Migros Magazin 50 2010 f VD

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96 | Migros Magazine 50, 13 décembre 2010

Ciel, j’ai un chouchou!

Aimer et traiter ses enfants de la même manière: l’idéal des parents. Mais qui n’est pas toujours si facile à réaliser. Eclairage.

I

l y a Camille, à qui sa maman ne refuse rien. Une peluche au zoo, un chocolat à la patinoire, des bonbons au magasin. Et puis il y a Dominique. Qui demande, mais n’obtient jamais rien. Certes, la maman a toujours une excuse: «Tu as déjà trois lions à la maison», «Tu viens de manger une glace» ou «Il ne faut pas avaler de sucreries juste avant dîner». Au bout d’un moment, Dominique explose: «Tu préfères Camille!» Et si c’était vrai? Et si le parent aimait vraiment davantage un de ses enfants? Comment expliquer une telle situation et comment y remédier? Les explications de Claudia Jankech, spécialiste FSP en psychologie de l’enfant et de l’adolescent et en psychothérapie, à Lausanne. Peut-on aimer tous ses enfants de la même façon? «Ce n’est jamais pareil, puisqu’il s’agit de personnes différentes. Mais les parents les aiment tous, chacun avec leurs caractéristiques.» Pourtant, parfois, cet équilibre se rompt. «Il s’agit souvent d’un problème narcissique du parent», constate la psychologue. Ainsi, papa qui aurait voulu devenir médecin mais qui a échoué aura tendance à accomplir son désir à travers son fils, surtout s’il le pousse à se lancer dans cette voie alors que le jeune aurait voulu exercer une autre profession. L’adulte s’in-

téresse davantage à ses études, à ses amis, à ses loisirs. Tandis qu’il suit plutôt de loin le parcours de ses autres mômes. Ou alors le préféré comble un manque des parents. Maman rêvait de pratiquer la danse et il se trouve que la petite Catherine s’imagine en petit rat portant un tutu rose. Maman jubile. Sa chérie pourra s’y adonner et grâce à elle.

Certains enfants font davantage plaisir

Sans nécessairement pallier un manque ou une frustration des adultes, certains enfants font davantage plaisir. Jolie comme un

cœur, Marie est gracieuse et en plus elle a d’excellentes notes à l’école et obéit tout le temps à ses parents. Quant à Guillaume, il est passionné d’aéronautique, comme son père. Ou Luc, qui a les yeux bleus du grand-père que tout le monde adorait. Mais il peut aussi arriver que les parents accordent plus d’attention à celui qui leur paraît plus fragile ou à l’aîné qui est porteur de davantage d’espoirs. Mais attention: «L’enfant choisi comme préféré pourrait penser que s’il n’est pas sage, s’il ne réussit pas à l’école, il risque de ne pas être aimé. Il se dit que sa maman l’aime parce qu’il est premier de

classe. Du coup, il s’efforce d’accentuer le comportement qui fait plaisir, ce qui n’est pas forcément souhaitable, avertit la psychologue. L’enfant doit trouver sa propre voie et non pas suivre celle qui fait plaisir à ses parents.» Parfois le préféré ira jusqu’à protéger ses parents. Par exemple, il va essayer de tout faire pour que papa et maman soient calmes, alors il va s’occuper de son petit frère. «Petit à petit, il endosse le rôle de superparent qui protège les adultes. Un rôle qui n’est évidemment pas le sien.» Paradoxalement, le chouchou subit une situation qui risque de


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