent en un lieu de petits rassemblements. Il n’est pas surprenant d’y voir Christophe partager un café avec le couple en milieu d’après-midi. Il semble y avoir un respect mutuel des limites extérieures, sans toutefois y implanter des frontières dures.
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Détail technique Système low-tech de traitement des eaux grises
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Détail technique Construction de la yourte
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Une promenade vers la yourte, quelques pas derrière le poulailler
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La flex-yourte Pour invité·e·s de passage
· Une yourte construite et aménagée par Elise · Une «chambre d’hôte» proposée par Élise et Lutin, un contact qui se fait de bouche à oreille (Pour cet épisode, voilà que nous nous sommes faits passer pour invités acceuillis) ! Voici la yourte du touriste, qu’il soit un ami ou un hôte. Élise nous accueille chaleureusement: « Bienvenue à la yourte, suivez-moi, vous avez de la chance d’avoir une si belle journée, vous allez pouvoir faire plein de choses...». Après un petit parcours à suivre, un sentier qui nous écarte délicatement du pôle collectif, nous voilà elfe face à une porte chargée de runes bienveillantes. Par delà, se couve une petite tanière. Le revêtement de coton et les couleurs des tissus et du bois chauffent l’ambiance. Élise, d’un tour sur elle-même, nous indique toutes les commodités. De tout confort, la salle de bain, la cuisine et les zones de vie se retrouvent réunis autour d’une table dans une mono pièce circulaire. Brièvement, Élise nous indique sa disponibilité en tout cas et qu’avec un peu de chance, on pourra goûter à son pain fait maison. Demandant quel genre d’activité peut-on faire dans le coin, Élise, toute émoustillée, nous présente les attractions de la région et la semaine semble déjà remplie d’émotions. Enfin Élise nous laisse s’installer, mon homme part à la rencontre de la communauté, Élise nous aura mis en garde de leur convivialité et de leur bonne humeur contagieuse et me voilà qui tombe dans de beaux draps. Fondu dans les coussins, touché par une chaleur douce de printemps distribué par les murs en laine de chanvre et de coton. Caressé par la lumière zénithale diffuse par le toono (pièce centrale traditionelle de la structure du toit de la yourte), bercé par le chant sauvage de la
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Plan de la Yourte Dessin main Mono-space organisé autour d’une table qui réunit «les mondes»
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nature en éveil, je retrouve la volute, la chouette, la linotte et enfin je trouve le sommeil.
Plan d’implantation Dessin main Légèrement en retrait pour privilégier une intimité pour les invité·e·s
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La coupe Dessin main entre structure de mezzanine et voisinnage boisé, une couverture entre deux arbres
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La chambre
La salle de bain
La cuisine
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Photo de l’entrée de la yourte Aménagement extérieur en cours
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La yourte cocon Natasha, Gabriel et Sylvain Une yourte cosy et tout confort
Natasha et ses deux enfants Gabriel (12 ans) et Sylvain (5ans) vivent dans leur yourte depuis juin 2020. Ce choix d’habitation alternative soulève plusieurs questions importantes à leurs yeux. Tou·te·s ont d’ailleurs participé, à leur échelle, à la conception et à la réalisation de la yourte. En tant que maman célibataire, il était important pour Natasha d’acquérir une certaine sécurité et autonomie vis-à-vis de son logement et ce, dans la mesure de ses moyens. Avant de se lancer dans cette nouvelle expérience, Natasha a vécu dans des habitations plus « traditionnelles ». La transition vers cette nouvelle forme d’habiter s’est faite progressivement et continue à s’opérer aujourd’hui. Durant les mois qui ont précédé l’installation dans leur nouveau logement, la famille a été nomade. Le besoin de « rentrer chez soi» et de s’approprier l’espace est devenu d’autant plus important pour elles/eux. Dès que l’on franchit le seuil de cet habitat, on se trouve dans un véritable cocon. Entre la mise en scène de la lumière, le vocabulaire et la douceur du cercle faisant référence au réconfort, la mise en valeur du travail du bois, les nombreux tissus de couleur suspendus, les fauteuils moelleux, Natasha et ses enfants ont su constituer leur « chez soi ». De par son vécu et ses nombreux voyages, les objets et leur symbolique ont un rôle important dans la vie de Natasha et l’ont suivie dans ces nombreux déménagements. Cette intention se perçoit de façon assez évidente lorsque l’on entre dans la maison car une belle collection d’objets est exposée partout dans la yourte, pour ne pas dire aux quatre coins. Cependant, tout ne pouvait pas trouver une place dans cette habitation alternative. Natasha a dû se séparer d’une grande partie d’entre eux en les donnant à des proches ou à des ressourceries.
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Plan dessiné à la main Subtilité de l’angle obtus qui donne une continuité à l’espace circulaire
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Pour la famille, il était également important d’avoir un certain niveau de confort au sein de leur habitation. La yourte est équipée d’un lave-vaisselle, d’une douche, d’une toilette sèche, d’un lave-linge, d’un sèche-linge, d’un poêle central, etc. Ici, la maison appartient tout autant à Natasha qu’à ses enfants. Chacun·e a ses responsabilités pour veiller au bon entretien de la yourte et effectuer les différentes tâches que cette habitation alternative implique : vider les toilettes sèches, rentrer le bois pour alimenter le feu, passer l’aspirateur, faire la vaisselle, etc. Petit clin d’oeil à cette famille et leur habitat qui nous ont accueilli·e·s de façon si chaleureuse... Le travail de relevé de cette yourte a été une expérience riche et plaisante! Nous nous y sentions comme chez nous et avons passé un moment très agréable.
Plan d’implantation dessiné à la main Habitation la plus en recul de la communauté
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Croquis dessiné à la main Puit central qui distribue les espaces et végétation servant de rambarde
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Croquis dessiné à la main Improvisation d’un escalier à partir d’un ensemble de meubles et qui mène à la chambre-mezzanine de Natasha
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Coupe dessinée à la main à travers deux baies en vis-à-vis créant une des lignes de lumière de la maison
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Système de liaison de la structure perches/ treillis
Appropriation de la structure par l’accrochage d’objets/ souvenirs
Plots de fondation et système de planchers qui s’emboitent
Toono d’un seul tenant avec des réservations pour les perches
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La tiny house et ses abords, une petite terrasse
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La Tiny House Yann et Marie
·Une Tiny House remorquable autonome dessinée par Yan et Marie et conçue par Tinyhome. ·Un mode de vie structuré autour du minimalisme se rapprochant au maximum de la nature. Plus qu’une libération matérielle, la Tiny house a été une libération psychologique. Il s’agit de se contenter du nécessaire pour retrouver le gout de la vie, la sérénité, pour se retrouver. Se rapprocher de la nature, de son corps. Vivre, respirer, ne plus se contenter de suffoquer. S’affranchir de ce quotidien stressant et si oppressant. Pour s’y sentir bien, plus qu’une adaptation spatiale, la tiny house impose une philosophie de vie : le minimalisme. Pour Marie, plus que pour Yan déjà habitué à ce style de vie, le cheminement vers cette philosophie a été un voyage, parfois tumultueux, à la découverte et la rencontre de soi. En s’intéressant à l’habitat, accompagnée de quelques lectures et considérant un petit temps d’adaptation, Marie a su faire preuve de résilience et de lacher prise, pour s’adpater à un mode de vie plus léger, selectionnant l’essentiel pour un paysage quotidien minimaliste car « l’objet est empreint d’émotion et de souvenir. Il faut réussir à les conserver en nous, afin de pouvoir s’en séparer ». Ainsi, une cabane en bois près de la maison fait office de « lieu de deuil », où les objets sont entreposés en attendant leur seconde vie (leur renaissance), puisque selon Yan, il faut savoir faire le deuil de ses objets.
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Plan RDC
Plan mezzanine
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Concernant les apsects techniques, malgré quelques problèmes (humidité, structure,...) Yan et Marie on apporté une attention particulière au fait que leur tiny house soit autonome. En effet, elle est chauffée grâce à un convecteur de camping relié au gaz et un chauffe-air solaire. Des panneaux solaires remplissent leur besoin d’autonomie pendant plus ou moins deux jours, ce qui permet de ne pas subir des coupures de courant dues à la surcharge sur le réseau électrique qui n’est pas adapté à supporter les consommations d’une multitude de foyers. Dans cette habitation de deux pièces, le rangement est optimisé. Des marches d’escaliers qui font office d’étagères, au châssis des fenêtres où s’organise le rangement des épices de cuisine, la totalité des espaces est utilisé afin de garantir l’ordre dans ce petit cocon dans lequel la chaleur, la douceur et l’amour de Marie et Yan rayonnent.
La Tiny et ses abords
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Rassemblement matinal sur la terrasse
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Coupe sur la Tiny
La pièce à vivre
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La cuisine vue l’extérieur
Le bureau multifonctions de Yan
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Dans le salon
L’escalier qui mène à la chambre
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Une chambre d’ami la Roulotte
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La roulotte Lutin et Elise
·Une roulotte autoconstruite par Lutin, à son image. Un gîte de location, ou chambre d’invité·e·s à considérer une forme d’extension de la yourte d’Élise et Lutin. «On ne loue pas la roulotte sur airbnb, on préfère la considérer comme une chambre d’ami·e·s» En contemplant les habitats légers de la communauté, la roulotte de Lutin retient particulièrement notre attention. Perchée sur des pneus, au bord d’une petite colline, au-dessus d’une mare, on y accède grâce à un chemin de graviers qui mène vers la porte principale de l’habitat. Une fois le seuil franchi, on se retrouve plongé·e·s dans une atmosphère magique. Notre esprit voyage et se déplace au rythme des contes des matériaux. Les yeux encore rivés au sol, des marches conduisent nos corps vers une découverte sensorielle guidée par une panoplie de micro-récits. Notre première halte est l’espace salle de bain, où créativité et ingéniosité fascinent. Une douche à l’italienne se dénude alors et nous expose ses galets et ses tôles. Leurs scintillements nous rappellent ceux qu’on a vu sur le toit. Ces tôles s’ouvrent par moment pour laisser passer le système de tuyauterie dont les nuances alimentent l’étincellement. Le tuyau d’eau finit sa virée en surplombant la douche d’abord en dessinant son périmètre pour ensuite l’ornementer en s’érigeant en spirale. Quelques pas plus loin, un tronc d’arbre se dresse et transperce le plan de travail de la cuisine. Ainsi, ce bout de bois provenant des montagnes d’Auvergne nous raconte une partie de la vie de Lutin qui y a vécu quelque temps. Autour de lui, des étagères s’articulent pour recueillir des épices tout aussi colorées que parfumées. Au toucher du plan de travail de cette cuisine aux formes organiques, on se remémore le toucher des planches de bois déposés près la caravane de Christophe. Lutin nous explique alors qu’il avait en effet récupéré le bois de palettes, les avait peints et assemblés de manière instinctive créant ainsi un éclectisme de formes et de couleurs qui s’étend et recouvre les surfaces des murs.
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Plan et façade de la roulotte
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Des murs percés par endroits pour accueillir des châssis également récupérés. On découvre au fil de la discussion avec son constructeur passionné que la conception s’est établie autour des châssis, que le plan s’est adapté à leurs dimensions. La répartition des espaces lui est alors apparue presque comme une évidence. Enfin, un dessin d’arbre sur un bois sculpté et peint nous éloigne de la cuisine. On observe ce plan vertical et des détails en cuir nous apprennent que Lutin fut artisan de cuir. En plus de cela, il est très bricoleur et bon magicien car derrière ce tableau de bois et de cuir se cache un lit qu’il déploie à l’aide d’une machinerie manuelle drôlement bien pensée. De l’assemblage du lambris à la sciure des toilettes sèches, le bois se matérialise sous ses diverses formes. Elles reflètent l’intérêt de l’artisan pour son environnement. Ainsi, il a créé un petit monde à son image. Ce petit havre de paix conçu pour l’initiative «Imaginez votre ville» de La Louvière nous aura marqué et touché à tout jamais.
Plan de situation de la roulotte
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Le bois se décline de diverses facons et procure une atmosphère chaleureuse
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Photographies de la Roulotte de Lutin: Construction artisanale porteuse de souvenirs
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On retrouve les tôles métalliques de la douche nous rappellant la toiture
Tronc d’arbre étagère d’auvergne
Les tôles s’ouvrent pour laisser place à la tuyauterie
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Détails des murs composés de palettes coupées à 45 degrés
Des rangements sont aménagés dans tout les recoins de la roulotte
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La caravane de Christophe
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La Caravane Christophe
Il y a environ un an et demi, Christophe a décidé de changer radicalement sa façon de vivre. Épuisé de son travail de technicien, et de la routine qui s’est installée dans sa vie depuis plus de 15 ans, il décide de tout abandonner afin de commencer une vie plus saine : « Pendant 15 ans je prenais le même métro et je faisais les maintenances du même bâtiment. J’en ai eu marre, alors j’ai décidé de partir loin de la ville, à la recherche de la nature, de la convivialité, et d’une vie en communauté. » Afin de commencer cette aventure, Christophe investit dans une caravane. « Elle a la même date de naissance que moi : 1972. Donc cette petite vieille va sûrement faire le restant de son temps avec moi. » Par la suite, il tombe sur l’annonce de Denis. Séduit par l’emplacement et le cadre, il part séjourner quelques jours làbas, afin de prendre la température. « Je cherchais un endroit entre Bruxelles et Mons, pour que je puisse aller voir ma famille et mes amis facilement dans ces deux villes. » Avec peu de choses mais beaucoup de réflexion et d’intention, Christophe aménage son nouveau chez lui. « J’aime prendre mon temps quand je fais quelque chose, et j’aime les choses simples. Puisque que je passe la majorité de mon temps à l’extérieur, j’ai décidé de mettre le minimum dans mon logement, un bureau, un plancher de cuisine démontable au-dessus de l’évier, un lit et des rangements. Je n’ai pas besoin de plus. Je prends ma douche chez mes voisins, et mes toilettes sont dehors. »
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Plan de la caravane et des abords Dessin main Un espace intérieur minimal pour une vie orientée vers l’extérieur.
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Quand nous lui demandons ce qu’est la vie en communauté pour lui, il nous répond : « La communication, le vivre ensemble, partager des choses simples, comme se retrouver avec les cinq familles autour d’un feu en partageant un repas, c’est aussi être là pour les autres, par exemple garder les enfants de mes voisins, les accueillir, jouer avec eux. » Privilégiant l’extérieur, Christophe prévoit d’aménager la partie du fond en petit amphithéâtre en pierre sèche. Une toiture sera également construite pour protéger la terrasse comme la caravane.
La caravane et sa terrasse, lieu d’accueil et de réception privilégié. Si vous cherchez quelqu’un sur le site il est probablement là, à papoter ou boire un café.
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L’intérieur de la caravane. Refaçonné par son nouveau propriétaire, l’intérieur de la caravane est minimaliste : la couleur noire et du bois brut. Faits sur mesure, les meubles répondent à la façon d’habiter de Christophe. Un lit, un bureau, quelques rangements.
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La caravane et sa terrasse Laissée brute aujourd’hui, Christophe a pour projet de peindre en noir la façade de façon à ce que les enfants ou quiconque puissent dessiner dessus.
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Dessins main de Denis
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Un atelier organisé par le collectif PlastiKIN PlastiKIN est un collectif hétéroclite de 13 architectes issu·e·s de la faculté d’architecture La Cambre Horta, réuni·es par l’ambition commune de penser l’architecture à échelle humaine, soucieuse de son contexte et de ses acteurs et actrices. Nous développons pratiques et réflexions architecturales dans une démarche à l’attention de l’existant, par le « faire » et le « faire avec », faisant du contexte et des ressources disponibles autant de contraintes avec lesquelles composer, terreau propice à la genèse d’idées cocasses et de mille possibles. Tant dans la construction que dans la réflexion, nous explorons, nous récoltons, nous glanons, des savoirs et savoirs-faire, des ressources matérielles comme immatérielles avec lesquels construire des pensées, des convictions, des projets et des projections, diffuser qui est là et ce qui vient. Considérant le projet d’architecture comme un processus de création total, nous expérimentons collectivement, de l’observation à la transmission, de la conception à la réalisation, dans l’expérimentation et le doute parfois, dans la joie et la bonne humeur toujours.
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Dessin main de Clémentine
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À la rencontre de Shannah, Rim, Félix, Jonathan, Clémentine, Andréa, Sébastien, Anthony, Ramman, Tom, Younes, Horia, et les habitant·e·s de la communauté du Terril Denis, Danielle, Christhophe, Elise, Lutin, Gustave, Yan, Marie, Natasha, Gabriel, Sylvain, Jonas.
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