28 | Migros Magazine 21, 18 mai 2009
DÉVELOPPEMENT DURABLE
«La relance verte n’est pas un gadget, c’est un outil de survie»
Président du Parti socialiste genevois, René Longet cultive depuis quarante ans les idées écologiques. Avec un enthousiasme durable et un esprit mesuré. Ses bons plans pour la planète. On connaît votre engagement pour l’écologie depuis des années. Comment est née votre conscience Verte?
C’est une révolte contre la bêtise humaine. J’ai toujours été choqué par le fait que sur Terre, l’homme a tout pour réussir, mais qu’il la détruit parce qu’il ne sait pas comment l’utiliser. On pourrait faire de cette planète un jardin et on risque d’en faire un désert! On a passé quarante ans à nier les problèmes. Avant Nicolas Hulot, il y avait Cousteau, Robert Hainard, des philosophes comme Denis de Rougemont ou Simone Weil qui nous mettaient déjà en garde, lançaient le débat sur l’être et l’avoir, sur le but de la production, sur la fuite en avant vers les choses inutiles. » Et aujourd’hui, en 2009, nos sociétés sont toujours aussi dépendantes du pétrole qu’il y a trente ans! On continue de puiser dans les ressources fossiles, qui ont mis des millions d’années à se constituer, de les brûler pour se chauffer, se déplacer, mais aux trois quarts en pure perte vu les mauvais rendements des moteurs et chaufferies. Avec pour résultat de charger l’atmosphère en CO2 avec tous les risques que cela comporte. Mais les écologistes se sont parfois trompés, sur la mort des forêts, le trou dans la couche d’ozone. Quand ils annoncent la crise des ressources, peut-on vraiment les croire?
Je ne suis pas un scientifique, mais il existe quelques paramètres vérifiés, comme la surpêche dans les océans, la désertification dans le Sahel ou la déforestation massive dans les tropiques. Chacun de ces problèmes environnementaux a son remède, pour autant que ce ne soit pas trop tard. J’ai visité des zones déforestées par exemple au Brésil. C’était devenu un champ de termitières. Après une saison de pluie, l’humus a disparu dans les rivières et bouche les estuaires. Sur
Bio express
René Longet est né le 12 avril 1951 à Genève. Marié, un enfant. A été conseiller national de 1982 à 1991 et député au Grand Conseil genevois de 1993 à 1999. Aujourd’hui, président du Parti socialiste genevois, conseiller administratif de la ville d’Onex et également président d’Equiterre, une association active dans le développement durable. Visionnaire pour les uns, trop sage pour ses adversaires politiques, assurément humaniste, René Longet continue de militer pour la planète avec pragmatisme et pondération, diffusant ses idées vertes à travers cours, conférences et publications. La dernière en date: «Du consommateur au consomm’acteur», Ed. Jouvence, 2009.
place, il ne reste plus que l’argile qui, après trois mois sous le soleil des tropiques, devient dure comme de la brique. Quant au changement climatique, qui entraîne la fonte accélérée des glaces des pôles, du Kilimanjaro, des Alpes, le phénomène est avéré et extrêmement inquiétant, mais les solutions sont plus compliquées... Pour vous, quel est le problème le plus urgent en matière d’écologie?
Un milliard d’êtres humains n’ont pas d’accès à l’eau potable, 950 millions d’humains ne mangent pas à leur faim – et 1,6 milliard mange trop, mais c’est un autre problème. Un milliard et demi n’a pas de toit, 800 millions sont analphabètes... Voilà les priorités. » Il faut un développement, mais on ne peut pas offrir à tout le monde le mode de vie gaspilleur et aberrant qui est l’aspiration inconsciente de l’Occident et des pays émergents. Ce n’est mathématiquement pas possible que 6,5 milliards d’êtres humains se conduisent comme 300 millions d’Américains. Il faut trouver un équilibre entre aujourd’hui et demain, entre le Nord et le Sud, entre l’homme et la nature. Et refonder l’économie à partir d’un nouveau rapport à la nature. Trouver un équilibre, oui, mais comment? Avec le «Green New Deal»?
Oui, la relance verte, le Green New
René Longet milite pour la planète avec pragmatisme et pondération.