MA scène nationale - Brochure Saison 2015 - 2016

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Votre pièce est-elle autobiographique ? Mais non, je ne fais pas de thérapie sur scène, c'est de la fiction totale ! Le théâtre étant un grand mensonge, c'est bien que le public y croie. Mais quand des gens me disent "Oh, ça doit être dur avec votre maman ! ", je leur réponds : "Quoi, ma maman ? Elle n'a rien à voir avec la mère de la pièce !" Enfin, s'il vous plaît, je suis comédienne, je joue seulement. Une fois le rideau tombé, c'est terminé et quand je retourne en loge, c'est en chantant et non à l'agonie ! Vous êtes seule en scène mais vous jouez un double jeu. Était-ce un challenge d'interprète ? Ce parti pris de jouer deux rôles n'avait rien d'évident. On se demandait comment faire pour que je me dédouble. J'ai vraiment galéré et au final, les gens me disent qu'il suffit d'un regard pour que l'on sache si c'est la mère ou la fille qui va parler ! Une pure performance difficile... Être nommée aux Molières 2015 était d'autant plus flatteur. Ça veut dire que j'ai bien bossé !

SERGI LOPEZ

Vous avez longtemps écrit pour la radio, la télé, le théâtre de boulevard. Ce passage à l'écriture de pièces que vous jouez est-il une nouvelle mue, une nouvelle étape ? Ce que j'aime, c'est faire rire et je rêvais d'être la Jacqueline Maillan de Belgique ! J'ai rencontré Alain Platel et je suis devenue tragédienne ! C'est de sa faute ! Quant au fait d'écrire pour moi, il s'explique par une raison simple : du fait de ma transsexualité, les metteurs en scène se demandent dans quelle case me mettre. Et du coup, de nombreux rôles m'échappent... Alors j'écris mes rôles, je crée mon propre travail. J'ai raconté mon histoire dans Regarde maman je danse ! Et j'y fais aussi référence dans Avant que j'oublie. Mais j'en ai ras le bol de cette histoire de transsexualité, stop maintenant ! Désormais, j'aimerais jouer Marie Stuart tout court ! Avant que j'oublie : ven 4 déc | Bains Douches | p. 31

Le téléphone sonne et Sergi Lopez décroche. À peine l'entretien commencé, le comédien catalan, à l'aise, blague, ponctuant ses réponses d'un rire franc. Après sa venue avec l'OVNI 30/40 Livingstone, un atelier mémorable où dans le rôle de chef cuistot il nous avait révélé les secrets de l'aïoli, Sergi revient nous surprendre avec Non Solum, un solo théâtral complètement azimuté…

ma tête. Notre première idée à Jorge et à moi était de voir un acteur complètement possédé sur scène, totalement emporté par le geste. On n'avait aucune envie de construire une structure dramaturgique logique ni de faire des sketchs ni de donner dans la performance d'acteur. En fait, on a surtout construit Non solum à partir de tout ce que l'on n'avait pas envie de faire et d'un désir : celui de jouer et que ce jeu nous emporte dans des zones inattendues. Pas vraiment à la manière d'une nuit d'ivresse mais plutôt comme un voyage intérieur, un rêve.

Non solum est la première pièce que vous avez écrite avec Jorge Pico. Quelles étaient vos sources d'inspiration ? Non solum est né après une traversée du désert  ! À mes débuts au cinéma, c'était compliqué de concilier les tournées théâtrales et les tournages. Du coup, j'ai dû arrêter le théâtre durant trois ans. Mais j'avais trop envie de jouer et cela me manquait tellement que les idées ont commencé à s'accumuler dans

Quel a été votre processus de création ? Au début, entre l'envie de chansons et de concert de boléros, on avait trop d'idées, c'était un vrai chaos ! On a écrit à travers l'improvisation, ce qui nous a amené à faire une foule de trouvailles. Sur scène, il y a sorte de minuscule scène sur laquelle je monte pour chanter et ce sont les chansons qui nous transportent d'un endroit à un autre. Et puis, plutôt que de créer un tas de personnages différents, on s'est retrouvés

COMÉDIEN

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