SOcIéTé 18 |
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phILOSOphIE
| No 18, 29 avril 2013 |
MIGROS MAGAZINE |
Socrate au
Deux philosophes – Gabriel Dorthe et Philip du travail à mieux travailler».
L
e «Projet Socrate»: voilà qui sonne comme un titre de roman d’espionnage. Mais qui consiste plutôt à faire entrer un peu de philosophie dans les entreprises et les administrations. Sous la forme de cours, séminaires, exercices, ateliers de réflexion, sur des thèmes
divers mais touchant de près le monde du travail. L’idée en est venue, fin 2008, à deux philosophes: Gabriel Dorthe, doctorant à l’Université de Lausanne et à Paris I, et Philip Clark, qui dirige l’innovation pour Global Services and Solutions chez Orange Business Ser-
La boîte à outils de Gandhi
mais du produire ensemble, dans une réalité concrète faite de pression et de compétition.»
Que vient faire Gandhi dans cette histoire? Pour des philosophes prétendant à l’action, le petit homme nu s’imposait: «Gandhi, c’est d’abord une pensée, des milliers de pages, mais une pensée qui a fait tomber deux fois l’empire britannique.» avec un «trésor d’idées et de stratégies» comme les micro-résistances qui peuvent être utilisées «pour la dynamique au sein de l’entreprise». Notamment pour inverser les rapports de force «par surprise» face à des interlocuteurs ou des adversaires «arrivant avec une lecture du monde bien organisée et qu’il faut pourtant faire bouger».
Un sport de combat
Gabriel Dorthe (à gauche) et Philip Clark (à droite) proposent de laisser entrer un peu de philosophie dans les entreprises et administrations.
«Une entreprise est innovante si elle parvient à découvrir des marchés cachés jusque-là.»
Un sport de combat, la philo? Oui mais «pour se défendre». Contre quoi, contre qui? «les gros cadrages, les manières dont on essaie de nous embarquer dans des visions du monde.» l’idée c’est, comme dans les arts martiaux, «d’utiliser la force de l’adversaire, décrypter ses points d’appui, ses forces, pour arriver à bouger avec lui plutôt que d’être écrasé». Un combat pas forcément hiérarchique, mais qui se pratique aussi entre égaux. «Pour arriver non seulement «à du vivre ensemble,
Le droit de mentir le mensonge et l’opacité n’ont pas attendu l’affaire Cahuzac pour avoir sinistre réputation. Et pourtant la philosophie nous dira que «les rapports entre les gens ne sont pas forcément d’un genre qui exige qu’il faille tout dévoiler». Qu’au contraire trop de transparence, cela peut déboucher sur «des malentendus et toutes sortes d’effets négatifs». relations hiérarchiques ou entre collègues, qu’importe, il s’agira de savoir «quelle est la distance que vous allez construire. C’est une forme d’éducation, de courtoisie, de savoir-vivre, une élégance de la vie où vous apprenez à ne pas trop appuyer sur les gens, à garder une relation assez décomplexée et souple.»
Gare aux aliens les messages de l’entreprise, «même ripolinés et délivrés sur papier glacé», peuvent lui échapper, «produire des effets qui ne sont plus maîtrisés». C’est «l’alien caché dans le message et qui vient le contredire».«il est possible d’apprendre à les débus-