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12 | Migros Magazine 32, 9 août 2010

Les contemporains font la nique au temps

Obsolètes les sorties entre personnes du même âge, autour d’un verre et d’une bonne table? Un rituel de vieux Suisses? Que non! De 26 à 50 ans, on aime ces rencontres décontractées et chaleureuses. Reportage.

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ls aiment manger, boire et faire la fête. A 26 comme à 50 ans. François Feller, responsable de l’agence Chablais Voyages, à Bex, qui organise des sorties de contemporains depuis douze ans, constate un attrait notoire pour certaines régions. «La majorité de ces clients apprécient les sorties au Piémont, dans le Beaujolais ou en Alsace. Des coins proches, avec de bons vins et de la bonne nourriture.» Ces escapades représentent environ 10% de son activité. «Avec l’âge, les clients s’assagissent. Ils sont plus calmes lorsque les conjoints sont invités. Par contre, selon mon expérience, les jeunes ont tendance à boire beaucoup.» Des réunions qui s’apparenteraient au botellón? Pas tout à fait. «Des jeunes qui se réunissent pour boire cherchent une appartenance à un même comportement social, explique le Dr Patrick Signorell, président de l’Association fribourgeoise des psychologues. Ils accepteront des personnes plus matures dans le groupe. Alors que les contemporains sont plutôt à la recherche d’une identité commune.»

faire quelque chose de mal. On fusionne pour se motiver et se donner du courage. Il y a une dilution des responsabilités.»

Plutôt catholique que protestant

Il semblerait que les rencontres de contemporains soient plus nombreuses dans les cantons catholiques que protestants. Etonnant? «On compte moins de fêtes religieuses dans les cantons protestants. Et le côté institutionnel joue

Etre ensemble pour être compris

«Le but est d’être ensemble, de s’identifier aux autres et de pouvoir se dire, ils vont me comprendre puisqu’ils me ressemblent», développe le psychologue. D’après lui, les jeunes cherchent à maîtriser le moment présent, tandis que les plus âgés tentent de se remémorer une époque qu’ils pensaient maîtriser. Dans les deux cas, l’effet groupe rassure. «On peut commettre des bêtises sans avoir l’impression de

Les excollégiennes se retrouvent trois fois par année pour des activités et discuter.

un rôle dans les motivations de regroupement. Cela dépend aussi de la région, rurale ou urbaine. On aura plus tendance à s’encanailler dans une zone urbaine catholique que dans une zone urbaine réformée.» Pour ceux qui ont quitté leur village, entrer dans une équipe de contemporains permet aussi de renouer avec ses racines. Des sites comme Retrouvetaclasse.ch ouvrent des perspectives. Pour le psychologue fribourgeois, l’utilisation d’internet incarne la grande

modification des retrouvailles de groupe de ces dernières années. «Les jeunes s’en servent comme d’un vecteur de rencontres, via Facebook par exemple. Les plus de 35 ans, plutôt comme d’un médiateur. On assiste à l’éclosion d’un pseudo-village mondial, alors que l’individualisation est poussée à l’extrême. De ce fait, les gens ont besoin de grandes réunions.» Virginie Jobé Photos Xavier Voirol/ Strates, Céline Michel, Mathieu Rod


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