SOCIÉTÉ | MM19, 9.5.2016 | 31
Georges Steiner, président de la Société de mycologie de Romont (FR).
R
ien ne sert de chercher les morilles, ce sont elles qui nous trouvent.» Parole de champignonneur et pas n’importe lequel. Bonnet de laine vissé sur la tête, barbe blanche et tatouages lui donnant des airs de vieux marin, Georges Steiner esquisse un sourire qui en dit long. Vingt-cinq ans d’expérience et une vie à observer les champignons en amateur puis en expert. Alors les morilles, ce magasinier à la retraite aujourd’hui président la Société de mycologie de Romont en connaît un bout. Le Fribourgeois n’affectionne d’ailleurs pas particulièrement celle qui affole les papilles des amateurs le printemps revenu. C’est que «la morille crée un peu la discorde, déplore-t-il. Les gens taisent leurs coins, il y a de la compétition, c’est à qui en trouvera le plus. Tandis que les autres champignons vont se ramasser en groupe.» La pluie s’est invitée en ce début d’après-midi et c’est l’espoir chevillé aux bottes que nous nous élançons sur les sentiers du bois de Boulogne depuis la cabane qui accueille la Société de mycologie. A nos côtés, Vincent Fatton, jeune biologiste de 26 ans passionné de Morchella, de son petit nom latin, auteur d’un récent article scientifique sur les espèces présentes en Europe.* «Mon pif me dit qu’on pourrait bien en trouver là, lance-t-il en pointant une souche au pied de laquelle court du lierre et percent quelques anémones des bois.» C’est que dame morille a ses