Cet ancien esclave charpentier, né en 1769, s’enrôle dans l’armée coloniale en 1794 lorsque Victor Hugues proclame l’abolition de l’esclavage. Il devient capitaine en 1801. En 1802, il est nommé commandant du Fort de la Victoire à Pointe-à-Pitre mais le 6 mai, il figure au premier rang des hommes qui contestent le rétablissement de l’esclavage décidé par Napoléon. Il refuse de se soumettre au général Richepance chargé de rétablir l’esclavage en Guadeloupe et arrivé dans cette optique avec 3 500 soldats envoyés depuis la métropole. Ce dernier ayant pour projet de rassembler les soldats descendants d’esclaves afin de les désarmer pour éviter toute révolte. Joseph Ignace s’enfuit en compagnie de compagnons dont les noms ont moins marqué l’histoire tels Massoteau, Palème, Dauphin, Codou et bien d’autres mais qui ont néanmoins donné eux-aussi leur vie dans cette lutte anti-esclavagiste. Ils s’enfuient ensemble jusqu’à Petit-Canal où ils embarquent pour arriver le 8 mai à Basse-Terre. Ils s’engagent alors auprès de Louis Delgrès dans la résistance. Bien que Joseph Ignace se distingue par un sentiment indépendantiste plus puissant que celui de Louis Delgrès, il lui restera cependant un loyal compagnon d’armes. Le 22 mai, Delgrès et Ignace réussissent à quitter le Fort SaintCharles situé à Basse-Terre alors pris d’assaut par les troupes du général Richepance.
Le Fort Saint-Charles a été rebaptisé Fort Delgrès en hommage à ce héros de l’abolition de l’esclavage. Il est devenu monument historique en 1977. Il est aujourd’hui le siège des affaires culturelles et du patrimoine.
A partir de ce moment, les deux compagnons prennent la décision de se séparer. Ils forment deux groupes distincts et tandis que Louis Delgrès prend la direction de Basse Terre à Moutaba, Joseph Ignace et environ 700 hommes, dont ses deux fils, marchent vers Pointe-à-Pitre. Ils sont assiégés le 25 mai. Lors de l’assaut final mené par Pelage à Baimbride, Ignace se tire une balle dans la tête afin de ne pas être capturé vivant, fidèle au serment fait à Delgrès, Vivre libre ou mourir. Un de ses fils meurt à ses côtés, le second est exécuté sur la place de la Victoire le lendemain en compagnie des 250 hommes capturés par les troupes républicaines. La prochaine étape de notre périple aux Abymes nous conduira jusqu’à la statue de Nelson Mandela, symbole universel de la résistance, de la tolérance et de la fraternité.
12 •
GUADELOUPE #105