Migros Magazin 39 2011 f BL

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AU QUOTIDIEN BIEN-ÊTRE

No 39, 26 SEPTEMBRE 2011 MIGROS MAGAZINE

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Le bajutsu, bon pour l’équilibre

Monter à cheval tout en tirant à l’arc comme à l’époque des samouraïs? C’est possible au centre équestre de Château-d’Œx (VD). Avec Sophie Penseyres, fine cavalière et adepte des arts martiaux.

S

ophie Penseyres, 36 ans, aime le cheval.Passionnément.Son oncle, Maurice Penseyres, est un des grands maîtres de Yoseikan Budo, art martial japonais qui combine plusieurs disciplines, du karaté à la boxe française en passant par l’aiki. Ensemble, ils ne pouvaient que ramener au goût du jour le bajutsu! Le bajutsu? «C’est la palette complète de ce qu’un samouraï devait savoir faire à cheval: combat au sabre, tir à l’arc, lancer du javelot et maniement du naginata, la lance japonaise», explique la cavalière. Entre l’envie et la réalisation, il a fallu plus de dix ans pour trouver un manège, mettre sur pied un stage d’initiation et faire découvrir au grand public cette discipline équestre à part entière. «La plupart des centres ne voulaient pas en entendre parler. Et puis les chevaux ne sont en général pas dressés pour ça.» C’est finalement au manège de Château-d’Œx (VD), chez Jean Blatti, que ce sport nippon a trouvé une terrain favorable.

Pour cet écuyer professionnel, blouse noire bouffante et cheveux de d’Artagnan, équitation et arts martiaux sont naturellement liés. «En montant à cheval, on pratique déjà un art martial sans le savoir. Il faut se centrer sur ce qu’on fait, penser à sa respiration, faire passer l’énergie, trouver l’équilibre.»

Les rênes dans une main, l’arme dans l’autre Pour une démonstration pratique, Sophie Penseyres s’installe sur Cassius, un hongre espagnol plutôt craintif. Tandis que Jean Blatti prend place sur Nicky, hongre ambré des Franches-Montagnes. Avant de combattre, les deux cavaliers chauffent leur monture, foulent le sable, histoire de familiariser les chevaux avec les bâtons en mousse, qui représentent les sabres.Les rênes dans une main,l’arme dans l’autre, ils dessinent de grands arcs avec les bras, tantôt le gauche, tantôt le droit. «On doit pouvoir tirer des deux côtés»,explique Sophie Penseyres,

PAROLE D’EXPERT

«Il est utilisé par certaines unités de police montée» Maurice Penseyres, 64 ans, pionnier des arts martiaux en Suisse et maître de Yoseikan Budo, à Monthey. A qui s’adresse le bajutsu ? A tout le monde! Concernant l’initiation, tir à l’arc, maniement du bâton, lancer du javelot, elle se fait à pied. Ensuite, on monte à cheval. Moi-même, je ne suis pas un grand cavalier, mais on apprend à tout âge! J’ai remarqué que les gens qui pratiquent déjà des arts martiaux ont un équilibre supérieur à la moyenne. Quelles aptitudes faut-il pour se lancer dans cette discipline? On doit améliorer son équilibre. Faire une voltige, tirer à l’arc, alors que l’on se trouve sur un animal en mouvement, nécessite d’anticiper l’objectif: quand le cheval est lancé au galop, arriver à tirer

sur plusieurs cibles avec un arc sans viseur, demande une bonne coordination, une certaine concentration et un esprit d’anticipation. Qu’est-ce que le bajutsu apporte de plus qu’un simple art martial ? C’est une ouverture, une façon de se rencontrer ailleurs que sur un tatami. Sinon, il véhicule les mêmes valeurs. J’ai commencé les arts martiaux parce que j’étais un enfant turbulent. J’aimais bien la bagarre. Et puis j’ai découvert la maîtrise de soi, j’ai appris à me battre sans faire de mal. Le Yoseikan Budo apprend à se défendre à bon escient, mais aussi et surtout à s’entraider et à se respecter: il ne s’agit pas de se

mesurer les uns les autres, mais de collaborer. Avec le bajutsu, c’est pareil : on doit s’entraider. Mais les lieux de pratique restent assez rares en Suisse… C’est vrai. Alors qu’en France, en Autriche et en Italie, le bajutsu se pratique assez couramment. Il est même utilisé par certaines unités de police montée, notamment en Belgique. J’ai découvert cette discipline équestre il y a trente-cinq ans, mais j’ai eu beaucoup de peine à trouver ici un manège qui accepte d’accueillir des adeptes du bajutsu. Parce qu’il faut que les chevaux soient dressés dans ce but, qu’ils soient habitués au contact avec les armes et aux bruits différents.


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